Vin & Cie, en bonne compagnie et en toute liberté ...
Extension du domaine du vin ...
Chaque jour, avec votre petit déjeuner, sur cet espace de liberté, une plume libre s'essaie à la pertinence et à l'impertinence pour créer ou recréer des liens entre ceux qui pensent que c'est autour de la Table où l'on partage le pain, le vin et le reste pour " un peu de douceur, de convivialité, de plaisir partagé, dans ce monde de brutes ... "
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Le roman vrai de Gorbatchev, débordé par l’histoire en marche
S’il est un personnage marquant de la seconde moitié du XXe siècle, le parcours de Mikhaïl Gorbatchev n’en fut pas moins paradoxal. Admiré en occident pour avoir puissamment contribué à l’effondrement de la redoutée Union Soviétique, il est, pour la même raison, unanimement détesté dans la Russie de Poutine.
Par Stéphane BUGAT - 20 févr. 2021
On connaît sa méritoire volonté de réformer, en jouant simultanément sur les leviers politiques et économiques. À la différence de la Chine de Deng Xiaoping qui a concilié son essor avec la mainmise du parti communiste. Ce faisant, Gorbatchev a provoqué un mouvement brownien qu’il fut incapable de maîtriser. Plus qu’une biographie détaillée, c’est cette dimension que Vladimir Fédorovski décrit.
De plus, lui qui a vécu ces événements comme diplomate, puis comme porte-parole d’un parti d’inspiration social-démocrate, met en exergue le rôle joué par Alexandre Yakovlev, son ami et proche conseiller de celui qui était alors le maître du Kremlin. Ce récit se lit bien comme un roman, tout en révélant certains aspects pas toujours très notoires du personnage Gorbatchev.
Excellent « Fédorovski esquisse une réhabilitation du terrible Béria, aux dépens du trouble Khrouchtchev, quitte à prendre le contre-pied de leurs réputations respectives. »
Mikhaïl Gorbatchev, fils d’un conducteur de moissonneuse-batteuse, s’était élevé rapidement dans la hiérarchie communiste en devenant à moins de 50 ans un membre à part entière du Politburo. Le KGB avait reconnu en lui le chef énergique qu’elle espérait : un réformateur, un visionnaire qui avait voyagé en dehors du bloc soviétique, le contraire de la gérontocratie étroite d’esprit.
Avec le recul, les trente mois (novembre 1982-mars 1985) qui séparent la mort de Leonid Brejnev de la nomination de Mikhaïl Gorbatchev à la tête du PCUS apparaissent comme une période d’immobilisme, d’attente indécise d’une « gérontocratie au pouvoir » incapable de prendre les mesures urgentes qu’imposait une situation dégradée, tant sur le plan économique que sur le plan international.
Toutefois, la nomination de Iouri Andropov avait suscité sinon l’espoir d’une nouvelle « détente », du moins de très nombreuses interrogations sur le « cours nouveau » que ne manquerait pas d’impulser le chef du KGB. Était-ce le signe que la police politique était en train de prendre le dessus sur le parti ? Le KGB allait-il remettre en cause la légitimité d’un appareil politique gangrené par la corruption et les mafias ? Toutes ces spéculations allaient faire long feu. Non seulement I. Andropov ne resta au pouvoir qu’une quinzaine de mois (novembre 1982-février 1984), mais, après sa mort, le pouvoir suprême revint à Constantin Tchernenko, le rival malchanceux qui avait été évincé de la succession de L. Brejnev au profit d’Andropov. Les treize mois au cours desquels C. Tchernenko occupa le poste de secrétaire général ne se distinguèrent guère de l’« épisode Andropov ». L’interrègne commença et s’acheva dans l’immobilisme.
Entretien de Mitterrand avec Konstantin Tchernenko le 21 juin 1984 (Verbatim Attali Vol. I)
« Un communiste français qui faisait partie de la délégation fit remarquer que Tchernenko « avait l’air d’un cadavre ». Pour briser la glace Mitterrand demanda à Gorbatchev, qui venait d’arriver et était assis à la gauche de Tchernenko, pourquoi il n’avait pas fait partie de la délégation lors de la réunion plénière du matin. « Cela ne dépend pas de moi, Monsieur le Président », répond Gorbatchev. À la question de Tchernenko, qui demanda pourquoi il était en retard, il expliqua qu’il venait d’une réunion sur la production agricole. « Tout le monde dit toujours que [notre agriculture] va bien, continua-t-il, mais c’est faux, ça n’a jamais marché. » Déconcerté, Tchernenko lui demanda ce qu’il voulait dire. « Les paysans s’en foutent, les transports sont désorganisés, les fonctionnaires paresseux et incompétents… », commença Gorbatchev. « Depuis quand ? » l’interrompit Tchernenko. La réponse fusa : « Depuis 1917» L’interprète russe, comprenant soudain l’énormité de ce qui venait de se dire, s’arrêta au milieu de la phrase. »
BONNES FEUILLES
"Le roman vrai de Gorbatchev" : l’histoire secrète de la chute du mur de Berlin ICI
Vladimir Fédorovski publie "Le Roman vrai de Gorbatchev" aux éditions Flammarion. Glorifié en Occident pour avoir mis fin à la guerre froide et libéré le monde du communisme, Gorbatchev est aujourd'hui haï par les Russes qui le rendent responsable de toutes leurs difficultés. "Le Roman vrai de Gorbatchev" est une enquête nourrie d'archives inédites et de témoignages encore jamais révélés sur l'une des plus grandes figures du XXe siècle. Extrait 1/2.
Vladimir Fédorovski (russe : Владимир Федоровски) est un écrivain et ancien diplomate russe.
Vladimir Fédorovski a d'abord été élève à l'Institut d'État des relations internationales de Moscou (MGIMO). Ayant acquis une parfaite connaissance des langues anglaise, française et arabe, il a commencé par travailler comme attaché à l'ambassade soviétique de Mauritanie, avant d'être nommé dans les années 1970 interprète au Kremlin, assistant Léonid Brejnev dans ses rencontres avec les dirigeants des pays arabes. En 1977, il est nommé à l'ambassade soviétique à Paris et en 1985, passe un doctorat d'État en histoire sur le rôle des cabinets dans l'histoire de la diplomatie française.
De retour à Moscou, il travaille au ministère des affaires étrangères comme chef de cabinet du vice-ministre Vladimir Petrovski (qui écrit les discours de Léonid Brejnev et du ministre Gromyko), et fait la connaissance d'Alexandr Iakovlev, émince de Gorbatchev et futur inspirateur de la perestroïka ; Fédorovski sera ensuite nommé conseiller diplomatique pendant la période de la glasnost. Partisan de Gorbatchev, il est porte-parole du Mouvement des réformes démocratiques pendant le putsch de Moscou d'août 1991, s'opposant à la ligne « dure » du Parti communiste.
Devenu écrivain, il enseigne à HEC depuis 1992, a été fait officier des Arts et des Lettres et a obtenu la nationalité française en 1995. Membre de la Société des auteurs de Normandie, il est également conseiller historique au Mémorial de Caen pour la période de la guerre froide, et a été distingué de plusieurs prix littéraires dont le prix d'histoire André Castelot en 2006. Il a publié son premier roman en 1997, Les Deux sœurs (Lattès), puis une série romanesque de l'histoire russe en trois volumes (Le Roman de Saint-Petersbourg, Le Roman de Moscou, et Le Roman de la Russie insolite) de 2003 à 2004 ; il dirige par ailleurs la collection « Le Roman des lieux magiques » des Éditions du Rocher et est Président d'honneur de la Fédération Française des Salons du livre.
Récipiendaire de plusieurs prix littéraires, il a dernièrement publié Le Roman de la perestroïka (éd. du Rocher, 2013) ; Poutine, l'itinéraire secret (éd. du Rocher, 2014) et Dictionnaire amoureux de Saint-Pétersbourg (éd. Plon, 2016).
Mon rêve, prendre le grand air, me déconfiner, vacciné, masqué, sans mettre en danger la santé des autres…
Je m’interroge, comme le disait avec son accent rouergat Mgr Marty archevêque de Paris.
Et si, tel JPK, je remontais la Marne ? Bien sûr je ferais une entorse à l’interdiction gouvernementale de circuler de province à province mais je ne risquerais guère de croiser du monde et ne serais donc en quoi que ce soit vecteur de transmission du foutu virus.
12 février 2013
J’ai remonté la Marne avec Jean-Paul Kauffmann jusqu’à ce qu’elle se désincarcère de sa chape urbaine, que la ville recule… ICI
Faut pas rêver mon vieux Taulier, ce genre de périple ça se prépare, tu ne peux pas prendre ton sac demain matin pour mettre tes pas dans les pas de JPK, t’es un peu rouillé, ta hanche en céramique tiendra-t-elle le coup ? Je pense que oui mais l’obstacle le plus dirimant : la météo, ça caille, il pleut, bref, continue à cogiter pour trouver une fenêtre sur par laquelle tu pourras te calcer en loucedé.
Et, à ce stade, comme toujours chez moi, mon esprit folâtre, je me laisse aller à des envies d’échappée belle, je pianote sur mon clavier : acheter un vélomoteur.
Dans les nombreux résultats dans Paru/Vendu : celui-ci
PEUGEOT, Essence 2 temps, 1975, 200 Km, 150 €. Venir la chercher au village de Riceys dans l’Aube et paiement en espèces. 2 phares cassés 1 fuite au réservoir c’est pour ça que je la vends. Pas grave à refaire mais roulait très bien il y a 2 ans.
Le gars ne manque pas d’air, 150 € pour une épave faut le faire, mais le hasard, qui est toujours mon allié pointe le doigt sur Les Riceys.
Les Riceys, je connais, j’y trouve le premier fil de ma future pelote, je tire et je commence à tricoter mon ouvrage…
J’apprécie beaucoup mes rencontresavec JPK, au détour de pages d’un grand auteur, ici avec David John Moore Cornwell, dit John le Carré, alors que dans la vie mes rencontres avec lui se comptent sur moins des doigts d’une seule main.
Dans son livre : Histoires de ma vie, Le tunnel aux pigeons, au chapitre 32 Déjeuner de prisonniers, John le Carré évoque sa rencontre avec JPK au début du nouveau millénaire, chez François Bizot qui « reste le seul Occidental à avoir été fait prisonnier par les Khmers rouges de Pol Pot et à avoir survécu. »
Le Carré, note : « Nous étions tous suspendus aux lèvres de Bizot pendant l’exposé de son raisonnement, sauf un convive qui restait étrangement impassible. Il était assis juste en face de moi. C’était un petit homme nerveux au front large dont le regard sombre et vif ne cessait de croiser le mien. On me l’avait présente comme étant l’écrivain Jean-Paul Kauffmann. J’avais lu son dernier livre, La Chambre noire de Longwood, avec un grand plaisir.
Le Carré, n’ayant pas été prévenu qu’il allait le rencontrer exprima, selon ses dires, sa joie de façon très spontanée, alors « pourquoi diable me regardait-il donc avec une telle sévérité, alors ? Avais-je commis un impair ? Etc.
« Je dus lui poser la question, ou bien mon attitude la lui posa indirectement pour moi. Et un soudain renversement des rôles, ce fut à mon tour de le dévisager. »
« S’il m’avait dévisagé pendant tout le déjeuner, c’est que, dans l’une de ses caches où il était confiné, il était tombé sur un de mes livres en édition de poche tout abîmé et l’avait dévoré à de nombreuses reprises, l’investissant sans doute d’une plus grande profondeur qu’il n’en avait jamais contenu. Il m’expliqua tout cela de ce ton neutre que j’avais déjà entendu chez d’autres victimes de torture, dont le quotidien inclus à jamais cette expérience indélébile. »
Le Carré se replongea, après le déjeuner dans La Chambre noire de Longwood, et a fait le lien qui lui avait échappé à la première lecture « il s’agissait là d’un prisonnier traumatisé qui écrivait sur une autre, peut-être le plus grand de tous les temps. » Il en garda un souvenir marquant même si ils ne revirent jamais ni entretinrent une correspondance.
Lorsque le Carré se lance dans l’écriture des Histoires de sa vie, il cherche sur internet comment le contacter. Il obtient son adresse mail assortie d’un avertissement sur le fait qu’il était possible qu’il ne réponde pas.
Je ne sais si JPK lit encore mes graffitis mais, pour la première fois, à propos de Napoléon, il n’a pas saisi la perche que je lui avais tendue.
« Avec moult précautions, je lui écrivis, et au bout de quelques semaines me parvint la généreuse réponse ci-dessous :
Pendant ma captivité, j’ai manqué cruellement de livres. Nos geôliers nous en apportaient parfois. L’arrivée d’un livre constituait un bonheur sans nom. J’allais non seulement le lire une fois, deux fois, quarante fois, mais aussi le relire en commençant par la fin ou au milieu. Je prévoyais que ce jeu allait m’accompagner au moins deux mois. Pendant mes trois ans de malheur, j’ai connu d’intenses instants de joie. L’Espion qui venait du froid en fait partie. J’y ai vu un clin d’œil du destin ; nos geôliers apportaient n’importe quoi : des romans bon marché, le deuxième tome de Guerre et Paix de Tolstoï, des traités illisibles. Cette fois un écrivain que j’admirais… J’avais lu tous vos livres dont l’Espion mais dans ma condition ce n’était pas le même livre il n’avait même plus rien à voir avec le souvenir que j’en avais. Tout était changé. Chaque ligne était lourde de sens. Dans une situation comme la mienne, la lecture devenait une affaire grave et même dangereuse car le moindre fait se trouve relié à ce quitte ou double, qui l’existence même de l’otage. La porte de la cellule qui s’ouvre annonçant un responsable du Hezbollah signifie la délivrance ou la mort. Tout signe, toute allusion deviennent présages, symboles ou paraboles. Il y en a beaucoup dans L’espion.
Avec ce livre, j’ai ressenti dans mon être le plus profond ce climat de dissimulation et de manipulation (la taqqiya chiite). Nos ravisseurs étaient des experts en paranoïa : méfiance maladive, interprétation délirante, agressivité systématique, goût névrotique du mensonge. L’univers aride de Leamas, où les vies humaines ne sont que des pions, était le nôtre. Que de fois me suis-je senti comme lui un homme abandonné, désavoué. Et surtout usé. Cet univers de duplicité m’a appris aussi à réfléchir sur mon métier de journaliste. Finalement nous sommes des agents doubles. Ou triples. Il nous faut entrer en empathie pour comprendre et se faire accepter, puis nous trahissons.
Votre vision de l’homme est pessimiste. Nous sommes des êtres dérisoires ; individuellement nous ne pesons pas lourd. Heureusement, tout ne se vaut pas (voir le personnage de Liz).
J’ai puisé dans ce livre des raisons d’espérer. Le plus important c’est la voix, une présence. La vôtre. La jubilation d’un écrivain qui décrit un monde terne et cruel et se délecte de parvenir à le rendre si gris et désespérant. On le ressent presque physiquement. Quelqu’un vous parle, vous n’êtes plus seul. Dans ma geôle, je n’étais plus abandonné. Un homme entrait dans ma cellule avec ses mots et sa vision du mode. Quelqu’un me communiquait son énergie. J’allais m’en sortir…
2015JPK
Le Carré note : « Voilà ce que c’est. Voilà comment fonctionne la mémoire, celle de Kauffmann, la mienne, les deux. J’aurais juré que le livre dont il m‘avait parlé au déjeuner était Les Gens de Smiley, et non L’espion qui venait du froid, et mon épouse en garde le même souvenir. »
De mon côté je penche pour la version JPK et ce pour deux raisons :
L’espion qui venait du froid best-seller devait plus sûrement traîner au Liban que Les Gens de Smiley…
La mémoire de JPK à propos de sa captivité me semble plus fiable que celle de le Carré, et de madame…
La clandestinité, pour moi qui n’est jamais connu l’occupation c’était L’armée des ombres, et dans ma prime jeunesse, les porteurs de valises pour ceux que le pouvoir qualifiait de fellaghas, dans une guerre qui cachait son nom.
Ces ombres, ces résistants, ces minoritaires, au nom d’une cause, qu’ils estimaient juste, en marge de la majorité silencieuse voire hostile, mettaient leur vie en danger…
Alors, la moutarde me monte au nez lorsque, suite à l’affaire dites Chalençon-Leroy, reportage douteux de M6, on présente ces soi-disant restaurants de clandestins, alors qu’ils ne sont que le bling-bling de mauvais gâte-sauces, exploitants la bêtise d’une prétendue élite en lui servant, à des prix pharaoniques, des mets et des vins ringards.
Et, bien sûr pour pimenter la tortore, faire le buzz, ces « résistants », glissent, tels des conspirateurs « on a même croisé des Ministres… »
Horreur, malheur, sus au laquais de Macron, sauf que le Ministre en question était un ex-Ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux et, piégé par celui-ci, ce pauvre Alain Duhamel qui n’a pas besoin de voiturier pour garer son Solex.
Tempête dans un mauvais verre de Ladoucette, alors pourquoi tartiner sur le sujet ?
Tout bêtement parce que ces fameux clandestins tombent sous l’inculpation de «mise en danger de la vie d'autrui et travail dissimulé», le pognon, le pognon…
Bref, cet épisode, est très représentatif de l’état d’esprit de certains de nos concitoyens qui érigent l’incivilité au rang d’une soi-disant résistance à la « dictature sanitaire » des gouvernants.
Moi aussi j’ai une folle envie de m’attabler, avec Claire, chez Giovanni Passerini, de licher des godets de vin nu, et plus encore de quitter le confinement de la ville-capitale pour aller prendre une bonne goulée d’air.
Alors, étant en voie d’acquérir la fameuse immunité puisque vacciné, une folle idée me traverse la tête : et si…
Et si, quoi ?
Je ne sais pas encore vraiment quoi mais la petite graine de folie va peut-être germer et, bien évidemment, vous serez les premiers à être mis au parfum si elle a germé…
À demain pour de nouvelles aventures…
«Il faut bien continuer à voir ses contacts» : dans le Paris chic, un restaurant discret tourne à plein régime
Alors que les établissements de restauration sont fermés depuis de longs mois, une table installée dans un espace de coworking reste ouverte depuis le début de la crise du Covid-19. Cuisiniers et serveurs sont aux petits soins pour des clients triés sur le volet. Nous y avons déjeuné mardi.
Deux verres de vin blanc – un bourgogne et un saumur –, une daurade sauvage accompagnée de son risotto aux légumes, un faux-filet de simmental sauce béarnaise avec ses pommes de terre et carottes rôties, un crumble pomme-caramel et un café. Le tout dégusté en tête à tête, serrés autour d’une toute petite table ronde de bistrot. Montant de l’addition : 75,50 euros, payés par carte bancaire. A l’heure où la polémique enfle autour de dîners parisiens clandestins organisés malgré la pandémie de Covid-19 et que le procureur de Paris a ouvert dimanche une enquête pénale après un reportage de M 6 sur des agapes interdites, le Parisien - Aujourd’hui en France a réussi à déjeuner, mardi 6 avril, dans un restaurant VIP de Paris.
L’affaire est très discrètement établie au cœur d’un espace de coworking haut de gamme des quartiers chics, situé à deux pas du Triangle d’or, un secteur du quartier des Champs-Elysées, et d’ambassades. Le restaurant qui, selon nos informations, tourne à plein régime depuis le début de la crise, est invisible depuis la rue. Dans ces nouveaux lieux de travail hybrides mêlant espace de travail partagé, salle de sport et conciergerie, l’argument culinaire fait mouche après de clients prêts à débourser près de 500 euros par mois pour un abonnement qui leur donne un accès privilégié aux tables en tant que membre.
L’atmosphère d’un club privé
« Avec la fermeture des restaurants, ce service est devenu prisé et ce modèle de restaurant destiné à des clients triés sur le volet, se développe dans plusieurs espaces de coworking qui se tournent habilement vers une activité d’hôtellerie », explique, sous couvert d’anonymat, un responsable d’un autre espace de travail partagé qui propose le même type de services dans le centre de Paris.
Ici, il n’y a d’ailleurs pas de porte dérobée, rien n’est caché. Mais l’endroit est feutré et le bouche-à-oreille fonctionne si bien qu’il ne faut pas chercher longtemps pour pouvoir y faire ripaille. L’accès est simple : il suffit de passer l’accueil, prétexter un rendez-vous, emprunter un petit couloir qui mène dans une cour et nous y voilà. A l’intérieur, l’atmosphère est celle d’un club privé, avec une déco années 1950 soignée, une cuisine professionnelle, avec ses cuistots dans le jus.
A peine entrés, on découvre une vingtaine de clients en grande conversation, des quadras bon chic bon genre, attablés sans aucun respect des gestes barrière malgré un affichage qui recommande le contraire. Le risque d’attraper le Covid semble avoir disparu et on admire ici, stupéfait, mais avec un plaisir coupable, la valse des serveurs et des cuisiniers les bras chargés de plats, tout comme les clients, collés les uns aux autres, à portée de postillons.
« 35 couverts maximum, deux convives par table »
Assaillis par les odeurs de plats mijotés qui se mêlent aux effluves du « jambon cuit à la truffe » découpé par un serveur en direct au milieu de la salle, on doit l’avouer : on salive. Le tintement des couverts qui s’entrechoquent, les bouteilles élégamment disposées derrière le zinc et puis, surtout, le brouhaha des conversations rappellent à la mémoire des bruits familiers et un monde d’avant la crise que l’on croyait en suspens.
On découvre ensuite le saint des saints : une terrasse intérieure qui permet d’accompagner son café d’une cigarette. « Un pur bonheur », glisse un client régulier. A en croire une serveuse, il y a foule toute la semaine et depuis des mois. D’ordinaire, dit-elle, « on compte environ 80 couverts le midi, mais on est récemment monté à 150 en une journée, notre maximum ». Hésitante, la jeune femme s’interroge sur son travail et dit craindre « de bosser dans l’illégalité depuis une semaine et les dernières recommandations du gouvernement qui imposent de déjeuner seul à table. »
Ce n’est pas un terme météo mais l’illustration très parlante d’une différence d’intensité entre la gelée blanchemoins forte et surtout associées à de l’humidité, ce qui donne cette couleur blanche qui est de la rosée gelée ; la gelée noire est équivalente en force à la gelée d’hiver. L’effet d’une gelée noire en plein printemps est dévastateur sur des végétaux en pleine croissance mais encore très fragiles : Elle brûle les supports des futurs fruits, feuilles et tiges qui sont déjà sortis.
Dans mon souvenir, je me rappelle une descente éclair, en 1985, au lendemain d’une gelée noire sur les rives, pourtant réputées pour la douceur de son climat, de la Côte d’Azur, les champs de fleurs carbonisés, les roses des serres froides grillées, mais c’était en janvier et ce n’était que des fleurs me dira-t-on, impressionnant et surtout le désarroi des producteurs face à un tel sinistre.
Le 6 janvier 1985, -11°C à Hyères dans le Var. À Cannes, il fait -12°C le 9.
Au début de ma carrière, petit contractuel au Ministère, avec mon collègue et ami Claude Sauser, avec un petit ordinateur Wang dressé des cartes de l’intensité de la grande sécheresse de 1976 que nos IGREF ignorèrent avec superbe. Ça m’a aussi beaucoup marqué, Chirac légua à Barre un impôt sécheresse, qui alla dans des poches céréalières guère sinistrées. Par la suite, le Fonds des calamités fut mis à contribution de façon quasi-permanente et devint un fonds sans fonds. Il a été plusieurs fois réformé et fonctionne ainsi ICI
Après un épisode extrême de gel, Jean Castex promet « des enveloppes exceptionnelles » pour aider les agriculteurs
Le gel qui a couvert une large partie de la France cette semaine s’annonce comme l’un des pires de ces dernières décennies.
Le Monde avec AFP
Face à un épisode de gel extrêmement difficile qui a touché cette semaine dix des treize régions métropolitaines, le premier ministre, Jean Castex, a promis, samedi 10 avril, « des enveloppes exceptionnelles » pour aider les agriculteurs, annonçant dans l’immédiat le déplafonnement du régime d’indemnisation des calamités agricoles.
Le gouvernement compte également « utiliser tous les moyens dont [il] dispos[e] en pareilles circonstances, notamment par rapport aux charges », pour répondre à cette crise, a ajouté M. Castex après la visite d’une exploitation dans l’Ardèche. Le premier ministre a annoncé qu’il allait à cet effet « réunir les banquiers, les assureurs et l’ensemble des acteurs qui [peuvent] être mobilisés ».
De son côté, le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, a fait part dans un tweet de son « soutien plein et entier » aux agriculteurs
Les mains dans le cambouis mais pas un genou à terre 2019 – Hommage à La Canaille signé Valentin Morel vigneron du Jura
La métaphore « Les mains dans le cambouis mais pas un genou à terre » s’approprie particulièrement au contexte actuel de dérèglement climatique appliqué à la vigne.
Disons-le, « la galère est journalière » pour les vignerons aussi ! Les gels de printemps se répètent et risquent de s’intensifier. En été, les canicules sont plus virulentes allant jusqu’à brûler les vignes. Les raisins, malgré un ensoleillement exceptionnel ne sont pas mûrs puisque la vigne bloque ses mécanismes de maturité pour résister au chaud. Simultanément, le degré de sucre augmente par concentration et desséchement, ce qui entraîne des taux d’alcool plus élevés. Le tout engendrant des vinifications plus complexes.
L’exceptionnel va-t-il devenir la règle ?
Faut-il en rester au curatif étatique, guère adapté à un produit comme le vin car c’est le futur raisin qui est détruit, ou d’hypothétique assurances, fort coûteuses et elles aussi pas à la hauteur ?
Bien sûr que non, en restez-là ne répondra pas aux enjeux présents et futurs, réfléchir, se projeter, mobiliser des fonds importants, investir dans de nouveaux modes de conduite de la vigne, dans son environnement, accepter d’envisager des inflexions pour sortir de la vision purement productiviste, le volume faisant le revenu, et revenir à des pratiques commerciales, le vin est produit stockable qui peut vieillir, qui ne s’en tiennent plus à l’écoulement d’un millésime, rappelons que le secteur du vin d’appellation a distillé massivement en 2020.
S‘en tenir à des rustines, certes nécessaires pour panser, d’ailleurs fort mal, les plaies, c’est condamner à terme toute une frange de viticulteurs, mettre à mal un secteur qui depuis deux décennies vit dans le déni de la réalité de son métier.
Et, la fameuse opinion publique, sur les fameux réseaux sociaux, n’est pas toujours dans l’empathie, on peut le regretter, mais les appels à la tolérance ne changeront rien à l’affaire, pour beaucoup de nos concitoyens le vin n’est pas un produit essentiel.
Je laisse la plume à Catherine :
Le coup de gel, l’indemnisation et l’impunité
Chers tous, que je connais et ne connais pas, vignerons et pas vignerons,
Vous êtes nombreux à avoir manifesté votre compassion ou votre émoi, souvent les deux à la fois, après le coup de froid qui a gelé les espoirs du printemps, tué dans l’œuf les vendanges de l’année.
Il vous a été donné de vivre quasiment en direct la lutte des vignerons contre le gel, et nul n’a pu ignorer les images spectaculaires de milliers de points lumineux dans les nuits d’avril comme un ciel étoilé d’août, tragiquement belles comme peuvent l’être celles des incendies.
Puis, au matin du 8 avril, vous avez appris que le froid, de la Bourgogne à Bordeaux, du Languedoc au Muscadet, a été plus puissant que les vignerons, comme les incendies géants de Californie, d’Australie, du Portugal ont été plus puissants que les pompiers pendant des jours et des semaines, laissant les uns et les autres épuisés, désarmés après des nuits de vain courage. Face aux jeunes rameaux brûlés gelés, les vignerons ont sorti le grand mot, calamité agricole, et l’Etat le grand remède, la reconnaissance, c’est-à-dire l’indemnisation pour perte de récolte.
Ce même jeudi 8 avril, à 13 heures, le philosophe italien Roberto Esposito était l’invité de « La grande table idées » sur France Culture à l’occasion de la parution en français de son livre Immunitas : protection et négation de la vie paru en Italie en 2002. Notons au passage qu’il a fallu attendre presque vingt ans et probablement le Sars-Cov 2 pour qu’il soit traduit et devienne pour nous d’actualité. J’ai posé ma fourchette et vite pris un stylo pour noter : « Communauté et immunité, puisent à la même racine latine, munus, don, devoir. L’Immunité c’est le mot clé de notre époque ». J’ai immédiatement associé les vignes en feu de la nuit précédente à notre quête d’immunité, contre les virus couronnés, le gel et tous les fichus aléas que la vie nous réserve.
En réalité, à bien regarder ces vues aériennes, on peut aussi voir dans la reproduction terrestre d’une nuit d’août étoilée offerte par les milliers de bougies, l’emprise de la monoculture sur le territoire. Depuis plus d’un siècle, la vigne est seule dans ses parcelles, sans arbres ni arbustes, glyphosatée, dénudée d’adventices, sans culture intercalaire, sans cochons ni poules, bientôt sans oiseaux et sans insectes. Elle a mangé et continue à manger des terres qui avaient, ici vocation à cultiver des céréales, là des légumes, ici et là un troupeau. Nous vignerons sommes tout autant prisonniers de la pensée productiviste que les éleveurs ou les céréaliers. Nous sommes tout autant des bourreaux de la monoculture qui mène à mal les défenses immunitaires de la vigne, et en revers, ses victimes amères. Seule l’auréole du vin nous préserve (encore) de l’agribashing.
Dans les baux ruraux, héritage et survivance du Théâtre d’agriculture et ménage des champs d’Olivier de Serre, il est toujours stipulé que le fermier s’engage à conduire la terre « en bon père de famille ». L’expression « mettre tous ses œufs dans le même panier » nous vient d’une vieille prudence paysanne qui, considérant l’aléa comme la règle en agriculture, consiste justement à ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Que nous reste-t-il de la gestion « en bon père de famille » ? De la sagesse proverbiale qu’il y a à ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier ?
Le 28 juin 2019, un coup de chalumeau avait brûlé les vignes du Midi. Le 8 avril 2021 le gel a touché presque tous les vignobles, conséquence pas tant d’un phénomène exceptionnel, que de journées exceptionnellement chaudes et ensoleillées en mars, l’un et l’autre énièmes symptômes du dérèglement climatique à l’oeuvre. Néanmoins, nous continuons à faire comme si nous pouvions tout, bougies, feux de paille, chaufferettes, hélicoptères, aspersion, tours anti-gel, éoliennes, fils électriques chauffants, et comme si nous n’y étions pour rien, implorant l’indemnisation qui est une forme d’impunité.
Hypnotisés par la beauté cruelle des images, pris dans l’étau de l’émotion, nous versons des larmes de crocodile sur ce que nous croyons avoir perdu, mais demeurons aveugles à ce que nous avons réellement perdu. Par exemple, cette scène peinte par Jakob Philipp Hackert que je partage avec vous.
Texte de Valentin Morel publié sut Facebook
Chers clients et amis,
C'est avec le cœur lourd que je m'adresse à vous aujourd'hui pour vous faire part de l’état de mes vignes à la suite des trois nuits où un gel intense (et même de la neige !) s'est abattu cette semaine. Je profite également de ce courriel et de la gravité de cette situation pour vous faire part de mes questionnements au sujet de cette belle plante que nous chérissons tant.
Les dégâts sont considérables, plus graves qu'en 2017 et 2019, et nous avoisinons sans doute un taux de perte aux alentours de 80%.
De toute évidence, ces enchaînements d'intempéries nous questionnent et nous font douter, voire nous découragent parfois. D'un point de vue météorologique, un gel début avril ne semble pas spécialement anormal. Ce qui l'est davantage est plutôt l'anormale douceur de la fin février et un temps estival durant 10 jours fin mars qui ont fait débourrer la vigne bien trop tôt.
D'un point de vue plus viticole, une vision un peu critique me conduit de plus en plus à assimiler notre façon de pratiquer notre viticulture comme ce que les soignants appellent un acharnement thérapeutique. Par une ironie mordante dont seule la vie a le secret, j'ai passé une bonne partie de l'hiver à lire des ouvrages et réfléchir à la question de la « dégénérescence de vitis vinifiera », notre famille de vigne européenne si fragile et que nous nous évertuons à faire pousser malgré tous les signes de faiblesse qu'elle nous renvoie. Ce débat anime en effet un certain nombre de vignerons et de chercheurs. Finalement, par une action bassement revancharde, pour adopter un point de vue anthropomorphique décalé et, certes, absurde, cette vigne, en milieu de printemps, nous fait comprendre que "nous n'avions qu'à pas" penser qu'elle était dégénérée et se sacrifie face à une vague de froid venue de l'arctique ! Singulier retour de bâton…
Plus sérieusement, notre conduite de la vigne interroge et il suffit de remonter au mitan du XIXe siècle pour s'en rendre compte, époque où l'oïdium est identifié en Europe. Depuis lors, ce champignon dévastateur ne sera combattu qu'au prix de nombreux traitements à base de soufre. Petit bonus de notre époque, l’oïdium semble être de plus en plus virulent ces dernières années caniculaires. Deuxième petit bonus pour nos confrères conventionnels, l'oïdium réussit régulièrement à contourner les nouveaux produits de synthèse de lutte chimique forçant ces confrères à revenir à la bonne vieille lutte biologique au soufre !
Ensuite, l'arrivée du phylloxera nous conduit à greffer nos vitis vinifera sur porte greffes américains. Pratique totalement contre-nature mais cruellement nécessaire dont nous ne sommes jamais sortis et qui nous cause de nouveaux ennuis : Fin de la plantation par bouturage surplace, au début greffage de qualité par les vignerons puis industrialisation des pépinières : sélection clonale, traitement à l'eau chaude, greffage, forçage, plantation en pépinières, arrachage, passage en chambre froide, replantation à la vigne... Malgré tous les points de vigilance, les virus se développent tout de même et aujourd'hui la flavescence dorée est une épée de Damoclès planant au-dessus des vignobles.
Je passe sur l'arrivée du mildiou, le manque de renouvellement génétique lié à la reproduction par la seule voie végétative, la plantation à 6000 pieds/ ha (voire 12 000 ) d’une plante qui s'épanouissait en poussant sur des arbres dans des forêts alluviales (biotope primaire de vitisvinifera) etc. Malgré tout, et parce que nous aimons tout de même boire du vin, il nous faut encore et toujours nous adapter et chercher de nouvelles pistes. Et de mon point de vue, feu de paille, bougies, hélicoptères, tour antigel, autant de pratiques que je respecte mais qui s’apparentent à un énième acharnement thérapeutique, ne peuvent constituer la panacée. Comme certains d'entre vous le savent, les variétés résistantes ou dites interspécifiques (inexactement appelées hybrides) soulèvent chez moi de nombreux espoirs en même temps qu’elles charrient aussi des questionnements. Outre qu'elles résistent aux principaux champignons (ne nécessitant donc aucun traitement) et virus qui frappent vitis vinifera, les variétés interspécifiques ont aussi l'atout majeur de résister au gel. Plus précisément, elles ne résistent pas au gel car elles gèlent comme vitis vinifera. En revanche, lors de la repousse après un gel, elles sont capables de refaire des fruits, ce dont n'est pas capable vitis vinifera. M'interrogeant sur ces cépages avec quelques confrères, j'ai réalisé récemment à quel point ceux-ci étaient controversés. Étrangement, ils parviennent à unir contre eux du vigneron productiviste le plus conservateur au vigneron biodynamiste pionnier le plus pointu de son domaine. Le productiviste leur reprochant l’atteinte au terroir et aux AOC, et le biodynamiste dénonçant des tripatouillages génétiques (pourtant totalement naturels puisqu’issus de croisement sexuels et non pas de manipulation génétique de type OGM) et le sang américain de cette vigne venue de l’ouest et produisant des breuvages qui ne seraient jamais de grands vins de terroir…
Au-delà de ces deux visions caricaturales, se trouvent de nombreux collègues et clients dont vous êtes, curieux et intéressés par cette question. Ces variétés résistantes ont représenté en France des proportions considérables de notre vignoble entre les deux guerres mondiales avant d’être abandonnées. Sans doute que les vins n’étaient pas à la hauteur de ce que pouvait permettre la qualité de ces cépages probablement en raison de la sous maturité mais aussi des mauvaises conditions de vinification de l’époque. Deux problèmes aujourd’hui résolus et qui nous incite à penser qu’il est grand temps de réaccorder à ces variétés, injustement mises sur la touche, la place qu’elles ont eue et qu’elles méritent.
Il me paraît important de ne pas reproduire à l’envers la même erreur qu’il y a 80 ans où l’on a imposé l’arrachage des variétés interspécifiques. Ainsi, il serait absurde de se débarrasser définitivement de vitis vinifera, et tous les essais de régénération, de sélection massale, de différentes façons de greffer etc. doivent être précieusement poursuivis et encouragés. Mais, parallèlement, si nous avions tous 25 % d’interspécifiques dans nos parcellaires, cela constituerait une assurance gel/mildiou/oïdium non négligeable. Puis, lors des belles années viticoles, elles offriraient un vin d’entrée de gamme populaire écologique et sain.
En outre, la perspective d’une vigne qui ne serait pas « phytodépendante» et, ne nécessiterait absolument aucun traitement, ne peut nous laisser indifférent à une époque où l’on parle tant d’agro écologie et où notre pays demeure l’un des plus gros consommateurs de pesticides.
Je sais que la situation est difficile pour nombre d’entre vous en raison du contexte sanitaire et que je vous adresse également tout mon courage et toutes mes pensées chaleureuses.
Vivement que reviennent les jours heureux où nous pourrons nous revoir et déguster de bons vins, même issus de vignes « dégénérées » !
Chaleureusement,
Une société du tout-immunisé est-elle souhaitable ? ICI
Se protéger oui, mais à quel prix? Le philosophe italien Roberto Esposito est notre invité à l'occasion de la parution de "Immunitas : protection et négation de la vie" (Seuil, 2021), traduction d'un de ses ouvrages paru en 2002, où il se penche sur le lien entre "communauté" et "immunité".
Au temps des nombreux commentateurs, la mouche du coche ne voletait pas au-dessus des fleurs des cucurbitacées, d’ailleurs je ne sais s’il est amateur de soupe à la citrouille, ce que je sais c’est qu’il ne goûte guère Halloween. Sera-t-il amateur de la gourde pèlerine ? Je ne sais...
20 octobre 2012
À la Mothe-Achard lieu de naissance du Taulier les cucurbitophiles sont plus nombreux que les œnophiles ICI
Depuis 1995, au-dessus des Mares, Michel Rialland y a installé son « Potager Extraordinaire » Tout est parti de la gourde pèlerine qui n’est pas une fille de la Mothe mais une variété de cucurbitacée bien connus de nos ancêtres Vendéens. Le Jardin des Plantes de Nantes lui avait offert, « à la condition d’en faire quelque chose de bien » 320 variétés de de grainnes de cucurbitacées. Bref depuis les Mothais et les Mothaises, et bien sûr tous les amateurs n’en finissent plus de fêter la Citrouille à la Fête de la Citrouille et de concourir aux concours de cucurbitacées. Au début des années 2000, Olivier le fils de Michel a rejoint le Potager Extraordinaire et bien sûr lui insuffle un côté plus commercial : vente aux professionnels et opte pour la conversion « bio ». 19 ha de courges pour tous les goûts : le miam ou la déco. Qui m’eut dit que la Mothe-Achard, connue autrefois pour ses foires et marchés, gros bourg commerçant, deviendrait la reine des courges bio, j’aurais trouvé ça bien rigolo.
Ce dimanche piqûre de rappel :
Une vente de plants au potager extraordinaire à La Roche-sur-Yon et La Mothe-Achard ICI
Une vente en ligne ouvrira jeudi 22 avril avec retrait en direct sur l’ancien site du potager à La Mothe-Achard. À La Roche-sur-Yon, la vente aura lieu samedi 1er et dimanche 2 mai.
Comme chaque année, le Potager Extraordinaire et ses jardiniers proposent une grande diversité de plants à la vente. Au total, ce sont 108 variétés qui sont mises en vente. La direction détaille : « Des inconditionnels de l’été comme la tomate ou la courgette, mais aussi des espèces plus méconnues comme l’amour en cage ou la poire de terre. »
Pour rappel, le conservatoire du Potager Extraordinaire possède et entretient à ce jour près de 3 300 graines différentes. L’ensemble des plants mis en vente est garanti non traité ou bio. Ils sont tous produits localement au Potager Extraordinaire.
Pour acheter en ligne : à partir de jeudi 22 avril sur www.potagerextraordinaire.com, avec retrait en Clic & Collect du 26 au 30 avril de 16 h à 19 h, soit à Beautour à La Roche-sur-Yon, soit à La Mothe-Achard sur l’ancien site du Potager Extraordinaire.
Pour acheter en vente directe : les 1er et 2 mai (en fonction des évolutions des mesures sanitaires) à Beautour, à La Roche-sur-Yon, de 9 h à 18 h.
Franz and Franziska Jaegerstaetter Institute (FFJI)
Franz et Franziska Jägerstätter le jour de leur mariage, le 9 avril 1936.
Le confinement a du bon, ma bibliothèque de DVD recélait une pépite dont j’ignorais l’existence : Une vie cachée de Terrence Malick, de ce réalisateur j’avais visionné en 1998La Ligne rouge qui marquait son retour après un silence de vingt ans, ce film m’avait troublé.
J’ai donc décacheté le DVD, ce qui est une entreprise compliquée avec ce cellophane thermocollé, j’ai introduit la gamelle argentée dans le lecteur, j’ai fait les clics habituels sur la télécommande pour sélectionner la version originale sous-titrée, je me suis assis et pendant 2 heures 54 minutes je suis resté scotché à mon siège.
Un chef d’œuvre !
CHEF-D'ŒUVRE, subst. masc.
A.− Vx. Ouvrage que devait réaliser un artisan pour recevoir la maîtrise dans sa corporation. Chef-d'œuvre artisanal :
« La fierté de l'outil ou du chef-d'œuvre accompli s'exprime dans les sceaux. Un tailleur aura, sur une nappe d'hermine, une paire de ciseaux, un monnayeur, l'appareil qui sert à frapper les pièces, un charron, la hache à large tranchant. L'Histoire et ses méthodes, 1961.
B.− Usuel. Œuvre d'art, littéraire ou non, qui touche à la perfection.
« Lucien Leuwen me dévore. Lucien Leuwen est un livre incomparable. Le mot chef-d'œuvre devient bête pour lui. » Gide, Correspondance [avec Valéry], 1897
Une vie cachée (2019), de Terrence Malick, avec August Diehl.
Une vie cachée, de Terrence Malick, ou l’idéalisme absolu ICI
Pierre Murat
Publié le 14/12/19
Plutôt mourir que de se compromettre, pour Frantz. Il faut dire que la compromission aurait été de taille, car ce paysan autrichien clairement opposé au nazisme s’est retrouvé incorporé dans la Wehrmacht.
Est-il fou, est-il sage ?
Le plus lucide des hommes ou le plus déraisonnable ?
Après avoir longtemps exprimé son dégoût du nazisme, dont les principes défient les lois de la Bible qui lui sont chers, un paysan autrichien est incorporé dans la Wehrmacht. Comme il refuse de combattre, il est jugé pour trahison et exécuté le 9 août 1943… Franz Jägerstätter a existé. Mais, dans Une vie cachée, sorti le 11 décembre, Terrence Malick se l’est approprié. Et en a fait l’aboutissement d’un personnage qu’il a perpétuellement poursuivi, approfondi et affiné. Dans un film qui apparaît comme un accomplissement : l’osmose parfaite entre le lyrisme panthéiste des débuts (La Balade sauvage, 1973, Les Moissons du ciel, 1978) et la fragmentation syncopée des dernières œuvres (À la merveille, 2012, Knight of Cups, 2015, Song to Song, 2017).
Au départ, le héros « malickien » n’a pas conscience de grand-chose. Dans La Balade sauvage, Kit (Martin Sheen) et sa compagne, Holly (Sissy Spacek), sont, selon l’expression de Damien Ziegler, auteur d’un Dictionnaire Terrence Malick (aux éditions LettMotif), « des coquilles vides, des masques sans identité propre». À tel point que le jeune homme, dont la ressemblance avec James Dean est remarquée par un flic, met en scène son arrestation comme pour ressembler davantage à ce double cinématographique. Comme si son identité se résumait à vivre un remake de La Fureur de vivre. Kit est étranger : à lui-même, aux autres et à une nature que le cinéaste filme, déjà, dans sa splendeur et sa cruauté. Quand il tue le père de sa copine, il l’exécute froidement, sans réfléchir, absolument indifférent : « Dans un univers indifférent et amoral, où la mort n’est qu’anecdote, écrit Damien Ziegler, tuer ne prête pas à conséquence. Kit tue comme Meursault dans L’Étranger d’Albert Camus, à cause du soleil. »
Rien de commun avec le héros de La Ligne rouge (1998), qui marquait le retour du cinéaste après un silence de vingt ans. Contrairement à Kit, le soldat Witt (Jim Caviezel) ne cesse de s’interroger : « Quelle est cette guerre au cœur de la nature ? »,« Pourquoi renferme-t-elle une force vengeresse ? » Il s’oppose à son supérieur : «Dans ce bas monde, prétend le sergent Welsh (Sean Penn), un homme à lui seul n’est rien. Et il n’y a d’autre monde que celui-là. » Le visible, s’entend, ce que Witt conteste : c’est qu’il en a pressenti un autre – un au-delà immortel – en observant la sérénité de sa mère devant la mort.
On en arrive à Franz (August Diehl). En grossissant le trait, on pourrait affirmer que Kit ne comprenait pas ce qu’il faisait sur terre. Witt se le demandait sans cesse. Franz le sait – ce qui le rend forcément agaçant en un temps qui prône avec ferveur l’interrogation perpétuelle et le doute permanent. Une époque qui a fait sien, depuis longtemps, le célèbre – mais parfois dangereux – « chacun a ses raisons » de Jean Renoir.
Franz prononce une formule inouïe, totalement inconcevable aujourd’hui : « La conscience fait de nous des lâches. » L’inconscience serait, donc, pour lui, une source de courage ? D’abnégation, en tout cas. Car la loi de Franz est sa foi. Moins en Dieu (ses détracteurs déguisent Terrence Malick en bondieusard, ce qu’il n’est pas) que dans la contagion du Bien. Sa force inéluctable. Sa déflagration. Son irradiation…
« Je ne peux faire ce que je crois être mal », répète Franz. Et attention : un seul faux pas et, déjà, on se perd. Une compromission, aussi minime soit-elle, et l’on est détruit. Ne pas renoncer, donc. Aller jusqu’au bout de ce que l’on croit. De ce qu’il faut…
« Mourons pour des idées, d’accord, mais de mort lente », chantait Georges Brassens. Franz ne serait pas d’accord : mieux vaut mourir vite et bien que vivre trop et mal… Le sacrifice de soi pour ne pas succomber aux ténèbres : on ne saurait imaginer morale aussi exigeante. Et démodée.
Courtesy of Fox Searchlight Pictures
Dans « Une vie cachée », Terrence Malick éblouit, au risque d’aveugler
Le cinéaste s’attache à un jeune paysan autrichien qui, sous le IIIe Reich, refusa de combattre aux côtés des nazis, et fut béatifié en 2007.
En 1938, alors que l’armée nazie envahit son village des Alpes autrichiennes, un jeune paysan objecteur de conscience vote contre l’Anschluss et refuse de combattre pour le IIIe Reich. Insoumis et seul à l’être, Franz Jägerstätter est emprisonné. Tandis qu’on lui offre l’occasion de sauver sa peau, ce héros suicidaire poursuit avec entêtement sa folie morale. Son acte ne change pas le cours du monde ni de la guerre, mais c’est justement le jugement d’une conscience par elle-même, et le prix qu’il en coûte de résister dans un monde qui bascule dans l’horreur, qui intéresse le cinéaste Terrence Malick. Ce martyr du nazisme sera béatifié en 2007.
Depuis The Tree of Life (2011), le réalisateur n’avait sans doute pas trouvé sujet et décors plus en phase avec son style ébahi et hallucinatoire : la vie d’un saint. La caméra palpite autour des acteurs et des paysages, s’éblouit devant ce profane qui est, pour Malick, la trace du sacré : le village de Radegund d’avant l’invasion nazie est un véritable jardin d’Eden ; et les Jägerstätter de figurer le premier des couples. Un couloir de visions panthéistes sur lequel se dépose une voix off pareille à une prière (et qui relègue au second plan les dialogues) : Malick a incontestablement inventé une manière de raconter des histoires qui n’appartient qu’à lui. Mais, à vouloir répéter depuis près de dix ans le prodige de The Tree of Life, le cinéaste a perdu une partie de son public, exclue de sa transe narrative.
Folie de la bonté
Plus qu’un spectateur, il faut être un converti au style malickien. Une vie cachée, qui est de loin le meilleur film du cinéaste depuis une décennie, demande un effort d’indulgence, une absence d’ironie, sans quoi les fulgurances qui sont toujours là, au détour d’un plan sur un enfant, un animal, la chambre d’un couple baignée de lumière, refusent d’apparaître. Terrence Malick tourne comme si tout était capté par la caméra pour la première fois, comme si les films étaient une genèse dont il était le créateur. Mais à force d’enregistrer le miracle du visible, sa mise en scène s’est rigidifiée en logiciel : à force d’éblouissements, on prend le risque de l’aveuglement.
Le film rappelle à beaucoup d’égards cette autre fresque historique de trois heures, aussi belle qu’étrangement sulpicienne, qu’était Silence (2016), de Martin Scorsese : dans le Japon du XVIIe siècle, un jésuite portugais se voyait contraint de renoncer à sa foi dans un pays où le christianisme est décrété illégal. Le problème moral soulevé était sensiblement le même qu’Une vie cachée, mais les partis pris philosophiques des deux cinéastes s’opposent diamétralement. Pour Scorsese, une conviction n’a pas besoin de se montrer pour se vivre et le parjure n’ébranle pas la foi ; dans un autre contexte historique, Malick filme l’entêtement d’un homme décidé à aligner ses actes sur ses convictions. La folie de la bonté, en somme. D’une vie de saint à une vie de Jésus, il n’y avait qu’un pas : The Last Planet, biopic sur le Christ, est prévu pour 2020.
Valerie Pachner et August Diehl, les acteurs du film de Terrence Malick, « Une vie cachée », sur la Croisette, le 19 mai.PAOLO VERZONE / AGENCE VU POUR « LE MONDE »
Festival de Cannes 2019 : « Une vie cachée », Terrence Malick et le chemin de croix d’un martyr du nazisme ICI
Le réalisateur américain filme l’histoire de Franz Jägerstätter, un paysan autrichien qui refusa de prêter serment à Hitler. Une œuvre spirituelle qui exige patience et croyance.
On ne saura jamais exactement à quel moment, entre 2005 et 2011, entre l’achèvement du Nouveau Monde et la conception de The Tree of Life, Terrence Malick a fait ses adieux aux formes communes du cinéma, embrassant la grandeur et les servitudes de l’image numérique, faisant des dialogues le support du montage image plutôt que la colonne vertébrale de la narration, forçant ses acteurs à construire leurs personnages par l’accumulation ou la répétition de fragments de tâches quotidiennes, de phrases, d’expressions, mettant son art au service d’une quête mystique.
Terrence Malick est le cinéaste du règne végétal et prend un plaisir infini à filmer la fenaison, la moisson
Et si l’on espérait qu’avec Une vie cachée (A Hidden Life), récit du martyre d’un objecteur de conscience autrichien sous le régime nazi, le réalisateur américain reviendrait à plus de conventions, on en sera pour ses frais. On y trouvera certes un début, idyllique, et une fin, tragique. Mais à ceux qui sont entrés dans une salle de cinéma pour accomplir ce chemin en sa compagnie, Terrence Malick demande beaucoup de patience et de croyance, offrant en retour la beauté du monde – ici les Alpes autrichiennes –, qui enlumine une longue homélie, inspirée par le sort de Franz Jägerstätter, que l’Eglise catholique a béatifié en 2007.
August Diehl incarne le jeune paysan autrichien, Franz Jägerstätter.REINER BAJO/IRIS PRODUCTIONS
Une vie cachée s’ouvre sur des images maudites, celles du Triomphe de la volonté (1934), de Leni Riefenstahl, qui déploient au-dessus du film une ombre menaçante qui ne se dissipera jamais tout à fait, même dans ces premières séquences qui montrent la vie heureuse de Franz et Frani Jägerstätter, fermiers à Sankt Radegund, petit village du Haut-Danube, parents de trois petites filles. Malick est le cinéaste du règne végétal et prend un plaisir infini à filmer la fenaison, la moisson. Pour lui, la servitude qu’impose le sol aux paysans est la plus douce.
August Diehl et Valerie Pachner dans « Une vie cachée », de Terrence Malick.REINER BAJO / UGC DISTRIBUTION / ORANGE STUDIO CINÉMA
La pastorale se transforme en passion
Cette harmonie est brisée par l’appel sous les drapeaux frappés du svastika de tous les hommes autrichiens. En 1940, Franz est mobilisé, fait ses classes et revient à la ferme. Au fil des mois, de plus en plus de ses concitoyens sont rappelés, et – cette fois – forcés de prêter serment à Adolf Hitler (qu’une autre séquence d’archives montre à Berchtesgaden, dans un paysage qui ressemble à celui de Sankt Radegund, faisant la bise à des fillettes aussi blondes que celles des Jägerstätter, seule fois où Malick s’aventure dans le domaine de l’analyse historique). Résolu à ne pas jurer, le fermier cherche secours auprès du prêtre de sa paroisse, de l’évêque de son diocèse, sans trouver autre chose que des conseils de prudence. Au fil des saisons, la pastorale se transforme en passion, le paysan en martyr.
Pour dire cette histoire, Terrence Malick a réuni des acteurs germanophones, qui s’expriment en allemand lorsque les dialogues ne prêtent pas à conséquence – scènes de cabaret ou de marché, entraînement militaire, tirade nationaliste. Lorsqu’il s’agit d’exprimer la révolte de l’objecteur de conscience, les déchirements que celle-ci provoque chez son épouse, l’allemand fait place à un anglais fortement accentué, qui sape la force de conviction des acteurs.
Ainsi mis en scène, Franz Jägerstätter se sacrifie parce qu’il n’est plus tout à fait de ce monde, un peu comme Terrence Malick
Ce dispositif linguistique s’explique sans doute par le fait que Malick a réalisé ce film dans l’urgence, pour le temps présent. En témoignent deux séquences. La première montre le maire du village, ivre, éructant contre les immigrés, les envahisseurs, dans une rhétorique qui rappelle plus Donald Trump que Goebbels. La seconde, plus intrigante, est un dialogue entre Jägerstätter (August Diehl) et un peintre de fresques religieuses qui explique que, plutôt que de nier la vérité, ses contemporains l’ignorent, pendant que, lui, l’artiste, hésite à peindre les souffrances qu’il n’a pas connues.
L’auteur des Moissons du ciel est, lui, résolu à montrer le martyre de l’objecteur de conscience, dans tous ses détails, spirituels plutôt que corporels. La profondeur du champ, qui colle souvent les personnages comme des images à deux dimensions devant des décors sublimes (les montagnes) ou terribles (les geôles), la façon dont les séquences se succèdent inéluctablement, comme les grains d’un chapelet, tout ramène à la foi du paysan, intransigeante et résignée. Ainsi mis en scène, Jägerstätter se sacrifie parce qu’il n’est plus tout à fait de ce monde, un peu comme Terrence Malick.
Le bienheureux Franz Jägerstätter, béatifié à Linz le 26 octobre 2007, et sa femme Franziska, sont longtemps demeurés dans l’oubli, cachés aux yeux du monde, parmi d’autres héros de la résistance catholique austro-allemande, pour éviter que leur exemple et leur sacrifice ne viennent saper l’autorité nazie. Ce n’est qu’en 1964, avec la publication d’une biographie intitulée In solitary witness : the life and death of Franz Jägerstätter que le sociologue américain Gordon Zahn dévoile le geste héroïque de cet humble paysan catholique autrichien, âgé de 36 ans, marié et père de trois petites filles, qui s’est opposé à Hitler en 1943 en refusant d’incorporer la Wehrmacht.
Emprisonné à Linz, puis à Berlin, il est condamné à mort par un tribunal militaire et guillotiné le 9 août 1943 pour «entrave à l’effort de guerre». Sacrifice ultime de sa part, puisqu’il a donné sa vie pour ne pas trahir le Christ en prenant part à une guerre qu’il estimait injuste, mais sacrifice également partagé par sa femme, Franziska, qui l’a soutenu dans sa décision, annihilant ainsi son couple et sa vie de famille.
Le vélo c’est bien mais le rayon d’action reste limité.
L’auto électrique c’est cher et c’est urbain, il y a des voitures à hydrogène Michelin: "L’hydrogène a sa place dans la mobilité aux côtés de la batterie" ICI
Le bateau, les ferries puent, ils pourraient revenir à la voile mais plus sérieusement : Linde a annoncé ce lundi 8 mars avoir été sélectionné pour la fourniture d’hydrogène liquide pour le MF Hydra, futur ferry à pile à combustible de l’opérateur norvégien Norled. ICI
L’avion qu’exècre la maire de Poitiers En juin dernier, le gouvernement français annonçait un plan de soutien à l’aéronautique de 15 milliards d’euros, assorti d’une exigence : le lancement d’un avion « vert » à l’hydrogène d’ici 2035. Quelques mois plus tard, Airbus présentait déjà trois concepts d’avion à l’hydrogène. Une option « exceptionnellement prometteuse comme carburant aéronautique propre », selon le constructeur qui se donne comme objectif de répondre aux vœux du gouvernement. Faut-il y croire ? ICI
Enfin le train, adoré par les vaches La SNCF passe sa première commande de train roulant à l'hydrogèneLa compagnie ferroviaire a commandé ses 12 premiers trains à hydrogène, pour le compte des régions Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Grand Est et Occitanie.
SNCF Voyageurs, la filiale de la compagnie dédiée au transport ferroviaire de passagers, a annoncé ce jeudi 8 avril avoir commandé auprès d'Alstom ses premiers trains bi-mode électrique/hydrogène. Au total, la commande concerne 12 trains avec deux rames en option, pour une facture s'élevant à 190 millions d'euros. Quatre régions françaises se partageront les appareils, baptisés « Coradia Polyvalent H2 » : les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-France-Comté, Grand Est et Occitanie.
Des trains pouvant « rouler » sur 600 kilomètres hors des lignes électrifiées
L'histoire est en marche, et la bataille pour une franche baisse des émissions de CO2 du transport ferroviaire lancée ! Car après les trains à vapeur, thermiques, ou encore électriques, voilà qu'est entamée la révolution du train à hydrogène.
Les différentes parties au projet se félicitent d'avoir enfin pu aboutir à cette commande, qui en précède d'autres, au terme de deux ans de travail autour du projet.
Le train Coradia Polyvalent bi-mode électrique et hydrogène doit répondre à la transformation et à la mixité du réseau ferré national, qui pourrait être de plus en plus sollicité avec la fermeture de certaines lignes aériennes intérieures. Le Coradia Polyvalent H2 est censé proposer une autonomie de 600 km sur des portions de lignes qui ne sont pas électrifiées. Avec ses quatre voitures et une longueur de 72 mètres, il peut embarquer jusqu'à 218 passagers assis et présente, selon son fabricant le géant français Alstom, des performances dynamiques et de confort similaires à la version électrique-diesel.
Alstom va dédier six de ses sites français à la fabrication des trains à hydrogène
Jusqu'à maintenant, les régions françaises ont commandé près de 400 Coradia Polyvalent bi-mode électrique-thermique et tout électrique, depuis 2011. La gamme des Coradia Polyvalent capte plus de 2 000 emplois aujourd'hui en France, chez Alstom (qui poursuit son ambition de devenir un géant mondial de la mobilité verte) et ses différents fournisseurs. Six des 15 sites français de la multinationale vont d'ailleurs participer au projet.
À Tarbes (Hautes-Pyrénées), on s'occupera des chaînes de traction et du développement de la propulsion hydrogène. Du côté de Reichshoffen (Bas-Rhin), on prendra en charge la conception de l'assemblage, alors que les moteurs viendront d'Omans (Doubs). Le Creusot (Saône-et-Loire) aura à sa charge les bogies, l'informatique embarquée proviendra de Villeurbanne (Rhône) et le design sera assuré à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis).
Les premiers trains seront financés à hauteur de 47 millions d'euros par l'État, comme l'a confirmé jeudi le ministre délégué Jean-Baptiste Djebbari. « La France a tout pour devenir un champion de l'hydrogène : le gouvernement est pleinement engagé pour faire de cette ambition une réalité », a-t-il déclaré. De son côté, le président-directeur général de SNCF Voyageurs, Christophe Fanichet, a salué une commande qui « marque une étape historique pour la mobilité propre, en concrétisant le déploiement dans les régions d’une nouvelle solution ferroviaire à zéro émission directe ».
Transition énergétique
«On peut produire de l'hydrogène partout et de manière totalement propre» ICI
Selon l’Agence internationale de l’énergie, qui vient de publier un rapport, l'hydrogène doit jouer un rôle clé dans la transition énergétique. Le spécialiste Daniel Hissel insiste sur la nécessité de développer l'utilisation et de moderniser la production de ce gaz.
De tous les artistes que j’ai rencontrés, Ilia Kabakov est le seul qui aurait indubitablement survécu quelles que soient les restrictions qu’on lui imposait et qui s’en serait même délecté. Au fil des ans, il était entré dans les bonnes grâces des officiels soviétiques aussi souvent qu’il en était sorti, au point de devoir signer ses illustrations d’un pseudonyme. Pour avoir accès à son atelier, il fallait s’être montré digne de confiance, il fallait connaître quelqu’un et il fallait suivre un garçon armé d’une lampe torche sur un long gymkhana de planches branlantes posées sur des poutres de plusieurs greniers contigus.
Quand enfin on arrivait, on découvrait Kabakov, ermite exubérant et peintre de génie, avec son entourage de femmes et d’admirateurs. Et là, sur la toile, le monde merveilleux de son auto-incarcération, ridiculisée, pardonnée, embellie et rendue universelle par l’œil aimant de son créateur indomptable.
John Le Carré lors de son premier voyage en 1987 dans une URSS qui agonisait grâce Mikhaïl Gorbatchev et que tout le monde le savait sauf la CIA.
Ilya Kabakov (né en 1933 à Dnepropetrovsk, Ukraine, ex-U.R.S.S) partage son temps, depuis les années 1990, entre Moscou et New York. Depuis 1989, il travaille en collaboration avec son épouse Emilia (née en 1945 à Dnepropetrovsk), diplômée en piano classique de la faculté de musique et ayant étudié la littérature espagnole à l’université de Moscou. Diplômé en illustration en 1957, il commence sa carrière en dessinant près de 150 albums pour enfants. Mais dans les années 1970, alors qu'il vit à Moscou dans un appartement communautaire sous le régime soviétique, il commence à rédiger et peindre des albums inspirés par des personnages imaginaires.
Il donne à ses personnages imaginaires un espace à partir des années 1980 lorsqu'il commence à concevoir les intérieurs de ses Dix Personnages (1981-1988), sa première installation d'envergure dans laquelle il utilise des mécanismes littéraires tirés d'ouvrages de Gogol. « Je me vois forcé d'incorporer l'espace environnant dans l'installation. Cela conduit à ce que j'appelle une installation totale. » Kabakov construit alors des pièces d'appartements, des chambres, des cuisines, des ambiances complètes, théâtres d'une vie, entre remémoration et imagination.
L'Union soviétique bruisse alors de changements politiques, mais la vie quotidienne de ses habitants évolue peu. Kabakov s'attache à documenter ce quotidien confiné, en créant des espaces détaillés et spirituellement animés. Il y plonge un spectateur manipulé, et victime quasi consentante venue tenter une expérience empathique. Les installations totales de Kabakov ne sont pas des dioramas, ni même des reconstitution d'endroits réels, mais bien des projections mentales qu'il faut parcourir, dont il faut s'imprégner. Pour cela, l'artiste joue de ressorts dramatiques quasi systématiques comme une lumière glauque, un hermétisme spatial, des atmosphères psychologiques lourdes, elliptiques bien que fournies de détails. Pour lui, l'esprit du lieu est primordial : ses œuvres sont comme des pièges, [...]
Entre turbulence et résilience: l’art en question par Ilya et Emilia Kabakov ICI
Quel sens donner aujourd’hui à la Russie soviétique et surtout quelle image proposer au moment du centenaire de la Révolution de 1917 ?
Peut-on y accoler les mots nostalgie, utopie, monotonie, avant-garde, censure ?
Et faut-il y faire référence quand on est un artiste russe qui cherche à s’adresser à un public au-delà de toutes les frontières ?
Né en Ukraine (1933), comme Emilia (1945) qui deviendra sa collaboratrice et son épouse à la fin des années 1980, Ilya a toujours créé (peintures, dessins, installations, textes théoriques) dans un contexte de turbulence idéologique même si le couple réside aujourd’hui au calme à Long Island. Alors que le rouleau compresseur du réalisme socialiste a vite mis au pas l’énergie avant-gardiste révolutionnaire, que l’approche subjective et individualiste ne correspond plus à la culture du prolétariat collectiviste, que la perestroïka et les années Poutine ouvrent un futur qui aura vu s’effondrer de nombreuses utopies (communisme, fascisme, capitalisme), Ilya et Emilia Kabakov ont une grande estime pour l’art comme porteur de culture. Dans un monde où règnent en roi la consommation, l’individualisme et le matérialisme, la question de l’utopie reste pertinente pour contrer la pauvreté spirituelle et trop simpliste qui fait de l’œuvre d’art une commodité de marchandage plutôt qu’une proposition d’élévation. Voilà quelques repères pour entrer dans l’univers des Kabakov et penser l’art entre turbulence et résilience. ICI
En dix fois plus gros que n'importe qui mon nom s'étalait
Je me voyais déjà adulé et riche
Signant mes photos aux admirateurs qui se bousculaient
Je me voyais déjà
Sortant de chez Drouant,
Face aux journalistes
Mon premier roman
Journal d’un con fini
Ayant reçu le prix
Et patatras
Les éditeurs submergés
Ont coupé le robinet
Je devrai me contenter
D’en faire des cocottes en papier…
Après des reports de parution en cascade à cause des confinements successifs, les apprentis écrivains se bousculent aux portes des maisons d'édition.
AFP
LIVRES - De moins en moins de Français lisent, mais ils sont toujours autant de candidats pour être publiés. Et pour Gallimard, c’en est trop: l’éditeur prie les écrivains aspirants d’attendre avant d’envoyer leur prose.
“Compte tenu des circonstances exceptionnelles, nous vous demandons de surseoir à l’envoi des manuscrits. Prenez soin de vous toujours et bonnes lectures”, écrit la prestigieuse maison sur son site internet.
Ce conseil y est apparu début avril et a été relayé sur le compte Twitter officiel le 2 avril, un vendredi en fin d’après-midi. Pas sûr qu’il soit suivi unanimement, mais pour accroître ses chances, mieux vaut s’y plier. Et patienter.
Une situation compliquée pour les débutants
Le contexte est assez défavorable aux inconnus qui se rêvent en Michel Houellebecq ou en Amélie Nothomb. La fermeture des librairies à deux reprises en 2020, au printemps et à l’automne, a entraîné des reports de parution, provoquant un embouteillage en 2021. Si se faire publier est toujours difficile pour un débutant, c’est devenu encore plus compliqué.
Gallimard n’est pourtant pas avare en premiers romans dans sa fameuse Collection blanche: cinq à la rentrée de janvier, deux en mars, deux en avril... Interrogé par l’AFP sur les raisons de ce message au grand public, l’éditeur a évoqué l’immensité des volumes envoyés.
Les 30 manuscrits par jour ouvré reçus rue Gaston-Gallimard sont devenus 50, depuis près d’un an. “Nous tenons à accorder la même attention à tous les manuscrits que nous recevons et nous répondons à tous les envois. C’est un travail considérable qui demande de la minutie et de la disponibilité d’esprit. C’est pour toutes ces raisons que nous avons demandé de suspendre, tout à fait momentanément, l’envoi des manuscrits”, a expliqué Gabrielle Lécrivain, éditrice.
3500 manuscrits par an au Seuil
Certains concurrents avaient donné le même conseil dans un contexte très particulier: lors du premier confinement, au printemps 2020.
“Nous et d’autres éditeurs, nous avions mis un message sur le site internet pour demander d’attendre avant d’envoyer un manuscrit. Je m’attendais à un tsunami quand on l’a enlevé pour le déconfinement. Il n’a pas eu lieu, mais il y a un certain rattrapage actuellement”, dit à l’AFP Laure Belloeuvre, du service des manuscrits du Seuil.
Cet éditeur reçoit environ 3500 manuscrits par an, concentrés en début et en fin d’année. Entre janvier et mars, 1200 sont parvenus. “C’est beaucoup. Maintenant que tout le monde sait se servir d’un ordinateur pour écrire, nous voyons des gens qui écrivent et dont nous sentons qu’ils ne lisent pas. Ce n’est plus comme au temps où il fallait prendre sa Remington pour taper son manuscrit, ce que faisaient des passionnés de littérature”, raconte l’éditrice.
“Nous, on ne coupe pas le robinet”, indique Juliette Joste, éditrice chez Grasset. “On a des programmes ultrachargés, et on ne peut quasiment rien prendre qui vient de la Poste: un ou deux titres par an. Mais j’ai vu ce message de Gallimard avec étonnement”. Grasset, qui avait approché un record de 5.000 manuscrits reçus en 2018, en a déjà reçu plus de 1000 en 2021, à la mi-mars.
Un prix littéraire pour les écrivains non publiés
Quand les éditions Novice, qui n’avaient encore publié aucun livre, ont créé en janvier 2020 un prix littéraire destiné aux ”écrivains non publiés”, le jury a reçu pas moins de 150 manuscrits. “Je n’avais pas envie qu’on en reçoive un nombre ingérable, donc la fenêtre d’envoi était volontairement très courte, et on a communiqué assez peu”, explique à l’AFP Timothé Guillotin, le fondateur de cette maison.
Le nom du lauréat ou de la lauréate (qui sera publié) sera révélé vendredi. “C’est quelqu’un qui a essayé de publier, et qui a reçu pas mal de refus, même si les réponses étaient toujours encourageantes. C’est passé pas très loin chez Flammarion. Et notre jury a compris pourquoi, avec ce très beau roman”, a ajouté Timothé Guillotin.
Les éditions de L’Olivier constatent le même engouement. “Plus de 700 manuscrits sur les trois premiers mois, ce qui fait qu’on dépassera 2000 cette année, alors qu’on était à 1500 ou 1600 par an avant le prix Goncourt de Jean-Paul Dubois” en 2019, relève Jeanne Grange, du service des manuscrits.
“À deux éditrices pour les éplucher, on ne peut pas tout lire en entier, c’est certain. Mais je ne dissuaderais jamais personne. La vitalité d’un éditeur se voit au renouvellement de son catalogue”, ajoute-t-elle.
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