La question est posée au sujet de la forteresse bordelaise du CIVB – contestée mais pas ébranlée par les anti-CVO du CAVB – par un brillant jeune homme, bien sous tous les rapports, excellent connaisseur de l’écosystème des 2 rives plus génériquement nommée Place, sur son site IntotheWine : « Jusqu’à plus ample informé, je croyais que le C.I.V.B. fonctionnait sous la houlette d’un président (élu) et d’un comité directeur (également élu) et que le destin de l’interprofession restait entre les mains de ceux qui maîtrisent le produit en partenariat avec ceux qui le vendent.
Il est clair que les choses ont changé depuis 1948* : le pouvoir a changé de mains. Amis viticulteurs, courtiers, négociants, vous ne le saviez pas mais vous n’êtes plus dans une démocratie et par l’intermédiaire de vos représentants élus vous ne contrôlez plus rien. Vous avez maintenant un «PATRON ». Lire l’intégralité ICI link
Mais Bordeaux, comme toujours dans notre gentil monde de bisounours du vin n’est-il pas une brillante exception qui confirme la règle ? J’ai le souvenir en effet du précédent directeur du CIVB, Roland Feredj, m’expédiant un e-mail d’invitation, suite à la publication de mon rapport, « mon président me demande de vous inviter… » sous-entendu s’il n’en tenait qu’à moi tel ne serait pas le cas. » Mais alors me direz-vous le vrai patron c’était le président qui imposait la présence à un colloque du CIVB d’un « haut-fonctionnaire parisien » (sic) qui avait écrit des horreurs sur « les grandes ombrelles des appellations qui abritaient des vins indignes » ? Simple velléité d’un jeune président remis très vite au pas. Les présidents passent le directeur reste est une règle générale dans les grands zinzins sous perfusion de CVO.
Reste que partout ailleurs les directeurs d’Interpro, s’ils tiennent l’intendance de la maison, ne sont pas les patrons. Sans leur faire injure qui peut me donner, sans aller farfouiller sur le Net, le nom des directeurs des Interpros du vin, les grandes comme les petites ?
Le problème ne situe pas à ce niveau mais à celui de se poser la vraie question, celle qui devrait mobiliser ceux qui sont le socle des Interpros : vignerons et négociants avec ceux qui ont le cul entre deux chaises : les coopératives : y-a-t-il un patron dans une Interprofession ?
Question un peu réductrice certes qui en sous-tend une autre, bien plus fondamentale, qui définit les grandes orientations de l’Interprofession, qui fixe le cap ?
Et c’est à ce niveau que tout se complexifie de par la nature même d’une Interpro qui réunit des représentants de familles professionnelles aux intérêts parfois antagonistes, de poids économique souvent différent. Sans être totalement des auberges espagnoles les interpros, plus précisément ceux qui la composent et qui élisent les organes dirigeants, dont le président, en sont souvent réduits à se mettre d’accord sur le plus petit dénominateur commun. La lisibilité de leur action, à la fois pour les cotisants et ceux à qui elles s’adressent, n’est pas toujours évidente. Le poids spécifique du Président joue alors un rôle très important dans la stratégie et l’image des interpros.
Bien évidemment, même si j’ai la réputation d’être impertinent, je ne vais pas dresser ici un tableau comparatif du poids spécifique des présidents d’Interpros car ce serait outrecuidant et sans grand intérêt. Ce que je note simplement c’est que deux présidents de grandes Interprofessions détiennent des mandats qui peuvent poser question :
- Le président d’InterRhône Christian Paly est aussi Président du Comité National Vins et Eaux-de-vie de l’INAO, nommé par le Ministre de l’Agriculture ;
- Le nouveau président du CIVB, Bernard Farges, est aussi président de la CNAOC, organe syndical de défense des producteurs de vins AOC.
Enfin, je me permets de poser la question à mes amis alsaciens : pourriez-vous nous expliquer ce qui se passe chez vous au CIVA ? Franchement ça prend des allures de règlement de comptes à OK Corral et ça trouble l’image de votre belle région link . Bon, j’évite de causer d’InterBeaujolais et d’InterLoire, ça me demanderait trop de travail…