L’ami Laurent Bazin sur Twitter pose le doigt où il faut :
@laurentbazin
C’est tout de même génial de s’interroger en boucle ce matin sur les «motivations des abstentionnistes», comme s’ils avaient cherché à envoyer un message politique… Alors que le sujet c’est, précisément, leur manque de motivation, non?
Tant que la régionalisation ne sera qu’un transfert de compétences : transports, routes, lycées… elle n’apporte rien aux citoyens… elle ne fait qu’ajouter une couche d’élus « inutiles », une strate administrative tout aussi inutile, qui se superpose au millefeuille départemental.
Si l’on souhaite vraiment que le pouvoir central omniprésent, via son Président, trouve un contrepoids, le seul moyen efficace est l’érection d’un vrai pouvoir régional fort.
Le Parlement ne joue plus, depuis fort longtemps, ce rôle, plus encore depuis la mise en place du quinquennat, les godillots du grand Charles ont fait des petits ; quant au Sénat, soi-disant émanation de la France profonde, vu son mode de désignation, n’est qu’une assemblée de notables repus, sans pouvoir réel, de Gaulle avait raison : à la trappe !
En m’abstenant je n’ai fait qu’exprimer mon désintérêt pour cette coquille vide, voter blanc ou nul ne sert à rien presque. Ce faisant je ne mets pas en péril la démocratie représentative, foin de grands mots, aux élus de se remettre en questions, de me proposer, de nous proposer une profonde réforme constitutionnelle qui redonne à nos votes un sens.
Mais plus encore mon abstention fut un choix très politique pour la raison suivante : je voulais minorer la nationalisation d’un scrutin local par les prétendants à la présidentielle, tout particulièrement, la fille du borgne, Pécresse et Bertrand pour leur primaire chez LR dont ils ne sont plus adhérents, les Verts…
Olivier Babeau
@OlivierBabeau
Rappel : avec 68% d’abstention, un candidat qui obtient 30% des suffrages exprimés n’est choisi en réalité que par 8% environ des inscrits. Autrement dit les futurs gagnants ne sont pas le premier choix de 92% des électeurs.
La seule bonne nouvelle c’est la quasi-claque du RN, nos insondables sondeurs ont surexposé le RN, reste à finir le boulot en PACA avec un front républicain sans faille.
La prime est aux sortants, LR et le PS conforteront leur base locale.
Attention à ne pas confondre scrutin régional et présidentiel ! L'avertissement
Richard Werly
@LTwerly
@letemps repris par @courrierinter
Merci et à dimanche prochain
Vu de l’étranger. Aux régionales, Macron et Le Pen “défaits” par le retour des partis traditionnels
Publié le 21/06/2021 - 06:26
Le premier tour des régionales, dimanche 20 juin, en France a été marqué par une abstention record, un net recul du Rassemblement national et une piètre performance du parti présidentiel, au profit de la droite et de la gauche. Pour la presse étrangère, cette dynamique pourrait rebattre les cartes de la présidentielle de 2022.
Un Rassemblement national (RN) “très en deçà de ses espoirs”, un parti présidentiel qui “peine plus que jamais à s’implanter localement” et des partis traditionnels, de la droite à la gauche, qui “résistent” : le premier tour des élections régionales a été marqué dimanche par une série de “grosses surprises”, résume la correspondante du Soir à Paris, Joëlle Meskens.
La très forte abstention – estimée entre 66,1 et 68,6 %, un record tous scrutins confondus en France – a avant tout profité aux présidents de région sortants, de droite comme de gauche. Les Républicains ont totalisé 34,4 % des voix et les socialistes 28,7 %, selon les estimations de l’Ifop. Les premiers espèrent pouvoir conserver leurs sept régions et les seconds leurs cinq en France métropolitaine.
En revanche, la défaite est “écrasante” pour Emmanuel Macron et sa formation, note Politico. Le parti présidentiel ne totalise que 11,5 % des suffrages selon Ipsos, un score qui confirme la faible implantation locale de LREM. “Il ne fait désormais aucun doute que M. Macron sera confronté à un défi” lors de la présidentielle de 2022, estime la BBC.
Dans un discours, qualifié de “morose” par l’agence Bloomberg, Marine Le Pen a de son côté reconnu que ses électeurs ne s’étaient “pas déplacés” et a appelé “à un sursaut” pour le second tour. Au niveau national, le RN, initialement donné en tête dans six régions sur treize par les sondages, n’arrive finalement en tête qu’en Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca). La formation d’extrême droite n’a recueilli que 19,4 % des voix au niveau national, contre 27,7 % en 2015.
“Le Pen et Macron ne sont plus seuls au banquet”
“La surprise est d’autant plus importante que les spéculations éditoriales et les sondages avaient prédit une explosion de l’extrême droite, et vu la droite et les socialistes passer sous la ligne de flottaison. Mais c’est le contraire qui s’est produit”, remarque Eduardo Febbro, le correspondant à Paris du quotidien argentin Página 12. “Si cette dynamique se maintient ou s’accentue dans les prochains mois, le retour des partis ayant une tradition de gouvernement et de présidence (PS et LR) pourrait saper les fondements de la stratégie macroniste, estime-t-il. Les anciens ennemis sont revenus à la table. Le Pen et Macron ne sont plus seuls au banquet.”
Le quotidien espagnol El País voit, lui aussi, dans ces résultats le signe que “la vieille politique refuse de disparaître”. Le scrutin du premier tour remet en cause “le diagnostic de Macron et de Le Pen”, selon lequel “les divisions partisanes qui avaient façonné la politique française depuis l’après-guerre – une alternance entre le centre gauche et le centre droit – n’étaient plus valables”. Dimanche soir, Macron et Le Pen ont été “défaits par le vieux monde”, renchérit Le Soir.
Gare aux “conclusions trop hâtives”
“L’abstention massive […] empêche” néanmoins de “tirer trop de leçons pour le scrutin présidentiel d’avril-mai 2022”, met en garde le journaliste du Temps Richard Werly, qui se méfie “des conclusions trop hâtives”.
Par ailleurs, il ne faut pas oublier que les deux grands partis traditionnels ont bénéficié à plein de la “prime aux sortants”, qui ont été à la manœuvre lors de la crise sanitaire. Selon le journaliste du Temps, il faut aussi “bien comprendre que le découpage de la France métropolitaine en treize grandes régions administratives n’est pas bien accepté, ce qui a pu amener de nombreux Français à bouder les isoloirs pour bien montrer leur désaccord et leur manque de confiance en cet échelon politique”. Cette abstention massive est le reflet d’une “France politique […] démotivée”, note-il. Pour lui, “la principale boussole de ce pays centralisé demeure la présidentielle”.
Noémie Taylor-Rosner