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29 décembre 2011 4 29 /12 /décembre /2011 16:00

Majou2008.jpgAu temps où j’étais payé pour délivrer mes puissantes pensées sur le devenir des vins français face à la concurrence des producteurs dit du Nouveau Monde j’avais, pour éveiller les assoupis, osé une opposition frappante entre le vin voulu et le vin subi. La formule eut un certain succès auprès des journalistes toujours à la recherche du truc qui frappe les esprits mais du côté des auditoires qui se pressaient pour écouter ma bonne parole ce fut ce que l’on appelle un succès d’estime. Se remettre en question n’est pas le fort des chefs de tribus. Ils n’aiment rien tant qu’un bel immobilisme gage de réélection dans un fauteuil pour occuper la flopée de présidences dont le monde agricole raffole. Oui, oui, on peut faire carrière dans les zinzins.

 

Mais sous la croûte, par bonheur, se glisse et prospère le meilleur. Nos grands chefs les qualifient d’emmerdeurs puisqu’ils viennent troubler les eaux calmes du lac. Certes ces vignerons sont souvent de foutus individualistes qui n’ont pas leur langue dans leur poche mais ce sont souvent eux qui font bouger les lignes, dans la vigne et dans le chai. Ils ont déjà bien du mal quand ils émergent du cru mais lorsqu’ils arrivent du diable vauvert ils ne sont pas accueillis à bras ouverts. Dans le cas de Luc Charlier je ne sais pas mais, ce que je sais, c’est que notre Léon n’est pas un homme facile, sauf si Francesca se présente… mais c’est une autre paire de manches… Dans son cas j’ai d’abord découvert ses commentaires presqu’aussi longs que mes chroniques avant de boire ses vins. Nous le fîmes  lors d’une « dégustation mystérieuse d’une cuvée ou l’art et la manière de mettre à nu un futur vigneron cul(te) » link 

 

 Et puis Luc Charlier s’exposa link et link

 

Nous n’étions que des relations virtuelles jusqu’au jour où je repris l’avion – l’était devenu tout riquiqui cet avion – pour descendre à Perpignan qui fut ma destination pendant presque deux ans. Bref, notre homme m’attendait dans cet aéroport qui me semblait figé pour l’éternité. Bien sûr je ne vais pas vous révéler les secrets de notre brève rencontre – Christine était là mauvais esprits – en sa maison de Corneilla-la-Rivière mais ce que je puis vous dire c’est que Léon le provocateur est un « sans culotte » sensible et attentionné.

 

Et j’en reviens ainsi au vin voulu. Ceux de Luc sont des vins voulus, réfléchis, bien élevés, tout le contraire de révolutionnaires, ils sont bien mis sans chiqué, polis sans obséquiosité donc agréables en société comme notre Léon. Ils plaisent sans se la jouer les séducteurs gominés. Reste à notre exilé des terres du Sud à bien vouloir pratiquer le plus vieux métier du monde : marchand. Quand on accouche – normal c’est sa formation – des gamins aussi bien dotés pour la vie pourquoi ne pas leur offrir un bel avenir. Voilà donc notre Léon qui s’est enfin décidé à monter à Paris pour honorer les bobos et les bobottes du Grunge Tasting. Alors moi le social-traître je lui crie « Ce n’est qu’un  début continue le combat ! »

 

Voilà, tel la RVF, j’ouvre mes lignes au commerce et je vous propose d'acquérir de beaux et bons flacons du Coume Majou 2008 du Domaine de Coume Majou sans en donner le  prix (rien que pour faire marronner l’ami Denis Boireau qui en l’occurrence le connaît.) Pour plus de renseignements il vous suffit d’aller ici link 

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29 décembre 2011 4 29 /12 /décembre /2011 00:09

Les Français dit-on sont très attachés à leur terroir d’origine ? Dans leur tête oui mais dans leurs actes de consommateurs c’est une autre histoire. La mode est au « achetez français ! » et nos candidats en campagne veulent réindustrialiser notre vieux pays et de les voir battre les zones industrielles, charlotte sur la tête, l'air inspiré, cernés de blouses blanches. L’industrie est synonyme de haute technologie alors que les usines alimentaires ça fait trop mal bouffe. Cachez-moi la choucroute en boîte ou le plat cuisiné surgelé, même que chez Leader Price y z’ont sorti papy Coffe de son coffre à vieilleries. Bien sûr, nous voyons tout en grand en France et nos malheureuses PMI et PME, chantées, louées pour leur accroche aux pays profonds sont comme les fonds de sauce destinées à lier les discours de nos candidats.  

 

Donc en ce temps de fête où l’on nous rebat les oreilles des douceurs de nos belles provinces, à la manière d’un Jean-Pierre Pernaut, tendance Houellebecq, je vais vous chanter l’une des nombreuses friandises auxquelles est accolé le nom d’un lieu. Ainsi, les Bêtises de Cambrai, les Madeleines de Commercy, le nougat de Montélimar, les calissons d’Aix, les berlingots de Carpentras, l’Angélique de Niort, les fruits confits d’Apt et beaucoup d’autres qui exhument de l’oubli des cités de nos provinces englouties.

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Comme nous sommes en fin d’année j’ai bien sûr choisi une friandise très courrue : les marrons glacés. Eux aussi sont nés quelques parts, à Privas, en Ardèche, plus précisément dans le Vivarais, par l’entremise d’un entrepreneur Clément Faugier qui « suite à la fameuse crise de la soie qui avait réduit un grand nombre d’ouvriers au chômage en Ardèche, en 1882, fonda son entreprise et redonna un nouvel espoir » au pays. Exporter ! Clément Faugier fit voyager le marron glacé jusqu’à Zanzibar et en rentrant, constatant qu’il avait bien supporté l’épreuve du dépaysement, des fortes variations de climat, pu se lancer dans le commerce hors l’étroit pays. Bien plus tard, la crème de marrons Faugier accompagna Paul-Emile Victor en Terre-Adélie. 

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Cependant il me faut lever un mystère du vocabulaire : le marron est-il une châtaigne ou inversement ? Marronnier des villes ou châtaignier des champs. En fait le marron est une châtaigne même si c’est lui qui tient pourtant le haut du pavé : marrons glacés, dinde aux marrons, purée de marrons, hormis sur les grands boulevards où le marron chaud s’adresse plutôt au populo. La châtaigne est tout de même princesse Corse : farine, gâteau et maintenant la Pietra, une bière très populaire. Le marron a-t-il conquis sa position par la force puisque dans le langage populaire donner un gnon c’est un placer un marron ? Plus sérieusement le marron est la couleur de la peau de la châtaigne, et est une couleur tout court. Être marron n’est non plus pas très agréable. Quoi qu’il en soit tous deux ont adopté la devise des ducs d'Orléans « Qui s’y frotte s’y pique ! » forts de leur bogue hérisson.

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Deux questions pour la fin : comment un marron devient-il glacé ?

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Et d’où vient aujourd’hui le marron qui va être glacé ?

 

La récolte mondiale de châtaignes est d’environ 1 million de tonnes (FAO 2002).

 

La production française, localisée principalement en Ardèche (26%), en Dordogne et dans le Var, est environ de 12 000 tonnes par an (en 2004, contre 110 000 tonnes en 19457). Cette production ne couvrant pas l'ensemble des besoins nationaux, principalement pour certains produits transformés, la France importe de 13 000 à 14 000 tonnes alors qu'elle exporte près de 2 000 tonnes.

 

En 2006, l'INAO a reconnu l'AOC Châtaigne de l'Ardèche. Un hectare de châtaigniers peut produire de 1 à 4 tonnes de châtaignes par an (selon les variétés) négociable en 2009 par le producteur entre 1 euros et 2,5 euros/kg (selon les variétés).

Production annuelle de châtaignes (en tonnes)

 

Données de FAOSTAT (FAO)

 

Pays      2003      2004

 

Chine                 715 000                69 %      715 000                69 %

Corée du Sud     72 405   7 %         72 405   7 %

Italie                     50 000   5 %         50 000   5 %

Turquie                48 000   5 %         48 000   5 %

Bolivie                 35 000   3 %         35 000   3 %

Portugal              32 856   3 %         33 000   3 %

Japon                  25 100   2 %         25 100   2 %

Russie                 17 000   2 %         17 000   2 %

Grèce                  12 000   1 %         12 000   1 %

France                 10 118   1 %         11 000   1 %

Autres pays         24 022   2 %         24 238   2 %

 

Total                      1 041 501             100 %    1 042 743             100 %

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28 décembre 2011 3 28 /12 /décembre /2011 18:09

C’est du tout chaud, tout juste lu, page131, et sitôt en boîte. C’est d’Olivier Bardolle, un essayiste corrosif, dont je suis en train de lire le dernier opus « La vie des jeune filles » où il dissèque et étudie la prolifération de la « jeune-fillisation » de notre société...

 

« Juin 2011 : immense bâche publicitaire sur la façade du Printemps; la petite Nathalie Portman, torse nu, bras croisés, regard aguicheur, fait la pub de Miss Dior. Qui est-elle quand elle fait ça ? L’actrice ? La jeune fille sexy ? La femme libérée ? Qui croit-elle être sur cette image si ce n’est un objet de convoitise ? Qui va-t-elle convaincre de porter le parfum Dior ? Et en vertu de quels principes ? Combien a-t-elle touché pour accepter une telle mise en scène ? Enfin, comment tenir encore après ça des propos sur la dignité de la femme ? Et surtout comment reprocher à toutes les autres, les anonymes, de se déguiser chaque jour en friandises sexuelles lorsqu’elles sont soumises, par le truchement de l’exemple, à de tels modes de fonctionnement ? Sur une telle affiche, banale en apparence, le sexe et l’argent sont réunis pour favoriser le commerce mais aussi la putasserie. Dior n’était pas obligé de dénuder Miss Portman. Ce n’est peut-être pas un crime, mais certainement une faute »

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28 décembre 2011 3 28 /12 /décembre /2011 00:09

J’adore les petits livres et celui d’Étienne Klein et de Jacques Perry-Salkow «Anagrammes Renversantes» Le sens caché du monde chez Flammarion 10€ est d’une insoutenable beauté.

 

Jugez-en !

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Reste qu’un beau flacon n’est pas gage d’ivresse intellectuelle encore faut-il qu’il nous livre un beau millésime d’un grand cru. Les deux larrons des anagrammes, le physicien et le musicien, ont su s’accorder pour « élever », avec malice et loufoquerie, des assemblages – dans le monde du vin on ne mélange pas, on assemble – qui, sur la Rive Gauche, celle de Paris bien sûr, n’ont nul besoin d’un quelconque Parker pour se voir décerner des commentaires de dégustation élogieux.

 

Jugez-en !

 

« L’Origine du monde, Gustave Courbet » ce vagin où goutte l’ombre d’un désir.

« Marie de Tourvel » Vérité de l’amour

« Le marquis de Sade » démasqua le désir.

« Entreprise Monsanto » Poison très rémanent

« Le commandant Cousteau » tout commença dans l’eau


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Alors moi, vous ne connaissez, lorsque je lis sous la plumes de nos 2 renversants que « les tripes ne sont pas sans esprit, les morues sans mœurs, le pirate sans patrie, le sportif sans profits et l’étreinte sans éternité » je me suis dit : et moi, et moi…

 

J’ai jeté mon dévolu sur la star du moment : château Lafite et j’ai écrit sur un papier « Baron Élie de Rothschild château Lafite »

 

NB. « Il n’est tenu compte ni des accents ni de la ponctuation »

 

J’ai commencé par jeter des mots sur mon papier : or, Chine puis je suis allé chercher mon jeu de Scrabble et j’ai réécrit «Baron Élie de Rothschild château Lafite » avec les lettres.

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Le résultat de ma déconstruction-reconstruction n’était pas à la hauteur de ceux des 2 brillants esprits dont vous allez, sans nul doute, acheter l’opus pour régaler vos neurones. Alors je suis allé sur le site de Lafite et copié-collé cette citation du Maréchal de Richelieu (1755) puis je suis allé me coucher.

 

« J'ai découvert que le vin de Château Lafite est un cordial généreux, délicieux et comparable à l'ambroisie des Dieux de l'Olympe »

 

Comme le disait ma sainte mère «  mets une bonne nuit de sommeil sur ce tu es en train d’apprendre… et demain tout coulera de source… »

 

Voilà le résultat obtenu en fin de matinée sur un coin de table :

 

Tiens, j’ai découvert que l’or de la Chine est comparable à des dieux de l'Olympe, cordial, généreux, délicieux… 

 

Au faîte l’abime tue…

 

sans préjuger de la qualité de mon anagramme, ai-je perdu mon temps à ce jeu « savant et loufoque » ?

 

Réponse d’Étienne Klein le physicien qui fait aimer la science link

 

Ecouter le co-auteur Jacques Perry-Salkow parler de sa passion pour l’anagramme link      

 

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27 décembre 2011 2 27 /12 /décembre /2011 16:00

Dans la foulée de ce matin je ne résiste pas au plaisir de m’offrir virtuellement un Corton Grancey Latour  de l’année de ma naissance, 1948, pour la modeste somme de 700 francs légers puisque alors que je voguais sur mes dix ans ceux-ci allaient êtres qualifiés de lourds en s’allégeant de deux zéros. En ce temps-là elle était loin pour moi la Bourgogne des climats avec pourtant son Gevrey-Chambertin Saint Jacques 1947 à 800 francs, son prestigieux Clos de Tart 1945 à 1000 francs ou son Chevalier Montrachet 1928 à 1000 francs. Le représentant en vins qui démarchait mon père se contentait de lui proposer des vrais faux Bourgogne : des vins dit déclassés car produit au-dessus des rendements de l’appellation.

  

Je ne vais pas ternir votre plaisir avec mes vieilles histoires mais souligner la belle place des Chablis : Fourchaume, Clos, Preuses en millésime 49, Valmur, Preuses, Vaudésir en millésime 29 entre 400 et 600 francs. Je rêve aussi d’un Meursault Poruzots 49 à 500 francs et Montrachet 28 à 1000 francs : vive la crise ! 

 

La maison Nicolas indiquait à ses clients de l’année 1957 : « En raison de la rareté des vins de réserve de notre tarif de luxe, nous n’acceptons que les commandes pour consommation immédiate et non pour la constitution de stocks en cave. Nous réduirons les commandes qui nous paraîtraient exagérées. » 

 

Heureux temps où  les vins de luxe n’étaient pas la proie des spéculateurs échaudés par la Bourse. Attendre et voir : acheter au point haut est gage de belles déconvenues lorsque viennent les points bas. N’aurai aucune larme pour ces acheteurs de belles étiquettes. Pour les « youpala» : en 1988 j’ai visité les caves troglodytes de Nicolas à Charenton-le-Pont, juste avant leur déménagement (j'embouteillais le vin de table Nicolas en ce temps-là, ce sui un péché mortel comme chacun sait). Sans doute la plus belle collection de grands vins anciens de France.

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27 décembre 2011 2 27 /12 /décembre /2011 00:09

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Qui se souvient d’Antoine Pinay, le maire de Saint-Chamond, qui a légué son nom à un emprunt qui a fait pendant des décennies le bonheur des héritiers voulant échapper aux droits de succession ? Pas grand monde ! Qui se souvient du rapport Armand&Rueff et de Wilfrid Baumgartner ? Personne ou presque ! Et pourtant l’irruption des nouveaux francs concomitamment avec la nouvelle République : la Ve, a pourtant traumatisé des générations de français en amputant la monnaie nationale de deux zéros. Cette division, mentalement simple, fut refusée aussi bien par les vieux que par les jeunes, surtout lorsqu’on abordait le million. Gymnastique perpétuelle, acrobatie même qui, curieusement, ne s’est pas renouvelée lors du passage à l’euro. Nous changions d’ère, nous basculions dans un espace inconnu : l’Union dite Européenne. Nous avons de suite compté en euro méprisant de ce fait la monnaie divisionnaire qui nous semblait soudain dévaluée : et pourtant un euro c’était tout de même presque 7 de nos nouveaux francs ; pas tout à fait rien. Le prix du petit noir s’est envolé au café et l’exercice du pourboire n’en a pas été facilité. 

 

La zone euro tangue faute de barreur digne de ce nom. Va-t-elle voler en éclats ? Allons-nous nous retrouver en tête à têtes avec nos vieux francs ? Etrange époque où le pouvoir européen ne veut pas battre monnaie. Comme l’écrit fort justement Derek Thompson dans un journal de Washington : « il faut faire marcher la planche à billets ». Il cite Saint Augustin «  O Dieu ! Accordez-moi la chasteté, mais pas tout de suite ! » Oui, il n’y a pas aucune contradiction entre la mise en place d’ajustements de nos finances donnant des résultats à long terme et une bouffée d’oxygène à court terme. Sinon le patient a de fortes chances d’être mort avant d’être guéri. Comme l’écrit notre étasunien « la BCE a la possibilité d’agir comme une banque centrale. Elle peut déchaîner l’enfer monétaire en achetant tous azimuts des obligations et en faisant tourner la planche à billets afin de faire baisser les taux d’emprunt et d’éviter le défaut de paiement. Pendant ce temps, l’Europe s’emploiera à trouver une solution à long terme au désastre qu’elle a elle-même provoqué. » C’est de la pure gestion domestique mais encore faut-il que ceux qui se présentent à nos suffrages aient la carrure pour endosser des habits d’homme d’Etat sans être obnubilé par leur popularité gage pour eux de succès électifs.


Mais revenons à  nos vieux francs 1957, au tarif des prestigieuses bouteilles du catalogue Nicolas de cette année-là illustré par des aquarelles de Constantin Kostia Terechkovitch. Bien évidemment, j’ai mis en avant Lafite l’idole des nouveaux riches chinois. Pour les amateurs quelques remarques s’imposent : Lafite, Mouton-Rothschild, Latour, Haut-Brion... sont flanqué du ® indiquant qu’il faut décanter le vin, nulle mention de château ou d’appellation alors que château est porté par Yquem, Climens, DoisyDaëne sauf pour les bouteilles exceptionnelles.

 

Reste les prix : Question aux spécialistes de l’inflation : combien valaient les francs de 1957 pour convertir les 3500 francs de Lafite en francs pré-euro et pouvoir faire des comparaisons avec son cours actuel en euros ?  La réponse est donnée par Olivier Borneuf tout en bas. Merci Olivier. 

 

Enfin, pour ne pas faire la part trop belle à l’impérialisme bordelais je signale à votre aimable attention que l’afterwork de ce jour vous proposera les tarifs Nicolas des bouteilles exceptionnelles de vins de Bourgogne.

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26 décembre 2011 1 26 /12 /décembre /2011 00:09

Vous avez échappé à un titre très Charlie Hebdo : « Miss Dior est nue, combien vaut son jus ? » mais comme je me dois d’être PC*je vais me contenter de vous donner la réponse : de 1 à 1,5€ par flacon vendu à un prix unitaire de 100€. Pas mal, non ! C’est plus juteux que produire du lait au fin fond de l’Aveyron. Ne me traitez pas de démagogue, et même si m’sieur Michaud est fâché avec les chiffres je trouve intéressant de constater avec quelle facilité certains créé de la « valeur » pour irriguer essentiellement 3 cagnottes : le créateur (la marque), la publicité et la distribution. Pas très nouveau me rétorquera-t-on, c’est ainsi que va le monde où l’acte de production est réduit à sa plus simple expression pour laisser le champ libre aux tâches nobles : création, packaging, marketing…


Cependant le secteur des parfums de grandes marques me semble être très emblématique de cette fuite en avant. « Sur le segment de la parfumerie fine, il se lance 800 à 1200 nouveaux jus par an. Il existe une grosse pression de la distribution pour la nouveauté. » Nicolas Olczyk consultant chez Rouge Curacao. Le nouveau vieillit vite et le succès de beaucoup de ces jus est rarement au rendez-vous. Le Nouvel Obs., dont je tire les chiffres ci-dessous, consacre sous la plume de Dominique Nora un excellent article sur les « maisons de composition » qui sont des multinationales des arômes qu’ils soient alimentaires ou destinés à la cosmétique.


Marges pharaoniques, profits disproportionnés, face à des coûts de production réduits à leur plus simple expression. Le moins cher du moins cher des dépenses courantes : alimentation, habillement, voisine avec le très cher qui ne coûte pas cher à produire. Le paraître, le faux luxe de marques sans réel contenu qui n’existent que par le fort contenu d’image de la communication : Nike en est un des plus beaux exemples.


Revenons au parfum et au cas cité en titre Saharienne d’Yves Saint Laurent

 

Je cite ce qui est reproduit sur tous les blogs modeux, du pur jus de tête de petites plumes.  

« Son nom sonne comme une évidence. Hommage à la veste lacée iconique, pièce mythique de la couture Yves Saint Laurent. Une ode à la sensualité qui sublime les formes dans un jeu provocant de caché-dévoilé sur la peau. Une célébration renversante d’une féminité libre, sauvage et provocante. »

 

La Fragrance : coût du jus concentré 1 à 1,5€ + fabrication usine 1€

« Fidèle à l’écriture des parfums Yves Saint Laurent, Saharienne réinvente la fraîcheur sur un registre inédit. Provocante, elle bouscule les codes et mêle les températures extrêmes, de l’envolée lumineuse au sillage incandescent. En tête, les zestes de citron Primo Fiore, bergamote et mandarine italiens viennent éclabousser de milliers d’éclats acidulés les pétales blancs surexposés, comme un champagne « blanc de blanc ». La douce amertume des feuilles d’orange froissées se pique de quelques flèches vertes, décochées par le galbanum et le bourgeon de cassis. Les effluves floraux solaires et salés sont galvanisés par l’insolence des baies roses et du gingembre. La sensation est voluptueuse et enveloppante, suave et caressante. »

 

Le Flacon et packaging : 3€

« Yves Saint Laurent, Saharienne est un symbole de voyages vers des contrées lointaines. Parsemé de lumière et de transparence cristalline la bouteille révèle un parfum frais et doré comme le sable chaud, tandis que la tentation ultime, son bouchon d’or martelé est une véritable pièce de joaillerie couture, sensuelle et raffinée. Fidèle à la vision parfum d’Yves Saint Laurent, Saharienne réinvente la fraîcheur dans une forme entièrement nouvelle. Provocateur, il rompt avec les codes. »

 

Publicité&marketing 25€

Marge de la marque 15€

Distribution 35€

TVA 19,6€

 

Du côté de Miss Dior Chérie

 

« Après Sharon Stone, Charlize Theron, Monica Bellucci, c’est au tour de Natalie Portman de rejoindre le club très fermé des égéries de Dior.

 

La jolie brune dont la carrière a débuté à 12 ans avec le film Léon, ne cesse d’étonner et de se réinventer. Passant de blockbuster à films d’auteurs, d’un style garçonne à un style féminin assumé, l’actrice a réussi à séduire la maison prestigieuse Christian Dior. Pour la première fois, l’actrice israélo-américaine sera l’égérie d’une marque de beauté dans l’univers du luxe. Shootée par le talentueux Tim Walter, la série dévoilant l’univers sucré et léger de Miss Dior Chérie sera visible en presse écrite à partir de mars 2011. La campagne publicitaire réalisée par Sofia Coppola mettrait en scène une Natalie Portman « charismatique et élégante » d’après Claude Martinez, le PDG de Parfums Christian Dior.

Aucune information n’a été révélée sur le thème du shooting, mais la brune énigmatique aurait déclaré: « Je me sentais comme un grande et vieille cougar. » « Le spot TV dévoile également d’un coup, un cygne blanc. C’est de la publicité subliminale pour mon film » une référence à son dernier rôle dans Black Swan, qui sortira en France le 9 février 2011, soit quelques semaines avant le spot signé Dior. »

 

Dominique Nora écrit « Dans ce marché saturé, la concurrence est rude (…) LVM H (Dior, Guerlain, Givenchy…) internationalise à nouveau en partie sa création, confiée à Thierry Vasseur et François Demachy. L’Oréal (Giorgio Armani, Lancôme, Saint-Laurent…) emmène ses parfumeurs préférés travailler avec les plus grands maîtres des épices, du chocolat, du champagne, du thé ou de la haute cuisine… « C’est une bonne manière de nourrir la création de nos nez, qui doivent en permanence sentir les tendances et renouveler leurs émotions sensorielles ».

 

Beaucoup d’appelés et peu d’élus donc pour 15% de parfum, 65% d’alcool éthylique et 20% d’eau distillée que vous retrouverez chez Sephora à au moins une petite centaine d’euros le flacon… reste que ce sont les jus des années passées qui financent le quadrille des nouveaux venus. « le marché mondial de la parfumerie – 39,7 milliards de $ en 2010 selon Euromonitor – ne semble pas trop souffrir de la crise »

 

Pour Antonin le basque bondissant sur le mur à gauche le buzz du moment : Lady Gaga va sortir un parfum en 2012 dont « la licence sera gérée par la maison Coty (marc Jacobs, Calvin Klein, Céline Dion… » Il serait baptisé « Monster » et contiendrait des formules moléculaires similaires à celles du sperme et du sang »

 

Foutage de gueule garanti mais quand on aime on ne compte pas !



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25 décembre 2011 7 25 /12 /décembre /2011 07:00

Et puis, un soir de mai, ce fut la gare de Lyon quasi-déserte, à quai le long train de nuit Paris-Turin-Milan où les confortables single de la Compagnie des Wagons-lits voisinaient avec les affreuses couchettes de seconde de la compagnie italienne, des quasi-ruines inconfortables. Le couloir de mon wagon empestait la chaussette rance et le tabac froid des pauvres en transit. Dans mon compartiment les 5 autres couchettes étaient occupées par un couple et ses trois enfants, ça sentait le lait caillé mêlé au parfum à deux balles de la mère, une brune à la lourde poitrine qui commençait à s’empâter. Francesca, belle comme un cœur, m’accompagnait. Sur le quai les regards des mâles majoritaires la déshabillaient sans vergogne. Elle se suspendait à mon bras, l’air effarouché. Pour tout bagage j’avais un grand sac de marin où j’avais enfourné le strict nécessaire d’un militant internationaliste en cavale. Mes nouveaux camarades vivaient dans l’angoisse de l’infiltration et j’allais devoir leur donner des gages pour lever leurs soupçons. Bien sûr la caution de Chloé et mon passé de fouteur de merde, constituait pour moi des atouts mais elle m’avait prévenu que cela ne suffirait pas à m’introduire dans les arcanes de leurs cellules action, il me fallait gagner leur confiance. Face à la promiscuité de mon compartiment Francesca me murmurait « et si tu faisais le trajet en single jusqu’à Turin, au moins tu dormirais... » Je la serrais tout contre moi. « A la guerre comme à la guerre ma belle, il me faut arriver chez ces dingues aussi frais qu’un merlan qui a connu l’épreuve d’un long transport... » J’ajoutai « Je n’ai pas l’intention de dormir. Il me faut le temps d’endosser ma nouvelle identité... »

 

Je n’aime pas les adieux. Francesca dut, à ma demande expresse, repartir avant que le train ne s’ébranle. Notre étreinte fut longue et quasi-sauvage. L’ombre de Chloé pesait sur nos adieux et je sentais dans la rage de Francesca la marque de la jalousie. Me partager avec une autre, elle le tolérait mais entendait rester la préférée. J’avoue que je les aimais toutes les deux sans l’ombre d’un remord. Le train fit une longue halte en gare de Dijon. J’en profitai pour aller retrouver au bar du wagon-restaurant de la rame CWLT l’un des pontes de la Grande Maison qui avait décidé de s’offrir du bon temps à Venise avec une jeunette. Il frétillait tel un gardon, gominé comme Rudolf Valentino, empestant l’eau de toilette, en col roulé, sa suffisance faisait plaisir à voir. Bon prince je ne lui fis pas remarquer qu’il avait sagement laissé sa conquête dans son T1. Octave Lebon, Contrôleur Général, me tendait sa main aux doigts manucurés : « Comment va notre indépendant ? » me lançait-il arborant un sourire en or massif. Je ne sais pourquoi j’ai toujours nourri une prévention pour les types qui étalaient une dentition couronnée en or jaune pétant. Le bel Octave complétait le tout en or par une lourde gourmette, une chevalière massive et une chaîne où pendait une médaille de la Vierge. Une vraie caricature mais je n’en avais que faire, seule sa position centrale dans la Grande Maison m’intéressait. En bon politique ce cher Octave Lebon cultivait l’ambigüité avec un art consommé ce qui lui avait permis de traverser toutes les coups de torchon qui avaient perturbés la Grande Maison lors de l’arrivée des gaullistes au pouvoir. Je n’étais pas dupe de l’amitié qu’il déclarait me porter, mes relations dans le premier cercle du pouvoir lui apparaissaient comme un gage suffisant pour qu’il puisse affirmer me tenir sous sa protection. Moi ça m’arrangeait et je le flattais en lui faisant partager des informations de première main. « Je pars au front, commandant ! »

 

Lebon nous commandait deux Cognac tout en me tendant son étui à cigares. Il adorait que je lui donne du commandant. Il se rengorgeait. Ma présence dans ce wagon le comblait d’aise. Il croyait m’avoir convoqué alors que c’était moi qui avais monté le coup avec la complicité de sa nouvelle dulcinée. Les hommes, même ceux dont c’est le métier, ne se méfient jamais des jolies et jeunes femmes qui leur tombent soudain dans les bras. Victorine, que j’avais croisée dans un dîner en ville, payait ses études grâce aux largesses de vieux barbons du style d’Octave. C’est Francesca qui l’avait repérée et, lorsque je lui en fis la proposition, elle fut de suite partante pour ferrer Monsieur le Contrôleur Général. Celui-ci se révéla un pigeon idéal. Victorine le menait par le bout du nez. Le retour sur investissement me disait-elle est excellent car Octave se révélait un bien piètre amant mais l’entretenait sur un bon pied. L’escapade à Venise venait de nous. Lebon s’étalait, bedaine avantageuse, tirant par petites bouffées sur son Puros pour ne pas l’échauffer. « Mon jeune ami je sais que vous n’êtes pas maçon mais vous d’autres cordes à votre arc. En Italie, la pression monte sous le couvercle de la marmite politique, Moro et Berlinguer veulent desserrer l’étreinte en matérialisant leur « compromis historique ». Pour nos frères de la Loge P2 et le Haut Commandement, un communiste reste un communiste même s’il a pris ses distances avec Moscou. Le bordel que fiche les groupuscules d’extrême-gauche sert nos amis qui souhaitent rétablir l’ordre dans le merdier qu’est devenu leur pays. Alors vous comprenez que votre entrisme nous intéresse car, contrairement à ce qui se passe en France, où les jeunes branleurs de la Gauche Prolétarienne se laissent facilement infiltrer, ici ce sont les mecs des usines qui tiennent les intellos. Nous comptons beaucoup sur vous.

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25 décembre 2011 7 25 /12 /décembre /2011 00:09

Chers vous tous qui fêtez Noël,

 

J’ai 21 ans. Je m’appelle Feng Yu, il y a bien longtemps que je ne crois plus au Père Noël et pourtant nous travaillons pour lui à Shenzen car nous sommes les petites mains qui assemblons les jouets de Mattel le fabriquant de la fameuse poupée Barbie.

 

J’ai commencé à travailler dans mon usine de Shenzen à 16 ans, un an avant la fin du collège car je suis une fille et que ma famille avait besoin d’argent pour financer l’Université de mon frère.

 

Le travail c’est 6 jours sur 7 de 11 à 12 heures par jour Les heures supplémentaires payées 1,5 fois plus de l’heure c’est presque tous les jours. Alors je restais à l’usine jusqu’à 21h 30 parfois 22h avec 2 pauses dans la journée : 1h30 pour le déjeuner et 1 h pour le dîner.

 

Mon chef ne cessait de me gronder soit parce que je n'étais pas assez rapide ou parce que je passais trop de temps aux toilettes. Lui, bien sûr, c’était son intérêt car si nous atteignons les objectifs de production il obtenait une récompense. Pas nous, évidemment. C’est simple pour lui si, sur une chaîne de 80 ouvrières, il en emploie moins et que les objectifs sont respectés, il est doublement gagnant.

 

J’habite au dortoir de l’usine avec 8 autres collègues pour 35 yuans, c’est 4 euros, plus les charges, par mois. En ville, j’aurais dû débourser 350 yuans. C’est beaucoup lorsqu’on ne gagne entre 1300 et 2500 yuans, soit 153 à 294 euros en fonction des heures supplémentaires effectuées.  

 

Sans vouloir gâcher la fête de vous et de vos enfants j’ai cru bon de témoigner que 4 millions de personnes, principalement des femmes migrantes âgées de 15 à 30 ans, travaillent dans l'industrie du jouet en Chine, pour un salaire journalier moyen d'environ 3,50 euros. Toutes les secondes, 3 poupées Barbie sont vendues dans le monde.

 

On me dit que selon un sondage réalisé par l'association Peuples Solidaires, un Français sur deux (52%) achète des jouets dans l'année ou prévoit d'en acheter dans les six prochains mois, un chiffre stable malgré la crise.

 

Une large majorité (76%) a conscience qu'il existe de réels problèmes de conditions de production dans le secteur, et 57% d'entre eux se déclarent prêts à se mobiliser en choisissant des produits qui garantissent des conditions de travail décentes, quitte à payer plus cher.

 

Je témoigne ici sous un nom d’emprunt car j’ai peur des représailles et je m’inquiète car je veux retrouver du travail en Chine.

 

Merci de m’avoir lu.

 

Joyeux Noël à tous.

 

Une ouvrière  de l’usine du monde à Shenzen

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24 décembre 2011 6 24 /12 /décembre /2011 00:09

Non je vous assure je n’ai ni abusé avec mes amis de Bourgogne Live de l’aligoté de Bouzeron, ni sifflé une ligne de Kir en galante compagnie, ni trop honoré « l’Ouvrée des Dames » 2005 de Joseph Drouhin, mais tout simplement lu « Le Père Noël supplicié » de Claude Lévi-Strauss, texte d’abord publié dans la revue Les Temps Modernes (N° de mars 1952, pp. 1572-1590) et qui a été réédité aux éditions Sables en 1996.

 

C’est sur ce fait divers étonnant relaté dans le n° de France Soir du 24 décembre 1951 sur que le  grand ethnologue va appliquer son analyse. Cette étrange cérémonie a un peu plus que mon âge et elle marque bien la distance qui nous sépare du début des années 50.

 

« Le Père Noël a été pendu hier après-midi aux grilles de la cathédrale de Dijon et brûlé publiquement sur le parvis. Cette exécution spectaculaire s’est déroulée en présence de plusieurs centaines d’enfants des patronages. Elle avait été décidée avec l’accord du clergé qui avait condamné le Père Noël comme usurpateur et hérétique. Il avait été accusé de paganiser la fête de Noël et de s’y être installé comme un coucou en prenant une place de plus en plus grande. On lui reproche surtout de s’être introduit dans toutes les écoles publiques d’où la crèche est scrupuleusement bannie.

Dimanche à trois heures de l’après-midi, le malheureux bonhomme à barbe blanche a payé comme beaucoup d’innocents d’une faute dont s’étaient rendus coupables ceux qui applaudiront à son exécution. Le feu a embrasé sa barbe et il s’est évanoui dans la fumée.

À l’issue de l’exécution, un communiqué a été publié dont voici l’essentiel :

"Représentant tous les foyers chrétiens de la paroisse désireux de lutter contre le mensonge, 250 enfants, groupés devant la porte principale de la cathédrale de Dijon, ont brûlé le Père Noël.

Il ne s’agissait pas d’une attraction, mais d’un geste symbolique. Le Père Noël a été sacrifié en holocauste. À la vérité, le mensonge ne peut éveiller le sentiment religieux chez l’enfant et n’est en aucune façon une méthode d’éducation. Que d’autres disent et écrivent ce qu’ils veulent et fassent du Père Noël le contrepoids du Père Fouettard.

Pour nous, chrétiens, la fête de Noël doit rester la fête anniversaire de la naissance du Sauveur."

L’exécution du Père Noël sur le parvis de la cathédrale a été diversement appréciée par la population et a provoqué de vifs commentaires même chez les catholiques.

D’ailleurs, cette manifestation intempestive risque d’avoir des suites imprévues par ses organisateurs.

………………….

L’affaire partage la ville en deux camps.

Dijon attend la résurrection du Père Noël assassiné hier sur le parvis de la cathédrale. Il ressuscitera ce soir, à dix-huit heures, à l’Hôtel de Ville. Un communiqué officiel a annoncé, en effet, qu’il convoquait comme chaque année les enfants de Dijon place de la Libération et qu’il leur parlerait du haut des toits de l’Hôtel de Ville où il circulera sous les feux des projecteurs.

Le chanoine Kir, député-maire de Dijon, se serait abstenu de prendre parti dans cette délicate affaire. »

 

Chiara Frugoni le rappelle dans son livre le Père Noël est le dernier avatar de saint Nicolas. « Au Moyen Âge, en Flandre, en Lorraine et aux Pays-Bas, pour la fête de Saint Nicolas, le 6 décembre, un enfant affublé d’une barbe blanche et revêtu d’un habit d’évêque, distribuait de maison en maison des cadeaux aux enfants sages, tandis que le Père Fouettard, une baguette à la main, menaçait de punir ceux qui avaient été désobéissant. Le nom néerlandais, Sinter Klass, fut importé en Amérique par les émigrés originaires des Pays-Bas, et il devint Santa Claus. Le Père Noël est un « reste » de saint Nicolas, ou plutôt d’un saint Nicolas tel qu’il était encore avant que la réclame de Coca-Cola, en l’habillant d’une casaque et d’un pantalon rouge (et non plus vêtu de l’habit long d’un évêque) ne le transforme en en bonhomme rond et rieur, conforme à une certaine image des Américains. »

 

Le Père Noël et « les festivités qui accompagnent son invocation ne sont pas une invention récente, mais plutôt une réadaptation. Que ce soient le gui, les cadeaux, le sapin, les papiers-cadeaux même, tout revient de pratiques passées et restaurées dans lesquelles Saint Nicolas, Halloween, le Père Fouettard, le Père Noël et d’autres encore alternent les rôles et s’opposent depuis des dizaines de siècles. Ainsi, selon Lévi-Strauss :

 Il est révélateur que les pays latins et catholiques, jusqu’au siècle dernier, aient mis l’accent sur la Saint Nicolas, c’est-à-dire sur la forme la plus mesurée de la relation, tandis que les pays anglo-saxons la dédoublent volontiers en ses deux formes extrêmes et antithétiques de Halloween où les enfants jouent les morts pour se faire exacteurs des adultes, et de Christmas où les adultes comblent les enfants pour exalter leur vitalité. »

 

Reste plus à notre flamand exilé de service, dernier dépositaire de Sinter Klass, de nous faire, soit le coup de se parer dans la longue robe de l’évêque, soit de se fourrer dans le pantalon rouge du Père Noël. Nous attendons avec sérénité la photo des deux faces de notre Léon à qui nous promettons que, quelle que soit son éventuelle provocation, de lui épargner la fureur du clergé de Dijon si la moutarde lui montait soudain au nez...

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