Ceci est une histoire vraie. À 14h39 tombe un commentaire signée Marie-Lys Damas
« Cher Taulier,
Décidemment vous aimez la provocation. Vous avez bien étrillé les Bourguignons ces jours-ci. Alors pourquoi ce faux étonnement. Vous nous avez quand même habitués à mieux. Un petit coup de blouzzz... dans votre univers vif argent pendant ces vacances d'hiver ? Pour changer de région mais non pas de cépage je vous suggère de déguster le chardonnay « Ratapoil » 2009 de Raphaël Monnier (Arbois) que vous trouverez à la Cave des Papilles (pas très loin de chez vous sur votre destrier chéri). Je l'ai servi au cours d'une dégustation (cours) sur les vins bios et nous l'avons tous beaucoup apprécié. J'aimerai bien savoir ce que vous en pensez. A bientôt pour de nouvelles aventures. Amicalement. Marie-Lys. »
Certes mon étonnement était surjoué mais qui aime bien châtie bien et les Bourguignons me doivent une réponse. Mais la Marie-Lys, double insigne de pureté que prénom composé, avec sa suggestion venait de mettre en action ma machine à pondre des chroniques. Ça chauffe dur. À la rupture je saute sur mon nouveau vélo flèche d’argent et tire au droit sur la rue Daguerre. Dans le l’échoppe je me rue sur le rayon Jura et, à mon grand émoi, Gérard des PAPILLES me balance « tout le monde en ce moment veut du JURA ! » Et moi de lui répondre « c’est l’effet OLIF »
Comme je devais faire une tournée en ville sur ma flèche d’argent la bouteille de Ratapoil restait aux Papilles et j’irais la quérir au retour. Ce que je fis. Mon estomac criait famine et, comme je n’avais pas sous la main une marieuse mets-vins, je soliloquais : qu’allais-je donc manger avec mon Ratapoil ? Un jeune homme croisé à l’entrée, à qui j’avais demandé de jeter un œil sur mon nouveau destrier, me conseillait un Comté Marcel Petite. J’opinais puisque j’en avais en magasin mais Olivier venait juste de chroniquer sur le sujet.
Alors que je réglais mon emplette je remarquai sur le comptoir : deux pizzas. Comme j’avais une folle envie de pizza je m’enquis de savoir si elles étaient à vendre. C’est alors que le jeune Camille m’expliqua que c’était une expérience, plus précisément des pré-modèles de vraies pizzas napolitaines. Si ça convenait aux papilles des dégustateurs les Papilles les proposeraient à sa clientèle. Très grand reporter je m’enquis du mode opératoire napolitain et je pris même des notes : farine italienne W 400, pâte levée pendant 4 jours à 10°, levain d’Ischia, mozzarelle di buffala, tomates de San Marzano. Les clients qui se pressaient dans l’échoppe se demandaient quel était cet hurluberlu passionné par les pizzas.
Alors que je me saisissais de ma quille de « Ratapoil » 2009 de Raphaël Monnier (Arbois) Camille me dit « Prenez les pizzas » Estomaqué je réponds « mais où je vais les mettre, je suis à vélo… » Mauvais prétexte m’objecte Camille qui plie ses pizzas dans le papier d’alu comme des crêpes et les glisse avec ma bouteille. Je balbutie « combien je vous dois ? » Lui me donne des conseils de cuisson. Je me confonds en remerciements et je sors des Papilles sous les applaudissements ou presque.
J’enfourche ma flèche d’argent pour regagner mon four. J’ai hâte. Je préchauffe. La bonne odeur de la pâte embaume la cuisine. Je débouche le « Ratapoil » 2009 de Raphaël Monnier (Arbois). La pizza est extra. Je lui fais un sort avec délectation en lapant des gorgeons de cet Arbois venu avec cette pizza quasiment du ciel. C’est l’extase. La satiété. Une fois encore mon ami le hasard m’a précipité dans la volupté. La seconde pizza sera pour demain.
Reste me direz-vous ce « Ratapoil » 2009 de Raphaël Monnier (Arbois). J’ose écrire Alléluia tout en me disant que cette très chère Marie-Lys Damas, grande aiguilleuse du Taulier, qui semble être une dégustatrice émérite, se doit maintenant de nous livrer ces notes de dégustation. Le taulier plus chatouilleur de Bourguignon que dégustateur de vin du Jura a besoin de prendre des cours pour se sortir de son ignorance crasse.
Écrire une chronique pour vanter « l’effet Olif » qui déferle sur la rue Daguerre, louanger les pizzas napolitaines de Camille et encenser le nectar de Raphaël Monnier c’est déjà beaucoup d’ouvrage pour un Taulier fatigué. À chacun son labeur, le bonheur est dans le pré à chacun son métier et les vaches seront bien gardées » Tout ce je puis vous avouer c’est que le niveau du liquide à fortement chuté : je ne suis pas un dégustateur mais un buveur…