Au nord, à Paris il n’y a pas les corons mais le Bassin de la Villette, inauguré en 1808 par Napoléon Ier. Ce fut un lieu à la mode où il faisait bon de se promener, pêcher et caboter… puis à partir des années 1820, avec le creusement des canaux de Saint-Martin et de Saint-Denis et une amélioration du réseau de navigation à Paris, le Bassin devient rapidement un important centre de transit fluvial. La Compagnie des entrepôts et Magasins Généraux et la mise en service des fameux abattoirs et du marché aux bestiaux vont participer à l’industrialisation massive du site. Le déclin commence à partir des années 1950, Paris se vide de ses industries : adieu Citroën… quai de Javel. De nombreux entrepôts sont abandonnés voire détruits et la fermeture en 1973 du marché à bestiaux suivie de celle des abattoirs, va jeter le quartier dans la Culture.
Mais la Culture, comme la confiture (fine allusion) ça donne soif il est donc normal pour votre Taulier d’aller le SOIR BOIRE quai de LOIRE. Normal aussi de se faire accompagner par un Sommelier de sexe féminin, donc en bon français une Sommelière. Certes, certes, mais je doute que vous ne me suiviez vraiment car moi j’en suis resté à ce que me disait ma mémé Marie « faut que nous passions chez le sommelier… » ce qui voulait dire que nous passerions chez le bourrelier qui fabriquait des sommiers. Grossière erreur qui va me faire écharper par le Dr Charlier mais que voulez-vous moi j’en suis resté au parlé de mémé.
Pour ne rien vous cacher, en plus, ça m’arrange car pour entreprendre une HORIZONTALE de TOUS les VINS de LOIRE sur le QUAI de LOIRE quoi de plus confortable que de se faire assister d’une SOMMELIÈRE. Je sens que vous perdez pied, que vous n’y comprenez goutte mais peu importe car l’important, comme en patinage artistique c’est de commencer par les figures imposées. L’important dans la réclame c’est de seriner toutes les deux lignes le nom du produit qui veut se faire acheter.
La LOIRE, qui va faire SALON à Angers début février, me met dans l'obligation d'aligner ce soir sur un BAR du Quai de LOIRE toutes les quilles officielles : l'anjou, l'anjou-coteaux-de-la-loire, l'anjou villages, l'anjou villages brissac, le bonnezeaux, bourgueil, le cabernet d'Anjou, le châteaumeillant, le cheverny et cour-cheverny, le chinon, le coteaux-d'ancenis, le coteaux-de-l'aubance, le coteaux-du-giennois, le coteaux-du-layon, le chaume, le coteaux-du-loir, le coteaux-du-vendômois, le côtes-d'auvergne, le côtes-du-forez, le côte-roannaise, les fiefs-vendéens, le gros-plant-du-pays-nantais, le haut-poitou, le jasnières , le menetou-salon, le montlouis, le muscadet, le muscadet-coteaux-de-la-loire, le muscadet-sèvre-et-maine, L'Orléans, le pouilly-fumé, le pouilly-sur-loire, le quarts-de-chaume, le quincy, le reuilly, le saint-nicolas-de-bourgueil, le saint-pourçain, le sancerre , le saumur, le saumur-champigny, saumur puy notre-dame, le savennières, le vin du Thouarsais, le touraine, le touraine-amboise, le touraine-azay-le-rideau, le touraine-mesland, le valençay, le vouvray. J’ajoute les Muscadet communaux : Clisson, Gorges, Le Pallet, les Muscadet Coteaux de la Loire et Côtes de Grandlieu. Anjou Fines Bulles et Crémant de Loire. J’ajoute les IGP : IGP Calvados, IGP Coteaux du Cher et de l'Arnon, IGP Puy-de-Dôme, IGP Coteaux de Tannaye, IGP Côtes de la Charité et IGP Val de Loire.
Putain ça faisait un sacré paquet auquel il allait falloir ajouter toutes les quilles libres VIN de FRANCE qui vont s’agiter comme des petites folles tout autour du Salon. Donc se taper une HORIZONTALE un SOIR dans un BAR QUAI de LOIRE relevait de ma part d’un effort méritoire. Crachoir or not crachoir, non BOIRE. D’où le recours obligatoire à une SOMMELIÈRE afin d’assurer une assistance d’après-boire. Chapeau l’artiste, quel altruiste ! Sauf que tout ce tas de mots n'est qu'un fatras de mots empilés : mais où sont les verres ?
Rendez-vous au 61link « créé par Pascal et Rémy Ourdan, et qui a ouvert ses portes le 7 juillet 2009. C’est un bar culturel dédié à tous les arts, de la photographie au cinéma, de la musique à la littérature. Un bar de quartier et d’étudiants. Et un rendez-vous de correspondants de guerre, journalistes et photographes. »
Bon j’ai triché un peu *, le 61 c’est au tout début, au 3, de la rue de l’Oise mais le quai de Loire est tout près, il suffit de passer le pont-levant de Crimée. Mais vous connaissez votre Taulier, il n’allait pas en rester à la virtualité et, vendredi soir, maraudant dans ces terres reculées, avec sa petite auto il y ait allé. Je me suis garé sur l’autre rive, en surplomb, puis j’ai emprunté le pont métallique (je ne sais pourquoi ces ponts me donnent toujours le frisson, sauf peut-être des images de films… des trains… le bruit infernal de ferraille sur ferraille… les wagons à bestiaux… Drancy… la nuit… le brouillard…) Celui-ci est routier. J’avais endossé ma vieille canadienne en cuir comme si j’allais au baroud. Sur le trottoir du 61, des fumeurs avec des bières, j’entre. Un bar, des gens de debout avec des bières, c’est plein et ça discute par grappes. Je passe le rideau humain pour gagner la salle, de taille modeste, où une tablée de jeunes filles et garçons, mangent, conversent et boivent de la bière. Je pose mon sac et ma canadienne sur une chaise face à une petite table ronde et je file au bar passer ma commande.
Le personnel est jeune, sympa et disponible. Je choisis, sur l’ardoise, pour accompagner mon plateau de charcuterie, un vin de Loire bien sûr. Pas trop difficile le choix des vins est resserré mais intéressant :
- 5 rosés
- 9 blancs dont 1 Muscat de Rivesaltes et 4 vins de Loire
- 15 rouges dont 4 vins de Loire
Donc 8 sur 29 ce n’est pas si mal. Les vins sont vendus comme l’indique l’ardoise (désolé pour la qualité de la photo mais la lumière est mini et mon IPhone a des limites) au verre, en 50cl et à la bouteille à des tarifs raisonnables. Mais vous allez m’objecter : ils boivent tous de la bière ! Pas tout à fait, la population des plus de 30 ans, en mangeant, consommait des verres de rouge et à côté de moi un couple de filles avait commandé une bouteille de Chardonnay du Val de Loire du pays de Retz. Moi, je portai mon choix sur un mennetou-salon rouge 2008 d’Éric Louis 27€ link. Bien sûr, comme j'étais en auto, je lichais doux et je ramènais le flacon rebouché at home.
« Ce Menetou Salon rouge (pinot noir) est récolté à la main sur des sols argilo-calcaires et sur un tapis de petits coquillages fossilisés appelés “œil de poules”. Vendangés à la main, les raisins sont égrappés et acheminés dans les cuves de pigeage. Puis, intervient ensuite la fermentation avec des remontages et pigeages modérés afin d’extraite la couleur et les arômes. »
Ça va bien, sans me jeter dans l'extase, avec mon assiette de charcuterie, par ailleurs d’excellente qualité, variée, avec du bon pain. En bon reporter j’observe d’abord la table de jeunes à ma droite, volubile et joyeuse puis, sur ma gauche s’organise une grande tablée de plus âgés qui se révéleront être des gens de cinéma (le 61 projette des films et des documentaires). En face de moi, un couple de trentenaire avec chien : un Jack Russell qui me fait les yeux doux, plus précisément à ma charcuterie. Le brouhaha est sympa, le lieu est l’exemple même de cette chaleur conviviale qui fait du bien au cœur et à l’âme. J’y reviendrai, accompagné.
Avant de tirer ma révérence je me porte vers le bar pour prendre un bock de bière et si possible bavasser. C’est une jeune et piquante toulousaine de la tablée qui, rentrant de fumer sa clope, engage la conversation. Elle c’est Éva, elle fait le CLCF (Conservatoire Libre du Cinéma Français) qui est l'Ecole de Cinéma privée la plus ancienne d'Europe.link Je lui indique ce que je fais seul ici. Elle rit. Le vin elle aime : le Fronton, Toulouse… Alors, pourquoi la bière je demande ? La réponse est simple : le prix, c’est moins alcoolisé et c’est un peu la boisson de ralliement de son groupe d’étudiants en cinéma.
Je règle. Dehors, l’un des associés, Rémy Oudant (photo ci-dessous) je lui parle de vin. Le 61 fait des dégustations avec des vignerons. Moins qu’au début, sans doute parce que la clientèle n’est pas au rendez-vous. La prochaine dégustation c’est L’Hortus link, je pense m’y rendre. Mon humble avis : voilà un beau champ d’expérience pour mes petits copains des vins qui caressent la nature dans le sens du poil. Tous ces jeunes filles et jeunes gens sont, sans aucun doute, réceptifs et disponibles, encore faudrait-il leur causer sans leur prendre la tête avec des dégustations traditionnelles. Bref, l’extension du domaine du vin passe par des chemins de traverse et que l’on ne vienne pas me parler de la loi Evin qui, comme le soulignait sur Twitter un bon expert, est le cache-misère qui masque notre absence d’imagination. Milles sabords, au sabre d’abordage sur le quai de Loire et ne venez pas me chercher des noises sur celui de l’Oise !
Mais où est passée la SOMMELIERE ? Cherchez dans le plan et vous la trouverez...