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20 juin 2010 7 20 /06 /juin /2010 00:09

L’ami Michel Chapoutier, lors d’un déjeuner impromptu dans l’une de ses « cantines » sise à l’angle de la rue de Varenne et de Bourgogne, m’a livré la clé du buzz qui a agité mon espace de liberté après mes écrits incongrus sur le Symposium Grenache. Son regard pétillait et, en riant, il m’assurait que s’il avait su... je n’en ajouterai pas plus.

Bref, fort de mon ignorance crasse, je me suis plongé dans la lecture de l’histoire du Grenache. Tout d’abord, à tout seigneur tout honneur, dans les minutes du « Symposium du Grenache, ce héros inconnu... » de Jacques Perrin.

« Mentionné pour la première fois en France par Eustache Deschamps en 1400, le grenache serait en effet originaire de l’Aragon selon le comte Odard. Jusqu’à la fin du XIXème siècle, le grenache fut l’un des cépages les plus cultivés dans le monde et si sa présence demeure importante, notamment en Espagne et en Italie, sa surface diminue. Elle a passé de 240 000 à 200 000 ha en douze ans : le grenache est en effet l’une des « victimes » des campagnes d’arrachage. »

Ensuite, je lis sur Wikipédia que « L'Histoire précoce du Grenache est étroitement associée aux territoires inféodés à la Couronne d'Aragon et tirent leur origine soit de la métropole catalano-aragonaise, soit de la Sardaigne, partie intégrante du pays pendant près de 500 ans » et qu’ « En Espagne, il est cultivé dans presque tout le nord du pays, en Aragon, (présent dans tous les vins rosés) Castille, Pays basque, Catalogne, (présent dans toutes les appellation) ou Estrémadure. »

Enfin, Désiré Bois écrit dans son Encyclopédie Biologique Volume IV « Les Plantes à Boissons » qu’ « On suppose qu’il est originaire d’Espagne, d’où il aurait été introduit dans le Roussillon, et se serait répandu dans le Languedoc, puis en Vaucluse et en Provence, notamment dans le Var »

Arrivé à ce stade, comme Désiré Bois qui le mentionne comme l’un des de ses noms synonymes, je ne puis m’empêcher de penser que ce brave GRENACHE eut sans doute été plus respecté s’il avait pris le beau nom d’ARAGONAIS. Bien sûr ça n’engage que moi.

Et c’est alors que dans mes neurones chauffés à blanc – je ponds un Rapport en ce moment – surgissait la bouille épanouie de Bobby Lapointe et de sa merveilleuse chanson : ARAGON&CASTILLE.

Ni une ni deux je décidais derechef d’offrir 2 versions d’ARAGON&CASTILLE en rémission des fautes que j’ai commises envers ce pauvre Grenache :

-         celle bien évidemment de Bobby lui-même

-         celle de la Chorale des Ecoles de Cerdagne joyeuse et bordélique...

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19 juin 2010 6 19 /06 /juin /2010 00:09

C’eut été du Mumm « Cordon Vert » ! Gag ? Non voir l’image ci-dessous. Le 12 juillet 1998 restera le jour de notre unique étoile. Aimé Jacquet, contre vents et marées, tirait parti des forces et faiblesses de ses joueurs, des egos des uns et de l’altruisme d’autres, pour constituer une équipe. Le football est un sport collectif et, même si la victoire fut belle, les matches de qualification ne furent pas tous, loin s’en faut, des emblèmes de beau jeu.  Genou-6799.JPG

Le collectif, un mot un peu abimé par le collectivisme niveleur, est une force lorsque la somme des individualités est supérieure à leur stricte addition. Dans un collectif soudé l’individualité talentueuse s’épanouit plus encore au contact du joueur de devoir et le joueur ordinaire se transcende. Au-delà des tactiques, des consignes, du tableau noir, dans cette alchimie le rôle de l’entraineur est bien de transfuser à ses individualités cet altruisme qui mène aux plus belles victoires.

 

Dans le football français dans les années 60 qui suivirent la fameuse Coupe du Monde de 1958 où la France de Kopa et de Fontaine se classa 3ième un drôle de bonhomme chauve, discret, un émigré espagnol, José Arribas, tira le FC Nantes de la 2de Division en 62-63 pour conquérir en 64-65 le titre de « champion de France » avec une équipe « sans vedettes » selon des principes nouveaux.  Genou-8027.JPG

« Faire confiance aux hommes, provoquer une crise de conscience chez tous ceux qui ont accepté de le suivre, telle est la ligne de conduite de José Arribas. Pour lui, l’esprit collectif prime tout. Il n’admet pas qu’un joueur puisse profiter du travail des autres, à son seul avantage.

José est bien placé pour savoir qu’un être isolé éprouve des difficultés à survivre. L’expérience des Halles de Bordeaux est constamment présente à sa mémoire : sans le soutien des « forts », il n’aurait pu franchir la plus noire période de son histoire.

Parce qu’il a vu la force l’emporter sur la loi, dans son propre pays* il exige le strict respect des règlements sur le terrain. Arribas est l’ennemi de la brutalité, du football purement physique. Le mouvement doit se fonder sur l’intelligence. »

François Cavil dans L’Évènement  mensuel d’Emmanuel d’Astier N°2 1966

 

  • José Arribas est né à Bilbao en janvier 1921. Le père de José prend les armes contre les franquistes. Après la défaite sa famille émigre dans le Sud-Ouest. À 16 ans il travaille aux Halles de Bordeaux et ce sont les « forts » qui lui apprennent le français. Lorsque les allemands occupent la France il devient un clandestin. Honnête footballeur il joue dans des petits clubs puis devient »entraîneur-joueur : « contremaître » du football à Noyen-sur-Sarthe 2000 habitants. Il conduit cette modeste équipe jusqu’à la Division d’Honneur. Il postule pour le FC Nantes. Les dirigeants le choisissent. En 3 ans avec un savant dosage de jeunes et de vieux briscards : André Strappe, Pancho Gonzales et André Guillot il hisse le club en 1ière Division. La belle aventure du FC Nantes commençait.  Nantes.jpg

Je l’ai suivi avec amour et passion. Je n’ai jamais eu l’âme d’un supporter, j’aime le jeu, l’intelligence du jeu, la joie de la victoire, l’acceptation sportive de la défaite. Gondet, Budzinsky, Simon, Suaudeau n’étaient pas des stars mais d’excellents joueurs au service d’un collectif. Reste le grand Max Bossis : si vous avez un peu de temps je vous conseille de lire la chronique que je lui avais consacrée en novembre 2005 « Le Grand Max » http://www.berthomeau.com/article-1154159.html Elle est courte et elle a le mérite d’aborder le sujet du jour.

 

Je n’ai pas regardé, hormis un beau match de l’Allemagne, les « prestations » de l’équipe de France. Je n’ai guère de sympathie pour Raymond Domenech mais dans cette affaire il n’est que l’expression la plus affirmée d’une absence d’ambition collective de ses joueurs et des dirigeants du football français. Pour ces derniers, les traiter de petits boutiquiers ce serait insulter le petite commerce. Ils ne sont qu’insignifiance et vacuité. Quand aux joueurs le qualificatif de « lopettes » me semblent le plus approprié. Jouer semble étranger à leur vocabulaire. Pour le Raymond, tirer sur un corbillard n’est pas dans ma culture alors, puisque la retraite est à l’ordre du jour, je lui en souhaite une pleine de regrets éternels et plein de petits Ribéry...

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17 juin 2010 4 17 /06 /juin /2010 00:09

Tous les grands amateurs connaissent le fameux Château des Jacques en Beaujolais, 35 ha de Moulin à Vent et de Chénas appartenant à la « maison de confiance » Louis Jadot http://www.berthomeau.com/article-25113132.html . Moins connu est le Château Saint Jacques d’Albas en Minervois www.chateaustjacques.com. Pour ce qui concerne le « Clos Saint Jacques » vu sa position géographique dans la bonne ville de Cambrai dans le Nord www.leclosstjacques.com les bêtises y sont plus à l’honneur que les ceps de vigne. Quand aux « Mas Saint Jacques » il y en a une tripotée de Céret aux Saintes Maries de la Mer mais pas de trace de vignes. Bref, lorsqu’il s’est agi d’accrocher un nom à ma nouvelle acquisition, sans hésitation, j’ai choisi Le Clos Saint Jacques des Achard.

 

Explication :

-         Pourquoi Clos ? Parce que c’est un Clos soit une parcelle cernée de murs ou de murets : le Clos Vougeot par exemple ;

-         Pourquoi Saint Jacques ? Parce que la parcelle est sise tout en haut d’un coteau bordant le Boulevard St Jacques, orientation selon la boussole de mon Iphone : 208° SO ;

-         Pourquoi des Achard ?  C’est mon fief de naissance : le pays des Achard, né à la Mothe-Achard d’une mère née à la Chapelle Achard et d’un père né lui à Saint-Georges-de-Pointindoux. Si j’eus accolé à mon Clos St Jacques, de Pointindoux, je soupçonne que certains mal intentionnés eussent susurrés : Potins Doux ;

 

Qu’est-ce donc que cette nouvelle engeance me dire-vous ?

 

Serais-je en train d’anticiper la « libéralisation des droits de plantation » en jetant une tête de pont francilienne afin de mener l’assaut contre les Barbares du Nouveau Monde ?

 

Que nenni, loin de moi une telle ambition car, comme chacun sait, je suis un artisan de la régulation des droits de plantation et un chantre du small is beautiful.

 

Ma motivation est bien plus noble : témoigner de mon indéfectible engagement pour que vivent nos beaux terroirs.

 

Pour ce faire il me fallait chérir celui qui fait le lien entre la terre et le ciel sous la main de l’homme : le cep de vigne.  Genou-7985.JPGProfitant d’une escapade dominicale aux Journées de la Rose de l’abbaye de Chaalis – ne pas confondre avec les Fêtes de la Rose chère au cœur de Martine – sur les magnifiques pelouses, en dehors de rosiers magnifiques, des pépiniéristes proposaient des plantes de toute sorte. Je flânais donc lorsque « mon cœur de battre s’est arrêté » car sous mes yeux de beaux ceps de vigne en pots formaient un beau carré verdoyant.

 

Bien évidemment, en ce lieu dédié aux jardiniers urbains je ne pouvais que me voir proposé des cépages de raisins de table. Par bonheur, les beaux, je veux dire ceux qui avaient de l’âge, étaient tous – le pépiniériste étant du Lot-et-Garonne – du CHASSELAS. Vous direz qu’avec lui je pourrais faire le Suisse en tentant le fendant mais loin de moi toute idée mercantile je vais me contenter de l’élever comme mon enfant.

 Genou-8009.JPG Genou-8011.JPG

Et c’est là que je vais avoir besoin de vos conseils mes amis de la vigne.

 

Pour l’heure mon cep vit sa vie dans un horrible pot en plastique noir que bien évidemment je vais conserver jusqu’à l’heure du rempotage. C’est à ce moment-là que j’aurai besoin de vous.

Quel type de pot et surtout ses mensurations, avec pour corollaire le terroir qui va avec. Peut-être que je pourrais importer du terroir ? Dites-moi tout !

 

Ensuite je la mène comment ma vigne ?

 

En bio, en biodynamie, en conventionnel... mais je vous signale que mon brave pied de chasselas est environné d’une nature cultivée, pas par moi, sans engrais ni pesticides et c’est plein d’adventices.

Genou-8012.JPGGenou-8015.JPGGenou-8014.JPG

Voilà je suis donc dans les affres de la paternité. Je veux le bichonner mon Clos Saint Jacques des Achard qui a une densité de pieds à l’hectare à nulle autre pareille puisque dans la représentation de Von Neumann des nombres naturels, 1 est défini comme l'ensemble {0}. Il a un seul élément, c'est un ordinal et un cardinal, son rang héréditaire est 1. Bref il est UNIQUE.

Genou-8016.JPG

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17 juin 2010 4 17 /06 /juin /2010 00:03

En ces temps où dans le grand sac fourre-tout dit des signes de qualité, sans grand discernement, et surtout avec une impéritie coupable, nous laissons se diluer, se dissoudre, ce que des hommes courageux et visionnaires ont su en leur temps forger : l’appellation d’origine contrôlée, je me sens encore capable non de me mettre en colère mais simplement d’aller puiser un peu de réconfort dans l’étonnante simplicité de nos aînés.

Face à nos non-choix, à nos ambigüités, notre art de défendre des prés carrés qui ne sont que des grands lacs déversoirs, les « grisouilloux » de Bairlaymont on beau jeu de proposer, en vue de simplification, la fusion des AOP et des IGP. Mes positions sont connues (lire ou relire ma chronique http://www.berthomeau.com/article-comment-federer-des-ilots-d-excellence-dans-un-ocean-de-mediocrite-et-si-nous-reparlions-de-rene-renou-42562696.html ) mais mon bref passage près du château du Roi René me pousse à remettre sur l’ouvrage sur le métier.

Le 25 juin 1948, à Deauville, à l’initiative du Syndicat de la marque d’origine « Pays d’Auge » se tenait, sous la présidence du baron Le Roy président de l’INAO, le 1ier Congrès de l’Origine. A la fin du dîner de clôture, auquel le Ministre de l’Agriculture de l’époque n’assistait pas, le baron Le Roy « qui a présidé tous les travaux de la journée avec infiniment d’autorité et d’entrain » soumettait à l’assemblée un projet de DÉCLARATION. Mise aux voix, elle fut adoptée à l’unanimité. Pour les congressistes elle devait devenir « la charte des produits d’origine en créant l’unité de doctrine ».

baron.jpg

La voici, et ne me dite pas qu’elle sent la naphtaline, surtout le point I.

 

I.                   – Un produit est d’origine lorsqu’il a une originalité propre, une personnalité consacrée par des usages et une renommée constatée.

Les qualités substantielles que doit présenter un produit s’origine résultent :

1°- de facteurs naturels dont le rôle est prépondérant : le climat, la nature du sol, l’exposition, la flore spontanée, les variétés végétales cultivées ou espèces ou races animales élevées. Ces facteurs se situent dans les limites d’une aire de production qui constitue la circonscription d’origine ;

2°- de facteurs dus à l’action continue du producteur qui contribue à l’affirmation et au développement de l’originalité du produit : méthodes de cultures, procédés de fabrication, de transformation et de conservation.

 

II.- Les produits d’Origine constituent, pour la France, un patrimoine d’une richesse incomparable qui bénéficie d’une réputation mondiale qu’il convient, dans l’intérêt national de sauvegarder, de développer et de valoriser.

Dans ce but, il importe :

1°- que les producteurs intéressés consentent l’effort de discipline nécessaire pour maintenir et affirmer l’originalité ayant fait la réputation de leur produit ;

2°- que les Pouvoirs Publics, avec le concours des organisations professionnelles intéressées, aient une politique suivie en matière de protection des appellations d’origine, notamment dans les négociations avec les pays étrangers en vue d’éviter les usurpations et les fraudes, à charge de réciprocité ;

3°- que les groupements agricoles intéressés mettent au premier rang de leurs préoccupations cette protection agissante des appellations d’origine qui constituent un des éléments fondamentaux du relèvement de l’agriculture ;

4°- que, dans le cadre actuel de la politique économique de taxation des prix, les produits d’origine bénéficient d’un réajustement relatif de prix correspondant à leurs qualités substantielles.

 

III. – Décide, en vue de poursuivre l’action entreprise, la création d’un organisme professionnel de coordination et d’action ayant pour mission de veiller au maintien de l’unité de doctrine établie par le 1ier Congrès de l’Origine.

 

Vieilleries que tout cela diront certains ! Pas si sûr, même si bien évidemment nous ne sommes plus en 1948. Ce qui me frappe dans les évolutions actuelles, alors qu’à l’envi j’entends proclamer la nécessité de réguler nos productions agricoles, c’est l’abandon de la réflexion et de l’action collective pour refonder un système de création de valeur sur nos territoires.

Les fronts du refus ne débouchent sur rien. L’aquoibonisme conduit lui à un repli sans plus de perspectives. Reste à prendre de la graine sur ces bâtisseurs, à sortir des postures, à faire bouger les lignes, à inventer de nouveaux espaces d’initiative, à bousculer le conformisme des lamineurs simplificateurs pondeurs de directives. Leur laisser le champ libre c’est leur abandonner notre avenir et je sais d'expérience qu’il n’est pas dans de bonnes mains. À nous de sortir de nos ronchonnements pour reprendre le pouvoir, là où il est, là où il est toujours prenable. Je ne vais pas vous bassiner avec mes vieilles antiennes mais les absents ont toujours torts !   

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16 juin 2010 3 16 /06 /juin /2010 00:09

Pour un tout petit blasphème j’ai failli, tel la Jeanne de Domremy, finir sur un bûcher. La Sainte Inquisition d’Aragon&Castille me clouait au pilori pour que l’honneur du Grenache et de l’English réunis soit sauf. À peine avais-je eu le temps de reprendre mes esprits, de faire résipiscence, que je lisais sous la plume du natif d’un des 3 évêchés de l’Est au temps du Saint Empire Germanique un outrage d’une toute autre portée : les Châteauneuf-du-Pape goûtés par lui, hormis le Rayas, ne seraient que des « vins de chasseurs ». De plus, l’homme à la barbe fleurie, emporté par sa provocation osait compresser cette illustre appellation en un CNDP fleurant bon un quelconque comité. J’en fus, vous le comprendrez, totalement bouleversifié.  tartarin_de_tarascon02.jpg

Certains m’objecteront que cette qualification n’a rien d’outrageante, les chasseurs étant, en règle générale, des gens forts honorables. Bien sûr il y a des viandards, des je tire sur tout ce qui bouge, mais sans aller jusqu’à la caricature type Tartarin de Tarascon je ne suis pas certain que dans la bouche de François le Débonnaire cette appellation non contrôlée générique puisse être assimilée à un compliment. Mais alors, qu’est-ce donc un vin de chasseurs ? N’étant moi-même ni chasseur, ni très intéressé à la chose cynégétique je vous confesse ma totale incompétence pour amener des éléments de réponse à cette angoissante question. Reste à ce que vous, vous vous y colliez pour nous éclairer. Dans le lot de mes lecteurs y doit bien y avoir quelques chasseurs. Attention, mon appel n’est pas le signal de l’ouverture de la chasse au François. Ici, seul le ball-trap est admis, vous pouvez lui voler dans les plumes mais avec courtoisie.

 

Je pourrais en rester-là sur les « chasseurs » chers à François le Débonnaire mais ce serait de ma part pure hypocrisie car en effet, dans ma vie professionnelle, par deux fois j’ai eu à l’occasion de « croiser » des chasseurs d’en haut. Ceux du bas, je les ai aussi fréquentés lorsque je chalutais du côté du Marais Vernier mais je ne suis pas sûr qu’ils fussent de grands amateurs de CNDP lui préférant le petit jaune avec des glaçons.

 

Au 78 rue de Varenne, avec l’ONF, nous gérions des « chasses » à Chambord, Rambouillet et Auberive en Haute-Marne. Les ministres y invitaient de fines gâchettes ou de supposées telles. La chasse étant, en l’occurrence, un haut lieu de ce que l’on qualifie « d’influence ». Mon Ministre se tamponnait des chasses, je devais donc opérer en ses lieux et place le choix des invités. Hormis quelques habitués : Charasse, Souchon, Guy Ligier j’avais tout le loisir de puiser dans le vivier de nos obligés qui se bousculaient au portillon. Dans le lot un beau paquet de gens du vin, des Bordelais entre autres François mais, même sous la torture, je ne parlerai pas. De vrais chasseurs, des fines gueules et des grands amateurs : alors vin de chasseurs ?

 

Sorti des ors de la République un jour je fus chassé par un cabinet de chasseurs de têtes de la rue de la Paix pour le compte d’un « gros machin » (sans rapport avec le secteur du Vin sauf à l’occasion de la vinification) Je consultai donc le profil du poste et, à ma grande stupéfaction, je découvris que parmi les compétences requises pour le poste y figurait : la chasse. Ces messieurs avaient omis bien sûr la capacité à bien se tenir à de grandes tables tant pour le solide que pour le liquide. N’ayant pas donné suite je ne puis me prononcer sur les qualités de ces messieurs à la chasse comme à la table : alors vin de chasseurs ?

 

Pour que tu en prennes bonne note, cher François, sache que le domaine de l’ami Alain Jaume c’est « Le Grand Veneur » sans doute pour être vraiment pile poils dans ton cœur de cible.   les-20origines_1.jpg

Enfin, j’ose espérer que sur le bord du lac de Garde, à la Villa d’Este, une grande dégustation  de « Vins de Pêcheurs à la Mouche » sera organisée par nos amis vignerons suisses ?

 

J’oubliais, comme j’ai un faible pour une « chasseresse » je puis témoigner de son inclinaison, non pour le CNDP, mais pour le Banyuls, le Porto et autres douceurs dois-je en conclure que sont des « Vins de Chasseresses »

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15 juin 2010 2 15 /06 /juin /2010 00:09

Comme la modestie n'est pas mon fort il est des jours où je me dis «Berthomeau mon coco t'es le meilleur !» Rassurez-vous chers lecteurs pas l’once d’une polémique dans cette chronique mais je profite que l'actualité adore les pieds de nez pour ajouter une petite couche d'ironie à une histoire qui a fait ler buzz avant de déballer ma marchandise. En effet Le Monde titrait hier « L'anglais est-il en danger ?» Alors qu'il conquiert le monde, pourquoi recule-t-il aux USA et au Royaume Uni ? La linguiste Henriette Walter soulignait dans un entretien « l'anglais est beaucoup plus menacé que le français, car il existe aujourd'hui sortes d'anglais à travers le monde. Il y a l'anglais d'Inde, d'Afrique du Sud, du Canada, etc. Sans compter l'anglais international, le pauvre petit enfant de la famille, le plus malheureux.»

 

Fermez le ban !

 

Je reviens à mon affirmation titre : Accéder à la splendeur d’un Grand Grenache est plus aisé que de goûter l’Humour Anglais pour, tel l’arrogant Saül, après avoir laissé accroire que je fusse un pourfendeur du Grenache et de ses adorateurs causant anglais, j’emprunte avec le peu d’humilité dont je dispose mon chemin de Damas. Pour autant je ne vais pas vous infliger, tel St Paul, des épîtres mais seulement justifier le titre de mon chapitre.

 

Vous commencez à me connaître et si j’osais écrire que, tel les 6 malheureux bourgeois de Calais, j’allais, corde au cou, en chemise, livrer à nos amis anglais les clés du Clos des Papes, vous ne me prendriez pas au sérieux. Mon projet est bien plus ambitieux comme vous allez pouvoir le constater.

 

Tout d’abord, pour couper court à mon soi-disant désintérêt pour le Grenache, en dépit de mes récentes frasques, sachez qu’icelui me doit beaucoup.

Incommensurable orgueil !

J’en conviens, et pourtant c’était au temps où le regretté Paul Avril présidait le Comité National Vins de l’INAO. La République me dépêcha dare-dare sur les terres chères au feu baron Le Roy de Boiseaumarié pour démêler les lances et les dagues, non des Armagnacs et des Bourguignons, mais de deux maisons antagonistes. Rien ne pouvait plus les rassembler, même pas le Grenache. Dans les litanies des conflits, pensez-donc, même la fameuse bouteille écussonnée, aux armes du Pape se trouvait prise en otage. Allais-je devoir, tel Salomon, menacer de la trancher en deux ? Pas très pratique pour livrer le nectar, fils du Grenache et de quelques autres géniteurs, aux fines papilles de nos amis anglais.

 

Belle transition pour revenir à mon sujet du jour en vous proposant quelques tranches de « l’un des plus grands romans humoristiques du siècle » selon Anthony Burgess : « Augustus Carp » de Sir Henry H. Bashford.

Pourquoi diable, me direz-vous ?

Tout bêtement pour vous démontrer, sans l’ombre d’un doute, qu’ « Accéder à la splendeur d’un Grand Grenache est plus aisé que de goûter l’Humour Anglais ». Subsidiairement aussi pour justifier mon anglophilie déclarée mais contestée par notre Hervé.

Bien sûr j’ai lu ce livre en français mais avec l’onction du défunt académicien Pierre-Jean Rémy « Comment le traducteur a-t-il su s’y prendre pour nous donner l’illusion de lire en anglais ? ». Entendez-moi bien chers lecteurs même si goûter l’humour anglais est plus mal aisé que d’accéder à la splendeur d’un Grand Grenache, ce n’est pas pour autant mission impossible surtout avec « Augustus Carp » publié en 1924 dont l’incandescence satirique est sans pareille. Je suis à peu près sûr de vous convaincre même si l’humour anglais se mérite.

 Démonstration !

Genou-7981.JPGLe baptême d’Augustus Carp ou l’art du slips au cricket  

 

« ... je venais à peine d’être tendu au vicaire quand survint une exacerbation si vive de mon érythème que, dans les convulsions qui s’ensuivirent, il fut incapable de me tenir [...] Cependant, ayant chu des bras du vicaire, je restai un moment en équilibre sur le bord extrême des fonts puis, basculant vers l’avant, entrai en collision avec le pasteur qui, dans un effort pour me sauver, fit un faux pas en arrière. D’un mouvement que j’estime inspiré par la meilleure science balistique, je rebondis alors du pasteur titubant vers les pieds du vicaire adjoint qui devint inopinément l’instrument de la Providence. Je ne suis pas personnellement adepte des disciplines dites athlétiques, que d’ailleurs, je n’approuve guère. Mais en l’occurrence, il fut peut-être heureux que le vicaire adjoint en question se trouvât être un fin joueur de cricket. Car, alors que le sang se figeait dans toutes les veines et que ma tête n’était plus qu’à un pouce du sol, il projeta ses mains en avant et réussit à m’attraper, accomplissant du même coup le geste connu, je crois, sous l’appellation technique de slips. »

 

 Le choix de la profession d’Augustus Carp ou la langue française fait obstacle

 

«Pendant un certain temps aussi, nous examinâmes soigneusement les éminents mérites de la diplomatie pour laquelle, nous en convînmes, mon père et moi, j’étais à bien des égards admirablement prédisposé. Et je reste convaincu que j’aurais trouvé, dans le poste d’attaché comme dans celui d’ambassadeur, un emploi conforme à mon tempérament et à ma foi. Malheureusement, une telle carrière impliquait l’apprentissage de la langue française avec tous les périls afférents, et mon père ne put se résoudre à m’y exposer. Avait-il raison en cela ? On peut sans doute en discuter et j’ai rencontré depuis plusieurs messieurs apparemment pieux qui, non seulement, à ce qu’on m’a dit, parlaient cette langue couramment, mais avaient délibérément séjourné dans son pays d’origine. Personnellement, tout en me refusant à les condamner, je dois toutefois avouer que je partage les vues de mon père et je m’avise sans déplaisir que le pasteur de ma paroisse est précisément de la même opinion. »

 

L’entrée dans la vie de jeune homme d’Augustus Carp ou le temps des vices

 

« Fort heureusement, toutefois, et en grande partie grâce aux incidents relatés qui avaient forgé mon caractère, je pris conscience d’emblée que j’étais irréversiblement engagé dans la période la plus critique de la vie d’un jeune homme, savoir les années, si fatales à la grande majorité, comprises entre son dix-septième et son vingt-quatrième anniversaire. C’est alors, hélas, enivré qu’il est de se savoir bon à marier, pour reprendre l’expression de mon père, qu’il commence à fréquenter le bureau de tabac et le débit de boissons, afin d’acheter la cigarette qui, inéluctablement, l’attirera vers la compagnie d’être veules et licencieux, et la liqueur fermentée qui les mènera que trop sûrement au cercueil de l’ivrogne.

Ce n’est pas tout. Car c’est au cours de ces mêmes années que, délaissant les joies du foyer – ces innocents jeux de groupe que sont, par exemple, le cache-dé à coudre ou le moins connu Up Jenkins *, ou encore la joyeuse réunion devant l’harmonium familiaux accents de « une souris verte » -, c’est alors qu’il pénètre dans la fosse (si bien nommée) d’un quelconque théâtre tapageur et dégradant »

 

  • divisés en 2 équipes, douze joueurs se passent une pièce de main en main sous la table, le but du jeu étant de savoir qui tient la pièce au signal d’arrêt.

 

Bien évidemment, j’encours de la part de certains d’entre vous le reproche, en agissant de la sorte, de tourner autour du pot de Grenache, de me dérober à ma nécessaire repentance, mais tout arrivera en son temps. Pour l’heure, il me fallait retisser les liens de l’Entente Cordiale que j’avais brisé en une chronique gouailleuse et si représentative de mon absence de flegme face à la toute puissance de la langue anglaise en notre monde mondialisée. Il n’est qu’un point sur lequel je ne céderai pas c’est que l’on qualifiât, pour me river le clou, que celle usitée dans les tours de verre et d’acier brossé soit celle de Wiliam Shakespeare.    

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14 juin 2010 1 14 /06 /juin /2010 00:09

Oui j'ose ! L'amour du vin et l'amour tout court s'enlacent en des lieux mystérieux, insolites et merveilleux. Ça ne s’invente pas, à deux pas de la rue des Martyrs, en notre ville capitale, est sis l’Hôtel Amour. Comme le note Stéphanie Dreuillet dans son opus « Hôtels Insolites » chez Jonglez : « l’hôtel Amour est devenu le lieu de rendez-vous du quartier. Ne cherchez pas le comptoir de la réception de l’hôtel, le concierge ou le bagagiste, il n’y en a pas. Il n’y a d’ailleurs pas non plus d’entrée pour l’hôtel : il faut passer par le restaurant, et un escalier caché derrière une porte permet de monter dans les chambres... » L’auteur, au détour d’une phrase, lâche que les chambres peuvent aussi être louées pour quelques heures ce que, souligne-t-elle, « certains habitants du quartier trouvent évidemment très utile... » Et pourquoi nos ami(e)s provinciaux, grands œnophiles qui montent à Paris n’y trouveraient-ils pas, eux-aussi, une grande utilité ? » www.hotelamourparis.fr.

Rien là de très insolite, rien qu’une modernisation du 5 à 7 me feront remarquer, du bout des lèvres, ceux qui disent qu’ils ne pratiquent pas. N’étant pas riverain je n’ai pas testé le lieu et je dois avouer que c’est plutôt lorsque mes pas me portent jusqu’au fond de nos beaux terroirs que tous mes sens s’éveillent et réclament de l’extraordinaire. Alors, comme je ne prise guère l’oenotourisme, je vais lancer quelques idées pour allier l’amour et le vin, en des lieux qui vous rapprochent du 7ième Ciel.

Au temps où je sévissais au 78 rue de Varenne, pour faire bisquer mes très chers collègues du Génie Rural, grands érecteurs de ces « magnifiques » châteaux d’eau qui obstruent nos paysages bucoliques tels des champignons bubons de béton, je leur présentais une supplique : « et si vous m’aménagiez une chambre tout au sommet ce serait faire la preuve de leur utilité... » Prendre de la hauteur, « dormir » dans les arbres – c’est devenu aujourd’hui presqu’aussi commun que de dormir dans Formule 1 – faire chambre à part, goûter l’ivresse de lieux à nul autres pareils, se dire que la nuit est aussi faite pour dormir, relève de la seule hygiène de vie qui vaille.

Alors, pour vous plaire, donner des idées à mes amis vignerons : une belle bouteille en cadeau d’accueil dans la chambre, j’extrais du livre précédemment cité les 3 lieux qui ont inspiré mon titre.

 

Le Phare de Kerbel www.pharedekerbel.com   photo-633305958333906250-1.jpg

« C’est en lisant la rubrique des ventes aux enchères de Ouest-France que Daniel eut la curiosité de visiter le phare de Kerbel. En arrivant à son sommet, il est tombé amoureux de la vue, et l’a acheté.

Contrairement à la plupart des phares traditionnels, ici, on ne dort pas en bas, dans la maison du gardien, mais à 25 mètres de haut, après avoir gravi 123 marches. La vue à 360°, grâce à de grandes baies vitrées, est extraordinaire et donne sur Groix, Lorient, la Baie de Quiberon. »

 

La Villa Cheminée www.uncoinchezsoi.com  Genou-7978.JPG

« La Villa cheminée est un extraordinaire projet artistique réalisé par le japonais Tatzu Nishi pour la manifestation Estuaire 2009 Nantes-Saint-Nazaire. L’œuvre d’art est finalement restée pérenne et il est possible d’y dormir...

L’artiste a ainsi installé un pavillon typique des années 70 en haut de ce qui ressemble nettement à une cheminée d’usine (il s’est inspiré du château de Fer, la plus grande centrale thermique à flammes de France).

Située sur la pointe de l’Ile de la Nation, la villa a une vue imprenable sur l’estuaire de la Loire et le Sillon de Bretagne.

Le pavillon comprend au rez-de-chaussée une cuisine équipée ainsi qu’une salle de bains. À l’étage, une chambre avec un lit double.

Un étonnant petit jardin prend place autour de la maison. »

 

Demeure de la Vignole www.demeure-vignole.com  Genou-7973.JPG

« Installée dans un ancien village troglodytique du XIIe siècle, la Demeure de Vignole (XVIIIe siècle) possède une très belle chambre troglodytique à deux étages entièrement creusée dans la roche mais aussi et surtout (c’est moins fréquent) une remarquable piscine chauffée totalement troglodytique : creusée dans la roche, elle est illuminée par une lumière douce dont la couleur change grâce à un jeu d’éclairage judicieux.

À côté de la piscine, une ancienne salle d’extraction de la pierre de tuffeau qui servit ensuite de salle de pressoir du raisin a été transformée en salle de fitness. »

 

Le bonus : Le Chai de la Paleine www.paleine.fr « Ambiance viticole et conviviale dans ce petit hôtel installé dans une belle propriété. L’intérêt principal du lieu est de prendre son petit-déjeuner dans les foudres »

 

Voilà très chers lecteurs alors il ne vous reste plus que 2 choses à faire :

 

1° acheter le livre de Stéphanie Dreuillet  « Hôtels Insolites » chez Jonglez 15,90€ c’est une mine ;

2° mettre de belles bouteilles dans les chambres insolites ! Allez les gars et les filles de la Loire, et d’ailleurs : du Muscadet à la Touraine en passant par l’Anjou et tout et tout allez au devant des amoureux. Contribuez à leur élévation jusqu’au 7ième Ciel...

 

 

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13 juin 2010 7 13 /06 /juin /2010 02:09

Tout allait trop  bien pour que ce fusse honnête. Notre sortie sans accroc de la nasse berlinoise, en dépit du baratin de Sacha, m’intriguait. Je n’en laissais rien paraître à Jeanne. Après une nuit où nos corps s’accordèrent au-delà de mes espérances elle me témoignait une confiance sans limite. Pour passer le temps elle jouait au tennis sur un cours en terre battue plein de nids de poule avec la colonie des mâles sud-américains. Ceux-ci, les argentins surtouts, la draguaient sans se soucier de ma présence. Nos surveillants officiels me semblaient bien trop bienveillants, trop coulants, obséquieux jusqu’à l’écœurement. Alors, comme je n’avais strictement rien à faire et que cette cavale inopinée bouleversait tous mes plans, je m’employais à lever mes doutes. Que les services soviétiques appuyés par leurs diligents collègues est-allemands aient perdu aussi facilement notre trace dans une ville truffée de mouchards professionnels, de flics, m’amenait à conclure que notre cavale était entre leurs mains. Que souhaitaient-ils faire de nous lorsqu’ils nous coinceraient dans la souricière choisie par eux ? Des exemples pour leur propagande contre les vilenies des affreux impérialistes américains. Pensez-donc, une Mata-Hari ayant entraîné, par la séduction de ses charmes, un haut dignitaire du régime soviétique à tomber dans l’enfer du jeu et à se retrouver dans l’obligation d’être à leur solde, accompagnée d’une vermine gauchiste elle aussi à la solde de l’Ouest. Du pain béni ! Si cette hypothèse, qui tenait la route, se révélait exacte, il me fallait très vite, sans éveiller les soupçons de nos accompagnants, prendre mes manipulateurs à leur propre jeu.

Mon seul et mince atout s’appuyait sur ma capacité d’anticipation face à des adversaires, certes retors, mais lourds, obéissants à une chaîne hiérarchique peu réactive. L’esprit en éveil je cherchais, en vain, une occasion de faire faux bond à notre petit groupe de rosbifs boutonneux. Nous devions repartir, direction Varsovie, dans cinq jours. Nous retrouver aux portes de l’empire soviétique me renforçait dans l’idée que c’était là que la tenaille allait se refermer. La première ouverture vint de Jeanne qui, au détour d’une conversation, m’informait que deux de ses partenaires chiliens, membres du MIR , regagnaient leur pays car ça chauffait dur pour le bon docteur Allende. Les accompagner ! Sous quel prétexte ? La solidarité bien sûr mais je ne pouvais pas passer par la voie ordinaire pour les visas car, en dépit des lenteurs de réaction de mes sbires, nous risquions de ne pas dépasser la salle d’embarquement de l’aéroport de Prague. Le soir, au dîner, même je demandais sans explication de céder aux charmes d’Ernesto, le moins moche des chiliens. À ma grande surprise elle s’exécutait sans protester. Au petit déjeuner, l’as de la raquette et de la flute de Pan paradait comme un petit coq de combat. Je bichais car je pouvais ainsi enclencher la deuxième phase de mon plan : le persuader, via la belle Jeanne, de se rendre illico à l’ambassade d’Algérie pour obtenir en urgence deux visas pour prendre le vol 2616 de SAS en partance de Prague pour Quito via Schiphol. Notre Ernesto sous l’effet de ses phéromones ne fit aucune objection et accepta nos conditions de discrétion. Sous un prétexte fumeux il quittait une séance où d’augustes maîtres nous vantaient les mérites de l’expression du réalisme prolétarien dans la danse contemporaine.

 

Pour bien comprendre la mécanique en œuvre, il faut se garder de comparer le temps d’aujourd’hui à celui d’une époque où les liaisons entre les ambassades et leur pays d’origine ne bénéficiaient pas des moyens modernes et rapides de communication. Le téléphone comme les télescripteurs étaient utilisés avec parcimonie car les grandes oreilles américaines tétanisaient les services d’en face. Pour les visas le poste gardait une capacité d’appréciation et c’est ce qui nous sauva d’un contrôle tatillon. L’urgence, ma carte du Parti, emporta la décision et le fonctionnaire déploya un zèle qui nous permit d’obtenir en un temps record les sésames des autorités tchèques. Là encore, ce ça peu apparaître étonnant, alors que nous étions surveillés comme du lait sur le feu, mais ce n’était que la conséquence du fait que les gens d’en face croyaient avoir tout prévu sauf que nous nous risquions à quitter le territoire munis de documents en règle. Les fonctionnaires compétents, non informés, se hâtèrent de faire plaisir à des ressortissants de partis frères s’embarquant à la hâte pour soutenir un président affichant ses amitiés avec Castro. Restait maintenant pour nous à exécuter la partie physique de notre évasion et là nous allions devoir jouer serré. Ernesto, prêt à gober le moindre des bobards de Jeanne, pris pour argent comptant que nous nous retrouverions dans l’avion car auparavant nous devions nous rendre à l’ambassade d’URSS pour que l’attaché culturel nous remit un message de soutien aux élites intellectuelles du Chili. C’était si gros comme ficelle que je crus qu’il allait avoir des doutes. Il n’en fut rien. Au cours de la dernière nuit dans notre hôtel perdu dans les bois Jeanne l’épuisait.       

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13 juin 2010 7 13 /06 /juin /2010 00:09

Cher monsieur Perrin,

 

Alors que les mots volaient – je me garderai bien d’oser écrire à quelle hauteur – votre lettre pleine d’humour et d’élégance m’a empli du même plaisir que si j’eus partagé avec vous, autour d’une table nappée de blanc, un de ces Grands Grenache que vous avez célébrés sans pour autant les canoniser.

Permettez-moi de vous citer. « Cher monsieur Berthomeau : vous ne vous êtes pas rendu à la messe, et ce n’est pas faute d’y avoir été convoqué (on l’aura compris !) Et si vous nous parliez un peu du grenache que vous aimez, de la volupté, des transes qu’il procure, surtout dans la compagnie de « gentes damoiselles papillonnant autour de beaux verres emplis du nectar du cépage susdit. » ?

Cela à coup sûr nous divertirait, car d’avoir passé tout le week-end dans ces sphères célestes, en compagnie des hautes huiles, parlant plus que buvant, réfléchissant dans une langue étrangère, a peut-être modifié insidieusement notre perspective,  nous (toutes celles et ceux qui ont participé à ce conclave) éloignant de ces nobles » jouissances, entre amour et ironie légère, qu’on sait si bien cultiver dans « notre » douce France, en bonne compagnie. »

Vous comprendrez aisément, cher monsieur Perrin, que je me soumettrai de bonne grâce à votre demande de transcrire  la volupté, les transes que me procurera le goût d’un grand Grenache. Cependant vous devrez patienter car, pour ce faire, il faudra que je transporte mon irritante personne jusque Châteauneuf-du-Pape où je compte de nombreux amis, et sans doute aussi un paquet de détracteurs. Quand, comme moi, en ce beau village, on a fait le médiateur entre deux factions irréductibles, il est difficile de plaire à tout le monde. Ce transport se situera à la fin du présent mois et, si mes neurones veulent bien se connecter avec mes papilles je ne manquerai pas d’immortaliser mes transports.

Dans l’attente de la relation écrite de ce divertissement, permettez-moi cher monsieur Perrin de vous faire suivre un courrier que j’avais jeté, telle une bouteille à la mer, à « L'inoubliée et l'indomptée : Dominique Sanda et Mouglalis Anna » le 12 avril 2008. Je le fais dans le but avoué de me laver de « l’odieuse insinuation » de n’être qu’un homme à femmes alors que je m’honore d’être un homme qui les aime, qui aime leur compagnie pour cultiver avec elles l’art de la conversation, et plus si affinités. Goûter le vin, le boire, ne fait qu’ajouter en cette circonstance quelques degrés, à la volupté du plaisir partagé.

Au plaisir de vous revoir cher monsieur Perrin pour que vous contribuiez à mon éducation de goûteur et en vous remerciant encore de supporter la lecture de mes lignes. Avec mon meilleur souvenir.

Jacques Berthomeau  

 

Chère vous,



L'inoubliée et l'indomptée, l'une pourrait-être ma compagne et la seconde ma fille, mais la première vit en Patagonie avec l'homme de sa vie et vous, Anna, qui venez d'être mère, au a minuscule près, vous portez le même prénom que celui de la mère de mes petits enfants Martin et Zoé.

 

Vous faites toutes les deux les actrices. Dominique avoue : « j'ignorais mon souhait d'être actrice quand Robert Bresson m'a appelée pour être Une femme douce après m'avoir vu dans Vogue. » Ce que vous, « la trop belle » Anna, au dire de Brian de Palma, confirmez : « c'est le hasard qui vous mène dans ce métier ». 

 

Anne-Cécile, ma fille, elle aussi est tombée dans le cinéma par hasard, celui d'une rencontre, et la voilà avec son mari, productrice : Mille et Une Productions, avec comme fleuron le dérangeant Cauchemar de Darwin. Pour la petite histoire – la grande avec un grand H n'a pas de chair –  j'ai dîné, lors d'un festival d'Avoriaz, face à vous Dominique, alors que vous Anna je n'ai jamais eu le plaisir de vous croiser alors que vous chevauchiez votre scooter et moi, mon vélo.


Comme le cinéma « était une rupture avec sa famille » changer de nom, pour Dominique, était « naturel », alors « Sanda est venu tout de suite. Je voulais être DS, et avoir un nom doux, qui sonne comme une note de
musique. » Le votre, Anna, on se prend les pieds dedans facilement, et pourtant vous n'en avez point changé, ce qui ne m'étonne pas de votre part car, en dépit de votre sourire « à faire craquer un blindage de sept pouces »votre tempérament ne vous incline guère aux concessions, alors va pour Mouglalis et ceux que ça dérange n'auront qu'à prendre des cours de diction au Conservatoire. Très vite, l'une comme l'autre, la notoriété vous est tombée dessus très vite ; pour Dominique ce succès lui était « quasiment insupportable » alors que vous, « l'éperdue de beauté brute », acceptez de devenir l'égérie de Chanel et de vous faire couvrir de fleurs par l'envahissant Lagerfeld.



« Par définition, les actrices projettent des images qui ne sont pas elles... » se défend Dominique Sanda mais, pour vous deux, par delà votre jeu, hors de nos phantasmes masculins ou de notre imaginaire, ce qui m'émeut, me trouble, c'est qu'au-delà des personnages que vous incarnez sur l'écran vous me semblez, comme le dit si bien Dominique, n'aimer que les gens qui savent « exister en apesanteur » car vous-même êtes des éthers, impalpables, insaisissables, à la fois grisantes et froides. Assonances et dissonances, intellectuelles et charnelles, fiévreuses et tragiques, silencieuses et lointaines, pour moi vous vivez pleinement, sans trop de concessions, parce que «  la vie à cette saveur qui fait qu'on n'a pas envie de la perdre. »

 

 Entre la Dominique Sanda du Jardin des Fizzi Contini et l'Anna de Merci pour le chocolat se tisse le même lien d'éternelle jeunesse, privilège unique du cinéma. Entre l'inoubliée et l'indomptée, par-delà vos différences, se dresse la même solitude altière qui me plaît.


C'est le privilège de  mon âge que de pouvoir garder, et la fraîcheur de ses souvenirs, et la fougue d'un vieux jeune homme adepte de la diagonale du ouf, alchimie merveilleuse, loin des embûches de l'amour, de ses toujours, pure esthétique me permettant de vous écrire, en toute liberté, en toute sincérité ces quelques mots que, sans doute, jamais vous ne lirez chère Dominique, chère Anna.


En ces temps où tout s'achète et tout se vend, mon acte gratuit me donne le doux privilège de pouvoir vous embrasser avec volupté très chères vous, si proches et si lointaines.


Jacques

 

 

Réponse datée du 14 août 2008 :

« Jacques, ce que vous dites est très gentil et m'a intéressé, je dois pourtant par là même vous corriger une petite inexactitude. Là où vous dites "ces quelques mots que, sans doute, jamais vous ne lirez" vous auriez dû écrire: "que vous lirez peut-être". Surpris? D.S. »

 

Si ça vous dit vous pouvez lire aussi deux autres chroniques :

Cadeau de Noël : « Le Jardin des Finzi-Contini »

«Eperdue de beauté brute»

http://www.berthomeau.com/article-13760933.html http://www.berthomeau.com/article-6848881.html

 

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12 juin 2010 6 12 /06 /juin /2010 00:09

Selon une jurisprudence bien établie ici : je plaisante bien sûr. L’art de la Préface est un art difficile. Celle de Jean-Paul Kauffmann au livre de Maurice Constantin-Weyer : « L’âme du vin » - écrit en 1932 – est un modèle du genre car l’auteur répond à la question « le vin a-t-il une âme » avec la pertinence et le talent qu’on lui connaît (pour la lire ou relire http://www.berthomeau.com/article-30924388.html ). Que du bonheur ! Mais au regard de ce bijou, combien de préfaces besogneuses, pompeuses, où le préfacier n’a de cesse de se mettre en avant pour démontrer son apport inestimable en ces quelques lignes précédant l’ouvrage. Dans ma vie de nègre ministériel j’ai commis des préfaces qui, par bonheur, étaient signées par mon commanditaire.  

Alors pourquoi diable ce titre racoleur ? Tout simplement parce que les deux auteurs ont eu la bonne idée de frapper à la bonne porte pour faire préfacer leur ouvrage. Ils se sont adressés à Hugh Johnson, une référence. Alors, lorsqu’Éric Bernardin écrit sur son blog « à boire et à manger » que la réponse positive d’Hugh Johnson est « un grand bonheur qui vous fait oublier le reste » comme je le comprends. Je le comprends et je le remercie car il me tire une belle épine du pied. Rassurez-vous, à aucun moment les auteurs ne m’ont sollicité pour commettre une préface. En revanche, ça ne leur aurait pas fait déplaisir que je consacrasse une petite chronique à leur livre. Mon problème c’est que nos deux larrons au travers de leur blog : « Une aventure médocaine : le making off de Crus Classés du Médoc »  http://livremedoc.canalblog.com  asséchaient mon inspiration. Donc j’essorais vainement mes méninges en pure perte : je restais sec tel un Michel Onfray s’escrimant à pondre une Préface pour les œuvres complètes de Pierre Desproges.

 

 Il se peut que vous ne me suiviez pas sur le chemin tortueux que j’emprunte ce matin comme à mon ordinaire. Pourtant c’est lumineux : Hugh Johnson m’a sauvé d’une complète déréliction, d’un désastre honteux, en offrant une belle préface au livre d’Éric Bernardin et Pierre Le Hong. Ainsi, comme je suis un grand fainéant, je vais pouvoir vous vanter leur ouvrage par l’entremise d’une grande plume érudite. Et oui, vous m’avez compris, afin de vous épargner une chronique besogneuse voici le beau texte d’Hugh Johnson.  53853923_p.jpg  

« J'ai le sentiment d'avoir assisté à la naissance progressive de ce livre au fil des cinquante dernières années de ma vie.  

 

Peut-être connaissez-vous l'Atlas de la France vinicole, projet lancé durant la Seconde Guerre mondiale par Louis Larmat, un éditeur parisien consistant à cartographier les toutes nouvelles Appellations d'Origine Contrôlée. Il m'avait inspiré pour mon Atlas mondial du vin, écrit en 1970. J'y avais ajouté le dessin d'un chai en coupe (le cru bourgeois château Malescasse) pour expliquer aux lecteurs son organisation et son fonctionnement. À cette époque, je trouvais ce concept pour le moins révolutionnaire.

  

Dans les années 1970, l'auteur néerlandais Hubrecht Duijker produisit une série de livres illustrés avec les photos des domaines viticoles et de leurs propriétaires, complétées par des cartes. Petit à petit, l'idée d'associer dessins didactiques, cartes et photographies pour une présentation exhaustive d'un domaine a fait son chemin dans de nombreuses publications. Pour aboutir aujourd'hui à sa plus belle expression dans ce livre d'Éric Bernardin et Pierre Le Hong.

   

En combinant le récit de leurs recherches, les informations techniques fournies par les châteaux et les photographies des lieux et des personnes qui y travaillent, ils entraînent le lecteur dans une visite virtuelle de chaque domaine. Ils publient également – je pense pour la première fois – la localisation et la nature géologique précises de chaque parcelle contribuant à produire le vin d'un château. En d'autres termes, la définition physique de chaque terroir.

  

C'est quelque chose que j'ai tenté de faire il y a 40 ans pour mon Atlas des vins, mais j'avais rencontré alors une réticence des propriétaires à me livrer ces détails. Après des années de lutte avec les plans cadastraux dans les mairies médocaines, j'ai finalement abandonné l'idée de collecter ces informations. Ici, dans cet ouvrage remarquable, tout le monde peut enfin y avoir accès. En vérité, il est difficile de trouver des questions techniques qui ne sont pas abordées dans ce livre.

   

Dans un chapitre consacré à l'un des châteaux, les auteurs racontent la conversation téléphonique longue distance entre un journaliste étranger et le propriétaire, le premier lui posant sans cesse de nouvelles questions à propos du dernier millésime. Ce dernier, gagné par la lassitude, finit par lui répondre : « Vous êtes bienvenu au domaine pour venir le déguster par vous-même. » Ce qui est naturellement l'essentiel. Peut-être ce livre soulagera les propriétaires de ce genre de conversation jusqu'au milieu de la nuit. Car c'est la meilleure visite virtuelle du Médoc que vous ne pourrez jamais trouver. Laissant à la dive bouteille sa part de splendeur et – Dieu merci – de mystère.

 

Ce que vous devez comprendre du Médoc (et de Bordeaux en général), c'est que ses vins sont surtout des interprétations personnelles d'une certaine tradition (une recette, si vous voulez) ; ils le doivent peu à la nature. Un cru de la Côte d'Or peut être considéré comme une expression quasi prévisible d'un cépage en un lieu déterminé. Ce n'est pas le cas du Médoc. Les Crus Classés possèdent les meilleurs terroirs d'une région déjà privilégiée, dont ils font leur propre interprétation : les vins qui en résultent sont faciles à reconnaître, mais difficiles à décrire et encore plus à comprendre. Vous ne trouverez pas de meilleure tentative de réponse que ce livre qui est entre vos mains. » 

 

53854185_p.jpgAprès une telle lecture vous savez ce qui vous reste à faire pour avoir entre les mains le livre d'Éric Bernardin et de Pierre Le Hong « Crus Classés du Médoc » : l’acheter mais vous devrez patienter encore quelques mois (74 jours je crois) car nos auteurs font durer le suspens. Pour connaître le jour précis allez consulter la petite pendule, tout au bas de leur blog http://livremedoc.canalblog.com qui égrène « les days, les hours, minutes, seconds... » qui restent avant la parution. Voilà, j’en ai terminé de mon labeur matinal qui, je le concède à ceux qui « m’adorent », ne m’a trop coûté d’énergie neuronale mais, en l’espèce, mon seul but étant de vous donner envie de lire l’ouvrage préfacé je n’ai fait qu’appliquer ma nouvelle devise : « on n’est jamais mieux servi que par les autres » surtout en l’espèce où l’autre est Monsieur Hugh Johnson, une référence que j’aurais bien du mal à assumer de ma petite plume badine

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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