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11 juin 2021 5 11 /06 /juin /2021 06:00

Si vous avez un peu plus de cinq minutes

 

« Cet homme est juste passionnant ! »

Sonia Lopez Calleja

Glyphosate, Labour, enseignement, Bolsonaro, temps long, séquestration du carbone, 30 % de sols salinisés en France, sciences naturelles, cycle de vie, 70 millions de migrants, Stéphane le Foll, 4 pour mille...Glyphosate, Labour, enseignement, Bolsonaro, temps long, séquestration du carbone, 30 % de sols salinisés en France, sciences naturelles, cycle de vie, 70 millions de migrants, Stéphane le Foll, 4 pour mille...

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10 juin 2021 4 10 /06 /juin /2021 08:00

 

- Et puis un beau matin plein de soleil nous enfourchions nos vélos, filions tout droit vers le check-point Charlie. À notre grand étonnement personne ne se soucia de nos petites personnes. Notre bonjour en français aux Vopos sembla leur suffire ce qui nous laissa pantois mais nous requinqua. Nous pédalâmes gaiement sur des avenues, aussi larges que des autoroutes, qui nous menaient jusqu'à l'avenue Unter den Linden en passant par l'Alexanderplatz le nouveau centre-ville du « siège du gouvernement de la RDA » pour ne pas dire Berlin-Est capitale de l’autre Allemagne puisque celle de l’Ouest se contentait de Bonn…

 

 

- Pourquoi ce raid soudain vers Berlin-Est ?

 

 

- Une histoire de filles…

 

 

- Comme toujours avec vous…

 

 

- Nous nous emmerdions à l’Ouest. Les allemands de l’Ouest, ceux de Bonn la petite capitale de la RFA, n’aimaient guère les Berlinois de l’Ouest. Deux années avant la chute du mur, la vitrine la plus avancée de l’Occident libre, le petit joyau enfoncé dans le cul des pays du Pacte de Varsovie, et plus concrètement dans celui de l’autre Allemagne dite Démocratique, coûtait aux contribuables ouest-allemands la bagatelle de 22 milliards de deutschemarks, soit comme l’écrivait un de ces économistes adepte de la formule qui frappe les esprits « 41 857 marks à la minute ». Berlin-Ouest relevait pour beaucoup de la danseuse coûteuse et, chaque fois qu’ils postaient une lettre, le timbre de solidarité obligatoire du Notopfer Berlin – 10% de sacrifice pour la détresse – ça leur laissait, de 1948 à 1956, un goût amer sur la langue. Bien sûr, l’image humble et courageuse, du bourgmestre Willy Brandt qui saura par des gestes symboliques, lors de la répression sanglante par les russes de l’insurrection hongroise en 1956, où  il prit la tête dizaine de milliers de jeunes manifestants se mettant en route vers la porte de Brandebourg au cri de « Russes dehors ! » ou lors de son agenouillement en 1970 devant le mémorial du ghetto juif de Varsovie, masquer toutes ces petites mesquineries petite bourgeoise.

 

 

- J’adore votre mélange étrange d’amourettes et de discours politique bétonné…

 

 

- Tu as raison, nos petits jeux du Berlin des années 70, qui peuvent prêter à sourire en ce début du XXIe siècle, où par-delà les effets d’intoxication du camp de ceux qui justifiaient l’enfermement, donc l’asservissement de leurs populations à un régime policier et bureaucratique, par la résistance à une autre mainmise : celle de l’impérialisme américain, choisir son camp relevait d’un vrai courage. S’en tenir au discours bêlant des pacifistes « plutôt rouge que mort » ou à celui des partisans de la lutte armée des FAR débouchant sur le vide et la violence aveugle, c’était se donner bonne conscience.

 

 

- Tu me dis que vous étiez pris au piège de Berlin-Est, je ne comprends pas pourquoi ?

 

 

- La Stasi nous avait repérés, nos copines étaient des opposantes, étiquetés comme des espions impérialistes, nous n’avions nulle envie d’aller respirer les geôles d’Hohenschönhausen…

 

 

- L’art et la manière de se fourrer dans un guêpier…

 

 

- Excellente remarque dont tu devrais tirer profit, mais ne revenons pas sur les choses qui fâchent. Nous sollicitâmes Sacha, l’homme des solutions. Très vite il nous informa qu’il allait nous exfiltrer sous le couvert d’une troupe de jeunes comédiens anglais du British Council qui, après avoir entamé sa tournée par Berlin-Est, partait le surlendemain pour le Festival International du Théâtre de Prague. La chance nous souriait, le régisseur et son assistant venaient de contracter la coqueluche. Nous prendrions leurs places nombre pour nombre. Il nous confia à Conrad qui nous entraîna à l’étage dans un bureau encombré de livres et de piles de paperasses recouvertes de poussière. « Donnez-moi vos papiers d’identité ! » S’asseyant derrière sa table sous une lampe très puissante, avec un soin d’horloger, Conrad entreprit l’extraction des photos de nos passeports en nous précisant qu’il allait nous établir un passeport de la République algérienne démocratique et populaire. « Pour vous ça présentera un double avantage : d’abord celui de la langue, vous pourrez vous exprimer en français ou en anglais sans que les nombreux gardes-chiourmes, qui ne manqueront pas de vous contrôler, s’en étonnent, ensuite vous bénéficierez du fait que dans nos démocraties populaires l’Algérie de Boumediene jouit, en tant que membre éminent des non-alignés, d’un grand prestige. Je m’inquiétai des visas. « Entre pays frères c’est relax, et d’autant plus que vous êtes officiellement des protégés de Boumediene... » me rétorqua Sacha qui, d’un ton désinvolte, ajouta « le plus difficile pour vous sera de sortir de la nasse des pays du Pacte de Varsovie. Là il vous faudra jouer serré... »

 

 

 

Le car dans lequel nous embarquâmes, un British Leyland, avait des allures de bus psychédélique avec sur ses flancs des fleurs peintes cernant des décalcomanies de portraits de Marx, Gandhi, Castro, des Beatles et bizarrement de la Reine d’Angleterre et son porte-bagages couvert d’une bâche bleue arborait la colombe de la paix. Nous gagnâmes, Louis et moi, les places du fond qui nous étaient réservées. Les saluts furent joviaux mais nous dûmes nous habituer à nos nouveaux prénoms. Le voyage se passa sans incident et nous nous retrouvâmes à la tombée de la nuit dans un hôtel pour congrès, en lisière de la ville, genre monstruosité de verre et d’acier à la sauce soviétique. Depuis notre arrivée nous étions flanqués de trois accompagnateurs officiels. Sacha m’avait prévenu « c’est l’usage, tu fais comme si tu ne le remarques pas. Votre chambre sera fouillée. Ne jouez jamais au plus malin. Souriez sans arrogance ça les rassurera... »

 

 

 

Nous devions repartir, direction Varsovie, dans cinq jours. Nous retrouver aux portes de l’empire soviétique me renforçait dans l’idée que c’était là que la tenaille allait se refermer. La première ouverture vint de Louis qui, au détour d’une conversation, m’informât que deux de ses partenaires chiliens, membres du MIR, regagnaient leur pays car ça chauffait dur pour le bon docteur Allende. L’un d’eux, Ernesto, heureux que nous souhaitions les accompagner, se rendit à l’ambassade d’Algérie pour obtenir, en urgence, deux visas pour prendre le vol 2616 de la SAS en partance de Prague pour Quito via Schiphol. Pour bien comprendre la mécanique en œuvre, il faut se garder de comparer le temps d’aujourd’hui à celui d’une époque où les liaisons entre les ambassades et leur pays d’origine ne bénéficiaient pas des moyens modernes et rapides de communication. Le téléphone comme les téléscripteurs étaient utilisés avec parcimonie car les grandes oreilles américaines tétanisaient les services d’en face. Pour les visas le poste gardait une capacité d’appréciation et c’est ce qui nous sauva d’un contrôle tatillon. Le fonctionnaire déploya un zèle qui nous permit d’obtenir en un temps record les sésames des autorités tchèques qui se hâtèrent de faire plaisir à des ressortissants de partis frères s’embarquant à la hâte pour soutenir un président affichant ses amitiés avec Castro.

 

 

 

Restait maintenant pour nous à exécuter la partie physique de notre évasion et là nous allions devoir jouer serré. Comment allions-nous faire pour nous éclipser sans éveiller l’attention de nos cerbères ? L’avion décollait au milieu de l’après-midi et, par chance, l’aéroport se situait à quelques kilomètres de notre hôtel. L’achat de nos billets, via l’agence d’Air France à Prague, fut le premier test de notre capacité à passer au travers des mailles du filet. Mon choix de la Compagnie Française, qui assurait la représentation de SAS dans la capitale tchécoslovaque, n’était pas du tout innocent. Je m’y étais rendu sitôt que nous avions formé le projet de nous éclipser.

 

 

 

Mon plan était simple mais risqué. Chaque jour, une camionnette conduite par un vieux pépère très porté sur le schnaps se rendait à l’aéroport en début d’après-midi pour aller récupérer la presse internationale qui était ensuite distribuée aux différentes délégations. Mes relations avec le préposé étaient des meilleures. Je lui avais, en effet, procuré une bouteille de Cognac que j’avais déniché dans un magasin d’Etat réservé aux hiérarques auquel lui, simple pékin, n’avait pas accès. À plusieurs reprises je l’avais accompagné. Après le déjeuner j’annoncerais très officiellement que nous devions nous rendre à l’ambassade d’Algérie pour y réceptionner des documents arrivés par la valise diplomatique. Les seconds couteaux des services de Sécurité sont toujours très respectueux vis-à-vis de ceux qui manient des documents de ce type. Ma demande les prendrait de court. La bureaucratie à en horreur l’improvisation. Afin de leur sortir une épine du pied je proposerais d’accompagner le préposé à la presse à l’aéroport puis, de là je prendrais le bus pour me rendre à l’ambassade. De nouveau c’était risqué mais jouable. Dernier point d’importance : nous ne pouvions, sans éveiller les soupçons des douaniers, partir pour l’Amérique du Sud sans bagage.

 

 

 

Tout se passa sans la moindre anicroche, mon plan semblait couler de source, fluide. Après nous être enregistrés et avoir indiqué aux douaniers, forts compréhensifs à l’endroit d’invités de leur beau pays démocratique, que nos bagages allaient arriver avec nos camarades chiliens qui prenaient le même vol, nous gagnâmes la salle d'embarquement. Notre zinc, en provenance de Zurich, se payait un retard non chiffré. Au-delà de deux heures d’attente tout mon beau plan risquait de s’effilocher : nos gardes-chiourmes allaient s’apercevoir de notre absence. Par bonheur, très vite, le timbre aigu d’une voix annonçait, dans un anglais guttural, que notre vol SAS 2050 était annoncé pour la demi-heure qui suivait. Nous poussâmes un ouf de soulagement lorsque sur le tarmac les passagers en provenance de Zurich, une petite vingtaine, en file indienne, comme crachés par le gros tube d’acier, progressèrent en direction du hall d’accueil. Un camion-citerne allait se placer près du flanc droit de notre Mac-Donnell-Douglas. Dans une petite demi-heure nous devrions être en bout de piste, prêt à décoller. Sauf événement de dernière minute notre opération « extraction du guêpier » se solderait par un succès.

 

 

- Et ce fut le cas…

 

- Oui !

 

 

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10 juin 2021 4 10 /06 /juin /2021 06:00

 

C’est la Fleur Godart, la chouchoute de Butane&Degaz, qui, un soir, sur les hauts de Montmartre, au Grand 8, qui au bar, me fit goûter un étrange breuvage trouble, baptisé À Ligoter tirage de printemps 2010 Vin de France O de Moor.

 

photoaligotee.jpg

 

Séduit, emballé, même que j’en servi un au MENU de l’épisode 18 de mon roman-culte L’Ouragan sur les Primeurs se prénomme Marie » qui secoua le TOUT BORDEAUX des GCC. ICI 

 

Patchwork de tomates anciennes à la mozzarella di Buffala de Caserte

 

                Coucou de Rennes méli-mélo de vieilles patates

 

                Fromages : Boulette d’Avesnes, Maroilles et Salers

 

                Dessert : feuilleté de fraises des bois

 

VINS : À Ligoter tirage de printemps 2010 Vin de France O de Moor

 

             Vin de Pays de l’Hérault 2010 Catherine Bernard

 

              Champagne Les Rachais  brut nature Francis Boulard

 

 

Le 8 octobre 2012 je chroniquais

 

Le Faire-Part de naissance du nouveau bébé d’Alice et d’Olivier de Moor : le Taulier fait dans le carnet rose ICI 

 

Comme Alice et Olivier de Moor sont des amis discrets ils n’avaient pas mis votre Taulier dans la confidence mais, lorsque leur enfant paraît sur l’écran de ses nuits blanches, à l’aurore, c’est pour lui la divine surprise, le plaisir de la découverte et venu le temps d’officier : d’être à sa manière l’officier d’état-civil de la Toile.

 

À la plume sergent major plongée dans l’encrier de céramique blanche, sur le grand registre des naissances il inscrit les noms et prénoms des parents et leur ascendance, en violet bien sûr, l’heure : 9 heures du soir, c’est mieux que 21 heures qui font très chef de gare – et quarante grosses minutes, le lieu : Courgis et le jour le dimanche 7 octobre 2012. Pour le prénom le vieil animal use d’encre sympathique pour laisser à votre imagination tout le loisir d’exercer son talent. Comme mon petit doigt m’a dit qu’Alice, venue du Jura a rencontré Oliver en 1992, à Chablis, donc 30 ans, voilà un bel âge pour donner naissance à un enfant. Cet enfant-là va leur permettre de conter leur histoire, car comme le dit si bien Alice, eux deux ont toujours voulu « faire du vin comme on raconte une histoire »

 

Et puis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de la Seine, j’attendais avec impatience les deux nouveau-nés d’Olivier et d’Alice, des premiers crus en plus, et bien sûr je les ai trouvé chez ma dealer de vin nu, dont je tairais le prénom, ICI MÊME

 

Deux merveilles mes amis, des vins comme j’aime, j’adore même, nul besoin pour leur déclarer ma flamme d’une brassée de mots, genre fleurs, c’est d’un commun, je ne suis pas Bettane qui glose à la Tour d’Argent, avec son acolyte Desseauve, sur des vins apporteurs de capitaux publicitaires, faut bien faire vivre leur petite entreprise d’En Magnum ! Sur la photo ci-dessous, les 2 stars ont troqué costards-cravates pour être plus proche du terroir profond, chapeau Desseauve !

 

 

Pour m’informer j’ai demandé à Olivier d’éclairer ma lanterne et, bien sûr, il m’a répondu :

 

Bonsoir Jacques,

 

Les deux premiers crus que nous produisons sont des vignes que nous travaillons depuis 2017.

 

C'est donc notre deuxième récolte ici. Et pour une fois les rendements furent généreux. Comme la chaleur qui fut inquiétante jusqu'en fin de maturation.

 

 

Les Vau de Vey sont une parcelle très pentue sur un sol très marneux. D'exposition Sud-Est.  Le problème est l'entretien de son sol dans un contexte de forte pente. On alterne labour au chenillard, fauchage ou passage du rolofaca suivant les conditions climatiques de la saison. Pour ce millésime le vin est un assemblage d'un élevage en foudre, futs et une petite partie en cuve. L'élevage a été de deux ans.

 

 

Le Mont de Milieu est une parcelle sur un premier cru renommé. Valérie Gavaud nous a proposé cette vigne en métayage. Nous nous partageons la récolte.  Son nom viendrait qu'il marquait la limite entre Bourgogne et Champagne. L'exposition y est plein Sud. Et au milieu y coule la rivière, en dessous dans le fond de la vallée. On aperçoit le village de Chichée. La vigne est faite de deux parties, pour moitié d'une trentaine d'année et l'autre de soixante-dix ans. Les rangs sont très étroits 90 cm et nous avons choisi de faire travailler le sol par Cyrille Prestat et ses chevaux. La vigne est atteinte de cours-noué ce qui limite sa pousse et son rendement car les raisins du fait de ce virus, sont fortement millerandés. C'est à dire avec une très forte proportion de baies très petites, apyrènes et très concentrées. Le vin a été élevé de la même façon que le précédent sur ce millésime. Assemblage là aussi d'un foudre, quelques futs de 228 litres, et du reste dans une petite cuve inox. La mise en bouteille est faite deux ans après la récolte.

 

Alice & Olivier De Moor Chablis 1er Cru Mont de Milieu 2018

En espérant t'avoir répondu.

 

Bonne journée,

 

Olivier

 

Si vous m’aimez courrez vite chez votre caviste préféré pour glisser dans votre musette, Les Vau de Vey et Le Mont de Milieu vous partagerez avec moi le même plaisir…

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9 juin 2021 3 09 /06 /juin /2021 08:00

Page de titre et portrait de Machiavel dans une edition italienne du << Prince >> de Nicolas Machiavel, avec une preface de Nicolas Amelot de La Houssaye, 1769.

- Pourquoi ne m’as-tu rien dit, grommela Ambrose.

 

 

- Pour ne pas troubler ta vie de coq en pâte.

 

 

- Et là, voilà que soudain tu y fais irruption…

 

 

- Ben oui, mon grand,  sans toi je ne peux rien faire… « Notre petit Prince, rien à voir avec celui de Saint-Exupéry avec son allumeur de réverbères, ni avec le Prince de Machiavel, un Nicolas conseiller du Prince « La malignité des ombres, le fiel de sourdes manipulations, l’onctuosité fourbe des influences font le quotidien des grises éminences. »

 

 

A.D.N. ambitionne-t-il d’être de ce bois-là ?

 

 

Je le pense, il vient de se jeter dans la fosse aux lions, c’est un combattant, il veut en sortir la tête haute. « submergé et démuni, le commun s’en remet aux expertises et ne plus juger de tout ». La crise sanitaire a vu fleurir des « logues » en tout. Montesquieu, Condillac, Diderot radicaliseront le projet d’institutionnaliser un conseil savant et partageable qui puisse échapper aux humiliations « d’un danseur de corde » pris entre « l’écorce et le noyau » comme le regrettait Voltaire face à Frédéric II. »

 

 

- Louis, tu es en train de me conditionner afin que j’entre dans le jeu que t’a proposé A.D.N.

 

 

- Pas vraiment, tu n’as pas besoin de ça pour y entrer…

 

 

- Alors accouche, pourquoi ce foutu jeu de piste sans queue ni tête (le narrateur : rien que pour faire chier certains ramenards)

 

 

- Notre petit Prince, c’est un secret de Polichinelle, ambitionne que le bon peuple de France le remette sur le pavois en 2022. Sa grande crainte c’est que le petit tzar Poutine, KGB un jour KGB toujours,  vienne perturber l’élection comme il l’a fait aux States pour Trump et chez les rosbifs pour le vote du Brexit. Je crois qu’il n’a pas tout à fait tort, ses ambitions européennes déplaisent au maître du Kremlin qui aimerait bien que la fille du borgne vienne foutre le bordel dans une Union déjà bancale. De plus, il en a les moyens, ce n’est pas de l’intox, ses hackers sont imaginatifs et vicieux. Tu commences à saisir le fil mon bon Ambrose, notre A.D.N., dont le flair de chasseur est incontestable, a compris qu’une offre de service, auprès du petit Prince, efficace, hors de l’impuissance de nos services de renseignement extérieur,  pour contrer les chausse-trappes de Vladimir, serait bien accueillie par lui. L’ambition cachée d’A.D.N. c’est d’en être pour le second mandat, loin du sac de nœuds de la Justice, pourquoi pas sur la première marche, il sait s’adresser au peuple l’homme d’Outreau.

 

 

- Je te suis mon Louis mais qu’est-ce que deux vieux mecs rangés des voitures depuis 20 ans peuvent faire pour contrer les génies du Net de Poutine ?

 

 

- Foutre le bordel, mettre des petits cailloux dans les belles godasses des oligarques amis de Poutine, donner du grain à moudre au chantage…

 

 

- Tu crois vraiment que nous sommes encore en mesure de pratiquer un petit jeu que nous n’avons jamais pratiqué ?

 

 

- Avec les munitions fournies par A.D.N c’est jouable…

 

 

- Avec un risque évident d’un effet boomerang, en face ils auront vite fait de nous repérer…

 

 

- J’en conviens mais nous n’allons pas y aller poitrine offerte à la mitraille, tels les cuirassiers de Reichshoffen nous agirons par la bande.

 

 

- Combien de bandes ton billard mon Louis, c’est ta spécialité…

 

 

- Une seule mon Ambrose, nous allons passer par les nouveaux amis de certains oligarques, les blanchisseurs de l’argent sale des mafias du Grand Sud.

 

 

- Là, c’est sûr on va y laisser notre peau, ce sont des fous de la gâchette,  Uzi et Kalachnikov, ils te plombent pour un regard de travers…

 

 

- Certes, mais là encore A.D.N. va nous aider, la coopération judiciaire internationale existe et, avec ses collègues italiens, notre Garde des Sceaux file le parfait amour depuis que Macron a décidé de rompre avec la tradition d’accueil instaurée par François Mitterrand en faveur des anciens activistes italiens des Brigades rouges et de la lutte armée d’extrême-gauche. Après les « années de plomb » (1970-1980), plusieurs centaines d’entre eux se sont réfugiés en France et y ont souvent reconstruit une vie sans histoires. Cinq hommes et deux femmes ont été interpellés ce mercredi en vue d’être extradés vers l’Italie qui en réclamait 200, la France a choisi, après évaluation des dossiers, de lui livrer dix anciens activistes des Brigades rouges et de groupuscules d’extrême-gauche, réfugiés sur son territoire. Certains de ces Italiens condamnés dans leur pays pour terrorisme vivent en France depuis plus de 40 ans ou plus. Le gouvernement italien s’est montré d’autant plus pressant que certains faits qui leur sont reprochés seront bientôt prescrits.

 

 

- D’accord, mais pourquoi nous ?

 

 

- Parce que nous avons en magasin nos anciens clients…

 

 

- Oui mais si nous pointons notre tarin auprès d’eux 20 ans après, coucou nous revoilà, ces braves gens bardés d’avocats vont nous envoyer baller…

 

 

Tu viens de dégoupiller la bonne grenade mon Ambrose, à nous d’approcher celui ou celle de leurs avocats traînant suffisamment de casseroles pour être la ou le futur Lawyer X, la Taupe qui nous permettra de remonter la filière.

 

 

- Ce n’est pas notre came les avocats…

 

 

- Détrompe-toi mon grand, nous en possédons un sous la main…

 

 

 

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9 juin 2021 3 09 /06 /juin /2021 06:00

La Loi du milieu 1971 Film Streaming VF

 

Aujourd’hui c’est « La loi du milieu » (1971)

 

Voir La Loi du milieu (1971) en Streaming VF HD | Film, Poster affiche,  Affiche cinéma

Pourquoi cette fiche ? 

 

Parce qu’on ne peut pas toujours évoquer les bons sentiments, voir les sentiments tout court ou la gloire des grands hommes. Vous n’en avez pas un peu marre de cette pommade dégoulinante. Vous n’avez pas envie, pour une fois, d'autre chose ? Que diriez vous d’un bon film noir, ou plus précisément d’un thriller ? Et bien voilà.

 

Pourquoi ce film ? 

 

En effet, parmi les innombrables thrillers jonchant l’histoire du cinéma, pourquoi choisir celui-là. Tout simplement parce que le héros est interprété par Michael Caine et que sa présence seule rend un film intéressant . C’est une valeur sûre. Michael Caine à l’affiche, regardez le film les yeux fermés. 

 

Vous pouvez y aller de confiance. 

 

Pourquoi ce film précisément ? 

 

Caine sur ses 140 films en a bien jouer plus d’une vingtaine dont « Le Limier » du grand Joseph L. Mankiewicz (1972) avec Laurence Olivier.

 

Alors Pourquoi ? 

 

Parce que Newcastle. 

 

Quoi, comment ? 

 

Newcastle…?

 

Newcastle upon Tyne la ville qui sert de décor naturel aux extérieurs du film.



 

Quelle est l’histoire ?

 

Jack Carter est un professionnel du crime. Il est froid et méthodique. Il travaille pour le « milieu » londonien. Originaire de Newcastle, ce qui reste de sa famille,son frère Frank, y vit toujours . Lorsqu’il apprend sa mort, il retourne sur place .Les explications de la police sur les causes et circonstances de cette mort sont peu convaincantes. Il prend connaissance du rapport de police qui conclut à une mort accidentelle En dépit des apparences, pour lui, cette mort n’a rien d’accidentelle

 

Il mène sa propre enquête. Cela n’arrange pas les deux caïds locaux et rivaux qui se partagent divers trafics, bien que présentant par ailleurs une façade respectable. Première surprise, Carter apprend que sa nièce a été abusée dans une vidéo pornographique amateur.

 

Deuxième surprise, c'est Margaret, la compagne de Frank, qui a joué le rôle de rabatteuse. Comme ce dernier menaçait de dénoncer l'implication des chefs du milieu dans le tournage du film, Frank Carter a été tué par le chauffeur d’un des caïd

 

Commence alors le jeu de massacre Carter venge son frère. Il élimine les uns après les autres, tous ceux qui ont pris une part active tant pour le film porno que pour le meurtre de Frank. Il n’oublie pas ceux qui simplement ont laissé faire. Quand il a enfin achevé l’un des caïd, il est abattu par un tueur à gages commandité par l’autre caïd .Ce dernier sera néanmoins appréhendé par la police en raison de la dénonciation de Carter et du jeux de pistes fait de preuves accablantes qu’il a préparé à son intention



Réalisation

 

Le metteur en scène est Mike Hodges. C’est son premier film. Je ne peux rien dire des films suivants pour n’en avoir vu aucun ni même en avoir entendu parler.

 

La réalisation est toute en action, sans discours ni temps mort. Le tout est voulu par Michael Caine lui-même qui recherche un certain réalisme. Un coup de poing vous sonne l’adversaire car c’est comme cela dans la vie. On voit rarement un gars sonné dans une rixe revenir le lendemain avec un petit sparadrap sur l’arcade sourcilière ( il ne faut pas gâcher le visage de la star !) alors qu’il devrait être sur un lit d’hôpital

 

Qui fait quoi ?

 

Michael Caine

 

J'ai déjà dit dans une fiche précédente (Mes funérailles à Berlin) tout le bien que je pensais de cet acteur prodigieux. Dans « La loi du milieu » il campe un personnage un peu identique au Samouraï de Melville interprété par Alain Delon mais moins hiératique. Plus vivant mais avec le même cynisme, la même détermination de ceux qui obéissent à une loi, la leur ou celle de leur milieu. Ils en connaissent les conséquences possibles Ils les admettent sans plus d'état d’âme qu’ils en ont à remplir les « contrats » qui leur sont confiés.

 

Autres

 

Au générique ne figure aucun nom vraiment connu. Certains pourront reconnaître Britt Ekland qu’on a déjà pu croiser dans d’autres films et qui tient ici le rôle de Anna, la maîtresse du frère de Carter.

 

Temps forts

 

Quand le petit coupé Sunbeam de Anna, bousculée par un autre véhicule, tombe dans le port avec Anna dans le coffre ce que nous avions tous oublié. 

 

Houps !

 

L’apparition de Carter, nu, sur le perron d’une maison ou il a été chaudement hébergé quelque temps. Il tient au bout de son fusil deux minables tueur à gages venus le tuer jusque dans la chambre à coucher. Malheureusement pour eux, il avait, tout naturellement pour un type de son acabit, un fusil caché sous son lit. Tête de la voisine également sur son perron à ce moment la et tête de Michael Caine

 

Quant Carter sème sur la pelouse de la propriété d’un parrain de la ville linge et sous vêtements d’une moins que rien. Menant ainsi la police de la résidence à la pièce d’eau ou la fille morte d’une overdose a été noyée

 

Ou est-on ?

 

GET CARTER (2)

 

A Newcastle upon Tyne. 

 

Construit dans les années 1830, le centre-ville est de style néo-classique avec la rue Grey qui peut prétendre être une des plus belles rues de l'Angleterre. Il subsiste encore les grands escaliers menant des quais aux terrasses supérieures du centre-ville 

 

Au XIXe siècle, la construction navale et l'industrie lourde font de la ville l'un des bastions industriels du Royaume-Uni. Mais, après 1945, toute cette industrie pique du nez et une partie de la ville plonge dans la misère. Le phénomène est accentué par Margaret Thatcher qui refuse toute aide et laisse carrément crever la population. C’est dans cette partie de la ville que se déroule l’action. On voit, côté port, une massive estacade en lourds madriers support d’une voie ferrée . On verra s’y dérouler une chasse à l’homme qui met encore plus en valeur ce décor naturel.

 

GET CARTER (4)

 

A la fin du film on assiste au va et vient d’un petit téléphérique minier qui tourne autour de son dernier pilier en pleine mer où, par un savant système, les wagonnets se déversent dans la mer. Comprenne qui pourra mais les images ajoutent au mystère de cette ville.

 

Pax

 

Prochainement « La guerre selon Charlie Wilson »  

 

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8 juin 2021 2 08 /06 /juin /2021 08:00

 

Au petit déjeuner, sous la véranda de la villa en surplomb du lac, Ambrose pressentait l’orage, il vint alors qu’il avalait son orange pressée.

 

- Je suis partante !

 

 

- C’est hors de question chouchou !

 

 

- Désolé mon Ambrose c’est mon choix pas le tien…

 

 

- Tu risques gros chouchou…

 

 

- Et alors, ça mettra un peu de sel dans le fade de ma petite vie, et puis tu me protégeras de tes grands bras…

 

 

- Ce n’est pas un jeu…

 

 

- Tu me prends pour une gourdasse, je le sais et ça me plaît.

 

 

- Ambrose, c’est un peu ta faute, pourquoi avoir craché le morceau tout de suite ? intervint un Louis moqueur.

 

 

- Parce que tout bêtement c’est sur sa terrasse que nous allons hameçonner l’avocat…

 

 

- Et alors, pourquoi t’opposes-tu lorsque Chloé affirme qu’elle en sera ? C’est sa boîte que je sache…

 

 

- Oui, mais ça m’implique pas sa présence lorsque nous tenterons notre coup…

 

 

- Bien sûr que si, ton cher Me, je le connais, il me fait du gringue, je peux lui laisser quelques espoirs…

 

 

- C’est ça, je rêve, tu te prends pour Mata Hari…

 

 

- Oui !

 

 

- Ça a mal fini pour elle.

 

 

- Tu dramatises Ambrose, je ne vois vraiment pas ce que je risque…

 

 

- De sa part rien, mais de ses clients serbes, porte-flingues de notre oligarque, gros, très gros, ce sont  des tueurs sanguinaires…

 

 

- Pourquoi diable s’en prendraient-ils à moi qui ne suis rien pour eux ? Allez mon Ambrose nous rentrons à Paris et ça roule…

 

 

- Tout ça sent déjà très mauvais mais je m’incline puisque je suis minoritaire…

 

 

- Elle a raison Ambrose, tu te fais du mouron pour rien…

 

 

- Pas si sûr, c’est lorsque tout paraît sans risque que la tuile te tombe sur la gueule.

 

 

- Les dés sont jetés, ils roulent, vivement que la fête commence !

 

 

- Ma belle, soit prudente tout de même, avec ces vieux lascars je ne suis pas sûre que la fête ne tourne pas au cauchemar ? soupira Clotilde.

 

 

Le retour sur Paris se fit, pendant la première heure, dans un silence lourd, Ambrose digérait mal l’implication de Chloé dans une affaire tordue, risquée. À Macon-Loché, Chloé prit le taureau par les cornes « Arrête ton brou-brou, raconte-moi comment vous vous êtes tirés du guêpier de Berlin-Est où vous vous étiez fourrés… »

 

 

- Tu es une gourgandine, rabâcher mes souvenirs me donne plus encore le sentiment que je suis vieux, que je radote…

 

 

- C’est ça mon beau révolutionnaire, ne me joue pas la scène du déambulatoire dans un EPHAD…

 

 

- Comme toujours je cède à tous tes caprices…

 

 

- Je ne suis pas capricieuse…

 

 

- Tu profites de ma faiblesse, c’est répréhensible l’abus de faiblesse…

 

 

- Allez, raconte !

 

- Tout d’abord le pourquoi de notre départ à Berlin-Ouest : une lubie de Louis qui en avait ras-le-bol des petits frelons de la Gauche Prolétarienne. Il voulait du dur, du vrai, et dans l’Allemagne divisée s’élevait l’auréole d’Alfred Willi Rudolf, dit Rudi Dutschke tombé, sur la Kurfürstendamm de Berlin, sous les balles d’un ouvrier déséquilibré d’extrême-droite, perfusé de haine par la rhétorique fasciste du baron de la presse Axel Springer via son torchon ignoble Bild Zeitung était un martyr de la cause placé à la même hauteur qu’un Martin Luther King abattu le même mois. L’icône du Mai 68 berlinois était né de l’autre côté du mur, dans un bourg au sud-ouest de Berlin. Malgré son discours rebelle, plaidoyer contre le service militaire et la réunification de l’Allemagne, qu’il tint dans la salle des fêtes de son lycée, à Luckenwalde, les sourcilleuses autorités de la RDA  lui délivrèrent quand même son baccalauréat en 1958. C’était un fils de postier qui remerciera, dans sa Présentation de mon cheminement, son directeur de lycée de la bonne éducation qu’il avait reçu et qui tiendra à ses débuts, et pour un bref laps de temps, la rubrique sportive dans un journal populiste appartenant au groupe honni d’Axel Springer.Restait, pour compléter le panthéon révolutionnaire, la grande prêtresse, l’immaculée conception de la révolution, l’ex-éditorialiste de la revue de son mec Klaus Rainer Roehl : Konkret qui s’était radicalisée jusqu’à devenir membre de la Rote Armée Fraktion (F.A.R) et qui participera en mai 70 à la libération d’Andréas Baader.

 

 

- En effet, c’était la violence à tous les étages.

 

 

- Comme je te l’ai raconté, nous partîmes, Louis et moi, le nez au vent pour Berlin-Ouest, même si les semaines qui précédèrent notre départ furent toutes entières consacrées à des prises de contact avec des camarades allemands.  Là-bas, comme ici, les groupuscules florissaient, la méfiance régnait face au risque d’infiltration et, comme notre réputation française de légèreté et d’inorganisation ne plaidaient pas en notre faveur, nous ne recevions que des réponses vagues. Ce fut le hasard qui nous tira d’affaires, lors d’une manif contre la guerre du Vietnam, lors de la dispersion nous dégotâmes auprès d’une grande bringue, Ilse Meyer, fille d’un grand industriel allemand, qui avait défilé à nos côtés, un contact répondant au prénom de Sacha. « Tout le monde à Berlin connaît Sacha... »

 

 

Ilse, nous avait précisé qu’il nous faudrait chercher Sacha à Kreutzberg. Nous nous documentâmes sur ce quartier populaire, inclus dans le secteur américain, et qui recélait deux caractéristiques intéressantes pour nous : la présence au sud de l’aéroport de Tempelhof – celui du pont aérien de 1948–49 ravitaillant Berlin-Ouest lors du blocus grâce aux Rosinenbomber – et celle, au nord, de Check-point Charlie donnant accès au secteur soviétique.

 

 

L’aérogare de Tempelhof nous fascina par son avant-gardisme, en comparaison celle d’Orly semblait bien provinciale avec sa façade plate de HLM. Ici, sur plusieurs niveaux, le bâtiment principal semi-circulaire de 1230 mètres de long, réalisé sous le 3ième Reich, impressionnait par sa fonctionnalité et sa démesure. Alors que nous nous extasions dans l’immense hall, un gros bonhomme, caricature du Bavarois buveur de bière, nous abordait, avec un air de contentement, pour faire savoir à ces petits français impressionnés que ce bâtiment était le 3ième plus grand au monde par sa surface au sol après le Pentagone et le palais du génie des Carpates à Bucarest.

 

 

- C’était un flic…

 

 

- Bon point, !

 

 

En retrouvant l’air libre en plein quartier de Kreutzberg nous pûmes vérifier que la zone de chalandise de nos petits camarades étudiants ne respirait guère l’opulence renaissante de l’Allemagne de l’Ouest car elle se composait essentiellement d’usines bombardées, de gares désaffectées, d’HLM trop proches du mur pour séduire les promoteurs et elle était cernée de bidonvilles turcs empestant la fumée de charbon de bois et le suif de mouton rôti. Nous rôdaillâmes dans des cafés peuplés d’une faune fumant du shit sous des drapeaux du Viêt-Cong et des photos de Mao et d’Hô Chi Minh.

 

 

Tu connais la suite…

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8 juin 2021 2 08 /06 /juin /2021 06:00

Musée SACEM: Couverture de partition "J'ai deux amours"

1930 les années folles s’essoufflent, Joséphine Baker revient à Paris après une tournée mondiale de deux ans. Henri Varna, propriétaire du Casino de Paris, où Mistinguett triomphe, propose une nouvelle revue à Joséphine Baker, au titre bien dans l’esprit de l’époque : Paris qui remue.

 

Casino de Paris – Josephine Baker – Paris qui Remue Poster (Artiste : Zig  Louis Gaudin) France C. 1930: Amazon.fr: Epicerie

 

Deux jours avant la première, force est de constater qu’il manque dans la seconde partie un titre fort. On sollicite Vincent Scotto, le compositeur français le plus prolixe. Il sèche. Et puis, rue de la Chaussée d’Antin, quelques notes tournent dans la tête de Scotto, il demande à Géo Kruger, son parolier, une feuille de papier. Appuyés contre une porte cochère, ils écrivent, en quelques instants, les paroles et la musique de ce qu’ils intitulent J’ai deux amours.

 

Le 78 tours de J’ai deux amours obtiendra le Grand Prix du Disque.

Osez Joséphine Baker au Panthéon !

Josephine Baker's Paris | Soul Of America | Paris

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7 juin 2021 1 07 /06 /juin /2021 08:00

Colonna : les méandres de l'enquête – POLICEtcetera

La promenade sur les berges du lac, d’Ambrose et Louis fut, certes digestive, la marche permet de distiller l’alcool, évacuer ses effluves, les filles n’en furent pas pour autant dupes, ces messieurs souhaitaient les tenir à l’écart de leurs petites affaires, les déballer loin de leurs oreilles, les hommes sont de grands enfants, trop souvent dorlotés par leurs mères, qui s’imaginent qu’ils seront capables de résister longtemps à la rouerie de leurs compagnes. Tel fut le cas pour Ambrose, il déballa sur l’oreiller ce que Louis venait de lui révéler. Du côté de Louis, nul besoin de confidences, Clotilde était déjà au parfum, ne lui restait plus qu’à connaître la réaction d’Ambrose, même si elle ne doutait pas de son adhésion aux dérapages de Louis.

 

Louis au temps des ors de la République fut le missi dominici au gouvernement pour piloter l’épineux dossier agricole corse. Mission dangereuse, en ce temps-là les cagoulés du maquis s’en prenaient aux représentants du pouvoir colonial, le GIGN le prenait sous les ailes de leurs gilets pare-balles, dès sa descente d’avion, sur le tarmac d’Ajaccio Campo del Oro. Un vrai sac de nœuds, inextricables, des palabres sans fin sur la dette, les subventions européennes aux vaches égarées dans le maquis, les aides de l’Etat honni détournée par les « mafieux officiels » peuplant les postes des multiples organisations agricoles, syndicales et de gestion. Louis connaissait à la fois Jean-Hughes Colonna, le père d’Yvan, député des Alpes-Maritimes en 1981, ami  de Pierre Joxe et Claude Erignac qui fut préfet du Gers et directeur du cabinet du ministre de la Coopération et du Développement Jacques Pelletier. Le meurtre de sang-froid du préfet Erignac, désarmé, sans escorte, dans les rues d’Ajaccio, ne l’étonna pas, les dérives des plus fanatiques ne pouvaient que déboucher sur un acte aussi lâche.  Il suivi donc avec une grande attention les différents procès d’Yvan Colonna.

 

En mai 2011 Yvan Colonna, qui comparaissait pour la troisième fois, devant la cour d'assises de Paris spécialement composée pour l'assassinat du préfet Érignac, remaniait sa défense. Le berger corse, déjà condamné deux fois à la réclusion criminelle à perpétuité pour le crime du 6 février 1998, désignait A.D.N. L'avocat lillois avait obtenu en 2006, dans le même dossier, l'acquittement de Jean Castela, présenté auparavant comme l'un des deux commanditaires de l'assassinat. L'entrée de Me A.D.N dans le dossier, va entraîner de profondes modifications dans la stratégie de défense. En effet, les moyens soulevés à deux reprises par l'intéressé, mis en cause de manière circonstanciée par les militants nationalistes déjà condamnés et leurs épouses, n'ont pas convaincu les jurés professionnels. Condamné à la perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans lors du deuxième procès, qui s'est tenu dans une atmosphère délétère, Yvan Colonna avait formé un pourvoi et la cour de cassation a, pour des raisons strictement juridiques, ordonné la tenue d'une nouvelle audience. Yvan Colonna conservait sa batterie de défenseurs : Me Pascal Garbarini, Antoine Sollacaro, Gilles Simeoni et Philippe Dehapiot.

 

Louis se rendit au procès le lundi où Roger Marion vint à la barre témoigner lors de ce troisième procès. Costume bleu, cheveux teints, l’ancien responsable de la division nationale antiterroriste a été soumis à la question par A.D.N, un des avocats de Colonna qui l’alpague d'emblée en ironisant sur le fait que l'affaire corse ne lui a pas valu une réelle promotion, au contraire, puisqu'il est au placard, devenu désormais un «préfet sans évêché». Puis il lui rappellera toutes ces «certitudes» qu'il avait, transformées en fiascos. Ainsi, Marion s'est «complètement planté», lorsqu'il a conclu que le rédacteur du communiqué officiel de revendication de l'assassinat était Mathieu Filidori. Même topo lorsqu'il a cru savoir que Jean Castella était «le nouveau rédacteur des communiqués», un agrégé d'histoire qui écrit avec des fautes d'orthographe à toutes les lignes! Pas sérieux, pour A.D.N. Plus loin, l'avocat lui reprochera «la cuisine» à laquelle il s'est livré, «les magouilles, les écoutes, la balise sous la voiture de Colonna. Il y a un dossier parallèle et un vrai, voilà le problème, monsieur Marion!» A chaque fois, Marion s'en tire en disant «il faudrait relire les PV, je ne me souviens plus», ou «je n'ai pas pratiqué d'écoute dans cette enquête, ce n'est pas mon service». Il balance des: «c'est tout ce que j'ai à dire», s'en tire à coup de: «je témoigne par rapport à ce que j'ai vu, ce que j'ai entendu». Et puis, il a ce tic de répéter des «bien évidemment», ou «à partir de ce moment-là» à l'envi.

 

Dans la salle des pas perdus du Palais Justice il croisa A.D.N qui conversait avec le père d’Yvan et Me Gilles Simeoni que Louis connaissait bien depuis sa mission corse. Louis leur serra la main, puis celle d’A.D.N. qui engagea la conversation avec lui. Ils descendirent se jeter une mousse derrière la cravate à la terrasse à L’annexe. Louis et A.D.N. échangèrent leur 06 et, depuis cette date, à chaque passage de Louis à Paris ils déjeunaient ensemble. Le parcours de la petite entreprise, qui ne connut pas la crise, d’Ambrose&Louis passionna A.D.N. friand de nouveaux clients bien pourvus en blé. L’arrivée d’A.D.N. dans le marigot politique, où il pataugeait lourdement, fit que celui-ci sollicita Louis pour le guider dans cet univers de prédateurs, il devint son visiteur du soir.

 

 

- Pourquoi ne m’as-tu rien dit, grommela Ambrose.

 

 

- Pour ne pas troubler ta vie de coq en pâte.

 

 

- Et là, soudain, tu y fais irruption…

 

 

- Ben oui, mon grand,  sans toi je ne peux rien faire…

 

 

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7 juin 2021 1 07 /06 /juin /2021 06:00

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Le bon petit vin pas cher, ce fut le vin populaire, dénommé  VCC, de consommation courante, puis de Table sous l’OCM vin, ceux qui le consommaient le trouvaient bons, j’en ai vendu beaucoup dans des litres étoilés, je n’en suis ni fier, ni repentant, autre temps. Le vin bouché, dit AOC, c’était celui des bourgeois, petits et grands, même si les GCC de Bordeaux ne chalutaient pas en ce temps-là dans le CAC 40 et que la Romanée Conti chère à Aubert de Villaine rapportait moins que les propriétés familiales dans le Charolais voisin.

 

Et puis, les classes populaires, terreau des cocos, les travailleurs manuels laissèrent une large place aux cols blancs. Le vin populaire fut enterré sans fleurs ni couronnes, l’heure était venue de démocratiser les AOC, en faire des produits de consommation courante, bien lissés par les œnologues, gorgés de poudre de perlimpinpin. L’ambition des viticulteurs se résumait en une formule triviale : tous en première division ! Plus de mauvais vin, le duo Bettane&Desseauve pouvait enfin recharger ses accus avec les vins du grand Gégé biodynamique.

 

Et puis vinrent, selon la légende des pioupious urbains, les sans-culottes, les hurluberlus en tongs et dreadlocks, ceux qui allaient en faire la Révolution grâce aux vins qui puent. Ce fut, et c’est encore, la ruée vers la Nouvelle Frontière, Nossiter en guide, disparu dans l’oubli aujourd’hui, des pionniers affrontant à leurs risques et périls les affres de dame nature. Je ne raille pas, pour les vignerons qui défrichèrent le terroir il en fut ainsi, mon ironie et tournée vers les apôtres, surtout ceux qui surfèrent, comme Jésus marchant sur l’eau, sur la nouvelle tendance afin de se constituer un petit fonds de commerce.

 

Je n’ai rien contre les fonds de commerce, j’ai le mien, mais ce qui hérisse mes poils blancs de vieux con buveur de vin nu, c’est l’antienne qu’ils entonnent, comme le font les adeptes de la LPV à propos des GCC, : « Rançon du succès, les prix de ces vins ont tendance à flamber. « Il devient de plus en plus difficile pour nous de sélectionner 150 vins à 15 euros maximum, constate Antonin Iommi-Amunategui qui, avec le Glou Guide, espérait démocratiser le courant nature. Certains vins deviennent les nouveaux grands crus et étiquettes d’aujourd’hui.»

 

En creux, dans le non-dit de ce regret, ça signifie que ces zélotes du bon petit vin nu pas cher, se fichent comme de leur première chemise de quoi et de comment les vignerons vivent ou vivront. La révolution par procuration, sur le dos des autres, c’est commode et sans risques. Ça me fait chier !

 

L’article du sieur DAVET du Monde, traduit bien en dépit de son intitulé ENQUÊTE, cet entre soi, si douillet, si rassurant, tout en étant relativement intéressant, il passe à côté des réalités du monde du vin d’aujourd’hui, l’écume n’est que de la mousse, analyser le fond des choses, sortir des analyses faciles, des idées reçues demande de s’en extraire.

 

Comme le disait le Grand Charles à propos de l’Europe « Bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant "l’Europe !", "l’Europe !", "l’Europe !", mais cela n’aboutit à rien et cela ne signifie rien. », nos révolutionnaires en peau de lapin, eux aussi, cul sur leur fauteuil, s’agitent comme des cabris, qu’ils sachent que le nouveau vieilli si vite, que leur petit marigot va s’assécher, les laissant sur le flanc. Tant pis !

 

Se poser la question : quel est le vrai prix d’un vin est une ineptie, comme si celui-ci n’était que la résultante de son prix de revient.

 

Pose-t-on la question aux avocats à propos de leurs honoraires ?

 

Si on en veut un bon, on paye le prix, les honoraires de Dupont-Moretti et d’autres, qui se la jouent défenseur de la veuve et de l’orphelin, ne sont pas remboursés par la Sécurité Sociale, ils sont la résultante de leur notoriété.

 

Les vignerons nature, sauf ceux qui ont vraiment choisi un mode de vie sobre, ne sont pas des bienfaiteurs du petit monde des licheurs de vins nu, suant derrière le cul de leur bourrin tirant la décavaillonneuse, vivant d’amour et d’eau fraîche, penser et écrire ainsi c’est aussi pire que de traiter, comme l’immense Bettane, les vignerons bio de CONS.

 

Il n’y a pas de vaccin contre le MÉPRIS, y’en aura jamais, mais ça en est avec une enveloppe de bonne conscience et c’est pire.

 

 

 

Un communiqué de notre ami Lefred-Thouron. | Glougueule

Tous les goûts sont dans le vin nature

 

Par Stéphane Davet

 

ENQUÊTE

 

Autrefois réservé à quelques originaux, le mouvement compte désormais près de 1 500 vignerons portés par une même démarche éthique. Une lame de fond, cadrée par un label depuis mars 2020, et de belles réussites gustatives.

 

 

Longtemps chassé comme un malpropre, le naturel est revenu au galop. La caricature, qui cantonnait le vin nature à une mode pour bobos vantant les mérites de quilles « glouglou » fleurant le poney ou la souris, s’efface aujourd’hui devant une réalité bien plus enthousiasmante.

 

« A mes débuts, il y a onze ans, 5 % de mes clients avaient peut-être entendu parler des vins naturels. Aujourd’hui, seul 1 % d’entre eux n’y connaît rien. » Agnès Baracco, de la cave Au Bon Vingt

 

Ces ovnis (objets vinicoles non identifiés) se révèlent un phénomène de fond porté par un nombre exponentiel de vignerons fuyant les diktats de l’agro-industrie et relayé par une communauté internationale de consommateurs, cavistes, journalistes, sommeliers autant convaincus par la démarche éthique que par les réussites gustatives. Ces bouteilles offrent désormais une diversité capable de plaire aux rebelles fuyant les jajas de papa autant qu’aux amateurs de grands vins, purs, droits, exprimant leur terroir.

 

« A mes débuts, il y a onze ans, 5 % de mes clients avaient peut-être entendu parler des vins naturels, estime Agnès Baracco d’Au Bon Vingt, cave spécialisée du 20e arrondissement de Paris. Aujourd’hui, seul 1 % d’entre eux n’y connaît rien. » « Il y a dix-huit ans, on s’appuyait sur une cinquantaine de vignerons, aujourd’hui nous avons plus de 500 références », abonde Olivier Cochard, incontournable caviste bio et nature de Rennes, qui a ouvert sa boutique, Histoires de vins, en 2003. « Plus d’un millier de caves spécialisées ou favorables aux vins naturels maillent désormais le territoire », se félicite Antonin Iommi-Amunategui, auteur, entre autres, du Manifeste pour le vin naturel (Editions de l’Epure, 2015) et rédacteur en chef du Glou Guide (Cambourakis), sélectionnant 150 vins naturels à « 15 euros maxi ».

 

Un marché qui augmente de 20 % à 30 % par an

 

« Le boom date du milieu des années 2010 », analyse Tegwen Naveos, patron de la cave en ligne Pur jus, lancée en 2013, consultée mensuellement par près de 300 000 lecteurs. « Tout un public a eu le temps de se faire son éducation et la maîtrise des vignerons a beaucoup progressé. Le marché des vins nature augmente désormais de 20 % à 30 % par an. » Alors que celui des bouteilles bio augmente annuellement de 14 %, quand celui du vin en général baisse de 4 %. « Je pourrais vendre trois fois plus que ce que je produis aujourd’hui », constate, comme d’autres de ses confrères, le vigneron aveyronnais Nicolas Carmarans, dont 70 % des 30 000 bouteilles annuelles partent à l’export.

 

 « Le jour où on aura à l’Elysée quelqu’un qui achète du vin nature, il y aura une vraie volonté politique de mettre le sujet sur la table de l’Europe »

 

La création, en mars 2020, d’un label « vin méthode nature », lancé à l’initiative du Syndicat de défense des vins naturels, a mis un peu de clarté dans le flou artistique entourant jusque-là cette mouvance. Sur le cahier des charges, approuvé par les fraudes et l’INAO, le vin méthode nature doit être certifié bio, issu de vendanges manuelles, sans ajout ni modification œnologique lors de la vinification, à l’exception d’un maximum de 30 mg/l de soufre (un vin blanc sec conventionnel peut en contenir jusqu’à 210 mg/l). Ce label permettra ainsi de mieux visualiser la réalité d’un milieu qui concernerait aujourd’hui près de 1 500 viticulteurs en France. Un chiffre certes encore modeste, mais une tendance à l’impact grandissant.

 

Un engagement écologique

 

L’essor de ce mouvement est bien sûr en phase avec un désir croissant de vivre dans le respect de la planète, en mangeant et en buvant plus sainement. L’engagement écologique a été à l’origine de nombre de vocations, comme celle d’Éric Pfifferling, 59 ans, vigneron vedette de Tavel et ancien apiculteur, qui se souvient d’avoir été « extrêmement marqué par la crise de la vache folle, décisive dans notre façon de comprendre et de combattre une agriculture inféodée à un système de production ».

 

Ces convictions sont, dès l’origine, allées de pair avec une quête gustative. Pas un hasard si tous les pionniers de vins qu’on n’appelait pas encore nature – Marcel Lapierre, Thierry Puzelat, Guy Breton, Georges Descombes, Antoine Arena… – ont accompagné la révolution gourmande de la bistronomie. En même temps qu’ils s’éloignaient des produits de luxe et du service guindé, des chefs précurseurs, comme Yves Camdeborde (La Régalade), Raquel Carena (Le Baratin) ou les frères Delacourcelle (Le Pré Verre), ont fui la sommellerie d’étiquettes pour se rapprocher de vignerons qui leur ressemblaient.

 

Une seconde vague bistronomique

 

Eveillant la curiosité d’un nouveau public, cette démarche a encore été amplifiée, dans les années 2000, par une seconde vague bistronomique, menée par des chefs tels Iñaki Aizpitarte (Le Chateaubriand) ou Grégory Marchand (Frenchie), dont la cuisine ultra-créative et les ambiances relax s’alliaient à des vins revendiqués à présent comme naturels. « De la même façon que Bertrand [Grébaud] cherche à s’assurer de l’origine des légumes, des poissons ou des viandes qu’il cuisine, il était logique de défendre des gens qui travaillent leurs vignes, leurs sols et leurs vins dans le respect de la nature », insistait ainsi Théo Pourriat, complice en salle et en cave du chef de Septime, restaurant étoilé du 11e arrondissement de Paris.

 

Bistrots, restos et cavistes n’ont depuis cessé d’être les meilleurs ambassadeurs d’une effervescence qui a pu être à la viticulture conventionnelle ce que le mouvement punk a été au rock standardisé. Une apologie de l’instantanéité, du « small is beautiful », de la prédominance de l’émotion et de l’énergie sur la technique. Avec ce qu’il fallait de provocation, d’envie de tabula rasa. Peu importait, dans un premier temps, les approximations, les dissonances, tant le vent de fraîcheur décoinçait les carcans et brisait l’ennui.

 

Jusqu’à ce que ces appels d’air deviennent eux-mêmes des poses, des tics, des dogmes et de nouveaux standards. Qu’il s’agisse des calembours en guise de noms de cuvée, des déviances vantées comme des qualités, du « zéro soufre obligatoire » dicté par certains ou de la paradoxale uniformisation des vinifications.

 

« Comme beaucoup, à la fin des années 2000, je me suis un peu perdu dans le recours systématique à la macération carbonique », reconnaît Eric Pfifferling. « Elle favorise des notes fruitées, mais gomme les notions de cépage et de terroir. Je m’en suis rendu compte quand, lors d’une dégustation, on m’a demandé si je venais du beaujolais », ajoute celui qui se passionne désormais pour l’élevage longue durée de ses profonds rosés de Tavel, en s’autorisant, à la mise en bouteille, d’infimes doses de SO2.

 

« Il était dommage que les vins naturels soient d’abord reconnaissables à leurs défauts », rappelle Antoine Sunier, jeune espoir du Beaujolais, célébré pour ses régniés et ses morgons. La moindre déviance lui « prend vite la tête ». « Je recherche des vins droits, insiste-t-il, du fruit, de la dentelle, mais avec une belle structure. »

 

Encore quelques punks

 

Certes, il reste quelques punks dans les vignobles. Et des fans pour les apprécier. « Une génération a grandi avec ces vins, certains goûts jugés déviants par certains peuvent être la norme pour d’autres », explique Antonin Iommi-Amunategui en défendant une notion de défaut dont le curseur peut être subjectif. « Certains vins flirtent avec ces complexités et nous n’avons pas tous la même tolérance à l’aventure. »

 

Les cavistes jouent un rôle-clé en termes de conseil et de pédagogie. Olivier Cochard, à Rennes, peut ainsi orienter ses clients, des vins les plus faciles – les fameux glouglou, à la buvabilité toujours très en vogue – aux plus libres. « Comme ceux de Daniel Sage, entre Rhône, Ardèche et Loire, que j’adore, mais pas forcément à mettre entre toutes les mains. »

 

Les vins nature semblent pourtant sortir en majorité de leur crise d’adolescence. Un peu comme quand un groupe comme le Clash signait des chefs-d’œuvre de variété stylistique (London Calling [1979], Sandinista ! [1980]) après les brûlots ébouriffés de leur début, les chiens fous de la viticulture aspirent désormais à de grands vins.

 

Leur soif de liberté les contraints parfois à quitter leur appellation d’origine contrôlée. Malgré la plus-value commerciale qu’auraient pu représenter pour lui les différentes AOC bourguignonnes des hautes-côtes-de-nuits, Yann Durieux a finalement décidé de se passer de ses renommées AOC quand il a créé son domaine, Recrue des Sens, au début des années 2010 : « Je n’étais pas d’accord avec ce que les représentants de l’AOC voulaient mettre dans le verre et “être comme tout le monde” n’est pas le genre de la maison. » Il revendique vouloir faire, sans soufre, « des choses magnifiques, exacerbant quelques-uns des plus beaux terroirs du monde ». Sous leurs noms primesautiers, Pif and Love, Black Pinot, Les Ponts, ses cuvées s’arrachent dans le monde entier (75 % de ventes à l’export) à des tarifs de grands crus.

 

D’autres se sont battus pour intégrer leur AOC. « J’avais vécu comme un déni d’existence le fait d’en être exclu » se souvient Eric Pfifferling, si attaché aux veines calcaires de son terroir. Ironie de l’histoire, il fait désormais partie du comité de dégustation agréant l’AOC de tavel. La qualité de ses vins sert désormais de marqueur à une appellation qui, avant cela, faisait surtout recette dans les restaurants chinois.

 

Des prix qui flambent

 

Le travail de fond de la génération des vignerons bio et nature a, de la même façon, hautement profité à des régions qui avaient perdu de leur prestige, en particulier en Alsace (citons Pierre Frick, Bruno Schueller, Patrick Meyer, Christian Binner) et dans le Jura (la légende Pierre Overnoy, Jean-François Ganevat, Stéphane Tissot ou le regretté Pascal Clairet).

 

Après s’être méfiés de leurs déviances et instabilité, les restaurants étoilés mettent maintenant volontiers les vins naturels à leur carte. « Ces vins possèdent une originalité qui peut surprendre des clients en quête d’expériences. Mais aussi, souvent, une finesse, une profondeur d’expression permettant des accords pointus et précis », raconte Jean-Baptiste Klein, sommelier (MOF 2018) et chef de cave du Chambard, hôtel-restaurant deux macarons, à Kaysersberg (Haut-Rhin). Grand amateur de vins orange, il les associe, par exemple, à des asperges ou à une choucroute végétarienne.

 

Rançon du succès, les prix de ces vins ont tendance à flamber. « Il devient de plus en plus difficile pour nous de sélectionner 150 vins à 15 euros maximum, constate Antonin Iommi-Amunategui qui, avec le Glou Guide, espérait démocratiser le courant nature. Certains vins deviennent les nouveaux grands crus et étiquettes d’aujourd’hui. »

 

Stéphane Davet

 

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6 juin 2021 7 06 /06 /juin /2021 08:00

Comme souvent, je joue sur les mots, Télérama dit avoir un peu aimé Être Cary Grant, l’essai de Martine Reid, en effet en amour je suis toujours dans l’excès : beaucoup, à la folie, pas du tout, le un tout petit peu n’est pas ma came. En effet, j’ai acheté ce livre en pensant commettre une chronique dans le style : j’ai toujours rêvé d’être Cary Grant. Pourtant je n’ignorais rien de ce que fut la vie de Cary Grant.

 

Être Cary Grant

12 janvier 2020

James Ellroy lève le voile sur la face caché de l’élégant Cary Grant « S’il avait le menton « en fesses d’ange », Cary Grant n’en était certes pas un » ICI 

 

L’essai de l’universitaire Martine Reid m’a fatigué : à trop vouloir prouver on lasse, et ce livre m’a fatigué. Je suis allé au bout avec l’espoir que l’autrice m’apportât plus pour étayer son portrait en partie double d’Archibald Leach, enfant pauvre d’une étrange famille de Bristol, Cary Grant, acteur immensément riche et célèbre grâce à Hollywood.

 

Pages 21-22

 

« Pas question pourtant de lui conserver son prénom et son patronyme d’origine. Il lui faut un nom de scène, « easy tosay, hard to forget ». Dans la comédie musicale où il figurait à Broadway quand il a été repéré par l’agent de la Paramount, Archibald Leach incarnait un personnage  du nom de Cary Lokwood. L’acteur se verrait bien porter ce faux nom mais Lokwood est déjà utilisé au cinéma. Zukor lui aurait présenté une liste de noms possibles qu’il tenait à la disposition des jeunes comédiens. « Cary »  ce serait décidé pour le premier nom venu, « Grant ». Il serait « Cary Grant. Drôle d’assemblage en vérité, qui attribue un nom de comédie à un général de la guerre de Sécession devenu ensuite le dix-huitième président  des Etats-Unis (il figure sur les billets de 50$). Certaines publicités pour le nouveau « Grant » ne manqueront pas de faire le rapprochement.

 

Ce qui arrive à Leach n’est pas bien original.

 

La liste est longue « les patronymes qui ne sont pas anglais, et qui signalent une ascendance étrangère ou une origine juive, sont le plus généralement modifiés :

 

  • Fred Astaire : Frederick Austerlitz
  • Greta Garbo : Greta Gustafsson
  • Joan Crawford : Lucille Le Sueur
  • Rita Hayworth : Margarita Cansino
  • Lauren Bacall : Betsy Perske
  • Tony Curtis : Bernard Schwartz.

 

La liste est longue.

 

Alors pourquoi le cas de Cary Grant serait-il un cas, un sujet d’étude universitaire ?

 

C’est toute l’ambiguïté et la difficulté de l’exercice.

 

Cary Grant

© Visual

 

À l’écran, il demeure l’incarnation de l’idéal masculin, « élégant, séduisant, drôle, riche et tout sourire, décidément heureux sans l’ombre d’un doute ». Mais à la ville, « celles qui le quittaient utilisaient les mêmes mots pour évoquer les mêmes problèmes : cruauté mentale, violence physique, alcoolisme, dépression chronique, infidélités ». La vie de Cary Grant (1904-1986) évoque un ­remake de Docteur Jekyll et Mister Hyde à l’ère de la société du spectacle. Né pauvre dans une famille dysfonctionnelle de Bristol en Angleterre, Archibald Leach est devenu immensément riche et célèbre aux États-Unis une fois pourvu par Hollywood de son pseudonyme de fantaisie, « comme un chien porte un collier, un prisonnier son matricule ».

 

Dans un essai biographique souvent vif et stimulant, Martine Reid analyse le « leurre » qu’a constitué l’existence de l’acteur de La Mort aux trousses. Comment, par exemple, les studios qui l’employaient ont tout fait pour cacher sa bisexualité au grand public — l’homme qui faisait tomber les femmes dans presque tous ses films a longtemps été le compagnon de bamboche (et plus, car affinités), de Randolph Scott, autre archétype de la virilité dans le cinéma américain.

 

L’universitaire montre à quel point la belle image cinématographique d’un être parfaitement sain de corps et d’esprit n’était qu’apparence : « un individu sans corps véritable, sans pensée propre, sans autre vie que celle que le cinéma raconte pour lui dans les films où il apparaît ». La tragédie d’Archibald Leach est qu’il a tenté jusqu’au bout de jouer ce personnage de fiction dans la vraie vie — « Tout le monde rêve d’être Cary Grant. Même moi, je rêve d’être ­Cary Grant », avoua-t-il un jour. Dommage que l’autrice, si pertinente dans son étude de la persona de l’acteur, consacre trop de pages à des généralités rebattues sur le système hollywoodien.

 

| Éd. Gallimard, 160 p., 16 €.

 

Samuel Douhaire

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