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18 juin 2013 2 18 /06 /juin /2013 10:04

Dans le TGV qui me ramenait de Bordeaux hier au soir j’ai lu un article dans Challenges qui m’a inspiré cette chronique qui prend la forme d’une lettre à mon père à propos d’une histoire de village, d’un beau village où je viens de séjourner.


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Cher papa qui n’a été que conseiller municipal de la Mothe-Achard,


En notre bas monde que tu as quitté, et tout particulièrement dans notre petit monde du vin que tu n’as jamais côtoyé, les ingrats sont légion, incapables qu’ils sont de reconnaître à sa juste valeur le dévouement de certains de leurs pairs qui, délaissant les sphères du monde des affaires, prenant sur leur vie familiale, leurs loisirs, leur plaisir, donnent leur précieux temps au bien public sans aucune contrepartie rien que pour que pour faire avancer le lourd char de la collectivité. Pour ce faire ces François d’Assises modernes cèdent, disent-ils, à la sollicitation de celles et ceux qui voient en eux des gens dévoués à la cause commune, pour se porter en avant, sortir du rang, occuper, j’ose même écrire, pour truster des fonctions de pure représentation. Leur curriculum vitae, au fil du temps, prend des allures d’une litanie bien emboitée de poupées russes. Ils ont commencé au plus petit niveau, discret et besogneux, pour se retrouver, alors que bien sûr ils ne l’ont pas souhaité, à leur corps défendant, aux étages élevés là où se prennent les décisions qui engagent le devenir de ceux qui leur ont mis le pied à l’étrier.


Des gens dévoués à la cause commune il en faut, et de tout temps il y en a eu et j’en ai croisé beaucoup. Toi papa tu étais de ceux-là et, en dépit de tes différents avec Mendès-France à propos des bouilleurs de crus, tu m’as élevé à son lait. Loin de moi l’idée de m’ériger en juge, ça t’aurais déplu papa, de distribuer des bons et des mauvais points aux uns et aux autres, ça t’aurais fait sourire. Simplement m’étonner que, lorsque des intérêts économiques majeurs sont en jeu et que la valeur d’un patrimoine privé dépend d’une procédure collective, la conception et la mise en forme puisse être influencée, en des enceintes publiques, d’une quelconque manière par ceux qui pourront en tirer un bénéfice personnel. De la confusion naît le soupçon et le dévouement commence à rimer avec dévoiement. Lorsque le costume est taillé à la mesure des intérêts de ceux qui l’ont conçu tout le reste n’est qu’habillage. Je fais référence à maman couturière qui taillait toujours elle-même ses patrons. Bien évidemment rien ne s’oppose à ce que des personnes privées, des entreprises, pour valoriser leur image, tirer parti des efforts qu’ils ont consentis, décident d’un commun accord de mettre en place un concours, un classement confié à des juges indépendants suivant un système de notations. Ce qui pose problème c’est lorsqu’un système privé vient se greffer à un édifice public construit au nom d’un patrimoine commun depuis des générations. Le risque est alors grand que la somme des intérêts privés sape les fondations du bel édifice. Se parer de nos grands principes face à nos concurrents, tout en les glissant sous le tapis, pour soi-disant se conformer à la modernité, est sans doute un bon calcul à court terme mais un très mauvais investissement pour le temps long.


Bien au-delà  des chicaillas des plaideurs, des mauvais procès, qu’ils soient d’intention ou fondés sur une argumentation, ne pas prêter le flanc aux attaques remettant en cause notre système basé sur le lien au terroir, à l’origine, me semble la seule cause commune qui vaille. Les paillettes de la notoriété, le contingent, relèvent de la sphère privée, de stratégies individuelles, de choix personnels, qu’il est normal de juger, de contester, d’approuver, sans que pour autant la face de l’édifice en soit changée, défigurée ou même restaurée. Ce qui compte vraiment c’est le socle, le dur, ce qui dure. Tout le reste me semble du vent, un vent, certes important lorsqu’il porte la tendance du temps, mais qui peut à tout instant tourner, cesser. Bref, et je m’en tiendrai là papa, ce qui me frappe ce sont les postures prises par nos dévoués sur des sujets qui engagent au fond notre avenir. Je les trouve insoucieux, dispendieux, incapables de s’élever au-dessus de leurs intérêts privés. Entendez-moi bien je ne mets pas en cause ces intérêts, tout à fait légitimes, mais conteste qu’ils soient parés du vernis de la collectivité. Alors les Saint Sébastien de théâtre, criblés de flèches, rappelle-toi papa du grand tableau de lui dans le transept  près de la porte de la sacristie, ne me tireront pas la moindre larme, ni compassion car, s’ils occupent le devant de la scène,  jouent les premiers rôles de « grand  serviteur » de la cause commune, ils se doivent d’assumer ce qu’ils sont ou plutôt ce qu’ils jouent avec plus ou moins de talent et de conviction.


La Toile, que tu n’as pas connue, nous n’avions ni téléphone, ni télévision au Bourg-Pailler, m’a permis de m’adresser à toi ce matin avec l’espoir que tu me lises par-delà les espaces infinis. Tu ne te fâchais pas très souvent mais lorsque tu fronçais tes épais sourcils je savais que tu contenais l’orage intérieur qui montait en toi lorsque tu entendais à la radio – nous faisions grand silence pendant les infos – certains propos de démagogues ruraux. Je profite de l’occasion qui m’est donnée pour te dire merci et t’embrasse.


Ton fils


PS. La photo de papa est un repiquage fait sur une photo prise à la sortie de l’église Saint-Jacques de la Mothe-Achard le jour du mariage de ma sœur Marie-Thérèse. La qualité du cliché s’en ressent mais ce fut pour nous le seul moyen de garder de lui une image car il répugnait à poser.

 

 

 

 

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18 juin 2013 2 18 /06 /juin /2013 00:09

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Ça faisait un moment que ça me turlupinait, je suis ainsi fait dès qu’une petite idée me trotte dans la tête je n’ai de cesse de trouver le bon bout pour raconter une petite histoire. Parfois de la coupe aux lèvres, si je puis m’exprimer ainsi, le chemin est court et je ponds en urgence. D’autres fois la gestation s’avère beaucoup plus longue, voire éléphantesque mais j’arrive toujours à mettre bas.


Tel est le cas aujourd’hui. Je résume :


-          Entrée de la petite idée dans la petite tête du Taulier : lorsque je suis allé début 2012 m’occuper du dossier Forez-Fourme dans le bureau de mon interlocuteur de la Direction Régionale de l’Agriculture une affiche sur la fête du « Fin gras de Mézenc » était apposé sur le mur (le premier WE de juin).


-          Réactivation de la petite idée dans la petite tête du Taulier : officiant du côté de Clermont-Ferrand en ce moment que lis-je dans le Monde alors que l’Intercités me charroie ?

 

« Contrairement au bœuf engraissé en deux mois avec des céréales, le fin gras est élevé lentement, explique Gabriel Gauthier, boucher clermontois. Son volume musculaire est peut-être moins spectaculaire mais ses qualités gustatives sont incomparables. »

 

Le secret de cette viande finement persillée - et « au goût de nature » selon M. Gauthier - tient à la spécificité de la flore fauchée sur le Mézenc. Plus d'une soixantaine d'espèces végétales ont été recensées dans ce foin. Parmi elles, des plantes typiques des prairies d'altitude, comme la bistorte, l'alchémille et la cistre. Aussi appelée fenouil des Alpes, cette dernière parfume le foin d'une saveur anisée prisée des bovins. C'est cette plante qui donnerait au fin gras son goût unique. « C'est en la faisant bouillir ou mijoter, dans un pot-au-feu ou un bœuf-carottes, que la viande exprime le mieux ses caractéristiques », dit Gabriel Gauthier, dont la boucherie exporte aussi d'Auvergne - sous vide, à destination des restaurants et des particuliers - ce précieux bœuf saisonnier.link

 

Je note : Boucherie Gauthier, 17, rue de la Boucherie, Clermont-Ferrand. Tél. : 04-73-37-57-07


Mais je ne vous dit pas tout pour ménager le suspense. Le texte entre-parenthèses est citation du site de l’AOC fin gras du Mézenc link 

 

Si vous ne souhaitez pas vous instruire vous pouvez zapper pour découvrir en fin de chronique le point de vue à 4 mains de l'ogresse qui a le plus beau coup de fourchette de Paris et du Taulier qui sait boire et manger...


Tout d’abord un peu de géo pour les petites louves et les petits loups qui pensent que Pyrénées est le nom d’une station de métro.


« A 1754 mètres d’altitude, le Mont Mézenc est à la charnière de deux ensembles distincts :


A l’ouest et au sud, de vastes plateaux dont l’altitude moyenne est de 1200 mètres, correspondant au très haut bassin du versant de la Loire. Chacun sait que plus long fleuve de France prend sa source au Gerbier de Jonc, qui est donc le sommet le plus connu du massif du Mézenc.


A l’est, le vaste cirque des Boutières, au relief tumultueux et original marqué par les fameux sucs du Mézenc, et dont les  nombreuses rivières descendent alimenter le Rhône.


Le Massif du Mézenc offre à ceux qui s’y attardent des paysages grandioses. De Saint Clément ou de Borée on embrasse à 360° un paysage où les « sucs » (dômes volcaniques) devancent plusieurs rangs de « serres » cévenoles, face à toute la chaîne des Alpes. De Moudeyres ou du Béage le regard porte sur un plateau infini surmonté des sommets les plus élevés du massif, quand, sur l’arrière, apparaissent le Sancy ou le Plomb du Cantal, et le Mont Lozère.


Si l’influence océanique y reste modeste, l’influence continentale y est beaucoup plus présente. En effet, l’hiver est long, la saison végétative particulièrement courte, le printemps furtif, l’été sec malgré des orages, l’automne indien. L’influence méditerranéenne est, elle, déterminante pour le Fin Gras : c’est elle qui permet la fenaison à haute altitude et le séchage sur pré. Le Mézenc est riche d’une flore et d’une faune particulièrement diversifiées. Il abrite de nombreuses espèces rares, et des mesures de protection et de valorisation des milieux les protègent : zone Natura 2000, ZNIEFF, réserve biologique domaniale, sites classés…


Le Massif du Mézenc se caractérise par son terroir situé à plus de 1100 mètres d’altitude. Cas exceptionnel en France, les hommes se sont installés à l’année sur ces hautes terres et vivent avec les contraintes liés à cette caractéristique. Leurs métiers, depuis longtemps, se sont aussi adaptés aux singularités locales. »


Maintenant parlons peu mais parlons bien de foin !


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« La qualité du foin de ces montagnes est très propre à l’engrais ; les prés nourrissent beaucoup de plantes aromatiques, l’herbe y est déliée et fine ; elle ne vient jamais fort haute… »


« Voilà bien longtemps que toutes ces vertus ont été découvertes et maîtrisées par les éleveurs du Mézenc. En 1680 on répertoriait dans l’inventaire d’un riche fermier la recette de la vente des bœufs de Pâques. En 1760 les communautés paysannes demandent aux autorités d’ouvrir les chemins pour se rendre aux foires de Fay et de Saint Agrève vendre leurs bœufs gras.


Cet engraissement traditionnel au foin est tout un art. Le foin le plus court, le plus fin est réservé aux bêtes à l’engraissement ; il faut donc non seulement le récolter dans les meilleures conditions (notamment météorologiques mais aussi de maturation) mais aussi pouvoir le retrouver facilement dans la grange. Les éleveurs organisent le stockage de façon très précise afin d’identifier la parcelle de pré dans chaque secteur de la grange. La traçabilité du foin est donc assurée en permanence, depuis le pré jusqu’à l’animal à engraisser pour le donner aux bœufs et aux génisses engraissés l’hiver ; car ces animaux auront le meilleur foin de la grange, le foin court, celui qui pousse le plus haut. Ceci signifie qu’il y a donc deux tris successifs du foin ; le premier est opéré (avec quel soin !) par l’éleveur ; le second par l’animal lui-même amené à devenir l’auteur de son propre destin.


Les « rois de l’étable » ainsi choyés vont progressivement au cours de l’hiver manger de plus en plus de foin, et de plus en plus du meilleur. Non seulement on ne les force pas à manger, on ne les gave pas, mais au contraire, ils choisissent leur pitance, et ce qui est laissé au fond de la crèche sera bon pour le reste du cheptel. Ils en veulent toujours plus ; autrefois les meilleurs éleveurs se relevaient chaque nuit pour « donner un réveillon aux rois de l’étable ».


Au jour le jour, l’éleveur conduit l’engraissement à la vue et au toucher ; et il dose en conséquence le volume de foin, le nombre de prises, les éventuels compléments en céréales. »


« C’est  la France centrale avec tous ses Vésuves éteints et revêtus d’une splendide végétation. Il n’est pas un point du sol qui n’ait été soulevé, tordu ou crevassé par les convulsions géologiques…je n’imaginais pas qu’il y ait au cœur de la France des contrées si étranges et imposantes ».


J.Carles, botaniste bien connu, auteur, entre autres, de la carte de la végétation de la France (feuille Le Puy-Valence) nous en dit plus sur la diversité, la qualité et l’originalité de la végétation du massif du Mézenc dans une étude publiée en 1943 par la Revue des Etudes Rhodaniennes.


« Les sources nombreuses et l’irrigation facile se prêtent bien à la multiplication des prairies caractérisées par les inflorescences légères et aériennes des Agrostis et par les fleurs de montagne qui viennent apporter leur note spéciale dans cette flore commune des prés fauchés : le Fenouil des Alpes (Meum Athamanticum Jacq) en particulier, très estimé pour le parfum qu’il donne au foin, devient très abondant dans les prés secs ».


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Cette plante, appelée « Cistre » localement, est l’emblème des prés de fauche du Mézenc. C’est « l’herbe à viande » disent certains. M. de Candolle, dans son « Voyage botanique et économique dans les départements du Centre », en 1811 signale même que parmi les plantes  médicinales récoltées spécialement au Mézenc figure le Meum Athamanticum qui est connu sous le nom de Cistre.


Typique de la flore des prairies alpines, cette plante, outre son arôme anisé soutenu, possède une particularité étonnante : alors que le bétail l’évite en vert dans les pâturages, il en raffole quand elle est sèche au milieu du foin.


Rarement fauchée et fanée dans les autres hautes terres du Massif Central ou dans les Alpes en raison de son implantation à une forte altitude, elle n’est donc ingérée abondamment que dans le massif du Mézenc. En effet la position particulière du massif, où l’on fauche jusqu’à 1500mètres d’altitude, en fait sans doute l’un des rares massifs ou cette plante aux qualités très spécifiques peut se retrouver dans la panse des bovins et, en tous cas le seul massif à tradition d’engraissement où elle puisse se retrouver dans la saveur de la viande.


La cistre n’est, bien entendu, qu’un exemple, essentiel, de la richesse et de l’originalité des foins du Mézenc puisqu’on y trouve toutes les plantes des prairies subalpines, ailleurs souvent cantonnées dans les pâtures estivales. »


Les fermes, les hommes et leur vie d’éleveurs


« Par leur architecture ou leur implantation, les fermes aux toits de lauze, genêt ou chaume d’autrefois témoignent encore de la nécessaire ingéniosité de ses habitants pour vivre à une telle altitude. D’immenses granges sont nécessaires pour stocker les grandes quantités de foin qui permettront de passer l’hiver, souvent long et rigoureux. Ce n’est pas tant la quantité de neige qui va être un facteur limitant en hiver, mais plutôt « la burle », ce vent qui souffle très fort, sans discontinuer et qui va créer des congères de taille impressionnante. Les routes deviennent alors rapidement impraticables, malgré le balai des chasse-neige. Le travail de l’éleveur ne s’arrête pas pour autant, il doit aller nourrir ses bêtes, être là en cas de vêlage…


Si la production du Fin Gras du Mézenc est encore modeste (environ 500 bêtes à l’année) ; l’élevage concerne la plus grande partie des actifs du massif et l’ensemble de l’économie locale est concerné. Valoriser l’élevage, le métier d’éleveur et boucher, maintenir un environnement préservé est une évidence pour qui veut faire vivre le massif.


L’agriculture occupe la plus grande part des actifs du Mézenc (plus de 40% de la population active) et l’élevage l’essentiel des agriculteurs. Ainsi plus de 90% de la surface agricole sont occupés en permanence par l’herbe : prés de fauche et pâturages se répartissent par moitié. Il y a environ 400 exploitations agricoles dont la surface moyenne est de 50ha et une exploitation occupe en général un à deux travailleurs. On constate également l’existence de nombreux GAEC. »


Le cahier des charges de l’AOC « fin gras du Mezenc »link 


Et maintenant Travaux Pratiques avec une OGRESSE Aux Lyonnais, 32, rue Saint-Marc, Paris 2e.


Toujours dans le Monde je lis « Aux Lyonnais, l'un des rares restaurants parisiens à proposer, de début mai jusqu'à la fin juin, du fin gras du Mézenc, le chef Frédéric Thévenet préfère le servir poêlé. Aux fourneaux de cette vieille ambassade de la cuisine lyonnaise, reprise en main, depuis 2002, par Alain Ducasse, ce Clermontois reçoit régulièrement de la boucherie Gauthier un arrière de bœuf de près de 150 kg. Bavette, entrecôte, côte de bœuf sont grillées au beurre, avec un peu d'ail, d'échalotes et de thym, accompagnées de haricots plats aux lardons et au jus de viande. »


Aucune hésitation consultation de mon ogresse préférée puis réservation aux Lyonnais.


Jeudi dernier il pleut il mouille c’est la fête à la grenouille mais je me risque à me rendre au resto à vélo et j’y arrive en passant au travers des gouttes.


J’attends mon ogresse en buvant un verre de Saint-Bris et en réservant la pièce de fin gras du Mézenc.


Elle arrive pimpante et rayonnante comme un oiseau du Brésil tel que celui qu’elle arbore sur son pull immaculé et pailleté.


Nous papotons puis nous commandons.


Planche de charcuterie pour l‘ogresse et œuf cocotte et écrevisses pour le taulier.


Le fin gras du Mézenc bien sûr pour deux saignants.


Le Taulier décrète le vin un Sérol Côtes Roannaise les Blondins cuvée Troisgros.


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Tout va bien le service est diligent et sympa, le pain est bon et la cervelle de canut excellente. Mon ogresse apaise son appétit et bien sûr fait des photos pour Twitter.


Excellentes les entrées.


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Puis vint le fin gras du Mézenc. Très bel aspect ! La viande est gouteuse mais un soupçon trop cuite. On sent sous la dent du potentiel aromatique mais ils nous semblent de concert que la dizaine de jours de maturation n’est pas suffisante pour que ce  fin gras du Mézenc exprime tout son potentiel. J’aurais mieux aimé une belle entrecôte filée de gras, persillée, plutôt que ce tende tranche réputé peu gras, certes excellent, un peu réticent à se livrer. Petite déception donc, sans doute avions-nous trop investi dans ce fin gras du Mézenc. Nous avons passé le message et sommes tout près à refaire l’expérience lorsque l’occasion se représentera et que notre goût pour une viande mûrie soit mieux intégré. Nous sommes des disciples de Le Bourdonnec. Sans doute sommes-nous encore minoritaire mais nos amis anglais, eux, nous ouvrent, pour une fois, la voie vers une viande de haute expression qui magnifie le travail de l’éleveur. Le fin gras de Mézenc mérite ce traitement de faveur. À  bientôt sur ces lignes pour suivre le bœuf*… aux Lyonnais… où nous avons bien déjeuner en dépit de nos bémols de grands amateurs de viande mature.


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Desserts puis faut y aller : il pleut des cordes mais j'affronte pour arrivé trempé comme une soupe à mon rendez-vous. 


* « Les animaux labellisables sont les génisses âgées de 24 mois au minimum et les mâles castrés âgés de 30 mois minimum, élevés sur les communes précédemment citées. Autrefois, les bœufs gras produits sur le Mézenc appartenaient à la race mézine, une race locale qui a disparu dans les années 1960. Aujourd’hui la plupart des animaux de race à viande sont acceptés. Ainsi, le cahier des charges prévoit que les animaux gras peuvent appartenir aux races bovines aubrac, charolaise, limousine et salers. Les animaux issus du croisement de ces races et de croisement entre mère abondance ou montbéliarde et père limousin ou charolais sont également autorisés. Les animaux de type culard ne sont pas acceptés par l'AOC. » Il faudrait peut-être aller vers les races rustiques plutôt que vers les grosses Rolls de concours pour obtenir une viande encore plus gouteuse qui se prêterait à une plus longue maturation...


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17 juin 2013 1 17 /06 /juin /2013 11:00

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Faudra vous y faire chers lecteurs le Taulier, toujours sur la piste de ses vaches, pour l’heure en Auvergne, a le chic pour dégoter le bon produit au bon endroit. C’est le cas de le dire puisque c’est au Bon Marché que j’ai trouvé un excellent yaourt nature de la ferme de Bassignac fabriqué dans le Cantal. Faut bien que j’ai des compensations car l’Intercités Paris-Bercy-Clermont-Ferrand c’est 3h 30, avec le retour ça fait 7 heures de trajet. La première fois que j’ai acheté les yaourts nature de la ferme de Bassignac j’ignorais leur provenance, mon choix se portait sur la dénomination produit fermier c’est-à-dire un produit vraiment élaboré dans une exploitation agricole.


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Trouvant le produit excellent, comme je suis d’un naturel fouineur j’ai cherché à en savoir plus sur la toile et je suis tombé sur le titre d’un article du journal La Montagne, du samedi 10 novembre 2012, édition du Cantal, Bassignac « Des yaourts en or distingués au Salon ». Mais nos amis auvergnats, ce n’est pas pour les critiquer, me laissaient sur ma faim car pour accéder à l’article il fallait raquer. Mais, comme vous vous en doutez, il en faut plus pour stopper votre Taulier. Profitant d’un de ses voyages en Auvergne il a demandé à l’un de ses collègues de la DDT du Cantal de lui livrer le dit article. Ce qui fut fait avec célérité et qu’il en soit remercié.


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Je vous le livre donc. C’est court. Pour ceux qui ne l’auraient pas saisi la morale de ma chronique est simple : si vous souhaitez qu’il y ait des fermes avec des paysans le geste qui sauve est d’une grande simplicité : achetez leurs produits lorsqu’ils sont de cette qualité. Merci pour eux.


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« Après avoir obtenu l’argent, c’est l’or qu’a décroché cette année La Ferme de Bassignac pour la production de son yaourt nature fermier. Une belle récompense, que celle du « fermier d’or » obtenue au dernier Sommet de l’agriculture, dans la catégorie produit fermier. Celle-ci vient couronner le travail de cette famille et la qualité de sa production. Car c’est bien d’une histoire de famille dont il s’agit. En 2006, La ferme de Bassignac diversifie ses activités et se lance dans la production de yaourts.


Pendant que les parents, Pascal et Martine, gèrent la partie de la commercialisation (Pascal est notamment responsable des livraisons et Marine de l’administratif), les deux fils, Vincent et Antoine, sont respectivement responsable de la production et de l’exploitation.


Une diffusion nationale


Vincent s’occupe de la production avec l’aide de Josiane Laporte, qui travaille depuis 20 ans sur l’exploitation. Outre les yaourts nature récemment couronnés d’or, La ferme de Bassignac produit également des yaourts à différents parfums. La diffusion se fait sur le Cantal, sur le Puy-de-Dôme et la Corrèze, par des livraisons directes à des points de ventes et sur la France entière par le biais de centrales d’achat. »

 

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17 juin 2013 1 17 /06 /juin /2013 00:09

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Il en est de la mozzarella, comme du Canon de Pachelbel ou l’adagio d’Albinoni, elle est victime de son succès planétaire. Bien évidemment je ne parle même pas de la mozzarella au lait de vache produite partout, y compris en France, dans des usines. Non, je parle de celle que l’on trouve dans la GD sous l’étiquette Mozzarella di Buffala Campana par des marques comme Galbani qui elle aussi est un produit industriel.


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La seule, la vraie, celle produite par une poignée de petits producteurs artisanaux, une centaine, et une vingtaine de PME, est celle estampillée AOP ou DOP et qui est produite exclusivement avec du lait frais de bufflonne et bien sûr dans sa zone géographique. L’autre peut être produite avec du lait congelé. Pour les petites louves et loups qui n’ont jamais vus de bufflonnes, ou même de vaches, il faut qu’ils sachent que ces braves ruminants produisent plus de lait en hiver qu’en été alors que les petites louves et les petits loups des villes mangent beaucoup de mozzarella en été. Donc le lait d’été est rare et cher ce qui n’est pas du goût de nos bienfaiteurs les industriels. Je signale aussi  que la maison Galbani appartient au groupe Lactalis sis du côté de Laval.  


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« Les buffles d'Asie (Bubalus bubalis) appartiennent à la famille des bovidés comme les vaches. Plusieurs sous-espèces ont été domestiquées notamment en Asie, en Roumanie, en Yougoslavie, en Egypte, au Brésil et en Italie où elles ont été introduites au 15e siècle pour travailler dans les rizières de la plaine du Pô. La bufflonne ou bufflesse (femelle du buffle) y est élevée pour son lait qui est utilisé principalement pour la fabrication de la Mozzarella di Bufala Campana.


Après 315 jours de gestation, les petits bufflons naissent à un poids moyen de 35 à 40 kilos. A partir de trois à quatre jours, ils sont élevés sous des vaches laitières. Les mâles sont soit engraissés pour la viande, soit vendus comme reproducteurs tandis que les femelles sont gardées pour renouveler et agrandir le cheptel. Elles entrent en lactation à leur premier vêlage vers trente mois. Adulte, vers l'âge de quatre ans elles pèsent entre 600 et 650 kilos. L'alimentation de ce ruminant est faite principalement à base de foin.


Le lait de Bufflonnes : de l'âge de deux ans et demi à plus de dix ans, chaque bufflonne produit en moyenne 1800 à 2000 litres de lait sur 270 à 300 jours, il est riche, soit en comparaison avec le lait de vaches : 42 g/l de matière protéique (+ 33%), 78 à 80 g/l de matière grasse (+ 97%), 2.03 mg/l de calcium (+ 62%), 0.20 mg/l de magnésium ( + 67%), 0.60 mg/l de vitamine A (+ 62%), 22 mg/l de vitamine C (+ 22%). »


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Le terme mozzarella dérive du verbe italien « mozzare » faire des morceaux, opération qui consiste à couper manuellement la pâte filée à l’aide du pouce et de l’index. La mozzarella di Bufala Campana DOP est un fromage frais à pâte filée qui doit son goût incomparable au lait de bufflonnes produit sur son territoire d’origine. Sa forme la plus connue est celle d’une sphère (jusqu’à 800g) mais elle est peut être fabriquée dans différentes tailles (jusqu’à 3 kg) les bocconcini (bouchées), ovoline (petits œufs), ciliegine (petites cerises), nodini (petits nœuds), trecce (tresses). Elle peut aussi être fumée.


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La mozzarella di Bufala Campana DOP porte sur son emballage le logo rouge et vert du Consorzio di Tutela mozzarella di Bufala Campana et celui de l’AOP-DOP. Elle doit être conservée au frais dans son emballage et une fois ouverte, si elle n’est pas entièrement consommée, dans son liquide de conservation. Un conseil d’importance ne pas consommer la mozzarella di Bufala Campana DOP glacée, pour qu’elle exprime toutes ses saveurs elle doit être servie à la température ambiante.


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Pour ne rien vous cacher je suis estampillé « Mozart est là au poignet » donc je me devais de me rendre au dîner organisé par le directeur du Consortium Antonio Lucisano chez Septime le 10 juin. En plus, j’imagine la tête du sieur Pousson à la lecture de cette nouvelle. Dîner préparé à 4 mains par Fabrizio Ferrara du Caffée dei Cioppi et Bertrand Grébaud de Septime.


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Nous avons fort bien mangé, oui mangé pas dégusté, et fort bien bu, moi en tout cas. La conversation autour du président du Consortium fut très agréable je tiens à le remercier ainsi que tous nos hôtes et toute l’équipe de cette belle soirée où, avec nos amis italiens, nous avons fait honneur à l’authenticité de produits simples, la mozzarella et le vin, mais qui doivent encore beaucoup à la main de l’homme. J’étais fort gai en rentrant l’âme et le cœur léger réconforté après un AR du côté de Clermont-Ferrand (lire la chronique de cet après-midi).


Les photos suivent.


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En 1998, neuf éleveurs du Cantal ont constitué la Coop de Bufflonnes et importé quarante bufflonnes d'Italie. Actuellement le troupeau de cent Buffles permet la fabrication artisanale de trois fromages : le Noisette, la Tomme de Bufflonnes et la Mozarella.link

 

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16 juin 2013 7 16 /06 /juin /2013 07:00

Je n’ai plus de goût à rien. Est-ce le temps pourri ou l’étrange parfum de pourri qui flotte à la Grande Maison depuis la révélation par un rapport d’inspection des quelque 10.000 euros mensuels, puisés dans nos «frais d’enquête» entre 2002 et 2004 par Claude Guéant, alors directeur du cabinet du ministre de l’Intérieur, le petit Duracell. Partagés entre la rogne et la grogne le petit peuple des flics se tamponnait que monsieur le grand serviteur de l’Etat ait abandonné sa soi-disant belle rigueur, qu’il ait transgressé la loi et volé la Sécurité sociale, ce qui les foutaient hors d’eux c’était que ce mec, un préfet en plus, un lèche-botte hautain, leur pique 240.000 euros pour sucrer des mecs de la Grande Maison qui ne tiraient pas comme eux le diable par la queue et qui se tenaient bien au chaud dans leur bureau. Ce qui les consolait un chouïa c’était que le système de défense du cardinal partait en charpie, qu’il allait se retrouver à poil dans le bureau d’un petit juge pour vendre ses salades pas fraîches. Pour qui, comme nous, connaissons toutes les ficelles pour bourrer le mou à cette engeance la suffisance et la morgue de Guéant nous stupéfie : comment être aussi con en avançant son système de défense pour justifier le paquet de liquide chez lui. Déjà laisser traîner autant de preuves chez soi même un petit loubard à capuche ne le ferait pas. Vraiment toute cette  « bande organisée » comme disent les juges du roman Tapie relevait plus des Pieds Nickelés que du gang des postiches. Bien évidemment les syndicats qui passaient leur temps à lécher le cul des susdit s’empressent de faire du zèle en demandant à Guéant de rendre « ces importantes sommes d'argent pour qu'elles soient redistribuées équitablement à tous les agents du ministère qui subissent depuis 2010 une baisse de leur pouvoir d'achat ». reste qu’entre 2002 et 2005, tout le monde a oublié que le Premier Ministre du petit énervé à la barbe de 3 jours c’était Jean-Pierre Raffarin qui s’est empressé de réagir en se déclarant surpris « Dès mai 2002, il était clair qu'il n'y avait pas de primes de cabinet dans la procédure d'Etat, a-t-il ajouté. Je ne connaissais pas les procédures internes au ministre de l'intérieur. [...] Si cela est vrai, confirmé, c'est en effet quelque chose de préoccupant. » Presqu’une raffarinade…


Que faire dans ce climat délétère ? Continuer à égrener mes souvenirs d’un temps dont tout le monde se fout ? La mort du gamin Clément Méric à 19 ans, au sortir d’une vente privée de la marque Fred Perry, par une bande de gros cons de skins, me chagrine mais n’arrive même pas à me mobiliser car l’extrême-gauche est tellement bornée, stupide et sans débouché qu’en définitive je pense de plus en plus à prendre la tangente, à laisser tomber. Pourquoi me cailler le lait, m’échiner, faire comme si tout ce bordel dépendait encore un peu de moi ? Signe que ça ne tourne pas très rond moi qui déteste le téléphone je me surprends à passer des heures à papoter avec mes nouvelles copines. Elles sont mon ballon d’oxygène car elles ne me prennent pas la tête. Je les écoute. Elles font la fête, me racontent leurs petites histoires, « T’as lu ce truc en Suède…

-         Non…

-         Les chauffeurs de train qui se mettent à porter des jupes à la place de pantalons depuis une semaine, pour dénoncer l'interdiction de mettre des shorts durant les mois d'été…

-         Ah, bon…

-         Réveille toi mon vieux ! Toi qui as fantasmé sur les suédoises, en Suède, il n'est pas rare que les températures estivales atteignent 35°C…

-         Oui ma poule !

-         Ne m’appelle pas ma poule !

-         Ne m’appelle pas mon vieux je pourrais être ton père…

-         Que tu es susceptible mon grand…

-         Et toi quand tu montes sur tes beaux ergots lorsque des petits rouleurs dans tes fêtes te prennent pour leur mère…

-         Tu charries !

-         Non c’est toi qui me l’as dit Gabrielle…

-         T’es sûr ?

-         Oui mais dis-moi elle a dit quoi la direction du rail suédois ?

-         Cool mon grand. Je te le donne en mille. Je te le lis « Notre politique est que vous devez être habillé de façon correcte et appropriée lorsque vous représentez Arriva, et cela signifie que vous devez porter des pantalons lorsque vous êtes un homme, et une jupe lorsque vous êtes une femme, mais en aucun cas des shorts », a martelé un porte-parole de la compagnie Arriva. « Mais si un homme préfère porter un vêtement de femme, par exemple une jupe, c'est OK. »

-         J’imagine Pepy le boss de la SNCF faire ce type de déclaration, ça jaserait dans les chaumières parisiennes…

-         Pourquoi, je ne comprends pas ?

-         T’en fais pas Gabrielle je t’expliquerai…

-         T’as qu’à me le dire tout de suite petit salaud je déteste attendre…

-         Je sais mais il n’empêche que tu attendras…

-         Sadique !

-         Oui Gabrielle je t’adore. Si tu veux nous déjeunons ensemble demain.

-         Satyre !

-         Donc à  demain…


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16 juin 2013 7 16 /06 /juin /2013 00:09

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S’il est un petit livre qu’il vous faut lire, une centaine de pages, c’est 6 publié par ZS Zones Sensibles link. De la bombe absolument, scotché, impressionné par le tranchant et l’efficacité de l’écriture. Le soulèvement des machines ça donne le frisson, ça fout les jetons, mais c’est pourtant la réalité des fameux marchés qui mettent à genoux ceux qui se considéraient comme les maîtres de notre planète.

 

De qui s'agit-il ?

 

Je m’appelle Sniper, et je suis un algorithme.

 

Je travaille de 9h30 à 16 heures, sans relâche.


L’espace où je travaille ne fait que quelques centimètres carrés, dans un bureau grand comme 7 stades de football américain loué spécialement par mes employeurs, pour une somme que j’estime entre 10 000 et 25 000 $ par mois, au 1700 MacArthur Boulevard, à Maswah*, une banlieue  endormie du New-Jersey située à une cinquantaine de kilomètres de New York.


  • mahwah signifiait pour les  Indiens delawares qui vivaient au XVIIIe siècle, « lieu de rencontre » ou « lieu où les chemins se croisent »


Je vis, comme certains étudiants, en colocation. Ceux qui partagent le frigo avec moi s’appelle Guerrilla, Stealth, Sumo, Blast, Iceberg, Shark.  Je passe mes journées à les observer attentivement, avec obstination.


Je suis tout sauf paresseux, je n’ai pas de costume ni de casquette arborant le logo de mes employeurs.


Je n’ai ni tête ni visage.


Je ne suis pas impressionné par les limousines.


Je ne dîne pas dans des restaurants quatre étoiles.


Depuis 2007 et le début de la crise économique mondiale, je n’ai cessé d’envahir les marchés financiers.


«En 2013 les algorithmes que l’on appelle « traders à haute fréquence » réalisent aux USA plus de 70% du marché, contre 10% en 2001. Après la seconde guerre mondiale, un titre appartenait à son propriétaire pendant quatre ans. En 2000, ce délai était de huit mois. Puis de deux mois en 2008. En 2013, un titre boursier change de propriétaire toutes les 25 secondes en moyenne, mais il peut tout aussi bien changer de main en quelques millisecondes. »


« Le 11 octobre 2010, deux ans après le soulèvement des traders à haute fréquence et au terme d’une année marquée par un krach fameux, Thomas Peterffy prenait la parole dans le salon Opéra du Grand Hôtel Intercontinental de Paris à l’occasion du congrès annuel de la World Federation of Exchanges. Cette année-là, le symposium était organisé par NSYE Euronext, d’où la présnec de son PDG Ducan Niederauer, l’ancien artisan de la montée en puissance des machines chez Goldman Sachs, et celle de Christine Lagarde, alors ministre de l’Economie française et future directrice du FMI. Devant la crème de la crème de la finance mondiale, Thomas Peterffy eut l’honneur de prononcer le discours d’ouverture du congrès »


1er temps : il retrace l’histoire du marché, l’émergence des courtiers, la question de la confiance en eux par leurs clients, puis la première révolution avec le télégraphe et le téléphone qui permettent d’augmenter le nombre des transactions, de mettre de la distance, de voir émerger des marchés centralisés avec des « règles élémentaires, des règles justes, nos marchés étaient en ordre et transparents. »


2e temps « l’émergence des ordinateurs, des communications électroniques, des marchés électroniques, des dark pools, des flash orders, des marchés multiples, des systèmes de négociations alternatifs… le trading à haute fréquence…


1ère conclusion «  ce que nous avons aujourd’hui est un vrai bordel »


Silence de mort dans la salle.


Peterffy enfonce le clou « Pour le grand public, les marchés financiers ressemblent de plus en plus à un casino, sauf qu’un casino est plus transparent et plus simple à comprendre. »


C’était du lourd car Thomas Peterffy est « le précurseur des marchés électroniques, respecté par tous, lui qui programmait des algorithmes avant de construire un cyborg unique en son genre, lui  qui  dirigeait une des plus importantes sociétés de courtage au monde, présente sur plus de cent marchés. »


Peterffy disait tout haut ce que tout le monde pensait tout bas.

     

Sa CONCLUSION «Les marchés financiers, du moins ceux de pays développés, sont arrivés à un tournant. Les technologies, la structure des marchés et les nouveaux produits financiers ont évolué plus rapidement que notre capacité à les comprendre et à les contrôler…


Tout cela a engendré ces dernières années une série de crises qui ont poussé beaucoup d’investisseurs à perdre confiance, à penser que le système tout entier est désormais un jeu truqué. 


C’est une évolution très dangereuse, car le but de nos marchés financiers est de guider l’évolution de notre économie en distribuant du capital aux industries et aux entreprises que nous voulons voir grandir, de permettre aux affaires et aux investisseurs de gérer les risques efficacement. Si le public en vient à penser que les marchés financiers sont une escroquerie, alors, les entreprises n’obtiendront pas les fonds dont ils ont besoin pour développer notre économie, créer des emplois et améliorer le niveau de vie. »


A la fin  de l’intervention : le silence respectueux, puis soupçonneux qui avait accompagné son discours perdura, puis l’on entendit un premier et timide applaudissement, puis d’autres, enfin toute la salle se mit à applaudir.


« Tous ces costumes qui ovationnaient Thomas Peterffy n’étaient en vérité qu’une belle bande d’hypocrites » qui savaient fort bien que le bordel allait continuer, rien ne pouvant entraver la fuite en avant de machines devenues incontrôlables.


À lire absolument !

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15 juin 2013 6 15 /06 /juin /2013 11:00

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En contrepoint de ma chronique de ce matin, pour les circuits courts je fais court. Je cite une note du Commissariat général au développement durable.


« L’engouement pour les produits agroalimentaires locaux est en partie lié à l’attente de moindres impacts environnementaux de ces formes de commercialisation, et en particulier d’un bilan carbone plus favorable du fait d’une distance parcourue par les produits moins importante. Or, c’est la phase de production qui pèse le plus sur les impacts environnementaux des produits agroalimentaires et notamment sur leur bilan carbone. Ainsi, les moindres distances généralement parcourues par les produits locaux ne suffisent pas à affirmer leur qualité environnementale.


Les avantages de la commercialisation locale consistent davantage en des atouts socioéconomiques : réancrage territorial de l’activité agricole, meilleure valorisation des produits par le producteur, rapprochement entre l’agriculteur et le consommateur, et plus grande implication des acteurs publics et des habitants dans l’agriculture, comme des consommateurs dans leurs choix alimentaires. La consommation locale peut ainsi contribuer à l’alimentation durable. » Le point sur - Numéro 158 - Mars 2013 link


Et pour ceux que le sujet intéresse, et s’ils sont les heureux habitants du Sud-Ouest ils peuvent s’inscrire AUX TABLES RONDES DU DÉVELOPPEMENT DURABLE à  L’ENSAT, le vendredi 18 octobre 2013 de 14H À 17H « UNE ALIMENTATION DE PROXIMITÉ POUR COUPER COURT AUX CRISES ? » avec Yuna Chiffoleau, sociologue à l’INRA, Florence Scarsi chargée de mission politiques d’une alimentation durable au Ministère de l’environnement et Pierre Moureu agriculteur.link

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15 juin 2013 6 15 /06 /juin /2013 00:09

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Les Unes des hebdos nationaux : l’Express, le Point, le Nouvel Obs., Marianne ne sont guère avares de titres chocs pour appâter le client. Bien souvent le contenu des articles n’est pas vraiment à la hauteur des annonces racoleuses.


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La semaine passée Le Point titrait je cite : GRANDES SURFACES LE DOSSIER NOIR L’enquête qui brise la loi du silence


-          Comment elles rackettent les entreprises.

-          Leurs stupéfiantes méthodes pour s’enrichir.

-          Les vrais inventeurs de la malbouffe.


Résultat un petit encadré : Barrages à tous les étages « Au tout début de notre enquête, on nous avait prévenus : « Ce sera comme un film de Tarantino, noir et d’une violence extrême. » On avait souri. Et puis les semaines passant, la réalité a dépassé la fiction. Les fournisseurs petits ou gros, ont certes accepté de nous recevoir, de nous raconter leurs difficultés et les pressions subies, mais pour nous rappeler ensuite et nous demander d’ôter toute référence à leur entreprise. Côté grandes enseignes, surprise, le silence était aussi de mise. Par tradition. Ou par principe. C’est que le Point ne bénéficie pas d’une bonne image chez les distributeurs. Nous ne ferions que les « attaquer ». Quant au Ministre chargé de l’agroalimentaire, Stéphane Le Foll, il n’a pas souhaité nous répondre. »


Tout ça pour ça, tout ce tapage, c’est décevant, pas grand-chose de vraiment nouveau sous le soleil, des généralités, rien qui ne puisse vraiment ébranler la suffisance de la GD et vraiment informer les consommateurs, des bribes, en clair les limites d’un journalisme qui se dit d’investigation mais qui n’en a pas les moyens.


Bien sûr je ne dis pas que tout est bon à jeter. Que les PME soient les otages de la GD ce n’est pas un scoop, même s’il flotte sur ces relations un parfum du syndrome de Stockholm, et que le moins cher du moins cher fait des ravages au plan de la qualité des ingrédients incorporés dans la boustifaille industrielle. « On est face à des acheteurs qui n’ont qu’une chose en tête, le prix. La qualité ils s’en fichent. Du moins, c’est à géométrie variable. Ils nous avaient interdit, il y a quelques années, l’utilisation d’huile hydrogénée, puis l’an dernier, d’huile de palme. Ils voulaient se protéger. Mais ils n’ont pas pris en compte le surcoût du beurre à la place de ces huiles. Ensuite, qu’on utilise de la poudre déshydratée ou de l’eau à la place de la crème pâtissière, ce qui induit jusqu’à 15% d’économies, cela ne les chagrine pas non plus. Ce recours aux produits de substitution, c’est récent. Et cela m’inquiète, on se dirige vers des produits de plus en plus médiocres pour maintenir nos marges. »  

   

Reste Serge Papin, le patron de Système U qui est en train de voler la vedette au roi des médias : le MEL, Michel-Edouard Leclerc le fils de son père. Il met les pieds dans le plat le gars de la Chataigneraie et c’est intéressant, même si Système U, comme Leclerc, ce sont des franchisés qui n’ont pas forcément les mêmes ambitions que le patron du réseau, « La guerre des prix ne profite pas à la consommation : les Français n’achètent pas plus et cette « guerre » détruit de la valeur chez les producteurs, les transformateurs et les distributeurs (…) La loi actuelle permet au distributeur de vendre sans marge. Ce que nous faisons tous pour de grandes marques nationales, comme Nutella, Danone… Mais nous, nous devons conserver une rentabilité à nos entreprises, ne serait-ce que pour payer notre personnel, et ce sont les produits des PME et des agriculteurs qui servent à rétablir l’équilibre. Au nom du pouvoir d’achat et dans une vision court-termiste, le système est en train de sacrifier les PME et l’agroalimentaire français. »


Serge Papin : « Téléphonez moins et mangez mieux! »link


« En raison de la guerre des prix, les enseignes vendent le Coca-Cola sans marge et se rattrapent sur le coco de Paimpol »

BLOG Lu sur Pertes et profits
L'hypermarché fête ses 50 ans : sainte Geneviève, priez pour nous !

"Certains ont la crise de la quarantaine un peu tardive. L'hypermarché fait la sienne à 50 ans. Ce concept inventé par Carrefour le 14 juin 1963 avec l'ouverture d'un premier "grand magasin libre service" à Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne) est en pleine introspection.

Ses contempteurs l'ont enterré, peut-être un peu trop vite. Certains ont tenté de le réenchanter, comme si la grande distribution était un conte de fées. D'autres enfin ont fait comme si de rien n'était, comme si le temps n'avait pas de prise, comme si Georges Pompidou était encore à l'Elysée, la croissance à plus de 5 % et l'essence à moins de 1 franc. Suicidaire.

Même si l'hypermarché n'a jamais été aussi présent dans notre environnement, force est de constater que le chef-d'œuvre de Marcel Fournier, l'un des fondateurs de Carrefour, est en péril. Les plus optimistes se rassurent en constatant que plus de neuf Français sur dix fréquentent une fois par mois un hypermarché. C'est vrai qu'il faut faire preuve de beaucoup de militantisme anticonsumériste pour éviter l'un des 1 900 magasins de plus de 2 500 m2 (selon la définition officielle), qui maillent l'Hexagone. Devenu incontournable, l'hypermarché n'en est pas moins remis en question par une société française qui a subi une profonde mutation depuis les Trente Glorieuses..."



Quelques Chiffres-clés


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Plus modestement le magasine terraeco  www.terraeco.net/ consacrait la même semaine un dossier intitulé « Les hypers en bout de course(s) » une approche plus intéressante que les effets d’annonces du Point.


Quelques croquis intéressants empruntés à terraeco pour vous donner envie d'aller vers des approches plus fouillées... Merci par avance. 


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14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 11:00

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J’aurais dû titrer cette chronique la vie rêvée d’avant. Comme le faisait très justement remarquer très récemment Jean-Marc Brocard, vigneron à Chablis, on parle peu de ceux qui travaillent dans les vignes. L’irruption de la mécanisation qui a allégé la pénibilité du travail n’a pas, comme dans les grandes cultures, rayée dans les vignes celui de la main. Ce matin j’évoque, au travers d’un superbe petit livre de Beppe Fenoglio, Le mauvais sort, publié en Italie en 1954, la vie miséreuse mais fière d’un jeune gagée par son père dans une ferme des Langue. C’est un tableau puissant et sobre de la vie paysanne piémontaise de l’entre-deux-guerres que l’auteur trace avec une écriture simple mais si proche du corps à corps de l’homme avec la terre.


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Une brochure publicitaire note « C’est incroyable comme les Langhe, partie du Piémont qui est comprise entre Asti et Cuneo, ont, en 50 ans changé de visage. Autrefois cette région était un territoire pauvre marqué par la dure vie dans les champs. C'est aujourd'hui une terre prospère où châteaux et bourgs interrompent l’harmonie d’un paysage dessiné par les extraordinaires vignobles du barolo et du barbaresco. (Voir absolument la vidéo).


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Deux passages du roman :


« Pour travailler sous le commandement de Tobia* on y laissait non seulement la première peau mais aussi un peu celle d’en dessous, il fallait se maintenir à leur pas à eux trois*, et ces trois-là marchaient comme trois bœufs sous le même joug.


Si au moins après toute cette peine on avait mangé en proportion, mais chez Tobia on mangeait en règle générale comme chez nous aux jours les plus noirs. À midi come au souper on  nous servait presque toujours de la polenta qu’on parfumait en frottant dessus chacun son tour un hareng suspendu à une poutre par un fil : le hareng n’avait plus figure de hareng, mais nous on continuait à le frotter quelques jours encore, et  celui qui avait le malheur de le frotter plus longtemps qu’il ne fallait, même si c’était Ginotta* qui était sur le point de se marier, Tobia le frappait par-dessus la table, il frappait d’une main pendant que de l’autre il immobilisait le hareng se balançant à son fils »


  • Tobia le fermier de Pavaglione
  • Tobia et ses deux fils
  • Ginotta la fille de Tobia

 

« Le propriétaire de Pavaglione était, et doit encore l’être, un monsieur d’Alba qui avait la plus belle pharmacie de la ville ; certaines fois Tobia allait jusqu’à se vanter lui-même de ce que son patron avait la plus belle pharmacie d’Alba et pourtant quand il parlait de lui il l’appelait patron de merde et lui souhaitait mille morts (…) quand il est venu avec l’un de ses amis qui était aussi d’Alba, un avocat. On était en février et ils avaient parié si la neige partait plus vite au Pavaglione ou à la ferme de l’avocat. Après avoir tout bien regardé ils se sont arrêtés pour goûter, la fermière leur a apporté du pain, du vin et quatre robiole l’une au-dessus de l’autre et ils les ont toutes entamées pour trouver la plus parfumée, mais ils ont fini par les bouloter toutes les quatre. Nous autres dans l’étable, d’étonnement, on s’était arrêtés de tresser les corbeilles pour les couveuses et on restait à la porte de la cuisine à les regarder avec des yeux hors de la tête. »


« Ce n’est rien, ce n’est que le vin qui est allé le toucher au cœur » le titre de ma chronique est une citation du roman, c’est la sœur de Tobia qui la prononce le jour du mariage de Ginotta.


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14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 00:09

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Je ne sais s’il y a une relation de cause à effet entre la publication du rapport Raynaud et ce qui suit, publié hier sur le site Agora Vox le média citoyen. Ce n’est pas une œuvre impérissable mais elle mérite qu’on s’y arrête car ce galimatias est représentatif du point de vue d’une tranche de l’opinion publique sur la consommation du vin qui, ne nous en déplaise, est et reste encore majoritaire. Attention à ne pas nous contenter de vivre dans notre belle bulle de gens du vin, sûrs que nous sommes de la justesse de nos analyses, et de nous contenter de faire des petits moulinets entre initiés qui ne troubleront pas qui que ce soit. Nous avons connus les pigeons, puis les poussins alors les pioupious de l’internet du vin il va falloir ratisser bien plus large que nos copains des réseaux sociaux, dépasser les frontières de notre sphère professionnelle, pour que les gens d’en face, très bien et depuis longtemps organisés, qui ont l’oreille de la presse et des grands médias, puissent ne pas nous lancer avec ironie, comme Staline au Pape, « Combien de divisions ? » Ces derniers temps, l’ami Jacques Dupont, avec son livre Invignez-vous, a fait du bon travail, argumenté, serein, auprès de l’opinion publique. C’est la bonne et la seule voie. Celle du pur rapport des forces joue contre nous. Pour avoir vécu, depuis la loi Evin, la longue période du face à face avec nos copains d’en face j’ai la conviction que tout se joue auprès de l’opinion publique et non entre nous.


Pour en revenir à l’article que l’auteur signe, rien que cela, « message universel » qui est le titre de son blog sous-titré « Et nous ne t'avons envoyé qu'en miséricorde à l'univers » link, nous pouvons estimer que c’est un illuminé sans intérêt mais, sans tomber dans le syndrome du complot, je note que l’article qu’il a publié sur Agora Vox hier l’avait déjà été sur son propre blog le 26 mai 2013. Il y a des concomitances intéressantes même s’il ne faut pas surestimer l’impact d’une telle publication assez confidentielle.


 Je cite :


« Le titre de cet article est inspiré de celui du livre Vin, mensonges et propagande de Bernard Burtschy aux éditions Thierry Souccar faisant visiblement la promotion du vin. Sur la couverture du livre, on peut y lire « les bonnes raisons de boire un peu de vin », « les dessous de la lutte anti-alcool », « quel avenir pour la viticulture ». La suite ICI link

 


 

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