Au risque de déplaire à l'ami François le Débonnaire qui, pour son 2d Davos du vin, a inscrit à l’ordre du jour une belle question : « Comment parler du vin aux jeunes ?» et qui a mobilisé pour y répondre un grand érudit du vin, Jean-Robert Pitte, j’affirme que bien plus que le fond, le ce qu’il faut leur dire, leur transmettre, leur inculquer, c’est la manière de faire qui est déterminante. Bâtir de beaux discours, façonner de superbes argumentaires, en appeler à la culture du vin, constitue bien sûr le socle sur lequel il faut fonder le discours mais toute cette belle approche en chambre, ce plan de bataille élaboré par un état-major pétri de culture, risque fort de ne pas dépasser les murailles du cénacle, de rester lettre morte faute d’être en capacité de toucher les intéressés.
Au temps de la Télévision triomphante le succès de l’émission de Bernard Pivot « Apostrophes » tenait à sa forme ludique, à son amour simple des livres, à l’éclectisme de ses invitations, à sa capacité de briser le cercle des initiés. Proposer une émission populaire, sans tomber ni dans la vulgarité, ni le racolage, est bien plus difficile que de ronronner, de se congratuler entre soi. Bernard Pivot a su toucher les gens, de tous âges et de toutes conditions, les attirer vers le livre, le goût de lire, sans exclusive, grâce à une dramaturgie soignée, une mise en scène s’adaptant à la pâte humaine qu’il recevait, alliant légèreté, profondeur ou franche gaité. C’était tout sauf chiant ! Et Dieu sait si le petit monde parisien des lettres est fermé, consanguin, snob, nombriliste, et tout et tout, mais ils y venaient tous sur le plateau. Pourquoi ? Parce qu’ils avaient la certitude que s’ils réalisaient une bonne prestation ils toucheraient des lecteurs, des messieurs et madame tout le monde qui, pour beaucoup ignorait jusqu’à leur existence. L’émission de Pivot à fait évoluer le métier de libraire, l’a rendu plus attentif à une nouvelle chalandise. Bref, même si certains vont crier à la marchandisation du livre, qui est bien réelle, il n’en reste pas moins vrai qu’on n’attrape jamais les mouches avec du vinaigre.
L’ostracisme des gestionnaires des grandes chaînes de TV généralistes ou des bouquets à l’endroit du vin, qui dépasse largement les prescriptions de la loi Evin, ne permet pas de développer sur ce média fort des émissions grand public diffusées dans des créneaux horaires intéressants. Je le déplore mais vu l’état des forces en présence et l’incapacité du monde du vin à s’unir – ou si peu – je pressens guère un changement de jurisprudence dans les temps qui viennent. Là encore François, sans m’occuper de ce qui ne me regarde pas, comment un Davos du Vin peut-il faire l’impasse sur ce point capital ? Trop franchouillard sans doute mais, même si les marchés émergeants doivent être chouchoutés, il n’en reste pas moins vrai que notre beau pays, s’il veut garder son pouvoir d’influence, qui reste réel en dépit de nos comportements gaulois, les gens du vin se doivent d’exister, de peser, face à ceux qui font l’opinion. Se lamenter, pester, et pourquoi ne pas manifester comme le suggérait JR Pitte lors du débat sur la publicité « alcool » sur la Toile...
Bonne transition, reste la Toile qui comme son nom l’indique, est en capacité de capter, d’attraper, si je puis m’exprimer ainsi, tous ceux qui s’y baladent pour une raison ou pour une autre. Son pouvoir de démultiplication est infini, la capacité de s’y noyer ou de s’y perdre aussi. J’ai le souvenir des sourires entendus, du scepticisme lorsqu’il y a 5 ans je me suis lancé dans l’aventure du blog : joujou d’adolescents boutonneux, pas sérieux Berthomeau ça sent le besoin d’exister à tout prix tout au fond de ton placard. Par défi j’affirmais : nous sommes les radios libres de 81, le seul impératif : durer, faire son trou avec patience, conviction, mais aussi donner une couleur à sa ligne éditoriale, faire des choix de sujets jamais abordés, se ramasser la gueule, tirer parti de ses échecs, ne pas se prendre pour un prescripteur parce que l’on a une belle poignée de lecteurs, perdurer... occuper l’espace, y déposer des graines qui un jour lèveront – si je poste tous les jours c’est pour cette seule raison, être référencé sur un sujet – Je m’explique car c’est là la force de la Toile.
Le blog, contrairement à un site internet, est dynamique, il s’inscrit ou peu s’inscrire sur ou dans des trajectoires initiées par d’autres bien plus puissants que vous grâce à des liens par exemple. C’est l’effet de levier bien connu. Mais pour en bénéficier, comme l’aurait dit monsieur de la Palice encore faut-il être présent, avoir investi sur un sujet, une personnalité, un fait du jour... Je ne vais vous faire un cours sur les mots-clés qui sont les petits cailloux du Net. Mais il y a un mais, pour que les petits cailloux puissent tomber sous les yeux des surfeurs encore faut-il être bien référencé par les moteurs de recherche : le tout puissant Google en premier bien sûr. Pour ma part j’ai bénéficié de l’effet « rapport Berthomeau » sur la Toile dès 2001 qui m’a permis d’être bien référencé par lui.
Pour illustrer mon propos je vais prendre un exemple récent :
L’effet nouvelle émission de TV : celle de TF1 Master Chef (qui a fait l’objet d’une grosse campagne de pub :
Deux cas de figure pour le surfeur :
- soit il tombe sur le site de l’Express.fr un post « Master Chef la recette d'un show bien huilé » où il est écrit :
Rajoutez une pincée de Nouvelle Star...
« TF1 a décidé de pimenter son programme en faisant appel à un jury de professionnels digne du télé crochet musical de M6. Sébastien Demorand/Philippe Manoeuvre, Frederic Anton/Manu Katché et Yves Camdeborde/Dove Attia sont prolifiques en remarques cultes du type « je n'ai pas bu de vin, mais vous m'avez saoulé » et prompts à faire passer les aspirants cuisiniers sur le grill. Sans doute une des seules vraies réussites du programme »
Si vous cliquez sur Sébastien Demorand vous tombez où ?
Sur une chronique du mardi 16 juin 2009 2 16 /06 /2009 00:03
« 3 Questions à Sébastien Demorand « briseur d’étoiles » http://www.berthomeau.com/article-32594230.html
- soit il en ayant tapé Sébastien Demorand sur Google sur la 1ière page en 5ième Position il trouve 3 Questions à Sébastien Demorand « briseur d'étoiles » - Le blog ...16 juin 2009 ... Dans la famille Demorand ce matin je cuisine Sébastien avec mes 3 Questions après m'être éveillé au son de la voix de Nicolas sur ... www.berthomeau.com/article-32594230.html - En cache - Pages similaires
Résultat des pics de connections de 1000/jour et depuis un flux régulier de connections... Si je vous décris le phénomène ce n’est pas pour flatter mon ego ou parce que j’ai les chevilles qui enflent, mais tout bêtement pour vous dire que ce faisant j’ai attiré sur mon blog une population qui n’y serait jamais venue autrement. C’est de l’hameçonnage qui se traduit, en un % difficile à évaluer, par de nouveaux lecteurs, de nouveaux abonnés. Même si ça peu paraître microscopique, insignifiant, il n’en reste pas moins vrai que ça a plus d’impact auprès de la population des non-initiés qu’un article dans une revue spécialisée qui par construction ne s’adresse qu’à des initiés et qui tombe dans l’oubli très rapidement.
Cet effet est régulier, l’ampleur de la réactivation dépend bien évidemment de l’impact du sujet sur la population mais, presqu’à tout coup c’est de la télévision que provient le déclenchement. Alors ne vous étonnez pas lorsque parfois j’aborde des sujets qui vous paraissent périphériques, sans rapport direct avec vos préoccupations du moment – mais il faut de temps en temps aussi lever le nez au-dessus du guidon ça permet de mieux humer les tendances – ce sont mes petits cailloux mes investissements à long terme, certains auront un retour d’autres non mais qui ne tente rien n’a rien. Bien sûr ce n’est qu’une petite contribution pour la cause de l’extension du domaine du vin aux non-initiés, à ces jeunes que François dit vouloir s’adresser. Le vecteur blog les touche bien plus que tous les colloques, articles ou autres joyeusetés. Et si nous conjuguions nos efforts au lieu de rester enfermé dans nos cercles d’initiés, si nous ouvrions des fenêtres sans asséner nos certitudes, et si nous cessions de nous éparpiller, de nous faire plaisir...
C’est donc avec un certain sourire que je consulte les sondages sur les blogs qui ne sondent que la population des initiés qui, à juste raison se tournent vers des prescripteurs qui leurs donnent de bons tuyaux, de bonnes adresses... Pour ma part je n’ai ni la compétence, ni le goût pour une telle approche parfaitement légitime mais qui ne fait que transporter ce qui se fait dans la presse écrite sur le Net. Certains vont m’accuser en lisant ces lignes de m’auto-attribuer une fonction supérieure à celles de mes collègues que je lis avec le plus vif intérêt, que nenni ! Ni hauteur, ni supériorité seulement un champ d’action différent que je mets à la disposition des gens du vin. Mon souhait le plus cher c’est qu’ils en profitent. Que vous, vignerons, celles et ceux qui font et vendent le vin en profitiez tout en étant les « appâts » de tous ceux, jeunes ou moins jeunes, qui passent du temps sur la Toile et qui, au hasard tombe chez www.berthomeau.com. Comme je l’ai écrit récemment, et ce n’est pas en contradiction avec ce que je viens d’écrire, je ne suis pas un bloggeur influent, mais un Petit Poucet qui, grâce à vous, à vos vies, vos produits, vos histoires, qui je le répète essaime ses petits cailloux ou ses petites graines comme l’aurait dit ma mémé Marie à propos des enfants qui naissaient dans les choux. C’est ça qui m’amuse. C’est ça qui me motive.
Pour clore ce prêche pro-blog, dans le même esprit de prosélytisme pour la cause du vin, l’organisation de mon « Grand Concours de l’été » m’a amené de nouveaux abonnés, de nouveaux lecteurs. Si j’ai pu le mettre en œuvre c’est grâce à la gentillesse de mes amis que j’ai tapé pour les lots. Je les en remercie beaucoup. Sans grands moyens, sans logistique, avec un petit peu d’imagination il est possible d’être ludique, de contribuer à faire aimer le vin. Je m’étonne que les grands zinzins qui croulent sous vos cotisations, n’investissent pas un centime dans l’intelligence de nos concitoyens. Bien sûr les plaquettes papier glacé ou les campagnes de pub ça flatte plus l’ego du président et ça justifie le rôle éminent de la structure. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, je n’ose écrire quand on peut faire comme tout le monde. Franchement, pour sortir du lot, se distinguer, faire le buzz, soit on fait le coup du Poulet de Loué (ma chronique http://www.berthomeau.com/article-le-poulet-de-loue-ne-dit-pas-la-verite-il-doit-etre-execute-54605785.html qui m’a valu un message sympathique de la direction de l’entreprise adepte de l’humour et de la précision), soit on se remue les méninges pour sortir des sentiers battus des vendeurs de com en kit. Mais bon c’est votre argent amis vignerons, ce n’est pas le mien. En matière d’humour je salue au passage le Président de la région Aquitaine Alain Rousset qui m’a fait savoir qu’il avait été très sensible à mon Adresse pour sauver le soldat Sheppard du bûcher http://www.berthomeau.com/article-adresse-a-alain-rousset-president-de-la-region-aquitaine-il-faut-sauver-le-soldat-zoe-sheppard-du-bucher-55202213.html
Je m’en tiens-là car je sens que ceux qui m’adorent commencent à voir poindre de l’urticaire sur leur peau de maîtres du troupeau... Ruez-vous sur vos mulots pour dézinguer ce prétentieux Berthomeau ! La chasse est ouverte ! Mais comme je ne suis plus un perdreau de l’année je ne risque pas grand-chose...