Aborderl’hippophagie ici c’est prendre le risque de déchaîner la colère des ligues qui militent contre la consommation de la viande de cheval et, croyez-moi, elles sont attentives et virulentes. Dans ma longue carrière j’ai eu à gérer madame Bardot soi-même pour une sombre et peu sympathique histoire de chevaux polonais bloqués en gare de Nice un dimanche (cette ville m’a toujours semblée être l’épicentre d’embrouilles) et une affaire grave de blocage de l’importation de viande de cheval US contaminée (certains États comme le Texas, l'Illinois, la Californie et la Floride, ont voté des lois qui interdisent l'abattage des chevaux pour la consommation humaine, donc les établissements d'abattage ne peuvent pas être situés dans ces États).
Alors pourquoi en parler aujourd’hui ? Tout simplement parce qu’un petit livre joliment titré : La boucherie chevaline était ouverte le lundi de Dorian Nieto, un blogueur gastro link aborde avec beaucoup de sensibilité « Je n’ai jamais aimé les villes silencieuses. Le vide dans la ville, les rues mortes, les quartiers sans vie, je les fuis. Longtemps j’ai traqué les vieux bistrots parisiens rien que pour y déplier mon journal et boire des petits noirs matinaux, rien que pou y être cerné de bruits. Je peux affirmer aujourd’hui sue ma décision d’écrire sur la viande chevalin, alors que rien ne m’y prédisposait – ni mon passé de sociologue (quoique, on le verra) ni mon présent de gourmand blogueur (quoique, je ne démentirai pas) –, mon intérêt, mon questionnement et l’enquête qui suivra, sans oublier mon goût pour la viande de cheval, c’est ma détestation du silence des rues des lundis de mon enfance que je le dois. »
Ai-je mangé de la viande de cheval ?
La réponse est oui à l’insu de mon plein gré car ma sainte mère, à chaque marché de la Mothe-Achard, rapportait un beefsteak de cheval pour fortifier ma croissance à laquelle elle consacrait tous ses soins. Je n’ai plus aucun souvenir du goût de cette viande et depuis je n'ai jamais acheté de la viande de cheval. Les dernières boucheries hippophagiques m'apparaissaient d'une tristesse infinie et puis...
Pourquoi ?
Je crois que c’est à cause de Nénette la vieille jument du pépé Louis que j’ai si souvent conduit lorsque nous passions la décavaillonneuse. Elle a fait partie de ma vie d’enfant et d’adolescent, durant laquelle j’ai vu ma mémé Marie sacrifier volailles, canards, lapins, où j’ai assisté à l’abattage du cochon à la ferme, que j’ai vu les bœufs monter dans les wagons qui les conduiraient à l’abattoir de la Villette, sans pour autant m’abstenir de consommer de la viande de toutes les espèces (sauf de la viande caprine pour des raisons que j’ai expliquées dans une chronique, sentimentales aussi), jamais je n’ai eu envie de pousser la porte du boucherie chevaline. Contrairement à Dorian Neto, comme je l'ai écrit, j’ai toujours trouvé les étals de ces boucheries, tristes, comme si elles portaient la misère du monde; Donc, sans militantisme, même si j’ai côtoyé de près des opposants lors de ma présidence de la journée nationale du Cheval, je me suis contenté d’ignorer ce secteur au Ministère : il existe en effet une Fédération Nationale du Cheval affiliée à la FNSEA, dans le jargon les chevaux lourds.
Pour autant j’ai pris un réel plaisir à lire le petit livre de Nieto, il est bien écrit, respire un réel amour pour cette viande mal aimée, pour autant je ne crois pas que je changerai, non pas d’avis, mais mes habitudes alimentaires. Grand amateur de steak tartare je ne me vois pas en consommer un à base de viande de cheval, mais sait-on jamais ? Bertrand Grébaut, du restaurant Septime, se fait à la fin du livre, avec conviction, l’avocat de cette viande qu’il a rencontré « il y a deux ans aux Deux Amis. Mathieu Perez m’avait dit : « Si tu aimes le tartare, il faut que tu goûtes le tartare de cheval ! » Effectivement, ça été une vraie révélation : exceptionnel, ce côté sucré et fondant en même temps. » Grébaut aime beaucoup le cœur de cheval, moi je ne suis pas amateur de cœur. Mais mes goûts personnels n’entre pas en ligne de compte et je vous incite vraiment à acheter ce petit livre publié chez Argol 12,50€.
Un point d’histoire pour finir : on ne consommera pas de cheval en France avant la législation de l’hippophagie en 1866.
Une remarque pour ceux qui ne consomment pas de viande en général pour des raisons, dites de respect des animaux, tout particulièrement des conditions dites barbares de leur abattage, je rappelle que tous les animaux, comme tous les êtres vivants ont une fin. S’ils meurent pour des causes naturelles, vieillesse ou maladie, ils vont à l’équarrissage. Pour les chevaux de réforme, avant la législation hippophagique, et ils étaient nombreux comme bêtes de somme « les abattoirs de Paris, sur le site des actuelles Buttes Chaumont. Un lieu terrible, dit-on, où l’on conduisait les chevaux à l’équarrissage. Les chevaux en fin de vie y étaient entassés avant d’être mis à mort, puis découpés en toutes sortes de matériaux. Tout était exploité dans le cheval : les graisses, le cuir, les os, les crins, les sabots, les tendons… et les restes servaient de nourriture pour animaux, écrit Dorian Neto.
Dans mon quartier, au 102 de la rue de la Glacière, dans une portion de cette rue massacrée par d’indignes dit architectes de l’Office des HLM de Paris, Monsieur Julien Davin tient une boucherie hippophagique. Je suis donc allé y faire des photos dimanche.
ATTENTION CERTAINES SCÈNES DE CE FILM PEUVENT HEURTER DES PERSONNES SENSIBLES !!!