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4 mai 2014 7 04 /05 /mai /2014 00:09

Je ne suis qu’une modeste concierge sise à Saint-Émilion et je sais pertinemment que depuis la disparition d’Edouard Frédéric-Dupont, l’inamovible député des «concierges» du VIIe, dit  «Dupont des Loges», que nous ne pesons pas lourd électoralement.


Permettez-moi cependant de vous narrer une petite aventure que je viens de vivre le jour du 1er Mai. Avec le club des joyeuses brodeuses de napperon de Saint- Émilion nous étions en voyage d’études à Bruxelles.


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Comme j’avais une soudaine envie de faire pipi, et comme à Paris chez nos voisins, y’a plus de dames pipis, j’ai dû entrer dans un bar pour satisfaire mes petits besoins. Et là je suis tombé nez à nez avec ça accroché au mur.


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Toute la sainte journée ça a « virouné » dans ma petite tête. Je me disais, qu’avec le nouveau classement de Saint-Émilion qui a enfin inclus des critères culturels, normal notre Norbert Le Forestier avec son petit sécateur est un homme de la culture, y faudrait marquer le coup.

 

Comment faire ?


J’me suis souvenu, madame Fillipetti, que le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, expose à Paris du 12 mars au 27 juillet 2014 : Les Mondes de Gotlib link. Donc, j’ai imaginé qu’avec votre collègue Le Foll qu’est le garant du monument, quasiment historique, qu’est le nouveau classement de  Saint-Émilion, chef d’œuvre en péril, vous classiez par décret, de façon posthume, le château Barrail des Graves de Saint-Émilion en 1er Grand Cru !


 

Bien sûr ce n’était qu’un modeste Saint-Émilion ne pouvant prétendre, du temps de son vivant, prétendre à accéder d’une grande enjambée dans le Saint des Saints. Mais madame, monsieur les Ministres avec notre Norbert rien n’est impossible.



Pensez-donc, ce Gérard Descrambe du Château Barrail des Graves à Saint Sulpice de Faleyrens comme l’écrivait en son temps l’un de ses admirateurs : « maîtrise le langage des charretiers, il est entier et ses vins ont de l'expression ! Ses vins sont écologiques et théologiques. Ils traitent avec bonheur et bonne humeur la phtisie rampante et l'hypocondrie dégringolante. Ses bouteilles sont gaillardement labellisées par les plus grands noms du dessin sérieux, de Reiser à Wolinski, de Gébé à Carali, Pichon, Willem, Tignous, Cavanna et bien d’autres (18 actuellement, la liste n’étant pas close) »


À l’heure de la communication, dont vous êtes aussi la Ministre madame, Gérard Descrambe du Château Barrail des Graves a fait beaucoup pour la notoriété de Saint-Émilion auprès de populations, certes rebelles, mais disposant d’une excellente descente. Avec les critères de notre cher Norbert il aurait empoché une putain de points.


Un geste d’une telle ampleur ça ferait bien dans le paysage, très « à gauche » toute, unificateur d’une majorité qui part en quenouille, un retour aux sources populaires.


Pendant que j’y suis, je verrais bien une rétrospective de ces œuvres à l’Envers du Décor. Vous viendriez l’inaugurer avec Stéphane et nous inviterions tous les « résistants de Saint- Émilion. Une sacré fête, le pendant populaire du pince-fesse people de notre irremplaçable Norbert


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3 mai 2014 6 03 /05 /mai /2014 10:37

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« Ils tournent en rond, ils tournent en rond… »


Les nouveaux petits derviches de la blogosphère du vin et de la haute bouffe, se complaisent dans la détestation, traitent les quidams d’en face de pauvres cons, carburent à l’obsession, monomaniaques redondant la peur du vide de leur vie les aspirent aussi inéluctablement que le siphon d’un évier.


Face à l’horreur de ce qui est pour eux une « trahison » : le passage avec armes et bagages de Jonathan Nossiter au « naturisme » ils moulinent, brassent leurs aigreurs, tapent et tapent avec leur petit battoir sur la nouvelle génération de petits cons, bobos de surcroît, qui boit n’importe quoi. À l’occasion, pour faire genre, ont fout des femmes à poils : naturisme oblige, et les mecs exhibant leurs biroutes où sont-ils ?


L’idole est tombée de son piédestal. Il a passé Hubert de Montille par pertes et profits, ne jurant plus que par Stephano Bellotti. « Le nouvel opus se veut plus modeste et plus intimiste mais on y retrouve cependant l'amour du réalisateur pour la figure de l'artisan passionné. L'un d'entre eux, Stefano Bellotti, impressionne par son charisme à la Christopher Walken. Dans son exploitation de Cascina degli Ulivi (Ferme des Oliviers), il crée des vins naturels depuis 25 ans et en l'écoutant raconter son métier, le spectateur voyage entre philosophie, histoire sociale et biologie. « C'est vraiment le Pasolini des vignes », s'enthousiasme Nossiter, « quelqu'un qui n'a peur de personne, qui s'exprime avec une liberté sauvage et dont chacune des expressions de la pensée a un sens éthique et politique, tourné vers la communauté ».


Bref, la pilule est difficile à avaler, le suppositoire a du mal à se frayer un chemin, c’est l’horreur et la désolation alors il est plus simple de sombrer dans la détestation.


J’adore !


Je me délecte !


Je me souviens aussi d’une chronique du 9 mars 2012 que je ressors de la naphtaline. La blogosphère du vin cultive un goût immodéré pour la détestation : les lavandières du Net


J’y soulignais « Mon blog c’est mon oxygène, ma fenêtre sûr, une deuxième vie qui, contrairement à ce que pense certains, n’est pas une astreinte ni une dévoreuse de temps, rien que du plaisir, une forme d’hygiène mentale, d’excitation intellectuelle, de curiosité et bien sûr d’occasions de rencontre. Alors vous comprendrez aisément que je n’y cultive ni la détestation, ni la revanche, ni le règlement de comptes. Je laisse ça aux aigris, aux envieux, aux rabougris, à ceux qui s’ennuient ou qui n’ont rien d’autre à faire de leur vie. « Les chiens aboient la caravane passe… »


Elle débutait ainsi :


« Langues de putes, de vipères, être une mauvaise ou une méchante langue fut longtemps l’apanage de la gente féminine selon les hommes, souvent leurs hommes. Ceux-ci, plus enclin à la politique, pratiquaient la langue de bois, avaient disait-on un bœuf sur la langue. L’irruption des médias parlés, puis filmés ou télévisés, a popularisé des saltimbanques qui avaient la langue bien pendue donc qu'ils n'avaient pas dans leur poche : Desproges et Coluche en sont les plus beaux exemples. En littérature, dans la presse engagée, la langue verte, la langue drue, celle des polémistes, des auteurs engagés, dérapait parfois, s’enfonçait dans la boue de l’antisémitisme, dans l’insulte, mais le plus souvent se mettait au service de grande cause : le célèbre J’Accuse de Zola dans le Figaro (oui, oui…) à propos de l’affaire Dreyfus.


 

Le règne du « politically correct » a gommé les aspérités, les rugosités, rabotés la langue jusqu’à l’affadir. Afin de ne pas choquer des minorités agissantes et souvent intolérantes, la pratique hypocrite de la langue fourrée qui, comme chacun sait est un baiser lingual profond : une pelle, étouffe bien plus qu’elle ne protège. Pour autant, il est conseillé, y compris sur le Net, de tourner 7 fois sa langue dans sa bouche, avant de réagir sur un texte lu en diagonale ou avec des œillères sur un blog. Vite fait bien fait dit-on, dans le cas présent le fameux buzz prend le pas sur le fond du débat, ce qui compte c’est le niveau de bruit, l’intensité du flux. Alors, ceux que le classement d’e-buzzing met en transes quand ce n’est pas en épectase, s’ingénient à cultiver les inimitiés, à attiser ce qu’ils supposent être des différends, à n’exister que par leur virulence sournoise : ce sont les nouvelles lavandières du Net (là encore l’histoire de la mauvaise langue m’oblige à féminiser cette appellation qui est sur le Net majoritairement masculine).

 

La suite ICI link


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3 mai 2014 6 03 /05 /mai /2014 00:09

J’aime les jours qui commencent en pente douce dès l’éveil, me laisser-aller, me laisser porter la tête dans les étoiles et le cœur léger. Cap au nord, sous la Grande Verrière de la Gare du Nord je rejoins mes deux compagnons de voyage tout juste sortis des brumes de la nuit, direction Bruxelles-Midi d’un seul trait. Notre guide Patrick nous accueille et nous marchons sous un franc soleil jusqu’à la Grande Place où nous effectuons notre première station d’un chemin qui ne sera pas de croix mais de joie.


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Nous marchons dans la ville. Ma meilleure amie, la folle du logis, ce petit vélo qui vagabonde dans ma tête, m’investit, baguenaude, trace des échappées belles, me nourrit d’images et de mots. M’éclaire. En ce beau jour Bruxelles plante le vaste décor de mon imaginaire, je suis ailleurs et ça me va.


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J’aime !


Nous restaurer…


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Les Brigittines, havre de paix art nouveau, du beau, discrète élégance, adéquation parfaite avec l’insoutenable légèreté de mon vieux cœur tout boucané.


J’aime !


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Il m’est dit que, Dirk Myny, « fait partie des rares chefs à s’évader dans le vignoble dès que l’occasion se présente et qu’il propose la plus belle carte de la capitale en vins d’Alsace, une région qu’il connaît sur le bout des doigts et qui lui a donné le goût des crus qui sentent la terre et le travail. » L’homme aime tous les vins, pourvu qu’ils soient élégants et généreux.


Nous sommes ici pour Cantillon !


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Mon petit doigt me dit aussi qu’il fait partie d’une bande des 4, de bons vivants, des noceurs, des bosseurs… Dirk, la suite nous le prouvera, est fidèle à ses origines la campagne du Pajottenland, où il a grandi.


Nous sommes 7 à table, une petite Europe du Sud à nous tous, franco-italienne, cornaquée par notre ami Patrick, belgo-suisse, qui aime tant les vins nature de nos voisins de la Péninsule.


Nous mangerons et boirons avec les accents des flacons de Cantillon.


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C’est aujourd’hui Quintessence de Cantillon.


René Sépul du Soir souligne très justement que « Dirk, Maître cuisinier de Belgique, s’est surtout fait seul, traçant ses sillons gourmands sans s’occuper de ses voisins, toujours concentré à tirer vers le haut les produits de terroir qu’il apprécie. Son assiette est franche, joyeuse, goûteuse… il a su faire évoluer les choses. Mettant l’accent sur des plats plus personnels et plus créatifs, sa maison est aujourd’hui paradoxalement plus bruxelloise, et c’est un plus. Dirk a rencontré des artistes du goût, comme Jean Van Roy de la Brasserie Cantillon, dont il intègre les impeccables lambics et autres gueuzes dans ses casseroles. »


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Table vivante, sans chichis, créative, dénuée des artifices des chefs qui privilégient la forme, exaltation de saveurs riches, alliance précise tels le petit épeautre cuit en risotto et les fines crevettes grises décortiquées qui accompagnent le cabillaud vapeur nappé d’un sabayon au lambic Cantillon. Et puis, quels mots mettre sur son zennepot, « un plat créé un soir de fête en pensant aux copains, un truc un peu dingue où se rencontrent chou cuit à la gueuze, bloempanch, saucisse sèche et bulots… » ?

 

Un seul : c’est grand !


J’aime !


Je ne suis pas très dessert mais le granité de Kriek de Dirk m’a enchanté et ravi. Pensez-donc un granité accompagné d'un bleu !


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Au long de ce très beau repas le temps s’est suspendu, aérien, sensible à la magie du génie de la main qui fait, fort de la supériorité radicale et indépassable de l’artisan, j’étais heureux. Nous étions heureux !


Loin de nous faire redescendre sur terre, Patrick, zélateur infatigable et sincère des vins natures nous abreuvait de magnificence : un Muenchberg Grand cru Riesling n°3 1999 Julien Meyer.

 

Grand !


Nous pouvions continuer notre pèlerinage au pays des merveilles : cap sur Cantillon !


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Pour connaître Cantillon lire mon reportage de 2013 : Vigneronne link 


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2 mai 2014 5 02 /05 /mai /2014 10:00

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31 octobre 2010 « Depuis mai 68  où j’ai découvert Manset avec « Animal on est mal » je suis un aficionado de ce solitaire qui en 1975 rencontrera le succès avec « Il voyage en solitaire » qui se vendra autour de 300 000 exemplaires et sera un grand succès de l’époque. Le grand public ignore Gérard Manset qui le lui rend bien. Comme il le note dans l’une de ses rares interviewes « C’est toujours la même incohérence. Dès que je suis confronté aux médias, se révèle cet écart vertigineux entre ce que les journalistes disent de positif sur mon travail et sa pénétration dans le public. Il y a quelque chose de brisé, de cassé. Si le matériel était tel qu’on le décrit, il devrait être répandu. Mais peut-être que les gens n’ont pas besoin de ça. » link 


Signé le Taulier

 

24 Juillet 2011 : Gérard Manset « J’en étais bouleversé, que toute cette jeunesse saluât son Assomption, le rendit éternel... » Visage d’un Dieu Inca : Alain Bashung.


 « Suivre Gérard Manset sur ses lignes, qu’elles soient paroles sur sa musique ou mots assemblés en phrases qui font les livres, relève de l’expédition sans guide dans la forêt amazonienne. Ce n’est pas un parcours pour adeptes du Club Méditerranée mais, si comme moi, vous êtes des 100% Manset ce n’est qu’une question de rythme, de souffle, de transversale à la Alain Gheerbrant. « J’étais encore indécrottablement rationnel, prétentieux, timoré et avare dans ce dedans de ma tête de Blanc qui croit détenir le pouvoir de commander au mouvement en s’opposant à lui, au lieu d’aller avec lui, de se fondre en lui, d’abord, et d’obéir ensuite à ce que décide le corps. » link


Signé le Taulier


Le 29/04/2014 : « … chez Warner, j'ai rencontré une équipe qui acceptait mes silences, mes obstinations, mon travail marginal, mes « obscurcissements » artistiques. On a décidé que le premier album serait fait de reprises d'anciens titres. Une revisitation.


Comment avez-vous procédé ?


Je devais donc rejouer les morceaux avec des musiciens, live en studio. Et ça a évolué vers de belles rencontres. Axel Bauer m'a proposé Celui qui marche devant, extrait de l'album de 1972 que je n'ai jamais voulu rééditer à cause du son… Avec Paul Breslin, mon guitariste américain, on a adapté Il voyage en solitaire en anglais, que l'on chante en duo. J'ai également repris Manteau jaune, titre rock écrit pour Raphael, qui en a fait une ballade douce et somnambulique. Et je lui ai demandé de chanter Toutes choses avec moi. J'adore l'écart entre ma voix âgée et la sienne, très juvénile. Parfait pour chanter « Toutes choses… se défont. »


Vous avez exhumé votre premier titre, mythique, de 1968, Animal on est mal…


L'idée est du groupe belge dEUS, à qui j'ai proposé une collaboration. Je m'attendais à ce qu'ils choisissent un titre un peu costaud, mais ils ont préféré celui-là ! Du coup, c'était moi qui étais mal. Je ne tenais pas à me le recoltiner. Mais j'ai trouvé leur version épatante, très fraîche, pop dans le bon sens du terme, presque rose ! » link

 

Propos recueillis par Hugo Cassavetti - Télérama n° 3354

 

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2 mai 2014 5 02 /05 /mai /2014 00:09

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Comme l’avouait Jean Carmet « les petits vins de mon pays, de mon pays de Bourgueil, ont eu longtemps ma préférence sinon mon exclusivité. Ces petits vins blancs légers qui travaillent sous le soleil inimitable des bords de Loire. On leur laisse rarement le temps de s’accomplir au-delà d’une année, ils meurent avant l’âge, mais en beauté… »


Mais, il concédait aussi que si son père était un saint-cyrien de la vigne et qu’il a suivi son enseignement, il avait longtemps été étouffé par son patriotisme régional. « Quand je suis arrivé à Paris j’ignorais totalement qu’il existait d’autres vins. Je soutenais mordicus que rien ne pouvait égaler un saint-nicolas-de-bourgueil. Et puis j’ai acheté une maison dans le Gard, à 12 km de Bagnols-sur-Cèze et j’ai découvert les côtes-du-rhône avec ravissement… »


Il n’empêche que son pays c’était son port d’attache comme le montre cet épisode est typique d’une conception de la vie propre à Jean Carmet et à  ses amis.


« J’avais déjeuné chez Bernard Blier. Nous nous étions attardés à table, mêlant les agréments de la discussion à ceux de la sélection des vins. La nuit est venue quand nous nous quittons gaiement. Je hèle un taxi et… au lieu de lui indiquer : « À Sèvres ! » où je réside, je lui communique : « À Tours ! ». Je ne saurais vous expliquer pourquoi. L’automédon ne manifeste aucune surprise. Je monte à bord et plonge presqu’aussitôt dans le bienheureux sommeil de l’oubli… On me secoue, on me réveille, c’est le chauffeur : « Nous sommes arrivés ! »Nous sommes en effet, à Tours. Pourquoi Tours ? Comment, étant à Paris, peut-on avoir l’idée saugrenue de rallier Tours en taxi ? Le chauffeur rigole : « Je vous ai tout de suite reconnu, monsieur Carmet. J’ai entendu des reportages, je sais que vous êtes de Tours ou des environs, alors c’est normal que vous ayez voulu venir ici ! »


« Nous étions au petit matin et au cœur de l’hiver. Je propose d’aller prendre un café près de la gare. Nous tombons sur toutes les épaves de la nuit, hantées par un unique objectif : se goinfrer un pied de cochon. Et j’ai offert une tournée générale de pieds de cochon. J’ai voulu téléphoner à Sonia, mon épouse, à Sèvres. Sans résultat. Je devais apprendre plus tard qu’elle était partie à ma recherche en oubliant de brancher le répondeur. Que faire ? Toujours flanqué de mon fidèle chauffeur je rends visite à des cousins tourangeaux. Il est maintenant 7 heures, ils s’étonnent :


-          Que fais-tu là ?


-          J’ai déjeuné avec Bernard Blier.


-          Ah bon ! Il est de passage à Tours ?


-          Mais non, chez lui à Neuilly !


« C’est la confusion totale. Je les sens sur le point d’alerter hypocritement un quelconque service psychiatrique, je disparais. En taxi toujours. Nous sommes tombés en panne du côté d’Orléans. Le chauffeur marchait au fuel qui avait gelé tellement il faisait froid. L’homme était de bonne compagnie et savait s’adapter, nous avons fait la java pendant toute la nuit. Puis je l’ai raccompagné chez lui. Son épouse a failli me lyncher. La mienne aussi, un petit peu plus tard, ce qui vous expliquera pourquoi je dois périodiquement changer de compagne. Je les comprends et je les absous, ce sont toutes des saintes. »


Extrait du livre Alcools de Nuit R.Bastide-J.Cormier-Antoine Blondin

 

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1 mai 2014 4 01 /05 /mai /2014 06:00

Accueillis à Bruxelles ce 1er mai par l’ami Patrick Böttcher, pharmacien de son état à Anderlecht, pour la « Quintessence brassicole » de Cantillon j’ai décidé de vous offrir :


1° Son excellente chronique du 08 mars 2014 Francesco Guccione, The Highlander (les vins de Sicile de ce vigneron de Sicile furent pour moi la révélation du salon de rue 89) link


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« Au pied de cette vallée loin de tout, où seules des vignes éparses et quelques ruines rappellent la présence humaine, il y a une maison isolée, protégée de la vue par quelques arbres. C’est là que vit, presque en ermite, Francesco Guccione, l'Highlander de Cerasa.


Highlander... vraiment, car Francesco semble tout droit sorti d'un livre médiéval, avec sa stature altière, sa tignasse et sa barbe un peu ébouriffées qui cachent un regard  au bleu d'une lagune tahitienne, un regard éblouissant de vivacité qui anime une vraie "gueule" au sens noble du terme, un de ces visages qui vous dit d'emblée qu'il va se passer quelque chose, qu'une vraie rencontre est en marche, une de ces rencontres dont on sort toujours différent. »


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2° 5 doses de Frantz Ferdinand :



Deezer Sessions with Franz Ferdinand - Live... par deezer

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1 mai 2014 4 01 /05 /mai /2014 00:09

La fête du travail, des bouquets de muguet à tous les coins de rue, des défilés séparés pour nos maigres syndicats de travailleurs, et moi et moi je suis à Bruxelles chez Cantillon pour la «Quintessence brassicole» link


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Afin de ne pas vous infliger une page blanche j’ai passé le manche à l’excellent PAX qui avoue humblement qu’il à « TOUT FAUX »


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Elle avait tout faux cette vénérable bouteille.


Tout faux le flacon vidé jusqu’à l’épaule


Tout faux le dépôt collé au creux de cette épaule


Tout faux la capsule congé boursoufflée et moisie


Tout faux le bouchon rétréci et auréolé de la couleur du vin coulant


Tout faux le bouchon s’émiettant sous la pression du tire-bouchon et qu’il fallut pousser dans la bouteille pour délivrer le breuvage


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Bref une bouteille qui n’aurait pas retenu l’attention d’un expert de salle de vente spécialisée plus d’un bref coup d’œil, le haussement d’épaule n’étant évité que par l’extrême courtoisie généralement affiché dans ces lieux autant pour flatter le chaland fortuné que pour intimider et tenir à distance le curieux désargenté.


Qu’aurait pu lire le probablement dédaigneux personnage dont le millésime 1954 affiché n’aurait même pas piqué, un instant, la curiosité ?

 

                                                 GRAND VIN

                                                CLOS BEARD

                                               SAINT- EMILION

                          APPELATION SAINT-EMILION CONTROLEE

 

Et en bas de l’étiquette, en dessous d’une belle gravure tirée en offset représentant « un groupe de vendangeurs dans la propriété du propriétaire »

                                       PIERRE BORIE Propriétaire


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Descendu dans la cave en ce jour d’élection, pour choisir les bulles à déguster lors de la «  soirée » (Comme dit l’adage  - à moins que ce ne soit le soldat inconnu – Il y a toujours une raison pour boire du champagne : fêter un succès ou se consoler d’une mésaventure !) je m’étais laissé à rêvasser contemplant toutes ses bouteilles que vraisemblablement je ne pourrais plus toutes boires : mais qu’importe, il y a des amis pour aider, comme dit Ophélie NEIMAN dans « Le vin c’est pas sorcier».


 

Tous ceux qui ont une cave un peu riche passent ou passeront par-là : on garde les bouteilles d’exception pour « les grandes occasions » puis, on se rend compte que « les grandes occasions » se font rares. Les enfants fêtent leurs anniversaires entre potes à l’âge ou leurs millésimes deviennent intéressants à boire ; on méconnait ses amis et on sert autre chose à table… Alors, avec l’âge, toute les occasions deviennent grandes et il suffit d’adapter le choix du vin à l’ami et à l’occasion pour, enfin, ne plus se contenter « d’avoir une cave » mais en profiter.


Et c’est comme cela que je suis tombé sur cette bouteille oubliée, avec quelques autres, abandonnées dans un coin. Elles me viennent de mon père qui m’a laissé quelque trésors « en caisse bois » mon cher ! et quelques pièces dépareillées  comme ce clos BEARD.


Débouchée avec le mal qu’on imagine, le vin servi au travers d’un chinois pour éliminer toutes les miettes de liège la surprise fut d’abord étonnante, un nez des plus agréables, franc, net, ni trop puissant ni trop fermé ni évanoui et qui se développait sereinement dans le verre INAO.


En bouche, la surprise continuait. Vite une deuxième gorgée pour s’assurer, comme cela arrive, qu’une fois ouvert le vin de cet âge ne s’évanouisse dans le verre.


Toujours la surprise : un vin rond, une belle attaque en bouche, une ampleur généreuse et une longueur satisfaisante sans compter avec une rétro-olfaction à la hauteur.


En reposant mon verre le seul commentaire me venant à l’esprit : «Encore jeune ! »


Je reprenais là un commentaire mémorable de Paul BRUNET un de mes «professeurs en œnologie ».


Paul BRUNET, enseignant à l’Ecole Hôtelière fut, deux fois, le premier «Premier Sommelier de France». La première fois (le concours concernait le meilleurs Maitre d’hôtel Sommelier de France). Il arriva premier devant Jean Paul JEUNET le chef, étoilé depuis, du restaurant éponyme  à ARBOIS. Edgar FAURE personnalité en place, grand collectionneur de mandats de l’époque et ardent défenseur de la Franche-Comté n’admit pas ce classement de telle sorte que les deux lauréats se retrouvèrent exæquo. Pour sa part Paul BRUNET « revint en deuxième semaine » et devint seul lauréat du concours du meilleur Sommelier de France l’année suivante.


Notre promotion d’œnologues amateurs forma, par la suite, un groupe d’amis curieux des vins. Des voyages furent organisés auquel participait notre maître qui nous faisait profiter de son carnet d’adresses.


C’est ainsi, qu’à l’occasion des « 3 Glorieuses » nous nous retrouvâmes dans les caves de DOUDET NAUDIN à Savigny-lès-Beaune.  Cette maison avait et garde la réputation d’être spécialisée en vieux millésimes entre autre, par les hasards de l’histoire.


Lors de la seconde guerre mondiale le propriétaire mura une grande partie de ses caves pour mettre ses bouteilles à l’abri de l’envahisseur. En 1945 estimant que « les ayant déjà vu deux fois » rien ne pressait pour ouvrir la caverne d’Ali Baba. Dix ans plus tard, vraisemblablement rassuré, il se décida, en présence de « l’administration des contributions indirectes », huissiers, gendarmes, notables et amis proches, sans oublier la presse à exhumer quelques  cinquante-cinq mille bouteilles devenus rares et précieux flacons.

 

En fin d’une déjà belle dégustation une bouteille nous fut proposée « à l’aveugle ». Sous notre puérile pression Paul BRUNET dû faire preuve de ses talents. Avec juste assez de résistance pour préserver sa modestie il se « jeta à l’eau »  et énonça après avoir sacrifié, avant chaque mot, au rituel « verre/nez/bouche » :


                - « CHAMBOLLE MUSIGNY »

                - …

                - « LES AMOUREUSES ».

                - …

                - « 1933 !»

 

Verres en main, pas d’applaudissements possibles mais de retentissants bravos et hourras  fusèrent sous les voutes de la cave.


Le calme revenu le Meilleur Sommelier de France dut commenter le vin dévoilé. En un bref, et éloquent « Encore jeune ! » il résuma parfaitement tout ce qu’il y avait à en dire.


Tout faux ma bouteille de Saint-Emilion 1954 ? Pas si sûr, après dégustation. Comme il est souvent recommandé d’éviter de jeter le bébé avec l’eau du bain, il est déconseillé de jeter le vin avec le flacon.


La leçon de cette anecdote ? «La suite au prochain numéro » comme il est dit à propos des feuilletons et s’il plait à notre Taulier.


patrick axelroud


Strasbourg le 25 avril 2014

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30 avril 2014 3 30 /04 /avril /2014 08:49

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Y’a pas que les Chinois dans la vie même moi simple pipelette y z’ont besoin de moi pour écouler le millésime 2013  du côté de l’Angélus. Pour preuve ce matin dans ma boîte aux lettres j’ai reçu un prospectus pour que j’apporte ma modeste obole à la trésorerie de cette grande maison au « sommet de son appellation *»


« Château Angélus, promu Premier Grand Cru Classé A, réussi avec son savoir-faire un très grand vin au sommet de son appellation en 2013 ! » qui m’disent, pourtant je croyais que les vignes de HDBL se situaient tout en bas du plateau. P’tète qu’ils les ont surélevées depuis qu'il a été restauré ?

  

En plus faut que je raque de suite, alors que la livraison n’est prévue qu’entre le 01/06/2015 et le 30/04/2016 (selon la date de mise en bouteille du Château) et comme moi je ne récupère pas la TVA, ce n’est pas 189,00 € qu’y faut que je débourse mais approximativement dans les 1400 nouveaux Francs la boutanche (je n’ai jamais pu m’y faire à ces histoires de Francs, alors je ne vous dis pas avec leur euro).


Faut que j’aille à mon agence du Crédit Agricole consulter mon conseiller en investissements pour savoir si j’en prends une caisse de 6  1134,00 € HT ou une caisse de 12 2268,00 € HT. Be oui, p’tète que comme chez Leclerc y vont me faire un prix de gros ?


Une autre question que je me pose : est-ce que je peux faire confiance à leurs experts ?


« L'avis des experts


Le millésime 2013 est un Angélus souple et extrêmement harmonieux. La richesse aromatique est séduisante. A l’attaque, il offre des fruits noirs légèrement confits complétés par des saveurs exotiques (noix de coco) qui nous emmènent vers une finale persistante et veloutée. Château Angélus prouve avec ce millésime 2013 que les conditions difficiles du millésime ne pénalisent pas la propriété qui réussit avec son savoir-faire un très grand vin au sommet de son appellation. »


Bob Parker “ The Grand Vin, which this year contains only the old vine Cabernet Franc (representing 38% of the blend) has a conservative bouquet, without the thrills and spills of the 2009 or 2010 and it seems rather straight-laced and linear.


That is not necessarily a bad thing: this is nicely focused and controlled. The palate is medium-bodied with fine acidity, impressive tension and focus with a pleasing sense harmony towards the finish. Whilst it is not a flamboyant Angelus, this is a classy Saint Emilion for drinking over the next decade. Tasted April 2014 by Neil Martin »


90-92/100

 

B&D « Onctueux, texture raffinée, tanins de compétition, grand style harmonieux et équilibré : comme en 1992, Angélus passe des caps dans les millésimes compliqués. Cette fois, c'est le sommet qu'il a atteint. »

 

18,5-19/20

 

Moi je vais de ce pas consulter le Jacques Dupont même si, je crois, qu’est-ce que je peux être hypocrite, les portes de l’Angélus restèrent closes pour lui. Avait-on peur de son beau nez ?


Comme j’suis un peu rosse je me suis dit que du côté, de cette si belle et prestigieuse propriété, ils auraient pu inclure dans la bio de HDBL quelques citations de sa biographe préférée Isabelle Saporta, dans le genre le Sarkozy des vignes link  plutôt que nous resservir pour la énième fois la version officiel style communiqué du Soviet Suprême dans les Izvestia.


« La Propriété


A la fin du XVIIIème siècle, Catherine dite Sophie de Boüard de Laforest épouse Souffrain de Lavergne et vient alors habiter au Château Mazerat à Saint Emilion. Au début du XXème siècle, Maurice de Boüard acquiert l'enclos jouxtant Mazerat. C'est alors que ce vignoble est appelé Château Angélus car les vignerons entendaient simultanément l'Angélus des trois églises du coin : La chapelle Mazerat, l'église Saint-Martin de Mazerat et celle de Saint-Emilion. Ses fils Jacques et Christian achetèrent plusieurs parcelles adjacentes jusqu'à constituer dans les années 1960, le domaine tel qu'il est aujourd'hui. Le château Angélus est dirigé, de nos jours, par Hubert de Boüard de Laforest et son cousin Jean-Bernard Grenié, faisant suite à huit générations de la famille de Boüard de Laforest.


Le Château Angélus fut classé Grand Cru Classé en 1954. Du fait de sa grande notoriété, il ne connut pas trop la crise des années 1970 pour les vins de Bordeaux. L'arrivée de Hubert de Boüard de Laforest, alors œnologue diplômé de l'université de Bordeaux, initia une politique ambitieuse et novatrice avec pour objectif d'atteindre l'excellence. Une remise en cause permanente des techniques et des pratiques de culture fut faite dans le but de mieux correspondre au terroir et à la typicité du château. De ce fait, sa notoriété fut accrue une nouvelle fois et il bénéficia alors du statut de Premier Grand Cru Classé depuis 1996 et atteignit en 2012 le rang de Premier Grand Cru Classé A, rejoignant ainsi Château Ausone et Château Cheval Blanc à la tête de Saint-Emilion.


Pour l'anecdote, la bouteille de Château Angélus est une sorte de star du cinéma car elle a joué dans plus de 25 films dont Casino Royale et La Môme. »


Reste la Fiche technique


SOL Argilo-calcaire sur la partie haute, argilo-sablo-calcaire à flanc de coteau.


ÂGE DES VIGNES 30 ans


VINIFICATION En cuves inox, béton, bois avec système de régulation des températures (28 à 32 °C)


ÉLEVAGE 18 à 24 mois en barriques neuves

 

Dites-moi, mais où est donc passé 2 Ruines ? Je m'inquiète...

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30 avril 2014 3 30 /04 /avril /2014 00:09

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Sur la 4e de couverture de l’ouvrage de référence d’André Gluksmann, du moins celui qui lui rapporté sa part de notoriété sur laquelle il a survécu, le plus imbuvable des « nouveaux philosophes » qui ont éclos dans la grisaille des années 70, « Les maîtres penseurs » on pouvait lire :


« Toute la famille fait dans la politique. L’aîné, Johann Gottlieb Fichte, passait pour jacobin – un futur Lénine ? Hegel, un peu tout, un peu là, offre de devenir maître et possesseur non seulement de la nature (style Descartes) mais de la société. La domination de la terre, résume Nietzsche. Ça ne se refuse pas.


En cent ans la pensée allemande est devenue mondiale. La dernière fleur de la métaphysique occidentale ? La première pousse du Goulag ? Une anémone, une fleur de vent, du vide, glisserait Socrate.


Panurge qui ne veut ni être battu, ni volé, ni trompé a droit au cocktail. Un rien de révolution française, un zeste d’économie politique anglaise et un vieux fond de science allemande recommandée par Marx. Cela n’a pas empêché les marxistes de battre et d’être battus, volés, cocus.


L’ordre règne dans le siècle et l’obéissance dans les têtes. Face Est, le continent du grand mensonge, côté Ouest, les provinces du se mentir. A la porte, un vagabond, personne visiblement déplacée. Il y a quelque temps on eût dit : un juif. La famille prouve que Mai 68 est impossible. Et la révolte des jeunes Américains. Et la résistance des Russes qui kidnappent Pinochet pour l’échanger contre Brejnev. Quand il entend parler de contestations, Doc prépare la piqûre. »


J’ai toujours eu, et j’ai toujours, le plus grand respect pour les maîtres, ceux dont je me suis nourri, mais je fuis comme la peste bubonique les nouveaux maîtres penseurs du vin, ceux qui nous vendent  du prêt à penser en kit sous prétexe qu'eux savent.


Imbuvabilité ?


-          Le noah de mon pépé Louis était-il imbuvable ?


-          Non, j’en ai bu et ce fut mon vin d’initiation…


-          La Suze de mon père était-elle imbuvable ?


-          Bien sûr que non, j’en ai bu car ça faisait genre au temps des babys de whisky en boîte.


-          J’ai toujours trouvé au whisky (celui de ma jeunesse) un goût de punaise, pour autant je n’ai jamais affirmé que ce fût imbuvable.


-          Les vins de voile sont-ils imbuvables pour madame Michu qui carbure au jaja minable ?


-          La réponse est oui, elle n’aime pas !


-          Et si l’imbuvabilité n’était qu’une simple question d’aversion, de goût personnel, au nom de quoi de nouveaux maîtres-penseurs viendraient du haut de leur chaire imposer leur norme de buvabilité ?


-          Mais ici il s’agit de vin Taulier…


-          Et alors, je suis bien d’accord, mais est-ce que ça justifie de s’interroger doctement : Doit-on parler des vins imbuvables?link


-          Bien sûr que oui, mais n’en déplaise à l’auteur de la question : sa notion d’imbuvabilité est la sienne et je ne vois pas en quoi elle devrait s’inscrire comme une référence.


-          Oui mais c’est un maître, une référence, une vigie…


-          Et alors, si je n’ai pas envie d’entrer dans son port, d’y amarrer mon galion, je n’en ai rien à faire de ses lumières. Elles sont là pour ceux qui estiment en avoir besoin, ceux qui ont besoin qu’on leur tienne la main…


-          C’est la fonction même d’un critique que je sache ?


-          Bien sûr que oui mais moi qui suis un buveur, et non un dégustateur en boucle, je ne vois pas au nom de quoi je m’interdirais d’emprunter des chemins qui ne sont pas les siens et surtout que mon goût fasse l’objet de ses risées… de ses sarcasmes... comment ose je boire l'imbuvable ?


-          Compris mais puisque tu dis aimer la castagne dis-nous Taulier si tu as trouvé le film de Nossiter imbuvable ?


-          … je ne suis pas sorti de la salle…


-          Mais encore…


-          Rien, il serait cocasse que je me mette dans la peau d’un critique alors que je réfute une certaine forme de terrorisme intellectuel. Si vous souhaitez avoir un avis éclairé allez donc lire ce que pense du film Fabrice Le Glatin c’est ICI link 


-          C’est noté mais pourquoi avoir associé imbuvabilité et infaillibilité ?


-          Pour faire genre, les 2 vont en général bien ensemble… je m’explique !


INFAILLIBILITÉ


Je lis dans le Libération Next-food du 25 avril 2014 sous la plume d’Olivier Bertrand et de Christophe Maout « le rouge et le blanc», une revue vin sur vin ceci :


« François Morel, le rédacteur en chef, intervenait souvent, parfois bourru. L’homme a la voix un peu rauque de Philippe Léotard et un drôle de tic de la main, comme s’il vidait un verre d’un trait. Tout le monde était admiratif du saut qualitatif survenu à la fin des années 2000. «L’élevage est là mais il ne marque pas, disait Morel. Il ne ramène pas sa gueule. De toute façon, il n’y a jamais trop d’élevage, c’est seulement qu’il manque parfois un peu de vin derrière.» A la fin, la vigneronne leur a fait goûter une cuvée ratée. L’acide acétique avait pris le dessus, elle a appelé cela «Oups», le vend comme vinaigre. Ils ont goûté sérieusement. «Désolé, ce n’est pas du vinaigre, c’est du vin piqué», a tranché sans fard le rédacteur en chef. » link 


Et je n’aime pas ça !


Je suis 100% Le Rouge et Le Blanc !


J’ai une grande estime pour François Morel.


Ce que je n’aime pas c’est sa dernière phrase, même si elle correspond à une réalité, je la trouve donneuse de leçons, irrespectueuse de ce que fait la main, celle de Claire Naudin en l’occurrence. Lorsque le critique se pique de jouer au vigneron à mon sens il sort des limites de l’épure de son travail. Comme le dit très justement Marc Parcé : « il est plus facile de faire du vin avec des mots qu’avec du raisin… » Qui risque rien n’a rien ! Si Claire Naudin s’est plantée c’est qu’elle a essayé. Vinaigre ou vin piqué qu’importe, ce qui compte c’est le faire. Les jugements tranchés du haut de la chaire très peu pour moi.


J’adore les bulles mais j’exècre les bulles pontificales trempées dans l’infaillibilité.


« Je suis pour le retour du fouet. Mais entre adultes consentants. » Gore VIDAL  écrivain et acteur américain (1925-2012)


comment cracher le vin avec élégance par Miss_GlouGlou

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29 avril 2014 2 29 /04 /avril /2014 09:00

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J’avoue que j’ai longuement hésité avant d’écrire cette chronique tellement j’étais sidéré de la vacuité de ce que je venais de lire, tout à fait par hasard, sur Face de Bouc. J’étais dans le métro car il pleuvait sur Paris et comme dans le métro je m’ennuie alors je consulte le fil d’actualité de FB qui devient, de plus en plus, pour certains, le bassin déversoir de l’ennui de leur vie.


En ce haut lieu de l’insignifiance la notion même de débat constitue souvent une insulte à l’intelligence. Pour faire genre sur la blogosphère du vin il faut commencer par s’interroger gravement sur des sujets dont la futilité réjouirait les pires piliers de bar adeptes des brèves de comptoir, puis, dans la foulée du buzz ainsi provoqué, échanger des horions avec les clampins du camp d’en face. Ça n’atteint même pas le comique de répétition tellement la plupart des protagonistes de ce genre de pugilat sont dépourvus de talent de plume.

 

C’est indigent, consternant, à jeter à l’évier !


Comment peut-on consacrer la plus petite parcelle de son temps à s’empailler sur un fait de la plus haute importance : « être allé vite fait cracher à l’évier un « vinaigre » raté (ndlr un vin nature bien évidemment) ?


Ça me rappelle une mode très en vogue dans le cinéma réaliste : des séquences dans les chiottes…


Cuvette ou évier tout va à l’égout, ce qui permet d’élever bien sûr le débat très au-dessous de la ceinture…


Vous me direz que ce n’est pas plus con que de passer son temps à pêcher à la ligne ou à jouer aux dominos. Piquer un sprint vers l’évier permet de faire de l’exercice pour les gens très sédentaires que sont les gouteurs professionnels de vin.


Quand on n’a que cela à foutre ce n’est qu’une manière comme une autre de se détendre et puis se foutre de la gueule des gens du camp d’en face ça évite de se remettre soi-même en question.


Attention, je ne mets pas en question ici l’utilité de la critique, bien au contraire, en ce domaine, puisque je suis un vieux con, je suis de la tendance Charensol-Bory aux riches heures du « Masque et la Plume » : je l’ai écrit ce matin j’aime la castagne et même la mauvaise foi.


En revanche, j’ai du mal avec ceux qui nous resservent à longueur de temps les mêmes plats réchauffés. Chacun est libre d’aimer ou d’exécrer, même de tailler en pièces, de se moquer de la prétention, d’écrire ce qu’ils ont envie d’écrire, c’est le principe même de l’espace de liberté qu’est un blog, mais de grâce qu’ils nous épargnent la même mise en scène, leur explication de texte sur le pourquoi du comment.


C’est lassant !


Moi ça me fait chier.


Je fuis.


Alors pourquoi écrire cette chronique ?


Ce qui m’a poussé à la commettre c’est que, comme je l’ai écrit ce matin, Jonathan Nossiter qui m’avait remis à ma petite place, car j’osais immiscer mon petit grain de sel dans sa nouvelle croisade pour promouvoir la résistance des vignerons naturistes, est le Dieu vivant de l'adepte du cracher dégoût vers l'égout.

 

 

Comme une histoire de l'arroseur arrosé, quoi !

 

 

J'avoue que ça me fait bien rire...

 

 

Ce n'est pas très charitable mais ça me fait du bien...

 

 

Voilà pour le prétexte de cette chronique ironique, mais revenons au fond de ma chronique de ce matin afin de satisfaire votre curiosité.


 

Qu’ai-je osé dire me demande-t-on pour faire sortir Nossiter de ses gonds ?


Rien de très original, j’ai seulement émis des doutes sur la désobéissance civile nouvel outil de résistance de l’avant-garde des vignerons naturistes italiens et défendu le retour au combat collectif des vignerons.


Le plus drôle c’est que, hier au soir, je suis allé au cinéma voir le nouvel opus de Jonathan Nossiter : « Natural Resistance » du côté de la porte des Lilas dans une superbe salle et que, au fur et à mesure que sur l’écran je contemplais les images, je m’imaginais la tête que ferais le coureur-cracheur s’il se tenait à mes côtés. Je ne pouvais m’empêcher de rire dans ma petite Ford d’intérieur.


Pourquoi ?


Ça je ne vous le dirai pas car j’ai juré devant Isabelle Saporta de ne plus jamais proférer une quelconque critique à l’endroit de Jonathan Nossiter car c’est péché mortel et je ne veux pas brûler dans les flammes de l'Enfer !


Je plaisante à peine mais, dans la mesure où « Natural Resistance » ne sortira en salle qu’au mois de juin, j’estime qu’il est prématuré de lancer le débat.


De débat il n’y en a pas eu après la projection et, en dépit des « provocations » d’Isabelle Saporta j’ai fermé ma grande gueule ?


Sage comme une image votre taulier, concentré, souriant, se contentant de consommer l’excellent sandwich de Claire et de boire un génial vin de Sicile en papotant avec les filles et quelques garçons. Ce ne m’a pas empêché d’entendre ce que disaient ces jeunes gens sur le film. Très intéressant, mais là encore, eu égard à la notoriété d’Isabelle Saporta, à l’influence d’Ophélie Neiman, de la grande pertinence de mes jeunes et brillants amis de Socialter et du jugement très professionnel de Jean-Christophe Clément dit « ça goûte bien », j’estime que ce sont des quasi-secrets de confession. Bien évidemment, mon espace de liberté leur est ouvert si l’une d’elle ou l’un d’eux souhaitaient libérer sa conscience lourdement chargée. Amen.


En live, pour Alain Leygnier, le débat auquel je fais référence dans ma chronique de ce matin a eu lieu le dimanche 27 avril en ouverture du salon des Vins de rue 89 à la Bellevilloise à Paris. Son thème était « Désobéissance civile dans le vignoble : résistance ou délit ? ».


En conclusion, permettez-moi de trouver certains d’entre vous bien exigeant pour ma pauvre petite personne : « il n’est pas écrit sur mon front : agent d’ambiance pour débat entre soi… » j’ai beaucoup mieux à faire… Vous devriez vous adresser au lévrier de l’évier, il adore ça…


Dernière indication nul besoin de me demander le nom du lévrier de l’évier je resterai bouché à l’émeri sur lui…

 

 

* photo : l'urinoir de Marcel Duchamp qui est la destination naturelle des vins naturels selon le lévrier de l'évier

 

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