Avec moi le hasard fait toujours bien les choses, il est mon allié le plus sûr. Grâce à lui certains sujets de chroniques viennent à moi sans effort. Ainsi celle-ci qui va vous permettre de découvrir un nouveau concept de la découverte du vin : « Wine by one ». C’était donc un samedi, celui du salon de la RVF, je pédalais en douceur pour rejoindre la Madeleine lorsque passant rue des Capucines dans le 1ier arrondissement mon regard s’accrochait au mot : Wine affiché sur une façade. Vous me connaissez, je suis un adepte forcené du « travaillez plus pour gagner plus » alors, très pavlovien : wine-chronique je pile. J’ôte mes pinces à vélo car le lieu est chicos à l’image du quartier. J’entre. Je me présente au père du concept « Wine by one » Stéphane Girard, jeune homme disert, convaincant, qui me présente avec précision sa nouvelle enseigne. Ça me plaît mais vu mon état de fatigue post-salon je lui promets de revenir en reportage.
Au retour, chemin faisant je me disais : « mon garçon, es-tu le mieux placé pour apprécier cette nouveauté ? » et à chaque tour de pédalier l’évidence s’installait : la réponse était assurément non. Cependant résoudre mon équation à une inconnue semblait à la portée de mes neurones fatigués puisque je venais de croiser ma solution au salon : Isabelle. Lui donner l’appellation de solution frise l’inélégance mais comme la demoiselle n’a pas peur des mots je ne vais pas tourner autour du pot. Elle a dit oui sans l’ombre d’une hésitation. Rendez-vous pris pour le mardi à l’heure du déjeuner.
Comme les jeunes filles d’aujourd’hui un rien habille Isabelle mais, ne vous y trompez pas, et ne lui coller pas, vous les messieurs qui tenez le haut du pavé dans notre petit monde du vin, l’étiquette facile de beau papillon. Elle écoute, pose des questions, prend des notes, des photos, des vidéos et Stéphane Girard avec sa précision habituelle de jeune homme formé dans une Buiseness School américaine, expose la genèse de son projet et plaide avec conviction sa stratégie de l’océan bleu « Blue océan ».Stéphane est passé par l'INSEAD. Moi je suis aux anges car je n’ai strictement rien à faire car Isabelle est au front, rien ne lui échappe. Nous dégustons. Nous picorons une ardoise de fromages-jambon et nous décidons de nous retrouver pour un débriefing la semaine suivante.
- Alors Isabelle, vous en pensez-quoi de Wine by One
- Du bien, beaucoup de bien, c’est un concept innovant et convaincant...
- Fort bien Isabelle mais en quoi Wine by One est-il un concept innovant ? N’est-ce pas un produit hybride : un peu caviste, un peu bar à vin, un peu club de dégustation?
- Non Jacques c’est un tout, un 3 en 1, qui présente un attrait immédiat, quasi instinctif, l’espace est ouvert, on s’y sent libre, il excite la curiosité...
- Des filles !
- Ne faites pas diversion. Pourquoi vous êtes-vous arrêté ?
- Le mot Wine m’a hameçonné...
- Bonne pioche ! C’est un quartier d’affaires, de grands hôtels, de magasins, la situation de Wine by One est idéale et son nom incite le plus grand nombre à y entrer, y compris les très nombreux étrangers.
- Et vous Isabelle quand vous avez découvert le lieu : votre impression ?
- Étonnée par le design pas du tout dans les codes traditionnels des lieux où l’on propose du vin. Impression renforcée par la découverte du mur des armoires à vin. C'est beau et froid comme les satellites, un peu statique, on a envie de réveiller tout ça d'un bon coup de blush, d'illuminer le lieu pour lui apporter vie et gaité! Le rendre chaleureux et encore plus convivial !
- Trop Nespresso Isabelle ?
- Pas exactement, je crois que Stéphane Girard doit aller au-delà de son buiseness model qui est bon, intelligemment pensé, mûri, pour le dépasser, l’enrichir car le lieu dispose d’atouts extraordinaires...
- D’accord Isabelle je suis en total accord avec vous mais, avant d’aller plus avant, pourriez-vous prendre mes lecteurs par la main pour les guider dans l’univers de Wine by One...
- Je peux Jacques. Tout commence pour moi par l’idée géniale de la carte à puces d’adhérent de Wine by One, la Wine Card noire et chic, ça donne une touche happy few : le « j’en suis » qui fidélise. Elle est le sésame des belles machines, ces armoires où les 100 références de vin de toutes les couleurs, classées en blancs vifs, ronds, rosés, rouges fruités, ronds intenses, pour finir par les liquoreux. Pour l’instant les effervescents n’y sont pas. Ils sont proposés de manière traditionnelle. Donc, une fois la carte acquise (2€) et chargée du crédit désiré, le petit jeu du choix commence. C’est ludique. Seul(e) ou accompagné(e), verre de dégustation à la main (Chef&Sommelier) face aux drôles de machines l’amateur dispose sur chaque armoire d’un Wine Pad : écran tactile permettant de consulter la fiche technique de chaque vin proposé, les notes de dégustations des pros, les recommandations...
- La carte, le verre, l’écran tactile, n’est-ce pas trop postmoderne pour nos chers amateurs de vin ?
- Honnêtement non, on pige très vite, les indications de volumes de dégustation : 3cl/Impression, 6cl/Tentation et 12cl/Sensation, permettent à tout un chacun de se faire son petit programme de dégustation.
- Et ils choisissent quelle dose nos dégustateurs Wine Card ?
- À 70% Tentation 6cl.
- Intéressant !
- Oui, c’est pour moi l’atout majeur de Wine by One que de désinhiber le dégustateur amateur face à un choix très large et une gamme de prix complète, de lui permettre de se faire sa propre expérience du vin, d’y revenir pour plein de raisons comme celle de faire découvrir le lieu à ses amis ou à sa petite amie. Ici chacun peut faire son petit cinéma sans se sentir épié ou jugé par le caviste qui sait lui...
- À propos de caviste tous les vins proposés à la dégustation sont achetables ?
- Oui bien sûr, les bouteilles sont disponibles sous les belles armoires italiennes...
- Vous savez tout vous ! Dites-nous comment Stéphane Girard est passé à l’acte...
- D’abord c’est un Bordelais diplômé de l'Ecole du Vin du CIVB. Petit tour dans une Busseness School américaine à Wharton, pour un MBA, où il anime un club de dégustation de vins : 80 nationalités différentes, des pros et des néophytes comme ce chinois incrédule face à un verre de vin blanc. Cours d’entreprenariat donc cas pratique : ses petits camarades lui disent pourquoi ne pas présenter un business plan sur un lieu de dégustation. Oui mais c’est se placer dans un univers concurrentiel saturé : l’océan rouge alors Stéphane s’appuie sur une stratégie « Blue Océan » pour se créer son espace de marché. Sa conviction profonde c’est qu’il lui fallait éviter le « One Person/One location c’est-à-dire un lieu qui n’existe que par la personnalité de son créateur...
- Ok, excellente analyse belle stratégie, mais ces belles armoires design qui nous entourent n’ont pas été créées rien que pour coller au beau projet de Stéphane...
- Bien sûr, elles sont d’origine italienne et il les a découvertes en 2004 à San-Franscisco. Je passe sur les détails. Moi, pour vous faire sourire, je leur trouve un petit côté machines à traire les vaches, version maison de poupée. Ce sont elles qui vont lui permettre avec une architecture d’intérieur pensée par les concepteurs des boutiques Nespresso d’ouvrir à la mi-mars 2010 ce Wine by One du 9 rue des Capucines.
- Nous y sommes. Parlons chiffres : la dose de 3cl en moyenne, le prix moyen des bouteilles en dégustation et celui du verre en moyenne.
- Le 3cl va de 1 à 30€. La bouteille 20/25€ et le verre moyen 6/7 €. Ça permet de découvrir, de se faire plaisir sur une belle gamme de choix...
- Elle évolue cette gamme ?
- Oui c’est un assortiment dynamique : 10/12 références ont changé depuis l’ouverture.
- Vous nous avez décrit 2 des fonctions de Wine by One : la dégustation avec la Wine Card et l’achat éventuel de bouteilles. Quand est-il de l’aspect club de dégustation ?
- Un corner très sympa doté d’un grand écran permet l’accueil de vignerons. C’est prévu pour les mardis. Des cours de dégustation en français et en anglais sont aussi possibles et, cerise sur le gâteau, Wine by One est en partenariat avec le « Nez du vin »
- D’accord Isabelle mais comme vous êtes une petite cachottière vous avez gardé le meilleur pour la fin.
- Oui Jacques, j’adore l’espace lounge avec son grand miroir, ses magasines sur table basse, sa Wi Fi en libre accès. Moi ça me donne envie de me lover dans un canapé avec un verre à la main, y lire, surfer sur le Net ou papoter avec une amie...
- Grignoter ?
- Oui, mais l’offre actuelle « planche fromages/charcuterie, excellente, est un peu light pour le déjeuner. Je pense qu’il faut jouer sur les accords avec le vin. Enrichir la carte.
- Certes mais la clientèle semble être celle de l’After Work donc des gens qui viennent d’abord pour le vin...
- L’un n’exclue pas l’autre. La fermeture de Wine by One à 22 heures est un réel plus mais, dans la tranche du déjeuner, il me semblerait intéressant de drainer une tranche de clients différents sans pour autant tomber dans de la pure restauration.
- Sans en arriver à une conclusion définitive car Wine by One est une jeune pousse en pleine croissance dites-nous Isabelle son plus et ce que vous voudriez voir évoluer ?
- Wine by One passé le moment de surprise de la découverte, car lorsqu’on y rentre sans savoir on se demande où l’on a atterri, avec sa Wine Card et son Wine Pad est très ludique : on s’amuse à choisir ses vins, insérer sa carte, presser... déguster. Ça désacralise le vin. Ça le rend accessible. On se sent moins bête grâce aux fiches techniques. Pour moi c’est le lieu parfait pour les amateurs qui veulent aller plus loin. Le conseil : une petite touche de féminité pour animer l’ensemble très « haut de gamme », un peu guindé luxe, lui donner un peu de la chaleur communicative du vin. L’animer.
- Merci Isabelle d’avoir accepté de venir sur mes lignes pour ce voyage au pays de l’Océan Bleu...
Suite du reportage photos en Wine News N°74 (en haut à droite du blog)
Isabelle est ESSEC marketing. Elle travaille à l’extension du domaine du Vin dans une agence parisienne. Au risque d’encore déplaire aux bonnets de nuit qui me reprochent ma légèreté, je persiste à croire que pour observer les nouvelles tendances de la distribution du vin et apprécier leur impact s’adresser à ceux et celles qui feront son avenir vaut mieux que d’entendre le docte point de vue des maîtres. Pour autant je ne tombe pas dans le jeunisme mais je m’essaie à sortir le milieu du vin de sa culture du rétroviseur et du « qu’est-ce qu’on est bien entre nous ». De même j'estime que l’exportation de nos vins, le développement de leur image commence aussi à Paris qui reste encore l’une des destinations les plus prisées des touristes du monde entier et draine beaucoup d'hommes d'affaires. Je suis très surpris lorsque je constate que dans les Grands Hôtels parisiens rien, ou presque, n’est fait pour séduire, en dehors de la table bien sûr, ceux qui voudraient découvrir nos vins soit en allant in situ soit en visitant les belles caves parisiennes.
Wine by One justement innove, ouvre de nouvelles pistes en ce sens. C’est bon pour le vin. C’est bon pour ceux qui le font. C’est bon pour ceux qui en vivent. Le regard porté par Isabelle, très positif, professionnel, auquel je joins celui d’un senior, qui partage à 100% la pertinence des remarques et leur caractère dynamique, c’est notre contribution pour que ceux qui sont dans leurs vignes, dans des avions pour aller vendre leur vin ou derrière un comptoir d’un salon, se disent que dans notre pays l’initiative, l’innovation, la volonté de bâtir est intacte. Nous souhaitons des vents favorables à Stéphane Girard et à son Wine by one sur l’Océan Bleu. Entre nous ce garçon aurait pu se contenter de couler des jours paisibles dans une boîte de consulting, alors...ça vaut plus que des encouragements chers amis...
Pour plus de détails aller sur le site : www.winebyone.com
Bouteille la moins chère : 10,50 euros Alamos Chardonnay Mendoza
Bouteille la plus chère : 455 euros Mouton Rothschild 1999
20 références de vins étrangers sur 100 : Californie, Australie, Chili, Argentine, Italie, Espagne, Allemagne, Autriche, Hongrie, Afrique du Sud.