Rien n’est pire pour une juste cause que de mauvais avocats. Le dernier édito « Qui veut tuer le vin de France ? » du Guide des 100 Vins de Plaisir pour boire malin et authentique – le meilleur rapport qualité-prix de France (sic) en témoigne avec enflure et démagogie. Il y a chez Périco un Me Collard qui sommeille, ramenard et adepte du tout et n’importe quoi pourvu que ça entre dans le cadre étriqué de ses obsessions récurrentes. Qu’Eric Conan associât sa signature à cette bouillie pour chat me déçoit.
Adepte du « principe de précaution » je me permets de conseiller à ces Fouquier-Tinville à la plume confuse, de lire ces 2 chroniques : « Comment fédérer des îlots d’excellence dans un océan de médiocrité ? Et si nous reparlions de René Renou » http://www.berthomeau.com/article-comment-federer-des-ilots-d-excellence-dans-un-ocean-de-mediocrite-et-si-nous-reparlions-de-rene-renou-42562696.html et « Le CAC 51 : le croskill de la qualité des vins AOC » http://www.berthomeau.com/article-20287518.html avant de me fourrer dans le même sac commode que les présumés tueurs du Vin de France. Je me sens vraiment très à l’aise pour vous mettre le nez dans votre gloubiboulga. Quand est-ce dans notre pays ceux qui se targuent d’exercer la profession de journalistes spécialisés, avant d’étaler des opinions approximatives, péremptoires, mal argumentées, feront l’effort minimal de travailler leurs dossiers. Nos deux procureurs « au petit pied » me semblent plus proches de la profession de « colporteurs » d’à peu près, d’expressions éculées, d’approximations juridiques, que de celle journaliste.
Le modus operandi de nos deux larrons est d’un classiscisme fleurant bon les procès de Moscou. J’exagère à peine.
D’abord désigner le coupable le fameux « meurtrier du Vin de France » ?
L’Europe bien sûr ! Cette vieille carne bureaucratique, cette haridelle sans visage, cause de tous nos maux... Petite remarque avant de céder la plume à nos deux grattes-petit : c’est quoi le Vin de France ? Étrange ombrelle unique mise en avant par ces soi-disant partisans de la diversité des vins de notre doulce France. Massification, globalisation, uniformisation... à trop vouloir prouver le risque est grand de se prendre en pleine gueule une appellation sans contenu réel.
À eux :
« L’Europe n’aime pas la France. Disons qu’elle l’aime bien quand elle s’aligne, se soumet ou accepte de renoncer à tout ce qui la distingue du reste de l’Union. S’il est un secteur où la France a bien une identité nationale, réelle, flagrante, absolue, c’est celui de son patrimoine agricole, au premier rang duquel sa viticulture. Il devient de plus en plus difficile, même pour de pro-européens de la première heure, adeptes du rêve fédéraliste, de défendre la machine à broyer nos spécificités et nos différences nationales qu’est devenue la Commission de Bruxelles. Jusqu’au jour où l’on s’en débarrassera, comme d’un mauvais souvenir, le système Barroso est un cauchemar pour tous ceux qui tentent de préserver un tant soit peu, entre autres secteurs menacés, l’exception gastronomique française. Sans quoi, c’est le peu de foi qui reste dans l’Europe qui disparaîtra. Après les offensives contre les fromages au lait cru, le chocolat pur cacao, les vins rosés sans coupage, et l’arsenal des règlementations imbéciles édictées pour aseptiser le goût de la France, c’est AOC et à nos vins bios que s’attaquent à présents les nettoyeurs bruxellois »
Fermez le ban ! Libre à Périco et à Conan de détester l’Europe, et Dieu sait que par bien des côtés elle est détestable mais pour autant leur exécration ne leur permet pas d’écrire un tissu de conneries.
Ne leur en déplaise, l’AOP n’est pas une « nouvelle norme » mais un outil juridique de protection internationale que la France a soutenu, à juste raison, sous la présidence de Jacques Delors, pour défendre notre système des AOC. Son application au vin n’est ni une bonne ni une mauvaise manière, encore moins une tentative insidieuse de mettre à mal notre « si précieux » système d’AOC qui reste entre les mains de l’INAO. Non l'AOC n’a rien à voir avec une « carte d’identité nationale du vin de France ». Non messieurs l’AOC n’institue pas « l’unicité du vin de France, sur la base de critères géographiques, agricoles et historiques constituant en soi un véritable projet culturel. ». Vous n’avez jamais lu les écrits des pères fondateurs. Vous êtes à côté de la plaque, vous alignez des mots, des phrases comme un charcutier des saucisses. Alors de grâce, épargnez-nous le galimatias que je vais citer un peu plus loin, et merci d’empoigner le balai pour que nous commencions à balayer devant notre porte au lieu d’éructer sur « les gnomes de la Commission »
De plus je signale à nos deux approximatifs qu’à ce jour « les vins bios à la française » n’avaient aucun fondement juridique, le label AB s’appliquait aux raisins produit par une agriculture biologique. Si la Commission a entrepris de définir « un vin biologique européen» c’est à la demande des producteurs bios eux-mêmes, et que le projet présenté par les services de la Commission satisfaisait les producteurs français (si ces messieurs L&C avaient pris la peine de le lire ils le sauraient. Le responsable de l'unité bio de l'UE ayant exposé ce projet lors d'une conférence à Montpellier Bio) mais, que par la suite, via des lobbies et des délégations d’Etats membres, il fut fort édulcoré. Nous sommes 27, et n’en déplaise à nos « fins analystes » le pouvoir de décision reste entre les mains du Conseil des Ministres.
Je cite donc la soupe de Légasse :
« ... À première vue, on se réjouissait que Bruxelles reconnaisse enfin ce concept et en fasse sa référence de désignation et de qualification des produits justifiant la protection de leur spécificité. C’était sans compter sans la malice d’un lobby néolibéral ayant ourdi cette manœuvre pour mieux neutraliser un règlement l’empêchant de marchander en rond.
Car si l’AOC, dans ses fondements, est un formidable outil commercial, elle est en revanche, dans son éthique, un redoutable antidote contre le mercantilisme. Aussi, ne pouvant plus supporter que la France conserve cette exception culturelle pour elle seule, Bruxelles a décidé que cette norme deviendrait communautaire après « adaptation » aux réalités du marché européen et mondial. On devine la suite. »
Honnêtement non messieurs je ne devine pas la suite car j’avoue ne pas avoir bien compris ce qui précédait... Je ne doute pas que vous aurez la bonne grâce d’éclairer ma faible lanterne de vos fulgurances...
Mais, comme si ce brouet ne suffisait pas, ces messieurs, frappent bas, insinuent et comme je l’ai écrit en préambule affaiblisse une juste cause.
Je les cite avec des pincettes.
« Les dégâts n’auraient pas été considérables si des français ne s’étaient pas fait les complices de cette sombre manœuvre en devançant les souhaits de Bruxelles via une réforme scélérate visant tout simplement à vider l’AOC de sa substance. Présidé par Yves Bénard, ancien directeur du pôle champagne du groupe LVMH, à ce titre bras droit de Bernard Arnault (un CV éloquent), le CN de l’INAO a en effet pulvérisé de l’intérieur l’esprit et les principes de l’appellation d’origine, non par une dévalorisation des normes de définition et de contrôle, mais au contraire, en transformant en usine à gaz totalement dissuasive des articles et des clauses rendant les nouveaux décrets aussi rébarbatifs que démotivants.
Par ailleurs, l’AOP sera désormais accordée systématiquement à tous les producteurs déclarants d’une même appellation, le seul contrôle opéré sur les vins, consistant en un « sondage » effectué par prélèvement, ici ou là, au moment de la mise en vente. Ainsi, tous ceux qui n’auront pas été « sondés » se verront décerner l’AOP d’office. Autant parler de plaisanterie, voire de forfaiture. Pour le reste, la nouvelle réglementation se noie dans un enchevêtrement complexe et indigeste de normes et de critères sélectifs, par lesquels le vin n’est plus qu’un « produit » et dont la seule conséquence sera le rejet de l’AOP de la part d’une viticulture écœurée par des contraintes aussi absurdes »
Ouf ! Plus indigeste que ce texte tu meurs. Vocabulaire de la pire espèce, insinuations indignes, tout y est, ça sent mauvais. Mais comme chez Périco on saute de la plaisanterie à la forfaiture je ne suis pas loin de partager l’avis de l’infréquentable Lapaque, qui écrit que ce type est un imposteur http://www.berthomeau.com/article-20980217.html. Que l’on soit très sévère, très critique sur la réforme de l’INAO, mes chroniques citées en référence témoignent que je ne m’en prive pas, mais encore faut-il d’abord étayer clairement son argumentaire et ensuite ne pas se contenter de dénoncer « le silence, la lâcheté, la passivité, pour ne pas dire la complicité des institutions, des syndicats, comités, académies, collectivités locales dont la principale mission devrait consister à préserver l’ensemble des particularismes qui permettent à la France, sur le plan sensoriel, d’être encore la France » Dans les débats menés autour de René et de ma pomme le sieur Périco a toujours brillé par son absence.
Alors lorsque je lis sous la plume de ces deux dénonciateurs « qu’il est donc urgent que la viticulture française de terroir réfléchisse à une nouvelle labellisation privée garantissant l’origine et la définition authentiques du Vin de France » je suis près à faire le chemin de Compostelle pour qu’ils s’abstiennent de venir se mêler à la juste cause d’une réelle refondation des AOC. Comme si l’AOC était un label : ça vaut déjà un carton rouge.
Sur le vin bio c’est du même tonneau « Il est hors de question que le mercantilisme néolibéral bruxellois en laisse le profit aux seuls petits producteurs qui s’astreignent aux vrais contraintes du bio. En assassinant la vérité du vin, on assassine ses auteurs et on banalise la France. Voilà le traitement que réserve l’Europe à l’un de nos précieux patrimoines. Une saloperie de plus que nous ne devons pas laisser passer. »
La ligne Maginot mais au fait Périco ne pourrait-il pas nous écrire un papier sur les positions des différents Etats membres sur ce dossier de la définition du vin bio. Ce serait, à la différence de ses imprécations, du vrai travail de journaliste nous informant sur la réalité du dossier. Mais au fait c’est quoi au juste que la réalité pour Périco ?
PS : Ayant payé 6 euros Guide des 100 Vins de Plaisir pour boire malin et authentique – le meilleur rapport qualité-prix de France, j'ai tout à fait le droit d'exprimer mon peu de goût pour un éditorial dont la fonction principale n'est que de flatter l'égo de ses signataires.