L’oreille collée à mon transistor j’écoutais Radio Pékin. Je devais tourner autour des 12 ans et je trouvais cette voix, souvent féminine, très recto-tono, venue d’ailleurs, exotique. Le discours béton sur le Président Mao Tse Dung je m’en tamponnais la coquillette. Mon objectif : avoir un correspondant chinois alors je pris ma plus belle plume et je pondis une lettre à Radio Pékin. Pour réponse je reçus en de grosses enveloppes siglée République Populaire de Chine : « Pékin Informations », le Petit Livre Rouge, toutes les pensées imprimées du Grand Timonier. Rien de très intéressant sauf qu’un beau matin les pandores débarquèrent au Bourg Pailler pour voir avec mon père la tête du révolutionnaire qu’il abritait sous son toit. Ils n’ont vu que mes culottes courtes et mon sarrau. Papa leur a payé un verre et j’ai pu continuer mes « activités subversives ». En cadeau je vous offre un poème de Mao : Les Immortels, en souvenir de ces années de sauvageon rouge du bocage.
Depuis lors beaucoup d’eau se sont écoulées entre les rives du Fleuve Jaune et, depuis le fameux «Peu importe que le chat soit noir ou gris ; S'il attrape les souris, c'est un bon chat» et son mot d'ordre aux Chinois : «Enrichissez-vous» de Deng Xiaoping, le célèbre avertissement d’Alain Peyrefitte en 1973 «quand la Chine s’éveillera... le monde tremblera» a pris tout son sens.
Pour preuve, le Quotidien du Peuple en ligne du 11.02.2010 s’interroge sur un sujet qui nous interpelle Chine : qui consomme le vin rouge importé ? Et ce n’est rien moins qu’une «sommité» bordelaise, Robert Beynat directeur de Vinexpo, qui alimente la réponse. Donc, toujours pour votre édification, je retranscris in extenso cet hymne au Grand Vin Rouge Français.
J’en profite aussi pour rendre un vibrant hommage à une espèce disparue, qui aurait beaucoup apprécié ce glissement du Petit Livre Rouge vers les Grands Rouges Classés : je veux parler ici des célèbres « Mao Spontex » de mai 68, après tout les éponges sont faites pour absorber du liquide.
« La Chine, ainsi que les Etats-Unis, l'Inde et le Brésil figurent parmi le petit nombre de pays dont la consommation du vin continue à s'accroître. », a déclaré récemment Robert Beynat, inspecteur général exécutif de Vinexpo (Salon international du vin et des spiritueux)
En réalité, à partir de 2008, la Chine était déjà à la tête du monde quant à sa consommation du vin et durant cette seule année, sa population a consommé 899,68 millions de bouteilles de vin rouge, alors qu'elle a battu tous les records en multipliant par quatre la quantité de vins importés et vendus au cours des quatre années allant de 2004 à 2008.
« En Chine, les principaux consommateurs de vins importés sont des habitants urbains et surtout des femmes et des jeunes de familles aisées de la classe moyenne. », a indiqué Robert Beynat qui a ajouté que vu de la répartition régionale, la consommation de vin est principalement concentrée dans de grandes métropoles chinoises, dont Guangzhou, Shanghai et Beijing.
D'autre part, a-t-il dit, les fêtes produisent aussi leurs effets : la Fête du Printemps, la Fête nationale du Premier Octobre et la Fête de la mi-automne (ou bien Fête de la Lune qui a lieu le 15 du huitième mois lunaire selon le calendrier chinois) constituent des moments où la consommation de vin atteint son pic, car un grand nombre de Chinois pensent que le vin rouge importé est le meilleur cadeau à offrir à leurs parents ou à leurs amis.
Il a poursuivi en disant que vu sous l'angle mathématique, l'énorme croissance de la consommation en Chine est due à ce que sa consommation par tête d'habitant est relativement bas et faible. « Les Chinois consomment en moyenne chacun chaque année 0,5 litre de vin contre 3 litres pour les japonais, 11 litres pour les Américains et 50 litres pour les Français. », a-t-il précisé.
D'après le dernier rapport d'enquête établi par Vinexpo Asie-Pacifique, de 2009 à 2013, 57% de la croissance mondiale de consommation du vin sera due à la Chine et aux Etats-Unis, soit à peu près 53,241 millions de boîtes de neuf litres chacune.
En parlant de l'enthousiasme des Chinois pour la consommation du vin, Robert Beynat a indiqué qu'elle est due à une « économie dynamique », à une « pratique à la mode », à une « idée saine » et au « développement d'un grand pays producteur de vin ».
Mais ce qui mérite d'être noté, c'est que les données établies montrent qu'en tant que le dixième des principaux pays du monde producteurs de vin, la Chine occupe une quote-part de 88,2% du marché pour le vin de production locale contre seulement 11,8% pour le vin importé. Toutefois, le volume de vente de ce dernier représente plus de 40% de la vente globale sur le marché intérieur.
Cependant, d'après Robert Beynat, le plus grand défi c'est le moyen de faire connaître aux consommateurs chinois la culture du vin rouge. « La plupart d'entre eux demeurent perplexes, indécis et hésitants devant les divers et différents choix à faire. », c'est pourquoi, a-t-il fait remarquer, la Chine constitue un « colossal marché qui attend d'être cultivé et formé », d'un côté en renforçant et en intensifiant les connaissances spéciales sur le vin rouge des distributeurs-vendeurs, des hôtels-restaurants ainsi que des autres commerçants qui pratiquent le métier, et de l'autre côté, il est nécessaire d'apprendre aux consommateurs les moyens essentiels pour connaître et différencier la qualité du vin rouge et pour choisir la variété de vin qu'on désire. « Seuls, les consommateurs raisonnables, sensés et judicieux permettront au marché du vin de se développer de façon saine et stable. », a-t-il conclu. »