Dans le commerce le client à toujours raison et même si du côté des Alters le vin n’est pas une marchandise faut bien le vendre quand même. Ceci écrit pour souligner que le Bobo est un consommateur qu’il faut bichonner car il boit bon et il boit cher (lire ou relire « Un mauvais vin c’est combien ? » ICI->). Nulle ironie dans cette remarque – les GCC n’ont jamais prétendu entrer dans la musette-type de l’ouvrier pour faire couler le casse-graine – mais tout simplement le désir de contribuer à l’affinage – au sens fromager – d’un socio-type par trop galvaudé depuis son apparition en 2000 dans un livre de David Brooks journaliste au New York Times sous l’appellation : Bohemian Bourgeois et popularisé dans notre beau pays la même année dans le Courrier International.
Donc, afin de mieux cerner les BBVE (Bobos Buveurs de Vins Enracinés), contribuer au fonds de commerce des adeptes du marketing en chambre qui adorent les socio-types qui leur permettent de mieux fourguer des conseils pointus et couteux, des conférences en marge de Vinisud ou des articles dans la JV destinés aux gogos, je puise ma science à la meilleure source : Dictionnaire du Look de Géraldine de Margerie chez Laffont.
VIEUBO « Très porté sur la culture, il revendique fièrement son abonnement à Télérama et aux Inrocks. Il a jeté sa télé depuis cinq ans et trouve ça super parce que « putain, depuis, qu’est-ce que je peux bouquiner ! » Socialiste à tendance Modem, il dit à qui veut l’entendre que Bayrou est « un type bien ».
Ce qu’il n’avouera jamais, c’est qu’il a voté Sarkozy au second tour en 2007 car celui-ci avait promis de supprimer l’ISF et que ça l’a pas mal intéressé du coup. Rapport aux travaux qu’il veut faire dans sa propriété dans le Luberon. »
BIOBO « Les yuppies symbolisent l’argent facile, les bobos la culpabilité morale du bourgeois moderne et les débuts du développement durable » Guillaume Erner
Décroissant végétalien qui ne s’habille qu’en fibres naturelles, le biobo est connu pour se nourrir exclusivement d’aliments pour chevaux de types graines, granulés, herbes ou céréales au non étrange (boulgour, quinoa, seitan). Très maniaque et loin d’être cool, il fait la morale à qui veut l’entendre.
Grand donneur de leçons devant l’Éternel, le biobo culpabilise tout le monde, ne prend un bain qu’une fois par semaine, ne tire pas la chasse, récupère l’eau de pluie pour arroser ses plantes et rêve de vivre dans un buron, en Auvergne (avec un sauna aménagé à l’intérieur quand même). Le biobo nettoie son linge avec une boule de lavage sans lessive portant le nom étrange d’ecoball, ne se soigne qu’avec des plantes, est engagé politiquement (les Verts), aime voyager et reste sensible aux cultures orientales et africaines. Au réveil, le biobo boit de la chicorée produite en France car cela nécessite de moins long transport que le café de Colombie ou d’Éthiopie, ce qui présente un avantage certain pour son bilan carbone.
Bref, le biobo est globalement assez chiant.
ARIBO « Aristocrate-bohème, c’est de loin celui qui a le niveau de vie le plus élevé. Souvent rentier, propriétaire, l’aribo a ses terres dans les quartiers chic de France et occupe généralement une maison ou un hôtel particulier décoré avec goût (mobilier Knoll, Mies Van der Rohe, Jean Prouvé, Charles Eames, Werner Pantone). Il prend de la cocaïne de temps en temps, aime le rock, n’est pas marié, rejette son milieu dont il a reçu cependant le snobisme en héritage.
Il est fier de ne pas croire en Dieu, de dire merde aux conventions et d’avoir un ami noir et/ou homosexuel.
BOBOMALONGO « Ancien jah-jah *, proche du biobo mais nettement plus cool, il aime Cesaria Evora, Radio Nova, le café Malongo (café du commerce équitable), milite pour les sans-papiers, est sensible à l’écologie sans être un ayatollah. Le dimanche, il fume des pets et joue du jumbé. »
CLOBO « Intermittent du spectacle qui n’a pas fait ses heures et a, par conséquent, perdu son statut, le clobo est un bobo qui a échoué et mène une vie d’artiste. Resté sur le quia, il a vu le train de la boboïtude partir sans lui.
Pique-assiette notoire, parasite, le clobo squatte souvent, vient de temps en temps prendre des bains chez ses amis bobos qui ne savent plus comment s’en débarrasser.
Si le clobo est à deux doigts de la mendicité, il reste toujours bien habillé. Et conserve, de ses belles années, une vieille veste en velours et une jolie chemise qu’il revêt en toute occasion. « J’ai parfois, dans ma vie, été bien malheureux, mais je n’ai jamais quitté mes gants blancs. » Barbey d’Aurevilly
Comme pour tous les socio-types la plume tangente souvent la caricature j’en conviens et il faut se garder des amalgames faciles du type tous les bios sont de Bobos, mais comme on ne naît pas Bobo mais on le devient et que la maturité du Bobo se situe généralement vers 30 ans, et que beaucoup ont des enfants, aux prénoms originaux ou incongrus *, qu’ils trimballent partout dans ses poussettes Mac Laren, qu’ils influencent la tendance, qu’ils sont très présents dans les médias, qu’ils boivent majoritairement du vin, nous nous devons de les travailler au corps. Ce faisant je ne verse pas dans un parisianisme outrancier en me focalisant sur une couche de population minoritaire mais je tente de remettre en perspective une tendance très prégnante dans le monde du vin mettant en avant un retour vers le naturel s’appuyant sur une forme aigue de mauvaise conscience et se traduisant par l’hypertrophie du discours et une atrophie de sa mise en pratique au quotidien. Cette tendance projette, via les médias, une image surexposée d’une certaine forme d’approche du vin assez réductrice. En clair elle se présente comme un tout, excluant les autres, alors qu’elle n’est que partie. Saynette Parisienne :
« Samedi 15h30 Petit café à la Terrasse du Progrès *. Ils croisent deux potes, Yanning et Juliette, qui viennent d’avoir un enfant, Mia-Louise, trop mignonne avec ses low-boots Marc Jacobs enfant. Ils discutent de choses et d’autres, et commandent un autre thé vert. Olivier choque l’assemblée en prenant un Earl Grey. »
« Le lendemain, à 13 heures : La bande se retrouve au marché d’Aligre et mange des huîtres, adossée à des poubelles, en riant avec les poivrots du coin. « Attends, gros Dédé c’est mon pote, j’te jure on s’adore. Il est juste dingue ce mec. Dingue. La poésie du type. »
Jah-jah : dernier survivant de la culture hippie
Le Progrès se situe près du Marché des Enfants Rouges 1 rue de Bretagne dans le 3ième
Marché d’Aligre marché culte dans le 11ième
ces 2 lieux sont entourés de nombreux bars à vins et de cavistes.
Chronique trouvée sur le NET :
Les Bobos, au-delà des mots juillet 16, 2008
« Rien à voir donc avec les petits tracas d’ordre physique et autres bleus au cœur, je le précise d’entrée pour ceux qui éventuellement sortiraient d’une longue retraite spirituelle dans des contrées retranchées, pour les autres impossible de l’ignorer, ce bobo-là est en fait la contraction du désormais fameux « bourgeois-bohème », représentant d’une nouvelle élite socio-économique hybride qui se revendique à la fois bourgeoise et bohème, confortable et artiste, bien pensante et zen. C’est ainsi, le bobo est de gauche, consommateur compulsif et altermondialiste, pour l’égalité des chances, assoiffé de culture, chic et débraillé, rat des villes et rat des champs… Bien souvent, il n’est même qu’un « bobopot », un bobo potentiel qui n’a de bobo que l’aspiration bohème, le look bourgeois-bohème et le côté « politbobo » (entendez le bobo politisé, écolo et/ou socialo)… sans forcément sombrer dans l’IP, l’intello précaire, mais encore loin de son modèle le « bobac », comprenez le bobo accompli avec portefeuille bien garni ! L’univers des bobos est tout à fait remarquable, au sens propre du terme, peuplé de livres de Beigbeder, Houellebecq, Nothomb, de « chansons à texte » façon Delerm, Bruni, Bashung, Renaud et Brigitte Fontaine, pour le fun, (oui le bobo est fun parfois), il aime le bon vin avec un petit joint et les produits Bio.
Aurore