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6 décembre 2012 4 06 /12 /décembre /2012 00:00

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Ben oui les petits loups, les louves aussi, le Taulier a passé deux bachots avant de monter à l’étage supérieur et, comme il faut toujours qu’il se distingue, la première partie de ce bachot a été supprimée l’année qui a suivi le passage du jeune et sémillant Taulier.


« Passe ton bac d’abord ! » c’est du Pialat du meilleur cru…


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Donc au fameux bachot, mot d’argot, ce qui comptait d’abord bien sûr c’était de l’avoir mais surtout pour les machines à concours de décrocher une mention.


Assez Bien – de moins de 14 à 12 et +

Bien – de moins de 16 à 14 et +

Très Bien 16 et plus

Les + de 10 c’est Passable


Bref comme votre Taulier aime bien les grosses cotes, les gros coefficients qui vous permettent de passer à l’aise, le défi fut pour lui pour le premier bachot la dissertation de français et pour le second : celle de philo. Mon chiffre magique fut donc 18 sur Vin, pardon sur 20.


Cette mise au point faite j’en reviens au guide de Rémy Poussard Le Grand Classement des Vins de Bordeaux millésime 2008.


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La meilleure note est 17,8/20 pour le château du Gaby link qui aurait mérité de se hisser jusqu’à la note fétiche du Taulier.


Trêve de plaisanteries, en vertu de la grille du bachot français :


1-   60 vins du GCVB ont la mention TB


2-  227 vins du GCVB ont la mention B


3-  263 vins du GCVB ont la mention AB


4-  45 vins du GCVB sont passables


5-   1 seul vin du GCVB est recalé avec 9,2/20


Donc chez l’ami Poussard c’est le bachot pour tous et même plus c’est le bachot avec mentions pour un sacré paquet de prétendants. C’est mieux que Chevènement et Jack Lang pour une fois réunis à notre Éducation Nationale. Bien sûr à Bordeaux tout est grand et tout est beau mais moi cette distribution me chiffonne un chouïa. J’avoue que, l’importance du ventre mou des notes moyennes, 308 vins sur 586 donne de cet ensemble une impression de peloton de porteurs d’eau. Mais bon c’est sans doute la méthode Poussard qui veut cela.


Une dernière remarque mon cher Rémy Poussard : une présentation plus aérée et plus légère ne nuirait en rien à votre Grand Guide qui a un côté sous-sol du Bazar de l’Hôtel de Ville : on y trouve tout mais putain faut s’y coller.


De façon purement arbitraire j’ai extrait 5 lauréats du Top100 de Poussard : 4 mention TB et une B.


J’adore les commentaires ils me laissent songeur. Mais tout de même le pompon c’est sans contestation la « Finale en queue de paon » du Virginie du camarade Jean-Luc vraiment ça vaut son pesant d’érotisme évocateur du style de celui de la célèbre Baronne G


Château Chantegrive Graves n°4 17,4/20 16€ 180 000 bts. www.chantegrive.com


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Robe rubis dense presque noire, avec un halo pourpre. Nez hyper puissant de bois de cèdre, vanille, graphite, suie, torréfaction, anis, myrtilles, iris et mauve. Splendide  bouche ample, puissante aux tanins robustes mais nobles. Matière sur le cuir et des épices orientales, de la mûre, du cassis et des framboises sauvages. Longueur poivrée. Un vin complexe d’une grande complexité aromatique. Finale longue et florale.


1-    Virginie de Valendraud Saint-Émilion n°12 16,9/20 37€  15 000 bts. www.thunevin.com


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Robe rubis à pourpre très dense, limpide et très brillante. Nez hyper expressif de bois de cèdre, boîte à cigares, réglisse, fumé, moka, grillé, marmelade de cassis et fraises des bois. Magnifique bouche ample et charnue concentrée sur le cassis très mûr. Matière immense aux tanins nobles avec de la torréfaction, du pain grillé et des notes toastées. Longueur sur les épices orientales et la vanille. Finale en queue de paon.


2-  Le Clos du Beau-Père Pomerol n°28 16,6/20 35€ 7000 bts. www.thunevin.com


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Robe rubis dense avec halo pourpre. Nez fin et complexe de café, chocolat, torréfaction, vanille, cuir, grillé, humus et suie. Splendide bouche explosive de complexité avec des tanins raffinés, de la torréfaction, du chocolat au lait et du grillé. Matière florale, violette et réglisse. Longueur droite et bien structurée. Finale complexe. Un grand vin.


3-  Château Vray Croix de Gay Pomerol n°57 16/20 44€ 10 000 bts. www.baronneguichard.com


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Robe très sombre, cerises noires avec des refllets tirant vers le bleu foncé. Nez délicat et expressif de fruits noirs avec du café, du chocolat au lait et du cacao. Très jolie bouche s’ouvrant sur de la marmelade de mûres, cassis et pruneaux. Matière toute en finesse avec du grillé, du boisé et des tanins granuleux. Belle longueur fruitée et café noir.


4-  Château Franc-Patarabet Saint-Émilion Grand Cru n° 81 15,7/20 15€ 2500 bts. www.franc-patarabet.com


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Robe rubis dense, limpide et brillante. Nez velouté, fruits rouges et noirs, torréfaction, grillé, vanille, moka, bois et pain grillé. Bouche ferme aux tanins robustes encore en devenir avec de la noix. Matière très épicée avec du poivre et du grillé. Longueur impressionnante un peu chaude

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5 décembre 2012 3 05 /12 /décembre /2012 14:00

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C’est Roger Feuilly qui sait tout qui l’écrit ICI link  la chaîne parlementaire LCP, un truc qui nous coûte la peau du cul comme celle du Sénat d’ailleurs vient de priver notre cher Périco de son émission « Toques et Politique » qu’il animait depuis septembre 2009 sous la pression des lobbies de l’agroalimentaire dit-il dans sa missive qu'il rend publique aujourd'hui.


Affirmer que notre ami Périco soit un animateur impartial prêterait à sourire, j’en ai fait les frais suite à mon rapport lors d’une émission d’Yves Calvi C dans l’air mais c’est de l’histoire ancienne. Que je le suive dans tous ses combats loin s’en faut mais quand je lis dans le papier de Feuilly que « Catherine Vautrin, députée UMP de la Marne et ancienne secrétaire d'Etat de Jacques Chirac, et Jean-Christophe Lagarde, député Nouveau Centre / UDI de Seine-Saint-Denis, émirent des doutes quant à l'opportunité d'une émission mêlant politique et gastronomie. » je sors ma sulfateuse pour de bonnes raisons que j’éviterai d’agiter ici pour m’éviter à nouveau du papier bleu.


Touchez-pas à l'émission de Périco c’est une question de principe !


Le Taulier se porte à ses côtés avec, ce que tout le monde reconnaît, son indéniable pouvoir d’influence dans les arcanes de l’État.


La Taule du Taulier, Vin&Cie rappelons-le a inscrit à son frontispice « Espace de Liberté »


Comme j’ai connu un placard étatique je suis solidaire d’un viré de la République.


Tu peux compter sur moi pour ton combat Périco ma crémerie t’es ouverte et je me ferai un plaisir, avec les armes qui sont les miennes, mes petits mots, de te donner un coup de main comme on disait dans ma vieille Vendée crottée…


Salut à toi Périco « ce n'est qu'un début continuons le combat… » en espérant que nous ferons mieux qu'après Charléty....

 

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5 décembre 2012 3 05 /12 /décembre /2012 00:09

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J’ai hésité entre Roussillon et Catalogne puisque dans ce département des PO certains se se revendiquent catalans mais je trouve que le Roussillon, avec la partie française de la Cerdagne, le Conflent et le Vallespir qui a été rattaché à la France lors du traité des Pyrénées signé le 7 novembre 1659 est géographiquement plus représentatif. En effet, le Roussillon (en catalan : Rosselló) est limité au sud par le massif des Albères, à l'ouest par le massif du Canigou, au nord par les Corbières, à l'est par la Méditerranée.


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Marie-Pierre, le site d’un restaurant La Robe link, la situe très précisément en affichant sa filiation « Le Domaine de Blanes, créé en 1958 par Jean-Pierre et Rose-Marie Bories est repris en partie par Marie-Pierre …. » et elle d’écrire «Tout un symbole à mes yeux car le vin est un chemin, le chemin de la vie. C'est un détour qui, à chaque virage, vous laisse des impressions (...) toujours porteur d'un message.» C’est ainsi que je l’ai rencontré, une seule fois, à dîner chez Rose-Marie et Jean-Pierre Bories à Pézilla-la-Rivière dans les Pyrénées-Orientales. « Après avoir exploré d'autres paysages viticoles (Argentine, Chili, Australie pour Chapoutier), » Marie-Pierre Bories s'est installée en 2000 sur la propriété de ses parents 15 hectares rattachés à une exploitation familiale de plus de 80 hectares. En quelques années, elle a développé un ensemble très cohérent de vins qui expriment sincèrement leur origine et ne cèdent pas aux modes caricaturales qui ont malheureusement cours dans cette région. » c’est la LPV qui le dit donc le taulier est impressionné car il ne peut se targuer, lui, de connaître Marie-Pierre dont il a perçu, lors de ce dîner, la très forte et affirmée personnalité.


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Jean-Pierre, son père, lui je l’ai bien connu lors de ma médiation Vin Doux Naturels puisqu’il était président de l’Interprofession des Vins du Roussillon, les vins secs comme on dit là-bas. En effet, en ce temps-là, à Perpignan siégeaient deux interprofessions : le CIVDN, présidée alors par Bernard Dauré, et l’autre donc. Entre les deux ce n’était le grand amour, les VDN sur le déclin avaient régnés en maître pendant quelques décennies alors que les vins secs du Roussillon restaient dans une modeste confidentialité. Mon but : les fusionner et donc négocier le sabordage du CIVDN et la transformation de l’interprofession des vins secs en interprofession de tous les vins du Roussillon. Ce fut long car les dominions de cette belle région : Banyuls et surtout Maury renâclaient à se fondre dans le pot commun. Bref, comme à son ordinaire le taulier rama dans sa petite barque avec sa petite rame pour arriver à ses fins. Cependant, avec Jean-Pierre Bories, son plus grand souvenir fut leur montée à Maury, un vendredi en fin d’après-midi, pour tenir une réunion publique à la salle polyvalente afin de discuter de l’avenir de Maury : vin sec or not vin sec. Jean-Pierre, natif de Maury, et dont le père Jean-Pierre fut le premier président de la cave je crois, m’épaulait. Je plaidais la cause de la diversification ce qui provoquait l’ire du président de la cave, Jean-Guy Pujol, qui régnait en maître sur Maury en s’appuyant sur sa position de membre du CN de l’INAO.  La suite est connue mais je ne m’accrocherai pas de médailles pour autant, pas vrai Bernard Rouby.


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Fernand Vaquer, le beau-père de Frédérique, lui je l’ai connu, toujours bien sûr au cours de ma mission, lors d’une des réunions publiques que je tenais dans la zone Rivesaltes pour expliquer la situation catastrophique des VDN. C’était dans les Aspres, dans une salle, à Trouillas je crois, une grosse centaine de vignerons. Je logeais moi tout près à Saint-Jean Lasseille dans une propriété du Conseil Général et le président du Syndicat des Vignerons était JR.link Ambiance tendue car « ici on fait le vin doux »le Taulier se voulait convainquant alors, pour détendre l’atmosphère, il se lançait dans une comparaison hasardeuse  avec le rugby à l’ancienne et le rugby moderne en faisant bien sûr allusion à l’USAP. C’est alors qu’au dernier rang Fernand Vaquer s’est levé et à tirer de sa poche de veste une coupure de presse qu’il a déclamé. Il s’agissait bien sûr du JO des PO : l’Indépendant. Si mes souvenirs sont bons Fernand Vaquer s’y insurgeait contre le style de jeu de l’USAP. Grand moment : pour la petite histoire Jacques Séguéla, auteur d’une célèbre campagne pour les VDN, à cette époque avait l’ambition de mettre la main sur l’USAP et je le croisais dans l’avion d’AOM (Perpignan se payait le luxe de 2 compagnies aériennes : AOM et Air Liberté). Bref, je dus par la suite me rendre, un matin, à Tresserre au lieu-dit « Pla del Rey » site de la bataille historique dite du « Boulou » en 1794… afin d’y déguster les vins du domaine Vaquer qui s’illustrait par la mise en bouteille de ses vins secs. Fernand Vaquer était un  précurseur des vignerons du Roussillon. « Le premier millésime date de 1968… nous avons encore quelques bouteilles « collection » de ces vieux vins et ils se goûtent encore de façon très surprenante. A l’époque, il était inscrit sur l’étiquette « Roussillon dels Aspres » et VDQS puisque l’appellation Côtes du Roussillon n’existait pas encore … » souligne Frédérique dans Anthocyanes.


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Frédérique Vaquer, la belle-fille de Fernand, son mari Bernard Vaquer prématurément disparu Frédérique a repris le flambeau,  donne la clé : « Le Domaine Vaquer est un domaine familial depuis 4 générations. Dans cette tradition familiale, je suis « la belle-fille de Bourgogne ». Le domaine a été acheté en 1912 par le grand-père de mon beau-père, qui avait également un commerce de « tartres et lies de vin ». L’année prochaine, nous fêterons donc les 100 ans du domaine! Le père de mon beau-père, Fernand Vaquer (et j’ajoute « 1er » car son fils s’appellera aussi Fernand) s’est occupé de la propriété de son épouse, mais aussi était international de rugby et a été champion de France avec l’USAP plusieurs fois : la dernière fois en 1955 en tant qu’entraineur. Il était surnommé « le maréchal » et est encore très connu dans le département. Je mentionne ce fait comme un clin d’œil, car dans le département, l’équipe de Perpignan a un énorme succès et le nom de « Fernand Vaquer » est immanquablement associé au rugby; mais pour vous c’est un détail qui n’a que peu d’importance au niveau du vin. Au niveau du domaine, « Fernand 1er » a replanté le vignoble à partir de 1947 avec mon beau père… »


Frédérique je l’ai croisée à Bordeaux, lors du dernier Vinexpo, le lundi 20 juin, au Saint-James de Bioulac où à l’initiative d’Hervé Bizeul, une belle palette de vignerons et vigneronnes, majoritairement catalans, présentaient leurs vins. J’ai donc dégusté les vins de Frédérique et je dois le dire, en toute franchise, je les ai apprécié ce qui ne fut pas toujours le cas avec ceux de Fernand II. Bernard et Frédérique se sont rencontrés en Bourgogne à Dijon en 1985  pendant leurs études d’œnologie. « Le couple débute en 1991 et Frédérique se souvient « d’avoir eu les coudées franches » pour mettre en œuvre l’expérience bourguignonne avec des terroirs argilo-siliceux, un climat très chaud et des cépages autochtones. «  Art et passion des vins «  est leur devise. D’une sélection par parcelle, voire par rang de vigne, à l’élevage en barriques, Frédérique allie aujourd’hui le savoir-faire de Fernand et sa volonté de produire des nectars révélant le caractère des coteaux des Aspres. » dixit Anthocyanes


Toujours dans Anthocyanes Frédérique Vaquer : se situe « J’ai la volonté de vinifier des vins reflétant la finesse et l’élégance; le fruit et la structure; enfin des vins qui ressemblent à leur terroir et qui me ressemblent. Je n’aime pas la surmaturité ou la surextraction. C’est pour ces raisons que je privilégie en vinification pour les rouges les remontages doux aux pigeages et que la vendange est toujours totalement éraflée. Dans la mesure du possible, ce sont les levures présentes sur le raisin à la récolte qui assurent la fermentation alcoolique. De même, comme la vinification se fait en cuve ciment non détartrée, ce sont les bactéries lactiques du chai qui assurent la seconde fermentation dite « malo » ; je pense que la cuve ciment garde la « mémoire » du vin de l’année précédente… Pour l’élevage, selon les millésimes, il y a un peu de barriques d’un ou deux vins… rarement de la barrique neuve car je souhaite par l’élevage « ouvrir » le vin aromatiquement parlant et surtout pas le « boiser ».


Le fil de mes souvenirs a été tiré, un soir, dans une banlieue lointaine, Ermont, où les cafés sont fermés dès la nuit tombée comme si la main invisible des tristes avait décrété un couvre-feu de la convivialité, par deux bouteilles côte à côte sur l’étagère du caviste Aux cépages d’Ermont link qui nous accueillait pour une verticale du domaine Milan. J’ai tendu la main j’en ai saisi une, puis j’ai tendu l’autre pour attraper l’autre flacon. Lorsque je les ai posées sur le comptoir je savais déjà ce que j’allais écrire.


C’est fait…

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4 décembre 2012 2 04 /12 /décembre /2012 14:00

  L’affaire de l’Arche de Zoé m’avait touché à plus d’un titre et, le 6 décembre 2007 je reproduisais le point de vue de Régis Debray dans le Monde du 23 novembre 2007 « Zoé et Zorro, le néo-bon et le néo-con » link. 5 ans se sont écoulés et le procès des responsables de l’Arche de Zoé, qui s’étaient lancés dans une croisade humanitaire au Tchad en 2007, comparaissent lundi 3 décembre devant la justice pour  « escroquerie ». Je vous propose et de relire le point de vue de Régis Debray et l’article de :

 

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Parents de quatre grands enfants, Citane et Antonio Ferrer ont toujours eu les bras grands ouverts. Le Secours catholique leur confie d’ailleurs régulièrement l’été des enfants n’ayant pas la chance de partir en vacances. Habité par un sens aigu de l’accueil, le couple s’est laissé convaincre par le discours de l’Arche de Zoé. Pour eux, recueillir un petit réfugié en danger de mort relevait de l’évidence. L’amertume est d’autant plus grande aujourd’hui. « L’Arche de Zoé a abusé de notre humanité,  assène Citane. Cette association a trahi notre intégrité morale. »  Lorsque ses responsables ont été arrêtés en octobre 2007, on a en effet découvert que la plupart des 103 enfants qu’on leur avait présentés comme des orphelins du Darfour réfugiés au Tchad avaient en réalité des parents.


« On s’est joué de notre crédulité. » 


Cinq ans se sont écoulés depuis les faits, mais Brigitte Danjou est toujours traversée par la même colère froide. « On s’est joué de notre crédulité. »  Le plus révoltant pour elle reste de passer pour une femme en mal d’enfants qui, dans l’espoir de devenir mère, aurait fermé les yeux sur des pratiques contestables. « Je travaille depuis toujours dans un centre de loisirs, je ne suis vraiment pas en manque de gosses ! »  explique celle qui est, par ailleurs, mère de deux enfants. Avec son discours bien rodé, L’Arche de Zoé avait fini par la persuader de contribuer à un « magnifique »  projet : sauver des enfants d’un conflit qui ravageait une partie du Soudan. Sa déconvenue a été à la hauteur de son enthousiasme initial. Le fils de Brigitte, une douzaine d’années à l’époque des faits, est sans doute encore le plus ébranlé par « l’affaire ». « Apprendre que des petits avaient été séparés de leurs parents l’avait beaucoup choqué »,  se souvient sa mère.


Avec le recul, certaines familles n’hésitent pas à faire un parallèle entre les pratiques de l’Arche de Zoé et les dérives qui ont lieu dans certains groupes. « Éric Breteau était vénéré, il suscitait une adhésion complètement délirante,  assure Citane Ferrer. Et puis il nous demandait de garder le secret sur le projet et de n’en parler qu’entre nous, un peu comme dans une secte. »  Les Ferrer, jusqu’alors très engagés dans la vie de leur paroisse, ont alors fini par vivre en vase clos et par ne plus fréquenter que les autres familles d’accueil. Quand, par moments, le couple se mettait à douter, « la beauté du projet »  le remobilisait. « On ne se sentait pas la force de faire machine arrière »,  insiste Citane.


« On ne voulait pas voir » 


Même aveuglement du côté de Martine Gergères. « L’association nous a fait comprendre que les familles qui paieraient les premières seraient prioritaires, alors on a sorti le chéquier »,  se souvient celle qui souhaitait coûte que coûte adopter. Les organismes autorisés pour l’adoption (OAA) les avaient pourtant mis en garde, elle et son mari, contre les procédés « louches » de l’Arche de Zoé. « Mais on ne voulait pas voir »,  concède-t-elle aujourd’hui. Après le fiasco de l’épopée humanitaire, Martine a sombré dans la dépression. Elle a aujourd’hui l’immense bonheur d’être maman d’un petit garçon de 3 ans, mais les séquelles de « l’affaire »  sont là. Elle attend le procès pour pleinement tourner la page. « Cette association a joué avec les sentiments de tout le monde, ceux des Tchadiens comme ceux des Français, il est temps qu’ils répondent de cela. » 


Sur les 358 familles d’accueil « victimes » de l’escroquerie humanitaire, seule une quinzaine se sont constituées parties civiles. « Les autres éprouvent sans doute une certaine honte à s’être laissées ainsi berner et à avoir participé à un tel projet »,  explique Guillaume Le Maignan, avocat de l’association Enfance et famille d’adoption.


MARIE BOËTON

 

Voir aussi:

On a retrouvé les enfants de l’Arche de Zoé link
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4 décembre 2012 2 04 /12 /décembre /2012 00:09

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« La nostalgie n’est plus ce qu’elle était » j’aime beaucoup ce titre d’un livre de Simone Signoret et je trouve qu’il va bien à un monde englouti, que certains aujourd’hui singent, copient en accumulant des vieilleries, celui des bistrots avec patron occupant tout l’espace, des monuments, des figures, des institutions. Souvent ils avaient beaucoup vécu, le bistrot pouvait être aussi leur dernier arrimage que le quai où depuis fort longtemps ils avaient posé leur sac.  Bien plus qu’intégrés dans la paysage du quartier c’était eux le paysage car chacun s’y retrouvait, habitués comme clients de passage. Parfois le patron était une patronne comme Andrée au Pied de Fouet qui menait son monde à la baguette pendant que Martial, son époux, essuyait placidement les verres derrière son bar.


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Ce que j’aime par-dessus tout dans mon dur labeur de Taulier, qui a beaucoup à voir avec celui de bistrotier, ce sont les rencontres entre mon présent et un passé évoqué par une belle plume. Dans « Sorties de Table » livre que j’ai déjà évoqué, un livre de récits réunis par Élise Dürr et publié à L’Éloquent www.elocoquent.com , j’ai, entre autres, adoré le texte d’Hubert  de Gevigney, « Le rosé de Mimi L… »

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La scène se passe au 21, rue Boulard, le lieu existe toujours sous la même enseigne mais l’esprit du lieu a bien changé. La rue Boulard c’est un pan de mon territoire, et c’est la rue d’Hugo Desnoyer le boucher. Je découpe le texte pour ne reprendre que ce qui concerne la geste pro du bistrotier.

 

Les Trois coups…

 

« Ah, nom de D… tu tombes bien l’amiral ! »

Lui, c’est Jean dans sa gloire et son tablier bleu, le crayon à l’oreille. C’est à ces quelques détails qu’on reconnaît le maître. Il vient d’en coincer une, encore toute embuée, entre ses genoux, l’outil suprême en main, le geste professionnel… L’amiral, c’est toi, le grand dégingandé, l’artiste plutôt taiseux qui m’amène dans ce resto qu’un poète des rues baptisa autrefois du nom d’un élixir, celui que se partage la cloche sous les portes cochères.

 

(…) Bien qu’occupé à ses affaires techniques, Jean ne cède pas un instant de présence. Me traverse l’esprit l’ombre de Raimu meublant tout le théâtre. La pièce se joue en boucle, nous la prenons en cours, au moment où la scène est ponctuée de ce bruit libérateur, précédé de l’inévitable grincement avant-coureur, qui lie le liège au vin comme le gendarme au voleur. Alors, il  délivre la prisonnière de ses genoux et la pose sur le bar, laissant tomber sans un regard le tire-bouchon sur le zinc. Puis, d’un geste sûr, presque automatique, il saisit, d’un coup de ses doigts, trois verres suspendus par le pied au-dessus du comptoir. D’un virement agile dans le plan vertical, il les pose devant nous, tous à plat, et sans attendre, du même mouvement assuré pour chacun, remplit les trois verres pile au même niveau. Là, comme il prend celui devant lui, tu peux penser qu’on va se l’envoyer de suite, ce petit coup de blanc. Et bien non, camarade, le drame n’est pas fini ! Tenant le verre par la colonne entre le pouce et l’index, il fait tourner la liqueur à hauteur de ses yeux, dans un oblique parfait, digne de l’orbite terrestre autour de l’axe des pôles. Le premier rang fait silence. On devine, au parcours délicat imprimé au liquide, à l’inspiration que l’on sent monter à travers sa moustache, que la dernière tirade sera du grandiose. Il y aurait des dames, elles agiteraient l’éventail en se tenant le cœur. Il ferme un instant les yeux, puis les rouvre sur ce qu’il fait scintiller devant lui. Enfin, dans une sorte d’extase, il libère, soulagé :

« Regarde-moi ça si c’est propre ! »

 

Alors seulement joignant le goût à la vue, il réduit d’un coup, de moitié, le contenu de son verre dans une voluptueuse communion des sens. Nous nous sentons autorisés, surtout qu’il a déjà joué le sort de la bouteille en servant d’autorité jusqu’au bout du comptoir… Jusqu’à « mon Jeannot » comme il dit, lequel à en croire le regard incertain, a déjà pris quelques longueurs d’avance. « La main dessus ! » qu’il envoie justement le Jeannot en question, avec ce geste du coude que l’on peut légitimement apprécier comme une forme d’enthousiasme, comme une adhésion au spectacle à défaut d’ovation. Jean a déjà pris l’accessoire principal dans l’évier, il en retire le bouchon qui a bien mérité, il se penche pour prendre la suivante. D’un coup de genou il claque la porte de la glacière sous le bar. La comédie continue… »

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3 décembre 2012 1 03 /12 /décembre /2012 14:00

Tenir une chronique journalière exige parfois d’aborder des sujets qui flirtent avec la ligne jaune, d'évoquer des trucs pas convenables, de fréquenter des lieux et des gens peu recommandables, pas vrai Charles-Henri Orliac, de se mettre un chouia en danger en titillant les grands : qu’en pensent JP Lubot et Hubert de Boüard, je ne sais, peut-être vont-ils me sonner un jour les cloches, d’endosser d’étranges costumes, de se dédoubler, de n’être plus soi-même, de se glisser dans la peau de… John Malkovich… d’être un autre… et même de se mettre en scène pour les besoins de la cause du vin, posant nu ou même se mettre en bière. Votre Taulier ne recule devant aucun défi, ou presque. La concurrence ne se presse pas au portillon pour vérifier si le ticket est toujours valable : pensez-donc, j’ai même vu au Carrousel du Louvre un chroniqueur en richelieu grises, quel défi, quel courage, j’en suis encore tout bouleversifié…


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Samedi, après un après-midi de flânerie, alors que je récupérais mon vieux destrier noir attaché au flanc de la rue de la montagne Ste Geneviève, l’angélus sonnait à l’église St Etienne du Mont, mon esprit d’escalier me menait du Dies Irae du vendredi link à la scène bucolique de Millet. L’air vif, le ciel pur, me transfusaient un supplément de vie. Me préparer à monter dimanche matin au 104, lieu symbolique, rue d’Aubervilliers, un immense bâtiment édifié par le diocèse en 1873, en lieu et place de l’ancien abattoir de la Commune de la Villette, par les architectes Delebarre et Godon, sous la haute direction de Baltard, alors directeur des travaux d’architecture de la Ville de Paris. Ce vaste ensemble, mêlant fer, brique et pierre, recouvert d’une verrière massive, si caractéristique de l’architecture industrielle du XIXe siècle : une véritable « usine à deuil » selon les chroniqueurs de l’époque. C’est la référence à l’époque, tout y centralisé : de l’exploitation ateliers, dépôts, écuries, à l’exposition des corps lieux de réceptions, salles de recueillement et jusqu’aux logements ouvriers…


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Avec lui les idées républicaines avancent : « c’est en 1905, avec la séparation des Églises et de l’État, qu’est créé le service municipal des pompes funèbres (SMPF), vécu comme un progrès des idées républicaines : en effet, tout un chacun avait désormais droit à une cérémonie, quels que soient sa religion, son statut (les femmes divorcées devaient auparavant être enterrées de nuit) ou les conditions de sa mort (les suicidés étaient aussi bannis). Le monopole municipal concernait les cercueils, les corbillards, les "porteurs" et les cimetières. Une part importante du travail relevait de la "pompe". Ainsi, il était obligatoire (jusque dans les années 1980) de placer des tentures à l’entrée des bâtiments où se trouvaient des morts. »


« Durant les années de pleine activité, 27 000 corbillards partaient chaque année du SMPF, 1 400 personnes y travaillaient, dont une quarantaine de femmes. Les Pompes funèbres employaient aussi bien des menuisiers et des ébénistes que des carrossiers, des mécaniciens, des couturières, des peintres ou des maçons. Les fonctions étaient très codifiées : bureau d’exécution des convois, régleur, porteur… Sur le site se trouvaient donc des bureaux, des écuries, un service d’état civil, des ateliers, une cantine, un coiffeur, un cireur, des logements pour les employés d’astreinte, des entrepôts pour les mâts et les tentures, etc. Les anciens du service municipal des pompes funèbres gardent un souvenir ému de la solidarité qui y régnait, de l’ambiance, de l’équipe de foot, de l’orchestre… Ces "bons moments", ainsi que la fierté de participer à un événement si important avec une telle dignité, permettaient d’oublier les difficultés inhérentes à la fonction. »


Deux ruptures : une grande, les véhicules automobiles en remplacement des véhicules hippomobiles. « Exit donc les voitures à cheval, et avec elles une partie des corps de métiers présents sur le site : les cochers deviennent chauffeurs, les palefreniers seront manutentionnaires, les maréchaux ferrants carrossiers, les brosseurs cireurs mécaniciens… Un atelier de construction mécanique est construit au-dessus des anciennes écuries, les corbillards sont faits sur mesure et garés sur le site » et une petite, en mai 68, « pour la première fois de l'histoire du service municipal des pompes funèbres, les cols blancs et les cols bleus fraternisent. Ce phalanstère fonctionne en autonomie, le sens du devoir et l'honneur du métier restent les plus forts : ainsi, les stocks d'essence sont protégés de manière à assurer la continuité du service. »


Le monopole municipal de la pompe funèbre a pris fin avec la loi Sueur du 8 janvier 1993.


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Dimanche, même le soleil était au rendez-vous, cap sur Marx Dormoy puis la longue rue Riquet qui enjambe des voies de chemin de fer qui filent vers le Nord. Le 104 m’ouvre les bras et en hommage à mon action passée pour la pomme à cidre un artiste inspiré en a déposé une couche rien que pour moi pour qu’elles forment un tapis prêt à subir le roulot compresseur. Je progresse sous la verrière puis je plonge dans les entrailles du 104 pour rejoindre les 60 Vignerons du Vin en Tête qui font dégustation. Tout ce que j’aime : de l’espace, un lieu pour se restaurer s’asseoir, un accueil bon enfant et efficace : mention toute spéciale à la virevoltante Asami. À mon rythme, j’ai glané de quoi alimenter des chroniques futures qui feront votre délice, un peu comme moi à l’heure du déjeuner où j’ai bien mangé et j’ai bien bu avant de m’en retourner. Merci à l’équipe du Vin en Tête : de la belle ouvrage, du cœur et bien sûr des vigneronnes et des vignerons qui ne sont pas rien que des serveurs de fonds de verre que l’on s’empresse de déguster et de renvoyer là où il faut les cracher. Baguenauder, se parler, échanger, entendre, partager car « une chronique il faudrait la faire pousser comme une herbe dans les fentes d’un mur, dans les pierres de l’emploi du temps ».


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Ce n’est pas de ma plume – je vous laisse deviner de qui c’est – mais dimanche au 104 j’ai ramassé dans mon mouchoir de Cholet à carreaux des petites graines d’herbes folles, celles qui prospèrent dans les fentes du grand mur de l’indifférence, celles qui à la première goutte d’eau dans le sable du désert de Gobi poussent comme des baobabs… Ce n’est pas de moi mais le chroniqueur est aussi un ramasseur de poussières d’étoiles en même temps qu’un allumeur de réverbères sur la plus petite des Planètes…



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3 décembre 2012 1 03 /12 /décembre /2012 00:09

Rien n’est plus agréable pour moi que de ne rien faire, de buller quoi, de confier mon clavier à des doigts qui savent faire ce que je ne sais pas faire. Au temps où j’usais mes fonds de pantalon à l’école d’agriculture de la Mothe-Achard : la zootechnie, la phytotechnie, tout ce qui touchait à la technique en général me barbait terriblement, à tous ces trucs et ces machins je leur préférais les travaux pratiques à la ferme, dans les champs, au jardin, mais zéro pointé à l’atelier. Ce que j’aimais par-dessus tout c’était aller herboriser avec le professeur de Sciences Naturelles qui répondait au doux nom de Pierre Girard Augry d’Orfon (particule achetée sur le marché des titres nobiliaires) qui lui n’était pas frère de la Congrégation de Saint Louis Grignon de Montfort mais célibataire. L’homme était délicieux, précieux, coincé mais excellent professeur et grâce à lui je sais reconnaître une euphorbe réveille matin ou une colchique tue-chien « Colchiques dans les prés, c'est la fin de l'été ». Je signale à la jeune génération, notre Sonia en tête, que les principes actifs de la colchicine sont extraits du bulbe et les graines de la plante et que celle-ci bulbe et les graines de la plante. Suivez mon regard…

 

Sonia est une perle, et je suis sérieux de chez sérieux. Avec elle tout est nickel chrome, sans soufre ajouté bien sûr, précis de chez précis, donc tout le contraire du Taulier qui a une forte propension à folâtrer. En cet espace de liberté, les Carnets de Sonia sont un plus, comblent un manque et en tant que petit patron de presse ployant sous les charges j’apprécie la belle ouvrage de Sonia qui en est à son  numéro 3. Le Taulier est content de sa nouvelle recrue et lui dit grand merci.

 

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En tant qu’amatrice de vin, un de mes plus grands plaisirs est celui de dénicher des terroirs méconnus mais qui possèdent de véritables petites perles viniques, élaborées par des vignerons talentueux. J’attache aussi beaucoup d’importance à la préservation des cépages locaux garant de la diversité contre la standardisation des goûts. C’est d’ailleurs souvent dans ces appellations confidentielles que se cachent des trésors ampélographiques. Vous l’aurez compris c’est un voyage viticole auprès de l’une de ces appellations que je vous propose aujourd’hui, celle des vins de pays de l’Isère, plus précisément dans les Balmes Dauphinoises.

 

Comme je vois l’énorme point d’interrogation qui se dessine sur votre visage, commençons par le début, la localisation géographique. Ne cherchez même pas dans vos livres, cette micro zone viticole ne figure plus dans aucun atlas ! L’IGP (Indication Géographique Protégée) Isère est située dans le département éponyme, dans le quart sud-est de la France. Elle est limitrophe de l’Italie, son territoire appartient à la région Rhône Alpes et ses frontières côtoient les départements du Rhône, de l’Ain, de la Drôme et de la Savoie. Le vignoble, assez morcelé, se présente sous la forme d’une série de petits îlots de vignes dispersées sur deux unités géographiques : les Balmes Dauphinoises au nord et les Côteaux du Grésivaudan à l’est, près de Grenoble.

 

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Le vignoble des Balmes Dauphinoises est situé au nord est de Bourgoin-Jallieu, entre Crémieu et la Tour du Pin. Il est à mi chemin entre Grenoble et Lyon, on appelle également cette zone le « Bas Dauphiné », le terme « Balmes » signifiant vallons. On peut, en effet, observer une série de vallons parallèles orientés d’Est en Ouest1, offrant d’une part des coteaux exposés au Sud qui bénéficient d’un micro-climat très chaud sur lesquels sont majoritairement plantés des cépages rouges, et d’autre part des plateaux à une altitude de 300m environ, un peu plus frais et plus ventés, associés à une viticulture de cépages blancs2. La région produit d’ailleurs essentiellement des vins blancs qui représentent 65% des volumes commercialisés.

 

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La région est pourvue d’un climat très contrasté, avec de fortes amplitudes thermiques, en raison de la double influence des Alpes et de la Vallée du Rhône. On se retrouve en présence d’un climat continental à influence méditerranéenne caractérisé par des hivers froids et brumeux et des étés très chauds et secs. La région est traversée par plusieurs vents dominants : la bise, vent du nord ; la matinière, vent du matin venant de l’est et le vent du midi, vent méditerranéen. En ce qui concerne les types de sols présents, on retrouve deux grandes unités géologiques dans les Balmes Dauphinoises : les collines mollassiques du Bas Dauphiné composées de sols argilo-calcaires siliceux, sablo limoneux et graveleux à galets roulés et l’Isle de Crémieux composés d’un plateau calcaire3.

 

Le vignoble de l’Isère partage une histoire commune avec bon nombre d’appellations françaises. Il trouve ses origines à l’époque gallo-romaine, se développe jusqu’au 19ème siècle atteignant une surface de presque 40 000 hectares pour entamer ensuite son déclin à la suite d’une série d’événements. Jules Blache affirmait en 1923 que l’on pouvait encore de Grenoble à Albertville marcher pendant 80km sans sortir des vignes4. Le phylloxera et les deux guerres mondiales ont eu, comme partout ailleurs, un impact sur la diminution des surfaces viticoles. L’implantation de sites industriels, principalement des papeteries, a amené les paysans à délaisser leurs terres pour devenir ouvrier et ainsi bénéficier d’un revenu moins aléatoire et plus confortable.

 

Malgré l’industrialisation de la région, la viticulture ne disparaît pas complètement, elle se maintient sous deux formes : une production de consommation familiale et des paysans polyculteurs qui intègrent la vigne dans l’ensemble de leurs cultures. La plupart de ceux qui  continuent la viticulture remplacent progressivement les cépages locaux par les hybrides (noah, baco, clinton, jacquez...), plus faciles à cultiver car plus résistants aux maladies et plus productifs. Les vins médiocres produits à partir de ces hybrides ont profondément nuit à l’image qualitative du vignoble. Ils ont donc été remplacés par des cépages précoces dits améliorateurs (chardonnay, gamay, pinots...) permettant de produire des vins de pays bon marché, au détriment des cépages anciens qui ont failli disparaître.

 

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Aujourd’hui les vins des Balmes Dauphinoise ne représentent que 40 hectares ! Dans certaines régions, c’est la taille d’un domaine. Comme le souligne Nicolas Gonin, vigneron en Isère, le maintient du vignoble tient presque du miracle. Selon lui, sa survie tient d’une part au maintient d’une tradition de production familiale5 et d’autre part, à l’apparition de l’appellation des vins de pays dans les années 1970 qui a permis d’inscrire le vignoble dans le paysage viticole français. J’ajouterai, pour ma part, que s’il renaît de ses cendres tel un phénix, c’est aussi et surtout grâce au travail de vignerons et d’associations de passionnés qui se font les ambassadeurs de leur terroir.

 

Ils sont à l’origine d’une série d’initiatives visant la réhabilitation des cépages anciens et locaux. On peut citer, par exemple, la création, en 2007, du Centre d’Ampélographie Alpine Pierre Galet, à Montmelian, en Savoie, qui permet aux vignerons de trouver des solutions pour cultiver les anciens cépages. Le Dauphiné, malgré son histoire agitée, reste encore un réservoir important de vieux cépages avec une quarantaine de cépages locaux dont une quinzaine spécifiques à l’Isère. Cette volonté de réintroduction des cépages anciens n’est pas le fruit d’une nostalgie tournée vers le passé, mais bien celle de vignerons qui ont le regard tourné vers l’avenir. Ces cépages sont, non seulement, très qualitatifs mais à maturation lente et plus adaptés au terroir dauphinois. De plus, ce sont des cépages qui produisent un plus faible degré alcoolique, une des causes d’ailleurs de leur abandon, et qui s’avère aujourd’hui devenir une qualité en raison des évolutions climatiques.

 

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Mais quels sont les cépages autorisés dans l’appellation des Balmes Dauphinoises ? Il y a pour l’instant un mélange de cépages nationaux (chardonnay), savoyards (altesse) et locaux (verdesse)6. Certains cépages comme le bia, la mècle et la sérènèze ont fait l’objet d’un reclassement administratif qui a débuté en 2009, ce qui a permis de les réintégrer dans la liste nationale française. La démarche se poursuit pour l’onchette. En parallèle des démarches pour la réhabilitation, des prospections estivales organisées depuis 2010, dans de très anciennes vignes familiales, ont permis de retrouver et de sélectionner des pieds de vignes de bia, de mècle et d’onchette afin de les réimplanter dans le vignoble.

 

La réimplantation récente de ces pieds de vignes ne permet pas, pour l’instant, la production de vins à partir de ces cépages. Il faudra attendre quelques années pour voir apparaître les premières bouteilles. L’attente sera encore plus longue pour des cépages comme le bia dont le faible nombre de pieds retrouvés ne permet pas de constituer une sélection significative pour créer une parcelle.

 

Les vins actuellement produits dans les Balmes Dauphinoises sont des vins tranquilles, blancs, rosés et rouges, des vins mousseux blancs et rosés et des vins blancs liquoreux. Certaines zones viticoles possèdent toutes les caractéristiques pour le développement de la surmaturité et de la pourriture noble : une alternance d’humidité et de sécheresse avec des brouillards matinaux et des vents secs. Je n’ai pour l’instant goûté que les vins d’un seul domaine en Balmes Dauphinoises dont je vous parlerai dans un prochain article qui lui sera entièrement consacré. Ce que je peux néanmoins vous dire en guise de conclusion, c’est que les vins dégustés ont été pour moi une très agréable découverte par leur forte personnalité, leur élégance, leur équilibre, leur finesse et leur potentiel de garde.

 

Des vins à la forte identité qui traverseront le temps…

 

1 Les vignes sont plantées entre 250m à 400m d’altitude.

 

2 Joël Feraud, Vin de l’Isère : Balmes Dauphinoise et Coteaux du Grésivaudan, Mémoire Sommelier Conseil Caviste, Suze La Rousse, Février 2010

 

http://www.vins-nicolas-gonin.com

 

4 Jules Blache, Revue de géographie alpine, volume 11-2, 1923, p 49

 

5 Et la viticulture familiale ce n’est pas quantité négligeable : 300 ha 1600 récoltant en Isère ! Autrement dit 7,5 fois plus de surfaces sont exploitées par les non-professionnels.

 

6 Liste des cépages autorisés pour les rouges et les rosés : Etraire de la Dui, Gamay noir à jus blanc, Joubertin, Mècle, Pinot noir, Persan, Mondeuse noire, Syrah, Servanin et Corbeau. Liste de cépage autorisés pour les blancs : Altesse, Arvine, Chardonnay, Jacquère, Verdesse, Pinot gris, Viognier, Roussanne, Verteliner et Mondeuse blanche.

 

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2 décembre 2012 7 02 /12 /décembre /2012 07:00

Je signale aux nouveaux entrants sur cette page que, ce qui suis, est pure fiction, un petit roman en ligne commencé depuis l'origine de ce blog et publié le dimanche. Il ne s'agit pas d'une autobiographie et le héros s'exprime en son propre nom. Merci de ne pas en faire un autre usage.
 

« Quel pif tu as ! » dans la Grande Maison, contrairement à Fipé et Collion les deux roquets de l’UMP, ma cote était montée en flèche. En effet ma décision d’adhérer juste après leur énième défaite : ils avaient perdu toutes les élections sous l’empire de talonnettes, à ce parti qui se voulait le parti unique de la droite, une machine à gagner les élections, qui m’avait attiré bien des quolibets se transformait en un formidable sens de l’anticipation. J’étais au cœur de la place, en capacité de décrypter les stratégies, si tant est qu’ils en eussent, des protagonistes et surtout des petits couteaux de seconde zone qui se trouvaient propulser aux premières loges. Tel fut le cas du dénommé Yanick Paternotte, maire UMP de Sannois dans le Val d’Oise, qui a perdu son mandat de député en juin, la soixantaine altière : tout de même il faut le faire arriver rue de Vaugirard pour se propulser dans le bunker du roquet de Meaux, le dossier rouge des Alpes-Maritimes sous le bras, c’était vraiment un gage de l’impartialité du président de la CORNARE. Qui connaissait ce gus ? Sans aucun doute les juges du tribunal correctionnel de Nanterre devant lesquels il est passé en novembre, en compagnie de son épouse, Sylvie et du notaire ayant rédigé l’acte. Me Patrice Planchon qui doit répondre lui de complicité d’abus de faiblesse après avoir, en 2004, bénéficié de la donation suspecte par une vieille dame d’une partie d’une propriété immobilière. En effet, comme l’écrit le Parisien « En quittant son étude à Sannois, le 1er octobre 2004, Yanick Paternotte et son épouse sont propriétaires des 3/10es de la Feuilleraie. Lucienne Kielar, alors âgée de 92 ans, vient de leur faire donation de sa part de la propriété de la butte. Quand son petit-neveu, Alejandro de Valera, aujourd’hui partie civile, le découvre, il dénonce l’acte auprès du procureur, estimant que sa grand-tante a été victime d’un abus de faiblesse. L’enquête est confiée à la PJ de Cergy, devant laquelle la vieille dame assure qu’elle n’aurait jamais signé si elle avait su qu’il s’agissait d’une donation et encore moins si elle avait compris que c’était au bénéfice du maire. La juge d’instruction vient aussi au chevet de la vieille dame, qui répète son refus de vendre ou de donner sa maison, ajoutant « qu’elle s’est toujours battue pour [la] conserver ». La vieille dame était-elle vulnérable ou non ? Tout le procès repose sur une question : la vieille dame était-elle vulnérable ou non au moment des faits? Lors de l’instruction, un médecin expert a conclu que la vieille dame, décédée en 2008 après avoir été placée sous tutelle, présentait un état de faiblesse au moment de la signature après un infarctus survenu en 2003. Ce que la défense conteste en assurant que l’état de santé de la vieille dame a décliné après une fracture du fémur en 2005, et qu’elle a signé en toute connaissance de cause. « C’est un immense soulagement de pouvoir enfin s’expliquer longuement, confie Me Caty Richard, l’avocate des époux Paternotte. Je suis déterminée à obtenir que l’innocence de mes clients soit reconnue. Me Antoine Camus, l’avocat de la partie civile, entend pour sa part mettre en pièces la version de Yanick Paternotte, qui prétend que la vieille dame aurait insisté pour qu’il récupère la Feuilleraie. Selon l’élu, il n’aurait cédé que sur son insistance. L’avocat souligne « l’invraisemblance grossière des explications apportées par les mis en examen, dignes d’une fable pour enfants ». Il indique ainsi que l’enquête a montré que le maire avait fait trois propositions d’achat, de 220000 € à 440000 €, en 2003 et 2004, pour acquérir l’ensemble de la propriété. »


Présomption d’innocence pour l’heure mais mes copains du Val d’Oise se gondolent car les casseroles du couple Paternotte font beaucoup de bruit dans la bonne société de ce département, surtout chez les chasseurs. Pour en revenir à ma cote elle a pris aussi un coup d’accélérateur parce que j’avais déclaré que « j’allais en définitive voter Copé… » Les sarcasmes du genre « t’es con de rejoindre le camp de la défaite annoncée… »  furent vite ravalés lorsque le grand bordel post-électoral s’est déclenché dans la nuit du dimanche. Pourtant j’avais prévenu « qui tient l’appareil, tient le vote… Pas besoin de bourrer les urnes comme l’avaient fait les deux bourrins de Nice, Ciotti et Estrosi, il suffisait de faire jouer à fond la planche à fausse-monnaie que sont les procurations puisque tu peux fabriquer facilement des militants avec toutes les garanties juridiques nécessaires : photocopies de leur carte d’identité, vraies adresses et surtout la quasi-certitude qu’ils ne rameront par leur fraise sauf si un juge venait fourrer son tarin dans la merde du roquet de Meaux. La menace de plainte de Fillon ça n’était pas raisonnable tout de même, Sarko lui-même qu’a de la pratique a dit halte au feu. Le linge sale ça lave en famille quitte à se bourrer le pif. Et dans ce domaine le champion du monde toute catégorie reste Francis Szpiner. Comme l’écrit le Monde « De la politique, de la castagne, de la lumière et, bien sûr, Francis Szpiner. La première est sa passion, la deuxième est dans sa nature, il raffole de la troisième. Cet avocat pénaliste proche de Jean-François Copé aiguise depuis quelques jours ses formules contre le camp adverse. Dimanche 25 novembre, au moment où les deux représentants de François Fillon claquent la porte de la commission des recours, Francis Szpiner se précipite vers les micros pour dénoncer leur « fuite » et leur « désertion ».


Un des pontes de la grande Maison est l’auteur assumé de cette savoureuse et fine formule à son propos « Szpiner ne patauge jamais dans la f..., il ne peut qu'y surnager et encore… » Grosse tête, dans tous les sens du terme, et allure proche d’un des nains de la fable, entre grincheux et joyeux c’est selon les circonstances des causes qu’il défend, Francis Szpiner est l’homme des coups tordus. Il a été l'un des piliers du  « cabinet noir » mis en place à l'Elysée  au temps où le grand bretteur Dominique de Villepin était secrétaire général de l'Elysée, lors du premier septennat de Jacques Chirac pour contrer l'offensive des juges dans les dossiers de financement politique du RPR. Dans ce rôle, il excelle, toujours partant pour jouer les émissaires particuliers. Michel Roussin, l'ancien ministre et ex-directeur de cabinet de Jacques Chirac à Paris, a raconté comment, en novembre 2000, alors qu'il était menacé d'être mis en examen dans un dossier visant le RPR, il s'était rendu nuitamment à un rendez-vous près de la fontaine Saint-Sulpice à Paris avec Francis Szpiner venu lui recommander de prendre la fuite, ce qu'il avait refusé. « Elaborer dans l'ombre, défendre dans les prétoires ne suffisent cependant pas à rassasier l'appétit politique de Francis Szpiner. En 2002, il se présente contre un autre avocat réputé, le socialiste Arnaud Montebourg, aux élections législatives en Saône-et-Loire et échoue. En juin 2012, il accompagne dans la défaite le député de Seine-Saint-Denis Eric Raoult qui l'avait choisi comme suppléant. Retour à la case conseiller. » J’adore ! Et pendant ce temps-là le spectacle continue : même l’ex-maître de la meute, téléphone scotché à l’oreille, n’arrive même pas à faire rentrer à la niche le roquet de Meaux et le cocker triste, c’est dire l’étendue des haines réchauffées grâce à son mode de gestion de son grand parti. Même Méhaignerie est parti, c’est dire. Pour la petite histoire le petit Francis est l’avocat d’Anissa Khel la veuve éplorée de Jean-Luc Delarue : faut faire rentrer le blé dans la caisse puisque la politique ça ne nourri pas son homme comme le dirait ce bon Yannick Paternotte…

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2 décembre 2012 7 02 /12 /décembre /2012 00:09

L'essentiel du soufre exploité est t d'origine sédimentaire. En Sicile, sur le port de Vigàta cher à Andrea Camilleri un de mes auteurs préférés, le commerce du soufre extrait dans l’île est l’une des activités principales. Sa chronique malicieuse menée avec un suspens sans faille conte le complot ourdi par ses concurrents spoliés par lui du plus riche, du plus crapuleux, du plus haï des négociants de Vigàta : Totò Barbabianca. Comme toujours avec Camilleri c’est un bijou écrit dans une langue aux tournures dialectales siciliennes bien rendue par la traduction française. Si vous le souhaitez, vous pourrez  accéder à d’anciennes chroniques avec les liens répertoriés ci-dessous.


À Vigàta, comme partout ailleurs en Sicile, les notables passent beaucoup de temps à discuter, à se chamailler, à dire pique pendre sur les uns et les autres… Le passage que je vous propose est leste, la fable est racontée par le père Imbornone un ecclésiastique paillard et voué aux feux de l’Enfer.  Elle résume de façon crue la situation qu’est en train de vivre Totò Barbabianca le négociant honnis. À la suite de cette fable, un texte de Guy de Maupassant sur le soufre en Sicile.


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« J’ai en tête, dit-il (le père Imbornone), un autre poème de Micio. Et il m’est revenu autant à cause de la grimpette que nous sommes après faire qu’en pensant à la situation où se retrouve Totò Romeres (patronyme initial de Barbabianca).

-          Celle de l’âne et du lion ! rebriqua incontinent le marquis. (Simone Curtò di Baucina)

-          Je vois que vous me comprenez à demi-mot.

-          C’est un poème, expliqua le marquis à  l’intention de Lemonnier (un ingénieur Piémontais qui travaille pour le compte de compagnies soufrières), qui parle d’un marché que passent un âne et un lion qui ont un bout de chemin à faire ensemble et qui, pour s’épargner de la fatigue, décident de procéder ainsi : le lion fait la première partie du trajet monté sur l’âne, et le contraire pour la deuxième partie. Or la première partie est toute en montée et, pour ne pas glisser en arrière, le lion plonge ses griffes dans la chair de l’âne. L’âne se plaint, il saigne et il a mal, mais rien à faire, un marché est un marché et pour rester sur son dos, le lion n’a pas d’autre moyen, ce n’est pas de la mauvaise volonté de sa part. Puis c’est la deuxième partie du chemin, et c’est l’âne qui monte sur lle lion. Mais cette fois-ci, c’est de la descente, et l’âne risque de se casser la figure en glissant en avant. N’ayant pas les griffes du lion mais seulement des sabots qui ne permettent aucune prise, l’âne n’a qu’un ressource… »

Et là, il s’arrêta, passant d’un coup d’œil la balle au père Imbornone.

« … sortir ce qu’on appelle le cinquième pied, le troisième chez l’homme, si je ne m’abuse », continua le père Imbornone, content comme Barabas à la passion, « l’enfiler d’un coup d’un seul au bon endroit sans s’occuper des criss du lion, s’y ancrer fermement et tenir tâti.

-          Voilà : en ce moment, notre Romeres est comme ce pauvre lion dans la descente, après avoir été, pendant tant d’années, le lion dans la montée », conclut le marquis.

-          Ils éclatèrent de rire. Lemonnier inclus, et reprirent leur ascension. »

         

La disparition de Judas link 

 

La vie de 10 nonnes pour celle de l'évêque d'Agrigente : une histoire sicilienne link


Le feuilleton coquin de l’été des Bons Vivants : « Ta femme te fais cocu avec le commissaire divisionnaire. »link 


Le feuilleton coquin de l’été des bons vivants : « Tâche voir de pas me faire mal, je suis une petite nature. »link 


Les bonnes feuilles de l’été de tonton Jacques « Giurlà, déjà benouillé de sueur, sentit qu’il durcissait dans son pantalon »link 

 

Le pays du soufre par Guy de Maupassant


Au bout de la colline aux temples de Girgenti commence une surprenante contrée qui semble le vrai royaume de Satan, car si, comme on le croyait jadis, le diable habite dans un vaste pays souterrain, plein de soufre en fusion, où il fait bouillir les damnés, c'est en Sicile assurément qu'il a établi son mystérieux domicile.


La Sicile fournit presque tout le soufre du monde. C'est par milliers qu'on trouve les mines de soufre dans cette île de feu.


Mais d'abord, à quelques kilomètres de la ville, on rencontre une bizarre colline appelée Maccaluba, composée d'argile et de calcaire, et couverte de petits cônes de deux à trois pieds de haut. On dirait des pustules, une monstrueuse maladie de la nature ; car tous les cônes laissent couler de la boue chaude, pareille à une affreuse suppuration du sol ; et ils lancent parfois des pierres à une grande hauteur, et ils ronflent étrangement en soufflant des gaz. Ils semblent grogner, sales, honteux, petits volcans bâtards et lépreux, abcès crevés.


Puis nous allons visiter les mines de soufre. Nous entrons dans les montagnes. C'est devant nous un vrai pays de désolation, une terre misérable qui semble maudite, condamnée par la nature. Les vallons s'ouvrent, gris, jaunes, pierreux, sinistres, portant la marque de la réprobation divine, avec un superbe caractère de solitude et de pauvreté.


On aperçoit enfin, de place en place, quelques vilains bâtiments, très bas. Ce sont les mines. On en compte, parait-il, plus de mille dans ce bout de pays.

 

En pénétrant dans l'enceinte de l'une d'elles, on remarque d'abord un monticule singulier, grisâtre et fumant. C'est une vraie source de soufre, due au travail humain.


Voici comment on l'obtient. Le soufre, tiré des mines, est noirâtre, mélangé de terre, de calcaire, etc., et forme une sorte de pierre dure et cassante. Aussitôt apporté des galeries, on en construit une haute butte, puis on met le feu dans le milieu. Alors un incendie lent, continu, profond, ronge, pendant des semaines entières, le centre de la montagne factice et dégage le soufre pur, qui entre en fusion et coule ensuite, comme de l'eau, au moyen d'un petit canal.


On traite de nouveau le produit ainsi obtenu en des cuves où il bout et achève de se nettoyer.

La mine où a lieu l'extraction ressemble à toutes les mines. On descend par un escalier étroit, aux marches énormes et inégales, en des puits creusés en plein soufre. Les étages superposés communiquent par de larges trous qui donnent de l'air aux plus profonds. On étouffe, cependant, au bas de la descente ; on étouffe et on suffoque asphyxié par les émanations sulfureuses et par l'horrible chaleur d'étuve qui fait battre le cœur et couvre la peau de sueur.

De temps en temps, on rencontre, gravissant le rude escalier, une troupe d'enfants chargés de corbeilles. Ils halètent et râlent, ces misérables gamins accablés sous la charge. Ils ont dix ans, douze ans, et ils refont, quinze fois en un seul jour, l'abominable voyage, moyennant un sou par descente. Ils sont petits, maigres, jaunes, avec des yeux énormes et luisants, des figures fines aux lèvres minces qui montrent leurs dents, brillantes comme leurs regards.

Cette exploitation révoltante de l'enfance est une des choses les plus pénibles qu'on puisse voir.

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1 décembre 2012 6 01 /12 /décembre /2012 12:00

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Le soufre sent le soufre et les sans soufre plaident pour que les buveurs ne souffrent plus des nuisances du soufre. Mais les barriques, elles, souffraient-elles de ce que les gens de chais brûlent des mèches de soufre en leur sein ? Bien sûr je pourrais réécrire la phrase au masculin : les futs souffraient-ils… mais ce ne serait que redondance. Bref, le soufre est en effet classé comme un biocide. En vertu d'une directive européenne de 1998, tous les produits de ce type doivent obtenir une autorisation de vente par la Commission. Cette procédure a pour but d'empêcher la mise en marché de produits dangereux pour l'homme ou pour l'environnement. Pour obtenir cette autorisation, il faut déposer un dossier. Comme le soufre n’est la propriété d’aucune firme, aucune démarche n’avait donc été entreprise et, les grognons de la Commission, las d’attendre, ont fait savoir aux Etats membres qu'elle prendrait, début mai, la décision de ne pas l'inscrire sur la liste des biocides autorisés. Une telle mesure aurait abouti à l'interdiction du méchage au soufre après une période d'écoulement des stocks.


Bref, comme toujours dans ces cas-là, branle-bas de combat mais fallait trouver du pognon pour financer le montage du dossier. Laissons de côté ces détails subalternes et donnons quelques explications sur ce dossier en voie d’être bouclé.


Qu’est-ce qu’un produit Biocide?


Produit destiné à la désinfection ou  la protection des matériaux alimentaires ou  non alimentaires.  23 types de produits  (TP) répartis en 4 familles (400 produits  dont le SO2).


Qu’est-ce que la directive Biocide ?


Adoptée en 1998, elle a pour objectif  de limiter la mise sur le marché  des seuls produits biocide efficaces et présentant des risques acceptables pour l’homme et l’environnement.

Une période de moratoire de 10 ans  permettait l’évaluation de chaque produit  Biocide avant décision de maintien ou  d’exclusion par les états membres européens  dans la liste des produits Biocides autorisés.


Un produit Biocide est évalué sur  la demande d’un industriel qui constitue  le dossier scientifique et le soumet à  un état membre rapporteur.


Qu’est-ce qu’un dossier Biocide?


L’évaluation des risques environnementaux et  toxicologiques d’une substance et de son  produit biocide dérivé.

L’évaluation de l’efficacité du produit  biocide sur les microorganismes visés.

 

Combien coûte un dossier Biocide?


Entre 500 K€ et …. K€ selon les études nécessaires

.

La chronologie du dossier biocide :


Décembre 2009: délai initialement fixé pour la présentation d’un dossier Biocide SO2. A cette date, aucun industriel ne manifeste l’intention de déposer un dossier.

 

Décembre 2010: le CEEV est informé de la décision probable d’interdiction par la Commission du SO2 comme biocide par les états membres.

 

Mars 2011: lancement d’une collecte d’informations scientifiques par l’OIV auprès de ses états membres.

 

Mai 2011: sous la houlette du CEEV, courrier de mobilisation de l’ensemble des organisations de la filière vin européenne pour demander à la commission le report de la décision d’interdiction du SO2 Biocide.

 

uin 2011: premier appel de fonds du CEEV aux principaux pays viticoles européen (France, Espagne, Italie, Portugal, Allemagne).

 

1er septembre 2011: acceptation de la commission européenne pour un report exceptionnel de la décision d’interdiction sous condition de présentation d’un dossier en mai 2012.

 

Février 2012: accord de la commission pour un délai supplémentaire et définitif de remise du dossier en novembre 2012.

 

Avril 2012: lancement des travaux scientifiques d’évaluation sous l’impulsion du CNIV (Comité National des Interprofessions de Vins ; France).

 

Octobre 2012: signature à Bruxelles des accords du « consortium SO2 Biocide » pour le financement du dossier.

 

29 novembre 2012: dépôt du dossier Biocide auprès des autorités allemandes.

 

L’avenir de la mèche de soufre ?

 

« Au terme de la période d’évaluation et après décision des états membres européens d’inclure le SO2 dans la liste des Biocides autorisés, les produits mis sur le marchés (pastilles et mèches) devront avoir la licence d’homologation du fabricant associé au consortium (AFEPASA).

 

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Adieu donc la mèche de pépé qui, lorsque je pointais mon nez au-dessus de la bonde de ces grosses barriques après qu’elles eussent brûlé, me défonçait les cloisons. Vive les pastilles ! Affaire à suivre donc et demain je vous remettrai une bouffée de soufre rien que pour emmerder les vieux barbudos ex du Larzac qui se refont une santé du côté de Notre-Dame des Landes. Je décoconne bien sûr, faut bien que vieillesse se passe, et quand aux grosses plates-formes aéroportuaires je ne suis pas très chaud vu que dans les soutes des gros-porteurs y’a plutôt des trucs chers qui viennent de pétaouchnoc à contre-saison… même des bouquets de roses…

 

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