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9 avril 2014 3 09 /04 /avril /2014 10:00

« On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même… » S’envoyer des fleurs ne fait de tort à personne si ce n’est permettre à ses détracteurs d’épancher leur excédent de bile. Ça leur fait du bien et ça ne mange pas de pain.


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ACTE1


Oui, ne leur en déplaise, le 15 mars 2012, je chroniquais : « Non l’ANPAA n’a pas définitivement gagné dans l’affaire qui l’oppose à la publicité du CIVB »


L’ANPAA a-t-elle définitivement gagné la partie dans cette affaire ?

 

La réponse est non, l’affaire n’est pas pliée.


En effet, la Cour de Cassation juge le droit « la cour d’appel a violé le texte susvisé » l’article L. 3323-4 du code de la santé publique dans sa rédaction issue de la loi n° 2005-157 du 23 février 2005.


CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l’arrêt rendu le 26 février 2010, entre les parties, par la cour d’appel de Paris ; remet, en conséquence, la cause et les parties dans l’état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d’appel de Versailles.


 

Mais il faut souligner, pour les petits loups et louves consternés, que la cour d’appel de Versailles n’est pas liée par l’arrêt n° 215 du 23 février 2012 (10-17.887) de la Première chambre civile de la Cour de Cassation.


 

Si celle-ci, comme la Cour d’Appel de Paris, confirme le jugement du 19 décembre 2006 du TGI de Paris 4ième chambre 1ier section, et que son arrêt de renvoi est de nouveau attaqué par les mêmes moyens, le pourvoi sera examiné par l'Assemblée plénière de la Cour de Cassation (le Premier Président plus trois représentants de chaque chambre: le président, le doyen et un conseiller). Après cet arrêt solennel, en cas de nouvelle cassation, la nouvelle cour de renvoi devra s'incliner.


Pour mémoire je vous rappelle les considérants de la Cour d’Appel de Paris: link 


ACTE2


« La cour d'appel de Versailles a confirmé, le 3 avril dernier, que la campagne de publicité « Portraits de vignerons » ne contrevient pas aux dispositions du Code de la santé publique. Lancée par le CIVB, cette campagne d'affichage mettait en scène des professionnels de la filière vitivinicole, verre à la main et sourire aux lèvres, censés véhiculer l'image d'un univers du vin moderne, investi par les jeunes et ouvert aux femmes. La cour a considéré que « les annonceurs ne peuvent évidemment être tenus, sous le prétexte de satisfaire aux exigences légales, de représenter des professionnels grincheux, au physique déplaisant et paraissant dubitatifs, afin d'éviter au consommateur toute tentation d'excès ». Voilà pour la forme. Sur le fond, il y a lieu d'espérer, en attendant l'examen de la prochaine loi de santé publique prévue à l'été 2014, la cour ayant conclu que la démarche du CIVB est « pleinement en accord avec les dispositions légales autorisant une référence aux facteurs humains liés à une appellation d'origine ».


ACTE3


« Pour l’heure, l’Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie (l’ANPAA) que nous avons jointe en ce début d’après-midi nous a affirmé: « pour le moment, on étudie la décision, on ne sait pas si on va se pourvoir devant la Cour de Cassation ».

 

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9 avril 2014 3 09 /04 /avril /2014 00:09

Je ne sais pourquoi en ce moment « La forêt » me gagne, me cerne, m’enserre, m’envahit…


Parfois il me prend des envies de commettre une somme titrée « De la forêt »


Ne souriez pas, n’y voyez aucune malice, aucun sous-entendu phonétique, c’est ainsi, au travail je suis entouré de forestiers : les Ingénieurs des Ponts, des Eaux et des Forêts, longtemps j’ai habité seul en pleine forêt au seuil du massif d’Ermenonville et, comme l’écrit Sébastien Argand la forêt « incarne le juste équilibre, la symbiose, le bonheur (…) c’est la plus grande matrice d’humus. »


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Haute sérénité proclamait Francis Blanche dans son sketch culte avec Pierre Dac. Pour la retrouver j’ai décidé de m’adresser à 2 sages, 2 Jacques.


Le premier, sans ordre protocolaire, c’est le sieur Dupont, que pour l’occasion j’ai gratifié du titre de scieur de long, depuis qu’il a entrepris l’éradication de la langue de bois.


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« En ces périodes dominées par la politique intérieure, élections, remaniement, déclaration de bonnes intentions et coups de menton, refleurit - c'est le printemps - cette délicieuse langue de bois qui fait se redresser les vieilles promesses et les lendemains enchantés.


Le « microcosme », comme le dénonçait Raymond Barre, n'a pas le monopole du discours prêt-à-parler qui convient à toute situation et entretient les bonnes relations du sol au plafond. Raymond Barre disait aussi qu'il préférait « être impopulaire qu'irresponsable ».


À Bordeaux, tous ceux qui annoncent aux consommateurs que « certes le millésime fut difficile mais qu'on y trouvera des vins excellents, lalalère... » feraient bien de s'appliquer la formule barriste. Le millésime 2013, ce n'est ni 2004 ni 2002, comme on a pu l'entendre ou le lire ici ou là. Des millésimes de moyenne garde mais délicieux ! C'est davantage 1984 avec une bien meilleure maîtrise viticole de la part des vignerons. Point. (Mauvaise floraison en 1984, désastreuse sur les merlots et une fin d'été sous la flotte...) link 

 

Le second, c’est Jacques Perrin, que je n’ai aucun mérite à qualifier de philosophe car il l’est. J’aime beaucoup ce qu’il a écrit lors de sa première journée dans le Médoc, le vendredi 28 mars. « Douceur et soleil généreux » prédisait la météo, il a un peu de temps devant lui, improvisait direction Soussans, rue du Grand Soussans (merci au GPS)


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« J’avais vaguement entendu parler d’une petite propriété dont personne ne parle. Un Margaux idiosyncrasique. Un vin d’un autre âge peut-être. J’appelle depuis la route. Le propriétaire est dans ses vignes. Il me verra venir de loin. « Je serai là  dans un quart d’heure ! » lui dis-je. Quelques vignes. Un hangar avec une porte lilas. C’est là !


M. Jarousseau, le propriétaire, est dans la vigne voisine. Une parcelle de cabernet d’une cinquantaine d’années. L’état des lieux est rapide : 2 ha de vignes au total, sur Soussans, sur Tayac, et à Virefougasse, « à côté des vignes de Boyer ! » Nous sommes ici au lieu-dit « Bigos », alors ça s’appelle le Clos de Bigos » explique M. Jarousseau, un septuagénaire buriné qui n’a jamais dû croiser le chemin du grand Bob ou de l’un de ses épigones.


Je visite les installations. Impeccables. Un petit cuvier. Un égrappoir à la main, comme autrefois. Un chai de poupée. « On peut goûter le 2013 ? » Absolument exquis ! Un vin floral et délicat, bien né, bien élevé. Surprise ! Le 2011 entrouvre de belles perspectives. Droit, ferme et nuancé. Aux antipodes des sophistications et de la rhétorique qui a cours alentours, il exprime une vérité simple et savoureuse. Celle du cru artisan que l’on apprécie à table, commensal fidèle et soucieux d’épouser le gigot ou la lamproie. » link

 

 

Reste le dernier, le Taulier, un ramier, incapable de produire une ligne  qui vaille lorsqu’il s’aventure dans l’immense maquis dégustatif. Alors que fait-il le bougre : des photos…


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8 avril 2014 2 08 /04 /avril /2014 10:00

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Dans le Monde culture d’hier Véronique Mortaigne nous offre un très bel article « Catherine Ringer : gouaille, chignon et bandonéon »


« Le tango n'est pas mort avec Gardel, ni même avec Piazzolla (…) Avec l'album Plaza Francia, paru lundi 7 avril, Eduardo Makaroff et Christophe Müller, deux des fondateurs du groupe Gotan Project, poursuivent leur entreprise de rénovation du tango »


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« Catherine Ringer, devenue ici la chanteuse officielle du groupe Plaza Francia (...)


La Ringer en tanguera ?


Pas exactement. « Nous voulions cette fois incurver le tango cancion, le « tango chanté » qui est au centre de nos intérêts vers la pop, le rock. Nous avons cherché à transposer les rythmes, antinomiques. Puis, nous avons cherché une voix féminine, et Catherine s'est imposée. » En rock star. »


« Fin mars, le label Because Music (…) avait organisé le lancement du disque dans les vastes salons du Chalet du lac, dans le bois de Vincennes – parquet de danse, velours rouge, lustres et candélabres (…) Catherine Ringer étonne alors. Son espagnol est impeccable, elle joue, elle est une magnifique interprète, en hauts talons et châles. Et chignon (…) Ringer a dépassé son rôle de star du rock depuis longtemps. Elle aime les mots, les musiques, elle en fait un théâtre. »


« Marcia Baila, premier tube des Rita Mitsouko, racontait l'histoire vraie d'une jeune chorégraphe argentine terrassée à Paris par un cancer. »


« Ces tangos revisités (il y a aussi un boléro, Cenizas) portent en eux la nostalgie de l'exil, celui des Argentins installés à Paris, un sentiment qui n'est pas non plus étranger à Catherine Ringer, fille d'un juif polonais réfugié en France en 1947. »


L’article complet ICI link

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8 avril 2014 2 08 /04 /avril /2014 00:09

Annie Ernaux, link écrivaine de renom, a sans doute raison, lorsqu’elle note que « les femmes et les hommes  politiques, les journalistes, les « experts », tous ceux qui n’ont jamais mis les pieds dans un hypermarché ne connaissent pas la réalité sociale de la France. »


La GD « fait partie du paysage d’enfance de tous ceux qui ont moins de 50 ans… » et, exception faites de Paris et de grandes villes anciennes, « l’hypermarché est pour tout le monde un espace familier dont la pratique est incorporée à l’existence, mais dont on ne mesure pas l’importance sur notre relation aux autres, notre façon de « faire société avec nos contemporains au XXIe siècle. »


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Très spontanément, Annie Ernaux s’est « mise à décrire des choses vues dans les grandes surfaces* »


« Pour raconter la vie » elle a donc choisi, « loin des discours convenus et souvent teintés d’aversions » comme objet les hypermarchés.

 

* Journal du dehors Gallimard 1993, et la Vie extérieure, Gallimard 2000


Ainsi de novembre 2012 à octobre 2013, Annie Ernaux va aller à l’hypermarché Auchan à Cergy, qui se trouve à l’intérieur du centre commercial des Trois-Fontaines, et qu’elle « fréquente habituellement pour des raisons de facilité et d’agrément, et tenir un journal mais « pas d’enquête ni d’exploration systématiques. »


« C’est la capture impressionniste des choses et des gens, des atmosphères. Un relevé libre d’observations, de sensations, pour tenter de saisir quelque chose de la vie qui se déroule là. »


Le résultat est un livre bref, «Regarde les lumières mon amour», au Seuil dans la nouvelle collection de Pierre Rosanvallon, «Raconter la vie». 5,90€.


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J’ai, à une époque, beaucoup fréquenté la GD comme « voyeur » et non comme acheteur, c’est donc avec cet œil que j’ai glané dans ce petit livre pertinent que je vous recommande. Je ne sais s’il sera en tête de gondole chez Auchan.


Un détail de voisinage, un petit Auchan vient d’ouvrir à l’angle de la rue de la Glacière, je n’y ai encore jamais mis les pieds.


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Petite glane du Taulier

 

« Mais le seul café, Le Troquet, le cinéma les Tritons et la librairie Le temps de vivre ont disparu » du Centre Commercial.

 

« La clientèle appartient majoritairement aux classes moyennes et populaires. »


L’hypermarché Auchan « constitue lui-même une enclave autonome… » qui a fait fuir certains petits commerces hors du centre « il n’y a plus de boulangerie, boucherie, marchand de vin, etc. »


Dans ses écriteaux d’interdiction Auchan emploi le possessif « nos clients » Annie Ernaux s’irrite « ni moi ni les autres ne sommes la propriété d’Auchan, encore moins ses associés : ses clients ne sont pas les miens, les nôtres. Ce « nos » est typiquement faux-jeton »


« Dans le monde de l’hypermarché et de l’économie libérale, aimer les enfants, c’est leur acheter le plus de choses possible. »


Le jeune couple au rayon fromages « Faire les courses à deux pour la première fois signe les prémices d’une vie commune. C’est accorder les goûts, les budgets, déjà faire couple autour de la nourriture, ce besoin premier. Proposer à un homme ou à une femme d’aller ensemble au supermarché n’a rien à voir avec l’inviter au cinéma ou au café boire un verre. Pas d’esbroufe séductrice, pas de tricherie  possible… »


« Le début de la richesse – de la légèreté de la richesse – peut se mesurer à ceci : se servir dans un rayon de produits alimentaires sans regarder les prix avant. L’humiliation infligée par les marchandises. Elles sont trop chères, donc je ne vaux rien. »


Le poissonnier « Lui, comme le boucher, le boulanger et le fromager, jouissent en raison de leur savoir-faire d’une autonomie et d’une responsabilité à part… » celle des gens de métier. « Ils forment une espèce de noblesse, généralement masculine. »


« De plus en plus sûre que la docilité des consommateurs est sans limites. »


« L’heure des courses ségrégue les populations de l’hyper. »


« Il y a des gens, des populations, qui ne se croiseront jamais. »


« Le passage à la caisse constitue le moment le plus chargé de tensions et d’irritations. Vis-à-vis de la caissière dont on s’empresse d’évaluer la rapidité ou la lenteur. »


« Les marchandises qu’on pose sur le tapis disent si l’on vit seul, en couple, avec bébé, jeunes enfants, animaux. »


« J’ai remarqué que, de tous les rayons, c’est celui pour les animaux qui suscite le plus vif désir de parler. »


« Les super et hypermarchés demeurent une extension du domaine féminin, le prolongement de l’univers domestique… »


« Dans le langage de la grande distribution, la « prod’ d’une caissière » est le nombre d’articles scannés à la minute. 3000 à l’heure est un bon chiffre. »


« Au niveau 1 d’Auchan, c’est « la Foire de printemps aux vins » dans l’espace promotionnel saisonnier. Surtout des hommes seuls. »


Près du tiers des caisses sont maintenant automatiques (…) La disparition des caissières avance. »


« … déposer un livre sur le tapis de la caisse me gêne toujours comme un sacrilège. Je serais pourtant heureuse d’y voir un des miens, extirpé d’un caddie, glisser entre une plaquette de beurre et des collants. »


« Le bilan de l’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh est de 1127 morts. On a retrouvé dans les décombres des étiquettes des marques de carrefour, Camaïeu et Auchan. »


« … pourquoi on ne se révolte pas ? Pourquoi ne pas se venger de l’attente imposée par un hypermarché, qui réduit des coûts par diminution du personnel, en décidant tous ensemble de puiser dans ses paquets de biscuits, ces plaques de chocolat, de s’offrir une dégustation gratuite pour tromper l’attente à laquelle nous sommes condamné, coincés comme des rats… »


Annie Ernaux, au fil des mois, a pu mesurer le rôle de la GD « dans l’accommodation des individus à la faiblesse des revenus, dans le maintien de la résignation sociale. »

 

2 critiques : Libé link et L'Ob's link

 

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7 avril 2014 1 07 /04 /avril /2014 08:50

Le week-end dernier, tout le gratin mondial du polar était réuni à Lyon, pour le festival Quais du Polar qui, en 10 ans, est devenu le plus grand rassemblement du genre en Europe.


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James Ellroy - ALBERTO PIZZOLI – AFP

 

Sans contestation c’est James Ellroy, le bad boy américain, auteur du mythique Dahlia noir (adapté au cinéma par Brian de Palma) qui a tenu la vedette.


Caroline Girardon  dans 20 Minutes s’enthousiasme : « Il a envoûté Lyon, jouant de son image déjantée et n'hésitant pas à rencontrer ses lecteurs, comme dimanche après-midi à l'Opéra. «Je vends deux fois et demie plus de livres en France qu'ailleurs alors que cette nation n'a pas le dixième de la population américaine», dévoile l'écrivain, reconnaissant de la côte d'amour dont il jouit auprès du public. «J'aime bien me considérer comme l'Aznavour de la littérature américaine, poursuit-il, un brin cabot. Dans Tirez sur le pianiste, il a travaillé, puis caressé la chanson. Il lui a fait l'amour avant de la rejeter. Et la chanson l'a rejeté. Depuis, je l'ai pris comme modèle.»


Je suis 100% Ellroylien


En décembre 2009 j’écrivais dans une chronique : 3 Questions à James Ellroy : Underwood U.S.A

 

« Si vous vous ennuyez en cette fin d'année et si vous voulez pénétrer dans les tréfonds des USA pour mieux tenter de comprendre ce pays, si fascinant et si irritant, alors lisez la trilogie Underwood U.S.A  de James Ellroy. C'est du lourd. Des pages éblouissantes, du pourri, des personnages vérolés : Nixon, Edgar Hoover, Howard Hughes, des stars dont « la gouine exhibitionniste, qui broutait des minous dans les soirées hollywoodiennes» : Nathalie Wood. C'est une vaste fresque de la période Kennedy et des années Vietnam  dont le premier tome American Tabloïd compte 740 pages et 57 personnages que l’on retrouve dans le second tome American Death Trio. et voilà que sort enfin le troisième et dernier tome au début janvier 2010 : Underwood U.S.A  Rivages thriller 850 pages 24,50 euros. Donc faites le compte si vous vous lancez dans l'aventure : 2400 pages à dévorer sans modération. » link


Toujours un peu cabot il a déclaré à Lyon qu’il voulait se «mesurer à John Le Carré», en écrivant un «Quatuor» (une tétralogie), une fois qu'il aura achevé la trilogie sur laquelle il travaille actuellement.


«Cet homme est un monstre de la littérature, un personnage mythique dans le monde du polar, résume Annie, fan dès la première heure. Son écriture est gargantuesque. Elle est à la fois crue, éblouissante, construite, maniaque et obsessionnelle. On sent qu'il ne peut pas se passer d'écrire déclare François Guérif, son éditeur. »


Il publie un nouveau livre : « Extorsion »

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« Extorsion est un amuse-bouche en attendant l'an prochain le premier volume d'une nouvelle saga sur Los Angeles. Il s'agit des confessions de Fred Otash, un ancien flic ripou devenu dans les années 50 le plus grand pourvoyeur de la presse à scandale en ragots bien salaces sur les stars d'Hollywood.


Ce Fred Otash a existé, Ellroy l'a rencontré peu de temps avant sa mort, il l'avait déjà fait apparaitre dans deux de ses livres, il a aussi inspiré le personnage de Jack Nicholson dans Chinatown. On y découvre Liz Taylor adepte des partouzes, James Dean en séducteur de garçons, Burt Lancaster sadique ou Hitchcock voyeur. Entre réalité et fiction. » Bernard Lehut RTL.fr

 

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7 avril 2014 1 07 /04 /avril /2014 00:09

Moi qui lis Voici, Gala, Point de Vue, Paris-Match mais pas Closer j’adore notre Jean-Luc, le bad boy Thunevin qui avec Murielle Andraud a fait le château Valendraud, il aime les stars. Le 2 avril c’était la belle Adriana Karembeu qui lui rendait visite pour les primeurs. Mon paparazzo favori a fait de belles photos. Je ne veux pas être mauvaise langue, ce n’est pas mon genre, sacré Jean-Luc et dire qu’il taquine à ce sujet ce brave taulier, qui lui est passé le 1er avril sans tambour ni trompettes, incognito quoi...


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photo Chateau Mangot link

 

À propos d'incognito si y’en a un qui n’use pas sa salive pour rien c’est bien Alain Vauthier de notre château Ausone haut et bien perché. Comme ce qui est rare est cher, ses mots ont bien plus de poids que les photos. En septembre 2011, bien avant la tornade VinoBuseness de l'Isabelle il n’y allait pas par 4 chemins notre Alain, avec le style, la précision et la finesse d’un escrimeur, à la fin de l’envoi : il touche ! Il touche juste comme il faut, là où il faut. Que du bonheur comme dirait ma petite fille.


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Qu’est-ce qu’un terroir mythique ? lui demandait alors Marie Joanna Roginska.


Excellente question par les temps qui courent où le bling-bling et les paillettes permettent de se voir attribuer, au détriment de l’Histoire, du terroir, de bonnes notes au grand concours du paraître.


Pauline, la fille d’Alain, avait elle aussi enfoncé le clou en répondant qu’un «vin mythique» provenait forcément d’un grand terroir. « Je ne peux pas faire du Ausone dans des sables, sinon ça se saurait… (rire). » Pour les petites louves et loups de Paris, Pauline se référait aux argilo-calcaires d’Ausone. Elle ajoutait « Maintenant à Ausone on prend la vigne comme un petit jardin, donc on intervient plusieurs fois par an, on chouchoute chaque pied de vigne. »


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Depuis beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de Saint-Émilion (la Dordogne, le Ruisseau du Taillas, le Ruisseau de Fongaband sont les principaux cours d'eau qui traversent la commune de Saint-Émilion.). Les fêtes carillonnées se sont succédées mais, en dépit d’un petit arrêté, le terroir ne s’est pas transformé. Nous ne sommes pas au pays  des fées, le carrosse restera toujours citrouille au pays d’Halloween. Le terroir ce n’est pas délocalisable alors que le premier con venu, où qu’il soit, d’où qu’il vienne, peut se payer un chai et le consultant qui va avec. Oublier l’origine, le lieu, c’est bâtir des châteaux en Espagne, galvauder l’essentiel, donner la prime à l’artificiel.


Oui, je l'affirme sans détour, en dépit de ses grands airs, je sais que ce que je viens d'écrire désespère notre ami Norbert…


Pour mémoire je rappelle que les propos d’Alain Vauthier sont datés du 20 septembre 2011 alors je conseille aux petits spadassins de Norbert de remiser leurs misérables rapières. La fin justifie les moyens dit-on, alors messieurs les affidés il faut alors assurer ses arrières plutôt que de se cacher derrière un tout petit arrêté.


« Ce qui m’attriste actuellement, c’est que dans le prochain classement de Saint-Emilion ils ont gommé la notion de «terroir», elle n’intervient plus et l’histoire non plus. C’est juste une dégustation à l’aveugle et quand on connait les aléas de cette dégustation, c’est pour moi une catastrophe, on remet en cause trois siècles d’histoire. On prend une technique style concours général agricole ou médaille de la Wine Fair quelconque, je trouve ça délirant… on bafoue l’Histoire, on bafoue les terroirs… L’histoire surtout, et ça, ça me gêne. Parce que, regardez, les crus classés de Saint-Emilion qui ont été classés en 1955, ça correspondait à une hiérarchie qui n’était pas si mal faite que ça. Et chaque fois qu’un cru a une éclipse, parce que les propriétaires font pas ci, ne font pas cela, … Derrière il y a une reprise et on voit le rang qui est repris aussitôt. Alors, que dans les terroirs secondaires, c’est quasiment impossible, même si on travaille, même si on travaille, c’est trop dur… » link

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6 avril 2014 7 06 /04 /avril /2014 07:00

Dieu sait si j’en ai connu, dans les palais de la République, de ces soirées de défaites électorales lugubres, sinistres, les petits fours délaissés, le champagne tiède, même la langue de bois ne peut masquer la gueule du même nom. Pour ce dimanche de deuxième tour des municipales la catastrophe était annoncée, même si les états-majors attendent toujours, sans trop y croire, qu’elle ne soit pas aussi sévère que prévue. Étrange ambiance à Paris, du côté de l’Hôtel de ville c’est la victoire d’Anne Hidalgo, joie contenue mais grande satisfaction d’avoir fait mordre la poussière à NKM. Longueurs et Pointes se faisait chambrer par Dupont-Aignan sur Twitter « @dupontaignan Avec cette vague bleue il faut vraiment le faire pour ne pas gagner Paris ! » Pauvre polytechnicienne orgueilleuse et impérieuse qui ne sait même pas compter lorsqu’elle affirmait que sa rivale était « minoritaire en voix sur l'ensemble de la ville, et plus encore dans son propre arrondissement ». Discours affligeant « En politique les mots ont un sens. On ne dit pas qu'on a gagné les élections quand on les a perdues.». Longueurs et Pointes se faisait chambrer par Dupont-Aignan sur Twitter « @dupontaignan Avec cette vague bleue il faut vraiment le faire pour ne pas gagner Paris ! » Pauvre polytechnicienne orgueilleuse et impérieuse qui ne sait même pas compter lorsqu’elle affirmait que sa rivale était « minoritaire en voix sur l'ensemble de la ville, et plus encore dans son propre arrondissement ». Discours dans les palais de la République affligeant « En politique les mots ont un sens. On ne dit pas qu'on a gagné les élections quand on les a perdues. » Sur la même rive, à quelques pas du palais présidentiel, ambiance studieuse, loin de ces petites polémiques minables, Adeline et moi, dès le début de la soirée électorale, étions là où il fallait être, dans le saint des saints où, pour nous, il ne faisait aucun doute que la cuisante défaite du PS ouvrait grande les portes de l’hôtel de Matignon au locataire de la place Beauvau. Je n’irai pas au-delà dans mes confidences, la machine de guerre, bien huilée, était sur ses rails, prête à traverser la Seine. Elle la traversera très vite d’ailleurs, dès le lendemain.


Nous décidâmes de rentrer à pied. L’air était doux et tendre, la ville en paix. L’esplanade des Invalides sur la pelouse, puis la rue de Varenne le musée Rodin, passage devant Matignon siège de l’état-major défait, rue du Bac sans un seul passant, le VIIe est un arrondissement mort. Nous allongions le pas pour aller retrouver un peu de vie du côté de Montparnasse où nous effectuions une halte au Sélect pour nous désaltérer. À peine assis nous avions faim. Deux soles grillées mais de vin, les brasseries parisiennes ne savent plus acheter leur vin, c’est du  vin de GD sans grand caractère. Nous carburerions à la Pilsner Urquell. Adeline qui me maternait comme si j’étais un monument en péril, après m’avoir interrogé sur mes intentions, se fit encore plus douce lorsque je lui répondis que pour tout l’or du monde je n’allais pas quitter mon havre de l’hôpital Sainte-Anne.


-         Tu ne pourras pas t’en empêcher mon amour…


-         Le problème n’est pas là ma grande, ils n’ont plus besoin de vieilles bêtes comme moi…


-         Que si !


-         Tu es gentille…


-         Non, réaliste, même si tu as été peu bavard j’ai bien vu que tes remarques portaient. Ils t’écoutent…


-         Pure politesse !


-         Arrête de jouer ta partition de pépère hors-jeu avec moi ça ne prend pas…


-         Tu te trompes beauté je suis sincère, la seule chose qui m’intéresse c’est d’être avec toi. Je t’aime.


-         Répète !


-         Ben oui je t’aime…Tu es la plus belle rencontre de ma vie…


-         Après Marie…


-         Avec…


-         Tu me fais peur…


-         J’espère bien ma belle, ce sera ainsi jusqu’à la fin !


-         T’es con…


-         Oui


-         J’ai envie d’une glace !


-         Tu es enceinte ?


-         J’espère bien…


-         Alors nous l’appellerons Barnabé…


J’ai alors repris mon récit là où je l’avais laissé.


« Vous n’avez jamais vu le Mur ?


-         « Français ?

 

Et en français avec la sonorité teutonne, deux pandores nous dévisageaient avec une certaine surprise se demandant ce qu’un couple pouvait bien fichtre en ce lieu à cette heure-ci. Je tendais nos deux passeports à celui qui me semblait être le chef. Les deux quinquagénaires maniaient notre langue avec aisance souvenir sans doute d’un long séjour dans notre doulce France. Ils nous entraînaient vers la lumière pour mieux examiner nos papiers. Comme ils étaient en règle les pandores se contentèrent de nous signifier de déguerpir de la zone et de gagner au plus vite notre lieu de résidence. Le plus gros, très bovin, ajoutait un « tenez-vous à carreau ! » qui en disait long sur ses sentiments à notre égard. Son coéquipier, lui, s’intéressait essentiellement à la plastique de Chloé pourtant ensachée dans des vêtements informes. Nous revenions sur nos pas pour découvrir sur la gauche une ruelle qui se révélait être une impasse donnant sur un haut portail rouillé, entrouvert, sur lequel de blanches colombes de la paix façon Picasso encadraient un chat sans poils debout sur ses pattes arrière qui brandissait son pénis.


De la bâtisse, dont nous devinions l’existence par les points de lumière piquetant sa haute façade, provenait un vacarme sauvage où se mélangeaient des éclats de voix et de la musique sans doute crachée par une batterie de haut-parleurs. Notre irruption, dans ce qui avait dû être la salle de pointage d’une usine désaffectée, ne troublait en rien les occupants qui se livraient, par grappes, à une forme de confrontation verbale et gestuelle débridée sur fond de chants révolutionnaires.  De l’un des groupes, une grande sauterelle, lovée dans un sari immaculé, se détachait pour s’approcher de nous à petits pas chassés. Ignorant Chloé elle tourbillonnait autour de moi en passant ses longs doigts dans mes cheveux tout en ondulant des hanches lascivement.


« Où est Sacha ?


Très « Peace and Love » elle m’enveloppait de ses bras interminables en se plaquant à moi :


- Essaie le Centre de la Paix, camarade... me susurrait-elle à l’oreille avant de repartir, tel un elfe, vers l’un des essaims peuplé que de filles qui mélangeaient leurs corps en une houle furieuse. Même Chloé, qui en avait vu d’autres, contemplait le spectacle avec étonnement.


- C’est où le Centre de la paix ?

 

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6 avril 2014 7 06 /04 /avril /2014 00:09

Quel titre !


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L’œuvre de 3 compagnons qui ont fait un bon bout de route ensemble et qui racontent, à 3 voix, plusieurs années d’ivresse mémorables, de pérégrinations communes ou non…


Je vous livre des extraits et l’intégralité du mot manuscrit d’Antoine Blondin.


La nuit, « le goût de la nuit où les différences s’estompent, où les conflits se résolvent dans l’anonymat des bistrots… La nuit ce n’est pas seulement la rue, la marche dans le noir, la fuite devant la panique d’avoir à ranger sa vie dans une boîte, ne serait-ce que durant quelques heures (ah ! la vie rangée…), c’est aussi la lumière de rencontres, les sociétés soudaines qui s’improvisent autour des comptoirs… »


Nostalgie ?


Victor Hugo définissait la mélancolie comme le « bonheur d’être triste ». La nostalgie, qui exprime au sens littéral du terme le mal du pays, c’est la tristesse par la joie, quand celle-ci revêt les couleurs déchirantes de la rétrospective, une joie déracinée… »


« Le beau nom  d’«habitués»… la petite volupté quotidienne d’avoir sa place traditionnelle au zinc ou sa chaise immuable et un coude familier contre son coude à soi… »


« Faire échec à la solitude par le truchement de ce que nous avons appelé des « verres de contact ».


« Aux détours de l’existence contemporaine qui tend à séparer les êtres, je sais pourtant des refuges où le bonheur d’être ensemble demeure vivace… »


« Il fut néanmoins un temps récent où s’épanouissaient sous une forme nouvelle le vieux désir de lier connaissance avec les autres, ce sentiment d’avoir quelque chose à leur communiquer, et l’illusion qu’on pourrait s’arranger pour vivre si l’on était assuré d’une marge où l’existence s’échauffe et brille dans ses plus fastueuses comme dans ses plus modestes manifestations… »


« À l’époque où il faisait bon de partager les approches de l’aube, une Aveyronnaise charbonneuse tenait un bistrot-tabac à l’enseigne du Bar-Bac, dont le mérite le moins secret était de ne fermer jamais… »


« On y voyait, dans un espace restreint  et sans apprêts, des membres de l’Institut, des prix Goncourt, quelques La Rochefoucauld, côtoyer des typographes, des manœuvres, quelques clochards au long cours, sans compter de vrais acteurs et ces traînards patentés qui sont les effigies de la fête nocturne. Ce joli monde s’offrait sans discernement des tournées mutuelles, ayant vaguement conscience que le rassemblement de tant de spécimens de la société composait une manière d’arche de Noé. »


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5 avril 2014 6 05 /04 /avril /2014 09:44

Kurt Cobain, au sommet de sa gloire, rejoignait le «club des 27», il avait 27 ans tout comme Brian Jones, Jimi Hendrix, Janis Joplin ou encore Jim Morrison et depuis, Amy Winehouse


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AFP/SEBSATIAN VUAGNAT

 

20 ans déjà… la musique de Nirvana et l'aura rageuse de son chanteur guitariste continuent de me fasciner.


 

« Tout le monde dit : Oh, Kurt était un drogué, Kurt était un sale type », déclare le maire d'Aberdeen, Bill Simpson. « Mais vous savez, j'ai beaucoup lu et étudié le sujet, et c'était un gars avec les pieds sur terre, très affectueux ».



Alors dans le cadre de ma nouvelle politique du glanage et du glandage, vu mon grand âge qui m’a permis de balayer – normal pour une concierge me direz-vous – une période bénie pour le rock, je vous offre Nevermind de Nirvana positionné entre Bleach et In Utero.(en bonus les grands noms du rock)


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« Le mythique chanteur de Nirvana s'est éteint il y a 20 ans. La police de Seattle a récemment publié des photos inédites des lieux de son suicide.


Il a brûlé sa vie par les deux bouts avant de tirer sa révérence, à 27 ans. C'était il y a tout juste vingt ans, le 5 avril 1994. Kurt Cobain, chanteur et guitariste du groupe Nirvana, se donnait la mort d'une balle dans la tête, dans sa maison de Seattle. » link 


Kurt Cobain, 20 ans après


« A l'occasion de cet anniversaire, le New York Times a publié une page « voyage » sur les traces de Kurt Cobain. L'idée est venue au journaliste David Seminara lorsqu'il a appris que la ville natale du chanteur, Aberdeen, dans l'Etat de Washington, lui rendait pour la première fois un hommage officiel, en février. Cela sera d'ailleurs aussi le cas pour Hoquiam, où le chanteur a passé ses toutes premières années, le 10 avril, jour où le groupe entrera au Rock and Roll Hall of Fame, musée de Cleveland (qui possède une annexe à New York) dédié aux musiciens les plus influents. » link


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5 avril 2014 6 05 /04 /avril /2014 00:09

J’ai été, dans ma Vendée profonde confite dans ses bondieuseries, nourri au grain de la censure de la Centrale Catholique l'Office catholique international du cinéma (OCIC) créé en 1928 qui veillait avec une suspicion tatillonne sur les bonnes mœurs de l’enfant de chœur que j’étais. L’affichage sur les tambours de l’église Saint Jacques le majeur des films à ne pas voir absolument, constituait pour moi une information de première main.


Nos curés combattaient l'influence pernicieuse du cinéma, et se méfiaient de la promiscuité des salles obscures : le mauvais exemple n’était pas que sur l’écran, il est aussi dans la salle même au Rex de la Mothe-Achard, les couples du fond de la salle et plus encore ceux du pigeonnier se bécotaient, et parfois plus encore, ce qui provoquait des interruptions soudaines de la projection afin d’éclairer la salle pour surprendre les contrevenants.


Cerné par la censure qui s’exerçait bien sûr aussi sur les livres et toutes les publications j’ai développé un goût immodéré pour l’interdit, savourer une littérature de dessous le manteau disait-on en ces années que certains présentent aujourd’hui comme merveilleuses.


Et pourtant « Quand la France s’ennuie... » écrivait Pierre Viansson-Ponté dans le Monde du 15 février 1968 « La jeunesse s'ennuie. Les étudiants manifestent, bougent, se battent en Espagne, en Italie, en Belgique, en Algérie, au Japon, en Amérique, en Egypte, en Allemagne, en Pologne même. Ils ont l'impression qu'ils ont des conquêtes à entreprendre, une protestation à faire entendre, au moins un sentiment de l'absurde à opposer à l'absurdité. Les étudiants français se préoccupent de savoir si les filles de Nanterre et d'Antony pourront accéder librement aux chambres des garçons, conception malgré tout limitée des droits de l'homme. Quant aux jeunes ouvriers, ils cherchent du travail et n'en trouvent pas. Les empoignades, les homélies et les apostrophes des hommes politiques de tout bord paraissent à tous ces jeunes, au mieux plutôt comiques, au pis tout à fait inutiles, presque toujours incompréhensibles. »


 

« Née le 15 août 1935 à Montmorillon dans la Vienne, Régine Deforges a écrit une quarantaine de livres, dont plusieurs textes érotiques, plaidant pour que les femmes vivent librement leur sexualité.


Autodidacte, elle a longtemps été libraire avant de créer, aux côtés de Jean-Jacques Pauvert, une maison d'édition, L'Or du temps, à la fin des années 60. De nombreux ouvrages édités (comme Le Con d'Irène, attribué à Louis Aragon) ont fait l'objet d'interdictions diverses et de poursuites pour outrage aux bonnes mœurs. »


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De la saga La Bicyclette bleue, l'un des plus grands succès public de l'édition française, qui s'est achevé, en 2007, après la publication du 10ème volume: « Et quand viendra la fin du voyage... » je n’ai lu aucun des livres non pas parce que je fus influencé par la critique qui boudera la saga, mais parce que je ne suis pas très friand de ce genre de romans. Cependant je partage le regret de Régine Deforges « En France, on ne reproche pas à ceux qui vendent des canons de gagner de l'argent, mais pour un écrivain c'est comme si c'était scandaleux »


Mais, je sais qu’on me taquine sur le sujet, j’ai commis en son temps une chronique « François, Claude, Jean Mauriac, les vignes de Malagar, les fils des grandes maisons de négoce et la bicyclette bleue de Régine Deforges... » link En effet, Régine Deforges était l'épouse du dessinateur du Nouvel Observateur Pierre Wiazemski, dit Wiaz, petit-fils de François Mauriac.


« Régine Deforges situe l’action de La Bicyclette bleue dans le domaine de Malagar, qui appartenait à François Mauriac. « Je suis rentrée dans cette famille quand j’ai épousé son petit-fils, le dessinateur Wiaz. » dit-elle. Elle avoue aussi que ce liquoreux produit dans l’aire des premières Côtes de Bordeaux Saint-Macaire, elle l’a dans la peau. « C’est un vin que l’on buvait à l’apéritif. Il est frais, parfumé, élégant. Avec un crottin de Chavignol, un roquefort ou un foie gras, c’est un plaisir. » Elle cite aussi Meursault et l’Anjou. « Les bons vins me procurent de la joie. » Elle dit encore qu’une bonne bouteille peut surprendre mais ne pas tromper. Pour elle, le vin reste davantage lié au cigare. « Depuis que je suis allée à Cuba, j’ai découvert leur ressemblance. Le torcedor, c’est l’œnologue du cigare. Avec un vieux vin de Malagar, c’est idéal. » « Dans Et quand viendra la fin du voyage... Fayard, 2007, le dixième et dernier de la série commencée par La Bicyclette bleue, Léa fait des allers retours entre la Bolivie et son domaine de Montillac, inspiré de Malagar... » 


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« Si petit et si grand! C’est ici que tu es à ton aise, homme enfin digne de ton nom, c’est ici que tu te retrouves à l’échelle de tes désirs. Ce lieu, ne crains pas d’en approcher ta figure, et déjà ta langue, la bavarde, ne tient plus en place, ce lieu de délice et d’ombre, ce patio d’ardeur, dans ses limites nacrées, la belle image du pessimisme. Ô fente, fente humide et douce, cher abîme vertigineux.

 

C'est dans ce sillage humain que les navires enfin perdus, leur machinerie désormais inutilisable, revenant à l'enfance des voyages, dressent à un mât de fortune la voilure du désespoir. Entre les poils frisés comme la chair est belle sous cette broderie bien partagée par la hache amoureuse, amoureusement la peau apparaît pure, écumeuse, lactée. Et les plis joints d'abord des grandes lèvres bâillent. Charmantes lèvres, votre bouche est pareille à celle d'un visage qui se penche sur un dormeur, non pas transverse et parallèle à toutes les bouches du monde, mais fine et longue, et cruciale aux lèvres parleuses qui la tentent dans leur silence, prête à un long baiser ponctuel, lèvres adorables qui avez su donner aux baisers un sens nouveau et terrible, un sens à jamais perverti.

 

Que j'aime voir un con rebondir.

 

Comme il se tend vers nos yeux, comme il bombe, attirant et gonflé, avec sa chevelure d’où sort, pareil aux trois déesses nues au-dessus des arbres du Mont Ida, l’éclat incomparable du ventre et des deux cuisses. Touchez mais touchez donc vous ne sauriez faire un meilleur emploi de vos mains. Touchez ce sourire voluptueux, dessinez de vos doigts l’hiatus ravissant. Là que vos deux paumes immobiles, vos phalanges éprises à cette courbe avancée se joignent vers le point le plus dur, le meilleur, qui soulève l’ogive sainte à son sommet, ô mon église.

 

Ne bougez plus, restez, et maintenant avec deux pouces caresseurs, profitez de la bonne volonté de cette enfant lassée, enfoncez, avec vos deux pouces caresseurs écartez doucement, plus doucement, les belles lèvres, avec vos deux pouces caresseurs, vos deux pouces. Et maintenant, salut à toi, palais rose, écrin pâle, alcôve un peu défaite par la joie grave de l’amour, vulve dans son ampleur à l’instant apparue. Sous le satin griffé de l’aurore, la couleur de l’été quand on ferme les yeux.

 

Ce n’est pas pour rien, ni hasard ni préméditation, mais par ce BONHEUR d’expression qui est pareil à la jouissance, à la chute, à l’abolition de l’être au milieu du foutre lâché, que ces petites sœurs des grandes lèvres ont reçu comme une bénédiction céleste le nom de nymphes qui leur va comme un gant. Nymphes au bord des vasques, au cœur des eaux jaillissantes, nymphes dont l’incarnat se joue à la margelle d’ombre, plus variables que le vent, à peine une ondulation gracieuse chez Irène, et chez mille autres mille effets découpés, déchirés, dentelles de l’amour, nymphes qui vous joignez sur un nœud de plaisir, et c’est le bouton adorable qui frémit du regard qui se pose sur lui, le bouton que j’effleure à peine que tout change. Et le ciel devient pur, et le corps est plus blanc. Manions-le, cet avertisseur d’incendie.

 

Déjà une fine sueur perle la chair à l’horizon de mes désirs. Déjà les caravanes du spasme apparaissent dans le lointain des sables. Ils ont marché, ces voyageurs, portant la poudre en poire, et les pacotilles dans des caisses aux clous rouillés, depuis les villes des terrasses et les longs chemins d’eaux qu’endiguent les docks noirs. Ils ont dépassé les montagnes. Les voici dans leurs manteaux rayés. Voyageurs, voyageurs, votre douce fatigue est pareille à la nuit. Les chameaux les suivent, porteurs de denrées. Le guide agite son bâton, et le simoun se lève de terre, Irène se souvient soudain de l’ouragan. Le mirage apparaît, et ses belles fontaines... Le mirage est assis tout nu dans le vent pur. Beau mirage membré comme un marteau-pilon. Beau mirage de l’homme entrant dans la moniche. Beau mirage de source et de fruits lourds fondant. Voici les voyageurs fous à frotter leurs lèvres. Irène est comme une arche au-dessus de la mer. Je n’ai pas bu depuis cent jours, et les soupirs me désaltèrent. Han, han. Ire appelle son amant. Son amant qui bande à distance. Han, han. Irène agonise et se tord. Il bande comme un dieu au-dessus de l’abîme. Elle bouge, il la fuit, elle bouge et se tend. Han. L’oasis se penche avec ses hautes palmes. Voyageurs vos burnous tournent dans les sablons. Irène à se briser halète. Il la contemple. Le con est embué par l’attente du vit. Sur le chott illusoire, une ombre de gazelle...

 

Enfer, que tes damnés se branlent, Irène a déchargé. »

 

Aragon

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