Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
23 février 2010 2 23 /02 /février /2010 00:09

L’affaire des faux Pinot Noir fait le miel de la presse française et étrangère. Les jugements moraux fleurissent sous la plume des journalistes et des commentateurs. C’est leur droit même si je les trouve parfois d’une dureté excessive. Dieu qu’il est facile de jeter la première pierre mais c’est humain. J’ai défendu ici la présomption d’innocence et, maintenant que le jugement du Tribunal Correctionnel de Carcassonne est rendu, que  la justice est passée, sous réserve d’éventuels appels, je n’ai pas de commentaires à faire sur le fond de cette affaire. Comme je ne suis ni juge, ni procureur, ni avocat de la défense ou des parties civiles, et que je n’ai pas eu accès au fond du dossier, ce serait de ma part bien léger.

Mon propos de ce matin touche au génie de certains faussaires. Ne vous récriez pas, je fais ici référence à la peinture où les faux ne sont pas un phénomène récent. Dès qu’une œuvre peinte devient un objet recherché et qu’un artiste a une réputation établie le marché du faux existe. « Les élèves de Rembrandt (1606-1669) ont plus d’une fois signé leurs œuvres du nom de leur maître. Les copies des œuvres de Corot (1796-1875) sont plus nombreuses que les originaux [...]

Après la seconde guerre mondiale, l’affaire Van Meegeren (1889-1947) connut un beau succès de presse. Il avait peint un certain nombre de faux Vermeer. Le premier, réalisé en 1923, « les Pèlerins d’Emmaüs », et reconnu par les experts de l’époque comme étant le tableau faisant la liaison chronologique entre deux styles de Vermeer, fut  acheté très cher par le Musée Boimans Van Beuningen de Rotterdam. D’autres faux Vermeer suivirent, dont un fut acquis, pendant la deuxième guerre mondiale, par le chef  nazi Goering. Ce ne sont pas les experts qui ont confondu notre faussaire. L’œuvre, retrouvée en Allemagne par les forces américaines entraîna une enquête qui aboutit chez  Van Meegeren. Pour avoir vendu une œuvre d’art d’importance nationale à un chef nazi, il fut accusé de collaboration et risquait la peine de mort. La seule façon de se disculper était de montrer que ce qu’il avait vendu était un faux et que ce faux, il l’avait peint lui-même.  Il se mit à l’ouvrage en prison pour réaliser un nouveau faux Vermeer et confondre ainsi ses accusateurs. Il réussit à merveille» in Magremanne Robert Juillet 2006

J’espère que vous me suivez et que vous comprenez où je veux en venir. Pour vous mettre sur la voie je vous cite les propos d’un criminologue canadien : « Ce soir, je vais donc m'entretenir avec vous d'un phénomène bien particulier, un phénomène qui ne se compare à aucun autre puisque les faux en peinture,  contrairement aux vols des œuvres d'art, n'existent qu'à une seule et unique condition : celle d'être découverts. En effet, le faux est invisible pour celui qui ne se contente que de regarder en oubliant qu'un miroir a deux côtés. »

Je poursuis en citant Guy Woodward « On peut discuter à longueur de journée sur la question de savoir si un vin doit répondre à un certain critère pour être qualifié de bon vin. Si le Red Bicyclette de Gallo est bon, est-ce que les consommateurs se soucient de savoir si c’est du merlot ou du pinot? ».

Et oui, il y a les consommateurs d’étiquette et ceux qui aiment le vin. Le problème est celui du prix me rétorquera-t-on. J’en conviens aisément mais pourquoi diable le Pinot Noir du Languedoc était-il plus cher que le Merlot du Languedoc ? Tout bêtement parce qu’un effet de mode : Sideways en avait fait monter le prix. La valeur intrinsèque des vins n’est pas en cause. C’est le marché qui s’amuse. Pour autant ne me faites pas dire ce que je n’écris pas : aux yeux de la loi le faux est un faux. Cependant, des faux qui ne sont pas des copies peuvent être intrinsèquement supérieurs à des œuvres dites originales. De nouveau je ne justifie en rien le délit mais je me contente de relativiser le préjudice qu’a subi le consommateur de Red Bicycle pour chaque bouteille achetée. Rien à voir avec les gogos qui achètent des Mouton-Rothschild où les faussaires se contentent de coller des étiquettes sur des bouteilles en y glissant un vulgaire jaja à l’intérieur.

Dernier point, et je ne vais pas me faire que des amis, il me semble facile d’ironiser sur le professionnalisme des acheteurs de Gallo qui n’ont pas su déceler ces faux Pinot Noir quand la plupart des experts qui poussent des cris d’orfraies s’y seraient eux aussi cassé le nez. Un tout petit peu de modestie ne nuirait pas dans ce domaine et sauf à me faire la démonstration contraire dans une dégustation à l’aveugle je maintiens mon affirmation. Que des petits « malins » aient joué avec la loi je n’en disconviens pas. Ils ont été découverts. Jugés dans les formes. Condamnés. Pour autant affirmer que cette affaire est un « crime » contre le vin tout court, et les vins du Languedoc en particulier, me semble bien excessif. La double peine ça n’est pas ma tasse de thé. Pour mémoire je n’ai jamais bu de Red Bicyclette et si je l’avais fait, eu égard à mes faibles compétences de dégustateur, je me serais esbaudi sur le Pinot Noir comme beaucoup de mes chers « confrères ».

Partager cet article
Repost0
22 février 2010 1 22 /02 /février /2010 07:01

Après un tel titre les puristes vont certainement demander, dans un appel publié dans les colonnes de la RVF, que je sois fusillé pour outrage aux bonnes mœurs des AOC. Et pourtant je vais tenter ce matin de faire œuvre utile auprès des jeunes générations – Martin est mon petit-fils – ignorantes en abordant la merveilleuse complexité de nos AOC par l’un des terroirs emblématiques de Bordeaux : le Médoc. 
CarteMedoc.jpg
Tout d’abord, cher enfant, pour remettre à leur place tes fantaisies langagières, Médoc serait une corruption du latin in medio aquae, ce qui décrit la situation géographique du lieu : au milieu de l’eau, entre l’Océan Atlantique et la Gironde. En effet, le Médoc est une péninsule du nord de la Gascogne de 85 km de long ( [meˈðuk] en gascon ) située sur la rive gauche de l’estuaire de la Garonne : la Gironde qui s’étend du nord de Bordeaux à la pointe de Grave. Le Médoc des vignes est adossé à celui des landes. Voilà pour la géographie mais ce n’est pas suffisant ici car si on y fait du vin c’est que le raisin s’épanouit sur un terroir qui, pour faire simple Martin, est constitué de petits cailloux (comme ceux du Petit Poucet) appelé en ce pays : grave (je sais que ce mot est en ton vocabulaire pour qualifier certains copains) avec parfois un mélange de sable dénommé gravette.

carte_vins_bordeaux_medoc.jpgVoilà, ce pourrait être tout, mais il faut que tu saches que lorsque tu regardes la carte le Haut-Médoc est en bas et que le Bas-Médoc est en haut mais, comme personne en France ne veut être en bas, le Bas-Médoc est appelé tout simplement Médoc. Ne ricane pas ! Du côté du climat, comme le Médoc est la région viticole de Bordeaux la plus proche de l’Océan et que la Gironde y est aussi large qu’une mer en face de Pauillac et de St Estèphe, il y est plus doux et plus humide. Bien évidemment cher Martin pour faire du vin il faut d’abord faire mûrir du raisin qui est un fruit poussant sur de la vigne qui un arbrisseau (le cep) sarmenteux de la famille des ampélidacées. Pour ne pas trop t’embrouiller (je sais les embrouilles tu sais ce que c’est dans la cour de l’école) je vais m’en tenir là en me contentant de te citer les variétés de ceps, on dit cépages, qui peuvent porter du raisin en Médoc : le Merlot (40%), le Cabernet-Sauvignon (35%), le Cabernet-Franc (10%), le Malbec, le Petit Verdot et aussi le Carmenere.

Tu suis ? Tu dis oui mais tes yeux me disent : pourquoi le Médoc ? Je pourrais te répondre parce que j’en reviens mais pour te prouver que je ne te raconte pas des craques je vais te faire un peu de lecture. C’est Alexis Lichine dans son Encyclopédie des Vins qui l’écrit « Le Médoc est au premier rang des grandes subdivisions de la région de Bordeaux et bien des experts estiment que c’est la première du monde pour les vins rouges de haute qualité. Quand on considère à la fois la quantité de bon vin que produit le Médoc et les bouteilles incomparables de certains châteaux, cette opinion semble justifiée. » Et ce n’est pas nouveau mon loupiot. Toi qui adore l’Histoire sache que dans L’Etat des paroisses d’où viennent les vins de la sénéchaussée de Bordeaux et leur différence de prix, qui date de 1770 (le XVIIIe siècle coco) s’ouvre sur une présentation du Médoc en trois classes mettant en lumière la primauté acquise par cette région. « Ce sont les paroisses de Pessac, Margaux, Latour et Pauillac qui possèdent les premiers crus de vins rouges ; ils peuvent se vendre de 800 à 1200 livres, et de 1500 à 2500 livres pour les meilleurs. » Ne me demande pas combien ça fait en euros mais je puis te dire sans me tromper : beaucoup !

Avec cette page d’Histoire je fais la transition avec ce qui fait le charme de nos AOC : leur merveilleuse complexité. En effet, se profile déjà les appellations communales et les premiers crus classés. Pour les premières elles sont au nombre de 5 : Margaux (avec le fameux château Margaux), Saint Julien (avec le château Léoville Las Cases), Saint Estèphe (avec le château Cos d’Estournel), Pauillac (avec les fameux Châteaux Latour, Lafite et Mouton-Rothschild), Moulis (avec le Château Chasse Spleen) et Listrac (avec les Châteaux Fourcas-Hostein et Fourcas Dupré). Ouille, ouille je t’embrouille avec mes beaux châteaux mais je vais t’expliquer jeune homme qu’en 1855, lors de l’Exposition Universelle (c’était sous l’empereur Napoléon III) les courtiers bordelais établirent un classement pour le Médoc, les Sauternes&Barsac en fonction de la réputation des châteaux et des prix de leurs vins en se basant sur les résultats des cent années précédentes.
Ce classement va comme de bien entendu des de Premier Cru à Cinquième Cru. Donc, à l’origine dans les Premiers Crus ils étaient 4 : Châteaux Latour, Lafite et Mouton-Rothschild et Haut-Brion qui n’est pas un Médoc mais un Graves mais qui méritait d’être là. Ne m’interromps pas en rigolant sacripant car en 1973 le Château Mouton Rothschild les a rejoint. Déjà en 1856, le Château Cantemerle, un Haut-Médoc, entrait dans le classement comme 5ième cru.

Mon bon Martin tu n’es pas au bout de tes peines car en 1932, les non classés ont créé les « Crus Bourgeois » qui regroupent les meilleurs des vignerons exploitant plus de 7 ha. Estime toi heureux car à l’origine y avait des crus Bourgeois, Grands Bourgeois et Grands Bourgeois Exceptionnels mais ça a disparu aujourd’hui. Bon y’ a eu un peu de rififi chez les Bourgeois mais tout est rentré dans l’ordre depuis peu. Enfin pour compliquer encore un peu les choses depuis 1989 il existe une dénomination « Cru artisan » pour les moins de 5ha.
Voilà mon loupiot, comme tu es un as de la PlayStation, je suis sûr que tu as tout compris. D’ailleurs, puisque tes parents aiment le bon vin, et que ta petite sœur est une petite curieuse je te charge de leur transmettre le message délivré par Alexis Lichine « Le Médoc est le type même du Bordeaux rouge qui acquiert en vieillissant un bouquet subtil, évoquant la rose et la violette ou l’odeur indéfinissable des bois au printemps et celle de la terre fraîche. Ils sont féminins et délicats quand on les compare aux Saint-Emilion, plus charnus et plus chaleureux. On dit souvent d’eux que ce sont les reines plutôt que les rois des vins rouges. Les Médoc ont une finesse prodigieuse lorsqu’ils ont été amenés à vieillir correctement. Même les crus secondaires du Médoc acquièrent de la qualité en vieillissant. »

Je m’en tiens là canaillou après mon excellent séjour à Listrac à l’invitation du président Alain Meyre (Château Cap Léon Veyrin Cru Bourgeois (Listrac), Château Julien (Haut-Médoc) et Château Bibian Cru Bourgeois (Listrac) www.vignobles-meyre.com et de son équipe dont Vincent Fabre (Château Lamothe-Cissac) un de mes fidèles lecteurs. Après le déjeuner j’ai fait un saut au château Fourcas-Hostein pour alimenter mes neurones et mon stock de chroniques. Pour le reste je ne sais si, devant les vignerons, dans la salle communale de Listrac, mes propos sur les perspectives d’avenir, dans notre monde mondialisé, du vin français en général et de ceux du Médoc en particulier, ont redonné du moral pour affronter tous ces défis. Mais, comme j’ai surtout insisté sur la diversité des consommateurs, ce matin je me devais Martin de te mettre au parfum sur les vins médocains puisque dans quelques années tu feras parti je l'espère de la relève.
Chou-6107.JPG La merveilleuse simplicité des étiquettes d'autrefois...

Partager cet article
Repost0
21 février 2010 7 21 /02 /février /2010 00:22

Nos nouveaux camarades manifestaient dans les quartiers bourgeois : la Frei Universität, avec son grand amphi l’Audimax, où se tenaient toutes les AG, était située dans le Neuilly berlinois à Dahlem. La haute société berlinoise goûtait à demi la rhétorique très moralisante de ces étudiants chevelus. Il faut dire que c’était vraiment du grand théâtre et Sacha se révélait un as de la mise en scène sur le Kurfürstendamm : une belle avenue chic bordée de magasins opulents, de théâtres et de cafés aux baies vitrées où les mémères à caniche, les vieux beaux, des veuves poudrées, des gigolos en veste cintrée et col pelle à tarte et des poules de luxe en manteaux de loup se retrouvaient pour tromper l’ennui. Le café Krantzer était le QG préféré des chefs étudiants car le bureau du Sozialistischer Deutscher Studentenbund (SDS), le mouvement des étudiants socialistes était à quelques encablures de là. Très vite Chloé allait devenir l’égérie de la frange libertaire du mouvement : la Kommune I spécialisée dans la provocation extrême. Celle-ci louait un vaste appartement dans une rue avoisinante pour expérimenter une communauté prônant l’amour libre mais les frelons allemands se révélaient eux aussi, comme leurs homologues de la GP, totalement coincé du calcif : Chloé me racontait qu’elle passait son temps à éplucher des légumes à la cuisine avec les autres nanas pendant que les mecs se torturaient les méninges pour inventer des trucs pour choquer le bourgeois. Leur coup de maître fut une photo où sept d’entre eux posaient nus, les mains en l’air comme pour une fouille de police et les fesses tournées vers les caméras. Pour corser la provoc un bambin blond se tenait à leurs côtés.

L’ambiance au Centre de la Paix, du fait de son recrutement international, se révélait bien plus propice à des copulations effrénées ou à des enlacements féminins languissants. Curieusement, seule l’homosexualité masculine ne s’affichait pas ouvertement. Sacha entretenait avec les femmes des rapports brefs et utilitaires que nul ne songeait à interrompre lorsqu’un ruban rouge était accroché à la porte du grenier. Chloé me charriait sur mon abstinence face au nombre indécent de beautés qui se baladaient nues dans le squat. La plus assidue à me provoquer était bien sûr Karen, la blonde évaporée, compagne de chambre de Judith la grande hommasse. Peter le Viking me ressassait que ces foutues gouines, avec leurs robes en grosse toile, leurs godillots militaires, leurs cheveux tirés en chignon, étaient des causes perdues avec lesquelles je ne devais pas perdre mon temps. Elles avaient apposées sur la porte de leur chambre un panneau « allez vous faire foutre » et Sacha ironisait sur le fait qu’elles passaient leur temps à lire des livres de droit. Et pourtant Karen, gracile et éthérée, ne se privait pas, à chaque fois que Judith s’absentait, de venir exhiber sous mon nez son opulente poitrine. Très vite elle avait sollicité de moi que je lui apprenne le français. Comme sa compagne c’était une allemande du Nord qui cachait un feu intense sous son enveloppe de glace. Sacha m’ordonnait « oublie-là ! » dès qu’il me sentait fondre face à ces minauderies « ai-je bien prononcé la phrase ? ». Il enfonçait le clou en me prévenant qu’elle faisait parti de ces filles de bonnes familles, toujours reçues dans les meilleurs salons radicaux de Berlin, dont la sexualité frisait le zéro absolu.

Pendant que Chloé épluchait ses carottes avec ses réfrénés des gonades dans l’appartement de  la Kommune I moi je me shootais à l’histoire du mouvement étudiant et j’étais toujours prêt à me faire réquisitionner pour la cause. Ainsi je devenais le dépositaire des noms des héros de l’épopée qu’avait été, le 2 juin 1967, la visite du shah d’Iran et de Farah Diba à Berlin. D’un côté les « Perses de la claque » Jubelperser, de l’autre les « Perses de la castagne » Prügelperser et au milieu les agents des services secrets du régime iranien qui se serviront des montants des pancartes des manifestants comme des matraques efficaces. Parmi ces héros d’abord Bahman Nirumand qui révéla toute l’horreur de la répression du régime du shah soutenu par les impérialistes américains aux étudiants entassés dans l’Audimax de l’Université libre. Et puis ensuite, le martyr, la figure sanglante de Benno Ohnesorg qui, le lendemain de la manifestation, sera abattu d’une balle dans la tête par un policier en civil devant l’Opéra de Berlin-Ouest. Aux obsèques de Benno, en dépit des démentis du maire et de la police, la ferveur militante s’était exacerbée accélérant ainsi l’ascension irrésistible de Rudi Dutschke, le fondateur de l’opposition extraparlementaire étudiante. « Tant de frères er de sœurs partout ! Tant de camarades qui partageaient le même rêve » qui ne savaient pas où ils allaient mais ils y allaient, me précipitait dans une adhésion étrange.  

Partager cet article
Repost0
20 février 2010 6 20 /02 /février /2010 23:20

Ce dimanche j’offre mon Espace de Liberté à une initiative à Pierre Leclerc, homme du vin, un passionné, un homme de cœur et de conviction. Merci de lui consacrer un peu de votre temps de lecture dominical à son appel, cosigné avec 15 autres personnalités venues d’horizons divers, à trois mesures urgentes pour faire face aux dangers de famines mondialisées.   

 

RÉPONSES URGENTES AU DÉFI ALIMENTAIRE

 

Appel à trois mesures, face aux dangers immédiats de famines mondialisées

 

La population mondiale a été multipliée par 2,7 depuis 1950

Longtemps, l’agriculture a fait plus que répondre à cette explosion : elle a également réduit la faim, amélioré la ration alimentaire moyenne, et même connu des excédents importants dans quelques pays. En revanche, depuis 2000, c’est l’inverse, au point que les stocks des produits les plus indispensables (blés, riz, maïs….) sont tombés à des niveaux dangereux : depuis 6 ans, ils ne représentent plus que 16 à 20 % d’une année de consommation.

 

Les dangers de grandes famines sont de retour (1).

 

Dès 2007, il y a eu des émeutes de la faim en Asie, Amérique centrale et Afrique

Cette « première crise alimentaire intercontinentale de l’Histoire » n’a pris fin, mi 2008, que fortuitement : la crise financière a réduit la demande solvable, pendant qu’une récolte céréalière record augmentait l’offre.

Le résultat a été une nouvelle hausse du nombre de personnes souffrant de la faim (plus d’1 milliard en 2009, contre 825 millions avant 2000, selon les chiffres de la FAO). Ces nouveaux affamés accepteront- ils longtemps cette régression historique (2) ?

 

La deuxième crise alimentaire mondiale pourrait démarrer dès 2010

Plus grave et plus longue, pour ces quatre raisons :

- Conjonctures moins exceptionnelles qu’en 2008.

- Poursuite de l’augmentation des accidents climatiques liés au changement global (sécheresses, inondations,...)

- Relations internationales plus tendues du fait des divergences de jugements sur les causes et les conséquences de la première crise alimentaire de 2007/2008.

- Evolutions des besoins alimentaires nécessitant le «doublement de la production d’ici 2050». Donc, comme les gains de terres cultivables semblent à peine pouvoir compenser les pertes, il faut un doublement des rendements en 40 ans (3) !

 

L’équilibre alimentaire mondial est durablement compromis

Ce qui entraîne des risques nouveaux de famines mondiales, de révoltes populaires et de bouleversements politiques. Les conflits armés ne sont pas à exclure, entre pays voisins, comme entre blocs de pays. La multiplication de zones de « piratage à la somalienne » perturberait un transport maritime vital aux échanges internationaux. La simultanéité de 4 ou 5 « guérillas à l’afghane », débordant les armées classiques, pourrait remettre en cause l’équilibre du monde (4).

 

TROIS URGENCES : ALERTER, STOCKER, TROUVER

« Le décollage agricole de l’Afrique, la réquisition de terres, les modèles alimentaires moins carnés » font partie des objectifs louables, mais à résultats lointains. Nous appelons donc à 3 mesures d’urgence :

- Alerter l’opinion sur l’actualité et la gravité du problème alimentaire et agricole mondial.

- Constituer des «stocks de sécurité alimentaire mondiale» gérés pour lutter à la fois contre les spéculations, les paniques, et les découragements des producteurs actuels et potentiels.

- Accélérer les recherches qui permettront de mettre au point les moyens assurément durables de doubler la production alimentaire en seulement 40 ans. Tout en préservant l’environnement (5).

 

1, 2, 3, 4, 5 : voir “sources et développements” dans bibliographie.

 

Signataires de cet appel, bibliographie et contacts page suivante

 

Horizons Grandes écoles, Universités, CNRS, Enseignement

 

Alain CARBONNEAU, professeur de Viticulture à SUPAGRO, et président du GIESCO.

Philippe CHALMIN, économiste, historien, professeur des universités à Paris-Dauphine.

Joël DE LEIRIS, physiologiste, professeur des universités à Grenoble.

Sandrine FIGUIERE, enseignante en économie dans un lycée agricole à Digne

Marcel KUNTZ, biologiste, directeur de recherches au CNRS (université Joseph Fourier, Grenoble).

Etienne MONTAIGNE, directeur UMR Moisa et administrateur scientifique de l’IAM à Montpellier.

Jean-Louis PRIOUL, professeur émérite d’agrophysiologie à l’université Paris-Sud.

Agnès RICROCH, maître de conférences en génétique à AgroParisTech et chercheur à

L’université Paris-Sud

 

Horizons Agriculture, Militantisme associatif, Actions humanitaires

 

Jean CLAVEL, membre de la fondation Louis Malassis, responsable associatif et auteur; jean.clavel@wanadoo.fr

Fabrice DELORME, commercial d’une propriété agricole, et responsable associatif.

Jacques GALAS, ancien chef d’un service régional du Ministère de l’Agriculture, militant

associatif ;  jacques.galas@wanadoo.fr

Olivier HOULES, directeur fédération des caves coopératives des Bouches-du- Rhône.

Pierre LECLERC, cadre d’organisme agricole et initiateur-coordinateur de cet appel.

Claire PRIOLET, assistante sociale et militante associative dans le Vaucluse.

Nicolas SUBTIL, ancien agriculteur-maraîcher, gérant d’un équipement sportif.

Gérard TEYSSIER, agriculteur, ancien industriel et responsable d’associations humanitaires.

 

RÉPONSES URGENTES AU DÉFI ALIMENTAIRE

 

SEIZE SIGNATAIRES

D’une totale pluralité en matière politique et d’options techniques (sur OGM, bio, etc.) et représentatifs d’horizons volontairement différents et complémentaires

 

BIBLIOGRAPHIE RÉSUMÉE

1, 2, 3, 4, 5 : “sources et développements” du présent appel proposés par une partie de ces

Signataires sur blog : http://defialimentaire.blog.lemonde.fr.

- Le monde a faim de Philippe Chalmin, Ed. Bourin, 2009, 140 p.12 .

- Site agriculture-contributive.fr ou La fin des paysans n’est pas pour demain, Ed. de l’aube, 2009, 256p.9, 6 .

- Ils vous nourriront les paysans du monde, si… de Louis Malassis, Ed. Cirad-Inra, 2008, 460 p.26 .

- Le plan B de Lester Brown, Ed. Calmann-Lévy, 2007,420 p. 20 .

- Nourrir la planète, pour une révolution doublement verte. Michel Griffon, Ed. Odile Jacob, 2006,

456 p. 24 .

 

CONTACT

 

Pierre LECLERC, 06 14 51 01 20 et 04 90 33 81 80. pierre.leclerc@live.fr ou http://defialimentaire.blog.lemonde.fr.

 

Le 15 février 2010

Partager cet article
Repost0
20 février 2010 6 20 /02 /février /2010 00:09

J’ai habité longtemps le XIIIe au temps de l’impayable Jacques Toubon et de son adversaire préféré le « souriant » Paul Quilès et maintenant je loge à ses lisières ouest. Même si j’ai pris des distances avec la vie de quartier du XIIIe je garde pour cet arrondissement cher au cœur de Léo Mallet et de son héros Nestor Burma (la mythique rue Watt) une tendresse particulière.

 

Le XIIIe arrondissement de Paris dans sa partie Est, celle qui part de la Place d’Italie via l’avenue de Choisy vers la porte d’Ivry, a fait l’objet de l’opération table rase la plus importante de la capitale. En effet, le XIIIe recelait de nombreux ilots insalubres ou jugés mal construits qui devaient faire, selon des architectes tels que Raymond Lopez et Michel Holley, l’objet non d’une simple rénovation mais d’une réorganisation dans l’esprit de la Charte d’Athènes de Le Corbusier (construire en hauteur pour libérer de l’espace au sol, gagner de la luminosité ; séparer les voies de circulation automobile de la desserte locale et piétonnière...)  « La trame urbaine n'est plus définie par les rues, mais par l'ordonnance des constructions, elles-mêmes guidées par des considérations fonctionnelles » proclame le Plan d’Urbanisme de 1959. Le quartier des Olympiades en sera l’emblème. Les érections de béton de 30 étages posées sur du béton (l’un des principes de Le Corbusier : les parcs entourant les tours a été mis de côté par les promoteurs privés car le vert c’est du m2 improductif) c’est le temps des dalles et des rues invisibles. L’opération Olympiades voulait séduire par son modernisme et la présence de nombreux équipements scolaires et sportifs une population de jeunes cadres. Bide absolu auprès des Parisiens, les tours restent inoccupées pendant plusieurs années et le fiasco est évité grâce à l’arrivée des premiers réfugiés vietnamiens vers 1975. Les appartements sont occupés par plusieurs familles pour faire face aux loyers élevés. Viendront ensuite les réfugiés et immigrés cambodgiens, laotiens puis chinois. Le quartier devient le Chinatown de Paris avec ses commerces et restaurants financés par le système de la tontine. Curieusement, les toits en forme de pagode qui recouvrent les boutiques de la dalle ont été réalisés avant l'arrivée des Asiatiques et sans relation avec eux. Pour plus d’information lire  Les Chinois de Paris : minorité culturelle ou constellation ethnique ? de Jean-Pierre Hassoun et Yinh Phong Tan http://terrain.revues.org/index2909.html

 Chou-7021.JPGChou-7022.JPG

Le Nouvel An chinois, en 2010 l’année du Tigre fait partie intégrante du paysage parisien et plus particulièrement du XIIIe arrondissement. Cependant cette année, par la grâce de mon chef bien aimé – je peux car c’est un membre de l’ABV – qui fut en poste à Pékin, qui lit le mandarin, nous fûmes conviés vendredi dernier aux Délices du Sichuan boulevard de Strasbourg restaurant chinois bénéficiant du label Asie à fêter l’année du Tigre à l’heure du déjeuner. Trois belles tablées de grands ingénieurs blanchis sous le harnais de la République des champs, des étables et des forêts, à mon regret seulement 4 femmes mais la qualité compensait la quantité, une chaleureuse ambiance autour de mets vraiment chinois et, pour faciliter le bon fonctionnement de notre système digestif mis à l’épreuve des piments : des vins chinois, un rosé et un rouge issus du  vignoble Suntime 10 000 ha plantés dans la région du Xinjiang (traversée par l'historique Route de la Soie et trois fois plus grande que la France) qui se situe sur une de 44° Nord similaire au Bordelais et à la Californie. Les journées chaudes et ensoleillées et les nuits fraîches permettent une très belle maturité du raisin. Les vins sont élaborés par des œnologues français et embouteillés à Cognac. Comme me le disait Armand Collomb, natif d’Eguilles en Provence, à propos de certains esprits goûteurs : j’ai fait le calamantran (bon à rien et fort en gueule) face à mes collègues de la table en donnant mon avis sur le rosé d’abord, puis le rouge.  Chou-7013.JPGChou-7009.JPG

Le rosé de Syrah est d’une belle couleur cerise anglaise, brillant, son nez est très agréable sur des notes de figue de Barbarie, une attaque en bouche douce, un peu sucrée mais avec une belle fraîcheur. C’est un vin friand qui se marie très bien avec la cuisine chinoise peu avare de piments. Certains vins concurrents traditionnels dans la restauration asiatique auront intérêt à relever leur niveau pour ne pas se voir sorti des tables. Pour le rouge qui est un cabernet-sauvignon, en dépit d’une belle robe rubis, ce vin sans grand relief est court en bouche et disparaît sans laisser d’adresse. Nous avons donc fonctionné au rosé tout au long de nos excellentes agapes et que tout est allé dans le meilleur des mondes dans l’après-midi.

 

Je pourrais en rester là mais le marché du vin en Chine fait fantasmer tout le petit monde du vin français. Certains qui causent riche disent que ce pays pourrait devenir un puissant relais de croissance pour notre wine industry. Les 1,3 milliard d’habitants, les taux croissance pharaoniques, ça excite les calculettes et ça fait rêver à des millions de cols. Calmos, si je puis m’exprimer ainsi, car la Chine est un pays consommateurs de spiritueux et de bière majoritairement et même si il y a 20 ans le gouvernement chinois a officiellement appuyé le secteur du vin pour amoindrir la prééminence de la consommation d’alcools, celui-ci n’occupe pas encore une place prééminente dans la consommation populaire. Pour l’avenir c’est la production de vins chinois qui est et restera la base du développement du marché intérieur. Le potentiel de production de vin chinois, qui ne représente que 1 % de la production de spiritueux nationaux, avec 359 000 hectares de vignes et 3,34 millions d’hl de production (la Chine se place actuellement au 6ème rang mondial en termes de surface d’encépagement et de production de vin) s’adaptera aux évolutions de la consommation du vin qui n’est pas encore une consommation banalisée en Chine. Espérer des grands volumes avec des vins français c’est faire fausse route car notre industrie n’est pas structurée pour relever ce type de défis. Pour autant la partie ne se jouera pas exclusivement sur les vins de haut de gamme et la consommation élitiste mais surtout autour des vins de cœur de gamme où certains de nos concurrents du Nouveau Monde et voisins européens sont mieux armés que nous pour occuper les créneaux ouverts par l’extension de la classe moyenne chinoise et l’amélioration de son pouvoir d’achat. Si ceux qui espèrent dans le marché chinois répètent les mêmes erreurs d’appréciation que dans les années 2000 avec le marché anglais nous continuerons de regarder passer les trains de la croissance du marché mondial.

 

 

Partager cet article
Repost0
19 février 2010 5 19 /02 /février /2010 00:00

Face à ma dernière chronique sur la presse du Vin http://www.berthomeau.com/article-les-attaches-de-presse-et-les-vins-de-presse-ont-mauvaise-presse-44938422.html où je souhaitais que celle-ci ouvrît plus largement sa focale les rédac’ chefs, si tant est qu’ils me lisent encore (mais la profession recèle de suffisamment de mauvaises langues pour que mes agaceries reviennent à leurs oreilles), agacés ont du déclarer à leurs troupes expertes et raffinées que j’étais tout juste bon à critiquer leur dur labeur mais que du côté propositions je me révélais aussi sec qu’un Gros Plant. Qu’ils se détrompent j’en ai plein dans ma musette. Certes, pour ne pas les faire déchoir je ne vais pas suivre sur son terrain François le Débonnaire en leur proposant une verticale de Vieux Papes ou un méli-mélo de Petites Récoltes de chez Nicolas. Faut s’adresser aux gros portefeuilles pas au couple Bidochon...

Bref, comme je suis un lecteur assidu des enquêtes de consommations menées par l’INRA depuis les années 1980 (je fus à l’initiative de la première avec Daniel Boulet) je me permets de souligner que le moteur de la baisse de la consommation de notre merveilleux nectar (je n’écris pas velours de l’estomac pour pas me faire choper par François le Débonnaire) est la baisse des fréquences de consommation. Le nombre de consommateurs est demeuré globalement stable pendant la période. D’autre part, le sexe et l’âge sont prépondérants dans le positionnement de chacun en termes de fréquence de consommation. Pour l’âge deux effets se conjuguent :

-         L’effet cycle de vie : les goûts des consommateurs évoluent avec son avancée en âge et l’évolution de son pouvoir d’achat ;

-         L’effet de génération : les individus nés dans la même tranche d’âge ont des goûts et des habitudes de consommation qui correspondent au contexte historique.

Tout cela se traduit d’une part par un accès de plus en plus tardif et un allongement de la période d’apprentissage et la prépondérance des occasionnels (43%) et des non consommateurs (41%). Chez les moins de 25 ans il n’y a plus de consommateurs réguliers. Sur un marché de 31 millions de consommateurs de vin en 2005, la France ne comptait que 33% de réguliers dont un tiers de femmes et 66% d’occasionnels à parité hommes-femmes. Les comportements de consommation sont majoritairement festifs et conviviaux. Les projections 2015 confirment ces tendances de fond : sur 51 millions de français en âge de consommer : les réguliers ne sont plus que 13%, les occasionnels 43% et les non-consommateurs 43%. Au-delà de ces chiffres ce qui est très encourageant c’est une forme « d’atterrissage en douceur » de la consommation en France par une stabilisation des volumes de consommation et de la segmentation des fréquences de la consommation.

Et pendant ce temps-là nos pépères dégustateurs professionnels font comme si rien n’avait changé avec la bonne cave de grand-papa, ses bonnes boutanches de derrière les fagots, le déjeuner du dimanche chez les beaux-parents avec le gigot flageolets et la bouteille quotidienne sur la table. Je ne vais pas vous jouer la musique de la cantoche sinon mon ami François le Débonnaire va me tirer les oreilles mais vous mettre sous vos divins nez les terrasses des cafés. Ben oui messieurs, ça manque de dames dans les rédactions vineuses, moi j’en ai 2/5 dans mon groupe de dégustation : Flore et Margot, le vin se boit aussi en ces lieux autrefois réservés aux demi-pressions et au petit noir. Dans le temps y’avait bien sûr les vins de comptoirs mais ils n’avaient pas droit de cité dans vos pages papier glacé.    

Donc, à quand une chronique régulière sur la carte des vins des grands cafés de Paris et des grandes villes de France passées au crible de vos longs nez experts et de vos gorges profondes impitoyables ? Ce serait un service apprécié par tous les consommateurs, jeunes ou moins jeunes, femmes ou mâles amateurs qui lichètent des petits verres en terrasse après le turbin. Vous noteriez la qualité de la verrerie, du service, de l’état de conservation du vin, le rapport qualité/prix au verre. Je ne sais quoi moi... la beauté des filles en terrasse... la robe du vin... je n’irai pas jusqu’à la finesse de sa cuisse... la longueur de la carte... la variété des appellations ou des provenances... l’inventivité... Bien sûr, vous pouvez m’objecter que vos braves dégustateurs ne pourront pas recracher le précieux liquide et qu’ils risquent de rentrer à la rédaction en chantant comme des pochtrons. Afin de parer cette objection je propose que les grandes maisons de vin ou les grands préleveurs de CVO sponsorisent une petite gourde avec entonnoir-crachoir qui permettrait de ne pas vous voir clouer au pilori par le Sot d’Eau et l’ANPAA réunis.

010327fM.jpg 

J’en ai fini pour aujourd’hui et, selon une tradition bien établie, ma proposition va faire un grand plouf dans le silence indifférent des rédactions. Qu’importe j’aurai le sentiment de plénitude du devoir accompli. Pour ne rien vous cacher j’ai d’autres idées en magasin mais comme je suis à la fois cigale et fourmi je les garde pour les temps des vaches maigres. Enfin, je dois confesser – c’est un vieux reste de mes années vendéennes, le confessionnal, l’aveu des fautes et l’absolution : merveilleuse machine à laver les âmes que la confession – que cette chronique n’aurait jamais vu le jour sans vos nombreux et pertinents commentaires : ceux de François le Débonnaire comme tous les autres. Vous êtes sur la bonne voie chers lecteurs : commentez !

47432-B.gif
Partager cet article
Repost0
18 février 2010 4 18 /02 /février /2010 00:04

Il est des jours où, dès le matin, tout se présente bien, levé du bon pied, douché, rasé de près – façon de parler pour moi -  guilleret, tout frétillant de la perspective d’un beau programme, sans se douter que sous  ce beau tapis de pétales de rose gît un beau râteau qui n’attend que votre pied imprudent pour venir se ficher sur votre gueule enfarinée.
Tel fut mon destin mardi passé. Je flottais dans une douce euphorie tel un amoureux transi. Que du bonheur jusqu’à la tombée de la nuit où je pris ma petite auto pour me diriger vers les arrondissements à petits numéros. Circulation fluide jusqu’au Sébasto, puis le lacis des rues de bordure du Marais où, plein de fourmis besogneuses déchargaient des colis de petites camionnettes en obstruant les rues, et pour corser le déplaisir les gars de Veolia – merci monsieur Proglio – se tapaient les poubelles à ces heures de transit.
Je sentais poindre le grain de sable dans les beaux rouages de ma belle journée finissante. Se calmer, respirer, enfin tout en face du nez de ma Twingo assemblée en Slovénie surgissait un bâteau de livraisons où me garer. Je m’enfournais. Merde Sens interdit ! Je me garais tout de même, prenais mon cabas emplis de lourdes bouteilles au bras, prenais mes jambes à mon cou pour gagner le lieu de la dégustation. Ça me réchauffait de courir ! Je déposais mes flacons et repartais illico dans l’autre sens. Grand bonheur les séides de Gaudin (le préfet de police) ne m’avaient pas rançonné de 35 euros. Je repartais dans ma petite auto pour trouver un stationnement réglo et là, surprise, un peu plus avant je trouvais à quelques encablures de la Trinquette une belle place. Ça caillais. Je m’emmitouflais dans ma canadienne.

La Trinquette, bar à vins-caviste au 67 rue des Gravilliers dans le 3ième arrondissement www.latrinquette.fr antre de jeunesse qui affiche ses racines audoises sans complexe : vins de Miren de Lorgeril, vins d’Embres&Castelmaure de PHDM, cuvée N°1 de l’ami Pierre, vins de JB Sénat... un bar tout en longueur dans une ancienne mercerie et des grappes de filles et de garçons qui s’assemblaient pour un petit casse-graine du soir entre amis. Ma troupe était au complet ce soir : les deux filles Flore et Margot et les quatre garçons : Yannick, Michel-Laurent, Erwan et Mathieu. Douze flacons alignés, deux villages qui se touchent, je commençait dans ma petite Ford intérieure à avoir des doutes sur l’intelligence de ma confrontation entre T et F. Nous étions dans une demi-pénombre, accoumussés autour d’une table, et la dégustation pouvait commencer.

Décontenancés ils allaient l'être mes loupiots plutôt habitués à des nectars plus raffinés. Dans la première tranche des 6 T c’était du rustique, de la finale sèche, du vin de chasseur, bon avec du chorizo, tanins secs, nez de bois, animal, amertume, nez de savon, alcooleux, viril, inhibant. Nous n’en pouvions plus de renifler ces vins de grand papa gravitant, en dépit de leur revendication en AOC, dans un univers de vins de table sans grand caractère véhiculant une image défraîchie et passéiste du vin du Languedoc. Yannick soupirait « c’est malheureusement notre lot quotidien... », Mathieu poliment parlait d'autre chose,  Margot lâchait « c’est choquant ! », Flore toujours sympa leur cherchait des excuses, Michel-Laurent et moi-même rappelions qu’on en trouvait aussi du bon et que l’enjeu de la césure entre des vins sans IG et des vrais AOP se jouera en une vraie différenciation à la source. Certains gestionnaires de caves ne l’ont semble-t-il pas encore compris continuant à faire comme ils ont toujours eu fait...

Mais comme l’espoir fait vivre je m’accrochais à l’idée que la seconde série des 6 F allait nous réconcilier avec l’idée du vin de terroir. Les 4 premiers nous replongaient dans l’affliction. Ce sont certes des vins de table mais nous nous attendions à une forme d’inventivité, de génie du lieu alors que Margot atterrée en venait à dire qu’ils étaient bons à se saouler en dépression. Par bonheur les 2 dernières bouteilles sauvaient la dégustation : la première nous offrait un beau Corbières classique, aux tanins bien fondus, un nez de jasmin, plein d'une forte matière, rond avec une belle fraîcheur. Il plût aux filles et rassérènait les garçons ; le second était plus cathare, moins de fruit, plus rocailleux, désigné comme un personnage réservé, très gothique dixit Erwan, austère pour Flore, sarcastique pour Erwan, plus pénétrant un vin qui plaisait beaucoup à Michel-Laurent.

Bien me direz-vous tout ce bla bla est bien joli mais au bout du bout ça ne débouche sur rien de concret puisque vous ne nous dites pas d’où venaient ces vins. J’en conviens mais si j’ai pris tout de même ma plume pour vous narrer ce quasi-bide c’est que j’en tire deux conclusions que mes coéquipiers partageront :

-         Tout d’abord le concept, cher à Laurent Bazin, du Vin de mes amis touche parfois aux limites que l’on peut ou que l’on doit se fixer pour préserver l’amitié. Je préfère l’omission à la révélation sur la place publique de ma déception. L’ami de la première série n’est point vigneron mais se pose des questions sur le devenir de ses raisins. Le second ne m’avait rien demandé alors je ne vois pas au nom de quoi je viendrais le titiller.

-         Ensuite l’expérience s’acquière aussi dans la difficulté : 10 de ces vins étaient des vins sans grandes qualités mais aussi des vins sans grands défauts. C’était des vins communs. Des vins qui portaient sur leurs épaules une forme d’épuisement, de lassitude, de fin de cycle. Dans la première série le problème est lié à la structure de production qui manifestement n’est plus à la hauteur des enjeux du temps. Pour la seconde c’est plus compliqué et comme je n’ai pas toutes les clés je ne puis avancer d’explications. L’important dans cette affaire c’est que, pour quelques unes de mes jeunes pousses, l’apprentissage de la déception est elle aussi riche d’enseignement car à ne voisiner que des belles bouteilles on en oublie le commun des mortels.

Après ce magnifique râteau j'ai repris ma petite auto pour m'en aller dîner dans les beaux quartiers et la journée c’est excellemment terminée par des grands airs et...

Chou-3618.JPG 

Partager cet article
Repost0
17 février 2010 3 17 /02 /février /2010 00:08

La dent dure du cousin PA Gagnon à propos du voisinage dangereux à l’APV de journalistes du vin et d’attachés presse me permet de prendre la défense de cette dernière profession. Bien sûr je vois déjà des sourires ironiques poindre chez certains d’entre vous qui vont insinuer que je le fais car pour la plupart les attachés de presse sont des attachées de presse. Affairées, filofax bourré, Iphone ou B&B en rut, ces charmantes et sémillantes jeunes femmes ont pour fonction principale, non de faire fantasmer le cochon qui sommeille en tout bon journaliste du vin de sexe masculin, mais de lui fournir du matériau pour alimenter sa plume. L’attachée de presse distribue donc des dossiers de presse vantant les mérites de ses clients aux journalistes. Comment imaginer qu’il en fût autrement. Mettre sous de belles chemises autre chose que des louanges relèverait d’une forme de masochisme étrange. Donc elles font leur boulot les attachées de presse, que peut-on leur reprocher ? Pas grand-chose sauf peut-être de se croire obligées de distribuer leurs dossiers de presse dans de superbes restaurants étoilés ou lors de voyages de presse avec gîte et couvert. Là encore je ne leur jetterai aucune pierre : s’il n’y avait pas d’amateurs il n’y aurait pas d’offre. Donc pour moi les attachées de presse sont des personnes respectables et fréquentables qu’il n’y a pas lieu de vilipender. À chaque « utilisateur journaliste », si je puis m’exprimer ainsi, de voir quelles distances il met entre ses écrits et les sollicitations dont il fait l’objet. Pour qu’il n’y ait aucune ambigüité dans mon propos, même si je ne suis pas journaliste, je m’inclus dans cette profession en tant que petit chroniqueur soumis aux mêmes sollicitations agréables.

Pour les vins de presse qui, comme vous le savez tous, sont le dernier produit du pressurage et ils sont durs et communs. Mais moi, qui ne suis qu’un fieffé coquin, en l’occurrence, c’est pour le peps du titre que j’ai parlé d’eux afin d’aborder les vins de la presse autrement dit : la presse du Vin.  Comme je suis aussi un ramier hors pair je cède la plume à mon excellente consœur journaliste et vigneronne (conflit d’intérêts, j’rigole !) Catherine Bernard qui, cette semaine, dans Vitisphère écrit fort pertinemment :

 

La toile bouscule le papier

 

Le magazine Decanter nous apprend cette semaine la fermeture de Sibaritas, revue mensuelle grand public sur le vin qui faisait autorité en Espagne. Sibaritas avait été crée il y a 18 ans par José Penin, et s’était attiré la collaboration de grandes plumes, parmi lesquelles Jancis Robinson, Michel Bettane, et Victor de la Serna. « La crise et la montée des sites sur le vin a entraîné une chute significative des lecteurs en 2009 », souligne Lucy Shaw. Dans l’interview qu’il a accordée à Decanter, Jose Penin, annonce « le lancement d’une version en ligne de la revue en octobre ». Lui aussi chahuté, le magazine belge In vino veritas se lance sur la toile. Il diffuse via Internet le numéro 2 de sa « newsletter », huit pages maquettées et se lisant comme un magazine papier.

 Toute la presse française, et une partie de la presse de pays voisins, est en crise, sauf en France les magasines féminins, celle du vin n’y échappe pas bien sûr. Pour cette dernière, est-ce la faute de la Toile, je n’en sais fichtre rien mais, sans vouloir en rajouter, car les chroniqueurs sur le Net, moi le premier, ne doivent pas se prendre pour les nouveaux prescripteurs, je pense qu’à toute chose malheur est bon. Je m’explique. À plusieurs reprises, sur mon espace de liberté, j’ai brocardé à la fois le conformisme de certaines publications et le « sectarisme » d’autres feuilles plus confidentielles. Le monde du vin, surtout celui des grands, vit tourné vers son nombril, entre soi, avec ses codes, avec son vocabulaire, avec son goût de la pompe, de l’art officiel, des grands professeurs qui savent tout. Qui se soucie de Robert et Raymonde Bidochon qui font leurs courses et achètent leurs vins à Leader Price ? Que choisir quand ça lui chante mais pour le reste tous les plumitifs se tamponnent le coquillard du sort de plus de 90% des consommateurs de vins. Normal me rétorquera-t-on : ils s’en foutent, ils boivent n’importe quoi, comme dans la Traversée de Paris : « salauds de pauvres ! » C’est une erreur grave que le vin français paie cash. Sur l’autre versant, les néo-consommateurs, même cécité, très peu de journalistes ont vu venir les nouvelles tendances, n’ont intégré que le vin devenait un pur produit d’occasion, très peu ont anticipé la montée de la consommation féminine. Nous sommes en plein phénomène de surpâture : tous le monde dans le même pré et y’a plus assez d’herbe pour tout le monde. Pas étonnant alors que lorsque de nouveaux espaces s’ouvrent ils trouvent des lecteurs.


Désolé d’avoir la dent dure mais j’entends trop souvent gémir, se plaindre que la terre entière nous en veux, pour ne pas en appeler à une remise en cause salutaire pour que le convenu laisse la place à la créativité. À force de pontifier je suis désolé mais on fait chier le monde. Notre monde du vin qui se dit convivial l’est-il vraiment ? Est-il attrayant ? Donne-t-il le sentiment d’être partie prenante de la vie des gens ? J’en doute. Chacun chez soi et les vaches seront bien gardées. Que je sache une marque comme Mercédès s’est intéressée à la petite voiture urbaine, les grandes marques de haute-couture vivent essentiellement des produits dérivés, les parfums surtout, achetés par mademoiselle, madame et maintenant monsieur tout le monde. Sans vouloir être mauvaise langue l’autre jour, évoquant la marque JP Chenet qui est la seule marque française dans le Top 10 volume de la SAQ, les journalistes présents ne savaient pas qui embouteillait ce vin. Bien sûr, les Grands Chais de France, Joseph Helffrich son patron, premier exportateur de vins français, n’entrent pas dans le cénacle des grands vins ni dans le Who’s who de la RVF. Je me suis toujours demandé, au temps où la RVF et la RVI étaient dans le même groupe de presse, pourquoi aucune réflexion ne fut entamée pour qu'ils fissent cause commune pour le Vin et tous les Vins. Sans doute dans notre beau pays on ne mélange pas les torchons et les serviettes. Ainsi va la France du Vin et les attachées de presse n'y sont pour rien.

Attention comme ce matin je n’ai pas versé dans la modération n’en déduisez pas pour autant que tout est bon à jeter dans la presse du vin, bien au contraire. Je lui demande seulement d’ouvrir bien plus largement sa focale, d'enlever ses oeillères. Pour conclure, je laisse de nouveau la plume à Catherine Bernard qui note, à propos de la version Internet d’In Vino veritas, « On y retrouve la qualité des informations du mensuel et l’ouverture sans a priori des Belges au vin, conjugué au pluriel. Les deux premières pages sont consacrées à un dossier, ces deux premières semaines, un flash-back international de l’année 2009, photographie intéressante du monde du vin. On y trouve aussi « un zoom » sur une appellation, cette semaine, « le Proseco », chiffré et détaillé, et un réjouissant déshabillage du marketing usant des mots « terroir » et « territoire ». Avec ça j’aurai au moins les journalistes belges pour me défendre de l’ire de leurs collègues gaulois.

 

Partager cet article
Repost0
16 février 2010 2 16 /02 /février /2010 03:25

1256653283604.jpg
Comme ce matin je file vers Bordeaux direction ensuite Listrac pour honorer l'invitation du Président de l'ODG Médoc, Haut-Médoc, Listrac à causer devant son AG j'en profite pour chroniquer sur un personnage de l'autre rive : Robert Boulin.


Le bref passage, de juillet 1968 à juin 69, au 78 rue de Varenne de Robert Boulin dernier Ministre du Général de Gaulle dans le fantomatique gouvernement Couve de Murville, a bien sûr beaucoup moins frappé les esprits que sa tragique et énigmatique fin dans un étang de la forêt de Rambouillet le 30 octobre 1979. Résistant dès 1941 dans le réseau Navarre dont il deviendra le chef, il est engagé volontaire en 1943 et à la Libération il devient avocat à Bordeaux puis à Libourne. Sa carrière politique débute en 1958 quand il devient député UNR de la Gironde, puis maire de Libourne un an plus tard. Il sera constamment réélu député et maire jusqu'à sa mort. Il va aussi exercer des fonctions ministérielles pendant plus de quinze ans. Les lignes qui suivent s’inspirent d’un texte du Professeur Hubert Bonin issu d’une communication lors du colloque Robert Boulin en politique (1ier-3 octobre 2009 à Libourne).

 

La 5ième République, avec la déferlante UNR post 58, puis ses technocrates énarques, a érigé le « parachutage » en adoubement des nouveaux barons du régime et de ses jeunes turcs. Venus du « ciel » les nouveaux arrivants se devaient pour survivre de s’enraciner dans le terroir de leur circonscription. Le cas Boulin est intéressant du fait des spécificités du « pays Libournais ». En effet, celui-ci montre « une sensibilité aigue, voire épidermique, face aux autres territoires girondins et à la métropole de Bordeaux » Qu’une petite ville 10 fois moins peuplée que sa voisine soit doté d’une succursale de la Banque de France, d’une Caisse Régionale de Crédit Agricole indépendante de celle de la Gironde (le St-Émilionnais est rattaché à cette dernière), d’une Chambre de Commerce et d’Industrie témoigne d’un  « patriotisme de clocher » dont le « parachuté » Boulin doté d’une envergure nationale à du tenir compte en « jouant le jeu » des spécificités du monde du vin libournais.

 

Plus intéressant encore « il a dû également prendre en compte les rivalités de territoires, entre les appellations, les « bons » terroirs et les terroirs banals, « les gros » et les « petits », nombreux dans un Libournais caractérisé souvent par de petites exploitations dotées d’un relief pentu qui compliquait le travail de la vigne, les concurrences multiples d’images de marque, de caractéristiques vinicoles, les rivalités entre le monde du négoce et celui des coopératives (désormais relativement puissantes quoique, à cette époque, fragmentées). Il a dû aussi respecter le chauvinisme du St-Émilionnais, marqué à la fois par un « petit peuple » de vignerons et certaines appellations moins prestigieuses et par une « bourgeoisie » articulée autour de domaines et appellation renommés et surtout d’un réseau de sociabilité dense (compagnonnage, Crédit Agricole) animé à cette époque par la dynastie Capdemourlin : Jean Capdemourlin présidait le Syndicat viticole de St-Émilion et animait la Jurade (recrée en 1948). »

 

Toute la « finesse » du politique, au-delà de ses positions idéologiques et politiques (attitude que j’ai observé auprès d’un Louis Mermaz considéré à Paris un socialiste intransigeant et qui était si souple dans sa bonne ville de Vienne) tient dans sa capacité à donner de lui-même une image qui fédère des courants sociologiques parfois antagonistes. « Le fait d’être catholique et d’aller à la messe à Libourne favorisait indirectement son image dans les cercles de St-Émilion depuis longtemps cimentés par des convictions catholiques sociales » souligne Gérard César son 3ième suppléant. Là encore, la constitution d’un couple « l’avocat Boulin, homme politique parisien, le citadin de Libourne et d’une personnalité issue du vignoble » est capitale pour l’exercice d’enracinnement. Tel sera le cas du 1ier Jacques Boyer-Andrivet, qui cumulait l’avantage d’être centriste, viticulteur à Saint-Pey-de-Castets, et président de la cave coopérative de Génissac. Quand à Gérard César son profil était lui aussi idéal viticulteur et président de la cave de Rauzan.

 

L’autre facette de l’action de Boulin en faveur du monde du vin tient aussi à son positionnement par rapport à Chaban-Delmas, l’homme de Bordeaux, et le restant du personnel politique local, tel le centriste Aymar Achille-Fould. Il devient le « passeur » des demandes des professionnels, « il se voit investi d’une mission indicible mais réelle de porte-parole des campagnes au sein de la majorité parlementaire et auprès de la technocratie des Ministères. Ce lobbying viticole très territorialisé va marquer durablement la perception qu’auront nos concitoyens du monde du vin et faire accroire qu’il existe un lobby puissant du vin alors qu’il ne s’agit qu’un conglomérat de circonstances de baronnies locales.

 

Intéressant aussi, dans l’aire de rayonnement politique de Boulin, est la concentration de « figures » du mouvement paysan « Il était encerclé par des personnalités de haute volée » déclare Gérard César.  L’une des ces figures est celle de Pierre Martin, sans doute aujourd’hui tombée dans l’oubli auprès des nouvelles générations, mais qui a fédéré les Caves Coopératives vinicoles avec la CNCV qu’il présidera de 1943 à 1972 (c’est l’ancêtre de la CCVF qui n’a connu que 3 présidents en 67 ans outre Pierre Martin, Antoine Verdale et Denis Verdier. Le vin ça entretien la santé des Présidents).  « Du côté des forces contestataires et contestant l’ordre établi, qu’il soit syndical, institutionnel ou social [...] : André Lurton, président du Cercle de jeunes agriculteurs de France, dont le CNJA était l’héritier, était actif tout près, à Grézillac : « J’avais relancé le Syndicat viticole de l’Entre-deux-mers en 1952 avec une équipe de collègues ; je faisais un petit peu l’agitateur avec les Jeunes Agriculteurs et le Syndicat. Vers 1958/59, on a reconstitué le Syndicat de Bordeaux et Bordeaux supérieur qui était entre les mains de braves gens qui laissaient courir » déclare l’intéressé.

 

Pour conclure ce bref tour d’horizon, notons que c’est Robert Boulin, ministre délégué de l’Économie et des Finances, qui cosigne le 7 juillet 1977 la loi validant des décrets du 18 novembre 1966 et du 16 février 1976 « portant réorganisation du CIVB ». Le décret de 1966, œuvre d’Edgar Faure Ministre de l’Agriculture, avec son Directeur de Cabinet Jean Pinchon, marque l’entrée des contestataires, tel André Lurton, dans les instances du CIVB.  30 ans déjà, ne serait-il pas temps de passer la tête de loup dans les toiles d’araignées du CIVB ?

 

CNCV : Confédération Nationale des Caves Coopératives

CCVF : Confédération des Caves Vinicoles Françaises

Partager cet article
Repost0
15 février 2010 1 15 /02 /février /2010 00:05

C’est l’histoire d’un type, moi, simple plumitif dépourvu de tout signe de qualités attestant que je fusse capable de distinguer un Pinot noir bien né d’un Gamay de bonne extraction, qui débarque avec ses Richelieu bien cirées en un cénacle peuplé de ce qui se fait de mieux de longs nez et de gorges profondes, formes de moines civils dont la vie est entièrement dédiée à la glorification des grands vins, qui sont eux en capacité de trier le bon grain de l’ivraie, de précipiter dans la géhenne les mécréants, de porter au paradis les méritants, de laisser moisir au purgatoire même les puissants. Je n’ai qu’un regret c’est que pour l’heure, aucun d’entre eux, même Michel Bettane qui est capable de vous dire dans quelle douelle un vin a fauté, n’ait pu changer de l’eau en vin. Bref, comme vous le constatez moi je ne suis qu’un plaisantin invité par le jovial François du Grand Jury Européen à venir enquêter sur les tenants et les aboutissants de 27 vins impétrants, des vieux conçus en 1990 et des petits jeunes de 2005, en provenance de l’opulente Bourgogne et d’un Beaujolais qui doute.
Tom-6981.JPGTom-6982.JPG

Lorsque j’entre dans le Saint des saints ce qui me frappe de prime abord c’est le silence monacal qui règne en ce lieu mais sitôt les effluves chaudes des nectars montent à mes narines et j’ai l’impression d’être un tout petit poisson plongé dans un immense aquarium de vin. Qu’il est beau ce croissant de verres enserrant les grands-prêtres de la dégustation. Ils hument. Ils agitent d’un poignet ferme. Ils se gargarisent les papilles. Ils en appellent à leur bibliothèque sensorielle, sollicitent leur logiciel, couchent sur le papier leurs commentaires. Je suis impressionné. Pour vous mettre dans l’ambiance plus que mes mots je vous propose le choc de mes photos (voir en Wine News N°69 en haut à droite). François me propose de me jeter dans le grand bain à la table N° 10 juste devant Bernard Burtschy. Je décline l’offre pour deux raisons : une bonne que j’avoue in situ « je suis enrhumé », une mauvaise que je révèle aujourd’hui « je ne me sens pas à la hauteur, moi le petit poisson nommé Wanda jeté dans le bocal des grands barracudas du GJE » À la réflexion : j’eus du car j’aurais, dans la somme des subjectivités chère au père François, apporté la touche de l’ignare du type de celle d’un pékin ne lisant que des romans de gare propulsé soudain au sein du jury du Goncourt.

Tom-6988.JPGPuis vint le temps du débriefing numéro par numéro mené par François le Débonnaire interrogeant un à un les jurés : Pinot or not Pinot ? Beaujolais ou Bourgogne ? Gamay ? Vos commentaires. Avant de leur révéler bouteille en main le pedigree du producteur. Je dois avouer que là encore je fus impressionné par l’encyclopédisme de Bettane qui lui, contrairement à moi, tel un arpenteur du vignoble des 2 B en connaît, du cep aux chais, tous les secrets : « ah les barriques pourries de Raymond de Ladoix ! ». Pour moi Michel Bettane est un bon marqueur de la réalité profonde de ces pays qui sont, au-delà des terroirs, des communautés humaines terreaux de l’Histoire. Qui veut comprendre la détresse actuelle de beaucoup de vignerons du Beaujolais se doit de passer par une connaissance fine du mode de faire valoir lié à la propriété foncière. Moi le petit vendéen né dans un pays de métayage où le métayer arrivait sur les terres avec les bras de sa famille et son balluchon je le rejoins dans cette connaissance intime que beaucoup de mes collègues ausculteurs de crise négligent au profit des séries statistiques ou des gloses des préposés aux mondanités interprofessionnelles.

 

Comme d’habitude je digresse mais ne trouvez-vous pas que c’est ce qui fait mon charme – faut bien que je cirasse de temps en temps mes belles pompes puisque vous êtes si avare de compliments. Je vous comprends vous êtes sans doute tellement esbaudi par la magnificence de mon œuvre que vous en restez coi (sans t bien sûr) – mais pour résumer la profusion des commentaires seul un François le Débonnaire pourrait, de sa plume experte, en tirer la substantifique moëlle. J’ai pris des notes certes mais entre les crus du Beaujolais de l’excellente maison Jadot qui « pinotent » ou le N°17 qui a la casquette sur l’oreille ou bien encore le Chiroubles du domaine Cheysson manifestement à porter au fichier des disparus, mon « grand esprit de synthèse » - encore un coup de nénette sur mon ego – jette l’éponge faute de pouvoir en quelques formules bien ciselées comme toujours – là ça sent l’encens – mettre en valeur les pépites. Cependant pour résumer beaucoup de 90 étaient fatigués, évolués dit-on  pour les jeunes encore bien fermés et beaucoup de Bourgogne manquant de matière. Dans

 

le lot 2 vins semblent avoir fait l’unanimité :

-         le N°14 : Beaujolais Domaine Georges Viornery Côte de Brouilly vieilles vignes 2005

-         le N°23 : Bourgogne Bouchard Beaune Marconnets 1ier cru 1990

 

Après le turbin nous sommes passés à table où, comme de bien entendu, pour honorer la présence d’un petit poisson nommé Wanda au milieu des barracudas du GJE il fut servi un grand Château des Jacques Grand clos de Rochegrès Moulin à Vent 1962. Comme je suis un grand brasseur de vent qui n’aime rien tant que les compliments j’ai apprécié l’attention à sa juste valeur. Salut à toi François le Débonnaire (référence au roi Louis 1ier dit le Pieux ou le Débonnaire, fils de Charlemagne, né en 778 et mort le 20 juin 840. Inhumé auprès de sa mère à l’abbaye de Saint-Arnould de Metz).


Tom-6997.JPG

Tom 6996
Une esquisse d'images comparatives entre crus du beaujolais et crus bourguignons, sur 2 millésimes : 2005 et 1990.

 

Liste des vins dans l'ordre de service :

 

Bourgogne

Faiveley

Corton Clos des Cortons GC

2005

1

Beaujolais

Jadot

Côte du Py Château des Lumières

2005

2

Beaujolais

Domaine Daniel Bouland

Morgon VV

2005

3

Beaujolais

Jadot

Moulin à Vent "La Roche"

2005

4

Bourgogne

Jadot

Bonnes-Mares GC

2005

5

Beaujolais

Domaine Coudert

Fleurie, Clos de la Roilette “Cuvée Tardive”

2005

6

Beaujolais

Domaine Labruyère

Clos du Moulin à Vent

2005

7

Bourgogne

Frédéric Mugnier

Nuits St Georges 1er cru Clos de la Maréchale

2005

8

Bourgogne

Taupenot-Merme

Saint-Romain

2005

9

Bourgogne

Bouchard

Beaune Marconnets 1er cru

2005

10

Beaujolais

Domaine JM Burgaud

Morgon, Côte du Py “James”

2005

11

Beaujolais

Jadot

Clos du Grand Carquelin

2005

12

Bourgogne

Taupenot-Merme

Auxey-Duresses 1er cru "Les Grands Champs"

2005

13

Beaujolais

Domaine Georges Viornery

Côte de Brouilly VV

2005

14

Beaujolais

Jadot

Clos de Rochegrès

2005

15

Beaujolais

Domaine Janin Père & Fils

Moulin-à-Vent Clos du Tremblay

1990

16

Bourgogne

Bonneau du Martray

Corton GC

1990

17

Bourgogne

Jadot

Chambertin Clos de Bèze

1990

18

Beaujolais

Jean Georges

Moulin à Vent

1990

19

Bourgogne

Faiveley

Corton Clos des Cortons GC

1990

20

Beaujolais

Château Thivin

Côte-de-Brouilly

1990

21

Beaujolais

Domaine Emile Cheysson

Chiroubles

1990

22

Bourgogne

Bouchard

Beaune Marconnets 1er cru

1990

23

Beaujolais

Jadot

Clos de Rochegrès

1990

24

Beaujolais

Domaine Coudert

Fleurie Clos de la Roilette (mg)

1990

25

Bourgogne

Château de Pommard

Pommard

1990

26

Bourgogne

Jean-Marc Pavelot

Savigny-les-Beaune La Dominode 1er cru

1990

27

 

 

LISTE DES DEGUSTATEURS :

 

AHM

BETTANE

BOURGUIGNON

BURTSCHY

DUHR

HERBIN

JANSSEN

MILLET

PAYNE

ROGER

VIALETTE

WILHELM

 

 

 

Partager cet article
Repost0

  • : Le blog de JACQUES BERTHOMEAU
  • : Espace d'échanges sur le monde de la vigne et du vin
  • Contact

www.berthomeau.com

 

Vin & Co ...  en bonne compagnie et en toute Liberté pour l'extension du domaine du vin ... 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



 

 

 

 

Articles Récents