Aujourd’hui c’est « La Rose et la flèche » (1976)
Comment ce film est entré dans ma vie de cinéphage je ne saurais le dire ?
Ce qui est sûr, c’est que depuis, il occupe la toute première place. Il est suivi de très près par quelques autres films enchanteurs mais sa place d’enfant chéri est solide. Certains, autour de moi, ont du mal à comprendre mon intérêt pour ce qu’ils croient être une bluette. Quand je signale à ma fille son prochain passage sur l’une ou l’autre chaîne, elle me remercie et avec un rire de connivence me rappelle quand même qu’elle va pleurer.
De quoi s'agit-il ?
Le roi Richard Cœur de Lion est de retour de croisade, assez déconfit. Robin des Bois et Petit Jean, fidèles d’entre les fidèles, sont toujours à ses côtés. Pour un caprice de roi, qui explique peut-être pourquoi après ses années d’errance ans il est dans cet état, il meurt à Châlus. Robin et Petit Jean, libérés de leurs serments, rentrent à Nottingham et sa forêt de Sherwood. Ils retrouvent leurs vieux complices ainsi que l'amie de Robin, Marianne, tous vieillis et fatigués. Marianne est devenue abbesse et, à la suite des démêlés entre le roi Jean et le pape, doit quitter l'Angleterre. Elle refuse. Le shérif a été chargé de l'arrêter.
Robin rouvre donc les hostilités en s'opposant à l'arrestation de Marianne, qu'il emmène de force en forêt. Là bas, Marianne apprend que le shérif a fait prisonnières les nonnes. Robin et Jean se chargent de les délivrer, même si c'était un piège du shérif pour les capturer.
Pendant ce temps, les habitants pauvres de Nottingham, jeunes et vieux pour la plupart, ont rejoint Sherwood pour combattre à nouveau sous la bannière de Robin. Lorsque le shérif arrive à la tête de ses hommes à l'orée de la forêt, il fait monter son campement et attend la réaction de Robin. Celui-ci, galvanisé par la troupe qu'il a rassemblée et entraînée, et malgré les réticences de Marianne, décide d'affronter le shérif en combat singulier, lui promettant la soumission de ses hommes en cas de défaite. Bien que Ranulf représentant du Roi Jean s'oppose à sa décision, le shérif promet lui aussi le départ de ses troupes s'il venait à succomber.
Mais, Robin est moins jeune qu'il ne voudrait le croire, et le shérif en meilleure forme que lui. Bien que ce dernier l'exhorte à se rendre plutôt que mourir, Robin arrive in extremis à le tuer. Ranulf et ses troupes en profitent pour charger les compagnons, qu'ils n'ont aucun mal à tuer ou à neutraliser.
Jean et Marianne arrivent tout de même à sauver Robin du champ de bataille et l'emmènent à l'abbaye où Marianne pense pouvoir le guérir.
Pendant que les compagnons sont tués ou capturés, Marianne s'empoisonne puis fait ingurgiter le poison à Robin, à son insu. Lorsque ce dernier comprend, il est trop tard. Marianne se justifie en lui disant qu'elle l'aime plus que tout et qu'elle ne supporte pas qu'il se berce encore d'illusions sur les exploits qu'il peut encore accomplir. Robin accepte sa mort prochaine et demande à Petit Jean de les enterrer, lui et Marianne, là où sa dernière flèche se plantera. Puis il bande une dernière fois son arc.
Les bons moments
Ils sont plusieurs
L’enlèvement de Marianne par Robin, façons enlèvement des Sabines
Escalade d’un mur de forteresse où l'on perçoit rhumatismes et raideur de Robin et Petit Jean qui n’ont plus vingt ans.
Les grandes chevauchées à travers prés et champs accompagné par la superbe musique qui revient tout au long du film
La confiscation de la carriole du colporteur pour permettre à Robin et Petit Jean d’entrer dans la ville fortifiée.
Marianne et Robin qui retrouvent leur ancien camp et la place de leur ancien logement. Elle se prend au jeu et demande à Robin qui envisage de rebâtir le camp et la cabane. Il y aura un plancher demande-t-elle ? Et j’aurai une armoire ?
Robin qui se réveille et se brosse les dents avec un rameau.
Les nonnes qui ne comprennent pas que Robin est venu les délivrer
Ce sont presque tous des moments drôles pour escamoter le côté fin de vie et l’impasse prévisible de l’histoire. Il n’y aura plus de Grand Jour.
Les moments forts
Il y en a deux.
Robin est toujours en train de courir après son Grand Jour, alors que Marianne a compris que ce n’est plus le Robin d’autrefois qui est de retour mais il garde toutes ses illusions. Marianne se rapproche de Petit Jean plus lucide et lui demande de l’aider à convaincre Robin. Ils sont assis côte à côte chacun regardant devant lui. Petit Jean ne répond pas à la demande. Marianne déclare :
- Vous ne m’aimez pas Petit Jean
- ...
- Vous ne m’aimez pas…
Petit Jean regardant toujours devant lui :
- Si vous aviez été à moi Marianne, jamais je ne serai parti en croisade…Déchirant aveux d’un amour, tu depuis toujours par fidélité à l’amitié et au Roi. D’autant plus déchirant que pour cet amour, Petit Jean aurait renié cette amitié et sa fidélité
Marianne a récupéré le corps blessé de Robin. Elle l’a installé dans une tour haute du couvent. Sur son lit, il parle et parle de ce que fut son grand combat contre le shérif qu’il a finalement tué alors qu’il était prêt à succomber. Il ne sent plus ses jambes.
Au lieu de lui administrer une potion, Marianne l’a empoisonné. Il comprend et appelle Petit Jean au secours. Mais Marianne lui explique et lui dit les plus beaux mots qu’une femme peut dire à un homme et qu’un homme peut avoir la chance d’entendre de la bouche d’une femme. Bouleversant !
Petit Jean fait irruption alors que Marianne qui a bu également le poison, commence à faiblir.
Laisse Petit Jean dit il, tout va bien. Donne moi mon arc. Robin tire une dernière flèche par la fenêtre et dit, va enterre nous ensemble là ou la flèche s’est plantée en terre. Et la scène se termine avec un long plan sur deux petites pommes en train de flétrir, sur le rebord de la fenêtre. On ne peut s’empêcher de penser à des pommes semblables évoquées par Rilke dans « Testament » nous faisant assister, là aussi, à un moment de grande émotion.
Qui a fait quoi
Richard Lester est le metteur en scène. C’est un cinéaste éclectique, réalisant des films souvent un peu déjantés.
Audrey Hepburn est Marianne. Elle revient à l’écran après huit ans d’absence. Le couple qu’elle forme avec Sean Connery est superbe de complicité.
Robert Shaw est le shérif de Nottingham. C’est un acteur à forte personnalité à qui ont été confié de grand rôle. Dans « l’Arnaque » par exemple ou « Bon baisers de Russie » Il est souvent affecté à des rôles de méchant, pas vraiment méchant mais méchant quand même. L’ambiguïté lui va bien.
J’avais dit que Ciné Papy ne s'étendrait pas sur les castings. C’est l’occasion de préciser, sauf s’il présente un intérêt particulier pour le film et qu’il y a des acteurs que j’aime particulièrement.
Ainsi Richard Harris qui est Richard Cœur de Lion. Petit rôle assez court au début du film mais qui laisse quand même percer le talent d’un acteur à la filmographie impressionnante. Il m’est cher car il faisait partie d'une génération turbulente d'acteurs irlandais et britanniques avec Albert Finney, Richard Burton et Peter O'Toole.
Enfin last but not least, il faut souligner la musique de John Barry qui fait beaucoup pour le côté enchanteur voir envoûtant du film
Le mot fin apparaît sur l’écran. La lumière s’allume dans la salle On reste dans son fauteuil. “ Ne me secouez pas. Je suis plein de larmes.” disait Henri Calet…
Pax
Prochainement « Un homme pour l’éternité »