Notre maire, Anne Hidalgo, mal élue mais élue tout de même grâce à la béquille de Verts tendance Khmers des beaux quartiers, qui rêve tout haut d’un destin national pour sauver un PS en lambeaux, est attaqué sauvagement via les réseaux sociaux, sur son flanc droit par une coalition macrono-droitiste, autour du hashtag du mot-dièse #saccageParis…
Qu’en est-il vraiment ?
Du côté malpropreté, je persiste et je signe, les matelas pourris, les canettes et autres immondices sur les trottoirs n’y sont pas déposés par madame de le maire mais par les habitants, les de passages, ceux qui dorment dans la rue. Le service des encombrants existe, c’est gratuit, il suffit de les appeler, de déposer les objets munis du numéro fournis, dans ce pays on jette son mégot sur le trottoir, ses épluchures par la fenêtre de sa voiture, on fait chier son chien partout, les propriétaires ramassent de plus en plus les crottes, bref, la civilité n’est pas à l’ordre du jour des obsédés de la liberté individuelle, y’aura toujours quelqu’un derrière eux pour nettoyer. Un point faible de la municipalité, la contenance et le nombre des poubelles vertes et jaunes qui débordent, vomissent leur trop plein sur le trottoir, surtout les week-ends. Un point noir : le manque de pissotières, certaines zones, les piliers du métro aérien par exemple, exhalent des fragrances d’urine
Du côté végétalisation, les gens de droite, ceux de l’Ouest de Paris n’aiment pas l’herbe, ils sont très rond-up, béton, macadam, faut que ça brille comme le buffet du salon. Tout n’est pas parfait en ce domaine mais dans mon quartier, en haut du boulevard Saint-Jacques, les résidents la pratique avec bonheur, j’ai même vu une dame tailler le gazon avec des ciseaux, c’est bien entretenu, pas vandalisé, les néo-cultivateurs ont bien du mérite, il leur faut assurer l’arrosage depuis leur immeuble, pas évident avec la copropriété. Les bourgeois exècrent les composteurs, le terre ment pour eux, les vers de terre sont des barbares, les rats des champs… La municipalité peut mieux faire mais ce n’est pas sur ce plan que le bât blesse.
Autre point de friction, les nouveaux couloirs de pistes cyclables créés à la hâte pour favoriser les déplacements pendant la crise sanitaire. Les blocs de béton les matérialisant sont moches, je n’en disconviens pas mais le plus grave c’est que la militance anti-autos des Verts n’a rien à voir avec notre confort de cycliste, la rue de Rivoli tout vélo, sauf un couloir taxi-bus, en est l’exemple le plus criant, c’est une vaste zone de non-droit où les néo-cyclistes font n’importe quoi, de plus les services techniques de la ville ont réalisé des tracés aberrants qui nous mettent en danger. Il est urgent, en s’inspirant de l’exemple de nos voisins du Nord de repenser l’ensemble du plan de circulation de Paris, de soigner l’esthétique, le beau n’est pas l’ennemi de l’efficacité, boucher les trous, revoir l’ergonomie des ralentisseurs qui sont pour les cyclistes des facteurs de risque, j’en sais quelque chose, faire respecter le 30 km dans les petites rues… Dernier point, sanctionner les infractions au code de la route des cyclistes et des utilisateurs de trottinettes.
Enfin, j’ai gardé pour la bonne bouche, le nouveau mobilier urbain, où je suis à 100% derrière #saccageParis, c’est le royaume des artistes de rond-point qui se prennent pour des futurs Damien Hirst, inventivité, créativité, praticité, beauté, ne sont pas à l’ordre du jour. Je ne suis pas de ceux qui souhaitent que Paris s’en tienne qu’à la conservation du passé, la pyramide de Pei au Louvre en est le plus exemple, mais que diable le contemporain n’est pas synonyme de laideur. Là c’est du zéro pointé !
Et je ne parle pas du krak du côté de Stalingrad !
Bien évidemment, nos chers voisins britanniques en font des gorges chaudes, ce n’est pas moi qui vais les en blâmer.
- Un article d’avant les Municipales
THE GUARDIAN - LONDRES
Publié le 24/09/2019
Vu du Royaume-Uni.
Paris ville la plus sale d’Europe ? L’article du Guardian
L’article du quotidien britannique, qui juge sévèrement “l’anarchie” à Paris, a provoqué de nombreuses réactions, notamment à cause de raccourcis maladroits sur les sans-abri. Concernant la propreté, Anne Hidalgo s’est également défendue, rappelant que chaque citoyen devait aussi “prendre soin de la ville”.
Les Parisiens qui vivent boulevard Saint-Martin ont découvert que les platanes bordant cet axe est-ouest avaient été tagués. Mais ce n’est pas nouveau. Les portes cochères, les devantures des magasins, les jardinières, les bancs et les lampadaires sont couverts de graffitis depuis des semaines, voire des mois.
Le long du boulevard – qui a l’air miteux malgré des travaux de rénovation réalisés en 2013 pour un montant de 22,16 millions d’euros –, jusqu’à la place de la République, les SDF somnolent devant l’entrée des immeubles ou sur des bancs, leurs sacs de couchage rabattus sur la tête. Les trottoirs sont jonchés de trottinettes électriques et de vélos, sans parler des crottes de chiens et des mégots. Un homme marchant vers l’ouest ouvre un paquet de cigarettes neuf et jette par terre le film plastique et le papier aluminium.
“Tout n’est qu’anarchie”
La Ville Lumière, la capitale de l’amour est devenue une vieille ville crasseuse, ou comme les habitants l’appellent, “Paris poubelle”. Samedi [21 septembre], à l’occasion de la Journée mondiale de la propreté, les Parisiens étaient censés ramasser les déchets qu’eux ou des touristes avaient semés. “Paris est de plus en plus crasseux, c’est vrai partout. La ville a besoin d’une politique agressive pour que les rues deviennent plus propres et plus sûres”, fait valoir Matthew Fraser, professeur de communication à l’American University of Paris, qui a vécu à Paris près de 30 ans.
Paris est une ville chaotique, poursuit-il. Rien n’est organisé, tout n’est qu’anarchie urbaine. Je ne pense pas que les Parisiens le remarquent, parce que c’est leur énergie chaotique. Mais vu de l’extérieur, depuis une autre culture, la ville est dans un état déplorable.”
Un enjeu pour les municipales 2020
Les Parisiens n’aiment rien tant que de râler, et aujourd’hui l’état de leur ville est le sujet de mécontentement numéro un. En mars prochain ils vont voter pour un nouveau maire, et la propreté* sera un enjeu majeur de cette élection, tandis que la ville se prépare à accueillir les Jeux Olympiques de 2024.
L’actuelle maire, la socialiste Anne Hidalgo, est donnée favorite, mais six mois sont une longue période en politique. Elle a pour adversaires Benjamin Griveaux, ancien porte-parole de La République en marche, le parti centriste d’Emmanuel Macron, et le mathématicien primé Cédric Villani, député LREM qui a lancé sa campagne.
Un problème grandissant
Également présidente du réseau mondial de villes C40 [visant à mettre en œuvre les accords de Paris sur le climat], Hidalgo est très appréciée par de nombreux Parisiens — en particulier ceux qui n’ont pas de voiture — pour ses grands projets visant à décourager l’utilisation de l’automobile et à réduire la circulation. Pour ce faire, elle piétonnise de nombreux quartiers et creuse les rues pour créer des voies cyclables. Mais même ses partisans reconnaissent que les déchets sont un problème grandissant.
La municipalité dépense 550 millions d’euros par an pour se débarrasser des quelque 16 tonnes de crottes produites par les 200 000 chiens parisiens, ainsi que des 350 tonnes de mégots, et aussi pour vider les 30 000 corbeilles de rue. Pourtant, Paris poubelle* n’a pas usurpé son surnom. En 2016, des voyagistes japonais, épaulés par Japan Airlines, se sont montrés si inquiets de voir leurs compatriotes déserter Paris qu’ils ont passé plusieurs week-ends dans les jardins du Trocadéro à ramasser mégots, canettes de bières et autres détritus.
“Nous avons besoin de propositions pour mettre fin à ce cercle vicieux”
Ruth Grosrichard, professeure de langue et de civilisation arabes [à Sciences Po Paris], vit au nord du boulevard Saint-Martin, dans le Xe arrondissement, près de la vétuste gare du Nord, terminus de l’Eurostar.
Ce quartier est l’une des zones à la population la plus dense d’une ville déjà très peuplée. Avec 21 067 habitants au kilomètre carré, Paris est la ville d’Europe à la plus forte densité de population. Pour une taille comparable, Manchester compte 4 442 habitants au kilomètre carré. Aux problèmes de cet arrondissement vient s’ajouter l’afflux de migrants, qui faute de logements y ont installé des campements.
Mme Grosrichard milite au sein de deux collectifs citoyens [Riverains Lariboisière Gare du Nord et Réseau 10-18]. Elle affirme que depuis des années les autorités ont déplacé les problèmes de la ville – trafic de drogue, camps de migrants, SDF – depuis les arrondissements chics vers les quartiers plus modestes du nord-est, créant une ligne de fracture qui passe par la Seine.
Je prends le métro depuis l’arrondissement du nord où j’habite pour me rendre dans le VIIe arrondissement où je travaille, et ce sont comme deux pays différents, explique-t-elle. Il y a beaucoup d’incivilités, et le problème est que les dégradations attirent encore plus de dégradations, la saleté plus de saleté. Nous avons besoin de propositions pour mettre fin à ce cercle vicieux.”
Une “brigade des incivilités”
La ville a mis en place une “brigade des incivilités” composée d’agents en uniforme habilités à infliger des amendes aux gens qui abandonnent des trottinettes électriques ou des vélos sur les trottoirs (ou qui roulent dessus), qui jettent des ordures ou qui ne ramassent pas les crottes de leurs chiens. Mais les quelques personnes qu’on interroge sur le boulevard Saint-Martin n’ont jamais croisé de tels agents.
Je n’ai jamais vu la brigade des incivilités dans notre quartier, pas une seule fois, s’indigne-t-elle. Nous demandons sans cesse à la ville où sont ces agents, mais je n’en ai jamais vu. La municipalité dépense de millions à nettoyer la ville et celle-ci n’a jamais été aussi sale. Ça ne peut plus continuer comme ça, c’est une évidence.”
Et d’ajouter : “J’ai voyagé dans de nombreuses autres villes d’Europe et d’ailleurs, et Paris est incontestablement la plus sale.” Quant à Fraser, il estime qu’il s’agit avant tout d’un problème culturel, accusant les Parisiens de manquer de “responsabilité individuelle”.
Les Français ont l’habitude que l’État s’occupe de tout, ils sont déresponsabilisés, souligne-t-il. Essayez donc de ne pas ramasser derrière votre chien à Londres et à New York, vous vous ferez remonter les bretelles par un passant. À Paris, les gens ne réagissent même pas”.
* En français dans le texte
Kim Willsher
Des poubelles prêtes à être collectées dans une rue parisienne, en novembre 2020. PHOTO RICCARDO MILANI / HANS LUCAS / AFP
Vu du Royaume-Uni.
Le vrai saccage de Paris, c’est l’exode de ses habitants
La Ville Lumière n’est plus qu’une mégapole malpropre et à l’abandon, livrée aux délinquants, à la saleté et aux vandales (parmi lesquels la mairie elle-même). Tel est en tout cas l’acte d’accusation brandi contre Anne Hidalgo, la maire socialiste de Paris, dans une campagne lancée sur les réseaux sociaux sous le hashtag #saccageParis.
Début juillet, adoptant un mode de contestation plus conforme aux traditions parisiennes, des centaines de mécontents ont abandonné leurs écrans pour aller manifester sur le pavé de la capitale.
Anne Hidalgo, elle, est sortie de son déni (“C’est une campagne orientée politiquement, tous ces problèmes sont temporaires et liés à la conjoncture du Covid”) pour reconnaître des erreurs dans sa gestion. Ou pour être plus précis, elle a envoyé son premier adjoint [chargé de l’urbanisme], Emmanuel Grégoire, faire ce mea culpa à sa place. C’est bien à ça que servent les adjoints, non ?
Le mobilier urbain supprimé ou restauré
Emmanuel Grégoire a ainsi annoncé que les nouveaux éléments de mobilier urbain faisant “l’unanimité contre eux” seraient supprimés. Il y a notamment les sièges “champignons” qui, dans certains quartiers de la capitale, ont poussé… comme des champignons, mais aussi ces bancs dits “mikado”, qui ressemblent à des traverses de chemin de fer qu’on aurait oubliées là.
Le marquage temporaire, en jaune vif, des “coronapistes”, ces pistes cyclables provisoires réalisées pour faciliter les déplacements en temps de pandémie, a fini par ressembler à la dentition pourrie de quelque dragon, et il sera lui aussi progressivement supprimé ou remplacé par des aménagements permanents plus élégants. À l’inverse, et à l’image de ces bancs en bois à double assise qui ornent les rues de la capitale depuis cent cinquante ans, d’autres éléments de mobilier plus anciens et chers aux Parisiens seront repeints et remis en état.
Les bancs Davioud, du nom de leur concepteur, sont devenus l’une des mascottes du mouvement #saccageParis. Une cagnotte en ligne a même été collectée pour “sauver” l’un de ces bancs, qui avait été déboulonné et mis aux enchères.
Emmanuel Grégoire a reconnu que la mairie n’avait aucune idée du nombre de bancs Davioud encore en place. Il y en a plusieurs centaines, pour certains dans un triste état.
Le pouvoir municipal devrait donc mener un inventaire des bancs. C’est une bonne chose. La mairie serait bien avisée aussi de lancer une grande commande (il faudra bien un convoi entier de péniches) de cette peinture vert sombre qui, d’aussi loin que je me souvienne, a toujours orné le mobilier urbain et les portes des immeubles parisiens.
Paris, ville sale
À l’ordre du jour également, une grande campagne antigraffiti et des opérations de nettoyage de la voirie plus approfondies et plus fréquentes. Pour Anne Hidalgo, la saleté de certaines rues s’explique par l’épidémie de Covid, qui a réduit les effectifs des agents de voirie.
Si le problème est certes bien plus ancien, il ne fait aucun doute que la pandémie a aggravé la situation – ce que les tenants de #saccageParis, souvent issus des classes privilégiées, feraient bien de ne pas oublier.
Ceux qui exercent les métiers les plus pénibles à Paris vivent en lointaine banlieue. Ils rejoignent la capitale à bord de bus et de RER bondés, et n’ont jamais cessé de le faire, même au plus fort de la pandémie. Certaines régions, comme le département de Seine-Saint-Denis, ont ainsi payé un lourd tribut en matière de contaminations et de décès ces dix-huit derniers mois.
Cependant certains griefs du mouvement (les migrants qui dorment dans la rue, le trafic de drogue à ciel ouvert, les regroupements de toxicomanes, comme les “crackés” de la place Stalingrad et d’ailleurs) ne sont pas du ressort de la municipalité.
Ce sont des problèmes réels, mais qui doivent être remis dans leur contexte.
La violence comparée à l’international
Les agressions avec coups et blessures, souvent liées à la drogue, ont augmenté de 46 % entre 2013 et 2019. Mais ces actes de violence sont pour l’essentiel cantonnés aux quartiers les plus défavorisés du nord et de l’est de Paris. Et à en croire les sondages d’opinion, ils sont encore 65 % de Parisiens à juger leur ville sûre.
Comparée à d’autres grandes villes du monde, la capitale française est de fait plutôt sûre. Paris affiche un taux d’homicide de 1,2 pour 100 000 habitants : c’est un peu moins que Londres, et beaucoup moins que Chicago, à 18,6 pour 100 000.
Le mouvement #saccageParis est-il une campagne “politique” orchestrée, comme Hidalgo avait commencé par le dénoncer ? Pas totalement. Certains des reproches formulés sont justifiés. Tous les participants à cette contestation ne sont pas d’extrême droite, comme elle l’a un temps laissé entendre.
Mais le fait est que la campagne bénéficie du soutien bien hypocrite de figures politiques de droite, et qu’elle fait l’impasse sur les améliorations apportées à Paris par Hidalgo et par son prédécesseur et mentor, Bertrand Delanoë – notamment, à certains égards, en matière de propreté.
Certaines des critiques à l’encontre de la maire de Paris dénoncent des mesures volontaires, qui font partie de sa politique : la transformation de la capitale en ville sans voitures ou presque est saluée par de nombreux Parisiens, mais abhorrée par d’autres. Il a été mis fin à cette décision absurde, prise dans les années 1960, d’installer des voies rapides sur les berges de la Seine (un “saccage” de Paris que l’on doit à un gouvernement de droite en des temps où la capitale n’avait pas encore de maire).
Griefs légitimes et inepties
Ce n’est ainsi pas un hasard si le mouvement contre le prétendu saccage de la ville mélange souvent des griefs légitimes avec des inepties sur la piétonnisation des quais ou la diminution des places de parking.
À l’ère Delanoë-Hidalgo, l’air à Paris est plus propre. Les rues de la ville présentent par ailleurs un danger de moins – le vieux problème des chiens parisiens (ou plutôt de certains propriétaires de chiens) appartient pour l’essentiel au passé.
Paris a aujourd’hui d’autres problèmes, comme celui que symbolise la réincarnation de la Samaritaine, merveille d’excentricité architecturale, en supermarché de marques de luxe doublé d’un hôtel cinq étoiles. Le centre de Paris perd une grande partie de son âme, en même temps que sa population.
Avec la perte de 75 000 habitants en dix ans, Paris rapetisse, et même les familles aisées partent pour s’installer en banlieue ou en province, tant les loyers ont flambé. Un dépeuplement particulièrement marqué dans les arrondissements du centre qui, quand je suis arrivé à Paris, en 1978, m’avaient ébloui par la diversité de leur population et leur vie de quartier pittoresque.
À mes yeux, plus que dans tout ce qu’a pu faire ou ne pas faire la municipalité en place, c’est là qu’est le plus grand saccage*.
Mais Madame Hidalgo, s’il vous plaît, arrachez les dents du dragon, débarrassez-nous des pêle-mêle de traverses de chemin de fer et repeignez ces magnifiques bancs verts : tenez vos promesses.
*En français dans le texte.
John Lichfield