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22 août 2013 4 22 /08 /août /2013 00:09

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J’aurais pu titrer cette chronique « Affreux, sales et méchants / Brutti, sporchi e cattivi » en référence au superbe film d’Ettore Scola, sorti en 1976 avec un remarquable Nino Manfredi, prix de la mise en scène à la 29e édition du Festival de Cannes. Mais c’eut été injuste car mes 3 fromages : le Castelmagnio 24 mois, le Termignon d’alpage, et le vieux Saint Nectaire, ont certes de sales gueules, des affreux mais qui ne sont ni sales, ni méchants.


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Mon titre reste encore un chouïa racoleur car ces 3 bons vieux briscards n’ont guère d’odeur. Bien sûr ce ne sont pas des enfants de chœur ni des chanoines ou des prélats vêtus de brocart (une étoffe de soie rehaussée de dessins brochés d’or et d’argent) mais des marauds, à forte personnalité, venus du plus profond de leur terroir ancestral. Ne voyez aucune malice en leur association avec les vins des 2 Brocard, Jean-Marc le père, Julien le fils, même si, eux aussi savent ce qu’ils veulent  et  font. J’aime les gens qui font sans se soucier du quand dira-t-on.


Vignobles_chablis-fr.svg.png

 

J’ai passé une matinée entière avec Jean-Marc Brocard dans ses vignes et il a fait en permanence référence à ceux qui lui ont appris le métier de la vigne Emile Petit, son beau-père, ainsi que de « P’tit Louis », parent éloigné. Ces deux personnes qui lui ont transmis tout leur savoir et leurs connaissances sur le métier de la vigne et du vin. Alliance d’un savoir-faire ancestral (plus de quatre siècles) et le désir d’entreprendre et de créer du jeune homme de Saint-Bris le pays des cerisiers. Jean-Marc, en s’adressant à un vieux briscard comme moi, à propos de l’histoire du Chablis, que j’ai vécu aux côtés d’un certain Henri Nallet, député-maire de Tonnerre, et Ministre de l’Agriculture ayant la haute main sur les fameux droits de plantations permettant une expansion parfois inconsidérée, jouait cartes sur table. Nous nous comprenions. Constater avec lui sur les pentes abruptes les conséquences du non labour entre deux vignes côte à côte, l’une cultivée la sienne, l’autre désherbée. Des rigoles dans cette dernière, la terre qui dégringole tout en bas dans la chaintre et qu’il faut remonter. Et pourtant le propriétaire continue avec un stupide acharnement à ignorer les principes élémentaires de l’agronomie. Quand est-ce que nos plumes vineuses iront jeter un œil dans les vignes pour constater les « ravages » d’une conduite insoucieuse des grands équilibres ?


Je ne sais. Ce que je sais, c’est que Jean-Marc a eu l’intelligence, tout en passant petit à petit la main à son fils Julien qui, diplôme d’ingénieur en poche, revient s’installer auprès de son père par passion du  métier au milieu des années 90, de prendre en compte le regard de celui-ci sur la vigne et son environnement.  Avec lui, les pratiques de la culture en biodynamie sont appliquées au terroir et à la vigne. « Nous restituons la vigne au cœur de son environnement et utilisons des préparations à base de plantes afin de réveiller le système de défense naturelle de la vigne – à la manière du système immunitaire pour les êtres humains – en suivant le cycle lunaire pour les différents travaux de la vigne et du vin. Actuellement, une bonne partie du domaine est cultivée selon les pratiques de l’agriculture biologique et biodynamique. Nous continuons notre travail toujours dans le but d’améliorer la qualité de nos produits.» et de citer Lao Tseu « Produire et faire croître, Produire sans s’approprier, Agir sans rien attendre, Guider sans contraindre »


J’attends l’objection des petits loups et des petites louves adeptes du « petisme » que dénonce Jacques Dupont le régional de l’étape : mais Brocard père&fils ce sont des grands, beaucoup d’hectares ! Oui, ma réponse est celle du très sage Olivier de Moor « Si l’on souhaite vraiment voir se développer une viticulture soucieuse de son environnement, plus propre, ça passe par la conversion des domaines importants. » Elémentaire mon cher Olivier.


Retour sur mes 3 affreux pour vous les présenter :


1-      Le Castelmagno l’italien 24 mois 71,65€ le kg Lire ICI link 


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2-      Le Termignon d’alpage 46,50€ le kg Lire ICI link 


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3-      le Vieux Saint-nectaire 29,75€ le kg ICI link 


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L’histoire du saint Nectaire link 


« Le fromage Saint Nectaire prend la forme d'un disque plat de 20 cm de diamètre, 4 cm d'épaisseur pour un poids de 1,5 kg. L'affinage dure au minimum 6 semaines en cave humide sur lit de paille de seigle, avec raclages de la croûte. L'Appellation d'Origine est consentie aussi bien aux produits de fabrication laitière industrielle ou coopérative qu'aux fromages fermiers. Seul le marquage  du fromage Saint Nectaire diffère. Les fromages fermiers sont revêtus d'une plaque elliptique (72 mm dans le plus grand diamètre, 38 mm dans le petit) portant imprimée en noir, dans des caractères de 8 mm de hauteur, la mention suivante « Saint-Nectaire fermier ». On y trouve également, au milieu de la plaque, sur la ligne de plus grand diamètre, le numéro d'immatriculation de l'atelier de fabrication.» 

 

1 - Chablis 1er Cru MONTÉE DE TONNERRE link 


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2- Chablis 1er Cru Côte de Léchet link 


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Et j'aime beaucoup le Chablis la Boissonneuse link


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21 août 2013 3 21 /08 /août /2013 00:09

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Sans tomber dans l’image facile il est incontestable que dans le petit monde du vin « la biodynamie » sent le soufre, elle déchaîne les passions, provoque des jugements péremptoires et définitifs, clive bien plus que le bios, fait voler des noms d’oiseaux au-dessus de la tête de ceux qui la pratiquent, ses adeptes dit-on pour bien leur coller une étiquette de secte.

 

J’avoue que moi je ne mange pas de ce pain-là pétri trop souvent dans les fiches techniques des grandes firmes de l’agrochimie et de l’agrofourniture. Loin des rubans lisses et impeccablement goudronnés j’aime les chemins de traverse profonds, secrets et mystérieux, façonnés par les pas des hommes et des bêtes de leur charroi, car ils me permettent de redonner au temps sa dimension humaine.


« Au village sans prétention, j'ai mauvaise réputation

Qu' je me démène ou qu' je reste coi, je passe pour un je-ne-sais-quoi.

Je ne fais pourtant de tort à personne, en suivant mon chemin de petit bonhomme

Mais les braves gens n'aiment pas que l'on suive une autre route qu'eux... » chantait Brassens.

 

La semaine passée mon village était Courgis et mes vignes celles d’Alice et Olivier de Moor, de Thomas Pico et des Brocard père&fils… Bio, biodynamique et même pour les derniers une partie non reconvertie. Qu’importe ! L’important c’est de revenir à des pratiques plus respectueuses de l’environnement, des sols, des vignes et des vignerons eux-mêmes.

 

Loin de moi les batailles de chapelles mais il y a longtemps que j’ai choisi le labour contre le round up, les vignerons qui doutent et cherchent, sans oukases mais avec ténacité et une capacité inépuisable à se remettre en question. Allez donc passer, comme moi, une journée entière dans les vignes et dans le chai d’Alice et Olivier de Moor et je suis persuadé que beaucoup de vos préventions seront levées.

 

Mais ce matin je ne suis pas là pour tresser des couronnes de lauriers à mes amis, ça ferait jaser : copinage dira-t-on. J’assume bien sûr et je n’ai pas besoin, comme certains, de m’affubler de faux-nez pour le faire.

 

Ce qui m’amène à tourner autour du pot du bio c’est le loup.


En effet, dans mes lectures matinales j’ai découvert ce titre « Délicieuses aubaines en biodynamie » par David Santerre qui déclare « Quelques-uns des meilleurs vins à moins de 25 $ disponibles en SAQ depuis quelques années sont l’œuvre d’un Montréalais. Qui est-il? »

 

« Alain Rochard, propriétaire du vénérable restaurant Continental, depuis plus de 20 ans dans le Plateau-Mont-Royal, est depuis le début des années 2000 propriétaire d’un chouette domaine de 18 hectares dans le Minervois, dans le Languedoc. Une propriété qu’il a rachetée après quelques années de formation en viticulture et de patiente recherche de l’endroit idéal où il irait bichonner sa vigne. Avec ses associés, il a jeté son dévolu sur ce lopin de terre qu’il a baptisé le domaine du Loup Blanc.

 

Ses vins, aux étiquettes rappelant les contes de notre enfance, Mère grand, Méchant loup ou Petit chaperon rose, sont faits de raisins cultivés en agriculture biologique et biodynamique et Alain n’hésite pas à parfois délaisser l’appellation Minervois pour produire des vins plus singuliers, issus de cépages non traditionnels de l’appellation. Ils porteront les mentions d'Indication géographique protégée Aude Val de Cesse, ou de vin de France, selon le cas. »link


 

Et dans ma tête un peu folâtre me revenait ce texte signé JMG dans le Rouge&Blanc «  au milieu d’un océan de vignes désherbées chimiquement c’est presque un jeu d’enfant de retrouver celles de Thomas Pico : géranium sauvage, mouron, cardamine, séneçon, liseron, coquelicot, vesce et autres muscari et boutons d’or cohabitent entre les ceps. Le domaine de Pattes de Loup compte 2,40  ha en appellation Chablis, dont 40 ares plantés sur le 1er Cru Montmain (ici sans s) dans les années 60 par Gilbert Race le grand-père maternel. »


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Et de titrer « un jeune loup qui épate ! ».

 

Thomas, l’enfant de Courgis, sensibilité à fleur de peau, est tout sauf un jeune loup, c’est un jeune homme qui a fait des choix courageux, les défends bec et ongles face à un écosystème Chablisien bien installé dans ses certitudes. Rien ne vaut le regard d’un autre jeune, Egmont Labadie, qui a recueilli dans Terres de Vins en mars 2013 les propos de Thomas Pico « Un club de dégustation m’a dit que mon Chablis n’est pas typique, que c’est du Jurançon ! », raconte Thomas Pico. « Mais est-ce qu’ils sont faciles à boire, les pinards qu’ils ont bien notés?» Teigne au cœur tendre, qui a su imposer à son père l’odyssée vers le naturel, Thomas revendique « des vignes en bio, vendangées à la main, des raisins récoltés mûrs, un vin pas levuré, pas collé, pas filtré, et ce serait moins typique qu’un Chablis pâle, vert, sulfité et filtré à mort, récolté en sous maturité pour faire croire qu’il est minéral ? »

 

Pour ce matin je n’irai pas au-delà sur Thomas. Je reviendrai, à tête reposée, vers ses vins dans une prochaine chronique.

 

Je reviens à notre Québécois Alain Rochard et à ses associés link

 

C’est un biodynamique « Pour préserver la nature qui nous entoure, le bon sens et l’observation nous guident. Notre priorité est accordée à la vigne pour que la matière première soit de la plus haute qualité possible. Le vin de terroir est le produit de 3 éléments indissociables que sont le sol, le climat et le cépage. Pour faire parler ce terroir il est essentiel que les sols soient vivants.

 

Nous nous sommes logiquement orientés vers l'Agriculture Biologique et une vinification la plus naturelle possible. Les vendanges sont entièrement manuelles. A la vigne comme à la cave, aucun produit chimique de synthèse n’est utilisé et le désherbage est mécanique.

 

Nous pratiquons l’Agriculture Biologique depuis 2005 et nous sommes contrôlés depuis 2007 par Ecocert.

 

Pour aller encore plus loin dans notre recherche du vivant et du lien de la vigne à son environnement, nous pratiquons la biodynamie pour choisir au mieux les périodes correspondantes aux interventions sur le sol (labours, plantation, buttage, binage) et sur la plante (pulvérisation, taille, récolte). Toutes nos mises en bouteille se font en jours fruits.

 

La Biodiversité fait également partie de nos engagements : nous sommes heureux d’accueillir sur nos terres 50 ruches et nous participons à la réintégration de l’Aigle de Bonnelli dans son environnement Méditerranéen. »  

 

J’en reviens au choix de notre Québécois que je remercie du coup de main :


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« La cuvée Les trois p’tits C 2011, toute chaudement arrivée sur les tablettes de nombreuses succursales de notre monopole cette semaine, en est un bel exemple.

 

Je me souviens de mes premières dégustations de ce vin populaire, fait du singulier assemblage des cépages espagnols carignan, grenache, tempranillo et alicante bouchet. Il y a cinq ou six ans, je le considérais comme un vin délicieux, charmeur, mais plus charnu que raffiné.

 

Force est d’admettre qu’avec le 2011, on est ailleurs. On a considérablement évolué vers un vin toujours d’une belle amplitude mais au fruit noir (cassis, mure) plus pur et croquant, plus frais et plus délicat dans lequel on décèle même une certaine minéralité. Les tannins sont soyeux. Bref, un vin complexe certes, mais surtout facile d’approche, gouleyant à souhait, sans lourdeur, dont on ne se lasse pas. À boire sur des filets d’agneau aux herbes.

 

Aussi parmi les nouveaux arrivages du Loup, la «petite» cuvée, Soif de loup, issue d’un assemblage différent. Généralement plus floral, épicé, pimpant, c’est le vin de soif de la maison. Pour les plateaux de charcuteries et à peu près toutes les viandes et légumes qui sortent de votre BBQ. À ce prix, votre vin de tous les jours ! »

 

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20 août 2013 2 20 /08 /août /2013 11:00

Les acteurs de champagne souffrent de la détérioration du marché français (- 9,7%) et le mois dernier. Leurs ventes en volume des maisons de champagne (qui sont distinguées de celles des coopératives champenoises) ont d'ailleurs chuté de 15,6%. Il s'agit selon les analystes de « la baisse mensuelle la plus marquée que nous ayons enregistré depuis 2009 ».


La tendance n'est pas meilleure en Europe : baisse de 23% du marché, avec un recul de 14,1% des expéditions des maisons de champagne, moins que la chute subie par les coopératives - 66%, mais ces dernières avaient enregistré une très forte hausse de 143% en mai 2012.


Hors d'Europe, les expéditions en volume s'affichent en retrait de 15%, avec - 19% pour les maisons de champagne. « Etant donné que la base de comparaison n'était pas défavorable, cette nouvelle décélération de ce qui est généralement considéré comme le dernier moteur de la croissance du champagne est inquiétant », indique-t-on chez Exane-Paribas.


En revanche, les expéditions dans les pays tiers en valeur (hors UE), qui représentent 20% des ventes totales, ont bondi de 6,8%, limitant ainsi la baisse générale. « Le grand export continue à croître à des taux rassurants, d'autant que ces pays sont amateurs de cuvées de prestige à forte valeur, ce qui devrait nous permettre de conserver un bon chiffre d'affaires », commente Thibaut Le Mailloux, porte-parole du Comité interprofessionnel du vin de Champagne (CIVC) « L'inquiétude n'est pas de mise, nous restons dans des volumes de plus de 300 millions de bouteilles ce qui constitue une performance proche des niveaux historiques ».


En juillet dernier, le CIVC a fixé le rendement de la vendange 2013 à 10.500 kilos par hectare, soit 305 millions de bouteilles qui resteront en cave au moins 15 mois pour les cuvées courantes et trois ans pour les éventuels millésimes. « Cette quantité commercialisable est fixée par avance et ne peut être dépassée quel que soit le rendement agronomique de la vigne », a précisé Thibaut Le Mailloux.


Et pendant ce temps-là dans la presse people ROSALIE VAN BREEMEN : L’EX-COMPAGNE D’ALAIN DELON OSE UNE TENUE TRÈS HOT sur une couche impériale signée Moët&Chandon.


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Difficile de faire plus

 

LIRE ICI link

 

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20 août 2013 2 20 /08 /août /2013 00:09

Le Syndicat des Producteurs de Vin de Pays d’Oc vient de lancer une nouvelle une campagne de communication en partenariat avec Air France. Deux clips vidéo d’environ 3 minutes seront diffusés à bord des avions de la compagnie aérienne jusqu’au mois de décembre.


Le visionnage de ces clips vidéo est passionnant car les codes utilisés pour promouvoir ces vins, dit IGP, puisent tous à la même source.


Laquelle me direz-vous ?


N’attendez pas de moi que je réponde à cette question car j’ai trop pâti par le passé d’avoir eu la langue trop bien pendue sur les sujets d’OC. Je vous laisse ce soin, chers lecteurs.


Pays d’Oc IGP en quelques chiffres via la grande maison de Lattes du Président Jacques Gravegeal


« Région Languedoc-Roussillon : 4 départements Aude, Gard, Hérault, Pyrénées-Orientales, 6 communes de Lozère,

90 000 hectares de vignes : 1 ha sur 3 ha est consacré au label Pays d’Oc IGP en Languedoc-Roussillon,

56 cépages autorisés : rouge, blanc et rosé,

15% de la production nationale de vins tranquilles,

1ère des IGP françaises en volume : 65% des vins IGP français, 90 % des vins de cépages IGP français des vins traçables, de typicité et qualité contrôlées : 100 % des vins certifiés sont dégustés,

840 millions de bouteilles (équivalent : 6,3 millions d’hectolitres), soit 27 bouteilles vendues par seconde,

1er exportateur français de vins tranquilles et 5ème exportateur mondial de vins de cépage en volume. »


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19 août 2013 1 19 /08 /août /2013 00:09

Telle est la raison que j’invoque dans le message que je propose sur mon téléphone à ceux qui ne peuvent me joindre. Ça les surprend bien sûr mais ce n’est ni tout à fait vrai, ni tout à fait faux. Je m’explique. En effet, lorsque je chronique chaque jour je suis toujours par la pensée dans les vignes, les vôtres bien sûr. Cependant, même si mes vaches m’éloignent parfois de Paris, je foule plus le macadam que les beaux terroirs de vos vignes. Alors, comme je l’avais annoncé, j’ai décidé de sortir de Paris pour me rendre dans les vignes.


Ainsi, lundi et mardi derniers, avec ma petite auto noire, j’ai mis au petit matin cap au sud pour me retrouver dans les vignes. Et croyez-moi, j’y ai passé les ¾ de mon précieux temps. J’ai beaucoup écouté les amis vignerons qui nous ont reçu, trois générations mais un facteur commun le respect de la terre et l’extrême soin du vin. Bien sûr, selon une tradition bien établie chez moi, je n’ai pris aucune note mais en revanche des photos. Bouffée d’oxygène extraordinaire, un ressourcement indispensable pour votre Taulier qui sent parfois qu’il s’essouffle, se dit que ce qu’il fait est bien vain. Vous ne pouvez pas savoir comme ça m’a fait du bien. Tout le contraire d’un voyage de presse, le programme se bâtissant au fil de la journée sans contraintes de d’horaires, une conversation en continue libre et riche. Et bien sûr, nous avons dégusté mais aussi bien mangé et bien bu. La totale quoi !


N’attendez pas de moi aujourd’hui que je vous dise où j’étais car je n’ai pas encore décanté tout ce que j’ai engrangé. Mes idées sont encore sur lie. Je laisse du temps au temps pour vous faire profiter de cette incursion dans les vignes qui était pendant deux jours mes vignes. Bien évidemment je ne vais pas en resté là et je vais programmer, façon de parler, d’autres incursions du même genre. Mais, comme le dirait N de R « pendant que j’y pense » je me plais à imaginer inviter un jour notre Ministre de l’Agriculture, Stéphane le Foll, à se joindre, pendant une matinée ou un après-midi, à cette plongée dans les vignes. Comptez sur moi pour lui proposer car il me semble que c’est la meilleure manière de comprendre ce que sont et ce que font nos vignerons. Et ce sera si ça se fait : sans casquette de préfet ni nuée de journalistes, une vraie découverte du terrain.


Je m’en tiens là car n’étant pas, contrairement à l’idée que beaucoup de ma production journalière, un stakhanoviste. Je salue au passage Jules Tourmeau. Enfin, je signale à tous ceux qui reconnaîtront, et je crois qu’ils seront nombreux, le lieu de mes vignes éphémères que, libre à eux de le révéler, car ça ne changera rien au fait que pour l’heure votre Taulier restera muet comme une carpe en attendant de cracher le morceau bien sûr (normal pour un dégustateur de sa trempe, pas vrai PSA !)


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18 août 2013 7 18 /08 /août /2013 07:00

Matteo avait tout prévu, son maître d’hôtel nous porta des vêtements d’été en lin à notre taille puis une dînette copieuse qu’il déposa sur la terrasse surplombant notre étage. Adeline en se glissant dans la robe chasuble me dit d’un air extatique « mon Dieu que c’est bon de se glisser nue dans une telle merveille… Comment me trouves-tu ?

-         Comme une fille !

-         Ça veut dire quoi comme une fille ?

-         Que je vais te fesser à cul nu si tu continues de minauder…

-         Je ne minaude pas sale macho. Essaie donc d’accéder à mes fesses et tu verras de quel bois je me chauffe…

-         Rassures-toi je n’ai pas l’intention de passer à l’acte !

-         Que tu dis…

-         Mangeons, j’ai une dalle terrible…

-         C’est l’âge…

-         Oui je compense mes insuffisances…

Adeline mangea deux fois plus que moi mais dès le melon au jambon de Parme elle m’avait pris de cours en jouant sur la corde sensible. « Comme je sais qu’au fond sous tes airs de mec revenu de tout tu es un pro, tu vas me raconter comment tu as infiltré la Gauche Prolétarienne…

-         Rien que ça la belle…

-         Oui mon grand !

-         Bon point, tu n’as pas dit mon vieux.

-         Arrête ton char sinon je te viole.

-         Que tu dis…

-         Allez racontes…


Et bien sûr j’ai raconté. « Le 1er septembre 1969, c’était un lundi quand je m’étais au bureau d’embauche de Citroën, quai de Javel, c’était plein de cols blancs et de petits culs frais de dactylos qui arpentaient les couloirs avec des airs inspirés pour les mecs et dédaigneux pour les filles qui froufroutaient salement devant eux. Pour ne pas me faire remarquer je regardais le bout de mes grosses grôles. Une grosse moustachue en blouse grise m’avait fait remplir les formalités d’usage, plein de paperasses sur lesquelles je m’appliquais à écrire de la pire façon des trucs sur moi que j’avais appris par cœur. Ensuite, une poulette m’avait dirigé vers le bureau du responsable du pointage où officiait, derrière un petit bureau métallique, un grand mec au crâne rasé qui avait une gueule de juteux de l’armée, et qui s’avéra par la suite être un ancien sous-off qu’avait fait l’Indochine et l’Algérie, plus caricatural que nature, raide et con à la fois. Manifestement ma gueule lui déplaisait et, pour me faire chier, il m’avait collé dans l’équipe de nuit : j’embauchais à neuf heures du soir et je finissais à cinq heures du mat. À part les affres de mon Golgotha quotidien, ça m’allait comme un gant car ça me laissait du temps pour aller traîner mes grolles du côté des réunions secrètes de mes amis les «tigres en papier de la Gauche Prolétarienne » que j’étais chargé d’infiltrer ». Il m’expédia à l’usine Citroën du quai Michelet à Levallois-Perret, celle où l’on fabriquait la « deuche » la chouchoute des babas cools.


Pour moi c’était, tout, sauf cool, mais la galère. Mon boulot, boucheur de trou sur la chaîne de montage de la « caisse », consistait à charroyer entre l’atelier de soudure et celui d’emboutissage des structures métalliques pour pallier les anomalies constatées sur certaines caisses et éviter un trou dans l’assemblage. Entre les deux ateliers, cent mètres où je devais pousser, courbé, arc-bouté, une sorte de fardier, dont les toutes petites roues collaient au goudron, rempli de carcasses en tôle tout juste sorti des presses. J’en chiais, ça me sciait les reins et, comme ce sadique de contremaître, lorsque je lui avais demandé poliment des gants, m’avait ri au nez en me balançant goguenard « tu te démerdes y’en a pas… » - y’avais jamais rien dans cette boîte de merde c’était comme ça chez Citroën le royaume du bout de ficelle – je me faisais bouffer les mains par le nu tout juste refroidi de la tôle et cisailler les doigts par tous les angles de ces putains de pièces.


 

Les nervis, la couche de brutes épaisses qui évitait à la caste des ingénieurs géniaux – les pères de la DS – de se préoccuper de la lie des OS, m’avait classé dans la catégorie « intellos », tous ces branleurs qui venaient les faire chier et foutre le bordel en s’immergeant dans la classe ouvrière, ici fortement représentée par les « bicots » et les « crouilles » ex-fellaghas coupeurs de couilles des braves défenseurs de l’Algérie Française. La manœuvre des « génies » de la place Beauvau fonctionnait à merveille : j’allais plaire aux illuminés de la Gauche Prolétarienne. Lorsque je sortis de l’usine, encore plein du fracas des presses, cassé par la nouvelle gestuelle que m’imposait le charroi de pièces en tôles coupantes qui me mettait les mains en sang, vidé de toute envie et affamé, j’enfourchais ma mobylette et je fonçais jusqu’à mon gourbi de la Butte aux Cailles pour me jeter sous une douche bouillante. Décapé, propre sur moi, je gagnais Montparnasse où j’allais, dès l’ouverture, poser mon cul sur la paille des fauteuils nickel du Sélect. En dépit de mon décrassage je devais suinter l’ouvrier car les garçons me tiraient des mines dégoûtées en prenant ma commande. Je les ignorais en m’empiffrant de leur petit déjeuner continental. La faune matinale me plaisait ; des femmes entre deux âges me mataient ; des intellos en velours côtelé péroraient ; quelques filles en mini-jupes et bouquins sous le bras faisaient escale et pépiaient ; de vieux messieurs à rosette lisaient la presse du matin ; moi je somnolais doucement jusqu’aux environs de neuf heures.


 Sans rouler sur l’or, comme la grande maison continuait de m’assurer mon traitement de fonctionnaire de police, qu’elle prenait en charge le loyer de mon gourbi de la Butte aux Cailles, et que la maison Citroën m’assurait le maigre salaire d’un OS – toujours assez mince même si les accords de Grenelle avaient rallongé un peu la sauce – je pouvais me permettre de claquer un peu de blé pour me faire plaisir. Ferdinand qui était de service le matin, après m’avoir battu froid les premiers jours, face à ma munificence et ma lecture du Monde, me prit très vite sous sa protection. Archétype du vieux titi parisien il alternait des réparties désopilantes et des propos de la France un peu rance qui râle à tout propos sur tout et rien. J’étais bon public, me gondolais à la plus petite plaisanterie, approuvais ses pires insanités. Le Fernand appréciait. Le seul nuage obscurcissant un peu  notre lune de miel provenait du flou de mes réponses lorsqu’il tentait de me pousser aux confidences sur mes activités. Je le faisais, non que je craignais son indiscrétion, d’ailleurs j’aurais pu m’inventer une troisième vie, mais parce que voulais le tenir un peu à distance avec juste ce qu’il faut de mystère. »

 

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18 août 2013 7 18 /08 /août /2013 00:09

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Johnny Depp, l’ex de notre Lolita nationale, Vanessa Paradis, dont le goût trop prononcé pour la bouteille aurait mis de l’eau dans le gaz dans le ménage, dément cette version de la presse people tout en concédant « J’ai étudié les vins et les spiritueux à fond, et ils m’ont certainement bien étudié aussi. Nous avons découvert que nous nous entendions à merveille, mais peut-être trop bien ». La star, qui se dit à nouveau sobre, a boudé la France lors de sa tournée européenne pour faire la promotion de son dernier film, étrillé par la critique, « Lone Ranger » Ce désamour pour moi n’a rien à voir ni avec le cinéma, ni avec son ex-Lolita, mais trouve sa pour cause dans la peur de Johnny de repiquer au jaja chez Hubert de Boüard de Laforest qui n’aime rien tant que de voir les stars se désaltérer à l’Angélus.


En 2009, alors qu’il filait le parfait amour avec Vanessa, Johnny à l’Oustau de Baumanière aux Baux de Provence commanda une bouteille de Cheval Blanc 1947 qu’il régla 40 000 €. Quand on aime on ne compte pas.


Le sieur Antonin, dit Vindicateur, au temps où il n’était pas tombé dans le chaudron nature, notait sur son blog « Sur le haut du bras de Johnny, un tatouage où on peut lire « Wino Forever » (poivrot pour toujours). A l’origine, c’était « Winona Forever », mais la belle ayant filé, le tatouage fut raccourci - au couteau s'il vous plaît - pour coller à la réalité : Johnny Depp adore le bon vin. »


Lire la suite ICI link  Antonin pris la main dans le sac « Ainsi, à la question de ses vins préférés, il répondit un jour Calon Ségur : « Un vin merveilleux qu'on peut boire tous les jours et, en plus, d'un prix très abordable. » Avant d’ajouter qu’il atteignait « le nirvana » avec Pétrus, Cheval Blanc et Romanée-Conti. Effectivement, il y a pire. » Nos amis du célèbre site 1855 ne disaient pas autre chose link (le tout venait de madame Figaro, une référence)


Je plaisante, je titille, ça me tire de la torpeur du mois d’août…


Autre superbe cas, Gwyneth Paltrow, qui ce dernier week-end, a participé à la nuit des auteurs de la East Hampton Library’s, un salon du livre se déroulant chaque année dans les Hamptons, près de New York pour signer des exemplaires de son livre de cuisine vegan, It’s all good. Elle a fait un tabac auprès des visiteurs mais a sérieusement énervée les vrais auteurs dont Jay McInerney qui a ironisé sur un Twitte « La Nuit des auteurs de la East Hampton Library’s s’est fait pirater par des stars du cinéma et leurs livres de cuisine écrits par des ghost-writers ». Comme les auteurs étaient positionnés par ordre alphabétique, la voisine de la star l’écrivaine Christina Oxenberg raconte sur son blog. « La divinité en question est arrivée avec son mari, ses enfants et deux imposants gardes du corps. Ses fidèles m’ont isolée du reste du monde, empiétant sur mon petit territoire, pour jeter leurs détritus et poser leurs c*ls. » Ecœurée elle a quitté sa place et a ramené une assiette pleine de « mini-burgers bien gras » et « d’odorants sandwichs à la viande » de quoi lever le cœur des adeptes du régime vegan cher à Gwyneth Paltrow.


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Ne ricanons pas, c’est ce qui nous guette car nous n’aimons rien tant que de mettre nos pas dans ceux de nos grands voisins d’Outre-Atlantique. L’abêtissement est là, bien là et si une star venait poser son beau cul au salon du livre pour promouvoir la même cause ses adeptes se comporteraient de la même manière. Dans le même ordre d’idée j’attends avec impatience le déferlement sur Paris du hamburger de nouilles «ramen». En ce moment nous n’en sommes qu’à la prolifération des boutiques baggel. Tout a commencé à la foire alimentaire Snorgasburg de Brooklyn où Keizo Shimamoto, le créateur du « ramen burger » qui n'avait préparé que 150 burgers s'est rapidement retrouvé en rupture de stock.link


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Les new-yorkais adorent faire la queue, c’est le syndrome Camdeborde et Keizo Shimamoto, espère éventuellement ouvrir un restaurant spécialisé en hamburgers ramen. Créer une queue attire le chaland. Lorsque je suis allé expérimenter le kebab chic d’Hugo Desnoyer à « Grillé » j’ai attendu plus de 20 mn avant d’être servi et lorsque mon tour est arrivé il ne restait plus beaucoup de viande à servir. Un bon conseil aux restaurateurs qui attendent vainement le client, créez des queues avec quelques intermittents du spectacle ça attirera le chaland. Je plaisante bien sûr car il faut se souvenir qu’un certain Olivier Stirn, dit l’andouille de Vire, utilisa ce procédé pour emplir la salle où il organisait un colloque…


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17 août 2013 6 17 /08 /août /2013 11:00

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Ce billet, publié par le Huffington Post, de Denise Quirk-Baillot * Psychologue, spécialiste des troubles de comportement alimentaire a été publié dans le cadre de l'opération Têtes Chercheuses, qui permet à des étudiants ou chercheurs de grandes écoles, d'universités ou de centres de recherche partenaires de promouvoir des projets innovants en les rendant accessibles, et ainsi participer au débat public.


« Dans le cadre de son projet doctoral, elle a effectué une étude sur 1073 adolescents français et 1573 adolescents américains, afin d'identifier et de comparer les facteurs culturels et les pratiques alimentaires ainsi que de problèmes pondéraux et de troubles des conduites alimentaires. J'ai mené cette étude en collaboration avec des chercheuses des deux côtés de l'océan : Martine Flament (IRSM, Ottawa), Nathalie Godart (Inserm, Paris) Angelina Allen (Stanford, Californie) et Brigitte Remy (MGEN, Paris)


Force est de constater que les adultes français prennent davantage de plaisir et de temps pour les repas et mangent en compagnie de leur famille, de leurs amis et de leurs collègues. Les portions des aliments sont plus importantes aux Etats Unis, les Américains grignotent plus et ils préparent moins souvent des plats traditionnels faits maison servis à table avec une présentation soignée.


Chez les adolescents, même constat


Ma thèse retrouve ces différences chez les adolescents : les Français ont des attitudes plus "saines" envers la nourriture. Ils sautent moins souvent les repas, par exemple. Ce comportement est considéré comme déséquilibré par les nutritionnistes parce qu'il est associé à une consommation de boissons gazeuses sucrées, au fast food, aux aliments gras et à une moindre consommation d'aliments riches en nutriments (6). Il pourrait entraîner le grignotage tout au long de la journée, des carences ou même les crises boulimiques. Les adolescents français mangent plus souvent en famille. Selon des études précédentes de Neumark-Sztainer et al (7,8) le fait de manger plus souvent en famille (repas réguliers, structurés et dans une ambiance positive) était associé avec des taux de symptômes TCA amoindris. Le travail que j'ai mené avec mes collègues montre aussi que les repas "faits maison" avec des produits frais sont plus répandus chez les Français. Autre caractéristique : le grignotage. Les Américains grignotent plus de chips et gâteaux salés. Les Français mangent des fruits comme dessert alors que les Américains les grignotent plutôt tout au long de la journée. »


La suite ICI link 


  • Denise Quirk Baillot est californienne. Elle est diplômée d’un master de l’Université Chapman (Californie) et a récemment soutenu sa thèse à l’UPMC. Psychologue, spécialiste des troubles de comportement alimentaire, elle a d’abord exercé près de Los Angeles avant de s’installer à Paris après son mariage avec un français en 1997. A l’occasion de son arrivée, elle a découvert que ce qu’elle préconisait à ses patients aux USA, était comportement ordinaire en France (3 repas pris à heure régulière, en bonne compagnie, portions raisonnables, plaisir), ce qui l’a motivé en partie à poursuivre en thèse. Son projet doctoral s’est effectué dans le cadre du Département de Psychiatrie de l’adolescent et du jeune adulte (Unité INSERM U 669) à l’Institut Mutualiste Montsouris (Hôpital Cochin). Actuellement, elle exerce sa profession en cabinet à Paris au Counseling Center at the American Cathedral in Paris. Elle accueille des patients anglophones et francophones.

 

Pour l’article de recherche ADOLESCENTS AMERICAINS ET FRANÇAIS : OBESITE, TROUBLES DU COMPORTEMENT ALIMENTAIRE, ATTITUDES ET HABITUDES ALIMENTAIRES voir ICI link

 

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17 août 2013 6 17 /08 /août /2013 00:09

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Les images ont la vie dure dit-on mais celle du français black béret vissé sur la tête, kil de rouge et baguette de pain dans sa musette chère à nos collègues anglo-saxons est à tout jamais engloutie. Même la baguette est, à leur dire, en danger en dépit de ses 10 milliards d’unités annuelles qui fait des Français sans nul doute les plus gros consommateurs de pain en Europe : 99% d'entre eux déclarent le faire quotidiennement avec en moyenne 140 g de pain par jour.


Pas mal non, il subsiste encore dans notre vieux pays 38.000 boulangeries artisanales (la résistance est plus forte que pour d’autres artisans de bouche) Même qu’à Paris il existe un prix de la meilleure baguette : en 2013 c’est Rhida Khadher, de la boulangerie « Au Paradis du Gourmand » 156, rue Raymond Losserand dans  qui l’a reçu link et est devenu le fournisseur officiel de l'Elysée pendant un an. 


Et pourtant, après avoir combattu le pain quotidien, les nutritionnistes recommandent de consommer entre 3/4 et 1 baguette par jour pour couvrir notamment les besoins en glucides complexes et protéines végétales.


Mais combien coûte une baguette de pain traditionnelle ? Évitez de poser cette question à Bruno Le Maire mon ancien patron, il pourrait prendre la mouche car il avait séché dessus en février 2011. Comptez aujourd'hui en moyenne 88 centimes pour une baguette traditionnelle en boulangerie et 57 centimes en grande surface ! Depuis 1987, les boulangers fixent librement le prix de leur pain.


Répartition du coût d'une baguette en France en 2011. (Chambre syndicale de la boulangerie)


19% imputable aux coûts de la farine, la levure, le sel et l'eau.

53% pèsent sur les salaires et les charges.

11% de frais divers (impôts, emballage, transport, amortissement).

11% pour l'énergie et le loyer.

6% de revenu.


Comparatifs de la baguette et du SMIC (Chambre syndicale de la boulangerie)


En 1970, le smic est à 593 Fr, la baguette à 0.57 Fr.

On peut acheter 1040 baguettes.

En 1980, le smic est à 2392 Fr, la baguette à 1.67 Fr.

On peut acheter 1432 baguettes.

En 1990, le smic est à 5286 Fr, la baguette à 3.14 Fr.

On peut acheter 1683 baguettes.

En 1997, le smic est à 6664 Fr, la baguette à 3.97 Fr.

On peut acheter 1678 baguettes.

En 2008, le smic est à 1309 Є, la baguette à 0.80 Є.

On peut acheter 1636 baguettes.

En 2011, le smic est à 1365,03 Є, la baguette à 0.90 Є.

On peut acheter 1436 baguettes.

NB: En 2000, on est passé à 151 heures au lieu de 169.


La baguette standard est « large d'environ 5 à 6 cm, haute d'environ 3 à 4 cm et longue d'environ 65 centimètres. Les différentes sortes de pains sont caractérisées entre autres par leur poids. Celui de la baguette est d'environ 250 grammes.

La croûte des baguettes est très croustillante et dorée, tandis que l'intérieur, la mie, est blanche et moelleuse. En principe, elle reprend sa forme si on la presse. C'est un critère pour savoir si le pain est de qualité. »


L’article 2 du Décret n°93-1074 du 13 septembre 1993 pris pour l'application de la loi du 1er août 1905 en ce qui concerne certaines catégories de pains indique « Peuvent seuls être mis en vente ou vendus sous la dénomination de : "pain de tradition française", "pain traditionnel français", "pain traditionnel de France" ou sous une dénomination combinant ces termes les pains, quelle que soit leur forme, n'ayant subi aucun traitement de surgélation au cours de leur élaboration, ne contenant aucun additif et résultant de la cuisson d'une pâte qui présente les caractéristiques suivantes :

 

1° Etre composée exclusivement d'un mélange de farines panifiables de blé, d'eau potable et de sel de cuisine ;

2° Etre fermentée à l'aide de levure de panification (Saccharomyces cerevisiae) et de levain, au sens de l'article 4 du présent décret, ou de l'un seulement de ces agents de fermentation alcoolique panaire ;

3° Eventuellement, contenir, par rapport au poids total de farine mise en oeuvre, une proportion maximale de :

a) 2 p. 100 de farine de fèves ;

b) 0,5 p. 100 de farine de soja ;

c) 0,3 p. 100 de farine de malt de blé. »


Elle est là, et bien là notre sacro-sainte baguette de pain, alors pourquoi diable les médias anglo-saxons s’inquiètent-ils en évoquant notre désamour vis-à-vis d’elle ?


Elaine Sciolino a récemment publié un article dans le New York Times intitulé «Un essentiel de l'alimentation française n'a plus sa place à table».link Cœur du problème: les Français mangent moins de pain et délaissent la baguette, emblème culinaire s'il en est.


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« Si la modification des habitudes alimentaires a conduit à la réduction de la consommation de pain, la qualité de la baguette est également pointée du doigt. Elle ne fait pas le poids face à ses concurrentes plus sophistiquées, à l'instar des baguettes «tradition» réputées plus savoureuses. L'Observatoire du pain a lancé une contre-offensive sous la forme d'une campagne d'affichage encourageant les Français à faire du passage à la boulangerie une habitude quotidienne. Les panneaux «Coucou! Tu as pris le pain?» essaiment dans l'Hexagone. » commente le Figaro.


Il est vrai que la baguette est de plus en plus menacée par le marketing : « la Banette, la Tradition, le Bon’heur, la Rustique, la Rétrodor, la Saint Albin, la Paysanne, la Gallega, la Gourmet, la Campaiette, sans oublier l’exotique Finlandaise : Prévert n’aurait pas renié pareil inventaire, hélas loin d’être exhaustif. Car tous ces mots, tantôt latin de boulange, tantôt marques déposées, sont censés remplacer avantageusement le terme de baguette. » note un puriste.


Plus sérieusement selon Steven L. Kaplan, l’historien américain de référence sur le pain, la raison est que panification a suivi deux tendances au cours du siècle dernier : une baisse constante de la qualité de la plupart des produits, et l'émergence d'une nouvelle race des boulangers artisanaux consacrés à l'excellence et de tradition. Pour lui la baisse de la qualité a commencé en 1920 avec le passage de panification lente avec une base de levain à un processus rapide en utilisant des levures. Mécanisation dans les années 1960 qui a contribué à la fabrication du pain qui manquait goût et l'arôme. La tendance a commencé à s'inverser dans les années 1980. Les meuniers français ont fourni aux boulangers de la meilleure farine et un plus grand soutien de la commercialisation. Lionel Poilâne a conjugué production à grande échelle avec pratiques artisanales comme la longue fermentation au levain et four à bois à pâte. La «tradition», comme on l'appelle, est plus chère que la baguette ordinaire, qui utilise des additifs, la fermentation rapide montante et la mécanisation, et représente environ 75 % des ventes de pain du pays.


La journaliste américaine cite Philippe Levin, boulanger dans le 9e arrondissement de Paris depuis 25 ans « Les procédés de fabrication des deux pains ne sont pas du tout les mêmes. Le secret pour faire une bonne tradition c’est le temps, le temps, le temps. La fermentation est très, très lente. Les arômes, le sucre doivent émerger. Il faut de 3 h et demie, à quatre heures du début à la fin. » Pour montrer la différence il tranche une tradition et une baguette classique en deux et la longueur comme pour faire un sandwich. «Regardez toutes les cavités irrégulières, la belle croûte dorée» pour la tradition. « Sentez l'arôme, doux et épicé. Chacune est faite à la main. C'est magnifique! » Pour la baguette, «C'est différent, plus blanc, fait à la machine. » M. Levin vend plus de traditions que les baguettes, même si les baguettes coûtent 20 centimes de moins.


L'art de vivre à la Française est-il vraiment en péril ? Nos chers voisins anglo-saxons ne profitent-ils du relatif déclin de la baguette traditionnelle pour pratiquer encore une fois  le «French bashing» ? Je le crois mais je concède que notre morosité affichée favorise ce sport. John Simpson de la BBC se demande «Qu'est-il arrivé à la joie de vivre française?» Roger Cohen, journaliste au New York Times en fonce le clou «le malaise et l'ennui sont à la France ce que l'enthousiasme est aux Etats-Unis: un emblème dont on est fier».


Cependant, sous cette ironie, ces critiques récurrentes, se cachent souvent, comme le note le Figaro, « des compliments, voire parfois des déclarations d'amour à la France et ses habitants, aussi moroses soient-ils. » Dans sa tribune Roger Cohen conclut en estimant qu'il «vaut mieux être malheureux qu'hypocrite, écœuré que naïf - et il vaut même beaucoup mieux être morose qu'idiot».


Morale de cette histoire : si au lieu de nous auto-flageller, de ronchonner, nous prenions enfin conscience que nous vivons dans l’un des endroits de la Terre où il fait encore bon vivre. Cet optimisme, qui d’ailleurs existe dans la sphère privée des Français, nous permettrait de retrouver de l’allant. « J’ai toujours voulu que l’avenir ne soit plus ce qui va arriver mais ce que nous allons faire. » Henri BERGSON


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16 août 2013 5 16 /08 /août /2013 11:00

« Disons qu’elle s’appelait Mme Anserre, pour qu’on ne découvre point son vrai nom.


C’était une de ses comètes parisiennes qui laissent comme une traînée de feu derrière elles. Elle faisait des vers et des nouvelles, avait le cœur poétique et était belle à ravir. Elle recevait peu, rie, que des gens hors ligne, de ceux qu’on appelle communément les princes de quelque chose. Être reçu chez elle constituait un titre, un vrai titre d’intelligence ; du moins on appréciait ainsi ses invitations.


Son mari jouait le rôle de satellite obscur. Être l’époux d’un astre n’est point chose aisée. Celui-là cependant avait eu une idée forte, celle de créer un État dans l’État, de posséder son mérite à lui, mérite de second ordre, il est vrai ; mais enfin, de cette façon, les jours où sa femme recevait, il recevait aussi ; il avait son public spécial qui l’appréciait, l’écoutait, lui prêtait plus d’attention qu’à son éclatante compagne.


Il s’était adonné à l’agriculture ; à l’agriculture en chambre. Il y a comme cela des généraux en chambre, – tous ceux qui naissent, vivent et meurent sur les ronds de cuir du ministère de la Guerre ne le sont-ils pas ? – des marins en chambre, voire au ministère de la Marine ; – des colonisateurs en chambre, etc., etc. Il avait donc étudié l’agriculture, mais il l’avait étudiée profondément, dans ses rapports avec les autres sciences, avec l’économie politique, avec les arts, – on met les arts à toutes les sauces, puisqu’on appelle bien « travaux d’art » les horribles ponts des chemins de fer. Enfin il était arrivé à ce qu’on dit de lui : « C’est un homme fort. » On le citait dans les Revues techniques ; sa femme avait obtenu qu’il fut nommé membre d’une commission au ministère de l’agriculture.


Cette gloire modeste lui suffisait.


Sous prétexte de diminuer les frais, il invitait ses amis le jour où sa femme recevait les siens, de sorte qu’on se mêlait, ou plutôt non, on formait deux groupes. Madame, avec son escorte d’artistes, d’académiciens, de ministres occupait une sorte de galerie, meublée et décorée dans le style Empire. Monsieur de retirait généralement avec ses laboureurs dans une pièce plus petite, servant de fumoir et que Mme Anserre appelait ironiquement le salon de l’Agriculture.


Les deux camps étaient bien tranchés. Monsieur, sans jalousie, pénétrait quelquefois dans l’Académie, et des poignées de mains cordiales étaient échangées ; mais l’Académie dédaignait infiniment le salon de l’Agriculture, et il était rare qu’un des princes de la science, de la pensée ou d’autre chose se mêlât aux laboureurs.


Ces réception se faisaient sans frais : un thé, une brioche, voilà tout. Monsieur, dans les premiers temps, avait réclamé deux brioches, une pour l’académie, une pour les laboureurs ; mais Madame ayant justement observé que cette manière d’agir semblerait indiquer deux camps, deux réceptions, deux partis. Monsieur n’avait point insisté ; de sorte qu’on ne servait qu’une seule brioche, dont Mme Anserre faisait d’abord les honneurs à l’Académie et qui passait ensuite dans le salon de l’Agriculture.


Or, cette brioche fut bientôt, pour l’Académie, un sujet d’observations des plus curieuses. Mme Anserre ne la découpait jamais elle-même. Ce rôle revenait toujours à l’un ou l’autre des illustres invités. Cette fonction particulière, spé& Il s’était adonné à l’agriculture ; à l’agriculture en chambre spécialement honorable et recherchée, durait plus ou moins longtemps pour chacun : tantôt trois mois, rarement plus ; et l’on remarqua que le privilège de »découper la brioche » semblait entraîner avec lui une foule d’autres supériorités, une sorte de royauté ou plutôt de vice-royauté très accentuée.


Le découpeur régnant avait le verbe plus haut, un ton de commandement marqué ; et toutes les faveurs de la maîtresse de maison étaient pour lui, toutes.


On appelait ces heureux dans l’intimité, à mi-voix, derrière les portes, les « favoris de la brioche », et chaque changement de favori amenait dans l’Académie une sorte de révolution. Le couteau était un sceptre, la pâtisserie un emblème ; on félicitait les élus. Les laboureurs jamais ne découpaient la brioche. Monsieur lui-même était toujours exclu, bien qu’il en mangeât sa part.


La brioche fut successivement taillée par des poètes, des peintres et des romanciers. Un grand musicien mesura les portions pendant quelque temps, un ambassadeur lui succéda. Quelquefois un homme moins connu, mais élégant et recherché, un de ceux qu’on appelle, suivant les époques, vrai gentleman, ou parfait cavalier, ou dandy, ou autrement, s’assit à son tour devant le gâteau symbolique. Chacun d’eux, pendant son règne éphémère, témoignait à l’époux une considération plus grande ; puis quand l’heure de sa chute était venue, il passait à un autre le couteau et se mêlait de nouveau dans la foule des suivants et des admirateurs de la « belle Mme Anserre ».

 

à suivre...

 

Guy de Maupassant : Le gâteau. Texte publié dans Gil Blas du 19 janvier 1882 sous la signature de Maufrigneuse.

http://youtu.be/N_ITv5-Onqg

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