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14 février 2010 7 14 /02 /février /2010 02:08

J’émergeais dans le grenier à peine éclairé par une baladeuse pendouillant d’un plafond bas mangé par des toiles d’araignée. Je tendais la main à Chloé pour la hisser. Devant nous, telle une galerie de mine, s’étendait un long couloir sombre tout au bout duquel nous apercevions un quarteron, deux hommes, deux femmes, penchés sur un établi métallique couvert de cartes d’état-major et de bouteilles de bière. Les contours des corps étaient flous, vacillants sous la lumière jaunasse de bougies plantées sur des chandeliers d’église. Ils murmuraient. Nous nous avancions avec précaution. Le plus grand des types, genre Barberousse, levait les yeux vers nous sans donner le moindre signe d’inquiétude. À sa droite, l’une des filles, une brune au visage dur et ingrat agitait ses larges mains sous le nez d’une sorte de gnome aux épaules étroites dont la tête, couverte d’un béret noir enfoncé jusqu’aux sourcils, branlait en permanence. La seule se tenant immobile était une blonde bien en chair dont le pull de laine écrue soulignait la générosité de sa poitrine. Pour moi, aucun doute, Sacha c’était ce petit hanneton rabougri dont nous commencions à percevoir les phrases hachées « restez groupé... affrontez ces porcs toujours à découvert... l’important c’est que les caméras filment ce qu’ils nous font... nous sommes des pacifistes...» Sa voix nasillait. De ses mains de petit baigneur Colin, rose orangée, couvertes d’un duvet frisotant, il repliait les cartes donnant ainsi le signal de la fin de la séance d’état-major. La blonde en profitait pour se relever langoureusement afin de se plaquer son long corps le long du Viking qui lui empoignait les fesses.

« Je vous attendais ! » C’était bien lui Sacha, nabot et impérial. La brune peu gâtée par la nature jetait sur Chloé des regards noirs. Nous subîmes un examen de passage en règle. Les questions pétaient. Mes réponses, comme au catéchisme, je les ânonnais sans grande conviction. L’une d’elle où j’affirmais vaillamment qu’il nous fallait résister par tous les moyens à toute autorité irrationnelle me valait une volée de bois vert « Irrationnelle ? Pourrais-tu m’expliquer ce qu’est une autorité rationnelle ? Toute autorité est irrationnelle ducon ! » Il commençait à me chauffer les oreilles. Je contre-attaquais « tu partages l’avis de Marcuse lorsqu’il affirme que le positivisme logique c’est de la merde ? » Il encaissait en pinçant ses lèvres fines. J’avais marqué un point. Il enchaînait sur la révolution permanente des masses estudiantines contre les forces contre-révolutionnaires. Elles renouaient avec le passé spartakistes de l’ancienne capitale du IIIe Reich. Je ne l’écoutais plus vraiment plus intéressé par le manège de la grande blonde qui, tout en se laissant peloter par Barberousse, me lançait des œillades appuyées. Sacha stoppait sa diarrhée verbale et d’un geste impérieux congédiait son monde. Tout le monde s’enfournait dans la trappe, y compris Chloé qui déclarait vouloir aller dormir à l’étage de la nursery. La brune laide lui signifiait que tout était prévu pour nous. Sacha me retenait par la manche alors que la blonde des blés, me susurrait à l’oreille son prénom, Karen, en plaquant son bassin tout contre moi. Le Viking me tapait sur l’épaule « T’en fais pas ce sont des gouines... »

Lorsque nous nous retrouvâmes seuls Sacha me demandait, de sa petite voix nasillarde, si j’avais apporté du vin. J’éclatais de rire car, lorsque le père de Marie m’avait proposé d’emporter dans mon sac à dos un Latour 59, et que je lui avais rétorqué que ça ne me semblait pas être le breuvage emblématique des « larges masses », sa réponse me revenait en mémoire « tu as encore beaucoup à apprendre mon garçon. L’avant-garde de la classe ouvrière est toujours l’antichambre des nouveaux maîtres... » Sacha caressa la bouteille, la serra contre son gros pull et me déclara « avec de la saucisse ce serait un outrage aux bonnes mœurs... Nous carburerons à la vodka... » Et nous carburâmes à la vodka. Sacha s’épanchait. Il affirmait qu’il fallait d’abord « nettoyer l’ardoise de l’homme », en français postmoderne on dirait aujourd’hui « changer de logiciel ». La bonne méthode : la purgation ! J’objectais « lavage de cerveau ». Il rétorquait « purification, désintoxication ». Je renâclais. Sacha sortait un bocal de caviar d’un vieux frigo américain. Il tartinait du pain noir. « Faut tirer la chasse pour débarrasser les cerveaux des inhibitions, des préjugés, des pulsions ataviques... » La vodka avait du être distillée en fraude par des cosaques réactionnaires, elle décapait. Je reprenais l’initiative « d’accord tu cures les tinettes. Tu laves plus blanc que blanc. Tu fais place nette mais une fois que c’est nickel chrome tu mets quoi à la place ? » La question qui tue. Sacha me contemplait avec une moue dégoutée « tu es un affreux petit français matérialiste. Quand nous aurons purgé tout ce qui est vieux et pourri nous bâtirons une société harmonieuse, fraternelle, spontanée... » Je pouffais. « Je suppose que dans ton grand nettoyage tu ne touches pas au classement de 1855 » Sacha goûtait à demi mon humour de petit bourgeois français.

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14 février 2010 7 14 /02 /février /2010 00:00

Anne Roumanoff Radio Bistrot et la Grippe [fun] VDP 100509
envoyé par peanutsie. - Plus de vidéos fun.

Les gens du vin, si prompt à gésir, à se plaindre du peu de cas des grands médias pour honorer à sa juste valeur notre nectar de terroir, devrait saluer dans une grande campagne d’affiches le Radio Bistrot d’Anne Roumanoff avec son ballon de rouge bien en évidence tout au long de sa prestation chez Drucker à Vivement Dimanche qu’elle lève toujours fièrement au moment de la chute de son « On ne vous dit pas tout ». 
En tant que Secrétaire Perpétuel autoproclamé de L'Amicale du Bien Vivre dite des Bons Vivants je lui décerne le Grand Prix d'Excellence de www.berthomeau.com  soit le Ballon de Rouge de Rubis qui lui sera remis le jour en mains propres par moi-même le jour où elle en aura envie à la buvette de l'Assemblée Nationale en présence d'une brochette de Bons Vivants invités par leur député.
 

La chronique d’Anne Roumanoff renoue avec le meilleur de la tradition des chansonniers qui savaient assaisonner la sauce politique avec les épices de l’insolence, de l’impertinence, des mots de la rue, sans pour autant rendre le plat lourd et indigeste. Dans les textes de Roumanoff on sent la patte de Bernard Mabille bon observateur du marigot politique. Rire fait du bien, rire des « puissants » leur fait du bien. C’est de l’esprit gaulois mais par rapport au niveau moyen de ce que proposent les grandes chaînes c’est un tout petit peu d’air frais.

À ce propos, Anne Roumanoff qui tient une chronique dans le Journal du Dimanche épingle avec férocité La Ferme des Célébrités qui passe sur TF1. J’avoue ne jamais avoir vu ce type d’émission dont le concept même me semble propre à flatter notre penchant naturel pour les histoires de chiottes.

 

« Les has been, les never been et les want to be passent leur temps à se quereller pour savoir qui va nourrir les girafes. Dans le zoo humain, la caméra est surtout cruelle pour les femmes qui ne sont pas de la première fraîcheur. Au réveil, sans éclairage flatteur, les cernes sont apparents et les visages gonflés par les nuits trop courtes. Claudine Dion est une sympathique québécoise ménopausée qui ressemble parfois à sa sœur Céline. Aldo Maccione qui est devenu un vieux monsieur de 75 ans perclus de rhumatismes a démissionné (chez Endemol on dit « quitter l’aventure »). La très américaine Brigitte Nielsen, qui ne cessait de répéter « I’m so happy to be here. It’s such a great experiment » (qui veut dire « Je suis très heureuse d’être là, ça me rapporte beaucoup d’argent ») s’est fait éliminer par le public. On en regretterait presque la fraîcheur de la première Ferme des Célébrités. Dans cette Afrique de pacotille, les personnages ne sont ni drôles, ni attachants. »

 

Anne Roumanoff vient de déclarer récemment qu’elle n’est pas certaine de refaire sa chronique « On ne nous dit pas tout » la saison prochaine, en soulignant « que peut-être il est préférable de s’arrêter quand tout va bien... » Si telle était sa décision, même si elle ajoute qu’elle pourrait revenir pendant la Présidentielle, nous perdrions notre petit ballon de rouge du dimanche, si vif, si primesautier... Nous ne garderions plus que l’inusable Drucker et, pire en encore, le héraut de Leader Price, notre incomparable Jean-Pierre Coffe...

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13 février 2010 6 13 /02 /février /2010 00:00

Chou 6973Pauvre andouille, faire l’andouille, triple andouille, je ne citerai pas afin d’éviter de choquer les bonnes âmes d’autres fonctions évoquées par tante Thyne dans sa cuisine enseignée aux jeunes filles ICI->  , je ne me gausserais pas d’un Ministre d’ouverture payant des figurants pour son colloque en le qualifiant d’andouille de Vire, je ne ferai pas comme notre ami Gus des jeux de mots à faire rougir sous leurs coiffes les pieuses bretonnes avec cette pauvre andouille de Guéméné, je serai charitable avec la femme du charcutier de la Mothe-Achard qui, pour que le mot ne lui écorchasse pas la bouche puisque la proximité du d avec le c sonnait comme un péché de chair, la dénommait andeille je me contenterai de tirer de l’oubli  l’andouille du Val d’Ajol et celle de Jargeau dotée d’une confrérie des Chevaliers du Goûte-andouille pour vous conter les rapports intimes que j’ai eu avec cette charcuterie composée de la ventrée complète de porc : gros intestin (40 % environ), menus (environ 43%), estomac (environ 17 %) sans adjonction de gras ni liants, avec addition de sel, poivre, épices et aromates (celle de Jargeau qui ne fait rien comme les autres c’est 60 % de viande de porc et 40 % de tripes.

 

Étudiant sans le sou, une année je fis le livreur des campings de la charcuterie Morineau sise à la Mothe-Achard pour mettre un peu de beurre dans mes épinards. Le patron était sympa, la patronne un tyran à tête de cheval qui me serrait de près vu que je draguais la nénette qui servait au dépôt de Brétignolles/Mer. Avant de partir pour ma tournée au volant de ma 4L je m’enfournais des sandwiches agrémentés de charcuterie maison. J’étais fou, non du chocolat Lanvin, mais de l’andouille du père Morineau qu’était goûteuse et bien épicée. Et pourtant, sans vouloir en rajouter, le processus de fabrication de l’andouille dans sa phase de préparation, quand il faut briquer la tripaille, a de quoi lever les cœurs fragiles. Les fragrances naviguent entre le fétide et le merdique. Pour reprendre l’expression de mémé Marie : y’ a de quoi asirer (dégoûter) tous les adorateurs de l’incolore, de l’inodore et du sans saveur. Bref, l’andouille, d’où qu’elle vienne, laisse son empreinte, marque son territoire, appelle un breuvage de terroir.

 

Et dans ce cas la prescription ne souffre d’aucune contestation : c’est un Muscadet sur lie Château de la Preuille qui s’impose.

Pourquoi me direz-vous ?

Pour un tas de raisons que je vous livre en vrac :

- C’est du bon c’est un grand blanc « 37 ha de vignes âgées de 40 ans, rendements modestes, pas d’engrais chimiques, levures indigènes et selon le Ribaut du Monde « une complexité aromatique tout à fait rare »  Pour Bettane « ce cru développe des arômes subtils et complexes de thé, de coing et une exceptionnelle longueur en bouche, qui signet un grand terroir. »

- L’ami Michel Smith que n’est pas un cul béni lui trouve « des touches de chèvrefeuille, d’amande grillée et de menthe sauvage. »

- C’est un vin qui, contrairement à moi, a fait ses Pâques sur lie fine.

- C’est un Muscadet vendéen : Saint-Hilaire de Loulay.

- L’un de ses concepteur de nomme Maisondieu

- La bouteille lourde est le flacon ancien du Val de Loire dit « Bouteille du curé »

- C’est un vin de Philippe et Christian Dumortier, héritiers de onze générations, qui m’ont accueilli, vu mon pedigree, au Salon des Vins de Loire au « mortier » ce qui m’a donné l’occasion de leur répliquer, d’abord au canon sans concession, puis de poursuivre avec eux sur le ton de la conversation une joute de entre gens au caractère bien trempé.

- C’est un vin d’un lieu chargé d’histoire le château de Preuille existait en 1515.

- C’est un vin qui irait bien avec un bar au beurre blanc façon maman.

- C’est le grand frère d’un Gros Plant fils d’une Folle Blanche qui irait bien avec une douzaine d’huîtres de Bouin.

- C’est un vin que je n’ai pas dégusté vu que je n’ai fait que bavasser avec les Dumortier. Allez, à la prochaine du côté de Saint-Hilaire de Loulay haut-lieu de mes exploits avec les basketteurs de la Vaillante Mothaise. N’oubliez pas de saluer le grand Philippe connétable du Haut-Bocage et dites-lui que le Mont des Alouettes existait bien avant son accession au trône...

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12 février 2010 5 12 /02 /février /2010 16:06

Je suis un plaisantin que d’aucuns prennent au sérieux. En Post-scriptum de la « lettre » du cousin Gagnon de la Belle Province «Honte à la presse du vin de France » j’avais signalé que  « l’entame et la formule de politesse sont pure fiction » ce qui signifiait que je ne faisais que reprendre à ma sauce « espace de liberté » un édito du journaliste québécois. Mais comme on ne prête qu’aux riches j’ai reçu en retour le courrier électronique suivant, très pincé, en forme de droit de réponse que j’accorde volontiers. Dans cette affaire je n’ai fait que mon métier sans introduire un quelconque commentaire sur le fond. « Sans la liberté de blâmer il n’y a pas d’éloge flatteur ». Je ne suis ni journaliste, ni éditorialiste, ni même redresseur de torts, mais tout bêtement un homme qui s’essaie à ouvrir des espaces de liberté. Merci de m’accorder ce crédit minimal y compris à l’APV.

Cher Monsieur

Suite à la publication de la lettre de Marc André Gagnon, sur votre blog, merci de publier la réponse du président de l'APV Michel Bettane.

Cordialement,
Barthélèmy

Réponse à Marc André Gagnon

Dans un récent bloc Jacques Berthomeau reproduit une lettre envoyée par un « cousin du Québec » Marc André Gagnon, qui critique sévèrement le principe et le déroulement de la remise des Prix de la Presse du Vin que l’association que je préside a organisée Lundi 8 février dans le Salon Napoléon du Sénat. Il les juge incompatibles déontologiquement avec les principes du journalisme et jette l’opprobre sur la façon dont ce métier est assuré en France, en procédant à des amalgames avec la promotion des certains « produits culturels » à la radio ou à la télévision. Cette lettre hélas ne prouve qu’une seule chose, bien malvenue chez quelqu’un qui s’intéresse autant au journalisme, à savoir une méconnaissance totale de notre métier, et une déformation aussi totale dans le compte rendu des faits incriminés ! Le journalisme du vin ne peut en effet se diviser en deux branches, l’Information et la « Chronique ». La diversité des média, le grand nombre d’angles sous lesquels le vin, son économie, ses produits, sa place dans notre société et dans notre culture peuvent être abordés, réunit dans une même profession des journalistes généraux, des journalistes spécialisés, des spécialistes de l’investigation, des spécialistes du goût, des rapporteurs de faits, des dégustateurs, des historiens, des philosophes, des scientifiques, agronomes ou œnologues, des médecins, mais aussi des grands amateurs. Tous, à partir du moment où ils occupent  un espace de communication sur le sujet (et donc Marc André Gagnon lui-même) peuvent être réunis dans notre association qui regroupe toutes les pratiques que je viens de citer. Certains sont bons, d’autres un peu moins bons, certains ont une large audience, d’autres ont une audience plus limitée mais c’est la même chose dans de nombreux métiers et l’Association  fédératrice par son principe n’a pas en tenir compte. Mettre en doute leur indépendance ou leur honnêteté est très facile, tout comme il serait facile de mettre en doute les motivations qui ont poussé Monsieur Gagnon à réagir de la sorte. Une chose en revanche est encore plus facile, celle de montrer que son compte rendu des faits est indigne même d’un journaliste débutant. Les prix que nous avons décernés l’ont été librement, par le libre choix des membres du jury, tous membres de l’Association.  Ces prix sont complètement et absolument honorifiques, sans aucune contrepartie douteuse, et n’ont comme seul but que la reconnaissance par les journalistes du vin du talent et du travail de tous ceux qui constituent l’univers du sujet qui les réunit, le Vin. Je ne vois pas en quoi ce type de récompenses serait moins moral que lorsqu’il est délivré par le public  et encore moins comment on peut le mettre sur le même plan que celles  délivrées  par un organisme commercial. Et relayer dans la presse ou dans tout autre média les noms des lauréats ne relève pas de la communication publicitaire ou de la « promotion » mais bien de l’information. En revanche j’accorde volontiers à Monsieur Gagnon que l’exactitude dans la recherche des faits et dans leur mise en forme informative est une qualité essentielle d’un bon journaliste. C’est la raison pour laquelle nous avons délivré un prix Citron à des confrères qui dans un reportage ont hélas fait étalage de leur superficialité dans la connaissance du sujet, de leur manque de rigueur dans la recherche des faits et d’une évidente démagogie dans la manipulation par le montage des interventions de nombreux participants (voir mon éditorial du 09/10/09 sur le blog du site web de l’association : presse-vin.com). Ils ont trahi les fondements moraux de leur profession en confondant, comme le font hélas beaucoup de soi disant journalistes indépendants, le journalisme d’enquête et le journalisme d’opinion. La volonté de « défendre » le public est un aveu naïf de cette confusion : dénoncer est déjà une déformation de l’acte d’informer puisqu’il lui donne une dramatisation théâtrale  et simplificatrice, avec à la clé des dommages importants par rapport aux métiers de la viticulture qui sont parfaitement honorables.

Michel Bettane

Président de l’Association de la Presse du Vin (APV)

 

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12 février 2010 5 12 /02 /février /2010 00:01

Les temps sont difficiles pour beaucoup de vignerons, y compris ceux qui n’en laissent rien paraître, et il serait malvenu de ma part de leur reprocher de faire feu de tout bois pour vendre leur vin. Pourtant je ne peux me départir d’un sentiment de malaise lorsque je relève dans ma boîte e-mail le flot ininterrompu des sollicitations de dégustation qui ne fait que s’enfler. Je précise tout de suite que je ne vise pas ici des manifestations comme le récent salon millésime bio mais les micros dégustations. Pourquoi diable me direz-vous car, en première analyse, l’importance du flux, et son accélération, devraient être considérés comme des signes marquant le dynamisme commercial des vendeurs. Présenter son produit, se présenter, nouer des contacts, enregistrer des commandes, je n’y trouve rien à redire bien évidemment. Ce qui me gène aux entournures, sans que je puisse le vérifier, c’est qu’en trainant mes guêtres en ces lieux j’ai du mal à cerner la qualité des dégustateurs présents. Qui sont-ils ? Des duglandos de mon espèce ? Des amateurs désœuvrés qui racontent leur vie ou étalent leur science ? Des cavistes ? Des agents ? Des restaurateurs ? Des journalistes ? De simples particuliers ? Bref, l’origine de mon malaise est fondée à la fois sur ma vieille expérience de chineur et ma fréquentation d’acheteurs professionnels.

Je m’explique.

Un acheteur a, si vous me permettez l’expression, la gueule de l’emploi. Il ne baguenaude pas. Il sait ce qu’il veut. Il cherche. Il fouine. S’il trouve ce qu’il cherche il aborde vite la question quantité-prix. À noter que la promiscuité, qui semble être la règle dans beaucoup de lieu de dégustation, ne pousse ni l’acheteur, ni le vendeur, à se livrer à l’exercice. Certains vont me rétorquer que tout ça se passera ailleurs. Je veux bien mais un client ça se travaille au corps, à chaud. La plupart du temps, le vigneron vendeur me semble réduit à n’être qu’un verseur de vin et qu'un tendeur de tarif. Rares sont ceux qui vous demandent qui vous êtes, engagent le dialogue pour vendre. Beaucoup attendent, avec une forme de résignation, que ça se passe. Dans beaucoup de cas, la dégustation est organisée par un gentil organisateur ou une gentille organisatrice qui se chargent de rameuter le chaland, et plutôt que quelques amuse-gueules, qu’un simple pointage à l’entrée, un effort de professionnalisation de la dégustation serait souhaitable : distinction entre les vrais acheteurs et les autres ou réservation de tranches horaires pour les stricts professionnels ; aménagement de lieux de négociation ; catalogue des vins proposés à la dégustation accompagné d’une fiche sur le vigneron (nul besoin de papier glacé) ; meilleure disposition du lieu de dégustation ; matériel adapté et pratique pour le délicat exercice de rejet du vin... Je n’ai rien contre la bonne franquette ou le côté nous sommes entre nous, nous nous connaissons tous, mais je me mets à la place du vigneron qui donne de son temps et de son argent pour ce genre d’exercice, le retour sur investissement ne me semble pas toujours à la hauteur des ambitions affichées et surtout de ce que les vendeurs pouvaient espérer. 

Peut-être que mon sentiment de malaise est infondé, que mes réflexions sont totalement à côté de la plaque et que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes de la commercialisation des vins « cousus mains ». Je suis preneur de tout éclairage sur ce qui m’apparaît comme une boîte noire. Peut-être que le sujet est tabou dans la mesure où braquer le projecteur mettrait en lumière des circuits qui alourdissent les prix de vente ou/et rognent les marges des vignerons.

Je crains que nous fussions face à un phénomène de mécanique des fluides où, face à un afflux concomitant de vignerons sur le même segment de marché, déjà fort encombré, ça bouchonne (sans jeu de mots bien sûr) Sur les autoroutes, tous les spécialistes vous le diront, afin d’éviter le phénomène il faut tout à fois accélérer le flux de ceux qui sont en aval et réguler la vitesse de ceux qui sont en amont. Appliqué au marché des vins cousus main, comme des autres d’ailleurs, ça signifie que pour ceux qui ont de l’avance la conquête du marché export est capital, pour eux comme pour les nouveaux entrants. Ceux-ci en effet avec la saturation de leur marché de proximité cherchent à étendre leur chalandise au marché domestique national. Le problème en ce moment c’est que, eu égard aux mauvais résultats à l’export, tout le monde se replie en désordre sur le marché national. Effet de thrombose garanti et, sans vouloir jouer les oiseaux de mauvaise augure, l’effet retard de la crise en France risque d’amplifier l’effet d’embouteillage (sans jeu de mot là aussi). 

La réalité se situera sans doute, non pas à égale distance entre mon pessimisme que certains jugeront outrancier et l’optimisme de rigueur affiché, mais dans une zone grise qu’il serait bon d’éclairer pour que les principaux intéressés, les entreprises vigneronnes, puissent se préparer  à piloter dans les meilleures conditions avec une visibilité incertaine. Pour ce faire, sans vouloir resservir encore le même plat je me permets de remettre sur la table mon projet de Fonds d’Investissement pour le secteur du Vin en écartant de suite l’objection que les micros entreprises ne bénéficieraient pas de l’action de se fonds. Elle ne tient pas car en effet, plus nous renforcerons les locomotives régionales (PME ou domaines), plus nous favoriserons l’émergence d’un poids lourd national, afin d’affronter les défis des marchés en expansion, plus nous désencombrerons notre marché domestique, lieu privilégié de vente pour les vignerons. Ce n’est pas une vue de l’esprit mais une réalité mesurable qui devrait éveiller chez les responsables une prise de conscience de l’urgence de la mise en place de ce type d’outil. Comme il ne s’agit pas de faire du replâtrage, du sauvetage, ce Fonds, à l’image de celui du sieur Beigbeder, devrait être constitué d’un tour de table d’investisseurs privés ayant des racines agricoles ou régionales, suivez mon regard, que nous aurions su convaincre, qu’à moyen terme, avec la nouvelle donne des vins sans IG, des vins IGP, le secteur du vin sera un fort vecteur de croissance, d'emplois et de création de valeur à l'exportation. Sinon nous nous replierons sur le haut de gamme, l'épicerie fine et il n'y aura pas de place pour tout le monde. L'enjeu est de taille. La France a besoin d'une industrie du vin forte de sa diversité et de sa capacité à couvrir tous les créneaux du marché. Qui le dit, qui s'en soucie... pas grand monde... Chacun dans son coin, chacun pour sa peau...

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11 février 2010 4 11 /02 /février /2010 11:13

À la télévision, la critique cinématographique a laissé la place à la promotion des films par, en général, deux des acteurs : un gars une fille les plus emblématiques de la production accompagnés parfois par le réalisateur. Les premiers y vont pas dire, les pauvres, si je puis m’exprimer ainsi, qu’ils ont joué dans un navet. Quant au dernier il ne peut que se draper dans le génie de son œuvre. Bref, bande annonces, autopromotion : no crédible !


Revenons au Vin de France ou d’ailleurs et au pince fesses organisé au Sénat par l’APV pour promouvoir le vin de qualité. Je n’y fus point invité n’étant ni encarté, ni un happy few mais rassurez-vous je n’en suis pas pour autant chagriné. Cependant ayant reçu dans mon courrier virtuel le 10 février 2010 une « lettre » de Marc André Gagnon, un Québecois, sobrement titrée « Honte à la presse du vin de France » je la verse au dossier, sans commentaire de ma plume, en espérant récolter en retour la tempête dans un verre de vin.

 

Cher Berthomeau,

 

Je ne fais pas souvent des éditoriaux, mais ici je ne peux résister.

L'Association de la presse du vin de France vient de remettre au Sénat de ce pays les Grands prix de la presse du vin.

On dit qu'on donne ces prix à ceux qui ont contribué à «promouvoir le vin de qualité».

Étrange! Est-ce que le rôle de la presse est de promouvoir?

Je croyais et crois encore que le rôle de la presse est d'informer.

La promotion ne relève-t-elle pas des agents de relations publiques, du marketing, etc?

Le groupe qui a donné les prix ajoute, tel que rapporté par Claire en France, vouloir «contrer ainsi une désinformation sur les supposés dangers qu'entrainerait une consommation, même modérée, du précieux liquide...»

De plus cette association donne même un prix citron «aux responsables d'Envoyé spécial (France 2) pour un reportage sur le vin jugé malhonnête, partial, et contribuant ainsi à cette désinformation...»

Pourtant, est-ce que ces gens de France 2, en cherchant la vérité, et non la promotion, ont peut-être été ceux qui ont vraiment fait un travail journalistique.

Dans le site de l'Association de la presse du vin de France ont lit que «L'AFJEV/APV réunit 250 membres adhérents journalistes, chroniqueurs et écrivains du Vin et des Spiritueux, ainsi que 110 membres associés, attachés de presse et chargés de relations publiques.» Le président est Michel Bettane.

Comment voulez-vous avoir confiance en ces gens de la presse du vin de France s'ils font de la promotion au lieu du travail d'information journalistique?

Malheureusement, dans le monde dit de la presse du vin il y a souvent ce genre de confusion entre information et promotion. Ce sont deux choses totalement différentes.

Il y a aussi confusion entre journaliste et chroniqueur. En gros le journaliste recherche et publie les faits, le chroniqueur donne son opinion.

Est-ce que les membres de la presse du vin devraient travailler pour les producteurs ou pour les consommateurs? Qui est notre client? Le projet de code de déontologie des journalistes de France dit bien que le journaliste «refuse toute confusion entre information et promotion ou publicité.» À moins que je me trompe, ce code n'a pas encore été adopté.

«Le rôle essentiel des journalistes est de rapporter fidèlement, d'analyser et de commenter le cas échéant les faits qui permettent à leurs concitoyens de mieux connaître et de mieux comprendre le monde dans lequel ils vivent.» Guide de déontologie des journalistes du Québec.

À mon humble avis, la presse du vin comme la presse en général ne doit pas chercher à promouvoir les produits des producteurs de vin, mais plutôt viser à informer le lecteur consommateur.

 

Bien à vous cher Secrétaire Perpétuel autoproclamé de l’Amicale du Bien Vivre.

 

Marc André Gagnon

 

PS : l’entame et la formule de politesse sont pure fiction.


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11 février 2010 4 11 /02 /février /2010 00:00

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Dans une chronique du 10 avril 2007 « Chaud devant » ICI->http://www.berthomeau.com/article-6218738.html 
je m’inquiétais du peu d’intérêt que soulevaient les scientifiques lorsqu’ils abordaient les effets du « réchauffement climatique » sur la vigne et le vin. Depuis lors c’est devenu un sujet à la mode et les grands manieurs de médias du type de Greenpeace s’en sont emparés (chronique 14/10/2009 « Chaud devant : nus dans les vignes, quand le cul se substitue au QI c’est qu’ya le feu au lac » ICI->http://www.berthomeau.com/article-chaud-devant-nus-dans-les-vignes-quand-le-cul-se-substitue-au-qi-c-est-qu-ya-le-feu-au-lac-37346528.html)  

 

Dans son livre « Coup de chaud sur l’agriculture » chez delachaux et niestlé Bernard Seguin responsable à l’INRA de la Mission sur le changement climatique et l’effet de serre et qui contribue aux travaux du GIEC (Groupe d’experts intergouvernementaux sur l’évolution du climat) note dans son chapitre 7 consacré à la vigne : « S’il est un secteur qui se prête à la boutade facile, c’est bien celui de la viticulture, donc de la vigne et, surtout du vin. Voici, d’ailleurs, quelques-unes, qui fleurissent facilement dans la bouche des journalistes ou des clients du café du Commerce : à la fin du siècle, de la vigne en Suède ou en Finlande et même pourquoi pas au Danemark ? Quand il fera trop chaud, délocaliser le champagne dans le sud de l’Angleterre, et produire le bordeaux en Alsace ? Alors, remettez-m’en une petite dernière ! »

L’auteur souligne, et c’est intéressant pour nous les gens du vin qu’ « il est étonnant de voir comme l’avenir de la vigne et du vin cristallise la curiosité et l’imagination. Au bas mot, il représente plus de la moitié des questions posées par les journalistes sur les conséquences du réchauffement climatique pour l’agriculture. Même si l’on s’habitue à cet intérêt des médias, on est toujours un peu surpris que les demandes proviennent de la BBC, de Radio-Canada, du Guardian ou du Washington Post, sans oublier les télévisions japonaises. » D’ailleurs l’éditeur ne s’y est pas trompé puisque c’est une grappe de vigne qui orne la couverture avec un stick rouge proclame « du Bordeaux en Champagne ? »

Avant d’aller plus avant, comme le fait l’auteur, la polémique sur la crédibilité du GIEC lancée lors du Sommet de Copenhague par des lobbies puissants, relayé par le Mammouth aux gros sourcils qui enrage de ne pas avoir eu de maroquin, qui le qualifie de « groupe d’idéologues écologistes » doit être purgée. Je suis de ceux qui fuient comme la peste les extrémistes de tout poil et qui s’en remettent à des approches scientifiques. Celles-ci existent, elles font l’objet de publications et en cela elles nourrissent le débat public et permettent aux décideurs publics de faire des choix.

De la page 105 à 137 dans son chapitre 7 : « La vigne : 1 ou 2°C en plus, ça va ; plus, bonjour les dégâts ! » Bernard Séguin fait un  tour d’horizon de la question que je vous invite à lire en vous procurant l’opus : 19 euros.

Comme il est de tradition sur cet espace de liberté, à nul autre pareil, je vous propose des bonnes feuilles – de vigne bien sûr – pour vous mettre non l’eau à la bouche, ce qui serait un comble, les neurones en éveil ce qui est bon pour la santé surtout si votre lecture est accompagnée d’une douceur en bouteille.

 

Le Tango des dates de vendange 

 

L’Histoire du climat depuis l’an mil, ouvrage publié dans se première édition par E. Le Roy Ladurie en 1983, s’appuie en premier lieu sur les glaciers, dont on conçoit aisément qu’ils avancent quand il fait froid et reculent quand il fait chaud (même si la mécanique réelle de cette relation est plus complexe, car faisant intervenir le bilan de masse des glaciers, donc les précipitations neigeuses, et introduisant une certaine inertie dans le système). On conçoit ainsi aisément que, quand l’été est chaud, le raisin mûrisse plus rapidement et que les dates de vendange soient précoces ; inversement, à été frais, vendanges tardives. Le Roy Ladurie a utilisé conjointement ces deux indicateurs, après avoir pris connaissance des travaux d’Angot, publiés en 1883, sur les dates de vendange. Ils avaient déjà été repris par un ingénieur de la Météorologie Nationale (ancien nom de Météo-France), Marcel Garnier, qui avait pu, en se basant sur les observations qu’ils décrivent, affirmer que le climat ne se refroidissait pas, mais, au contraire, traduisait un léger réchauffement après la Seconde Guerre mondiale. Les dates de vendange lui avaient permis d’attribuer certaines constatations dans ce sens à l’effet de chaleur dégagé par l’ilot urbain. Il avait noté qu’il fallait évidemment introduire certaines réserves quand à une interprétation entièrement biophysique de ce déterminisme des dates de vendange, qui font intervenir également des facteurs humains et sociaux : d’abord sur la signification de ces bans, sans doute édictés par les seigneurs de l’époque pour éviter des récoltes trop précoces ; ensuite parce que, comme cela a été observé de 1650 à 1740, la recherche d’une meilleure qualité avait pu conduire à retarder les vendanges le plus possible. À l’inverse, certaines années, la crainte de mauvaises conditions pour la récolte ou d’attaques parasitaires massives avait pu conduire à les avancer. Il existe donc une légère dispersion due à ces causes de variabilité temporelle des vendanges, mais la relation entre la date de vendange et la température du printemps s’est avérée solide et fiable.

Un pas en avant, deux pas en arrière... C’est ce qui a été observé pour l’extension des glaciers. Parallèlement, les vendanges ont d’abord été plus tardives, puis de plus en plus précoces depuis la fin du XIXe siècle. La tendance de fond que met en évidence L’Histoire du climat depuis l’an mil est celle d’un petit âge glaciaire (PAG), qui aurait succédé au petit optimum médiéval (POM) du XIe siècle ou, plus largement, des XIe-XIIe siècles et aurait été prédominant de 1303 à 1860. Au-delà, le climat de notre époque est, en partie au moins, sous l’influence de l’homme –on a pu parler d’Anthropocène, par une analogie très évocatrice avec les qualifications des périodes historiques, pour celle ayant succédé à la dernière glaciation et connue sous le nom d’Holocène. »

 

Bonne lecture à ceux qui s’intéressent à ces questions.

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10 février 2010 3 10 /02 /février /2010 00:00

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À la maison, au Bourg-Pailler, le vin rouge de Mareuil et de Rosnay jouissait d’une très belle réputation auprès de mon père. C’était du vin bouché servi pour les grandes occasions. Pour aller de la Mothe-Achard à Mareuil s/Lay nous passions par la Chapelle-Achard patrie de maman, Grosbreuil où nous avions des cousins, Saint Avaugourd des Landes et les Moutiers les Mauxfaits. Le Mareuillais, comme l’écrit Jean Huguet dans Vignes et Vignerons de Vendée est « en partie bocain » et il occupe  « un pan du modeste versant occidental hercynien, incliné, depuis les hauteurs de la Mainborgère, vers les sillons de l’Yon, du Graon, du Lay surtout, paraphe hydrographique d’un paysage à la fois sincère et altier. » Plus au sud s’étend la plaine de Luçon (siège de l’évêché le plus crotté de France cher à Richelieu) puis le marais poitevin. Neuf communes pour ce fief : au nord Saint Florent-des-Bois, Chaillé-sous-les-Ormeaux, Château Guibert, Le Tablier, Rosnay ; au sud Mareuil « la capitale du royaume », La Couture, Champ-Saint-Père et Corpe. Cette énumération sonne à mes oreilles comme une leçon de géographie de la Vendée avec le frère Pothain.

 

 

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Depuis des années je suis de près les vins de la maison Mourat, Jean d’abord et maintenant son fils Jérémie. Lorsque j’étais retourné à Mareuil, voici quelques années, arrivé dans le bourg de Mareuil, j’ai dans mon souvenir, la haute bâtisse au toit recouvert de tuiles nichée tout près du pont qui enjambe le Lay et de la rue du Puy sans Tour qui file le long de la rivière. Ce jour-là j’avais acheté du château Marie du Fou et des flacons du fameux cépage « ragoutant » plus communément connu sous le nom de Négrette. À chaque Salon des Vins de Loire je ne peux les rater vu leur situation géographique et j’ai toujours un grand plaisir à constater l’évolution positive des vins et le remarquable travail de gamme doublé d’un réel souci d’innovation dans le packaging. Respecter son terroir ne rime pas forcément avec ringard. Sur le stand mon chaperon c’est Thierry Libessart qui prend toujours le temps, avec précision et gentillesse, de me présenter toutes les évolutions de la maison Mourat. Après tout je ne suis qu’un petit chroniqueur, certes vendéen, qu’il en soit remercié. Ayant sauté la précédente édition du Salon en 2009, mon passage sur le stand de la maison Mourat s’est révélé plus encore très fructueux.

 

Avant d’aborder le vif du sujet je cite de nouveau Jean Huguet « Parmi ces grands, Jean Mourat est de ceux qui interrogent avec le plus d’insistance, depuis les hauteurs de Mareuil, l’avenir des Fiefs Vendéens. Le « fermier des Ardilliers » n’est pas un viticulteur comme les autres. Non seulement il a reçu la formation la plus complète à laquelle un professionnel de la viticulture puisse prétendre, celle d’œnologue, diplômé de l’Institut d’œnologie  de la Faculté de Bordeaux, mais aussi la formation la plus singulière, son père, Roger Mourat, ayant été l’un des principaux négociants en vins du département. Le négociant est pour le producteur viticole, ce que le mareyeur est pour le patron-pêcheur, un homme que l’on redoute mais dont on ne saurait se passer – du moins jusqu’à ce jour. » Ce texte date de 1992 et depuis beaucoup d’eau a coulé entre les berges du Lay.

 

Les vins de J.Mourat se déclinent en 4 gammes : Collection, Château Marie du Fou, les Anticonformistes (les OVNI) et Mouratus qui s’étagent de 4,85 euros à 7,95 euros. Pour visionner plus précisément ces gammes allez sur le site de la maison Mourat www.mourat.com. Ce matin, si vous me permettez l’expression, je vais m’intéresser au haut du panier des vins « Made in Mourat » avec l’arrivée du Clos Saint André dans le giron de la maison. C’est le rêve de gosse de Jérémie que ce Clos situé à 500 mètres des chais de Marie du Fou, autrefois propriété de la famille Taittinger, en friche depuis 1968. Belle endormie sous son manteau de ronces et de genêts, c’est une page blanche pour Jérémie, la réhabilitation d’un terroir viticole historique. C’est une aventure que de restructurer ces coteaux dominant le marais poitevin et la plaine de Luçon, en respectant la géopédologie du lieu. Terre vierge donc, lieu unique, indemne de ma chimie, qui tout naturellement se voit destiné à la culture biologique. Les vignes sont donc labourées, chaussées et déchaussées au cheval depuis 2009. Ça me rappelle la Nénette, le pépé Louis et la décavaillonneuse... ICI->  

 clos-StAndre.jpg


Donc je résume le haut de gamme des Mourat :

-         Le Clos Saint André 100% Chenin est en Agriculture Bio, les grappes vendangées à la main, en plusieurs passages, sont pressées entières et le jus fermente soit dans des foudres de chêne de 3hl500, soit dans des grands œufs de béton d’argile reproduisant les « dolia » de l’Antiquité. Mis en bouteille en lune vieille (je sens Bernard souffrir).

-         Les Parcellaires eux aussi AB et en 2 couleurs : Terres Quarts c’est du Chenin 1700 bouteilles et Grenouillère c’est de le Négrette vieilles vignes de 85 ans 7500 bouteilles.

-         Mouratus blanc et rouge est donc maintenant 100% Pinot Noir.

 

De la très belle ouvrage que j’ai dégustée sous la houlette bienveillante de Thierry Libessart. Les Mourat portent de plus en plus haut l’étendard des vins Vendéens en redonnant au terroir historique de Mareuil ses lettres de noblesse. Si vos pas vous amène du côté de chez moi, la Loire Méridionale – concept qui met du Sud dans le vin vendéen – mettez vos pas dans les miens et faites une halte chez Mourat père& fils, vous ne serez pas déçu du voyage. Pour clore ce court chapitre vendéen je vous offre les premiers vers de « Vendanges à Mareuil » écrits par un enfant du pays: Gaston Herbreteau dont les parents possédaient sur la colline des Ardilliers un petit vignoble.

 

Sept heures, chemin des Ardilliers.

Charrette cahotante,

Basses qui s’entrechoquent,

Voix de basse du roulier.

Mi-endormi, mi-réveillé.

Coteau noyé de brume,

Spectre de la vigne.

En haut ciel bleu.

Vallée noyée.

Soleil.

Et tout s’éveille

De cep en cep. [...]

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9 février 2010 2 09 /02 /février /2010 00:00

Lorsque Jean-Pierre Soisson, au tout début d’octobre 1992, débarqua dans mon bureau du 78 rue de Varenne alors qu’il venait de faire son retour au gouvernement comme Ministre de l’Agriculture et du Développement Rural de Pierre Bérégovoy, après un épisode électif au Conseil Régional de Bourgogne digne de la commedia dell arte, je ne soupçonnais pas le grand guignol que j'allais vivre au cours de cette belle journée et dans celles qui suivront. Tutoiement immédiat, Jacques par ci, mon ami Jacques par là, alors que ne nous étions jamais croisés auparavent, me laissait songeur mais me laissait de marbre face à la volonté de Jean-Pierre de m'empêcher d'aller planter mes choux ailleurs. Beaucoup d’entre vous me disent souvent : tu devrais écrire sur tout cela. Ma réponse invariable est non. Pourquoi non ? Tout bêtement parce que j’aurais le sentiment de trahir l’intimité de ces hommes politiques que j’ai côtoyé.
Jean-Pierre d’Auxerre, comme le disait avec un petit sourire Henri (Nallet) de Tonnerre est un homme ondoyant, charmeur, menteur comme un arracheur de dents, Ministre d’ouverture de Mitterrand après avoir été secrétaire-général des RI de Giscard, était un bon vivant qui proclamait à l'envi et démontrait en toute circonstance sa passion immodérée pour le Chablis cher au cœur du père Guy (Roux).
Je vous propose de visionner dans son intégralité – il y a un bref intermède de news avec Loana – la vidéo d’un épisode très représentatif du Soisson que j’ai connu. En bonus de la confrontation Bordeaux/Bourgogne je vous offre la transcription d’un café géo au FIG de Saint Dié de 2002 avec Jean-Robert Pitte et Jean-Paul Kaufmann comme officiants.



Café géo de Saint-Dié, conférence dégustation, 2 octobre 2004

 

Bordeaux/Bourgognes : je t’aime, moi non plus

Gilles Fumey introduit la discussion en indiquant que Bordeaux et Bourgogne sont des produits merveilleux et des noms magiques. Il présente cet exercice un peu difficile qui est l’éloge de la différence, un témoignage de la capacité des Français à fabriquer des produits aussi différents que riches.


Jean-Robert Pitte propose quelques citations qu’il trouve très méchantes que les Bordelais font à propos du Bourgogne et inversement. Comme l’a indiqué Brillat-Savarin (auteur de la Physiologie du goût, 1826), avant l’Empire, Paris était la ville du Bourgogne. François Mauriac (de Bordeaux), auquel on proposait du Bourgogne, avait répondu : « du Bourgogne ? Je préfère le vin. ». Philippe Sollers écrivait en 1981 : « Il n’existe de vrai vin qu’à Bordeaux. Le Bourgogne est trop sanguin, c’est un vin de sauce et de sang, une boisson pour sauce, dans laquelle on ressent la lourdeur effroyable des terroirs. Ceux qui aiment le Bourgogne sont des ploucs. » A l’inverse, plusieurs ont chanté les vertus du Bourgogne. Jean Laplanche, le grand psychanalyste, était propriétaire d’une vigne à Pommard. Jean-François Bazin, l’ancien président de la région Bourgogne, natif de Gevrey-Chambertin, disait : « Nous abandonnons volontiers le Bordeaux aux malades et préférerions le vin des bien portants. »

Pour Jean-Paul Kauffmann, tout oppose à priori les deux vins : bouteilles, verre à dégustation, classement, Voltaire/Rousseau, Ingres/Delacroix, droite/gauche. C’est un jeu et un sport national que d’opposer ces deux vins. Il faut bien dire que la fin des années 1980 n’a pas été une époque fameuse pour le Bourgogne ; on a fabriqué des clones : le pinot était produit avec des rendements trop élevés, de la potasse était déversée (on disait que les mines de potasse n’était plus en Alsace mais en Bourgogne !), sans compter l’utilisation de la chaptalisation (qui consiste en l’ajout de sucre dans les moûts, ce qui permet de relever le degré alcoolique). Les choses ont changé depuis et le Bourgogne a fait de gros progrès. Quel est le meilleur ? C’est une vaine question. Le Bordeaux est un vin maritime, de l’étranger, inventé par les Allemands et les Anglais. Le goût d’encre du Médoc et la sévérité sont dus au cabernet-sauvignon. Le Bordeaux est un vin qui ne se livre pas d’entrée, qui demande initiation et pédagogie. Le Bourgogne est un vin de l’intérieur, qui a un côté rabelaisien plus familier aux Français. Ce qui oppose ces deux appellations disparaît de plus en plus. Ces deux appellations sont menacées par la mondialisation, par de vins baroques qui exagèrent le gras et l’odeur du boisé. Le Bordeaux pratique l’assemblage et le Bourgogne le monocépage.


Pour Jean-Robert Pitte, l’assemblage et le monocépage ne sont ni bon ni mauvais. Ils dépendent du talent et du résultat. Les vins de cépage du Nouveau Monde sont parfois intéressants. En Bourgogne, le choix d’un cépage s’est effectué au XIVe siècle sous l’impulsion des ducs de Bourgogne, qui ont imposé d’éliminer les mauvais cépages pour privilégier le pinot noir. Philippe le Hardi a fait arracher le gamay. Pour les blancs, le choix s’est porté sur le chardonnay. Le merlot surtout serait très bien en Bourgogne (il pousse du sauvignon vers Saint-Bris en Bourgogne). Le cabernet-sauvignon en Médoc correspond à la mentalité anglaise.

Jean-Paul Kauffmann rappelle que le classement établi pour le Bordelais en 1855 au moment de l’Exposition universelle regroupait 61 châteaux. Le cépage majoritaire était le malbec ; le cabernet-sauvignon est venu après le phylloxéra. Le terroir transcende le cépage : il faudrait définir le terroir. Le grand terroir est une invention de l’homme : il n’existe pas en tant que tel, mais se trouve toujours à côté de ponts, de voies navigables, d’endroits accessibles. (Cf. les travaux de Roger Dion). Au XIXe siècle, on faisait du vin à peu près partout en France. En Champagne berrichonne, on trouve un bon terroir bien exposé, argilo-calcaire, mais on n’y produit pas de vin car on est loin de tout. Le médoc est un terroir inventé à force de compostage, de marnage. Le Bourgogne est « monothéiste » et le Bordeaux « polythéiste ». Le cabernet-sauvignon reste le cépage roi du Médoc et le merlot est le cépage roi du Pomerol. Cette tradition bordelaise a réussi. Dans les années pluvieuses, on part se retourner vers un autre cépage. Le Bordeaux est comme la peinture à l’huile : le repentir est possible.

Gilles Fumey s’interroge : l’assemblage donne la possibilité de traficotage, de maquillage ?
Jean-Paul Kauffmann répond par l’affirmative. On trouve du maquillage à Bordeaux et en Bourgogne. Pour Pasteur, le vin était la plus hygiénique des boissons, mais Jean-Paul Kauffmann n’est pas d’accord. On peut ajouter beaucoup de choses au vin. En 2003, on a eu le droit d’acidifier en Champagne. Il existe des levures, du boisé. Le bois donne un goût de vanille, de chocolat, de café selon que la chauffe a été plus ou moins importante. Le maquillage est aussi dangereux pour une femme que pour un vin qu’il peut enlaidir. Il faudrait d’avantage réfléchir aux dangers qui nous menacent avec les vins du Nouveau Monde. Les gens aiment bien le goût de vanille et de chocolat, qui est artificiel.

Gilles Fumey demande à parler des cuvées, en distinguant les microcuvées et le travail de fourmi en Bourgogne et les macrocuvées de brasserie en Bordelais. Pour Jean-Robert Pitte, les terroirs physiques sont inventés et améliorés. A Bordeaux, le problème est le draînage. Pour le Petrus, en terroir argileux, certains draînages remontent à deux siècles. A Yquem, on surveille le draînage. Il y a eu des scandales dans le Bordelais et en Bourgogne, avec des mélanges de Bordeaux dans les grands crus. En Nouvelle-Zélande, la terre ne coûte pas cher et on y trouve de grandes conditions pour le chardonnay. Le coût de la parcelle est très différent en Montrachet ; elle est vendue très chère sous le manteau. Bordeaux et Bourgogne sont complémentaires. Pour le Bourgogne, on a des microcuvées (sauf pour le Pommard où une parcelle fait 8 ha). Chaque propriétaire possède plus de dix appellations. A chaque parcelle correspond une cuvée et parfois même une seule barrique (de 228 livres), donc il faut faire très attention pour exalter le terroir, le millésime et sa propre personnalité. C’est du vin a fresco (à la fresque). Par exemple, pour le Charmes-Chambertin, environ vingt propriétaires produisent 3 barriques par an et vendent leur vin à 50 euros la bouteille. Si par hasard il est tombé de la grêle, on peut mettre du Gevrey-Chambertin pour faire illusion. Pour le Clos-Vougeot, 50 propriétaires se partagent 50 ha et produisent 80 vins différents chaque année. A partir des mêmes données physiques, le charme de la Bourgogne est de produire d’immenses différences. C’est une mosaïque dans un espace limité de la Côte d’Or.

Pour Jean-Paul Kauffmann, les vins de Bourgogne sont garants d’authenticité. La Bourgogne produit 48 000 hl par an (avec le Beaujolais) ; le Bordelais produit 120 000 ha. En Bordelais, les 61 crus datent de 1855 ; il s’est produit de profondes transformations dans le cadastre, à part pour Margaux. La notion de château est une notion de marque. Pour Saint-Émilion, c’est un peu différent, le classement ressemble à celui de la Bourgogne. Malgré sa richesse, le Bourgogne reste pour Jean-Paul Kauffmann un casse-tête.

Gilles Fumey demande qu’on parle un peu de la forme de la bouteille : la bouteille de Bourgogne épouse la forme du corps humain. Jean-Paul Kauffmann rappelle que la bouteille de Bordeaux est languedocienne d’origine (la frontignane). Dans le Nouveau Monde, on choisit la bouteille bordelaise. Cette bouteille est plus adaptée pour l’accrocher dans les bateaux. Le Bordeaux est toujours assimilé à cette austérité, à cette froideur peut-être britannique. Jean-Robert Pitte trouve la bouteille de Bordeaux très élégante, mais également puritaine, qui va bien avec un habit de pasteur... Cette bouteille permet la décantation dans une carafe, avec des chandeliers, grâce aux épaules carrées ; la transparence ainsi obtenue permet de verser le vin dans des verres en cristal (cf. la transparence devant Dieu : il n’y a pas de clergé). Ce monde puritain est marqué par la Réforme. La bouteille de Bourgogne fait penser à la robe (ou soutane ?) du chanoine Ki (ex-député maire de Dijon). Elle est souvent présentée poussiéreuse ; on laisse le dépôt dans la bouteille, qui est peut-être le meilleur de la bouteille. En Bourgogne, l’obscurité est agréable. Dans les églises du Mâconnais, la lumière est tamisée. En Bourgogne, on met des rideaux aux fenêtres. La poussière sur la bouteille correspond à la confiance dans laquelle les catholiques se trouvent devant Dieu.

Gilles Fumey oppose le Bourgogne, vin sensuel, au Bordeaux, vin cérébral. Pour Jean-Paul Kauffmann, le Bourgogne est un vin d’arôme alors que dans le Bordeaux on sent la texture sous la langue : il existe toujours une retenue, on peut parler de réserve, de puritanisme. « Le Bordeaux a tout et rien de plus. » Jean-Robert Pitte ajoute qu’en Bordelais le vin est servi avec parcimonie alors qu’en Bourgogne à la Confrérie des Chevaliers du taste-vin il peut être proposé jusqu’à 14 verres ! Des vertus sont liées au cépage : Pommard et Pomerol se ressemblent. Le cabernet-sauvignon peut donne un vin cérébral (cf. Montesquieu, Montaigne, Mauriac). Le Bourgogne rappelle Rabelais ; le verre de pinot est une vraie drogue, qui chauffe les tempes, avec une sensualité incroyable, une sorte d’abandon sexuel.
Pour Jean-Paul Kauffmann, l’aptitude au vieillissement des Bordeaux est une qualité car il possède beaucoup de tanin (3 grammes dans le pinot noir, contre 6 grammes dans le Bordeaux). Alors que le Bourgogne est un vin fragile, le Bordeaux se transporte bien. C’est un vin qui peut se déguster même jeune mais c’est là un danger. 1982 a été une grande année mais sa qualité diminue aujourd’hui. Le danger est la mondialisation du goût. L’identité et la typicité du vin sont en train de disparaître.

Après le débat, les participants sont conviés à comparer par eux-mêmes les deux vignobles en dégustant un Savigny-les-Beaune 2001 (Daniel Largeot, 13°) et un Haut-Médoc 1997 (Château-Reysson, cru bourgeois, 12,5 °). Le résultat du match n’a pas été connu...

Compte rendu : Michel Giraud

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8 février 2010 1 08 /02 /février /2010 00:00

Chou-6947.JPGParler de vin sur les ondes dans notre belle et doulce France exige une certaine forme de clandestinité. La seule émission, qui sur les ondes le célèbre, In Vino de BFM se devait donc « d’émettre » en un lieu où les visages pâles, les prohibitionnistes masqués, ne puissent accéder. Nous sommes donc « réfugiés » en sous-sol, mais chez Fauchon, place de la Madeleine, environnés de beaux flacons. Tout au fond, adossé à la cave des grands vins, la table rituelle avec sa forêt de micros et ses entrelacs de fils attend les officiants. L’atmosphère est bon enfant. Je salue l’homme-orchestre d’IN Vino Alain Marty et ses assesseurs Philippe Faure-Brac que l’on ne présente pas et David Cobbold notre anglais qui a le bon goût d’aimer le vin et le rugby. Le maître de chais, Frédéric Brochet, nous fait servir du nectar que nous dégustons avec modération bien sûr car nous sommes à la radio et qu’à la radio comme à l’église il faut psalmodier la phrase rituelle lorsqu’on célèbre le vin sinon c’est un péché mortel et vlan on se retrouve, sans autre forme de procès, à griller dans les flammes de l’enfer des bien-pensants. Très, très pro je fais des photos. Aujourd’hui je suis Tintin reporter dans les coulisses de l’enregistrement de l’émission In Vino de BFM animé par le sémillant David Marty. (Diffusée le Samedi 10h - 11h et le Dimanche 16h - 17h sur BFM-radio www.radiobfm.com .

Chou-6948.JPGChou-6955.JPG

















Deux émissions à mettre en boîte, silence on tourne, pardon on déguste les dives paroles. Je prends des notes. L’émission a son rituel. Philippe Faure-Brac évoque en entame un millésime : le 1938 pour ce jour, et 1967 pour l’autre, avec en chute la date de création de la SNCF ou celle de la naissance de Romy Schneider ou de Sandrine Bonnaire. Quand il évoquera 1948 et 1968... je rigole. Le premier invité, Jean-Claude Seys, est un patron iconoclaste comme je les aime (il préside MMA-Covéa groupe d’assurances mutuelles) et il est là car son groupe a dans son portefeuille le Savour-Club. Il vient d’écrire au PUF un opus « Les maximes du management » qui me semble très excitant puisque notre homme y étrille les écoles de management qui réduisent celui-ci à des « recettes techniques » alors que c’est l’humain qui prime. Alain Marty, toujours vif argent, lui demande ce qu’est un bon chef ? Pour JC Seys la qualité majeure du bon chef est le courage. Il doit prendre sur lui le stress de ses collaborateurs. Et de constater la pauvreté du management trop souvent composé de petits chefs qui au contraire reportent leurs angoisses sur leurs collaborateurs. Vous me direz, nous sommes loin du vin. Pas si sûr ! J’y reviens. Le Savour-Club : je reçois ses dépliants par la Poste : affligeant de ringardise ! Faudra dépoussiérer les étagères les gars mais là n’est pas le sujet du jour.

Chou-6949.JPGJC Seys et Georges Lepré.
Revenons à l’émission, primesautière, Alain donne le la, impulse un rythme vif, parfois incisif, léger, s’appuie sur ses deux puits de savoir Philippe et David, donne du relief à l’invité ému, recadre gentiment le prolixe. Pour tout vous dire ça me rappelle le ton de la grande époque d’Europe N°1 avec un Olivier de Ricquensen animant au mieux de sa forme, pied nus dans ses mocassins, je ne sais plus quelle émission de l’après-midi à laquelle j’avais participé (il s’agissait de l’affaire du vrai-faux tiercé du Prix de Strasbourg). Reste à souligner la note bonbon anglais de l’ami David qui, comme Jane Birkin, ne maîtrise pas toujours le masculin/féminin, mais place des traits d’humour ou des anecdotes pertinentes dans le flux d’In Vino. Sur le fond, les deux chroniqueurs Philippe avec l’appellation du jour : ici Mercurey puis Coteaux du Layon et David avec le cépage du jour : là les muscats et le zinfandel, ont le mérite d’être éducatifs sans être chiants. C’est enlevé, documenté et compréhensible par un public non averti. Comme je fus aussi prof dans ma vie, j’apprécie la performance à sa juste valeur.

Pour les autres invités des deux émissions je vous laisse le soin de les découvrir avec une mention spéciale pour Daniel Boulogne le fondateur de la Biennale Internationale du Livre du Vin et du Prix Montesquieu   www.bildv.com (je lui consacrerai une chronique prochainement) et Corinne Lefort historienne du vin venue nous parler de l’exposition César du Rhône pour Mémoire du 24 octobre 2009 au 19 septembre 2010  au musée de l’Arles antique www.arles-antique.cg13.fr (là aussi lorsque j’irai visiter l’exposition je chroniquerai).

 

Sans jouer les Saint-Simon, Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon mémorialiste de la cour de Louis XIV (ne pas confondre avec son lointain parent Claude Henri de Rouvroy, comte de Saint-Simon (1760-1825), philosophe et industriel français fondateur du saint-simonisme, qui est un parent éloigné du premier cité) qui avait l’indignation facile, l’insulte retorse et la plume bien aiguisée, je vais titiller nos bretteurs d’In Vino sur deux points :

Leur passe d’armes sur le « vin biologique » à propos du focus du Nouveau Gault-Millau (le DG Bertrand Clavières participait à l’enregistrement de la seconde émission) aurait gagné, de la part d’experts aussi pointus, à dépasser le pur épiderme pour tout d’abord affiner leur vocabulaire : jusqu’à ce que le « vin biologique » fasse l’objet d’une définition européenne – c’est en voie - ce sont des vins issus de raisins AB et ensuite mieux mettre en perspective les nouvelles demandes des consommateurs sur la protection de l’environnement plutôt que de se cantonner dans les chamailleries de chapelles.

La chronique de Gérard Muteaud à propos des petits châteaux de Bordeaux qui pètent plus haut que leurs culs, se roulent dans la confiture et s’aspergent à la vanille. Indignation louable, coup de gueule salutaire d’un amoureux des vrais petits Bordeaux, cependant cher Gérard s’en tenir à la généralité nuit aux consommateurs. Je m’explique soit, comme le faisait à la grande époque du Masque et la Plume  Jean-Louis Bory, on pratique la descente en flammes des « prétentieux » en les citant à l’antenne ou tout au moins en citant les plus représentatifs de ce «pommadée chic», soit on réserve pour la chute le nom de ceux des « résistants » à la mode Parkérienne. La première posture est difficile, j’en conviens car je déteste moi-même que l’on jette en pâture qui que ce soit, alors reste la seconde qui a le mérite d’extraire du troupeau des moutons de Panurge quelques belles brebis. Des noms Gérard, des noms... pour faire couler nos rondelles de saucisson

Comme vous vous en doutez j’ai gardé le meilleur pour la fin : c’est une annonce très alléchante de David Cobbold :

Soirée Saint Valentin

Château de Pennautier (voir les photos des chambres et des salles de réception en Wine News N° 66 en haut à droite du blog)

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Château de Pennautier

Vivez une soirée de rêve au Château de Pennautier "Versailles du Sud" les 13 & 14 février 2010 :

- Apéritif musical dans le Salon d'Honneur

- Dîner Prestige dans les Salons Privés*

- Nuit Romantique dans une des somptueuses chambres du Château****

- Brunch Dominical dans la grande salle à manger

340 € pour 2 personnes

CHATEAU DE PENNAUTIER
BP 4 - 11610 Pennautier
Tél : 33 (0) 4 68 72 76 96
www.chateaudepennautier.com
contact@chateaudepennautier.com

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