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3 décembre 2011 6 03 /12 /décembre /2011 00:09

Miller.jpgÀ ce moment précis, je pense au voisin du Priorat, je crois l’entendre chanter. “Segur que tomba, tomba, tomba, Ben corcada deu ser ja…”. Je pense à cette chapelle de rien perchée au-dessus de Porrera, son village de cœur, là où il est parti replanter la vigne de ses ancêtres, conquérant de la mémoire perdue, gonflé d’un orgueil de sang et d’or. “Sûr qu'il tombe, tombe, tombe, Et nous pourrons nous délivrer”.

Je pense à cet autre vigneron venu du trou du cul du monde, “d’un canton oublié de ses habitants eux-mêmes”, de ce bout de Galice dont l’accent chuinte déjà le Portugais. Je pense à lui, la semaine dernière à Monvinic, parlant les yeux humides de ses vins d’albarello “qui ne sont pas sublimes” mais qui racontent sa terre et sa mère, ses vins pour lesquels il a soigneusement évité d’écouter les conseils avisés des “Maîtres” qui projetaient sûrement de les faire mourir dans des cercueils de chêne.

 

Je pense aussi à la cheminée du Dj chartreux de Gratallops, aux seigneurs de Jerez riches d’une grâce exotique, à la Señorita López de Heredia dont les blancs sont un mystère classique, au pirate médoquin de Cadaquès qui veut bouter l’Américain hors de la péninsule, à César qui fait marcher le vin au pas, au “flayingue ouayeneméqueure” qui évangélise, à Pep le Catalan à l’envers, aux coupeurs andalous dont le travail, humble mais exact, vaut tellement plus que le mépris qu’on leur donne, à Sergi, à Raül, à El Cuñado et à Isabelle qui sait tant, à Marc, Sara, Flequi et Malena, à Josep qui ne s’impatiente jamais, à Ramiro, au Catalan bourguignon, à l’Escocés volante et même à la jolie petite Presen, si appliquée.

 

Si je pense à tous ces gens qui sont chacun un petit morceau du vin d’Espagne, à eux et à tant d’autres, c’est parce qu’à ce moment précis, par-delà leurs différences et leurs contradictions, ils ne méritent pas ça. Ils ne méritent pas cette sale histoire, ce Watergate du vin sur lequel nous avons commencé il y a un mois, ici même, à lever le voile.

 

Pour ceux – rares semble-t-il – qui auraient raté les épisodes précédents, de quoi s’agit-il? Nous est tombé du Ciel (la majuscule est importante car il ne s’agit pas là d’une Espagne dévergondée qui ne croit plus en rien…) un email expédié le 4 octobre 2011 (19h39) à 75 adresses (parfois redondantes) d’entreprises vinicoles de la région de Jumilla, Yecla, Murcia et Cie. Ainsi débuta, sur le blog du père Berthomeau, le Jumillagate, fondé sur la première preuve écrite d’un système soupçonné mais jamais avéré link.

 

Évidemment, les sourcilleux diront que nous avons, que j’ai commis l’erreur, moi, Vincent Pousson, de pousser ce respectable haut commis de l’État jouissant d’une vue imprenable sur le monde agricole qu’est le Taulier à divulguer ce courrier (“privé”, a-t-on dit dans un premier temps, puis, ont-ils dit, se ravisant,  “falsifié”…) qui, avec une certaine fraîcheur, tarifait clairement les (éventuelles) amours à géométrie variable de l’envoyé très spécial d’un grand Guide (là, la majuscule pose problème) américain et surtout de son lazarillo chilien, miraculeusement porté au firmament de l’érudition pinardière par une institution londonienne qui récemment en perdit la voix.

 

Las, une Éminence du Vin d’Espagne (trois majuscules méritées), Victor de la Serna, a confirmé que nous ne souffrions pas de problèmes ophtalmologiques et que les documents que nous avions en main n’étaient en aucun cas des vues de l’esprit — qualité, l’esprit, visiblement épargnée aux protagonistes de cette farce. Versant nord des Pyrénées, Michel Bettane s’est même permis de délaisser une langue qu’il fréquente si bien pour qualifier en anglais “d’idiots” ceux qui payaient pour être jugés tout en portant un regard intrigué sur un autre envoyé spécial du Guide mais en évitant en revanche d’utiliser un épithète pour le Guide lui-même link.

 

Donc, par malheur, les embarras se sont enchaînés. Ce que l’on tenta de mettre sur le compte de propos d’après-boire, de franchouillardises revanchardes, de rumeurs colportées par des fantômes du Web, des trolls, prenait du corps — un peu comme ces vins élégants mais faussement “fluets ”dont les rustres, comme dirait Monsieur le père d’Alix de M,  ne perçoivent pas nécessairement la dimension au premier abord. Oui, pour en revenir à ce dossier pourri, d’après les informations patiemment collectées, recoupées par l’opiniâtre Jim Budd, éminent membre du Club des 5 link , les nouveaux accès des bodegueros de la Péninsule Ibérique au grand Guide seraient mis en coupe réglée par le julot sud-américain, qui, à en croire la chronique, lui non plus n’a pas changé

Jim, le bulldog à chemises fleuries, comme nous plus amoureux du vin que de l’argent mais soucieux de l’avenir des gens qui le produisent, épaulé par le correspondant d’Associated Press, Harold Heckle, vient même d’en remettre un couche, qui prouverait, par des retranscriptions circonstanciées d’échanges épistolaires, l’existence d’un système généralisé de pay-to-play en Espagne, enfin plutôt de pay-for-Jay ou no-pay-no-Jay link. Tout cela, avec moult détails, est parfaitement récapitulé par Hervé Lalau, autre membre des 5 du vin link.

 


Alors, depuis hier, (et d’autant mieux que c’est écrit en anglais), la machine s’emballe à nouveau, les langues se délient, le mundillo du vin bouillonne. Un excellent wine writer britannique y voit même l’aboutissement d’une tragédie grecque link . Tragédie, bof… Pour tout vous dire, nous, en France (et pas qu’en France!), les déboires du Guide, on s’en tape un peu. Certes, je l’avoue, un gros ouvrage bordeaux portant le nom d’une célèbre vis (merci, cher François de L…) a un temps encombré les rayons de ma bibliothèque. C’était il y a si longtemps, à une époque où même Bernard Tapie se prenait pour un crooner!  Ce pavé, compagnon boutonneux de nos premiers émois vinicoles, adolescents et acnéiques, nous fit croire quelques années que nous étions plus finauds que nos pères; que voulez-vous,  c’était l’âge tendre, ne comprenant pas grand-chose au vin, nous crûmes voir la lumière. 

guide parker bordeaux 

Puis, chemin faisant, les uns après les autres, nous nous rendîmes compte qu’en matière de vin comme ailleurs, il fallait apprendre à penser par soi-même. Heureuse découverte qui tout en nous faisant faire des économies nous a permis de détourner nos bouches des épuisantes “pipes à Pinocchio” et autres pâtes de fruits glycérinées à l'américaine, bref, de la mode des années 80. Plus de Bible, plus de Guide, nous nous jetâmes dans le grand bain, ne mesurant plus notre plaisir à l’aide d’un pied à coulisse, fût-il gradué de 0 à 100. Non pas que la critique vineuse soit sans intérêt (cette fois-ci, je prends garde à ne pas jeter le bébé et l’eau du bain, sinon David Cobbold va à nouveau me tomber dessus comme la vérole sur le bas-clergé), mais le diktat du “bon goût”, le culte d’une prétendue perfection finissent toujours par sombrer dans l’ennui. C’est l’artificialité du système de notation, pseudo-scientifique, qui confine au ridicule: vous, vous donnez quelle note, sur 100, à Mozart, Paganini, Bach, Satie ou Malher? À Picasso, Michel-Ange, Dürer, Velázquez, Goya ou Soulages? Ou aux femmes que vous avez aimé, histoire de nous vautrer nous aussi dans la vulgarité qu’a induite cette échelle de mesure factice?

 MikeBrant.jpg

Donc, désolé, nous n’avons aucun compte à régler avec le Guide; ses recommandations bodybuildées, concentrées (qui nous semblent aujourd’hui aussi vintage que les pattes d’éph’ de Mike Brant), furent notre laborieuse Méthode Rose du rouge, comme elle le sont encore un peu parfois pour tous ceux, innocents ou paresseux, qui pensent faire leurs premiers pas dans le vin en y entrant par la grande porte. Par bonheur, nous avons couru et laissé depuis bien longtemps ce vieux Monde derrière nous.

 

“Segur que tomba, tomba, tomba, Ben corcada deu ser ja…”

 ToroRioja.jpg

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2 décembre 2011 5 02 /12 /décembre /2011 16:00

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Votre taulier s’efforce toujours d’être là où vous ne l’attendez pas. Ce soir il vous propose de visionner une vidéo (12mn) link fort instructive de la remise du Prix La Fondation Bettencourt Schueller pour l’Intelligence de la Main 2011

 

Je trouve cette appellation d’une grande beauté et vous savez que je suis profondément attaché à ce que fait la main


Créé en 1999, le Prix Liliane Bettencourt pour l’Intelligence de la Main récompense, chaque année, l’excellence des professionnels des métiers d’art alliant parfaite maitrise d’un savoir-faire, innovation et recherche esthétique.


Un Prix : deux récompenses


Talents d’exception est destiné à récompenser la réalisation d’une œuvre d’une qualité esthétique incontestable résultant d’une parfaite maîtrise des techniques et savoir-faire d’un métier d’art.

 

Dotation : 50 000 euros.

 

Dialogues met en lumière le travail des artisans d’art en collaboration avec d’autres univers de la création : design, architecture, arts plastiques, décoration...

 

Dotation : 50 000 euros, répartis à parts égales entre l’artisan d’art et le créateur qui l’accompagne.

Photo_accueil.jpg

Appel à candidature : modalités

 

Le dossier de candidature et le règlement du Prix sont à télécharger sur le site Internet : www.intelligencedelamain.com  ou vous pouvez contacter la Fondation Bettencourt Schueller, au service Mécénat Culturel culture@fondationbs.org .

 

La date limite de réception des dossiers est le lundi 26 mars 2012 à minuit.

 

Et si les gens des métiers du vin se mettaient sur les rangs ?

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2 décembre 2011 5 02 /12 /décembre /2011 00:09

dejeuners-012.JPGCertains, je n’en doute pas, vont affirmer que c’est toujours le cas mais peu me chaut car je n’ai jamais tenté de me parer de plumes de paon pour m’assimiler à ceux qui s’autoproclament dégustateurs patentés. En effet, issu d’un terroir vendéen plus propice aux choux fourragers qu’aux vignes noblement encépagées je n’ai connu dans mes jeunes années que des jus de basses extractions. Bien sûr avec le frère Bécot link ,  grand défenseur de la royauté et des hybrides, j’ai été initié à la vigne et au vin mais ça n’a pas fait naître en moi une vocation de vigneron. Les bons frères du bienheureux Louis Grignon de Montfort me destinaient à des fonctions aux étages dit élevés.


Buveur roturier, dans une Vendée vivant encore sous la férule d’une noblesse terrienne, je n’avais accès les jours de fête qu’au modeste vin bouché de mon père.  Une fois monté à Paris j’ai découvert les grands vins grâce à la Compagnie des Courtiers-Jurés piqueurs de vin. En effet, le hasard de mon début de carrière m’a fait entrer en 1978 à l’Office du Vin de Table, où régnaient sans partage les derniers chefs du Midi Viticole. Une fois par an, à la Grande Cascade, la Compagnie organisait un grand déjeuner où se pressaient le gotha du Vin et, même si j’occupais à l’Office qu’un strapontin, j’y étais convié. En ce temps-là, même ça peut vous paraître cul la praline, il existait une réelle communauté d’intérêt, au sens noble du terme, entre les professionnels du vin et ceux qu’aujourd’hui on nomme avec dédain : les fonctionnaires. Le monde du vin, des vins, vivait  en ce temps-là à part de celui de l’agriculture, en tirait une certaine fierté partagée par ceux chargés de faire respecter les règles du jeu.


C’est donc lors de ce déjeuner annuel de la Compagnie des Courtiers-Jurés piqueurs de vin que j’ai pu avoir accès aux grands breuvages. Par la suite, tout au long de ma carrière, je suis resté fidèle, par reconnaissance, à ce rendez-vous-même si la gente féminine y a toujours été très sous-représentée. Le monde du vin ne dérogeait pas à la règle, la Compagnie avait son petit côté club anglais, mais la présence de Dominique Filhol, l’encyclopédie vivante de la réglementation, permettait à ces messieurs de croire qu’ils étaient féministes. Lors du dernier déjeuner, par bonheur, l’assemblée fut illuminée par le beau sourire de Myriam Huet dont les compétences et l’amour du vin ne sont pas à démontrer.

The-Place-De-Greve-Paris.jpg

Quelques points d’histoire sur cette Compagnie qui a près de sept siècles d’existence puisqu’elle a été fondée par Charles IV en 1322. Le pouvoir royal s’est toujours préoccupé de l’approvisionnement en vin de Paris et du contrôle de son commerce. Les jurés Crieurs de vin annonçaient dans les rues de Paris l’arrivée des bateaux chargés de barriques de vin sur les berges de la Seine, en Place de Grève, et le début de la vente. Ils veillaient à la solvabilité des acheteurs, examinaient la conformité du jaugeage des tonneaux, enregistraient les prix, et contrôlaient la qualité. La reconnaissance royale se confirmera au fil du temps et « Charles VI et Louis XIII se disaient volontiers « premiers membres de la Compagnie ». Les Courtiers portaient l’épée, privilège de la noblesse.

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Le nom de la Compagnie évoluera au fil du temps mais le terme de « Piqueurs de Vins » m’a toujours fasciné. Cette appellation mérite qu’on s’y arrête : « lorsque les barriques étaient déchargées Place de Grève (en contrebas de l’actuel Hôtel de Ville) elles étaient stockées les unes sur les autres. Leurs bondes, par ailleurs cachetées étaient difficilement accessibles. Aussi, pour goûter le contenu des barriques fallait-il les « piquer », percer un petit trou dans la partie plane des fûts au moyen d’une pointe ou vrille d’acier appelé « coup de poing ». Ensuite, on s’aidait d’un autre outil appelé « asse » ou  « assette de rabattage », marteau d’un côté, fer et tranchant à son extrémité de l’autre, avec un manche assez long qui, par pression sur le fond de la barrique en prenant appui sur le bord permettait de faire gicler un peu de vin qu’on recueillait dans un tastevin. Après cela, il suffisait, tout en maintenant la pression pour que l’air n’entrât point, de boucher le trou avec une cheville de  bois tendre qui gonflait rapidement au contact du vin et qu’on appelait le fausset ou encore douzil ou doisil, dont l’origine peut-être de doigt, mais qui désignait autant le trou que la cheville. Le côté marteau de l’asse servait à enfoncer par force la cheville qu’on arasait ensuite avec l’autre côté tranchant si besoin était. »

assebourg.jpgRevenons pour terminer à la fameuse carte des millésimes de la Compagnie : c’est un modèle déposé depuis 1937 (créé à l’origine, en 1914, pour l’usage interne de la Compagnie). Pour moi elle fut, tant auprès des dineurs en ville qui me tombaient dessus avec la formule rituelle « toi qui t’y connais en vins » pour me transformer en goûteur de nectar, que de mes relations diverses et variées de « sésame ouvre-toi ». Je la dégainais de mon porte-monnaie (elle est rigide et d’un format pratique) et je déclinais la note du millésime choisi : ° petite année, °°° année moyenne,°°°° bonne année, °°°° grande année, * année exceptionnelle. Succès garanti ! Paix royale assurée ! Demande reconventionnelle : « tu ne pourrais pas m’en obtenir une ? » Pour la petite histoire, au temps de son passage au 78 rue de Varenne Michel Rocard fut pourvu par moi du précieux sésame.


Afin de remercier la Compagnie Courtiers-Jurés piqueurs de vin de sa fidélité à l’égard d’un mécréant du vin je lui fais une proposition honnête pour qu’elle puisse accueillir la féminité triomphante du vin lors de son prochain déjeuner des millésimes : convaincre un trio de bloggueuses expertes en vin de venir se joindre aux habitués et ainsi, comme ils l’annoncent sur leur plaquette, conjuguer Tradition et Modernité… Je les conduirai jusqu’à la Grande Cascade dans ma Twingo…

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1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 00:09

Nous y voilà, 2011 enfourche son dernier mois, et en chacun de nous renaissent des souvenirs d’enfance : le sapin de Noël et ses guirlandes scintillantes, ses boules multicolores, la crèche avec le bœuf et l’âne encadrant le petit Jésus pour certains, les petits souliers déposés le soir du 24 pour recueillir les cadeaux du Père Noël… Et puis dans la foulée  de la fête religieuse se pointe celle de la Nouvelle Année celle que l’on appelait dans ma bonne Vendée : le gui l’an neuf. Là ce sont les souvenirs de jeunesse qui affleurent : on enterrait l’année en faisant la fête jusqu’au bout de la nuit. Faire la fête, se retrouver autour d’une table, échanger, rire, danser, en ces temps anxiogènes apparaît à beaucoup d’entre nous le meilleur et le plus efficace des anxiolytiques.

 

Imaginez donc notre Eva avec sa grande hotte emplie de belles bouteilles, nous lui concéderons la longue robe rouge mais lui épargnerons la barbe blanche, bien évidemment nous mettrons à sa disposition un grand traineau tiré par de magnifiques rennes pour qu’elle puisse, tout au long de ce mois de décembre, vous rendre visite par l’entremise de nos lucarnes modernes. Ainsi sur la grande Toile s’installeront des constellations de beaux flacons : le Grand et le Petit Chariot dit aussi la Grande et Petite Ourse, Cassiopée : la reine, Chevelure de Bérénice, Oiseau du Paradis… et nous retrouverons en levant les yeux notre part d’enfance pour qu’un peu de douceur s’insinue dans ce monde de brutes…  photo Eva

Le mois de décembre est un mois un peu particulier. Bien sûr, c'est le mois où les rues s'éclairent et clignotent, les magasins se bondent de gens stressés à la recherche du cadeau parfait. Mais c'est aussi le mois où l'amateur de vins se met en quête des vins parfaits qui accompagneront les mets de ces repas parfois presque gargantuesques de cette fin d'année. On fait le tour de ce qu'on a dans notre cave, on regarde les régions, les cuvées, les millésimes... Et un peu comme une fille devant un placard de fringues qui déborde déplorant qu'elle n'a plus rien à se mettre, on s'écrit « Mais j'ai plus rien à boire! ». Forcément. » Ça, c'est trop jeune, ça, ça va pas du tout aller avec les huîtres, ça, ça ne leur a pas plus la dernière fois... » Et voilà. L'amoureuse de vins que je suis se met en quêtes des bouteilles parfaites. Qui me raviront, mais qui raviront aussi les papilles de mes invités.

Car faire partager une belle bouteille prend d'autant plus de sens en ces fêtes de fin d'année. Parce qu'on a envie de faire plaisir, à sa famille, ses amis, sa moitié et qu'on a envie de trouver LE cadeau idéal. Mais faire plaisir passe aussi par les vins qu'on a pris le temps et le soin de choisir. Parce qu'on sait qu’untel aime tel type de vins et qu'on va se démener pour lui trouver une belle cuvée d'un beau domaine. Parce qu'on va aussi courir partout pour trouver LA bouteille qui fera plaisir au plus grand nombre. Parce qu'on prend le temps d'apprécier aussi. On prend le temps de freiner un peu le rythme effréné de nos vies et on se pose pour apprécier et simplement prendre le temps. Parce qu'il n'y a rien de plus magique que de prendre le temps d'apprécier une belle bouteille et de voir ses convives l'apprécier aussi. Je me souviens d'une émotion collective autour d'une bouteille de Quintessence de Juchepie l'année dernière, un moment unique...

Juchepie-11.jpg

Alors que je commence à dresser la liste des vins de mon Noël, je pense à quelques belles bouteilles permettant de se faire plaisir pour un prix raisonnable comme la fabuleuse cuvée « Amphibolite » de Jo Landron qui se marie parfaitement avec des huîtres, ou encore  « A bouche que veux-tu » de Jean-Christophe Comor avec un beau (énorme) plateau de fromages. Et pour le reste, je vais me laisser guider par mes collègues amateurs de vins.

 

Car oui, nous avons tous de belles bouteilles à conseiller ou simplement des coups de cœur à faire partager. Et pour rendre ce mois de décembre un peu plus joyeux, un peu plus pétillant, un peu moins froid, je vous invite à aller voir chaque matin Calendrier de l'Avin. Calendrier de l'Avin? Oui comme un calendrier de l'Avent, mais sauf qu'au lieu de découvrir un chocolat, ce sera une bouteille, conseillée par un amoureux du vin. Y participent blogueurs du vin mais aussi d'autres amateurs de vins ayant très gentiment répondu à mon appel. Tout le monde a forcément quelque chose à nous apporter en matière de vin, un nouveau domaine à nous faire découvrir mais aussi une nouvelle manière de voir tel ou tel vin. Alors profitons-en pour partager tout cela ! Ce  Calendrier de l'Avin est simplement un joli moyen pour faire du vin ce qu'il est profondément : de la convivialité et du partage.

 

Alors, joyeux Avin à tous !

 

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30 novembre 2011 3 30 /11 /novembre /2011 16:00

En plus c’est au musée de la Chasse ne le dites pas ça nuirait à mon image de marque. Le gentil organisateur de ce pince-fesses de joyeux drilles de la Toile qui souhaitent mettre du beurre dans leurs épinards est Philippe Hugon de l’agence Vinternet. L’an dernier, dans le même lieu, c’était dans un Paris quasiment bloqué par la neige que la première édition s’est déroulée en réunissant 70 professionnels sur le thème «Comprendre le web 2.0 afin de mieux valoriser ses vins et gagner de nouveaux marchés »

 

Philippe Hugon remet ça le 6 Décembre toujours à Paris au Musée de la Chasse et de la Nature.

 

Le thème :

 

« Mobilité, réseaux sociaux et géolocalisation. Comment satisfaire aux nouveaux usages d’Internet? Conquérir des clients mobiles en France et à l'international ? »

 

Les objectifs de cette journée sont de :

 

Cerner les enjeux de ces nouveaux usages pour les professionnels du vin et en débattre avec des professionnels réputés.

Identifier les opportunités nouvelles mais aussi les pièges à éviter à partir d’expériences concrètes.

Assimiler les bonnes pratiques et permettre à chacun de savoir comment les mettre en œuvre.

Tandem.jpg

Comme vous le constaterez sur le programme ci-dessous je fais tandem avec Philippe Hugon pour l’animation de toutes les tables-rondes sur la base du principe qu’un type compétent, Philippe, flanqué d’un incompétent qui a de la bouteille, moi, ça donne du gaz aux débats !

 

Pour les mauvaises langues comme je ne fais jamais de « ménage » ma future brillante collaboration à Vin 2.0 2011 est gratuite (je soupçonne Philippe de m’avoir engagé que pour ça)

 

Philippe me précise qu’à J-6 de l'événement, il  reste encore des places. Pour ceux que ça intéresserait adressez-vous à Jennifer Manez  jmanez@vinternet.net en vous recommandant du taulier et à vous de jouer !

 

Le programme

 

9h00 – 9h30 : Accueil des participants

9h30 – 10h30 : « Communication du vin et internationalisation»

 

Débat : Dans le contexte d’une communication très réglementée en France et d’une internationalisation des marchés, la question posée est celle des opportunités à saisir mais aussi des pièges à éviter dans les actions de communication en France et à l’export. Peut-on envisager un pilotage global ou faut-il s’adapter à chaque pays?

 

- Intervenants : Thierry Desseauve (Bettane & Desseauve), Olivier Legrand (Inter-Rhône), Laurent Panayoty (Sud de France), James de Roany (CNCCEF)

 

- Animateurs : Jacques Berthomeau (Vin&Cie) et Philippe Hugon (Vinternet)

 

10h30 – 11h00 : Networking break

 

11h00 – 12h00 : « Internet, les nouveaux usages : mobilité, géolocalisation, réseaux sociaux et interfaces tactiles »

 

Débat : Avec la multiplication des dispositifs de consommation de contenu tels que les smartphones (12 millions de mobinautes pour 14 millions de smartphones en France selon une étude menée entre Mars et Mai 2011) et les tablettes tactiles, la mobilité est en train de révolutionner notre consommation du web. 59% des utilisateurs français se connectent tous les jours au web par leurs mobiles. Comment appréhender ces nouveaux modèles de distribution, de navigation et parvenir à les gérer?

 

- Intervenants : Robert Joseph (Consultant), Sylvain Dadé (SoWine), Ryan O’Connell (O’Vineyards), Anne-Victoire Jocteur Monrozier (Vinocamp)

 

- Animateurs : Jacques Berthomeau (Vin&Cie) et Philippe Hugon (Vinternet)

 

12h00 – 12h30 : Live Tasting

12h30 – 14h30 : Networking lunch

 

14h30 – 15h45 : « Dégustation, gastronomie, tourisme : les contenus mobiles  »

 

Atelier : Près de 500 applications sur le vin sur l’AppStore. Plus de 3 milliards de vidéos vues sur Youtube chaque jour. Foursquare compte aujourd’hui plus de 10 millions d’utilisateurs. Cet atelier s’appuiera sur l’intervention de producteurs de contenus et de créateurs d’applications mobiles pour comprendre comment maîtriser les leviers d’audience.

 

- Intervenants : Marc Roisin (Vinogusto), Goncalo Caeiro (Wine-Is), Yann Le Fichant (VoxInZeBox)

- Animateurs : Jacques Berthomeau (Vin&Cie) et Philippe Hugon (Vinternet)

 

15h45 – 16h15 : Networking break

 

16h15-17h30 : « Le M-commerce (e-commerce en mobilité) »

 

Atelier : Le m-commerce, ou commerce sur téléphone mobile, devrait dépasser les 13 milliards d’euros de chiffre d’affaires en France en 2015, contre 500 millions d’euros en 2010. Cet atelier s’appuiera sur le témoignage de distributeurs pour mieux appréhender les enjeux réels de ces nouveaux débouchés.

 

- Intervenants : Emmanuel Imbert (Vente-privee.com), Lionel Cuenca (iDealWine), Vincent Deruelle (Bleu Roy)

- Animateurs : Jacques Berthomeau (Vin&Cie) et Philippe Hugon (Vinternet)

 

17h30 – 18h00 : Conclusion

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     La couleur du chech du taulier n'est pas garantie par les organisateurs de Vin 2.0

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30 novembre 2011 3 30 /11 /novembre /2011 00:09

photoDaumier.jpgCes derniers temps la critique du vin, et par le fait même les critiques du vin, ont été mis sur la sellette par des chroniqueurs de la blogosphère pour mélanges des genres et conflits d’intérêts. Afin, non de jeter de l’huile sur le feu, mais alimenter le débat j’ai acquis un petit opus Éloge de la critique de Diderot à Roland Barthes textes choisis et présentés par Jacqueline Razgonnikoff chez art lys www.artlys.fr 12€.

 

Bien évidemment il s’agit essentiellement de la critique littéraire, artistique, musicale et dramatique mais Jacqueline Razgonnikoff, historienne du théâtre, a inclus dans ses auteurs le père de la critique gastronomique : Alexandre-Balthazar Grimod de la Reynière, grand amateur de théâtre. Il m’est donc ainsi facile d’inclure dans le champ de la critique celle du vin qui, comme la critique gastronomique, fait appel à 3 de nos sens.  

Donc comme l’écrit Jacqueline Razgonnikoff «De Diderot aux journalistes de notre époque, les opinions se répondent, se contredisent, se complètent, se combattent, se confirment. Au détour de leurs phrases, il est passionnant de débusquer la profonde sincérité des uns, la souffrance des autres, l’indulgence de ceux-ci, la cruauté de ceux-là. » Qu’il serait bel et beau que ces rebonds intellectuels soient de règle sur notre blogosphère ! Petite anthologie établie « pour le plaisir » qui veut nous donner « l’occasion de pratiquer (…) l’exercice excitant d’une réflexion que l’invasion de la culture industrielle et la primauté de l’image sur le mot empêchent parfois de s’exercer à bon escient. À l’époque de la « pensée unique », il est encore et plus que jamais utile de réfléchir à « l’esprit critique »

.

Dieu qu’elle a raison et je vous invite, amis lecteurs, à lever le nez de votre verre et à plonger vos yeux sur ces morceaux choisis par moi.

 

Je commence par François Truffaut fondateur des Cahiers du cinéma et critique redouté car je partage son point de vue sur l’exercice de la critique « Si l’exercice de la critique est admissible, c’est à condition de la considérer comme un job provisoire, un stade transitoire. » Pour la critique du cinéma il est radical ce « n’est ni une profession, ni même un métier, tout juste un expédient » Comme beaucoup d’auteur il a la dent dure « on devient critique, par hasard, après avoir échoué dans la littérature, le professorat, la publicité ou la soudure autogène. »

 

Pour autant je partage l’opinion d’Oscar Wilde « Nous devons nous en tenir à la Critique. Et voici ce que je veux mettre en évidence. Une époque qui n’a pas de Critique est une époque où l’art est immobile, sacralisé et confiné à la reproduction de modèles formels, ou c’est une époque qui n’a pas d’art du tout (…) le penchant de la création est de se répéter. C’est à l’instinct critique que nous sommes redevables de chaque nouvelle école qui jaillit, de chaque nouveau moule que l’art trouve à la portée de sa main. »

 

Je comprends la souffrance de Claude Debussy « Ils ont le droit de juger en une heure l’effort, le labeur, la gestation de plusieurs années. » et la colère d’Hector Berlioz « Trop misérables critiques ! Pour eux l’hiver n’a point de feux, l’été n’a point de glaces. Toujours transir, toujours brûler. Toujours écouter, toujours subir. »

 

Si je puis m’exprimer ainsi je m’efforce de me tenir sur la ligne de Denis Diderot « La vérité et la vertu sont les amis des beaux-arts. Voulez-vous être auteur ? Voulez-vous être critique ? commencez par être un homme de bien. » et comme l’écrivait Grimod de La Reynière « Ce que l’on peut faire de mieux de la Critique, c’est d’en profiter avec reconnaissance si elle est juste, et de tâcher de l’oublier, si elle ne l’est pas. Cette maxime, qui devrait être la règle de tout Écrivain, et de tout Écrivain polémique surtout, est cependant rarement pratiquée. »

 

Enfin Charles Baudelaire « Quant à la critique proprement dite, j’espère que les philosophes comprendront ce que je vais dire : pour être juste, c’est-à-dire pour avoir sa raison d’être, la critique doit être partiale, passionnée, politique, c’est-à-dire faite à une point de vue exclusif, mais au point de vue qui ouvre le plus d’horizons. »

 

Ce ne sont que mes choix si ça vous dit vous savez ce qui vous reste à faire !

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29 novembre 2011 2 29 /11 /novembre /2011 17:00

Sur le blog du GJE un « anonyme » a posté sous le pseudo Leclubdes5 dit « Les petits roquets de la blogosphère se rebellent, quelle bande d'aigris... » à propos d’une chronique de Michel Smith sur le blog des 5 du Vin.

 

 

Cette façon d’insulter anonymement l’auteur d’une chronique est lâche et veule, et, pis encore ce couard, se permet d’amalgamer les 4 autres contributeurs du blog dans son fiel. Que ce pleutre se rassure je ne me sens pas outragé par ses qualificatifs morveux pour la bonne et simple raison que si je fus l’un des 5 du Vin je ne le suis plus, David Cobbold m’ayant très avantageusement remplacé, mais je ne pouvais laisser passer cette manière de faire minable et sournoise.

 

Qui se planque derrière le pseudo Leclubdes5 ? Seul François Mauss le sait sauf s’il s’agit d’un commentaire vraiment anonyme. J’aurais aimé que dans sa réponse à ce courageux contributeur François Mauss lui fasse remarquer que traiter Michel Smith et ses compères de petits roquets et de bande d’aigris ne contribuait en rien à élever le niveau du débat. Ce silence est déplaisant. Le GJE est composé de gens de bonne compagnie, je crois, alors pourquoi laisser traîner ce type d’agressivité sous un pseudo ?

 

Charbonnier est maître chez lui, François Mauss fait ce que bon lui semble sur son blog mais j’avoue ne pas comprendre ce laisser-faire qui frise la connivence. Que le débat soit vif, outrancier, parfois de mauvaise foi, si les protagonistes le font à visage découvert, sauf à proférer des insultes, des menaces ou tenir des propos douteux, je suis le premier à pratiquer ce sport, François Mauss en sait quelque chose. Mais pourquoi diable nourrir tous ces petits venimeux anonymes qui passent leur temps, ils en ont beaucoup, à déverser leur fiel au bas des chroniques ?

 

Les commentaires sur mon blog ne sont pas filtrés. Quiconque se présente à visage découvert peut me traiter de vieux con, d’incompétent, d’hypocrite, de menteur…j'en passe et des meilleures sans encourir de censure. Tous les commentaires sont publiés mais dorénavant tout commentateur anonyme, qui traficote son e-mail pour se planquer, est systématiquement jeté. Vous ne pouvez pas savoir comme c’est jouissif de voir pester, éructer, me vomir le commentateur anonyme. Normal, ils n’existent que par nos écrits et, en les jetant avec dédain, ils sont renvoyés au néant de leur insignifiance.

 

Balayer devant sa porte est une bonne chose, ça fait du bien et c’est le gage d’une maison bien tenue. Bonne fin de soirée...

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29 novembre 2011 2 29 /11 /novembre /2011 00:09

Quand le frigo est vide le samedi soir nous allons manger des pâtes au Jardin des Pâtes tout près du Jardin des Plantes et de la Grande Mosquée. Ce fut le cas samedi dernier. Le resto bio-sympa était plein comme un œuf. Pour moi nul besoin de consulter la carte je suis addict des pâtes au seigle jambon à l’os. D’ordinaire j’arrose le tout d’une petite bière de Jade mais samedi soir dernier ma moitié inspirée par l’étiquette de Siné décréta c’est Beaujolais Nouveau. J’acquiesçai et me retournai pour consulter le grand tableau placé dans mon dos où était écrit à la craie que depuis 1995 la maison régalait ses clients du Beaujolais Nouveau du Château Cambon vinifié par Marcel Lapierre et JC Chanudet à partir de Gamay rouge et pourvu de tous les sans obligatoires : engrais chimiques, soufre, levurage, sucre ajouté… donc complètement naturel… 5€ le verre et 26€ la bouteille.

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La charmante serveuse prit la commande et, sans faire le type qui ramène sa science, je lui fis remarqué que l’ami Marcel avait eu la malencontreuse idée de nous quitter en octobre de l’an dernier   link et que le M de la bouteille précédant Lapierre était celui de son fils Matthieu. Un peu troublée par cette révélation elle répondit qu’elle allait en informer la direction. Pour ne pas en rajouter je ne lui fis pas remarquer que le Beaujolais rouge ne pouvait provenir que du Gamay à jus blanc car c’eut été trop pédant.

 

Si je prends ce matin la liberté de publier ce court billet c’est tout d’abord pour saluer l’excellence du Beaujolais Nouveau 2011 de Matthieu Lapierre, nous avons descendu, sans nous forcer, de concert et à parts égales la boutanche. Friand, plein de fraîcheur vive, un régal pour les papilles et l’assurance de lendemains qui chantent : Bravo Matthieu ! C’est aussi, même si Marcel n’est plus là pour vinifier, pour dire à Marie qu’il est bien toujours  présent dans nos esprits et nos cœurs : un homme comme lui on ne l’oublie pas.

 

Pour les braves bios du Ve arrondissement du Jardin des Pâtes qui ne savaient pas : « Marcel Lapierre était de ces hommes libres dont j’appréciais la démarche tranquille et sereine, loin de la nostalgie stérile du bon vieux temps et de l’intégrisme de certaines chapelles. Marcel Lapierre était vigneron, sans ostentation, avec discernement, il gardait comme un bien précieux sa faculté de jugement. Modeste, il ne se vantait pas d’avoir fait école mais, à l’instant où il quitte notre chemin, celui des encore vivants, c’est son empreinte et sa trace que je veux saluer avec amitié et simplicité. »

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28 novembre 2011 1 28 /11 /novembre /2011 00:09

Regretter les émissions cultes est une preuve de jeunesse mentale : le Tribunal des Flagrants Délires sur France Inter fut bien plus qu’une bouffée d’oxygène : un vrai grand bonheur. J’ai croisé Inès de la Fressange dimanche soir sur le quai 1 de la superbe gare de Beaune alors que nous attendions l’unique TGV direct pour Paris Gare de Lyon. Elle s’est gentiment extasiée sur mon sac Pan Am. Dans mon livre de chevet Tout Desproges au Seuil 1450 pages, l’éditeur concluait à son propos : « elle a si peu changé en vingt ans qu’on se demande si elle n’est pas en tissu » J’en témoigne…

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J’adore la chute du réquisitoire de Pierre Desproges contre Inès De La Fressange le 18 janvier 1983 au Tribunal des Flagrants Délires (voir vidéo ci-dessous): « Cependant, avant de lui céder la parole (à l’avocat Luis Rego), qu’il me soit permis, vous dévorant de tous mes yeux, de vous resservir, en hommage à votre exquise beauté, la bouleversante déclaration que fit un jour le cardinal de Richelieu à la très belle, très jeune et très pulpeuse comtesse Poli d’Oletta qu’on avait placée à son côté lors d’un dîner d’intimes à la cour de Louis XIII :

Madame si ma robe était de bronze, Vous entendriez sonner le tocsin. » photopan-am.jpgphoto-pan-am1.jpg

  

 

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27 novembre 2011 7 27 /11 /novembre /2011 07:00

Tout fut réglé en deux temps trois mouvements : carte blanche, tous frais payés, primes  de risque et de résultat. Ma sécurité personnelle exige que je ne vous fasse aucune relation précise de ce que j’ai fait à New-York et bien sûr avec qui je l’ai fait. Deux cibles prioritaires : le Sofitel et Nafissatou Diallo, en sachant que l’un comme l’autre seraient d’un accès difficile mais, avec mes contacts locaux, nous avions les moyens de les contourner. L’important était d’aller droit au but, au plus vite, en passant au travers des mailles distendues de la machine judiciaire. Ici avec du blé tout est possible à condition d’être bardé d’excellents lawyers et  de travailler avec des pros du renseignement. Deux points focalisèrent mon attention après la relation que me fit Stef au téléphone : qu’était-il advenu du BlackBerry de notre client et que s’était-il passé dans la chambre 2820, située au même étage que la suite de DSK et où Nafissatou Diallo s'était rendue à plusieurs reprises avant et après son « contact » avec l'ancien favori des sondages ? Sur les autres chantiers, tout particulièrement celui de son compagnon embastillé Amara Tarawally, originaire de Sierra Leone, à qui elle a dit, sur l’un de ses 5 téléphones « Ne t’inquiètes pas, cet homme a beaucoup d’argent, je sais ce que je fais », nous avons très vite su que cet habitué de la manipulation des femmes, plusieurs fiancées au compteur, était un suceur de fric. L’une d’elle nous a expliqué qu’il avait tenté de l’escroqué. Pronostic évident : il était le talon d’Achille de la pieuse plaignante qui se révèlera être sa femme puisque marié religieusement avec lui.

 

Comme le groupe Accor, auquel le Sofitel appartient, est français je pus actionner facilement les procédures habituelles : les hommes, surtout les importants, ont tant de faiblesses répertoriées et fichées, pour avoir accès, bien avant tout le monde, aux enregistrements réalisés par les caméras de surveillance du Sofitel. Pour les relevés téléphoniques, depuis l’affaire des fadettes, vous savez tous qu’il suffit de raquer pour y accéder à condition bien sûr d’être couvert par sa hiérarchie : la mienne ne pouvait rien me refuser. Afin d’éviter que nous fussions repérés par les grandes oreilles nous désignons toujours notre client Kbis et la plaignante KO (en souvenir du boxeur nantais Souleymane Diallo). La relation qui suit revient, minute par minute, sur le film des événements troubles qui ont jalonné ce fameux 14 mai. 64067381diallo-s-jpg.jpg

En début de matinée Kbis découvre qu'il a « un sérieux problème avec un de ses téléphones BlackBerry » qu'il utilise pour envoyer et recevoir des messages aussi bien personnels que professionnels. Il soupçonne que celui-ci aurait été hacké car une amie qui travaille comme documentaliste au siège parisien du PMU (anagramme bien sûr), lui a envoyé un message dans la matinée pour le prévenir « qu'au moins un de ces e-mails privés récemment envoyés depuis son BlackBerry à son épouse, avait été lu dans les bureaux du PMU à Paris. »

 

10 h 07 Inquiet, Kbis téléphone à sa femme depuis le BlackBerry en question. « Au cours d'une conversation qui dure moins de six minutes, il lui annonce qu'il a un gros problème » et insiste pour qu'elle contacte Stef pour qu'il puisse rapidement « faire examiner le BlackBerry et l'IPad par un expert », une fois qu’il sera rentré à Paris.

 

12 h 06 - 12 h 07 KO, qui travaille depuis trois ans comme femme de chambre au Sofitel, pénètre dans la suite présidentielle occupée par Kbis. Ses bagages sont « visibles » dans l'entrée et selon l’usage dans tous les hôtels le personnel n'entre pas dans une chambre pour la nettoyer tant que le client s'y trouve.

 

12 h 13, Kbis téléphone à sa fille avec laquelle il a rendez-vous pour déjeuner, pour la prévenir qu'il risque d'être en retard.

 

12 h 26 KO entre dans la chambre 2820, située au même étage que celle de Kbis. La femme de chambre s'y est déjà rendue à plusieurs reprises dans la matinée, « Y avait-il quelqu'un dans la chambre 2820 en dehors de KO avant et après sa rencontre avec bis ? Si oui, qui étaient-ils et que faisaient-ils là ; et pourquoi, dans tous les cas, Diallo a-t-elle nié qu'elle s'était rendue dans la chambre ? » Pour l’heure il est trop tôt pour livrer les éléments de réponse dont je dispose.

 

12 h 28 Kbis quitte le Sofitel dans un taxi en direction du restaurant McCormick & Schmick's, sur la Sixième Avenue. D'après les caméras de surveillance de l'établissement, il arrive à destination à peu près une demi-heure plus tard.

 

12 h 51 Le téléphone de Kbis est déconnecté et le système de géolocalisation de l'appareil désactivé, comme en témoignent les archives de la compagnie BlackBerry. « Si on excepte la possibilité d'un accident, pour qu'un téléphone soit mis hors service de cette façon, il faut, selon un expert légal, une connaissance technique du fonctionnement du BlackBerry » nous ont précisé nos experts.

 

12 h 52 KO est prise en charge par le service de sécurité de l'hôtel.

 

13 h 03 John Sheehan, un expert des questions de sécurité  « identifié sur son profil LinkedIn comme directeur de la sûreté et de la sécurité chez Accor », reçoit un appel du Sofitel pour assister les équipes de l'établissement. Dans la voiture qui le conduit au Sofitel il téléphone. Serait-ce au responsable de la sécurité du groupe Accor, un ancien membre de la brigade antigang d’Ange Mancini ? Motus !

 

13 h 33 Brian Yearwood, ingénieur en chef du Sofitel, et un inconnu qui a auparavant accompagné KO jusqu'au PC sécurité s'éloignent du groupe rassemblé autour de la femme de chambre. A l'abri des regards, ils se congratulent, frappent dans leurs mains et se lancent dans « ce qui ressemble à une extraordinaire danse de fête qui dure trois minutes ». Scène étrange mais visible sur les bandes vidéo-surveillance.

 

14 h 05 Deux officiers de police arrivent au Sofitel.

 

14 h 15 Kbis « se rend compte dans le taxi qui le mène à l'aéroport que le BlackBerry qu'il souhaite faire expertiser à Paris a disparu. Depuis un autre mobile, il réussit à joindre sa fille et lui demande de retourner au restaurant pour vérifier que l'appareil ne s'y trouve pas. Celle-ci renvoie un message à son père à 14 h 28 pour le prévenir  qu'elle a fait chou blanc. A 15 h 01, Kbis, toujours en route vers l'aéroport, essaie en vain de joindre le BlackBerry à partir de son portable de rechange. Une demi-heure plus tard, il se résigne à appeler le Sofitel pour avertir le personnel qu'il a vraisemblablement oublié son téléphone dans la suite 2806. »

 

15 h 42 Quelqu’un du Sofitel rappelle Kbis, c’est un homme, flanqué d’un détective de la police il ment en annonçant que l BlackBerry a été retrouvé. Il propose de lui faire porter. Kbis répond « Je suis au terminal d'Air France, porte 4, vol 23 »

 

16 h 45 La police arrête Kbis dans l'avion qui devait le conduire à Paris. Le BlackBerry ne sera jamais retrouvé et les soupçons de piratage de l'appareil jamais étayés par des analyses d'expert.

 

NB. Toutes ses questions inédites sont posées par Edward Epstein dans un long article de la New York Review of Books à paraître ce week-end, et auquel LeMonde.fr a eu accès.

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