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16 mars 2011 3 16 /03 /mars /2011 00:08

patrick-roy-retour-assemblee_articlephoto.jpgOui ce matin je me souviens de l’AS Denain-Voltaire

Du mythique Jean Degros

C’était au temps où à la Vaillante Mothaise je jouais au basket-ball

« Au nord c'était les corons

La terre c'était le charbon

Le ciel c'était l'horizon

Les hommes des mineurs de fond »

Hier au Palais Bourbon c’était une autre chanson

Dans l’hémicycle flottait un parfum d’humanité

Et rouge était la veste du député

A qui la Faculté à la fin de l’an dernier

Donnait  «quelques semaines, voire quelques jours à vivre».

Patrick Roy député-maire de Denain

L’«empêcheur de tourner en rond».

Le très souvent rappelé à l'ordre pour ses apostrophes, ses adresses,

Au ministre du Travail «et du chômage» et celui de l'Intérieur «et de l'insécurité».  

S’est adressé au ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand,

Sur la diversité culturelle et notamment sur le rock métal, dont il est fan.

«La vie est tellement belle

Face à la mort redoutée, il y a la vie espérée, ce souffle vous me l’avez tous donné»

Au Président de l’Assemblée, son adversaire préféré

Il a déclaré

«Je n’oublierai jamais, alors que je vous vilipende à longueur de séance,

Vous avez été à mes côtés, sans failles, toujours».

Tout simplement il a dit à ses adversaires et camarades assemblés

«Dès demain, je redeviens un opposant farouche

Mais je vais vous le redire : Je vous aime toutes et tous.

La vie est belle».

En ces temps où la démocratie est tant désirée sur les rives de la Méditerranée

Où elle est en notre vieux pays quelque peu ébréchée

Au-delà de la pure émotion laissez-moi écrire Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté

Union sacrée autour de la vie, de notre vie ensemble,

Simple parenthèse d’émotion vite refermée

Ne la gâchons pas, ne la raillons pas, prenons-là, gardons-là

Oui ce matin je me souviens de l’AS Denain-Voltaire

Du mythique Jean Degros

Que j’ai vu jouer contre la Vendéenne de la Roche-sur-Yon

Du nord avec ses Wiznieski et de tous ces noms en ski

Nous ne nous posions pas de questions

D’origine ou de religion

Nous aimions le même maillot

Tous ensemble accroché au même terreau...

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15 mars 2011 2 15 /03 /mars /2011 07:30

Samedi dernier, faisant fi des usages en vigueur en notre doulce France qui font de ce jour pour beaucoup de nos concitoyens, quittant d’ordinaire leur domicile le matin pour n’y rentrer que le soir, une sorte de jour de rattrapage : les courses, le ménage, le bricolage, le repassage et moult autres activités domestiques, dans ma chronique matinale link citant Anna Arendt, qui établissait une distinction nette entre animal laborans et Homo Faber, je tentais de mettre l’accent sur la dérive du haut artisanat de la couture, de la bouche et du vin. En un mot comme en un seul magnifier ce que fait la main et souligner que la couture, fusse-t-elle haute, a besoin de petites mains, et qu’il en allait de même pour la cuisine et le vin.

 

N’en déplaise à certains je suis de ceux qui estiment que le Couturier, le Chef de Cuisine ou le Vigneron ne sont pas des artistes mais des artisans, ce qui sous ma plume n’a rien de péjoratif. Et pourtant ils créent me direz-vous ! Oui à leur manière, même si souvent ils ne font que réinterpréter, dépoussiérer, épurer, revitaliser, approfondir, inventer même grâce aux techniques nouvelles. L’apport de ces créateurs est incontestable et mon propos pré-dominical n’était pas de le contester mais d’introduire dans la réflexion une donnée, qui certes n’est pas nouvelle mais fort prégnante, la puissance de l’argent.

 

Alors, afin de prolonger mon propos, mieux l’éclairer, vous amenez à réfléchir sur une dérive que nous pouvons déjà constater dans ce que j’ai dénommé, faute de mieux, la Haute Vitiviniculture, je vous propose de lire cet extrait de L’Introduction d’un livre de Sarah Thorton « Sept jours dans le monde de l’art » chez Autrement. Ces lignes sous la plume d’un auteur qu’il serait difficile de classer dans les pourfendeurs du système libéral (elle écrit entre autre dans The Economist) sont très intéressantes pour qui veut bien prendre la peine de les lire.

350px-GoldCalf.jpg« Paradoxalement, une des raisons expliquant la popularité de l’art est son coût. Les prix élevés font les titres des journaux, et ont à leur tour contribué à généraliser l’idée que l’art est un luxe et un symbole de statut social. Au cours des dix dernières années, les riches de tous les pays du monde sont devenus encore plus riches et le nombre des milliardaires s’est accru. Pour citer François Curiel, directeur de Christie’s en Europe : « Réussir comme entrepreneur ou homme d’affaires ne suffit plus. Pour être respecté et admis parmi l’élite – devrais-je parler de cirque ? » –, il faut avoir, et aimer avoir, de l’art sur les murs. »

Il ne fait pas de doute que le nombre des gens qui collectionnent, ou plutôt accumulent les œuvres d’art, est passé de quelques centaines à plusieurs milliers. En 2007, Christie’s a vendu sept cent quatre-vingt-treize œuvres à plus d’un million de dollars pièce. Dans notre monde virtuel, où tout se clone, des possessions artistiques équivalent à des biens immobiliers ; elles sont considérées comme de solides avoirs, qui ne risquent pas de disparaître. Et les maisons de vente aux enchères attirent à présent des gens qui jusqu’ici étaient plutôt tenus à l’écart de ce milieu. Comme la revente est assurée – ce qui est nouveau –, ils sont maintenant convaincus de faire un bon investissement, ce qui a rendu le marché plus fluide.

Les effets d’un marché aussi fort se sont rapidement fait sentir. Non seulement les prix sont devenus astronomiques, au désespoir des collectionneurs, mais les galeries ont doublé la surface de leurs locaux, et l’argent a fini par descendre jusqu’aux artistes, dont certains sont devenus aussi riches que des vedettes du showbiz. Les critiques remplissent les pages des journaux, les conservateurs quittent les musées pour des emplois mieux payés dans le monde des galeries. Mais le marché a aussi affecté les façons de voir, d’où les craintes que la validation d’un prix de marché ne vienne détruire toutes les autres formes d’appréciation : la critique positive, les récompenses et les expositions dans les musées. On a dénoncé certains artistes, comme Damien Hirst, dont le travail a déraillé suite à son immense envie de vendre. Même les marchands dotés d’un robuste sens des affaires vous diront que gagner de l’argent ne devrait être qu’un corollaire et non l’objectif principal d’un artiste. L’art a besoin de motifs plus profonds que la recherche du profit s’il veut conserver sa différence et sa supériorité sur d’autres formes culturelles. »

 

Soyez joueur : faites comme moi détournez certaines phrases vers notre cher nectar qui, après tout, n’est qu’une marchandise. Alors, à quoi bon se priver, comme le proclamait Guizot « Enrichissez-vous ! » qui est plus est, avec bonne conscience, puisque c’est sur le dos d’adorateurs du Veau d’Or.

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15 mars 2011 2 15 /03 /mars /2011 00:04

Dans la série « le chêne français dans tous ses états » link je vous conte ce matin une belle histoire que vous auriez tort de jeter à la poubelle car bien sûr elle parle du vin, de ce vin qui se love dans les merrains (ce n’est pas du Ginsbarre mais c’est tout comme « le creux de mes reins ». 1886.jpg

 

Le 21 octobre 2004, dans la salle des ventes de Cerilly il flotte un parfum d’Histoire : pour la dernière fois sont mises en ventes des chênes des parcelles de la futaie Colbert en forêt de Tronçais. La vente d’automne est toujours la plus prestigieuse mais là les happy few du tonneau savent qu’ils vont assister à la dernière vente. En 1669, le célèbre Ministre des Finances de Louis XIV par une ordonnance sur les Eaux et Forêts entreprend de restaurer les forêts royales laissées à l’abandon, dont celle de Tronçais. Avec elle, et la remarquable continuité de sa gestion, nait le mythe de la futaie droite. « Depuis le premier aménagement en futaie régulière en 1832, le choix des essences, le mode de traitement et les critères d’exploitabilité sont restés les mêmes [...] Les différents gestionnaires de Tronçais se sont appuyés sur une approche pragmatique et une bonne connaissance de l’histoire de la réserve située au cœur de la forêt. Résultat : Tronçais n’est pas une forêt plantée et la régénération naturelle assure la conservation génétique de ses chênaies. »

 

Fermez les yeux, imaginez-vous pénétrant en ce lieu magique : « le charme agit : on est pris par la hauteur vertigineuse de la canopée des hautes futaies, par la rectitude des fûts, par la finesse de l’écorce, par l’abondance de belles tiges, par l’esthétique des vieilles futaies, mélangées, étagées clairiérées. Puis, au fur et à mesure des sorties, on découvre les charmes cachées de la forêt : vigueur de l’osmonde royale *, les fontaines cachées dans les fonds, l’abondance des arbres monumentaux, la toponymie évocatrice... » Y aller ! Se laisser pénétrer ! Le rendez-vous est pris. Nous irons !  rond_de_morat.jpg

De ces arbres âgés de plus de 300 ans, l’Office National des Forêts en conserve une partie au titre du domaine. Les autres parcelles sont commercialisées car « passée leur limite d’âge, les arbres meurent sur pied » explique Olivier Poite de l’ONF. En 5 ans les derniers lots de la prestigieuse futaie ont été commercialisés. La dernière vente signifie la dernière coupe « ces grands chênes qu’on abat » et le dernier acheteur l’entreprise Canadell merrandier* a convié ses clients et les amis de la forêt de Tronçais www.amis-troncais.org . « Début novembre, près de 150 personnes se retrouvent près de l’étang de Tronçais, direction la futaie Colbert. Jaunes, vertes, bleues, rouges, des inscriptions bizarres, incompréhensibles, couvrent l’écorce de quelques troncs. Explication d’Olivier Poite « Ce sont les acheteurs qui font leur estimation avant la vente. Ils viennent en forêt avec leur cahier de vente de bois de l’ONF. Le trait rouge au pied de l’arbre est un martelage de l’Office. Il indique le lot à vendre. Un acheteur passe en moyenne 4 heurs sur une parcelle. Sur le tronc de l’arbre, les entreprises qui répondent à l’appel d’offre portent leurs repères, leurs indications. » La vente se fait en bloc, sur pied. L’ONF a un rôle de grossiste. Le contrat de vente prévoit un délai d’exploitation de 18 mois. Les coupes se font toujours durant l’hiver. Pour un merrandier, la qualité d’un chêne se repère à son pied plus développé, et surtout, son tronc rectiligne. Ce bois serré et régulier permettra de fabriquer des barriques d’une exceptionnelle qualité »

 

Je reviendrai dans une prochaine chronique sur la merranderie qui consiste à produire des merrains, c’est-à-dire des pièces de bois, généralement de chêne, fendues en menues planches, dont on fait des panneaux, des douelles de tonneaux et d’autres ouvrages. Le mot merrain est apparu deb 1624 et Buffon l’emploie pour désigner la matière du bois de cerf « Le merrain gros et bien perlé, avec un grand nombre d’andouillers forts et longs. »

 

Pour clore ce chapitre je vais vous narrer l’histoire du Morat, un grand chêne sessile de légende de la forêt de Tronçais vieux de 350 ans. La forêt de Tronçais « recèle 40 arbres exceptionnels par leur âge, leur taille et la qualité du bois. Il n’et pas dans la politique de l’ONF de mettre en vente ses arbres exceptionnels. Toutefois, ils ne sont pas éternels et le Morat était condamné. Il avait mal supporté la canicule de 2003, et son écorce était la proie des capricornes (variété de coléoptères). Aussi de grand chêne sessile, une variété particulièrement recherchée par les ébénistes et la tonnellerie, fut mis en vente aux enchères sur pied le 18 octobre 2005. Luc Sylvain, tonnelier et viticulteur de Libourne acquit le Morat pour la somme de 7790€. Près de 39 mètres de haut, 1,30 m de diamètre à la base du tronc, 19 m3 s’un bois d’exception. Débité en merrains puis façonnés en fûts, notre tricentenaire commença une autre vie au service de l’élevage de vins d’exception. »

« En 2009, la vente aux enchères de dix barriques bordelaises de 225 litres, décorées par des artistes plasticiens, rapporta 39000€ à l’association caritative la Voix de l’enfant ! Un record ! Ces fûts étaient pourtant vides, mais ils avaient été fabriqués avec le bois du Morat, un chêne de légende, vieux de 350 ans » www.tonnellerie-sylvain.fr  

 

à suivre sur mes lignes...

 

Cette chronique n’a pu exister que par le talent de Marielle Roux du BIMA janvier/février 2005 et de Laurent Fritsch d’alim’agri janvier/février 2011 (BIMA = Bulletin d’Information du Ministère de l’Agriculture auquel alim’agri s’est substitué.

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14 mars 2011 1 14 /03 /mars /2011 00:09

 

L1000458Comme promis Fleur revient ce lundi avec, dans son grand panier d’osier, une très belle bouteille bien sûr, mais surtout un de mes premiers souvenirs d’enfant celui de l’amande que je croquais après avoir sucé la fine couche de sucre qui l’enveloppait pour en faire une dragée. Elles étaient roses ou bleues, fille ou garçon, pour les baptêmes, blanches pour les mariages. Aujourd’hui Fleur a mis le cap plein Sud pour nous conduire aux portes des Cévennes.   03.jpg

« C’est beau, les amandiers sont en fleurs ! », m’a répondu Jean ce matin au marché, alors que je venais aux nouvelles.

 

Jean Hager, c’est un spécimen  rare, aussi passionné que têtu, bien décidé à ne pas laisser l’invasion californienne effacer de la carte les amandes du Mont Bouquet link La France importe 90% des amandes consommées, et Charlemagne, qui déclarait que chaque maison devrait  avoir son amandier, doit se retourner dans sa tombe. ..

 

Mais la bataille, loin d’être gagnée, continue chez ces irréductibles au pied du Mont Bouquet dans le Gard, qui cultivent  en famille amandes  et olives, et les transforment en merveilles de finesse et de gourmandise.

 

Notamment, une petite bouteille que l’on dirait d’or liquide, qui en effet loge un trésor : une huile d’amandes grillées, pressée à l’ancienne, non raffinée.

 

A la fois douce,  puissante, délicate complexité aromatique et longueur en bouche interminable, c’est une petite potion magique, comme une dimension nouvelle pour toutes les crudités, les poissons et viandes blanches,  mais aussi et surtout pour les desserts.

 

Alain Passard, qui est venu avec moi rencontrer Jean, en a fait l’essai sur sa fameuse tarte aux pommes« bouton de rose » : un grand moment !

 

Vous l’aurez compris, je suis vraiment dingue d’amandes, aussi – une fois n’est pas coutume –,  je me suis laissée gouverner par ma gourmandise : j’ai glissé dans mon panier, avec ma bouteille dorée, une galette de pâte d’amandes « complète » : amandes entières (non émondées) et sucre de canne. Un autre petit bijou !Thumbnail-2

 

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 Avec ces douceurs d’amandes, une résonance bourguignonne : l’ami Jacques m’avait convié il y a peu à une dégustation  (la contre étiquette)  où nous avions rencontré et dégusté les jolis vins de Fanny Sabre.

Un meursault sous-la-Velle,  qui murmure au nez une poésie printanière de lilas, jasmin, acacias, agrumes…et amandes bien sûr ! La bouche est à la hauteur de la première promesse ; distinction et sensualité.

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Fleur Godart

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13 mars 2011 7 13 /03 /mars /2011 02:09

Non sans mal je réussis à me dépêtrer du couple que ma référence aux fachos d’Occident avait émoustillé. Caricature de petits bourgeois intellos, lui Hector de je ne sais plus quoi, journaliste à l’Obs., elle, Stéphanie, oscillant entre féminisme et folle envie de sortir de sa petite vie étriquée, je leur offrais un exotisme bien plus pimenté que le Chili con carne local.  Pensez-donc un américain faisant le coup de poing à la Sorbonne avec les enragés ça vous change des éternels amis du samedi soir brassant toujours les mêmes histoires. Sur le quai je leur promis de les rejoindre pour l’apéritif au bar de leur hôtel. Je gagnai ensuite à pied la vieille ville coloniale si caractéristique de ce que pouvait être un grand port, nœud de voies maritimes, au XIXe siècle. La mondialisation ne date pas d’aujourd’hui, elle a commencé de s’inscrire dans l’histoire économique lorsque la Révolution Industrielle a provoqué une faim de matières premières et Valparaiso a joué, jusqu’au percement du Canal de Panama, un rôle de poumon pour le Chili. Embossée dans sa baie le port et son continuum urbain, tissu architectural adapté à l’amphithéâtre des collines, m’offrait une superbe unité formelle dont se détachait une multitude de clochers d’églises. Valparaiso, même si sa splendeur passée se marquait de quelques rides, vivait. Ville universitaire le climat y semblait moins lourd qu’à Santiago et, le soleil aidant, j’empruntai l’un des quinze funiculaires, les ascensores, qui s’accrochent aux flancs des cerros pour relier la plaine littorale aux quartiers résidentiels. À l’image de celui de Montmartre, le temps de trajet y est bref : 35 secondes pour l’Ascensor Barōn et 80 secondes pour l’Ascensor Artilleria que j’empruntai depuis la Plaza Aduana. D’ailleurs, ce dernier avec un beau dénivelé de 48 mètres fonctionnait sur le même principe que celui grimpant jusqu’au bubon du Sacré Cœur : deux paires de wagons en parallèle sur des voies terrestres animés par le contrepoids.

240px-Ascensor_Artilleria_in_Valpara-C3-ADso.jpgComme tous les funiculaires menaient au cœur historique de la ville, construit autour de la Plaza Sotomayor, je me promis de faire quelques sauts de puces le lendemain. Pour l’heure, après m’être désaltéré à une terrasse, je me rendis à pied à la Sebastiana, la maison de Pablo Neruda, qui, ironie de l’Histoire, après avoir été désigné en 1969 par le parti communiste pour être son candidat à l’élection présidentielle, et s’être désisté en faveur d'Allende comme candidat unique de l'Unidad Popular, avait accepté, après l'élection de ce dernier, le poste d'ambassadeur en France. Alors que lui coulait de beaux jours à Paris, rencontrant là-bas une autre grande figure de la constellation communiste Mikis Theodorakis et y publiant deux livres intenses : La espada encendida (L’épée en flammes), et Las piedras del cielo (Les pierres du ciel), où il méditait sur la solidarité nécessaire et le silence du monde, alors que moi je m’embourbais dans son pays qui se délitait. Chemin faisant, alors que dans ma tête me revenait ces mots du poète « Si nous parcourons tous les escaliers de Valparaiso, nous aurons fait le tour du monde », je m’arrêtais dans un bureau de poste pour expédier un télégramme au Grand Homme à Paris : « Voir Neruda lors de mon passage à Paris – stop – Embrassez Francesca – stop – Les carottes sont cuites – stop – stalinien un jour – stop – stalinien toujours – stop » signé MOI.

220px-La_Sebastiana_Neruda_1.jpgDerrière son grillage la guichetière, malgré ses verres en cul de bouteille et ma rédaction en français, ne semblait guère troublée par la lecture de mon texte, je supposai qu’elle n’y comprenait goutte, et après avoir apposé un nombre incalculable de violents coups de tampon sur mon formulaire, j’avais la surprise de l’entendre me déclarer en un français impeccable « Paris est la plus belle ville du monde... » Face à mon silence ahuri elle soupirait « J’aimerais tant y aller... » en réajustant le col de sa blouse de service. Face à cette fille sans âge, aux cheveux huileux, dont le maigre sourire laissait entrevoir une dentition chaotique, une bouffée de compassion m’envahissait. Je trouvais assez de ressource pour lui demander « Vous avez appris où le français ? » Les sœurs, sa mère fille-mère, son père un basque reparti sans laisser d’adresse, la pauvrette intarissable me narrait le fil de sa vie tristounette. La file qui s’agrégeait dans mon dos ne marquait aucune impatentience. Sans l’interrompre je réglai mon du. Elle me tendait mon reçu. Alors, sans réfléchir, je tirais de ma poche intérieure un rouleau de dix billets de 100$ et, le plus discrètement possible, je le posais au pied de sa batterie de tampons tout en quittant précipitamment le bureau de poste. Dans la rue je me mis à courir comme un voleur à la tire pris en flagrant délit et coursé par la maréchaussée. En nage je ne m’arrêtai qu’une fois arrivé dans le quartier Bellavista dont les murs servaient de support aux peintures des élèves des écoles d’art de Valparaiso. Je m’achetai une glace à la pistache. Le soleil déclinait. Je me sentais léger, heureux. Il me fallait trouver un hôtel pour la nuit. Je me dirigeai vers le « quartier chinois » en sifflotant l’Internationale.

Chili: les funiculaires de Valparaiso à bout de souffle - Centrefrance
Aussi poussifs que charmants, les célèbres funiculaires qui gravissent depuis plus d'un siècle les collines de Valparaiso sont en péril. Ces joyaux touristiques du Chili qui survivent par le seul amour de machinistes, sont désarmés les uns après les autres. Durée: 51 sec
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13 mars 2011 7 13 /03 /mars /2011 00:09

J'aime Lavilliers ! Pas compliqué le mec, brut de décoffrage le fils d'un employé de la fameuse Manufacture d'Armes et Cycles, primaire diront les intellos, rien à traire moi il me botte le stéphanois avec sa voix chaude et tout et tout et la salsa... Pas d'équivalent dans le panorama de la chanson française, pas une ride, du punch, de l'esbrouffe un peu mais aussi de la poésie avec un hommage à Léo Ferré. Lavilliers était à l’Olympia à Paris du 5 au 13 mars 2011et sa tournée 2011 part en province.

 

« Paraît-il que d’applaudir Bernard Lavilliers à Saint-Étienne est différent d’ailleurs… J’ai longtemps eu la chance de suivre ce « grand fauve d’Amazone » pour le compte de la presse locale, un peu comme son journaliste attitré. Ce papier-là remonte à décembre 2001. Nanar était revenu boire à sa source stéphanoise pour un magistral et captivant concert empreint, comme il se doit, de gravité, de dignité » 

 

Ce papier d’un localier, cheville ouvrière discrète de la presse régionale, me va bien et je vous le livre. 

 

Comment va le monde ? / Il est rouge sang / Et à mon avis il l’est pour longtemps. » La chanson de Lavilliers est, en ces premiers jours du siècle, désespérée. « Que veux-tu que je sois / Dans cette société-là ? Simplement un homme qui ne nous parle que de dignité. Non pour s’en draper comme on s’habille de vertu, mais pour la brandir, enflée d’une colère qui gronde dans un monde de Barbares. Pas pour lui le théâtre des armées, non, mais l’agora d’un monde qui souffre, d’un monde en guerres contre lequel, Petit, il crie : « Un enfant / Avec un fusil trop grand / Un enfant / Marche lentement / A pas hésitants / Au milieu du sang / Et du silence… » Immense émotion dans la salle qui, après avoir applaudi, comprend ce qu’elle vient d’applaudir. Acclamations renouvelées, d’une rare ferveur, on sent l’artiste comme chaviré, essuyant furtivement des larmes. Nous t’avions oublié, Petit, mais l’actualité se charge de te ramener au premier plan d’un monde en feu, d’un monde de fous. Le Lavilliers d’hier au soir est cette gravité imprimée dès l’entrée en scène, tonalité rock quasi irréelle, ne tirant de son répertoire que des chansons qui, mises en perspective, nous signifient qu’il n’a jamais chanté autre chose que cette folie des Hommes. Et qu’elle est plus grande que jamais. Lavilliers lucide, d’une autre race à l’évidence. Du Clan Mongol ! Et Bernard le voyageur, auto-baptisé « régional de l’étape », qui chante à domicile dans un chez-lui qui lui tient à cœur. « Bien sûr que ça me fait quelque chose de chanter ici » lance-t-il à une salle amie. Lavilliers est un grand frère qui est parti un jour de la maison mailler sa vie au contact de celle des autres. Et qui revient à terme échu nous parler de ses émotions, de ses indignations, de l’universalité. Ceux qui voyagent ne vieillissent pas et n’ont pas l’esprit étroit, non. « Jeunes et larges d’épaules / Bandits joyeux, insolents et drôles (...)

Dignité dans les textes de Lavilliers, dans sa posture de désormais référent de la chanson française (il suffit de constater l’amplitude d’âges de son public pour deviner qu’il touche tout le monde), dignité de ces gens qui ont rempli la salle et fait ovation à Petit et aux Mains d’or, à ces enfants à qui on impose guerre, à ces autres et plus grands à qui on retire travail. Tout Lavilliers est malheureusement d’une brûlante actualité. Tout Lavilliers porte l’estampille d’un de nos plus grands artistes. »

 

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12 mars 2011 6 12 /03 /mars /2011 00:09

Haut Fonctionnaire, Haute Couture, Haute Cour, Haute Société, Haute Bourgeoisie, Haute École (attention il s’agit de cheval, pour les Écoles elles sont chez nous Grandes tout comme la Bourgeoisie), Haut Dignitaire, Haute Naissance, Haute Assemblée... de cette liste non limitative il est logique de tirer une première conclusion : les membres de ces groupes sociaux ont en général une Haute Idée d’eux-mêmes.  Ils occupent la pointe de la pyramide sociale, ils se vivent comme la crème de la société, l’élite, même si une nouvelle catégorie sociale prolifère : les Nouveaux Riches bousculant l’Ancien Monde en introduisant dans le système des Grands Prédateurs dont certains s’apparentent à une Haute Pègre en col blanc.

photoLgant.jpg Illustration de Romain Slocombe « L'homme élégant a compris que le plus difficile dans l'existence n'est pas d'obtenir ce que l'on désire, mais de s'en satisfaire» texte de Roland Jaccard

 

Reprenons de la hauteur pour remarquer que, contrairement aux cartons d’emballage toujours pourvu d’un HAUT et d’un BAS, il est extrêmement rare d’accoler Bas ou Basse à Fonctionnaire ou Société par exemple, exception faites de nos amis anglais qui osent Chambre Basse comme pendant de celle des Lords. Bien évidemment les rieurs pourraient m’opposer que dans le domaine parlementaire l’usage de basse-cour serait fort approprié. Reste que pendant fort longtemps nos départements, montagnards ou traversés par un fleuve, eurent droit à des appellations infâmantes telles que Basses-Alpes, Basses-Pyrénées, Bas-Rhin, Seine-Inférieure et Loire-Inférieure... De nos jours nous n'avons gardés que les Hauts et les Hautes : Corse, Garonne, Loire, Vienne, seuls les Alsaciens sont restés stoïques. Imaginez une seule seconde la tête des Bordelais si les législateurs de l’An VIII avaient affublée la Gironde d’une appellation du type de Garonne-Inférieure c’eut été d’un absolu mauvais goût.

 

Trêve d’ironie facile revenons à la trilogie de mon titre Haute Couture, Haute Cuisine, Haute Vitiviniculture pour souligner que la première appellation est fort répandue, la seconde revisitée par le chroniqueur gastronomique américain Michael Steinberger, la dernière de mon cru n’apparaît pas sur les écrans radars des médias car dans le vin c’est le produit final qui est magnifié : Grand Vin, Grand Cru Classé. Je concède que cette appellation est d’une laideur insoutenable et qu’elle retombera sitôt cette chronique dans la géhenne de l’oubli. Cependant je l’ai employé à dessein afin qu’elle puisse être comparée aux deux précédentes qui sont explicites : la couture est l’action de coudre, et la cuisine est l’action de cuisiner. En effet, même si j’aurais du écrire haute vinification pour traduire l’action de vinifier, l’appellation vitiviniculture traduit mieux la spécificité du monde de la vigne et du vin par rapport aux deux précédentes activités qui ne produisent pas elles-mêmes la matière qu’elles transforment.

 

Le facteur commun dans la trilogie Haute couture, haute cuisine, haute vitiviniculture est très clairement l’artisanat : ce que fait la main. Mais, comme l’écrit Richard Sennett en citant Anna Arendt, il faut distinguer entre animal laborans et Homo Faber. Le premier « est l’être humain proche de la bête de somme, l’abruti condamné à la routine ». L’important, « la seule chose qui importe, c’est que ça marche, le travail est une fin en soi. » L’ «homme qui fait » est lui « le juge du travail matériel et de la pratique ; il n’est pas le collègue de l’animal laborans mais son supérieur. » Pour Arendt, les êtres humains vivent dans deux dimensions. « Dans l’une, nous faisons des choses ; dans cette condition, nous sommes amoraux, absorbés dans une tâche. Mais nous avons aussi un autre mode de vie supérieur dans lequel nous cessons de produire pour nous mettre à discuter et à juger ensemble. Alors que l’animal laborans se fixe la question du « comment ? », l’Homo Faber demande « pourquoi ? » Sennett conteste, à juste raison, cette division parce qu’elle « méconnaît l’homme concret au travail » En effet alors que pour Arendt l’esprit intervient une fois le travail accompli Sennett estime qu’il « entre dans le faire une part de réflexion et de sensibilité. »

 

Dans ce haut artisanat, cette main qui se veut même celle d’un artiste, d’un créateur, notre vieux pays se vivait depuis toujours comme atteignant l’excellence pour tout ce qui concernait la bouche : mets&vin et la mode. Inégalé, inégalable, avec une certaine condescendance nous toisions nos voisins italiens, nous moquions les espagnols et pensions que les anglais n’étaient que des excentriques dans leur vêture et tout juste bons à apprécier nos vins. Au-delà de l’Atlantique ces grands dadais d’Américains s’esbaudissaient devant tant de talents accumulés et se précipitaient à Paris pour prendre d’assaut les étoilés et dévaliser les couturiers tout comme les cheiks pétroliers et une floppée de dictateurs. Puis vinrent aussi les Japonais, fous de Vuitton et de colifichets siglés, gourmets et connaisseurs, avides de tout connaître. Et puis et puis, le mur de Berlin tombait, les hiérarques russes se goinfraient et puis encore du grand ressac de la mondialisation émergeait une cohorte de pays émergeants : la Chine s’éveillait, l’Inde étonnait, le Brésil galopait. Dans cette tectonique des plaques notre hexagone dans ses domaines d’excellence, tout particulièrement le luxe, gardait son rang et de beaux fleurons affichaient une santé insolente : Hermès, LVMH, et quelques grands toqués adossés à des groupes hôteliers. Les GCC de Bordeaux s’envolaient.

 

Alors tout allait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes : l’amour du luxe, ce secret désir de consommer de façon ostentatoire, ce goût de provoquer ses semblables en exhibant sa capacité à gaspiller, à accumuler jusqu’à la déraison des signes extérieurs de richesses, atteignait des sommets inégalés. C’est, m'objecterez-vous, aussi vieux que le monde mais, avec l’irruption de la mondialisation des images par la télévision, puis maintenant l’Internet, tout un petit peuple de consommateurs d’une classe, dite moyenne, disputait aux riches le monopole de la déraison. Tous cherchaient à concilier un désir d’appartenance et un désir de distinction. Alors tous les hauts artisans : Dior, Saint-Laurent, Chanel, Hermès sont devenus, entre les mains des financiers et des marqueteurs, des marques locomotives, des pépites à cash via les produits dérivés : les parfums tout particulièrement. La haute cuisine s’est elle aussi engouffrée dans la brèche et les chefs étoilés sont devenus des marques. Les GCC Bordelais aussi. Mais alors qu’est devenue la main de l’artisan ? N’est-elle plus qu’un instrument manipulé par de grands calculateurs dopés aux surprofits ? Les créateurs laissent-ils la place soit à des provocateurs, type Galliano, qui portent le niveau de bruit médiatique très haut, soit à des conseils qui passent plus de temps dans les aéroports que derrière leurs fourneaux ou dans leurs chais? Certes ils subsistent encore de vrais artisans, des créateurs, des femmes et des hommes qui mettent encore la main à la pâte, qui savent encore placer une fronce ou bâtir un ourlet, vinifier, élever... mais ces anomalies ont parfois bien du mal à tenir dans la durée.  aus_fiche2.jpg

Face à ce mouvement de starification, d’amplification du bruit médiatique, de mise sur le pavois de gourous, de fabricants de tendance, le risque est grand, comme dans le monde de l’Art, de voir les normes du Marché, la dictature de la demande effrénée des Nouveaux Riches, la frénésie d’acquisitions de collectionneurs d’étiquettes prestigieuses, tordre la main de l’artisan, lui imposer un type qui maquille la standardisation en fausse distinction : une forme de Vuittonisation (il suffit de faire griffer un sac par un artiste à la mode manga, comme le japonais Takashi Murakami, pour redonner au modèle traditionnel un parfum de différenciation). Cette prise de contrôle, cette osmose entre finances et luxe, à l’œuvre depuis plusieurs décennies dans la mode touche, de proche en proche, la haute cuisine et la haute vitiviniculture, déplaçant ainsi vers des centres anonymes et mondialisés la réalité du pouvoir y compris créatif. Les prédateurs jettent leur dévolu sur les derniers beaux fleurons encore indépendants – même s’ils rencontrent de la résistance – l’entrée inamicale de LVMH dans le capital d’Hermès en est le plus récent exemple. Ainsi va le monde mondialisé me dira-t-on et encore heureux que ces groupes soient français. Certes, mais ce qui m’importe dans l’analyse que je viens d’esquisser c’est de m’interroger sur la capacité, de ce que nous considérions ,à juste raison, comme nos hauts savoir-faire, à se renouveler, à créer ou plutôt à revisiter la tradition car dans ces domaines, hormis l’apport d’autres cultures, tout change pour que rien ne change.

 

Avec une telle évolution le risque est donc grand de voir le fossé qui séparait déjà des secteurs de haut luxe florissants et de larges pans de la production, plus ou moins artisanaux, économiquement viables mais fragiles, s’adressant au gros ventre de la classe moyenne, se transformer en fracture irréductible. Phénomène éminemment dangereux pour ces derniers secteurs car, dans le même temps et de façon continue, la production pour la consommation populaire, via la GD et le HD, se délocalise dans les nouveaux pays émergeants. C’est déjà inscrit dans la réalité de la mode, c’est aussi un mouvement en marche pour la nourriture avec le Brésil qui domine les marchés de la viande de bœuf et de poulet par exemple, et c’est un phénomène qui pend au nez du vin français depuis une décennie faute de n’avoir su et surtout voulu anticiper sur la gestion de notre ressource vin. La persistance du grand tonneau des AOC indifférenciées porte en elle le germe des futures délocalisations de nos vignobles à forts volumes. Nous allons, si nous n’y prenons garde, nous Houellebecquiser, nous transformer en musée de la Haute Couture, de la Gastronomie et de l’Oenotourisme : nous pourrons ainsi mobiliser sur des écrans plats les monuments historiques que sont Jacques Dufilho avec sa visite du château et l’irremplaçable Pierre Desproges glosant sur son mépris de la Haute Couture.

 

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11 mars 2011 5 11 /03 /mars /2011 09:08

En bonus grâce à la vista de Jean Natoli, qu’il en soit remercié, un grand moment Desprogien pour compléter mes propos matinaux. Je signale à ce propos à mes lecteurs parisiens que Jean Natoli sera lundi prochain 14 mars à Paris

 

STRATAGÈME : une balade géologique et sensorielle dans les vins du Languedoc.

Une soirée conférence-dégustation aura lieu le 14 Mars 2011 à Paris Saint-Germain des Près.

 

Origine et histoire géologiques des terroirs du vignoble languedocien, sélection des terroirs, accompagner l’expression des terroirs en vinification…

 

Trois intervenants présentent leur travail de recherche géologique et œnologique entrepris dans le cadre du projet Stratagème : 11 terroirs, 11 expressions minérales, 11 vins.

 

Invitation réservée aux professionnels et aux lecteurs de ce blog. Inscription et renseignements auprès de Victorine Crispel v.crispel@lagencevinifera.fr

Venez-y passionnant !

 

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11 mars 2011 5 11 /03 /mars /2011 00:09

Les purs buveurs d’eau tout comme les hydrophobes militants me saoulent grave car je déteste les poseurs d’oukases. Pourquoi se priver d’un bon verre de vin pour faire couler la miette ou d’un bon verre d’eau fraîche pour se rafraîchir ? Rien ne le justifie sauf des raisons médicales ou une forme de crétinisme militant. L’interprétation favorable au vin de la célèbre phrase de Louis Pasteur « Le vin est la plus saine et la plus hygiénique des boissons » est à relativiser car elle ne vaut que parce qu’à l’époque l’eau potable était rare. À trop vouloir prouver on s’expose à des prises de manche de râteau dans la gueule du type de celle que nous balance la Mireille Matthieu du coaching télévisuel : j’ai nommé  Christelle Ballestrero qui a de nouveau sévit au cours de l'émission Télématin en empruntant le versant médical de la consommation : boire du vin ferait grossir? Débat inepte puisqu’en effet comme me le faisait remarquer un grand prof de médecine, qui pouvait se le permettre car il y était passé : « Il n’y avait pas d’obèse à Mauthausen ». En effet, manger et boire au-delà des calories nécessaires fait grossir. Dans ma Vendée profonde les vieux pochtrons étaient aussi secs que des sarments de vigne.

 

Tout ça pour vous dire que ce matin je vais vous offrir un bel hommage à l’eau par le truchement d’un érudit des champs : Elisée Reclus (1830-1905) géographe anarchiste internationalement reconnu qui, dans son petit livre Histoire d’un ruisseau, glisse de la poésie dans la géographie. Comme le fait remarquer Jean Cornuault dans son Introduction le choix par Elisée Reclus du ruisseau pour nous parler de l’eau répond aux qualités de celui-ci. Il en retient trois qui me plaisent énormément :

- le ruisseau permet de faire de la géographie près de chez soi,

- le « simple » ruisseau ne paie pas de mine,

- le ruisseau isolé, l’ »humble courant » se joignant à d’autres fait de grandes rivières.

 

Et puisque l’origine d’un ruisseau c’est sa SOURCE je vous propose de lire le premier paragraphe du livre d’Elisée Reclus chez Infolio www.infolio.ch

 

« L’histoire d’un ruisseau, même de celui qui naît et se perd dans la mousse, est l’histoire de l’infini. Ces gouttelettes qui scintillent ont traversé le granit, le calcaire et l’argile ; elles ont été neige sur la froide montagne, molécule de vapeur dans la nuée, blanche écume sur la crête des flots ; le soleil dans sa course journalière, les a fait resplendir des reflets les plus éclatants ; la pâle lumière de la lune les a vaguement irisées ; la foudre en a fait de l’hydrogène et de l’oxygène, puis d’un nouveau choc a fait ruisseler en eau ces éléments primitifs. Tous les agents de l’atmosphère et de l’espace, toutes les forces cosmiques ont travaillé de concert à modifier incessamment l’aspect et la position de la gouttelette imperceptible ; elle aussi est un monde comme les astres énormes qui roulent dans les cieux, et son orbite se développe de cycle en cycle par un mouvement sans repos. »

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10 mars 2011 4 10 /03 /mars /2011 06:00

Je dois tout aux femmes !

Cette chronique par exemple qui, sans Fleur mon informatrice dénicheuse de talents, sans Muriel Giudicelli (voir chronique vigneronne de Poggio d’Oletta  link) la présidente d’UVA Corse par qui ces vignerons corses étaient ensemble à Paris, sans Catherine Lhéritier celle par qui le buffet a été un plaisir de bouche de cuisine authentique et sans Battista Acquaviva pour un moment de haute volupté, cette chronique donc n’aurait jamais existé.

Toutefois l’honneur des hommes est sauf puisque l’organisateur de cet évènement, au 60 Quai de Jemmapes, est François Briclot.

L1000565.JPGJe sais que cette profession de foi va en faire jaser plus d’un mais tout du moins personne ne pourra me taxer d’opportunisme car ma chronique n’a pas surfé sur la Journée de la Femme.

 

Parlons peu mais parlons vin.

 

Mes liens avec la Corse étant anciens et profonds (chronique Esquisses Corses : « il y a un esprit des îles » partagez-le avec moi ! link) ma chronique va puiser son inspiration plutôt dans les vibrations de l’âme corse plutôt que dans ma science de la dégustation qui s’apparente à un petit niveau CM2. Je ne vais donc pas vous infliger des commentaires de dégustation qui n’apporteraient rien de bien nouveau aux vins corses présentés.  Simplement, en un mot comme en un seul, même après ce que je viens d’écrire sur mes compétences de dégustateur, j’affirme que le plateau du 60 quai de Jemmapes était de grande qualité et que ceux des vins que je vais citer ne correspondent qu'à un pur feeling personnel lié au moment et c'en était un bon..

 

- Domaine Pero Longo AOC Sartène www.perolongo.com : Lion de Roccapina blanc 2007 7,50€ un très très grand blanc, rare !

 

- Clos d’Alzeto AOC Ajaccio www.closdalzeto.com Prestige blanc 2010 11,30€

 

- Domaine Vico-Clos Venturi AOC Ajaccio www.domainevico.com Clos Venturi blanc 2010 12,10€

 

- Domaine de Vaccelli AOC Ajaccio Roger Courréges Rouge 2007 10€

 

- Domaine Cordoliani AOC Patrimonio www.domaine-cordoliani.com Domaine Rouge 2007 9,40€ et le vin de don Michel Smith dit le roi du Carignan Perle Noire 100% Carignan Vin de France 2009

 

- Domaine Giudicelli AOC Patrimonio Tradition Rouge 2009 9,50€ j’adore les vins de Muriel Giudicelli et Tradition Muscat 2010 12€

 

- Domaine d’Alzipratu www.domaine-alzipratu.com Cuvée Pumonte Rouge 2008 11€

 

Maintenant permettez-moi de vous présenter Battista Acquaviva, fille du frère de Pierre Acquaviva du Domaine d’Alzipratu qui nous a régalé a capela d’un chant d’amour Culomba. Elle est née à Bastia, a étudié « pendant dix ans le violon classique et baroque sous la direction d’un professeur particulier. Parallèlement, elle étudie le chant avec son père Nando Acquaviva, qui l’initie à l’écoute des intervalles spécifiques de la pratique du chant traditionnel corse, à la performance et au placement de voix correspondant. » Élève de l'école de musique de Pigna Scola di cantu. Sa tessiture est soprano, mezzo et colorature. Battista a choisi pour thème de sa thèse de doctorat la « mystique féminine et mythes de la femme dans le XIXème littéraire D'H.de Balzac » au sein de l'école doctorale de Julia Kristeva, sous la direction de José-Luis Diaz. Vous pouvez juger sa voix sur pièce en écoutant les 2 vidéo ci-dessous. L1000569-copie-1.JPG 

Après cette audition je vous propose de lire 2 des 11 pages que Robert V. Camuto consacre à Pierre Acquaviva « Le sang d’un frère » dans son livre « Un Américain dans les vignes » chez Michel Lafon.   


 

Après avoir été  déjeuné Chez Michel à Calenzana au soir du vendredi saint, de retour à l’hôtel à Calvi y trouve un message urgent attend Camuto qui fait finement remarquer que ça le choque « car il n’est pratiquement jamais personne dans ce pays pour estimer qu’il y a urgence. » Le billet demande de rappeler Pierre Acquaviva du domaine d’Alzipratu. Camuto appelle le numéro griffonné sur le bout de papier et apprend que ce n’est pas Pierre qui a appelé mais son père Maurice. Celui-ci a 72 ans « maigre, trapu, avec une touffe de cheveux clairs et bouclés, des yeux verts, un regard vif Mais, contrairement à son fils, il parlait le français avec un fort accent corse, outre une autre différence frappante : quand je lui tendis la main, il la saisit de sa main gauche, et la prit maladroitement. Je regardai sa main droite. De sa manche, sortait une prothèse verte, en plastique, de la main et de l’avant-bras. » Camuto lui propose de venir à 18 heures à son hôtel sur le port. Arrivé en avance, Maurice Acquaviva, pour parler sans être dérangé, entraîne Camuto dans un appartement appartenant à des cousins. « Ignorant mes protestations, il commença par la façon dont les français avait conquis la <corse indépendante, plus de deux cents ns auparavant, puis passa plus d’une heure à me décrire les mauvais traitements que les Français leur avaient fait subir, des guerres du XVIIIe aux taxes du XXe sur les vins corses en passant par la gestion étatique du ferry reliant le continent.

Ce système de ferry, qui met Marseille à une demi-journée de la Corse, a pour effet d’augmenter le coût des... »

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