Je n’éprouve aucune fausse honte à répondre, face à certaines interrogations, je ne sais pas ou bien je doute. Chroniquer chaque jour ne consiste pas à asséner des vérités premières n’en déplaise à certains dotés d’œillères ou calfeutrés dans leur étroite spécialité de dégustateur patenté. Je respecte le savoir mais j’exècre les sachants qui, sous leur soi-disant rigueur ne sont que des ânonneurs de ce qu’ils ont appris et pas toujours bien assimilé. Comprendre, se comprendre, s’entendre, chercher des pistes communes face aux défis de nos sociétés globalisées c'est plus positif que de camper sur ses certitudes.
J’aime le débat entre des personnes qui prennent de la hauteur, éclairent les controverses, nous permettent de nous forger une opinion.
La collection « Le choc des Idées » aux éditions le muscadier www.muscadier.fr répond parfaitement à cette recherche, non de vérité mais des convergences qui évitent de tomber dans une bipolarisation excessive qui met mal à l’aise le citoyen qui se « trouve sommé de prendre position non pas sur la base d’informations approfondies, mais sur la base d’alternatives aussi vagues, outrancières er inopérantes que l’opposition humanisme généreux/totalitarisme écologique, ou encore anticapitalisme/efficacité économique. »
« Longtemps considérée comme l’apanage d’une minorité d’originaux, l’agriculture biologique apparaît aujourd’hui comme une alternative de plus en plus crédible face à des modes de production intensifs, destructeurs et polluants. Ses défenseurs la décrivent comme une réponse efficace aux déséquilibres écologiques, économiques et sociaux induits par le système productiviste actuel. Ses opposants ne voient en elle qu’un refus systématique du progrès scientifique, et rappellent que des rendements élevés seront nécessaires pour nourrir une population mondiale en constante croissance. Quelle place pour l’agriculture biologique au XXIe siècle ? C’est à cette question cruciale que répond ce livre, en confrontant deux positions antagonistes, sous le regard impartial d’un spécialiste. »
L'ouvrage : » Agriculture biologique : espoir ou chimère ? aux éditions le muscadier 9,90€
Un médiateur Thierry Doré (Enseignant chercheur Dpt SIAFFE et directeur de la direction scientifique - AgroParisTech), préside l’Association Française d’agronomie. Ses recherches concernent la transformation des systèmes de culture pour une agriculture plus durable, en conditions tempérées et tropicales.
Les deux protagonistes :
- Marc Dufumier (Professeur émérite Agriculture comparée-AgroParisTech) membre du Comité de veille écologique de la Fondation pour la nature et l’homme. Spécialiste des agricultures du Sud, il a effectué de nombreux séjours dans ces pays en appui à des politiques de réforme agraire, participé à des programmes de sécurité et de souveraineté alimentaire et à des projets de développement agricole et rural.
- Gil Rivière-Wekstein est le fondateur de la revue mensuelle Agriculture&Environnement spécialiste des questions agricoles et environnementales. Il est l’auteur de Abeilles, l’imposture écologique (2006), de Bio : fausses promesses et vrai marketing (2011) et de Faucheurs de science – les fanatiques sont dans nos campagnes (2012).
Pour s’informer suivre le débat organisé à AgroParisTech le mercredi 27 février 2013, amphithéâtre Tisserand visionner la vidéo ci-dessous 2h 06.
Dans sa conclusion, le médiateur Thierry Doré constate que le débat qui a eu lieu dépasse largement l’opposition sur l’agriculture biologique. Les critiques de GRW sont de 2 ordres : « l’ancrage politique de l’agriculture biologique est historiquement trouble et elle est fondée sur une logique du refus étendue au système économique et social actuel symbolisé par la mondialisation ce qui la voue à l’échec car elle ferme les possibilités de développement de notre société. De plus, il imagine très bien un futur pour l’agriculture biologique mais un futur différent de celui des puristes. »
M.D lui fonde son argumentaire « aux voies d’évolution possible de l’agriculture sur la base d’une critique des agricultures actuelles. La part de l’agriculture biologique dans cet argumentaire est finalement assez faible : les voies d’espérance qu’il trace puisent dans un registre bien plus vaste.
« Dans les 2 cas, l’agriculture biologique est saisie non comme un modèle à suivre à tout prix, mais comme une voie d’évolution possible servant de base à la discussion. »
Thierry Doré note deux points de convergence tacite entre les 2 contradicteurs :
Le premier est que « le futur de l’agriculture ne sera pas un retour à un statut antérieur, une sorte de paradis perdu de l’agriculture, souvent associé à l’idée d’équilibre naturel auquel il faudrait revenir, mais bien un nouvel état qui nécessite innovations et investissements. »
Le second est que l’on ne peut « discuter de l’agriculture biologique sans discuter de son insertion dans la société » ce qui aurait peu de signification comme le montrent les historiens de l’agriculture « la mise en place de l’agriculture et de l’élevage furent des éléments transformateurs exceptionnels des sociétés – et réciproquement. »
Il ajoute un point complémentaire « À une échelle globale (du pays ou de la planète) comme à une échelle plus locale (de l’exploitation agricole au pays), on doit raisonner sur le futur des agricultures, activités humaines développées au bénéfice de la société, sur la base d’objectifs suffisamment précis. Tous les types d’agriculture ne permettent pas d’atteindre les mêmes formes de performances (alimentaires, de servie, d’emploi, etc.) : les choix d’agricultures doivent raisonnés non seulement en fonction de leurs caractéristiques propres – dans lesquelles une part d’éthique doit intervenir –, mais aussi en fonction des espérances qu’elles offrent d’atteindre tels ou tels ensembles d’objectifs. Si ces objectifs ne sont pas clairement énoncés, la discussion tournera nécessairement à l’affrontement idéologique (ce dont s’accusent d’ailleurs mutuellement nos deux contradicteurs…), et elle ne nous permettra pas d’envisager de manière concrète le futur des agricultures, ni les chemins possibles pour les atteindre. »
Agriculture biologique : espoir ou chimère ? par AgroParisTech