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28 juin 2013 5 28 /06 /juin /2013 12:29

Cher Patrick Böttcher,


M’atteler à une tâche, celle qu’en tant que grand Chambellan de ce vendredi du vin tu nous a confiée,  dont je sais par avance, avant même d’avoir tenté de m’imaginer l’accomplir, qu’elle sera vouée à l’échec, me plonge dans une forme profonde d’attrition créative.


Qu’est-ce donc que ce jargon ?


Rien d’autre que l’envie de faire semblant de me coltiner cette tâche pour mieux me laisser-aller à emprunter l’un de ces chemins de traverse que j’aime tant en espérant arriver à l’endroit où toi tu nous as dit d’aller.


C’est clair comme du jus de boudin, mais le boudin est si  injustement décrié par les vegan que cette image me va comme un gant en peau de porc.


Donc, permets-moi Patrick de commencer ce périple en évoquant les mammas « Oh, les mammas sont nos pires ennemies. Ces mammas siciliennes qui font des fils et ensuite les avalent. » écrivait le sicilien Brancati dans son roman les Années perdues publié en 1941 alors qu’avant lui, le pur et austère sarde, Gramsci répondant à sa mère qui s’inquiétait de sa santé écrivait « Oh ! ces mammas, ces mammas ! Si le monde était resté entre leurs mains, les hommes vivraient encore à l’intérieur des cavernes, vêtus seulement de peaux de bouc. »


« Les mammas sardes sont maigres, sèches et silencieuses. Elles ne crient ni ne pleurent. Elles se tiennent droites sur leur seuil, à l’image des blocs de granit qui scandent leur horizon. Rien de l’affalement bruyant ni de la redondance sentimentale de leurs consœurs siciliennes. »


Ce figlio di mamma « tant qu’il n’est pas marié (…) reste chez ses parents, où il se fait servir en tout repos de sa conscience. J’ai vu (c’est Dominique Fernandez le narrateur qui l’écrit dans Le voyage d’Italie *) des gaillards de trente ans, sans travail, sans occupation, attendre tranquillement que la mère ait mijoté les plats du déjeuner (toujours compliqués, même la simple pasta, à cause de la sauce tomate qui doit être faite à la maison : gare à celle qui oserait la sortir d’une boîte !) puis mis le couvert, s’attabler et manger à leur aise, retourner ensuite s’asseoir dans un coin de la pièce pour digérer, pendant qu’elle emporte les assiettes et lave la vaisselle. Jamais il ne leur viendrait à l’idée de prêter main-forte, de rendre tant soit peu de cet aiuto dont ils quémandent sans cesse les bienfaits. L’homme n’entre pas dans la cuisine : de cet axiome dont il a fait un des articles de son code d’honneur, le Latin se sert pour se tenir à jamais exempt des corvées ménagères. »


Bien sûr, j’entends déjà nos amies féministes, emmenées par Sandrine Goeyvaerts, aiguiser le fil de leurs longs couteaux pour couper court à cet insupportable machisme mais je les supplie de les rengainer car cette évocation n’avait que l’humble ambition, cher Patrick, de vanter la naturalité de la sauce tomate des mammas italiennes qui accompagne une belle platée de pasta.


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Après ces pertinentes références, je me suis imaginé face à un plat de spaghettis fumants et, dans ma petite Ford intérieure, je me dis vais-je manger ces spaghettis comme Alberto Sordi ?


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Là je sens Patrick que tu perds pied et pour te sauver d’une hydrocution mal venue je me permets de faire un petit retour en arrière : octobre 2008, je lisais alors le beau roman de Sandro Veronesi «Chaos calme» chez Grasset (Prix Méditerranée et Nanni Moretti en a fait un film) et, l’effet madeleine de Proust, avait  joué. Si vous voulez savoir pourquoi allez ICIlink .


Patrick puisque je t’ai lancé une bouée ne perd pas le fil de mes divagations qui doucement nous mène à pied sec au port. Juges-en par toi-même en lisant ce qu’écrivait Sandro Veronesi.


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« Ah ah !  Ça y est ! crie-t-il à travers la porte. Trente seconde de plus et ils n’étaient plus du tout al dente.


Par la porte arrive le bruit des opérations qu’il accomplit, si net et précis qu’il me semble voir la scène : les spaghettis qui tombent dans la passoire, la casserole posée dans l’évier, les spaghettis qui tombent dans la passoire, la casserole posée dans l’évier, les spaghettis bien égouttés, transvasés dans la poêle avec la sauce et repassés sur le feu resté allumé. Et il y a maintenant un fumet de sauce tomate qui arrive de la cuisine, me chatouille les narines et sort par la fenêtre, si intense et si délicieux qu’il me semble le voir lui aussi – sous forme d’épais nuage comme dans un dessin animé. »


« Il attaque ses spaghettis bille en tête, à croire que son temps est compté. Il ne les enroule pas : il les fourre dans sa bouche comme si c’était du foin, et avec sa fourchette, il se contente de les accompagner au fur et à mesure qu’ils montent. Ça aussi c’est romain, une saine façon de manger populaire – incarnée par Alberto Sordi aux prises avec des macaronis – qu’ici à Milan on prend pour une absence de bonnes manières. »


« Ce n’est pas bon pour vous de ne manger que des sandwiches, vous savez ? Une belle assiette de pâtes al dente, avec de la tomate fraîche et un filet d’huile, est beaucoup plus indiqué pour la santé. »


Il remplit les deux verres de vin, à ras bord, comme à la campagne.


« Goûtez-moi ça. Ce n’est pas un grand cru, mais c’est un bon petit vin pas trafiqué. »


Il me tend un verre, prend le sien, le lève.


« Santé. »


Il boit une gorgée franche, décidée, et vide la moitié de son vin. J’en bois moins. C’est un de ces vins forts, âpres dont on ne comprend pas s’ils le sont par hasard ou de façon délibérée


« Il vous plaît ?


-         Oui. Il est bon.


-         Frascati. C’est ma sœur qui me l’envoie, de Velletri. Qui me l’envoyait : dorénavant, j’irai le chercher moi-même. »


« Un bon petit vin pas trafiqué… » ça doit te plaire mais, pas sûr, cher Patrick, qu’il existât un Frascati nature ?


Donc en attendant de trouver la perle rare, puisque nous sommes à quelques encablures d’un Tour de France qui a pris la mer – je n’ai pas osé écrire a pris l’eau – pour partir de Porto-Vecchio en Corse, une Grande Boucle qui reste populaire, en dépit des « pots belges » modernes, aussi bien dans la Péninsule que dans le Plat Pays, j’ai  décidé, toujours pour te faire patienter, d’évoquer l’Ange de Coppi.


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C’est un livre d’Ugo Riccarelli chez Phébus qui exalte la beauté des athlètes qui avaient du sport la plus haute idée, pour pousser le bouchon au plus loin des athlètes nature !


Me suivre peut paraître une forme absolue du non-sens mais, si tu te laisses aller Patrick tu  ne pourras que constater que nous allons bien au contraire dans le bon sens et le bon sens ne saurait mentir comme dirait Lance Armstrong et Bernard Tapie réunis (ce dernier a fait aussi dans le genre avec La Vie Claire une chaîne de magasins bio)


« Ce soir-là, Biagio Cavanna l’aveugle, et ses mains de magicien vint les rejoindre. « Ils se saluèrent chaleureusement, prenant toujours bien garde de ne jamais évoquer les histoires extra-conjugales de Fausto avec la signora Giulia, la Dame blanche. Ettore Milano était là lui aussi et ils discutèrent ensemble des projets futurs, de la belle journée qui s’annonçait et, d’ici peu, du voyage en France pour les Six jours de Paris.


Coppi guida Cavanna jusqu’à sa chambre . [...]


Cavanna avait le sourire de celui qui voit, de celui qui peut tout distinguer à partir d’une pensée.


-          Les diables sont des anges déchus, dit-il au Champion, ce sont des êtres qui errent sans paix de par le monde. Et celui-là, c’est sûr, a hâte de retourner par le monde. Et celui-là c’est sûr, a la hâte de retourner d’où il vient. Il ne peut pas courir, il veut fuir. Tu t’es mesuré à tant d’autres diables, tant d’autres démons. Louison Bobet, Koblet, Trompe-la-Mort (surnom de Robic), Magni. Tu te souviens de Van Steenbergen ? Ou de Gino, le maudit Toscan, et de Ferdi Kübler, rejeté dans le décor sans qu’il ait le temps de dire amen ? Rappelle-toi Archambaud, des minutes que tu sas mises dans le nez, et de tous les autres qui restent sagement alignés derrière ta roue. Laisse tomber, Fausto, celui-là a un autre destin, il s’en fiche de courir, il veut fuir. »


Avec Fausto, nous sommes loin des bodybuildés à l’EPO, tiroir-caisse sur 2 roues, mais c’était bien joli de batifoler ainsi avec les forçats de la route, je devais partir déjeuner avec Fleur chez Simone fille du vent. Je posai donc mon ouvrage pour me rendre chez Simone qui est à deux pas de chez moi. C’est un caviste nature de chez nature qui vient avec des associés d’ouvrir un resto à côté au 33 Bd Arago. J’y ai déjà becté le soir de la fête de la musique avec mon ogresse préférée. J’arrivai cool Raoul chez Simone avec une bouteille sous le bras pour dégustation impromptue et je m’installais en commandant un verre de Puzelat.


La suite, cher Patrick, fut ce que le Taulier adore par-dessus tout : un enchaînement indescriptible de circonstances étranges et heureuses qui m’ont apporté sur un plateau, sans le moindre effort, tel Salomé recevant la tête de saint Jean-Baptiste, le fameux vin nature italien que tu appelais de tes vœux. La chance ne sourit pas qu’aux audacieux, elle n’a aucune pudeur à venir draguer des gars comme moi qui ne savent rien faire de leurs dix doigts. Ça en est honteux mais j’avoue que j’aime ça. J’en jouis sans retenue ni honte bue.


Le résultat est là. Un pur vin de Sicile recommandé par mes amis de la cave SIMONE. Pas encore bu mais suivant le bon vieil adage de mémé Marie la bonne viande on la trouve chez un bon boucher.


A bientôt Patrick pour une virée chez Cantillon.


Sincères amitiés.


Jacques

 


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28 juin 2013 5 28 /06 /juin /2013 00:09

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Cette chronique du 28 juin 2013 je la remets en ligne en hommage à Denis Dubourdieu qui vient de nous quitter. Je m'incline devant la peine et la douleur de sa famille et de ceux qui lui étaient chers. Je leur présente mes plus sincères condoléances.

 

Le 14 novembre 2008 il avait eu l’amabilité de répondre à mes « 3 mêmes questions à Denis Dubourdieu un œnologue de référence » ICI

 

Longtemps je me suis demandé si j’allais titrer cette chronique : « Denis Dubourdieu l’Extravagant »link mais au dernier moment j’ai préféré laisser de côté ce qui aurait pu être perçu par les non-initiés comme une provocation, alors que ce n’aurait été qu’un clin d’œil à l’une de ses belles réalisation, pour m’en tenir, pour une fois, à une formulation simple.

 

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Dubourdieu « Il n’y a ni Dieu ni bourg là-dedans » comme le dit avec humour le titulaire du patronyme. En effet, « le bourdieu est une propriété qui appartenait à quelqu’un de Bordeaux, selon les savants géographes bordelais, René Pijassou et Philippe Roudier. Du Bourdieu désignait quelqu’un d’une telle propriété sans savoir s’il y taillait la vigne ou s’il en était propriétaire. Les bourdieu sont les ancêtres des crus. »

 

Bonne origine ne saurait donc mentir le CV de Denis Dubourdieu est dense et riche : œnologue, chercheur et professeur d’université directeur de l’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin, consultant et vigneron mais je dois avouer que c’est sur cette dernière facette que l’homme se révèle passionnant car ses attaches terriennes et familiales donnent à ses réponses une belle chaleur et une vraie sincérité.  « Celui qui peut, agit. Celui qui ne peut pas enseigne. » G.B.Shaw.

 

En effet je dois avouer que je préfère lorsque Denis Dubourdieu nous parle de sa grand-mère maternelle Jeanne Masencal plutôt que de l’élevage du sauvignon sur lie ou de la fermentation en barriques. Ceci souligné j’ai tout lu avec beaucoup d’attention et j’ai en partie comblé mes immenses lacunes dans les domaines de l’art du vin, surtout pour ce qui concerne la pourriture noble « En quoi réside notre savoir-faire pour obtenir une pourriture noble rapide et précoce ? (ndlr celle qui favorise l’explosion du fruit et non la seule concentration en sucre). Il n’y a pas de secret. C’est simplement en pratiquant la viticulture la plus traditionnelle qui soit, celle de mes grands-pères et  de mon père, ni plus, ni moins. C’est en ayant cette passion folle, ruineuse, du sol extrêmement bien travaillé qui, dès le printemps, amorce la précocité du  cycle de la vigne. Nous sommes certainement les seuls crus de Barsac qui travaillons l’intégralité de nos sols à la charrue, l’intégralité ! Aucune parcelle n’est désherbée chimiquement ou enherbée, aucune ! Ce sol de Barsac, à la fin du mois de février, est d’un beige grisâtre, battu par les pluies de l’hiver mais quand le labour le retourne, il devient tout d’un coup magnifique ; il prend la couleur fauve d’une robe d’alezan ou de setter irlandais. A ce moment-là, toute la chaleur des premiers rayons de mars vient s’y emmagasiner. Cette forte évaporation le ressuie par le haut ; les racines se réchauffent, la vie débute… »

 

Là je comprends, je retrouve mes racines si je puis m’exprimer ainsi. Mais, comme je suis un petit  chroniqueur qui aime bien mettre les pieds dans le plat, je ne puis m’empêcher de citer le Denis Dubourdieu qui ne va guère plaire aux adorateurs des vins nus « Mais que de bêtises entend-on dans ce métier ! Que de vins sans finesse, que de grossières caricatures, justifiés par des argumentations simplistes, retiennent l’intérêt de certains critiques : vins ni collés ni filtrés, vins naturels, vins sans sulfites, vinifications intégrales, élevage des vins rouges sur lies, cuves ovoïdes, champ telluriques dans les caves…, etc. Je me suis toujours demandé si les gens qui racontent ces âneries y croient ou s’ils pensent que le public est tellement naïf qu’on peut lui faire avaler n’importe quoi. » J’adore les ânes Denis Dubourdieu et j’écris tellement d’âneries que je suis sans aucun doute un bon public mais, à mon âge, on se refait pas et je reste totalement allergique aux exercices dégustatifs entre grands amateurs. L’émotion du vin ne passe pas par ce vocabulaire qui n’évoque rien pour moi. Sans doute en écrivant cela je n’arrange pas mon cas mais il n’empêche que ma sensibilité n’en est pas moins exacerbée que celle des susnommés.

 

Mais laissons là les sujets qui fâchent et revenons à Jeanne Masencal qui a régalé Denis et ses parents lors des déjeuners dominicaux et repas de fête à Cantegril. « Toute la bonté et la générosité de Jeanne s’exprimaient dans sa cuisine. Avant  de se mettre au fourneau, point n’était besoin pour elle d’aller au marché ou si peu. Il y avait presque tout à Cantegril ; on aurait pu tenir un siège. Un potager admirable donnait à profusion légumes et petits fruits ; la basse-cour ne fournissait pas seulement de poulets et des œufs, mais aussi dindons, pintades, canards et pigeons. Il y avait une dizaine de clapiers et, évidemment, un parc à cochon. Le verger comptait toutes les vieilles variétés de pommes, poires, pêches, abricots, prunes, cerises, noix et noisettes. Les confitures, gelées et fruits à l’eau de vie étaient millésimés et mis en bocal au château. Jeanne ne se contentait pas de régner sur cet empire domestique, elle en assurait, pratiquement seule, l’entretien, non par seul souci d’économie mais pour le plaisir d’offrir à ceux qu’elle aimait, le fruit de son travail. Des nécessiteux de sa connaissance et même des vagabonds de passage profitaient de ses dons. Cantegril, c’était alors, à la fois, la banque alimentaire et le « resto du cœur » mais 3 étoiles. Qui  ferait cela aujourd’hui ? […]

 

Et Denis Dubourdieu se souvient « des menus pantagruéliques de Cantegril et des plats savoureux de ma grand-mère. Il y avait les pâtés de porc et les galantines de volaille, le lapin en gibelotte aux petits oignons ou à la persillade, les civets de lièvre, la poule au pot et son bouillon, les escargots ramassés après les pluies d’orage et préparés au hachis de jambon, les volailles à la broche et à la « tue cochon », des boudins incomparables et des « costillons » (petites côtes) à se damner. Et puis les petits oiseaux en brochettes ou confits, les grives de vendanges grillées sur les braises de sarments de vigne. Je me souviens aussi, avec l’eau à la bouche, d’autres plats que je dégustais plutôt chez mes parents : le perdreau au verjus, la bécasse rôtie flambée à l’armagnac dont la saveur unique défie la description, la lamproie au vin rouge ou au barsac confectionnée selon la recette de ma mère toujours inégalée. A la table de la grand-mère maternelle de Florence (ndlr l’épouse de Denis Dubourdieu), j’ai savouré la palombe rôtie flambée au lard, gibier tenu pour « sec dans ma famille et pourtant onctueux lorsqu’il est accommodé ainsi ; étonnement, c’est aussi dans ma belle-famille que j’ai  découvert l’alliance magique des vins blancs liquoreux et de l’alose grillée entière sur les sarments entre des feuilles de laurier sauce. Ce mariage parfait, je le célèbre encore moi-même, à Reynon, chaque année à la saison, en servant nos vins de Barsac sur l’alose grillée par mes soins. »

 

Vous allez me dire que je n’ai guère parlé vin. Normal, m’aventurer sur ce terrain eut été bien présomptueux de ma part. Le mieux que vous puissiez faire si vous souhaitez mieux connaître et Denis Dubourdieu et ses vins c’est de faire l’acquisition, dans la collection Autour d’une bouteille avec, du livre de Gilles Berdin « Denis Dubourdieu l’œnologie dans tous ses états » chez Elytis 16€. Enfin, pour clore cette chronique,  à l’heure où je l’écris, l’ensemble des 130 ha des propriétés de Denis Dubourdieu termineront leur conversion en Agriculture Biologique. « Par réflexe de survie, d’une prise de conscience, certes tardive, des dangers des pesticides pour nous –mêmes et notre environnement. Risques sous-estimés par l’administration mais inquiétants pour le consommateur. »

 

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27 juin 2013 4 27 /06 /juin /2013 11:00

Jean Natoli l’auteur du « Guide pratique du Vin bio » Réussir sa conversion bio chez Dunod a eu la gentillesse de me faire parvenir son ouvrage. Je l’en remercie mais c’est, mon cher Jean, comme on dit dans la langue populaire, offrir de la confiture à un cochon. Mon bagage technique en toute chose, et dans le vin plus encore, n’est même pas un balluchon, il a l’épaisseur du papier à cigarette Riz-la-Croix. Donc, hormis la partie réglementaire, passe très au-dessus de ma pauvre tête de chroniqueur. Tout ça pour vous dire que je ne me suis pas lancé dans la lecture de ce Guide Pratique du Vin Bio.


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Comme le disait fort à propos ma mémé Marie : « la bonne viande on la trouve chez un bon boucher ». Ce sage et judicieux précepte je l’applique à Jean Natoli, ingénieur agronome et œnologue conseil, et à son ouvrage : vous pouvez donc lui faire confiance c’est un professionnel du vin sérieux, ouvert, courtois, qui n’étale pas ses certitudes, ne joue ni à la star ni  au gourou. C’est homme de l’art c’est-à-dire un praticien qui tente d’expliquer et de faire comprendre ce que fait la main.

    

« Réunir ces informations, les traiter, les ordonner a été un travail long et enrichissant, y compris pour un œnologue consultant auprès de nombreux domaines en agriculture biologique et lui-même producteur bio.

On apprend chaque jour et c’est passionnant »


J’apprécie cette humilité non feinte de Jean Natoli.


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27 juin 2013 4 27 /06 /juin /2013 00:09

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J’avoue, sans aucune honte  que bue, que pour bien appréhender ce que représente la Chine pour la planète vin, il vaut mieux se rendre place des Etats-Unis au siège du groupe Pernod-Ricard pour rencontrer son DG Pierre Pringuet que d’aller dans les soupentes de Vinexpo pour entendre des soi-disant experts brasser des idées reçues.


Bien avant ce grand débat de la RVF à  la française sur le « péril jaune », sous des trombes d’eau – j’espère que vous noterez l’à-propos de mon propos – je me suis rendu dans le bureau de Pierre Pringuet pour qu’il m’explique la stratégie du groupe « Capturing the wine opportunity in  Asia »


Un petit rappel pour mieux resituer Pernod-Ricard dans le monde du vin. Au fil de ses acquisitions, en 1989, Jacob’s Creek en Australie, en 2005 avec le portefeuille d’Allied Domecq’s : Campo Viejo dans la Rioja, Stoneleigh et Brancott Estate en Nouvelle-Zélande et Graffigna en Argentine, de son désengagement en France avec la vente de la SVF à Pierre Castel link, le groupe Pernod-Ricard est devenu le n°4 de la vente de vins tranquilles dans le monde. S’ajoute à ce portefeuille, en France, le Cognac Martell et les champagnes Mumm et Perrier-Jouet.


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D'après les simulations du groupe, Pernod Ricard était en 2011-2012 le premier opérateur asiatique de spiritueux occidentaux (concentrant 13 % des parts de marché). Entre 2002 et 2012, les ventes de vins et spiritueux du groupe ont été multipliées par 7 en Asie, alors que le groupe considère toujours « que le potentiel de développement asiatique est encore important ». Les ventes des cognacs Martell y soulignent ces tendances, comme les vins premium (+17 % en Asie).


Mais comme le note le Monde, en Chine « Près des deux tiers de l'activité proviennent de l'engouement des Chinois pour le cognac en général, et ses déclinaisons les plus luxueuses en particulier. Viennent ensuite les whiskys. La vodka et les vins – moins de 10 % des ventes en volume – sont considérés comme des relais de croissance.


En effet, « depuis fin 2012, le français a dû reconnaître que le marché chinois des alcools montre des signes de ralentissement. Une baisse de régime confirmée lors du Nouvel An chinois, moment privilégié des banquets et autres échanges de cadeaux. Les directives du nouveau gouvernement, soucieux de limiter les signes ostentatoires de richesse, couplées à un ralentissement de la croissance du pays ont un impact sur les ventes de cognac ou de whisky. Le très haut de gamme étant le plus touché. »


Sur les neuf premiers mois de l'exercice 2012-2013, « la croissance du chiffre d'affaire du groupe s'est ralentie (avec 6,65 milliards d'euros, + 4 % par rapport à la période précédente. Les marchés émergents marquent cependant un net coup d'arrêt dans leur développement (+10 %). L'Asie représente actuellement 40 % du chiffre d'affaires du groupe (la France en représente moins de 8 %). Le chiffre d'affaires en Chine du groupe affiche une hausse importante (+10 %), mais cette croissance est principalement due aux bons résultats du premier semestre. Les ventes ont été particulièrement décevantes durant le Nouvel An Chinois, restant stables par rapport à l'an passé. »


« Mais Pierre Pringuet, le patron de Pernod Ricard, en est sûr : le marché chinois des vins et spiritueux reste un territoire de conquête… »


Pierre, très pédagogue comme au temps de nos séminaires de cabinet à Conflans-Sainte-Honorine, a fait défiler sur une tablette ce qui fonde cette stratégie de conquête. Je vous propose donc de faire la même chose.


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26 juin 2013 3 26 /06 /juin /2013 11:00

Sur Face de Bouc il est interdit de montrer ses seins, même Pascal Simonutti, qui pourtant « s’en bat les couilles »ICI link  a dû planquer ceux forts beaux de Brigitte Lahaie link 


Votre Taulier qui n’a pas peur des mots, surtout lorsque ce ne sont pas des gros mots mais des mots qui veulent dire très exactement ce qu’ils désignent, vous propose cette petite histoire glanée dans mon beau milieu de grands ingénieurs – dont certains savent manier l’autodérision – et que je trouve particulièrement savoureuse.


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« Quand la vérité sort de la bouche des enfants ! Les gens trop érudits manquent parfois d'humilité.


Un jeune ingénieur fraîchement diplômé se retrouve dans le train assis à côté d’une petite fille.  

   

L'ingénieur dit à la petite fille :


-          Il paraît que les voyages passent beaucoup plus vite si on parle avec quelqu'un.


La petite fille le regarde et dit :


-           D'accord, de quoi voulez-vous qu'on parle ?


L'homme fanfaronne :


-           Et si on parlait de physique nucléaire ?


La petite fille lui répond :


-           D'accord, mais avant, écoutez-moi bien.


Un chevreuil, une vache et un cheval mangent tous de l'herbe.

Pourtant le chevreuil fait des petites crottes, la vache fait des bouses plates et le cheval de grosses boules.

Comment expliquez-vous cela ?


L'ingénieur pantois, réfléchit un instant puis doit avouer :


-          Ma foi, je ne saurais l'expliquer.


Alors, maligne et ironique, la petite fille lui dit :


-           Comment voulez-vous que je vous explique la physique nucléaire si vous ne maîtrisez même pas un petit problème de merde ? »

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26 juin 2013 3 26 /06 /juin /2013 00:09

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Je n’étais pas présent à ce débat et je m’en tiens au compte-rendu paru en ligne publié sur le site de la RVF. Je ne sais si celui-ci reflète très exactement de la tonalité du débat ou si le sensationnel a été privilégié par la rédactrice de l’article Florentine Mähler-Besse mais, dans la mesure où le compte-rendu est publié par l’organisateur du débat la RVF, je suppose que le choix a été fait de mettre en avant les saillies dont je n’apprécie ni le ton, ni le fond. J’étais prévenu que « le ton était tranché et sans langue de bois » mais je ne m’attendais pas à un tel degré d’agressivité et à un tel niveau  de suffisance. Avec de tels propos nous nous caricaturons, dressés sur nos petits ergots, arrogants et suffisants.  


La palme de la suffisance revenant à M.Poëls qui après 3 petits séjours en Chine, pays qui comme chacun le sait est grand comme un mouchoir de poche, délivre des jugements sans nuances qui font les intertitres de l’article  « AUCUN CHINOIS NE RÉCLAME DU VIN AU RESTAURANT » et « JE SUIS TOMBÉ SUR DES VINS IMBUVABLES ». Quand à Stéphane Derenoncourt il fait du Stéphane Derenoncourt « ILS NE SAVENT MÊME PAS CE QU’ILS VENDENT ! » et « Je n’ai personnellement pas envie de voir certaines appellations bordelaises se transformer en Chinatown ». Sous de telles affirmations péremptoires et agressives qui, je ne le nie pas, recouvrent bien sûr des réalités, on sent poindre notre goût immodéré à donner des leçons à la terre entière.


Ce qui est stupéfiant c’est qu’à l’origine l’intitulé du débat était : « France/Chine : avons-nous le même goût ? » et que très vite il ait glissé vers des jugements de valeur tant sur le consommateur chinois lambda et bien évidemment sur la capacité des chinois à produire sur le sol des vins… dit de qualité. Tout cela relève d’une grande confusion, une totale méconnaissance du marché du, des vins, comme si celui, dit des Grands Vins, constituait l’enjeu des temps à venir. Bref, même causes mêmes effets nous avons l’art de répéter les mêmes erreurs d’analyse qu’au tournant du siècle face à l’irruption des vins dit du Nouveau Monde. Certains, réfugiés dans leur tour d’ivoire, ou d’autres craignant de perdre la main, adoptent le ton de Mélenchon ou de Montebourg pour aborder des sujets importants comme s’ils avaient peur d’affronter la réalité d’une Chine grande puissance qui bien sûr peut être perçue comme une menace mais qui, dans le domaine du vin, est pour nous Français une opportunité à saisir.


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Sans vouloir ironiser pendant que la RVF plaçait le sieur Jérôme Despey, illustre inconnu au-delà de nos frontières nationales, en tête de ses personnalités influentes du monde du vin en notre vieux pays qui se vit comme un grand pays du vin, Decanter plus au fait des réalités mondiale du vin plaçait lui un certain Pierre Pringuet, illustre inconnu en France tout DG du groupe Pernod-Ricard qu’il soit, sur la première marche du podium. Ce dernier m’a reçu la semaine passée pour m’expliquer en quoi, pour son groupe, très bien implanté en Chine, le vin constituait un relais de croissance. Bien sûr il s’agit de vins australiens vendus sous la marque Jacob’s Creeks, donc pour M.Poëls et Stéphane Derenoncourt des vins sans pedigree donc indignes de leur intérêt et pourtant ce sont eux qui s’imposent et vont s’imposer dans le cœur du marché chinois naissant de cette nouvelle classe moyenne. Ces consommateurs qui boivent « du thé à table, puis éventuellement du baijo, un alcool local qui titre 40° » et qui ne réclament pas spontanément du vin au restaurant, entreront dans l’univers du vin par cette misérable petite porte, et n’en déplaise au sieur Poëls entameront ainsi leur apprentissage du vin et nourriront ensuite leur culture du vin.


Quant à la qualité des vins chinois je me permets de vous renvoyer à un article de Jérôme Baudouin paru  dans la RVF en juin 2012.


Voici le début « Emma Gao hier, Pernod-Ricard aujourd’hui. Deux mondes, deux visions de la viticulture. Et pourtant, ils semblent si proches. Le n°1 mondial des spiritueux et la jeune œnologue ont en commun d’appliquer des méthodes occidentales pour élaborer leurs vins. Et chacun dans son genre, avec son expérience et ses compétences, tire le meilleur de ce que la vigne peut offrir sur cette terre du Ningxia.


Cela peut paraître paradoxal qu’un géant comme Pernod-Ricard puisse rivaliser avec la jeune Emma. L’idée me saute aux yeux dès que je serre la main de Brett Richardson, le directeur technique de Helan Montain, le vignoble que Pernod-Ricard a mis en place au sud de yinchuan, et de Craig Grafton, le winemaker du domaine. Deux Australiens arrivés tout droit de Jacob Creeks, l’emblématique winery australienne de Pernod-Ricard, qui depuis cinq ans mettent en musique les vins d’ici. Les Australiens sont les maîtres de l’irrigation, ce n’est donc pas un hasard si Pernod-Ricard a confié les rênes du projet à ces deux Aussies […]


Voici la conclusion « On est très loin des vins "bodybuildés" auxquels on s’attendait un peu. Pour ne pas qu'ils soient trop marqués par le bois, Craig Grafton vinifie les vins dans des barriques d’un vin et ne fait venir ses fûts que de la tonnellerie François Frères, en Bourgogne. Ses vins sont irréprochables. Certes, ils manquent de profondeur et de tension, mais quand on voit les vignes, on comprend que Pernod-Ricard donne le ton et montre le potentiel que l’on peut tirer de vignes irriguées non loin du lit du Fleuve Jaune. »


Le tout est ICI link 


Par bonheur dans ce débat il n’y eut pas que des outrances tels les propos de Mei Hong « une jeune femme polyglotte installée en Bourgogne où elle achète des vins destinés au marché chinois. Dans un français parfait, Mei Hong a rappelé que la découverte du vin était un phénomène récent en Chine et elle a encouragé les Européens à partir aider ses compatriotes à parfaire leur connaissance et leur goût du vin. » ou ceux tenus par un disciple de Denis  Dubourdieu : Axel Marchal, docteur en œnologie et chercheur à la faculté de Bordeaux, qui « a ramené le débat sur le terrain du goût, évoquant les différences dans le ressenti qui séparent Français et Chinois. » Vous lirez leurs propos ICI link


J’invite les brillants esprits cités à lire l’excellent livre de Zeng Ruolin « Les chinois sont des hommes comme les autres »link et à consulter Carte des vins au restaurant LAN à Beijing (1) link et (2) link de juillet 2008 pour inciter ceux qui se disent journalistes à aller enquêter sur le terrain des tables chinoises plus ordinaires au lieu de pérorer sur les estrades de Vinexpo.


Enfin demain « Le vin relai de croissance en Chine pour Pernod-Ricard » sera sur mes lignes.


En conclusion une petite question révolutionnaire dans le style Mao-Spontex « y font quoi ceux qui ne font pas de l’argent ? »

 

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25 juin 2013 2 25 /06 /juin /2013 11:00

Notre homme se cache derrière un pseudonyme car il est connu comme le loup blanc de tous les bobos de Paris, plus particulièrement les addict de Télérama. C’est un virtuose qui allie talent d’écriture, sensibilité exacerbée, pertinence de ses accords les plus inattendus, finesse de ses références politiques et une culture encyclopédique. Il adore Paris, aiment les jolies femmes et le divan.


J’invite tout particulièrement, celles et ceux  de mes confrères blogueurs s’intéressant à la table, à se pencher sur ce texte d’une profondeur abyssale afin d’affiner leur style et renouveler un genre qui a tendance à se cantonner dans les clichés, Instagram tout particulièrement. Excellente lecture et, si vous découvrez qui s’est glissé dans les oripeaux de ce critique gastronomique d’un autre type rien ne vous interdit de le révéler aux lecteurs du Taulier.


La critique ci-dessous concerne le restaurant Villa Nova de Fabrizio situé dans la Seconde Avenue de la Grosse Pomme.


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« Chez Fabrizio, la touche artistique réside dansle poulet désossé à la Parmigiana de Spinelli. L’intitulé est au deuxième degré, puisqu’il a fourré le poulet de petits os supplémentaires, comme pour signifier que la vie ne doit pas être consommée trop vite ou sans précaution. L’obligation d’ôter constamment de petits os de sa bouche et de les déposer sur l’assiette donne au repas une sonorité mystique. On est obligé alors d’évoquer Webern qui semble ressurgir à tout instant dans la cuisine de Spinelli. Robert Craft, parlant de Stravinsky, suggère un intéressant rapprochement entre l’influence de Schoenberg sur les salades de Spinelli, et l’influence de Spinelli sur le Concerto en pour cordes de Stravinsky. À cet égard, le minestrone est un superbe exemple d’atonalité. Accompagné tel qu’il est de croûtons aillés et de petits morceaux de légumes, le dîneur, quand il le boit est obligé de faire des bruits harmonieux avec la bouche. Ces accords sont disposés selon un rythme précis, et se répètent dans un ordre immuable. La première  fois que j’allai chez Fabrizio, deux clients, un jeune garçon et un gros homme, mangeaient leur soupe à l’unisson, et l’émotion fut telle qu’ils reçurent une vibrante ovation. Comme dessert, nous eûmes des tortoni, ce qui me rappela cette remarquable phrase de Leibnitz : « Les monades sont des fenêtres. » Quelle lucidité ! Les prix chez Fabrizio, sont, ainsi que me le dit un jour Hannah Arendt, « raisonnables sans être historiquement inévitables ». Je souscris à ce jugement. »


3 notes en bas de page :


1-      « La pasta, en tant que mode d’expression du néo-réalisme italien, est bien mise en valeur par Mario Spinelli, le chef de chez Fabrizio.


2-      Spinelli a milité des années durant dans les rangs du Parti communiste italien, et s’est révélé par l’inclusion subtile dans ses tortellini.


3-      C’est grâce à Spinelli que la Cour Suprême déclara solennellement que « les hors-d’œuvre ont droit à une protection totale en vertu du Premier Amendement. »

 

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25 juin 2013 2 25 /06 /juin /2013 00:09

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Votre Taulier qu’a du nez sauf pour déguster a publié le 27 mai un Avis aux vignerons et au restant de la population sous la forme d’une interrogation : 2013 une année sans été ? link 


Le premier jour de cet été fut potable, j’ai même pu dîner dehors chez Simone avant d’aller me dévergonder au bar 61 sur le bassin de la Villette.link


Depuis lors, sans me peler vraiment les glaouis, je n’ai pas non plus très envie de me balader en Marcel sur ma flèche d’argent pour sillonner un Paris où les belles qui ensorcellent restent emmitouflées sur les terrasses tels des oisillons frigorifiés.


Que faire comme s’interrogeait Lénine ?


Toujours faire face, ne jamais se laisser abattre, ce qui se traduit par l’irrépressible envie de retrouver les goûts du Sud en se réconfortant le corps.  Alors sans hésiter je sors mes Pieds Paquets.link


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Je rassure tout de suite les petites louves qui adorent se promener en repettos en hiver et en Uggs en plein été, sortir ses pieds paquets n’est pas la nouvelle tendance lancée par un styliste allumé qui fume la moquette.


Non, jeunes filles en fleur, c’est du vieux et c’est du lourd puisque la première trace des Pieds Paquets – pas mal non – remonte à 1476 au dîner offert par les chanoines de St Trophime d'Arles pour les funérailles de leur confrère Étienne Roberti. Ils sont apparus la première fois dans les recettes du livre de Clément Marius Morard en 1888 et leur réputation grandissante fera écrire à Blancard peu avant les années 1930 qu'ils sont « presque aussi renommés que la Bouillabaisse » marseillaise.

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Comme du côté de Marseille on galèje grave il se dit qu’un cuisinier dénommé Ginouvès aurait élaboré la recette au XIXe siècle, dans le quartier de « la Pomme », en s’inspirant de la panse farcie écossaise et des tripes à la mode de Caen. Même si cette référence à « la panse de brebis farci » me plaît assez car le sketch succulent de Jacques Bodoin qu’il ne faut pas confondre avec notre Patrick qui lui est Baudouin. (Voir vidéo).


Plus sérieusement, du côté des abattoirs de Sisteron réputés pour ses agneaux, il se raconte que ce sont des chevillards astucieux qui auraient créé ce délicieux ragoût pour ne pas gâcher les abats délaissés par les clients délicats. Et puis, comme la France d’en haut et celle d’en bas a toujours existée, le dimanche de Pâques, alors que les familles aisées se régalaient du gigot de l’agneau pascal pour le repas familial, les foyers populaires récupéraient les tripes et les cuisinaient en paquets pour s’offrir, eux aussi, un festin pascal à la portée de leur maigre bourse.


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Comme je n’ai jamais ni préparé, ni cuisiné des Pieds Paquets me contentant de les acheter chez le boucher de Goult, charmant village du Luberon – il a pris sa retraite et n’a pas été remplacé mais où vais-je acheter mes pieds paquets ?  – je vous donne le lien pour vous initier link et vous pourrez visionner la vidéo de l’émission « LE SUD, vous en faites tout un plat « les pieds paquets » où Andrée 77 ans vous propose sa recette.


Pour accompagner votre assiette de Pieds Paquets le Taulier vous recommande un vin du Luberon, qui est la banlieue de Sisteron, il s’agit du tout nouveau-né de la maison Marrenon guidée par le sieur Jean-Louis Piton : AMOUTANAGE qui est un vin bio issus d’une sélection de parcelles éboulis calcaires situées au pied du massif du Luberon. Les Cépages : Syrah 60% - Grenache Noir 40% sont vendangés entre fin septembre et mi-octobre. Fermentation alcoolique à température entre 20 et 24°C. Extractions douces, macération entre 7 et 15 jours. Jus de goutte uniquement.  


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Comme il faut que je fasse tout pour chanter les louanges de la maison Marrenon chère au cœur de Jean-Louis Piton, je me dois de vous expliquer que l’amoutanage c’était tout simplement la transhumance des troupeaux de moutons dans le Luberon.  Qui dira du côté de la Tour d’Aigues que le Taulier qui se décarcasse n’est pas le meilleur marieur Mets&Vins de la blogosphère. Faut-il que je vous dessine un mouton comme le demandait si gentiment le Petit Prince de Saint-Exupéry ?


« Le premier soir, je me suis donc endormi sur le sable à mille milles de toute terre habitée. J'étais bien plus isolé qu'un naufragé sur un rideau au milieu de l'océan. Alors vous imaginez ma surprise au lever du jour quand une drôle de petite voix m'a réveillé. Elle disait :

- S'il vous plaît. Dessine-moi un mouton...

- Hein ?

- Dessine-moi un mouton !

J'ai sauté sur mes pieds comme si j'avais été frappé par la foudre. J'ai bien frotté mes yeux. J'ai bien regardé. Et j'ai vu un petit bonhomme tout à fait extraordinaire qui me considérait gravement. Voilà le meilleur portrait que, plus tard, j'ai réussi à faire de lui. Mais mon dessin, bien sûr, est beaucoup moins ravissant que le modèle. Ce n'est pas de ma faute. J'avais été découragé dans ma carrière de peintre par les grandes personnes, à l’âge de six ans, et je n'avais rien appris à dessiner, sauf les boas fermés et les boas ouverts. »

 

Confrérie-des-pieds-paquets link

 

Le code des mangeurs de pied paquet marseillais

 

P : Pénitence je dois réaliser avant de les manger

I : Idolâtrie doit être faite pendant la dégustation

E : Enivrant sont les arômes qu'ils dégagent

D : Dévotion et amour seront les liens fixés entre nous

S : Souriant il me rendra

 

P : Patriotique je serais en mangeant ce produit marseillais

A : Attentif à l'assiette de mon voisin et lui remplir je devrai

Q : Qualités de chaque produit je m'obligerais de vérifier

U : Utile et indispensable sont les nombreuses heures de préparation

E : Exceptionnel sera la sieste qu'il me procurera afin de digérer

T : Toujours finir la sieste par une partie de pétanque régénératrice

S : Serviable je serais quand ma femme me demandera de l'aider pour faire la vaisselle


Bon appétit à tous, faites couler les pieds paquets et vive la cuisine beurk !link


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24 juin 2013 1 24 /06 /juin /2013 11:00

A l’appel de la FNSEA et du CNJA les éleveurs français manifestaient dimanche sur l’esplanade des Invalides à Paris link. Explications de Xavier Beulin, le président de la FNSEA, « d’abord un défilé avec tracteurs et animaux de Montparnasse aux Invalides et un deuxième temps plus convivial sur l’Esplanade des Invalides où les Parisiens seront invités à déguster des produits de terroir. Nous voulons que cette journée soit un moment fort de rencontres et d’échanges avec le public dans la continuité de ce que nous faisons au Salon de l’Agriculture. » La suite ICI link 


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photo Matthew Oliver©

 

Seul à se dresser contre l’argumentation de la FNSEA, le boucher récidiviste Yves-Marie Le Bourdonnec, qui m’a fait parvenir dimanche après-midi cette lettre que je publie.


« A l'instar de « mes amis » de la confédération des bouchers et plus particulièrement mon « camarade » H.Desnoyer. Je ne soutiens pas la manif des éleveurs à Paris ce dimanche. Cette manif est orchestrée par la FNSEA du seigneur tout puissant céréalier Xavier Beulin, qui aime se rendre solidaire des pauvres éleveurs pour mieux monopoliser les subventions de ses monocultures à chaque intempérie. Tout le monde sait que l'élevage Français est en faillite faute de ne pas avoir su produire une viande écologique, durable et indépendante de la spéculation des céréales mondiale. Je préfère leurs proposer comme je le fais avec mes éleveurs un nouveau modèle adapté aux monde actuel et les payer pour la qualité de leurs viande. Tout le monde sait aujourd'hui que le prix au kg de viande d'une Blonde d'Aquitaine est faussé par l'exportation de nos veaux mâles et par les subventions aléatoires. Ça me fait marrer tous ces mecs de droite qui prônent un modèle ultra-contrôlé et dépassé par l'UE.

Yves-Marie LE BOURDONNEC


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Va pas se faire beaucoup d’amis l’ami Yves-Marie mais il n’en est pas à son coup d’essai, c’est un récidiviste qui dans son livre « L’effet bœuf » publié chez Michel Lafon en 2012, critique ICI link, Y-M Le Bourdonnec se définissait d’emblée comme un «boucher en colère ». Ce talentueux jeune homme se pose des questions à partir des constats qu’il a fait en explorant tous les modes d’élevage sur notre planète : des USA à l’Espagne en passant par la France, le Brésil, l’Afrique. Je vous invite à lire son livre de combat, celui de la bonne viande. Il est bien argumenté, dérangeant, irritant parfois, mais d’une grande sincérité. Il soutien, ce qui peut paraître paradoxal pour un boucher, « que manger trop de viande, c’est mauvais pour la santé. Mais on peut trouver un juste milieu. Plutôt que d’en avaler tous les jours, limitons notre consommation en achetant du bœuf de qualité deux fois par semaine, ça suffit largement. »


Yves-Marie sait bien qu’il va se faire taxer d’élitisme, d’être un boucher de bobos, de vendre cher de la bonne viande à ceux qui en ont les moyens. C’est l’éternelle réplique de nos « amis » de la GD qui disent défendre le pouvoir d’achat  des plus modestes en vendant le moins cher du moins cher. Ça débouche sur les lasagnes de bœuf au cheval. Pas simple de prendre le virage proposé par Yves-Marie soit « revenir aux origines : et si les vaches mangeaient  de l’herbe ? En France, il faudrait tout reprendre depuis le début. Les éleveurs ne s’en sortent pas. Ce n’est pas normal ! C’est inacceptable de voir le tarif bradé que leur donnent au kilo de carcasse les géants comme Bigard/Socopa ou Jean Rozé (ndlr. Filiale d’Intermarché). Les grandes surfaces ne se posent pas de questions. Elles ne s’attardent pas sur la qualité, elles écoulent de la marchandise au détriment des consommateurs qui subissent le revers de la médaille. Elles veulent prendre de plus en plus de puissance. »


Yves-Marie n’est pas très tendre, encore un paradoxe, avec ses confrères les bouchers « qui ont choisi la facilité en se contentant des labels à la noix qui ont fleuri sur le bœuf : « label Rouge », « L’Original », « Le bœuf de tradition bouchère », j’en passe et des meilleurs ! Pourquoi existent-ils ? Simplement pour que les professionnels n’aient pas à se déplacer dans les campagnes. On leur fournit des bêtes qui répondent à un cahier des charges, pas à un objectif de qualité. Ils ne savent pas comment elles ont été élevées. Les bouchers, s’ils pouvaient avoir une vache qui n’a que des côtes de bœuf et des faux-filets, ils signeraient tout de suite. Le système  a touché le fond, mais on continue de creuser sa tombe jour après jour. »


Que propose notre boucher en colère ?


« J’ai choisi de travailler en direct avec des éleveurs avec, en toile de fond, deux volontés. La première : que mon client, quand il franchit la porte de ma boutique, trouve de la bonne viande. La seconde : de bien rémunérer mes agriculteurs afin qu’ils gagnent bien leur vie. Quand on réunit ces deux conditions, tout fonctionne. Nous sommes moins de 10% en France à avoir opté pour cette solution. C’est une goutte d’eau dans un océan de désolation. »


Mon interrogation, pour la viande comme pour beaucoup de produits alimentaires, face à ce combat de David contre Goliath c’est quelle est la part de la population dans les nouvelles générations qui veut consommer bon et payer en conséquence ? J’ai des doutes sérieux et je reprendrai la boutade de Serge Papin de Système U « Téléphonez moins et mangez mieux ! »

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24 juin 2013 1 24 /06 /juin /2013 00:09

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Allez chercher des acquis chez l’unique buraliste du bourg pour faire circuler des mouts et tenir les 10 ter pour la distillation de la goutte, j’ai pratiqué. Les Indirectes qui débarquaient à l’improviste pour tenter de coincer les gars qui distillaient sans droits ou plus que leurs droits, j’ai connu ça à la maison puisque papa avait un alambic mobile. Alors pour moi l’expression « ça durera sûrement moins longtemps que les contributions indirectes » à toujours eu une saveur particulière. Enfin, j’ai le souvenir d’avoir plaidé chez Charasse, alors Ministre du Budget, dans son bureau avec bretelles et cigare incorporés, pour que les douaniers ne rejoignent pas les Indirectes. Je m’abstiendrai de vous livrer sa réponse laconique.


Tout ça pour dire que, en arrondissant les hl (pour les chiffres voir le tableau ci-dessous), :


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  • 121 672 déclarations de récoltes ont été souscrites en 2012 pour une superficie de 754 853 ha dont 447 744 en AOP, 191 615 en IGP, 40 488 en VSIG et 75 006 en vins aptes au Cognac ou Armagnac.

 

  • En AOP : 10,3 Mhl de vins rouges, 6,6 Mhl de blancs et 2,7 M hl de rosés.

 

  • En IGP : 7,2 Mhl de vins rouges, 2, 9 Mhl de blancs et 1,9 Mhl de rosés.

 

  • En VSIG : 1,1 Mhl de vins rouges, 553 500 hl de blancs et 282 000 hl de rosés.

 

  • La France produit donc en 2012 : 41,3 Mhl de vins, dont 18,7 Mhl de rouges, 10,9 Mhl de blancs (ce chiffre est fort car il regroupe les vins blancs aptes au Cognac et Armagnac 7,5 Mhl) et 4,9 Mhl de rosés qui du fait de la remarque précédente occupent la seconde place des vins consommés en l’état.

 

  • Le Languedoc-Roussillon occupe la première place en volume 11,9 Mhl devant Charentes-Cognac 7,6 Mhl et l’Aquitaine 6,3 Mhl.

 

  • L’Aquitaine est en tête des AOP 5,9 Mhl devant la Vallée du Rhône-Provence 3,3 Mhl et le Languedoc-Roussillon 2,5 Mhl.

 

  • A noter les 2,2 Mhl de la Bourgogne à parts presque égales entre blancs 1 Mhl et rouges 890 000 hl, les 1,9 Mhl de la Champagne et les 1,5 Mhl du Val de Loire qui produit plus de rosés 515 000 hl que de rouges 430 000hl.

 

  • Avec 8,6 Mhl d’IGP sur 13 Mhl produits le Languedoc-Roussillon est hégémonique.

 

  • A  noter le nombre important de déclarants en Bourgogne par rapport à la superficie : 14 208 alors que l’Aquitaine en compte 12 036 et le Languedoc-Roussillon 23 157.

 

  • En AOP blanc l’Alsace 1,059 Mhl et la Bourgogne 1,087 Mhl font jeu égal.

 

  • Les ex-vins de table devenus VSIG sont réduits à la portion congrue 1,9 Mhl.

 

  • Les 763 déclarants des départements non viticoles sont recensés dans le tableau ci-dessous.

 

L’ensemble des statistiques ICI link 

 

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