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12 juillet 2013 5 12 /07 /juillet /2013 00:09

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Le coup de jeune qui toucha la France à la Libération succédait à un demi-siècle de « classes creuses », « ces sillons sanglants laissés au flanc de la pyramide des âges par la grande boucherie de 14-18 », le « temps de l’enfant rare » comme l’écrit Jean-François Sirinelli. En 1939, Jean Giraudoux s’alarmait « Le Français devient rare ». Le baby-boom « comme l’indique, du reste l’anglicisme qui le désigne » n’est pas un phénomène spécifiquement français, « la plupart des pays de l’occident de l’Europe ainsi que les Etats-Unis ont connu une hausse de leur natalité ». Ce qui fait notre originalité c’est que « les cohortes annuelles françaises nées dans l’après-guerre pesèrent plus lourds qu’ailleurs, en proportion de leurs maigres homologues de l’entre-deux guerres. » Nous fûmes donc « une génération qui se retrouvait d’emblée sur des échasses. »


800 000 nouveau-né par an à partir de 1946, avec un pic en 1949 et 858 000 l’année suivante. « Une sorte de mélodie du bonheur accompagne la gestation et les premiers pas de la génération qui vient au monde et cette mélodie accompagnera aussi leur enfance et leur adolescence, au point de devenir un air lancinant imprégnant largement le corps social. » Comme le souligne très justement Jean-François Sirinelli « nos mères ont été les « principales » de notre éducation ». Je confirme, mais pour autant, ont-elles fait de nous « des enfant-rois, nourri dans le sein des sociétés industrialisées, une jeunesse qui se révéla au, au sortir de l’adolescence, frondeuse, imprévisible et par-dessus tout individualiste ? » Nous sommes présumé égoïste car gâtée dans sa prime enfance, promis à un avenir radieux, mais si nous avons eu un statut privilégié c’est que nous sommes né dans un monde en train de disparaître et, contrairement à une idée reçue, notre enfance se déroula dans une France qui pansait ses plaies et vivait encore chichement.


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« Les fruits de la croissance étaient encore des fruits verts. Il convient de distinguer, pour cette raison, la période 1944-1955 et les vingt années qui suivirent et il faut observer que la prospérité ne fut pas pour ces baby-boomers une sorte de liquide amniotique dans lequel ils auraient baigné tout au long de leur prime enfance. Cette période fut au contraire placée, pour les bébés de l’après-guerre, sous le signe des temps difficiles. Ceux-ci furent les enfants d’une France dans laquelle les cris d’alarme de l’abbé Pierre en 1954 témoignaient du problème encore aigu à cette date, du logement. Et le lait distribué dans les écoles durant l’hiver 1954-55 par le gouvernement Mendès France montrait même, au moins dans certains milieux, la persistance d’éventuelles carences alimentaires. »


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Après 1962, mon adolescence, « la France, au fil du reste des années 1960, n’a plus de jeunes soldats en opérations, et la guerre nucléaire, au temps de la détente et de la coexistence pacifique, semble être plus une menace virtuelle qu’un danger immédiat. La crise de Cuba a marqué l’apogée de la peur nucléaire mais a stimulé en retour la nécessité de maîtriser le danger atomique. Pour la jeune génération, après 1962, mourir pour la patrie n’apparaît plus comme un possible destin collectif. Et des questions aussi importantes dans le passé proche que celles de la guerre ou de la paix, ou encore du patriotisme, ne se poseront plus dans les mêmes termes qu’auparavant. La génération de l’après-guerre devient, à l’adolescence, la génération de la non-guerre. » Nous sommes une « génération préservée ».


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En 1931 Paul Valéry prédisait « Désormais, quand une bataille se livrera en quelque lieu du monde, rien ne sera plus simple que d’en faire entendre le canon à toute la terre. Les tonnerres de Verdun seraient reçus aux antipodes. » Nous sommes la génération qui a vécu le plus fort et le plus rapide rapetissement du monde associé à l’instantanéité permise par le progrès technique et numérique. En 1948, année de ma naissance un observateur comme Daniel Halévy avait publié un ouvrage intitulé Essai sur l’accélération de l’Histoire, tant il apparaissait que ce XXe siècle, au mitan de son cours, avait déjà été déjà gros d’évènements majeurs qui influaient sur le rythme de ce cours » L’anthropologue Margaret Mead notait, au sortir de cette décennie, qu’ « aujourd’hui, tout individu né et élevé avant la seconde guerre mondiale est un immigrant – un immigrant qui se déplace dans le temps comme ses ancêtres s’étaient déplacés dans l’espace. »


« Mesuré à l’aune de la respiration plus lente et davantage souterraine de l’évolution des comportements collectifs et des normes qui les balise, le changement le plus rapide s’opéra bien dans les années 1960 et non au fil des six premières décennies : l’ampleur des changements socioculturels, et notamment l’eau de jouvence alors distillée par la culture de masse juvénile, va rapidement bouleverser la morphologie et les sensibilités des sociétés occidentales. »

 

Tout ce qui précède est extrait de mes notes de lecture du livre de Jean-François Sirinelli « Les baby-boomers une génération 1945-1969 » chez Fayard. Cette génération c’est la mienne. J’ai commencé à travailler en 1966, j’avais 18 ans, comme prof à mi-temps au CEG de Pouzauges, l’enseignement catholique me demanda de produire un certificat de baptême. Je gagnais quelques centaines de francs par mois. J’avais acheté à crédit la 2CV du curé. Au final ça m’a fait mes 4 premiers trimestres. J’en ai accumulé 190 alors que le maximum autorisé est de 160. Je tourne aujourd’hui la page sans rien changer à ma vie : je continue de m’occuper de mes vaches pour le compte du Ministre de l’Agriculture et de faire le Taulier sur cet « espace de liberté »

 

Merci de votre fidélité.

 

En bonus : « il faut tourner la page » d’Angélique Kidjo  et Simon and Garfunkel - Sound of Silence sorti en 1966 année de mes 18 ans et de mon premier boulot salarié.

 

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Simon and Garfunkel - Sound of Silence par fuzz59

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11 juillet 2013 4 11 /07 /juillet /2013 11:00

Le magazine Challenges publie la 18e édition du classement des 500 Français les plus riches :


« 445 millionnaires, dont le plus petit, cette année, affiche quand même 64 millions d’euros de patrimoine ; et 55 milliardaires, soit 10 de plus que l’année dernière… »


Le top 10


-          En 1996, les dix super-riches pesaient 20 milliards d’euros et 25 % de la valeur totale des 500

-          En 2013 ils pèsent 135 milliards, soit 40 % du total !


Votre Taulier est toujours sur les bons coups : le vin et le lait, voir ci-dessous. Rappelons que dans Mythologies Roland Barthes écrivait « le vin est mutilant, chirurgical, il transmute et accouche ; le lait est cosmétique, il lie, recouvre, restaure. »


N°8 : Pierre Castel et sa famille - 7 milliards d'euros (numéro 7 en 2012). Entreprise : groupe CASTEL Boissons. Ce Bordelais de 86 ans, résident suisse depuis des années, possède le n°3 mondial du vin et le n°2 de la bière en Afrique, où il s’est allié au géant sud-africain SABMiller. Les échanges de titres qu’ils ont réalisés à l’occasion de cet accord ont permis de valoriser cette branche. La division vins, elle, repose sur quelques marques, comme Patriarche, Vieux Papes, Baron de Lestac, Malesan, Cramoisay... et une vingtaine de grands crus comme Château Beychevelle, grand cru classé de Saint-Julien. »


N°12 : Emmanuel Besnier et sa famille - 5,2 milliards d'euros (numéro 10 en 2012). Entreprise : LACTALIS Agroalimentaire. Commentaire : Cette famille se partage le no1 mondial du fromage (CA : 15,7 milliards) depuis le rachat en 2011 de Parmalat. La justice italienne a remis en cause la transaction. »


« 330 milliards d’euros. La fortune totale des 500 Français les plus riches a progressé de presque 25 % en un an (…) En une décennie, ce chiffre a plus que quadruplé, alors que le produit intérieur brut (PIB), lui, n’a fait que doubler. Ces 330 milliards d’euros de richesse professionnelle représentent 16 % du PIB ou encore 10 % du patrimoine financier des Français, évalué à 3. 400 milliards d’euros. Soit 1/10 de la richesse entre les mains de 1/100 000 de la population. » La suite ICI link


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Ces grands crus qui rapportent toujours plus ?


« Dans le vin, le millésime des Fortunes 2013 est aussi très relevé : boostés par des exportations toujours en hausse, les tarifs des bonnes bouteilles s’envolent. La valorisation des stocks grimpe comme celle de l’hectare, qui atteint le million d’euros en Champagne et 1,6 million en Pauillac. « Les vignobles haut de gamme sont portés par la demande mondiale en produits de luxe », confirme Emmanuel Hyest, président de la Fédération nationale des sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural.


Dans le Bordelais, les domaines sont vendus à des prix souvent supérieurs aux estimations. L’assureur Suravenir a par exemple payé 170 millions d’euros pour le château Calon-Ségur, cru classé en 1855 et perle de l’AOC Saint-Estèphe. Pourtant, par fausse modestie ou par volonté d’échapper aux regards, la plupart des propriétaires feignent d’ignorer cette inflation. Le Bordelais Jean-Michel Cazes conteste ainsi la hausse substantielle de l’estimation de sa fortune par Challenges: « Le marché des grands vins de Bordeaux est très volatil et les transactions sont très rares. Le chiffre de 260 millions que vous proposez me paraît très exagéré et sans rapport avec nos résultats financiers. » Ce n’est évidemment pas l’avis des experts que Challenges a interrogés, qui soulignent le côté bankable des propriétés (Lynch Bages, Ormes de Pez, Villa Bel-Air) de cet homme d’affaires avisé. Avisé puisqu’il est également propriétaire de… deux hôtels. La vigne et les hôtels : voilà les valeurs sûres de la France de 2013. Rassurant et désespérant. »


Le journal Sud-Ouest se posait récemment la question « Qui, à part un fond de pension, un important groupe industriel ou bancaire, ou bien encore une grande famille fortunée peut, aujourd'hui, s'offrir une parcelle d'un grand vignoble d'appellation d'origine protégée (AOP) en France ? En Champagne, dans la région de Cognac et dans celles des grands crus bordelais, les prix à l'hectare atteignent des montants de plus en plus exorbitants.


D'après une étude réalisée par Terres d'Europe-Scafr, qui s'appuie sur les chiffres des Sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural (Safer), les disparités sont criantes entre les régions viticoles avec des écarts de 1 à 92. Ainsi quand un hectare s'échange 11 800 euros dans le Languedoc-Roussillon (-1,7% sur un an), il s'arrache 1,08 million en Champagne.


Les prix ont flambé en 2012 dans certains vignobles d'exception (+21,5% en Champagne, +10% dans le Cognac), dopés par la demande hors Europe de ces boissons emblématiques du luxe français. »


Si vous êtes à la recherche de repères concernant le prix des terres en France et de celui des vignes en particulier ?


Deux sources :


1-      le nouveau site Internet www.le-prix-des-terres.fr   

2-      l’étude annuelle Le prix des terres : Dernière parution : mai 2013.


 

Pour les 100 plus riches d’Europe c’est ICI link 

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11 juillet 2013 4 11 /07 /juillet /2013 00:09

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Au petit matin je les avais emmaillotées avec soin et amour, lange vert pour les deux quilles blanches et blanc pour les quatre rouges. Auparavant j'avais photographié les belles nues toutes ensembles puis, une à une, pour pouvoir les révéler dans leur splendeur inviolée à l’heure où, après avoir subi le jugement dernier des 4 filles, elles devraient enfin montrer leur pedigree.


Tout se présentait bien en ce petit matin et je m’en fus poster guilleret un message aux 4 belles avec photo à l'appui pour les faire saliver : les 6 sans soufre aveugles qui vous attendent ce soir


« Bonjour les miss,


Ce soir nous jouons plus que nous ne faisons un concours de dégustation. Lorsque je dis nous je ne peux en être car c'est moi qui ai emmailloté les 6 bouteilles : 2 blancs et 4 rouges.


Chaque dégustateur aura toute liberté ce que je recherche, vous vous en doutez, c'est à écrire une chronique déjantée et comme le hasard est mon allié nous serons 6 pour 6 sans soufre. (Ndlr il y  avait aussi un garçon en plus de votre Taulier).


Bref, ce soir je donnerai la règle du jeu, simple et sympa, puis ensuite place à la musique des fourneaux d'Isa et aux belles bouteilles.


Je vous embrasse


à ce soir »

 

Je vous épargne les détails d’intendance mais sur les coups de 21 heures passées l’a fallu s’y coller. Y régnait une ambiance très lycée Papillon. Les bouteilles étaient numérotées de 1 à 6, les 2 quilles vertes d’abord puis les 4 rouges sans ordre préconçu de la part du Taulier. Les 6 bouteilles en lice ne relevaient pas de mon choix mais tout simplement d’envois qui m’avaient été fait, sans que je l’eusse demandé, donc j’ignorais le contenu de 4 flacons sur 6. Enfin, sans participer à la dégustation je goûtais moi aussi. Les 4 beautés : Gabrielle, Isa, Marie et Sonia, le garçon s’abstint, beau quatuor de dégustatrices représentatives de la nouvelle génération étaient dotées d’une petite fiche où elles devaient transcrire librement leurs commentaires bouteille par bouteille, sans bavardage pendant l’exercice (pas simple). La discussion était ouverte après chaque quille dégustée. Dernier détail, sur ces vins sans soufre ajouté, un seul se déclarait nature le n°1 et un autre avait reçu du soufre en petites doses le n°6 (il était là pour faire figure de témoin).


Donc tout se présentait bien, les filles étaient sur leur 31, sauf que dès le premier flacon c’est parti en vrille, un petit côté je repars en fermentation en flacon. Sueurs froides, comme un sentiment que du côté de ma chronique je ne ferais pas dans le déjanté mais plutôt dans le genre silence glacé. Ça augurait d’un massacre à la tronçonneuse et j’avais peur de ne plus rien maîtriser. Par bonheur, une légère embellie se pointait au cul de la deuxième bouteille mais ça n’était pas le grand enthousiasme. Ça jasait grave.

 

Le passage au rouge allait peut-être inverser la tendance. J’étais prêt à aller allumer des cierges à l’église de la Trinité toute proche. La dégustation de la quille n° 3, paisible et recueillie, me fit penser que mon martyr touchait à sa fin car celle-ci ne fit, bien au contraire, l’objet d’aucune démolition radicale. Je soufflais.

 

Pause de courte durée car la 4, sans être descendue en flamme, ne fit pas l’objet d’un grand enthousiasme. Elle sauvait sa peau, ce qui dans l’ambiance torride était déjà beau. Pour la suivante, le flacon 5, je craignais le pire et ce fut pire que le pire, une condamnation goguenarde sans attribution d’aucunes circonstances atténuantes.

 

Tout ce que j’écris est le fruit de la relecture des notes des damoiselles et des souvenirs de leurs échanges parfois débridés. Je force à peine le trait mais j’avoue que rien ne fut unanime et non dépourvu de subtiles nuances. Faire la synthèse de tout ça serait bien plus difficile que celle des motions du PS voire celle du défunt PSU.

 

Restait la bouteille 6, dont j’espérais beaucoup. Dieu que j’étais fou, j’eus droit à tout, même qu’il sentait la bouse, vulgaire, grossier avec des émoticônes horribles sur les fiches. Le fiasco total, irrémédiable, de quoi me mettre le moral dans les chaussettes. Marie, avec son sens de la mesure notait sur sa fiche  « le moins que l’on puisse dire c’est que le nez ne donne pas envie d’y mettre la langue. »


Voilà l’orage était passé je me sentais quelque peu désarçonné mais les 4 stars de la dégustation, elles, affutaient déjà leur couteau pour un autre combat sanglant : nous passions à table pour un I love Bidoche made in Yves-Marie Le Bourdonnec. De quoi me mettre du baume au cœur et me consoler de mes espoirs de chronique déjantée.

 

Qu’allais-je faire ?

 

Vous livrer sans vergogne mes 6 quilles accompagnées des commentaires acidulés de la bande des 4 ?

 

Que nenni, la maison n’est pas une entreprise de démolition de vignerons. Restait une chose intolérable pour votre Taulier : avoir une chronique rentrée car c’est très mauvais pour sa santé.

 

Alors j’ai, pour reprendre une métaphore vineuse, laisser tout cela décanter. Bien m’en a pris car, en faisant cette fois-ci dans la métaphore bidoche, la matière a bien maturé et je me suis mis à chroniquer à tombeau ouvert le bras négligemment posé sur le bord de la fenêtre ouverte, cheveux au vent (rires des filles), le cœur léger et la plume acérée.

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Pour la chute, aucune hésitation, vous ne saurez rien d’autre que la révélation du flacon qui a vraiment sauvé sa peau c’est le n° 3, le sans soufre ajouté des frères Chaigneau de château Massereau. Un Bordeaux Supérieur 2011 que vous pouvez acheter les yeux fermés foi du Taulier qui l'a beaucoup apprécié.


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Isa « C’est long, c’est bon ! C’est jeune et séveux. Par contre je vais faire ma cougar mais j’aime bien ! »


Gabrielle « Très joli nez, concentration, cassis, cerises noires, fraises confiturées. Joli. Violettes. Belle acidité, joli trame tannique. Manque un peu de complexité mais beau fruit, belle concentration. »


Marie « Nez très agréable, je sens des petites baies rouges mais je suis peut-être influencée par la jolie couleur framboise écrasée. La mise en bouche est un peu décevante, il a moins de caractère que je pensais. Il a un arrière-goût de poivre dont je ne suis pas fan mais j’aime bien l’impression générale, un vin de la terre. »


Sonia « A besoin d’air, un nez épicé qui vous renvoie au soleil. Bouche végétale (raisins mûrs), bouche resserrée et tannins asséchants. Vin pas encore prêt à boire. Suis pas fan. »


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Le chapitre de la dégustation des 6 sans soufre ajouté par 4 Walkyries de Paris était clos. Je pouvais prendre un repos bien mérité après une telle épreuve. Pour ceux qui veulent tout savoir sans jamais rien payer je puis les assurer que, même sous la torture le Taulier ne pipera mot sur les 5 quilles qui n’ont pas reçu les suffrages escomptés.

 

La suite de cette soirée I love Bidoche aura droit, en son temps, à une chronique sur mes lignes.... 

 

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10 juillet 2013 3 10 /07 /juillet /2013 10:08

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Ce matin, le sémillant Olivier Legrand des vins du Rhône réunis, roi du double Tweet piqué, dénicheur de scoops patenté, m’a permis de me plonger dans le Décryptage des stratégies online et social media des syndicats viticoles réalisé par ViniPub La Régie Vin&Oenotourisme ce qui a eu l’effet de me plonger  dans un abime de perplexité. Tout ça pour ça !


Alors je me suis dit mon gars t’arrive pépère au bout de ta carrière pourquoi te mettre à dos tous ces nouveaux adeptes des réseaux sociaux ? Le mieux c’est de la boucler et de te taper une bonne mariennée après un beau déjeuner avec le dernier carré de tes copines. Et puis, réflexion faites, afin de ne pas décevoir ce cher Olivier qui a accepté de me défier en un contre un sur le parquet de la salle mythique du CSP, j’ai pris la sage décision de vous donner l’occasion  de consulter cette savante étude afin que vous puissiez vous forger votre opinion. ICI link 


Ceci fait tu fermes ton clapet Taulier et tu tires le rideau de fer de ton espace de liberté pour aller baguenauder dans un Paris plein de mille merveilles. Tu réfrènes ta plume. À quoi bon faire remarquer que tout cela en reste au stade de l’épaisseur du trait, du quasi-confidentiel, d’une micro-communauté qui se mord la queue et se chatouille le nombril, d’un niveau de part bruit proche de l’inaudible, rien qui puisse vraiment impacter le marché domestique du vin fort languissant. Investissement, vous avez dit investissement, quel investissement, c’est limite une plaisanterie de garçon de bain.


Bonne journée à tous et à toutes, je vous conseille vivement d’aller au bout du bout et de lire les conclusions de l’étude : Quelles tendances à venir dans la communication sociale du vin ? Je suis certain que les gars et les filles d’Ernest et Young apprécieront c’est tout à fait leur style de cru.


Comme je ne suis qu’un plaisantin je ne puis me réfréner en vous citant cette belle phrase « Toute stratégie de développement serait veine si la présence des professionnels du vin se voit interdite sur les réseaux sociaux »


De quelle veine est-elle ?


Bien sûr ce qui est vin n’est pas vain et, comme le dirait mieux que moi Fabrice le Glatin dit Vin sur Vin tout le monde ne peut accéder au vingt sur vingt, une telle ambition serait vaine


* A propos des congrès des radicaux de gauche dans une cabine téléphonique voici un grand retour en arrière : 1993, dans l'Express, c’est signé Dominique de Montvalon. Très instructif aussi...

 

« Comment ne pas saluer la réussite de la Convention nationale, réunie le 19 juin au parc floral de Vincennes, des radicaux de gauche, plus habitués jusqu'ici, selon un mot facile, à tenir congrès dans une cabine téléphonique qu'à voir affluer des stars rêvant de s'afficher sous leur drapeau? Car il y avait du beau linge. D'abord, pour voir et complimenter Bernard Tapie, en qui une certaine gauche, décidément défaite, met aujourd'hui tous ses espoirs. Ensuite, pour hacher menu l'usurpateur Michel Rocard, qui prétend s'asseoir durablement rue de Solferino dans le siège qui fut historiquement celui de François Mitterrand. Car ce n'est pas un hasard si la nomenklatura mitterrandiste, Laurent Fabius et Jack Lang en tête, était venue saluer le président de l'OM, et l'importance de l'événement. A défaut de faire gagner la gauche, au moins Tapie pourra-t-il demain faire chuter Rocard: il n'y a pas de petit bénéfice. « Tout ce qui est bon pour l'OM est bon pour Mitterrand » lançait jadis, dans un moment d'abandon, l'excellent Pierre Mauroy. Aurait-il été prémonitoire? » 


 

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10 juillet 2013 3 10 /07 /juillet /2013 00:09

Le soleil lui a tapé sur le caillou vous direz-vous en découvrant ce titre. Détrompez-vous, certes j’ai pris de belles couleurs mais je ne suis pas ramolli des lobes. Je me doute bien que l’éventualité pour un Français moyen de manger à déjeuner ou au dîner des termites, des vers de farine, des fourmis, des araignées, en un mot des insectes. Si j’aborde ce sujet ce matin c’est que je viens de dévorer, non une platée de criquets, mais un excellent petit livre de Jean-Baptiste de Panafieu « les insectes nourriront-ils la planète ? »  aux éditions du Rouergue 15€. En une centaine de pages, sans prosélytisme ni manichéisme, l’auteur fait le tour d’une question qui est loin d’être incongrue. Tout y est dit, avec simplicité, précision, pondération. C’est un livre à lire absolument pour mieux comprendre les enjeux liés à l’accroissement des besoins alimentaires de notre planète. Intégrer à notre alimentation de façon directe ou indirecte (nutrition du bétail ou des poissons d’aquaculture), serait un enjeu vital pour notre avenir. L’auteur répond à toutes interrogations sans dorer la pilule des insectes si je puis m’exprimer ainsi. Il met en avant qu’en Amérique du Sud, en Afrique, en Asie, et même en Australie on mange des insectes.


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Ce matin, sans plaider aucune cause, je souhaite simplement aborder tout d’abord notre vision négative des insectes et de leur consommation qui, comme le note l’auteur, a traversé les siècles. Il ajoute que « cela n’a rien de particulièrement étonnant. Lorsqu’ils ne sont pas des ravageurs des cultures ou des parasites suceurs de sang, les insectes sont pour nous liés aux matières en décomposition. » Je n’insiste pas mais revenir sur mon titre pour souligner que les crustacés ne nous posent pas de problèmes « alors que ces animaux sont zoologiquement apparentés aux insectes. Ils en sont même si proches que les zoologistes ont récemment créé le super groupe des pancrustacés, qui réunit les deux catégories. »


La science nous oblige à nous interroger sur nos goûts, et ce n’est pas nouveau. Le pasteur Jacques Brez, protestant de Middelburg aux Pays-Bas, au  XVIIIe utilisait l’argument « Les écrevisses, qui appartiennent aussi à la classe des insectes, sont regardées par bien des personnes comme un manger délicat et fin. On en recommande quelque fois l’usage en médecine. Les crabes, les grands écrevisses de mer paraissent aussi souvent sur les tables, dans les pays maritimes où on les rencontre. » L’entomologiste Constant Houlbert s’interrogeait en 1910 « De fait, pourquoi un Insecte serait-il inférieur à un crabe ? Ils appartiennent, tous les deux au groupe des Arthropodes et, incontestablement, le régime ordinairement végétarien de l’insecte est toujours beaucoup plus « raffiné » que celui du Crabe. ». En 1899 Arthur Daguin n’y allait pas par quatre chemins « Il faut un vrai courage pour oser déguster des crabes,  des homards, des écrevisses, des crevettes, etc. ; car d’une part leur forme est hideuse, d’autre part leur nourriture se compose de matières animales de toutes sortes, de cadavres humains ou autres, en décomposition (…) Au contraire les insectes, par le choix de leur nourriture, peuvent être assimilés au tendre agneau, à l’excellente brebis. »


Jean-Baptiste de Panafieu pointe nos contradictions « C’est précisément parce que les crabes sont des charognards marins que leurs consommation répugne à certains peuples qui par ailleurs mangent des insectes. Si l’on s’interroge sur les raisons pour lesquelles les Européens sont dégoûtés par les insectes, il faudrait aussi  se demander pourquoi ils apprécient autant les crustacés. »


Un peu loin il pose une bonne question : « si l’on veut convenablement goûter les insectes on doit apprendre à les manger. »


« Dans le cas d’un charançon du palmier cru, il faut le tenir par la tête qui est dure et armée de solide mâchoires, pour en croquer le corps. Sa saveur est plutôt sucrée. Comme sa peau est un peu caoutchouteuse, on avale facilement les petits mais c’est plus difficile pour les larves les plus âgées. »


« En fait, la question se pose comme pour les crustacés. Lorsqu’on n’a jamais été confronté à un crabe, comment savoir quoi manger et comment pratiquer l’opération ? Ces questions n’ont d’ailleurs pas toujours les mêmes réponses selon les modes de cuisson ou l’état de l’animal. Aux USA on apprécie les crabes « mous », c’est-à-dire les individus qui viennent de muer et dont la carapace n’est pas encore durcie. On peut les couper avec un simple couteau et les déguster ainsi en entier, carapace comprise. La consistance rappelle d’ailleurs celle des insectes. De même, chacun a sa propre façon de consommer les crevettes grises. Certains amateurs les dégustent en entier, tête et queue comprise. D’autres les décortiquent systématiquement pour profiter de la seule chair tendre de l’abdomen. D’autres enfin mangent les petites entières et éliminent tout ou partie de la carapace pour les plus grosses. Ce que nous avons appris à faire sans même nous en rendre compte pour les animaux connus en Europe doit être réinventé pour ces nouveaux aliments que sont les insectes. »


Pour finir, rappelons que nous mangeons des escargots, des cuisses de grenouilles, des coquillages crus ou cuits et comme le note l’auteur à propos des sushis « En 1960, qui aurait parié que les Occidentaux éprouveraient un jour du plaisir à manger du poisson cru ? Et pourtant, aujourd’hui les restaurants japonais concurrencent largement les restaurants chinois ou indiens » Il ne faut donc jamais dire jamais. Bien évidemment mon titre qui vous a « enduit » en  erreur était scientifiquement exact puisque l’araignée de mer la  Maja brachydactyla  de mon Océan Atlantique natal devient rouge lorsqu’on la fait cuire. Pour le reste des détails c’est ICI link 


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J’avoue adorer l’araignée de mer tout en confessant mon extrême répugnance à croquer des orthoptères, des coléoptères, des hyménoptères, des isoptères, des lépidoptères, des hémiptères, des homoptères ou des diptères, même accompagnés du superbe  le buisson pouilleux 2009 du Clos Tue-Bœuf un touraine 100 % sauvignon issu de trois parcelles de vieilles vignes aux sols composés de graviers, dont Thierry Puzelat dit que « c’est plus un vin de terroir, avec en 2009 une belle minéralité, de la richesse et du volume. Le vin va s’exprimer plus tardivement, d’ici quelques mois, et on pourra l’apprécier sur cinq ans. »


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9 juillet 2013 2 09 /07 /juillet /2013 16:49

Sous les arbres de la contre-allée du boulevard Arago, avec la lourde chaleur, il est bon de s’asseoir pour déjeuner aux tables de la petite terrasse de Simone le restaurant link qui vient de s’ouvrir voici une quinzaine de jours. Je m’y  sens comme un habitué. Ce midi après m’être cassé le nez à « Grillé » le casse-dalle style kebab chic d’Hugo Desnoyer vu qu’il était fermé pour cause de four à pain en rideau je suis redescendu dans mon quartier et me suis arrêté au Simone. Accueil toujours sympa et service souriant et diligent. Bref, je commence par me désoiffer avec un Sancerre blanc de Sébastien Riffault les quarterons, droit comme un I, frais, vif, même mon pote Jean-Mimi qui n’est pas fan l’aimerait à la folie. J’exagère mais j’ai bien mangé.


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Rassurez-vous je ne vais pas pondre une chronique après chacun de mes déjeuners sinon vous vous lasseriez. La présente ponte est la conséquence de ma découverte de l’Ail noir d’Aomori que m’a fait déguster Alain. Étonnant, sa tête est d’aspect tout fripé, souple et sa gousse d’un noir intense, luisante, charbonneuse. Sa texture est ferme  et il se découpe facilement en lamelles. Mais ce qu’il y a de plus stupéfiant c’est qu’au nez comme en bouche cet ail n’exhale aucune odeur forte et n’a aucun goût âcre. Bien au contraire il est moelleux et à une saveur de pruneau. En fin de bouche l’arôme qui persiste peut s’apparenter au balsamique.


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Comment l’obtient-on?

L’ail est mis à fermenter dans des vases d’argile avec une eau de mer puisée en profondeur d'une extrême pureté entre 45 et 60 jours. Température et hydrométrie contrôlées sans additif ni conservateur.  L’ail se confit dans sa chemise, sans subir aucun chauffage. Il devient souple. C’est une technique ancestrale spécialité de la région d'Aomori.


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Ses vertus, comme l’ail cru, certains diététiciens affirment que son taux d’antioxydants est multiplié par 10. C’est bon pour le Taulier car dit-on ça prévient la sénilité.

Bref, hormis ces vertus médicinales, c’est une réelle aventure gustative que je vous recommande vivement.


Utilisations en cuisine : Pilé au mortier avec de l’huile d’olive du sel et du poivre, c’est un excellent condiment pour les poissons blanc, la viande d'agneau, de porc et de volaille. Il leur apportera couleur et fruité. On peut aussi l'utiliser pour enrichir les sauces.  Emincé, il parfumera délicatement vos pizzas, riz blanc, riz sauté et pâtes. Dégusté tel quel c’est aussi délicieux.

 

Où le trouver : ICI link et ICI link 

 

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9 juillet 2013 2 09 /07 /juillet /2013 09:28

Enfin nous y voilà, même que la météo se risque à déclarer que nous sommes au-dessus des moyennes saisonnières, simple oral de rattrapage d’un mois juin pourri et violent pour certains de nos concitoyens. Les fureurs du ciel ont ravagé des vignes et je n’oublie pas qu’il nous faudra, au-delà de l’émotion du moment, être présent aux côtés des vignerons sinistrés pour matérialiser notre solidarité. J’ai entamé hier ma dernière semaine de travail officiel, comme un sentiment de passer une frontière sans douaniers sans m’arrêter.


 

Ceci écrit j’avoue que les feux du roi soleil ne m’incitent guère à jouer du clavier mais plutôt à m’adonner à la boisson. Boire ! Se faire lézard un livre à la main. Hier en fin de journée j’ai acheté « Crus et cuites Histoire du buveur » de Didier Nourrisson chez Perrin pour allier l’utile à l’agréable et continuer de vous abreuver au long de ce mois de juillet. Comme en plus mon hébergeur a eu hier le mauvais goût d’avoir des vapeurs liées à une attaque de hackeurs ce matin je me suis dit : à quoi bon leur tartiner une chronique ? Prends ton vélo à la fraîche du petit matin et va faire un petit tour dans ton quartier à peine éveillé. Non, je prends mon café sur le balcon. Il est cinq heure Paris s’éveille chantait un autre Jacques.


 

En été, j’aime bien me lever avec le soleil pour écrire mais ce matin comme une envie de niaiser, pas envie de choisir entre les différents sujets que j’ai stocké en magasin pour vous abreuver. Que faire ? Vous foutre la paix ? Ce serait une vraie rupture avec le défi que je me suis lancé lorsque j’ai décidé de chroniquer chaque jour que Dieu fait, même que certains me feront remarquer que j’en suis à deux dans la journée. Je me résigne aujourd’hui 8 juillet ce sera le grand blanc du Taulier. Je repars siroter mon énième café lorsque face à moi, dans ma cuisine, un gros cube gris me nargue. Il porte un nom Magimix. C’est ma turbine à glaces dont je ne me sers plus. Ni une ni deux je la tire de son oublie, je l’astique et je décide d’écrire une chronique.


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Complètement la masse sans doute mais c’est ainsi : aujourd’hui ce sera sabayon, granité et sorbet alcoolisés bien sûr. Photo et hop au clavier pour vous rappeler que les glaces ont été introduites en France par le Florentin Francesco Procopio (il donne son nom au plus ancien café de Paris, qu'il rachète en 1686, le Café Procope.) en 1660 qui les fit goûter aux sujets de Louis XIV, du moins ceux qui pouvaient d’en payer. Grand succès ! Au fil des années elles s’enrichirent de crème et d’œufs, se diversifièrent : depuis les fromages glacés qui firent fureur à la fin du XVIIIe jusqu’aux bombes glacées et aux biscuits glacés que le Tout-Paris venait déguster au café Tortini, boulevard des Italiens, sous le Second Empire.

 

Sans entrer dans le détail les glaces sont fabriquées à base de lait et parfois de crème et d’œufs alors que les sorbets sont constitués d’eau, de sucre et de purée de fruits. Si vous voulez connaître la règlementation des glaces industrielles allez ICI link . Du côté de l’artisanat l’une des références à Paris c’est Berthillon ICI link

 

Ce matin je vous propose :

 

1-      Le Granité au vin rouge : le granité se distingue par sa consistance grenue. Il suffit de remuer légèrement la préparation pendant la congélation pour obtenir les flocons de glace qui font sa particularité. La recette pour 6 personnes demande : 120 g de framboises fraîches, 175 g de sucre cristallisé et 60 cl d’un bon vin rouge de votre choix. Faire une purée des framboises et passer au chinois. Faire le sirop de sucre puis l’ajouter à la purée de framboises et au vin.  Nul besoin d’une sorbetière, il suffit de mettre la préparation dans un récipient peu profond à fond plat en métal. Faire glacer au compartiment glace de votre réfrigérateur jusqu’à ce que les bords soient fermes. Remuez à la fourchette des bords vers le centre puis replacer dans le compartiment glace jusqu’à ce que la préparation soit ferme.


2-      Sabayon au Marsala : le sabayon réunit simplement des jaunes d’œufs, du sucre et du marsala. Il se consomme d’ordinaire tiède mais ici on le place dans des coupes individuelles et on le laisse prendre dans le compartiment glace de votre réfrigérateur. 4 jaunes d’œufs, 120 g de sucre en poudre 15 cl de Marsala sec et 15 cl de crème fraîche liquide.


3-      Sorbet au Champagne ou au Crémant : 2 oranges juteuses, 120 g de sucre en poudre, 60 cl de Champagne ou de Crémant, 4 cuillérées à soupe de Cognac et un ¼ de cuillérée à café d’angustura ou de bitter orange. Faire le sirop avec le sucre et le zeste des oranges. Puis versez-le dans le jus des oranges, incorporez le champagne ou le crémant, le cognac et l’angustura ou le bitter. Faire glacer  la préparation dans une sorbetière.


La turbine à glace Magimix est autonome car elle est équipée d’une unité réfrigérante qui permet de réaliser des glaces comme un professionnel en 30 mn environ. L’investissement est bien sûr important : 539€ chez Darty.

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8 juillet 2013 1 08 /07 /juillet /2013 11:47

Y’a un gus qui a commencé par s’affubler d’un pseudo ridicule avant de fonder une feuille de chou qu’il cherche à placer en faisant le coucou sur le  Net. Dans sa présentation « Qui suis-je ? » le quidam la joue humble « Mon nom est …, pas grand intérêt. ». Chemin faisant ce garçon maniant outrancièrement l’imparfait du subjonctif, fait dans la critique littéraire (sic) « c’est à la lecture de ce livre que je m’indigne. Un pamphlet ? Un essai ? Une somme statistique ? Un simple livre sans intérêt. » Grand bien lui fasse, c’est son droit mais quelques phrases plus loin, le « sans intérêt », laisse tomber de son auguste plume « Mais voilà, dès qu’un homme commence à avoir une once d’influence, son égo se met en marche et il lui faut donner des leçons. »

 

Gros ego rentré ne deviendra jamais grand. Quitte à avoir de l’EGO mieux vaut qu’il soit gros. Les gagne-petit, les frustrés de l’ego sont lourds, interdits de légèreté, pour dire crûment chiants ! Vous allez me dire c’est qui ? De qui qui parle cet ego zéro ? Je laisse le zéro ego à l’anonymat qu’il souhaitait préserver à l’origine de son entreprise (en plus, il serait capable de me demander un droit de réponse). C’est le meilleur service que je puisse lui rendre. Sans doute va-t-il, comme les egos comprimés, ruer dans les brancards, s’indigner ! Certes mais puisque je l’ai innommé je ne pourrai satisfaire son goût caché pour une reconnaissance qu’il appelle de ses vœux.

 

Étant tout sauf modeste, assumant mon ego sans problème, publiant chaque jour des billets j’ai du mal à supporter les coucous qui, sous une humilité de façade, viennent dire sur mon espace de liberté « holà j’existe, venez donc lire ma prose… » Et, cerise sur le gâteau, « j’ai lu tout Onfray… » Comme le disent les jeunes, ça me gave alors je l’écris. Mais revenons aux gros egos.


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Dans l’avant-propos de son petit opus « le petit livre des gros égos » chez PUF Édouard Launet, reporter au service culture de Libération, écrit « pourquoi ne chanterions-nous pas nos propres louanges ? Pourquoi ne nous tresserions-nous pas des couronnes nous-mêmes ? Pourquoi ne puis-je clamer « Je suis un génie ! », quand tout indique que cela est effectivement le cas ? Il n’est jamais sûr que quelqu’un d’autre s’en chargera pour nous, ou pour moi. Et puis c’est la meilleure assurance que la couronne sera remise à son légitime propriétaire, qu’elle sera de bonne taille, que le panégyrique sera informé et complet. ». La galerie des gros egos qui part de Delon pour se terminer avec Victor Hugo, passe par BHL, Sarkozy, Ardisson, Messier, FOG, Dati, Lagerfeld, Séguéla, Sollers, Barbier, Cantona, PPDA, et bien d’autres.

 

J’en ai sélectionné deux beaux : Marguerite Duras et Frédéric Beigbeder, car ils sont très au-dessus du lot.

 

« Un jour de l’hiver 1994, soit quelques mois avant qu’ils ne meurent l’un et l’autre, François Mitterrand et Marguerite Duras déjeunent ensemble boulevard Raspail à Paris. Des huîtres sont au menu. Également présent, le compagnon de l’écrivain, Yann Andrea… »

 

Il raconte la fin du repas : « Marguerite lance au président : « François j’ai quelque chose de très important à vous dire. » François : « je vous écoute Marguerite. » Elle : « Voici ce qui m’arrive François : depuis quelque temps je suis devenue plus connue que vous, et ça dans le monde entier. C’est étonnant, non ? »

 

Frédéric lui fait son autoportrait dans l’avant-propos de « Vacances dans le coma » tout en « antiphrases »

 

« Je suis tout juste un ex-fêtard frustré, paresseux et prétentieux – un Pacadis même pas mort »

 

« Quant au style, n’en parlons pas. Du néo-néo-hussard de gauche, su sous-Blondin aux petits pieds pour cocaïnomanes germanopratins, truffé d’aphorismes lourdingues dont même sans Antonio n’aurait pas voulu dans ses mauvais trimestres. »

 

Comme le note Édouard Launet « Ceux qui auraient vu là comme un accès de lucidité seront détrompés par la conclusion « Non, franchement, fuyez ce roman. Lisez plutôt du Philippe Labro (ha, ha, ha). Je suis beaucoup trop snob pour tolérer que mon bouquin se vende à plus de 1000 exemplaires. »

 

Des pépites, j’adore !

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8 juillet 2013 1 08 /07 /juillet /2013 08:08

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Entendre qui que ce soit parler de pinard me met toujours hors de moi, surtout lorsqu’il s’agit de ceux qui le font avec le dessein de déprécier les petits vins. Ce mot d’argot à l’origine incertaine me débecte car il fut mis au service par le commandement lors de la boucherie de 14/18 pour soutenir « le moral » des poilus. C’est-à-dire en clair leur faire oublier qu’on les envoyait à l’abattoir. Joffre, fils d’un tonnelier de Rivesaltes, glorifiait le général Pinard qui avait soutenu le moral de ses troupes. Autre temps, me direz-vous, patriotisme à la sauce Théodore Botrel « Nous avons soif de vengeance » entre ces deux vers « Verse à boire ! » et « Buvons donc de la gloire à pleins bidons ! », terroir à la sauce des tranchées dans une Ode au Pinard « Salut ! Pinard pur jus de treilles, / Dont un permissionnaire parfois / Nous rapporte une ou deux bouteilles / C’est tout le pays qui vit en toi », ou  l’esprit cocardier « anti-boches » « Le Barbare au corps lourd mû par un esprit lent / Le Barbare en troupeau de larves pullulant / Dans l’ombre froide, leur pâture coutumière / Tandis que nous buvons, nous, un vin de lumière / À la fois frais et chaud, transparent et vermeil ».

 

Mon grand-père Louis en était et il en est revenu, son beau-frère Pondevie, mari de la sœur de mémé Marie, y est resté lors des premières offensives et le monument aux morts de la Mothe-Achard s’est vraiment étoffé. J’ai détesté cette sale guerre plus encore que toutes les guerres car les élites exploitèrent les bons petits gars du peuple paysan et ouvrier, simple chair à canon. Bref, ce matin ce n’est pas de ce pinard-là dont je vais vous causer mais de celui dont parle Muray.  Hasard du calendrier et de mes envies de chronique les ondes matinales (j’écris cette chronique en direct car mes nuits du week-end furent courtes et il me fallait roupiller) sont pleines d’un Murray, mais lui c’est Andy et c’est un écossais qui 77 ans après Fred Perry, celui des polos appréciés des extrêmes, vient d’inscrire son nom au fronton de Wimbledon. Le mien, Philippe, idole de Fabrice Lucchini, « durant quelques années… a fait entendre sa voix passionnée, féroce, éloquente, provocante, intraitable » aux lecteurs du Journal  La Montagne. « Une voix qu’on pouvait adorer ou détester, dont la tonalité singulière pouvait ravir ou horripiler, mais on ne pouvait pas éviter de l’entendre. »


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Philippe Muray est mort.  « Le plus digne successeur de Vialatte (…) était suréloquent, surabondant, inlassable, intarissable ! Mais il était seul, orgueilleusement seul, face à ce monde lui-même intarissable, et tellement moins intéressant ! » C’était une voix singulière comme le souligne François Taillandier, auteur des citations entre-guillemets, dérangeante, excessive, dénonciatrice, viscérale, elle troublait mon confort intellectuel d’ancien 60 huitard. Résistant au fameux « il est interdit d’interdire » Muray menait un combat sans merci face à « la terreur et la farce qui règnent sur le langage » à propos de la liberté d’expression. Muray dit très bien « qu’elle est à l’inverse de la liberté de penser (et d’ailleurs, même la liberté de penser, le droit de penser, le droit de s’exprimer, qu’est-ce que ça veut dire ? On pense si on pense, un point c’est tout !) » Et Murray n’a pas connu le flux ininterrompu de Twitter, « mise en expressionniste de toute cette créativité inutile, qui cache d’ailleurs, en pleine société française « démocratique », tout ce dont on n’a pas le droit de parler ».

 

Devrais-je à cet instant poser ma plume et clore sans préavis mes chroniques ? Je le crois, seule la force d’inertie me porte et il me faudra un jour m’y résoudre. Peut-être que le temps des grandes vacances m’y aidera mais pour l’heure revenons à  notre Pinard et à la chronique de Muray du 20/10/2002 : « Recherche Pinard désespérément »

 

« Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, le titre ci-dessus ne fait pas référence à la fameuse boisson, plus ou moins capiteuse, corsée,  charpentée, gouleyante, fruitée ou bouquetée, que l’on tire de la fermentation du jus de raisin frais, et dont notre époque à découvert que l’abus était dangereux pour la santé. En d’autres termes, ce n’est pas du vin qu’il  s’agit. Ernest Pinard (1822-1909) n’a rien à voir avec le pinard. Conseiller d’Etat en 1866, sous Napoléon III, puis Ministre de l’Intérieur l’année suivante, le Pinard dont je parle, qui n’est donc pas synonyme de vinasse, ni de picrate ni de rouquin, est cet avocat impérial qui a représenté le ministère public lors de deux procès restés célèbre pour leur ridicule et qui se sont terminés par la déconfiture  du Pinard en question : le procès intenté à Flaubert pour Madame Bovary, puis celui de Baudelaire pour ses Fleurs du Mal. Dans les deux cas, Pinard était du  mauvais côté, celui de la censure. Et, dans les deux cas aussi, le censureur a perdu la partie. Et puis il est mort. Depuis, on le recherche désespérément.

 

Lui ou son successeur éventuel. Car la bêtise extraordinaire, et son acharnement à sanctionner des chefs-d’œuvre, sont devenus les seuls garants « d’audaces » avant-gardistes qui se distinguent de plus en plus mal de l’ordinaire de la vie .

 

Comment choquer un monde qui n’est plus choquable ? Comment déranger une société en dérangement ? Comment se faire remarquer, en d’autres termes ? Ce n’est pas simple. On a beau chatouiller les puissances de l’immobilisme, elles restent inertes (ce qui est assez logique pour des puissances de l’immobilisme). Pinard nous manque. »

 

C’est sur ce manque que je terminerai ma chronique car j’ai faim et j’ai envie de vous laisser sur votre faim mais ce dont je suis certain c’est que Muray rugirait au spectacle qui nous est joué en ce moment. Il ne se retourne pas dans sa tombe car les morts n’ont même pas ce genre de loisir, mais la chute de sa chronique le laissait pressentir « On attend avec curiosité les néo-défenseurs de ces persécutés eux-mêmes inédits. Pinard est mort, vive Pinard. Vous reprendrez bien un verre ? »

 

Affaire à suivre sur mes lignes…

 

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7 juillet 2013 7 07 /07 /juillet /2013 07:00

Impressionnante Adeline, baskets, fluide, des fesses hautes, une poitrine ferme sans arrogance, et surtout des yeux bleu outremer qui, dès la première accroche, vous captaient pour mieux vous tenir à la bonne distance, bien gaulée au dire de Gabrielle, expression que j’avais vivement contestée au nom de la pureté de notre bel argot où la gaule désigne notre attribut exclusif de mâle. De manière un peu grandiloquente je m’étais insurgé de cette dilution de la langue qui nous ôtait  l’un des fleurons de nos discussions entre mecs : avoir la gaule et, bien sûr, être bien gaulé faisaient partie de notre ADN de grand mâle blanc. Que nous resterait-il ? Plus grande chose, marque de la fin d’un monde, l’horreur absolue et définitive, lamento qui m’avait valu les lazzis de ma belle amie. Je lui avais vite rendu les armes car, après tout, dire d’Adeline qu’elle était bien gaulée m’allait bien et, pour retomber sur mes pieds, je m’étais mis à fredonner une chanson de Renaud : Toute seule à une table/Si c'est pas gâché/T'es encore mettable/Pas du tout fanée/T'as quoi? Quarante-cinq? /Allez cinquante balais/Tu fais beaucoup moins qu' Ta montre, ton collier/Ça fait bien une plombe/Que j'te mate en douce/Dans c'resto plein d'monde Que tu éclabousses/De ce charme obscur/Qui parfois nous pousse/Vers les femmes mûres/Et aussi les rousses/Toute seule à une table/Si c'est pas gâché/T'as les yeux du diable/Pi t'as l'air gaulée.


Nous avions croisé le Ministre dans l’antichambre, échange bref, sous contrôle, chez lui tout est toujours sous contrôle, pas la moindre trace dans ses propos de notre ancien compagnonnage, jugulaire, jugulaire, ce qu’avait beaucoup apprécié mon nouveau cicérone bien gaulé. C’est ce qu’elle m’avait déclaré sitôt que nous nous fûmes assis au fond d’un café de la rue des Saussaies où elle m’avait entraîné pour, à ses dires, mieux caler notre mission. J’avais obtempéré non sans avoir ironisé quelle mission ? Ce qui m’avait valu une réplique ornée d’un sourire plein de dents vous empêcher de vous livrer à vos habituelles fantaisies ! Elle me plaisait vraiment cette grande tige bien gaulée. J’avais opiné du chef avant de lui balancer, pince-sans-rire, dorénavant lieutenant tu me dis tu sinon je devrai sévir ! Le garçon, un rase moquette tout boulot, cheveux graisseux et ongles bouffés, déposait sur notre table ce qu’il est convenu d’appeler à Paris des petits noirs, tout en lorgnant sur la plastique d’Adeline. Tu veux toucher ! Ce ne sont pas des prothèses PIP… Sans demander son reste le loufiat battait en retraite la queue entre les jambes. Qui si frotte si pique… mais si tu le veux bien revenons un instant à mes habituelles fantaisies… Tu tiens ça d’où beauté infernale ? Elle grimaçait sous l’effet de sa première gorgée de café. Je la vannais si tu m’avais laissé l’initiative nous aurions tenu notre brief au Bristol… Sa réplique aurait pu me clouer définitivement au sol Tu y as une chambre à l’année ? mais j’inspirai profondément avant de lui claquer gentiment son joli petit bec Je ne fais pas encore la sortie des lycées jeune stupide… Si je l’avais un peu ébranlée elle n’en laissa rien paraître car elle embraya sur mes habituelles fantaisies en m’égrenant avec une précision, qui me laissa sans voix, ce qui devait être mon dossier dans la grande maison. Belle et intelligente, où se trouvait la faille ? Je trouverais et, plus j’observais Adeline, plus je pressentais que c’était ce qu’elle voulait.


Antoine était, je le savais depuis toujours, un garçon précis et organisé, des motos-taxis devaient nous prendre au bas de nos domiciles pour nous conduire jusqu’à l’aéroport du Bourget. Ainsi nous nous jouerions des éventuels embouteillages. Nos bagages étaient déjà dans la soute du Falcon EX. Le mien se réduisait à un sac de voyage, Adeline elle faisait dans le paquetage militaire et Gabrielle dans la profusion de valises. Je ne pratique pas la moto mais j’adore être passager depuis que j’ai traversé la Cordillère des Andes sur le siège arrière d’une BMW R-75 conduite par Marie-Amélie l’explosive épouse de notre ambassadeur à Santiago. Le confort de la mototaxi, une énorme Honda bardée de technologie, ne me procurait pas les mêmes sensations que l’ex-moto de la Waffen-SS  mais me laissait le temps de me remémorer ce temps. « J’avais, vu le confort allemand de notre R75, le cul en compote et une soif d’enfer due à la sécheresse ambiante. Le pompiste tenait une sorte de cafétéria épicerie où je m’enfilai trois bocks d’une bière pisse d’âne. La comtesse, avant de me rejoindre, s’en était allée se refaire une beauté aux toilettes. À son retour je la félicitais pour ses talents de conduite. Elle avait descendu la fermeture-éclair de son blouson et la peau blanc de lait de sa gorge piquetée de grains de son attirait mon regard. Elle se  posait face à moi, les coudes sur la table «est-ce que je vous fais bander ?» Ma réponse positive lui tirait un sourire carnassier. « Alors, profitons de vos bonnes dispositions jeune homme ! J’ai toujours rêvé de me faire prendre dans les chiottes ! » Abattu en plein vol j’osai une réponse indigne « Avec le litre de bière que je viens de m’enfiler ça risque d’être la Bérézina...» Un blanc s’installait avant que la comtesse très bravache me lance « vous ne perdez rien pour attendre... »   

 

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