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9 mai 2014 5 09 /05 /mai /2014 00:09

J’ai reçu ce courrier d’un vigneron de mes amis Olivier de Moor.


Je le porte à votre connaissance car il met le doigt sur le poids d’un corporatisme rétrograde qui maquille sa soi-disant défense des vignerons pour mieux préserver son modèle en voie de dilution « AOP-IGP pour tous ».


L’argument de la régulation de l’offre, par l’octroi de droits de plantation administré, est une plaisanterie de garçons bain, les crises bordelaises et cognaçaises l’ont en leur temps démontré. L’adaptation de notre potentiel de production est essentiellement liée à notre capacité de produire et de vendre de la valeur vin et celle-ci est créée par des vignerons à fort potentiel de clients. Distribuer des droits en pluie fine, pour satisfaire des clientèles locales, revient à créer du vin chez des vignerons ou des caves qui le vendent « mal » essentiellement sur le marché domestique dominé par la GD. On détruit de la valeur en créant de la surproduction sur des segments saturés, on tire le marché vers le bas au détriment des vrais créateurs de valeur. L’histoire de la décennie 2000-2010 nous a vus perdre des parts de marché et, à ce train-là, dans celle en cours, nous érodons plus encore nos capacités de croissance. La structure de nos exportations fait illusion mais pour combien de temps encore. 


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Formidable, tu étais formidable, j'étais fort minable


« Rien n'est jamais simple en notre beau pays. Considérant la perte d'image de certaine de nos appellations, mais aussi leur cadre standardisant, depuis plusieurs années nous préférons développer notre marque sans usage des AOC. En conséquence nous vendons une partie de nos Bourgognes génériques, en Vin de France. La raison technique est soit une mise précoce de vins destinés à un consommation rapide, soit à l'inverse des vins très murs avec présence de sucres résiduels.


 La clientèle nous suit et comme pour les vins d'AOC nous manquons de vins. Il est à noter que nous avons toujours revendiqué l’AOC CHABLIS.


Après appel auprès de l'INAO Dijon, il nous a été expliqué que si il y a repli en Vin de France, nous ne pouvons plus revendiquer d'appellation en général pour une nouvelle plantation. Auparavant cela concernait simplement une appellation au sens strict. A savoir à titre d'exemple que si on se repliait du Chablis, on ne pouvait revendiquer de nouvelle plantation en Chablis. Les zélateurs ont poussés le bouchon plus loin en disant que si on se replie d'une seule, on perd le droit de toute nouvelle plantation en AOC.


Je dis encore bravo à notre beau pays pour sa pertinence économique. Là c'est quand même une antiphrase.


Donc, nous allons développer soit les Vin de France en plantation si la possibilité existe encore. Elle existait l'an passé. Ou bien nous allons faire de nouveaux petits achats dans le Sud.


Ou encore faire du conseil à l'étranger pour continuer un peu plus de concurrencer les vins français puisque cette offre nous est faite.


Je comprends bien qu'au final il faut rester dans le moule. Si on s'en écarte on vous oblige à choisir : en conséquence, c'est soit vous en êtes soit vous partez.


Et donc, si vous n'avez pas assez de vin, pour vous accroitre, vous devez encore rester dans le moule. Et si vous faites du négoce, bien souvent et surtout sur des appellations comme les nôtres, vous devez rester sur les critères les moins ambitieux car pour les financer, surenchérir sur les prix de gros de nos appellations, cela devient très dur de tenir cet effort dans le temps.

 

C'est un des aspects du nivellement vers le bas.


La question que je me pose est, sachant que je suis encore prêt à travailler: comment mettre en place une « stratégie » pour répondre à la demande et aux nouvelles contraintes justifiées et injustifiées ?  Ça pourrait ressembler à ce qu'on appelle un élément de la croissance... si on m'écoutait...


À force de non-choix, de conforter des situations acquises, notre pays est pitoyable, aveuglé.


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8 mai 2014 4 08 /05 /mai /2014 10:00

Gérard Depardieu : « Mon foyer est là où les gens m'aiment » AVANT-GOÛT | Il était parti avec fracas, il revient sur les écrans dans le film d'Abel Ferrara, « Welcome to New York » inspiré de l'affaire DSK. Gérard Depardieu est à la une de « Télérama ». Propos recueillis par Fabienne Pascaud le 06/05/2014 à 10h31 link


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Question : « Pourquoi les comédiens boivent-ils autant ? »


Gérard Depardieu


« Parce qu’ils sont fragiles. Ça commence par un whisky à 5 heures pour se donner le courage de jouer le soir. C’est presque un médicament. Ça rallume la chaudière. Mais ça amène au mensonge. Peu à peu les alcooliques se cachent, ils ont honte. C’est pour ça que je ne suis pas un alcoolique, je ne me cache jamais. Si je bois – j’ai arrêté depuis cinq mois -, c’est par excès de vie. Je suis une nature, un peu con parfois… Il m’est arrivé de tenir à peine debout pendant les représentations de La Bête de la Jungle avec Fanny Ardant ; même l’oreillette que je devais porter pour être capable de dire mon texte tombait par terre… dans Tartuffe aussi, monté par Jacques Lasalle, avec François Périer. J’avais observé que François partait aux toilettes cinq minutes avant la représentation, je pensais qu’il picolait en douce. Un soir où j’avais soif, je pars avant lui et je découvre effectivement une bouteille au goût de Fernet-Branca, je l’avale et reviens comme si de rien n’était. Il sort à son tour des WC, excédé : « Qui m’a pris ma lotion pour les cheveux ? ». Il la cachait pour faire le beau et je l’avais ingurgité. Un soir, j’étais si ivre que lors de la scène de séduction avec Elmire, c’est elle, Elizabeth Depardieu, qui a dû me souffler chaque mot de ma déclaration d’amour. Finalement ça donnait une certaine perversité à la scène. Mais trop boire tue peu à peu le côté festif de la chose, ça isole, renferme sur soi, sur ses douleurs narcissique. Et ça marque, ça fatigue. Pourtant Marguerite Duras m’a souvent avoué qu’elle regrettait de ne plus boire. »

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8 mai 2014 4 08 /05 /mai /2014 00:09

Mai, mois de tous les dangers, 3 jours fériés plantés un jeudi, le 1er mai, le 8 mai et l’Ascension le 29 mai ce qui permet de jeter des grands ponts de 4 jours. C’est lourd ! Très lourd, comme moi qui insupporte de plus en plus quelques dévots qui n’aiment pas mon ego, filerais-je un mauvais coton ? Non, je fais le ménage. J’élimine. Je coupe les ponts. Pourquoi, à mon âge, m’embarrasserais-je de gens qui se plaignent de la « violence » de mes mots alors qu’eux tolèrent celle, bien plus redoutable, des maîtres du troupeau. Génuflexion. « Connivence quand tu les tiens tu ne les lâche pas… » Je ne leur dois rien, je ne leur demande rien si ce n’est qu’ils passent leur chemin : nul n’est tenu de s’infliger la lecture de mes chroniques. En mai, je fais ce qui me plaît, le restant de l’année aussi.


Comme c’est férié aujourd’hui je confie mon tablier à un homme de paix : PAX !  


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TOUT FAUX épisode II  ou  Méfions-nous des idées reçues!

 

               

« Il n’est de règles que générales mais seul le particulier existe …»  Aristote

 

 

Quelles leçons tirer de la découverte suivie de la dégustation en 2014 d’un CLOS BEARD Saint-Emilion AOC 1954 ? link

 

 

D’abord se garder des idées toutes faites et proférées par des gourous comme des dogmes hors desquels, point de salut.


 

C’est le moment de rappeler, j’ai l’âge de l’avoir vécu, le tournant pris par les vins de Bordeaux dans les années 1982/83. Avant cette date il était connu que ces vins qualifiés d’austères devaient vieillir de longues années avant d’être « buvables » (on ne parle plus ainsi aujourd’hui !) Ces années 80, celles du tournant économique de François MITTERRAND, ou la finance a commencé à prendre le dessus sur tout le reste, reléguant les valeurs travail et morale au rayon des vieilles lunes, il est apparu comme ni raisonnable ni efficace ou rentable d’avoir des stocks de vins alourdissant les bilans des viticulteurs et grevant leurs trésoreries. Aussi, contre tous les usages constants, loyaux et marchands, se mit on à produire des bordeaux pouvant être bus jeunes ! (Ce qui, naturellement les rendit inaptes à vieillir et nécessita, par la suite, toute les techniques et le savoir-faire des « faiseurs de vins » pour compenser les faiblesses du « produit ».


 

Mon 1954, pourtant petite année pour les Bordeaux rouges, vinifiés avant ce tournant historique, a démontré toute les qualités du savoir-faire des anciens. Soulignons également qu’il ne s’agit que d’un Saint-Emilion générique ce qui devrait permettre de contredire l’adage qui voudrait vous faire « acheter les petites années dans les grandes maisons et les grandes années chez les autre ! »


 

J’ai malheureusement vécu une autre expérience de même nature à la naissance de mon fils aîné en 1973. J’ai fait l’acquisition d’une caisse bois de 6 BRANE CANTENAC de ce millésime et me laissant baratiner par un vendeur : de 6 MARGAUX génériques toujours de 1973. Ces deux caisses, furent stockées côte à côte, dans la même cave, jusqu’au jour prévu pour commencer à les déguster. On attendit, pour se faire, « la communion du gamin ». soit 14/15 ans plus tard. Que croyez-vous qu’il se passa ? Le pauvre BRANE CANTENAC fit piètre figure : passé, lessivé, de l’eau colorée alors que ce brave MARGAUX générique s’en sorti avec les honneurs de la guerre.


 

Il y a aussi beaucoup à dire sur les conditions recommandées de stockage et de conservation du vin, de ce que doit être une cave idéale etc. etc. Le CLOS BEARD, si je dois reconstituer les résidences successives de mon père, a connu cinq caves différentes dont deux dans des immeubles d’après-guerre , une dans un immeuble du 19e siècle en bord de Seine et deux dans des immeubles contemporains, sans compter les longs séjours en appartement au moment de l’inventaire de la cave avant partage ou en attente de nouveaux lieux de remisage.


La cave de bord de Seine était régulièrement inondée tout au long des dix années où il y fut entreposé. A tout cela s’ajoute, les déménagements, qui considèrent le vin comme du mobilier, un point c’est tout !


 

Cela me rappelle l’expérience de MM GAULT et MILLAU, relatée dans leur magazine à l’époque ou ils tenaient le haut du pavé de la gastronomie et de l’œnologie française. Ils avaient chargé le coffre de leur voiture de plusieurs «  caisse bois » de bouteilles réputées bonnes de par leur origine. Elles ont ainsi été trimballées tout au long de leur pérégrination saisonnière à la recherche de bonnes adresses. C’est vous dire les chocs thermiques (parking en plein soleil de midi à l’occasion du déjeuner, fraicheur nocturne de l’étape du soir) et mécaniques, dus aux kilomètres abattus à l’occasion de trajets qui, c’est la loi du genre, vous mènent par monts et par vaux. Que croyez-vous qu’il advint ? Rien : quelques semaines de repos et après dégustation (contradictoire ?vraisemblablement, c’était quand même des pros.)


Les duettistes affirmèrent que, dans l’ensemble, les vins n’avaient pas souffert, le moins du monde, de ce traitement barbare.


 

Ce type de mésaventures, qui n’a rien d’exceptionnel, a le mérite de remettre à leurs justes places les propos et oukases de certains grands prêtres qu’on est tenté de croire par peur de mal faire et hors desquels il n’y aurait qu’hérésie et risque d’ être relégué au rang de rustres incultes si vous y contrevenez.


 

Enfin rappelons qu’il en va du vin, comme de la vie. C’est le moment d’évoquer la superbe réplique de Lino VENTURA dans « La Bonne Année » de Claude LELOUCH. Une idylle nait entre l’antiquaire  très bcbg (la ravissante Françoise FABIAN) et le malfrat (Lino VENTURA, qu’on ne présente plus) Il est invité chez elle pour un diner rassemblant sa ribambelle de copains bobos (dirait-on aujourd’hui). Conversation d’intellectuels autour de la table, devant un Lino muet. Question de l’un des «petits marquis » à Lino : quelle revue lisez-vous ? Réponse : aucune ! Mais alors comment faite vous pour choisir un film ?


Tombe alors, de la bouche de Lino regardant Françoise FABIAN droit dans les yeux, une des plus belle réplique du cinéma français : «  Comme pour les femmes, je prends des risques ! »


 

Strasbourg le 26 avril 2014


 

patrick axelroud

 

* les 2 illustrations sont de la main de PAX preuve s'il en est que votre Taulier n'est pas le seul à développer une forme  de mauvais esprit qui déplaît tant aux dévots.


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7 mai 2014 3 07 /05 /mai /2014 10:00

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J’ai reçu dans ma messagerie un courrier d’un de mes plus anciens et fidèles lecteurs, Philippe Margot link, pionnier du développement des e-Books à la libre disposition des internautes œnophiles. Je vous livre pour vous permettre de consulter son dernier ouvrage. Merci à lui.


Cher Monsieur,


Retournant régulièrement sur votre blog dans lequel vous parlez très souvent des spécialistes autour du bois de chêne, vous me permettrez de vous présenter le dernier e-Book que je viens de publier :


« Chêne - Merrandier - Tonnelier - Copeaux & Cie. »


Lien : link

 

Ce gros volume est le fruit de mes visites dans les nombreux métiers du bois de chêne, pour mieux comprendre par la suite ses effets sur le mûrissement, l’affinage et bonification du vin en contact pendant son long élevage.


Plus de 300 pages et presque autant de photos permettent de mieux comprendre l’utilité de ces différents et passionnants métiers.


Nous analysons également si les techniques de remplacement de la tonnellerie par des moyens moins onéreux ont des chances de conduire à une substitution de qualité.


Et comme l’a très bien exprimé Jean-Pierre Giraud – Tonnellerie Taransaud : « Le plus beau compliment que l'on puisse faire à une barrique, c'est de ne pas en parler. »


Intéressant pour tous les étudiants en œnologie, comme les intervenants dans les métiers du chêne vinicole.


N.B. : Pour une lecture plus confortable, nous vous recommandons de cliquer la touche carrée "Plein écran" à disposition sur la fenêtre du livre ouvert, en haut à droite.

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7 mai 2014 3 07 /05 /mai /2014 00:09

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Entre le tango corse de Fernandel, les vaches étiques à boucles d’oreille et les porcu neru vagabonds, le « saucisson d’âne » pour parigots, le canal historique et le canal habituel, Tino Rossi, les bonapartistes, il y a bien sûr les histoires corses racontées par les Corses bien sûr, c’est plus sûr.


Commençons par un grand classique :


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« Entre Piédilacorte et Rebbia, pas très loin de la Cathédrale du Boziu, un homme, flottant dans une large tunique blanche, barbe et cheveux longs, entre dans l’unique bar du village.


S’adressant à l’un des hommes du village, assis dans un fauteuil roulant, il lui dit d’une voix douce mais ferme :


« – En vérité je te le dis, lève-toi et marche ! »


Incrédule, le bonhomme prend appui sur les accoudoirs, s’extirpe de son fauteuil, pose les jambes sur le sol et marche !


« – Aiò zitè ! Vous avez vu ? Je marche ! »


L’étranger au regard doux se déplace ensuite vers un autre habitué du café appuyé sur une canne blanche portant des lunettes noires qui sirote un Casanis !


« – En vérité je te le dis, ôte tes lunettes, ouvre les yeux et vois ! »


L’homme retire ses lunettes, cligne des yeux et recouvre la vue !


Le type à la barbe s’avance alors vers Toussaint qui a le bras en écharpe.


Toussaint recule, terrorisé :


« – Aò, aò ! Déconnez pas le pinzutu, Oh ! Je suis en arrêt, moi ! »


Celles de Simon Dominati puisée dans les Infos Corses du dimanche 4 Mai 2014


Le carburant du bucheron corse :


Son grand-père travaillait en forêt comme bucheron du lundi au vendredi soir pour une entreprise de Propriano et un camion le ramassait au passage à Lévie pour une destination du côté de l’Ospedale.


Il ne partait jamais sans sa bonbonne de vin. Le patron rendait de temps en temps visite à ses bucherons de manière inopinée. Un vendredi après-midi, installés à l’ombre, en attendant le camion de ramassage, le grand-père et l’un de ses collègues sirotaient les dernières gouttes de vin, directement au goulot de la dame-jeanne. Les surprenant dans cette posture d’oisiveté, le patron leur balança :


-           Si vous faites tous comme ça, je vais faire faillite.


-          Ô M. Dumè…, si vos machines fonctionnent au mazout, nous on marche au vin de Maria Barbara !   lui rétorqua le pépé.


Le patron, en bon Corse, apprécia la répartie.


Durite canal historique :


Un camion était tombé en panne juste devant le bar de Maria Barbara qui fournissait le village en vin. Le chauffeur affairé, la tête dans le moteur, tentait d’identifier la panne. Midi était largement passé lorsque, titubant, un client du café décidait de rentrer chez lui et s’approchait du camionneur. Intrigué, il lui montrait une durite et demandait : « C’est quoi, ça ? » L’autre déjà passablement énervé, se redressait et lui rétorquait : « Tu sais, ça c’est le tuyau qui est directement branché au tonneau de vin chez Maria Barbara !» D’un pas toujours mal assuré, sans demander son reste, le pochtron s’esbignait…


Histoire d’eau :


Il pleut même en Corse, et cette semaine-là il avait beaucoup plu pendant toute la semaine et ce n’était pas fini. Un villageois défunté devait être enterrée et la fosse était pleine d’eau. Les porteurs de la bière, quasiment seuls au cimetière, décidèrent de poser le cercueil dans le trou et d’attendre le lendemain, une éventuelle accalmie, pour le recouvrir de sa terre natale. Plantée devant sa porte, en dépit  des cordes descendant du ciel, une Corse à la langue bien pendue commentait « Vous avez vu, ils l’ont mis à tremper jusqu’à demain comme de la morue. »


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6 mai 2014 2 06 /05 /mai /2014 10:00

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« Rocardien un jour, rocardien toujours… » Hier notre cher Michel, 83 ans au compteur, répondait au journal La Provence de Bernard Tapie. Ce qu’il dit vaut, à mon sens la peine d’être lu avec attention. J’aime bien le début de l’interview, du Rocard pur jus, combien de fois nous l’a-t-il refait l’histoire du Congrès de Tours « La France est le seul pays d'Europe où le Parti socialiste s'est transformé en Parti communiste en 1920, sauf 20 % de minoritaires qui ont suivi Léon Blum. »


En voici un morceau :


Auriez-vous voté le programme de stabilité ?


M.R. : Nous vivons deux crises à la fois. L'une est institutionnelle. Nous avons des obligations budgétaires parce que nous appartenons à la zone euro. Ces obligations, Madame Merkel tient à leur respect parce qu'elle défend les intérêts allemands et une conception traditionnelle des choses. L'autre crise n'est pas seulement européenne, elle est mondiale. Le logiciel capitaliste s'est effondré. Et parce que nous maintenons l'austérité, Joseph Stiglitz et Paul Krugman, prix Nobel d'économie, lancent des SOS. Ils nous disent qu'il faut vivre avec du déficit et ne pas aggraver la récession. Alors oui, à l'Assemblée, j'aurais voté le programme de stabilité, mais avec une recommandation : « Ouvrez la bataille intra-européenne sur la doctrine économique ».


Vous êtes très alarmiste. « Si on continue, on pourrait avoir un nouveau Hitler », avez-vous déclaré !


M.R. : Je n'ai pas dit cela ainsi, mais pas loin. En tout cas, les crises produisent des gouvernements fascistes. En Grèce, aucun parti ne peut gagner une élection en promettant de respecter les clauses. J'attends avec intérêt le moment où la communauté européenne n'aura en Grèce, comme interlocuteur, que le chef d'état-major des armées, pour savoir comment on maintient l'ordre public, dans un pays qui ne peut plus s'en sortir ni faire d'élections.


Il faudrait faire sauter l'Europe ?


M.R. : Sûrement pas. Parce que stratégiquement, on en a besoin. Voilà pourquoi, malgré l'étranglement, j'aurais voté les mesures budgétaires en question. Mais il est prudent de dire, premièrement qu'elles ne peuvent pas ne pas avoir d'effet récessif, sinon un gros effet récessif, et deuxièmement que les keynésiens ont raison.


Le tout est ICI link

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6 mai 2014 2 06 /05 /mai /2014 00:09

Comme à Gravelotte : notes et commentaires de nos grands dégustateurs patentés vont tomber sur nous pauvres buveurs ignorants. Ça va être l’overdose du côté de la vieille permanentée et chez B&D. Le taulier a ironisé en accusant les goûteurs de l’enduire en erreur avec leurs tanins racés, leurs boisés luxueux et de le faire ainsi tomber en un coma idyllique… link . Moi, prudence, prudence, depuis que j’ai émigré au village, j’évite de trop ramener ma fraise vu que Norbert Le Forestier, depuis qu’il s’est fait rouler dans la farine par l’Isabelle, a tendance à chercher des poux sur la tête de qui qui dit du mal de ceux qu’il a généreusement invité à déguster son breuvage béni.


Donc je fais gaffe. Je fais des risettes à tout le monde, vais à la messe, achète le Figaro, évite de dire que je mange bio, ne dis plus que je bois de bon coup mais le nez dans le verre, la bouche en cul de poule, le regard inspiré : j’hume, mire, fais gazouiller les GCC, et suis bien obligé de cracher. Franchement, cracher des nectars de ce prix c’est une insulte à ceux qui s’achètent des litrons chez Leader Price. Je m’entraîne, me cultive, me mets dans la peau des cocos qui passent leur sainte journée à déguster.


Pour me faire plaisir, le taulier m’a déniché dans une brocante un vieux bouquin tout jauni pas coupé (les pages), c’est dire qu’il avait passionné celui qui l’avait acheté, d’un ponte bourguignon de la dégustation : Pierre Poupon de Meursault qui, en 1957, a délivré « Pensées d’un dégustateur » avec une préface de Georges Duhamel de l’Académie Française. En ce temps-là les Verts adoraient les vins bouchés.


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J’y ai puisé ma science avec délice.


En effet, notre homme estime en effet qu’il faut savoir « analyser ses sensations, dominer sa jouissance… pour porter un jugement et le traduire en langage et en notes de dégustation. »


Pour lui « les notes sont indispensables au dégustateur : courtes, précises et formées de quelques mot ponctuant le tracé imaginaire d’une courbe organoleptique, elles lui permettent d’étayer sa mémoire patale aussi sûrement que les croquis soutiennent la mémoire visuelle du peintre… »


Croyez-moi, je me voyais déjà placer auprès de Jacques D ou de Michel B « la référence à ma mémoire patale ! »


Mais le sieur Poupon concède que les notes sont souvent « trop sèches ou trop abstraites pour le profane… » alors il s’est plu « à jeter sur le papier quelques-unes des pensées » qui lui sont venues en dégustant « comme au moraliste qui observe. »


Vous vous doutez bien que j’en ai fait mon miel…


« L’eau est l’ennemie de la vigne comme du vin. Un année pluvieuse ne donne jamais rien de bon, tandis qu’une année de sécheresse, même impitoyable, apporte toujours l’heureux dénouement d’une vendange saine et de qualité »


Pas sûr que cette pensée plaise à notre Norbert Le Forestier et à tous les chantres du millésime 2013 sauvé des eaux par des petits génies des Carpates…


« Le vigneron fait son vin et l’écrivain compose son livre, non pour qu’un dégustateur de métier boive celui-là, ni qu’un critique lise celui-ci, mais pour enchanter ou émouvoir l’amateur. Or, l’un n’a de cesse qu’un compère n’ait goûté son vin et l’autre qu’un confrère n’est lu son œuvre. Ils semblent tous deux oublier que le public, seul, dispense la renommée. »


Et les « nègres » dans tout ça, ils sentent le gaz ? Désolé, ça m’a échappé…


« Il y a des personnes, écrit La Rochefoucauld, qui ont plus d’esprit que de goût, et d’autres qui ont plus de goût que d’esprit.


Mais, pour savoir  déguster, il faut autant d’esprit que de goût. En effet, trop d’esprit flatte le vin et trop de goût l’humilie. »


Celle-là, quand Norbert m’invitera pour faire la plonge lors de son prochain raout de people et de pisseurs de copie, je la replacerai.


« Il y a une mimique de la dégustation et certains imposteurs savent fort bien l’imiter. De même, un homme à l’esprit vide peut faire illusion en prenant l’attitude du Penseur de Rodin. »


Moi je ne vous dirai pas à qui je pense !


« Dégustez, la tête légèrement penchée en avant, comme celui qui se concentre et cherche ses idées. Le menton trop levé, vous aurez l’air vide et bête d’une poule qui boit ; la nuque trop renversée, vous donnerez l’impression de vous gargariser. Même en ce cas, échappons au ridicule. Et, lorsque vous boirez à table, imitez la discrétion du cheval dont les lèvres se posent délicatement sur le miroir de l’auge, sans le ternir. »


Ça ne rigole pas la dégustation !


« Beaucoup se flattent de savoir déguster. Mais demandez-leur ce qu’ils ont senti et goûté. Les voilà subitement muets. Ils se dérobent toujours au pied du verre. »


Le taulier a donc raison de se refuser à la dégustation…


« Il m’arrive souvent de faire tourner dans mon verre, ou de humer, ou de rouler sur ma langue, l’eau ou l’orangeade qu’on me présente. C’est une distraction aussi comique et inoffensive que celle de vouloir lever son chapeau pour saluer lorsqu’on est tête nue. »


Là je pense à Gabrielle V


« Nous avons tous rencontré ces trois sortes de buveurs : l’amateur, qui se croit du talent, boit par snobisme, apprécie par mode et vante par gloriole ; le professionnel, toujours peu subtil et hermétique, jamais affirmatif et quelquefois cruel ; le vigneron, qui ne jure que par le vin de sa cave.


Quoi ? Vous ne vous rangez dans aucun de ces types ? Vous aimez le vin pour lui-même, pour vous-même et pour vos amis ? Vous êtes alors une exception, mais j’irai volontiers m’asseoir à votre table pour boire en parlant d’autre chose. »


Un marrant ce Poupon, il se fout de sa propre gueule…


« Beaucoup de vignerons n’ont du nez que pour l’encens dont ils flattent leurs vins. »


Sacré Norbert toujours droit dans ses bottes prêt à  dégainer son petit sécateur !


« On serait vite lassé de vins trop parfaits. Un peu de déséquilibre, s’il n’est pas indispensable à leur excellence, l’est sans doute à leur charme. »

 

Bodybuildés !

 

« Il y a des hommes qui choisissent leur femme pour l’élégance de sa silhouette ou l’éclat de son visage. Ce sont les mêmes, sans doute, qui choisissent leur vin pour la noblesse, le brio ou la fantaisie évocatrice de son appellation.


Mais on ne boit pas plus une étiquette qu’on ne jouit d’une femme par le seul regard. »


Macho ce Poupon, un vrai bourguignon ! Messieurs, en dernier ressort ce sont toujours les femmes qui vous choisissent pour de bonnes ou de mauvaises raisons…

 

« Ce goût de terroir, qui nous révèle aussitôt l’identité d’un vin, c’est cette odeur et cette saveur particulières que lui donne cette graisse de la terre qu’Isaac prie Yahvé de ne pas refuser à son fils Jacob. »


« Le goût du terroir s’attache aux vins un peu rustres, comme la glèbe se colle aux sabots du paysan. Il ne prouve ni la finesse, ni la distinction, mai la bonne santé champêtre et l’authenticité. »


 Ha ! La graisse de la terre et les sabots de Norbert, j’atteins l’extase en espérant l’épectase comme ce bon cardinal Danielou…


Bon ce n’est pas tout ça je file sur Face de Bouc, je suis inquiète 2 Ruines est aux abonnés absents…


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5 mai 2014 1 05 /05 /mai /2014 10:00

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Ce qui m’étonne c’est qu’il s’étonne d’être incompris notre petit Napoléon de la dégustation, le sieur Pousson.


Qu’il cita un vigneron de Brézème Julien Montagnon du Domaine Lombard pour étayer son combat rien de plus normal pour un critique de son envergure :


« Comment peut-on réunir ces 2 types de vins sous un même nom, une même philosophie, une même étiquette?


 Les énervés du « nature » parlent souvent de terroir, mais prenons l’acétate d’éthyle comme exemple ; son goût est identique au nord et au sud, le même goût sur un cabernet franc et sur un grenache. Finalement, sa trop forte présence tend à standardiser les vins comme l’utilisation des levures sélectionnées !


 Tous ces défauts mis bout à bout, et l’utilisation à tout va, de la macération carbonique conduisent à l’inverse de notre vision du vin. Le non-interventionnisme conduit inéluctablement à une standardisation des vins et à une négation du terroir et du rôle du vigneron. Dans notre esprit, nous tentons le moins possible d’intervenir sur nos vins mais « ne rien faire » c’est déjà faire quelque chose, c’est un choix et surement pas un dogme ou une règle.


Nous accompagnons les vins sans les brusquer mais en les préservant des défauts et maladies œnologiques. 

 

Alors oui, nous sommes en agriculture biologique, en Biodynamie, nos vendanges sont manuelles, nos vins sont toujours aux alentours de 40 mg/l de so2 total et nous n’utilisons pas d’autre additif. En fait, nous pensons que le vin est vivant mais nous travaillons à basse température, nous filtrons de temps en temps, nous utilisons des barriques de 1 vin, nous éraflons parfois et nous intervenons quand cela est nécessaire et selon notre sensibilité.

 

Alors ne m’appelez plus jamais nature.

 

Très bien, peu importe la boîte où l'on se range l'important c'est de rencontrer son public, le reste n'est que littérature pour les amateurs.


Mais là n’est pas le problème, celui-ci se niche, comme un détail, tout au bout de sa démonstration :


« D’un côté, des vins superbes, expression de terroir, droit, libres avec de belles buvabilités. Des vignerons, souvent pionniers de l’agriculture Bio, qui restent des modèles depuis longtemps pour nous.


Et de l’autre des vins informes, à la limite du buvable et cumulant tous les défauts du monde: acescence, acétate d’éthyle, évent, oxydation non-maîtrisée… Dans lesquels, il est impossible de découvrir un terroir, un cépage. Des vins incompréhensibles et malades à propos desquels le Tout-Paris s’extasie. »


En voilà une belle exécration, mais c’est quoi au juste le Tout-Paris ?


Un mot-valise, un fourre-tout commode permettant d’amalgamer les snobs, les bobos, en fait d’opposer les braves provinciaux à ces cons prétentieux de Parisiens et d’entretenir le vieil antagonisme entre les gens de la campagne et ceux de la ville capitale.


Ici, dans le cas d’espèce, il s’agit du Tout Paris du vin fréquentant les hauts lieux du naturisme : cavistes, bars à vins, cantines chic type Saturne, Septime ou autre Châteaubriant, le salon rue 89 d’Antonin Iommi-Amunategui, les lecteurs de Tronches de Vin et dernièrement adeptes de la résistance naturisme selon Jonathan Nossiter.

 

* la photo titre montre une brochette du Tout-Paris du vin en train de s'enfiler des vins incompréhensibles devant la Cave des Papilles haut lieu du parisianisme naturiste. 


En un mot comme en 100 c’est un profil type Guillaume Nicolas-Brion, en plus âgé : quadragénaire, avec beaucoup plus de thune que lui, travaillant dans la pub ou la prod, accompagné d’une belle et grande tige, roulant en scooter, logeant dans un loft sur les hauts de Belleville, qui passe ses vacances à l’Ile de Ré ou à l’Île aux Moines… Bref, un bobo arrogant, gentrificateur, qui ne saurait pas distinguer une poule d’un poulet, même bio.


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Ok,  mais encore ?


Où est le problème ?


En quoi les déviances réelles ou supposées d’une poignée de vignerons et l’adhésion d’une infime minorité à leurs breuvages incompréhensibles troublent-elles autant les gardiens du Temple ?


Beaucoup de bruit pour rien !


Que ça agace Pousson et ses frères j’en conviens mais pourquoi en faire tout un plat, resservir inlassablement les mêmes plats ?


C’est lassant !


C’est même chiant !


Ça frise l’obsession !


Comme un sentiment que tout cela n’est qu’un prétexte, un vieux compte à régler, une forme de relent de la Terre elle ne ment pas, un anti-parisianisme primaire, un refoulement, une volonté de s’affirmer paysan alors que tout bonnement l’on vit sa vie dans une grande métropole internationale.


Mais il y a un mais, comme tout un chacun, moi le premier, l’homme voudrait être aimé, du moins apprécié de l’élite des amateurs de vin nature comme ce bon Jonathan Nossiter leur nouveau Pape. Comme je le comprends le brave mais encore faudrait-il qu’il arrête un chouïa de nous saouler avec ses billets avec femmes à poils incorporées (ça booste l'audience de l'avis même de l'auteur)… Ses appels du pied tombent dans le vide, les naturistes parisiens sont aux abonnés absents, ils l’ignorent ou presque…


Désolant ?


Sans doute, mais pourquoi s’échine-t-il à chercher à comprendre des vins incompréhensibles ?


C’est de l’énergie mal placée. Dès qu’un vin est en bouteille pour être vendu qu’il est acheté et bu les fameuses déviances sont à classer au royaume de l’anecdote sans intérêt. N’oublions pas que les vins nature sont l’épaisseur du trait. Qui dérangent-ils ? Pas moi, je choisis de boire ce qui me plaît et je n’ai nul besoin de grands prêtres pour me dire ce qui est mauvais. Le populo non plus d’ailleurs, celui qui boit des vins à 2 balles.


Ferait mieux d’aller mettre son nez dans le vin courant notre cracheur de vinaigre patenté !


Mais revenons à la détestation des Parisiens en général et des Parisiens du Tout Paris en particulier.


Notre cousin et ami du Québec Louis-Bernard Robitaille le dit sans détour dès la première phrase de son livre Les Parisiens sont pires que vous croyez : « Le parisien a mauvaise réputation. »


Il enchaîne :


« Les provinciaux, c’est un fait avéré, ne pensent guère de bien de ces compatriotes de la capitale. D’ailleurs beaucoup d’entre eux y viennent le moins souvent possible, ou pour affaires, familiales ou professionnelles. Certains passent leur vie à voyager autour du monde sans presque jamais s’y arrêter. À Lyon, Angoulême, Bordeaux ou Nice, ils sont quelqu’un, on les salue, on leur tape sur l’épaule et on leur donne du Monsieur. À Paris, ils ne sont plus rien : rien que des provinciaux justement. »


« La mauvaise image du Parisien est si universelle que l’impétrant en vient parfois à se détester lui-même. Côté pile, il se rengorge d’être un «vrai Parisien ». Côté face, il s’empressera de vous expliquer qu’il n’a rien en commun avec tout cela, les Parisiens et le parisianisme, qu’il en a fait le tour depuis longtemps et que ça ne l’intéresse plus. Paris dit-il volontiers, est un haut lieu du cynisme, de la futilité et des fausses valeurs, c’est une ville sans âme et sans racines, et lui-même ne se sent revivre que lorsqu’il revient dans son Périgord natal (ou sa Bretagne ou  sa bonne ville de Bordeaux). Il se flatte de venir d’ailleurs et s’inventera au besoin une enfance lorraine ou des grands-parents ardéchois, car être né dans la capitale, c’est un peu comme arriver au monde déjà vieux et décadent, sorte de Pu Yi en sa Cité interdite. L’antiparisianisme est le stade suprême du parisianisme. »


Moi je vis à Paris depuis plus de 30 ans et je n’ai nullement envie de m’en excuser.


Tout d’abord Paris n’est qu’une toute petite ville : 105 km2, en fait 65 si l’on retranche les bois de Boulogne et de Vincennes, 2,25 millions d’habitants soit 20 980 habitants au km2 selon l’INSEE alors que Shanghai, symbole de la ville tentaculaire n’en affiche que 3600, Londres 4978 et Rome 2165. Nous sommes la seule grande capitale à être entièrement encerclée par un wrong side, celui du périphérique.


Entassés, encerclés, nous n’avons nul besoin de nous défendre mais plutôt d’inventer un vrai Grand Paris avec nos voisins les plus proches. Laissez-nous donc assumer notre destin nous ne sommes pas responsables du fait que « Paris monopolise les pouvoirs comme aucune autre capitale dans le monde » Vous en êtes aussi responsables que nous.


D’autre part, ras la coupe des amalgames : les jeunes, les femmes, les émigrés, les vieux, les bobos, les Parisiens… ça veut tout dire et rien dire, c’est commode pour allonger la sauce de tous les préjugés et les diatribes creuses.


Quant au Tout Paris, vague poignée de happy few, et à son parisianisme je laisse ça à l’humour décapant de François Morel. C’est un vrai bijou à voir et à entendre absolument.



"Parisianistes !" : le Billet de François Morel par franceinter

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5 mai 2014 1 05 /05 /mai /2014 00:09

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De Rochechouart jusqu'à Ménilmuche/D'la rue d'Lappe à la rue d'la Gaité/Y a pas un' môm' dans tout Pantruche/Qui avec la mienn' pourrait lutter/De la tête aux pieds quand on l'épluche/On ne trouv' rien à lui reprocher/C'est un oiseau rar'/Que Roi des veinards/J'ai eu le bonheur de dénicher : Ah ! si vous connaissiez ma poule, /Vous en perdriez tous la boule. /Ses p'tits seins pervers/Qui pointent au travers/De son pull-over/Vous mettent la tête à l'envers !/Elle a des jambes faites au moule/Des cheveux fous, frisés partout/Et tout et tout.../ Si vous la voyiez, /Vous en rêveriez !


Les paroles de cette chanson des années 30, 1937, expriment avec justesse ce qu’était la gouaille joyeuse et moqueuse, légère du p’tit populo parigot qui aimait guincher et danser dans les guinguettes du bord de l’eau pour oublier le boulot. Maurice Chevallier le surjouait, alors qu’Arletty fut l’incarnation idéale de la Parisienne délurée et spirituelle. « Atmosphère, atmosphère. Est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère ? » (Hôtel du Nord). Même lorsqu’elle fit preuve de légèreté sous l’Occupation en donnant son cœur à un officier allemand, elle assuma et ni les juges, ni le public ne lui en tint rigueur.


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Avoir une poule, de mon temps, dans ma Vendée crottée, c’était avoir une petite amie qui acceptait, à titre gratuit, ce que la grande majorité des filles refusaient. Bien sûr, dans le langage courant des bien-pensants, les poules, surtout celles de luxe, c’étaient des femmes légères, des femmes faciles, des grues,  «Une vraie poule de luxe ne baise pas... ou du moins baise le moins possible !» Enfin, par extension, dans les BMC, les poules pouvaient être aussi des péripatéticiennes « Au bordel d'Epernay, les poules disaient aux fantassins : «Profites-en, mon p'tit gars. T'attaques le 17 !» La conviction que cette offensive tournerait au désastre était générale… »


Fernandel :


-          Je marie ma fille.

-          Oh ! Putain !

-          Non, pas l’aînée, la cadette.


Lorsque j’affirme « je veux des poules dans mes vignes ! » je vous balade un chouïa.


Comme vous le savez j’adore les petits livres que l’on glisse dans sa poche.


Celui-ci commence par un avertissement, « à un futur passionné de poulettes qui s’ignore » plein de drôlerie.


« Tu vas bien t’embêter avec ça ! », tel fut l’avertissement décourageant de ma grand-mère, fière jardinière et éleveuse de poules rôdée, mais traditionnelle. C’est-à-dire le jardin d’un côté, et les poules, solidement enfermées, le plus loin possible, dans un enclos au sol damé à mort et pas joli, joli.


Inspirée par les pépiniéristes flamands qui lâchent des poules chaque matin dans leurs cultures pour faire le ménage gratuitement, j’ai donc pris des poules. Dix ans après, je n’en reviens toujours pas de cette compagne étonnamment bête, franchement rigolote, souvent quasi-philosophique et écologiquement efficace !


Côté ménage, rien à dire. Si vous avez des poules, vous pouvez dépenser agréablement votre budget « granulés anti-limaces » et piège à mouches des fruits, car vous ferez des récoltes épatantes, garanties bio, grâce à ces gratteuses invétérées pour lesquelles le ver, le moucheron comme le limaçon, voire la grosse limace baveuse, son mets de choix.


Côté philo, on ne se lasse pas de réfléchir au mystère de ces vraies imbéciles qui détectent à  10 m la présence d’un vermisseau invisible et gardent des années durant la mémoire du lieu où elles se sont gavées, même 5 minutes. Et puis, observer ses poules détend, non sans vous rappeler les mesquines querelles de bureau et vous interroger sur les ressorts de la cruauté d’une économie sans pitié.


Tout ça sans compter qu’élever des poules, c’est œuvrer pour le bien-être de la planète.


Car ayez deux poules et le poids de votre poubelle « recyclable » sera quasi réduit à zéro. Au point qu’en Belgique, la région wallonne a décidé de subventionner leur élevage domestique. Alors, on essaie, on jardine avec des poules !


Mode d’emploi ! »


Tout y passe : choix de la race « poule pop ou poule chic ? »,  le nombre : 2 c’est mieux, 3 bonjour les dégâts ! » « Gros derrière, grosse pondeuse ? » « Cul d’artichaut, cœur d’artichaut ? » « Pas de coq, pas d’œufs ? » « Oui à l’indépendance, non à la révolution ! »


Vous saurez tout grâce à ce joyeux petit livre « Je veux des poules » Beucher Larousse 5€


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J’entends déjà des ricanements dans les rangs : « mais qu’est-ce qu’on en a à péter de ses poules au Taulier ? »


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Tout bêtement parce qu’avoir des poules dans ses rangs de vigne c’est plus intelligent que de radoter sur la présumée stupidité des « naturistes » (amateurs de vins natures) comme le fait le petit derviche tourneur le grand sachant qu’adore les seelfies de lui.


Allez donc voir dans la patrie de ce bon Jean Carmet si j’écris des conneries : « Des poules et des vignes à Bourgueil »


« Ingrandes-de-Touraine, c'est l'histoire d'une rencontre entre Vincent Simon et Philippe Boucard, leur complicité, c'est ensuite la naissance d'un projet, celui d'introduire les poules du cuisinier dans des vignes conduites par le vigneron, puis la recherche de l'équilibre entre nature et jardin et que revive le Vignoble de la Galotière. » link


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4 mai 2014 7 04 /05 /mai /2014 07:00

Marre de la politique, Adeline me traîne à l’un de ses déjeuners de copines dans le premier bar gastronomique de desserts à l’assiette, chez Dessance, au 74 rue des Archives dans le 3e.  C’est très bar de filles, je prends la formule « Carte Blanche » 4 desserts et un flacon de vin nature un riesling grand cru Schlossberg d’Albert Mann. Pour Le Fooding.com, la référence de la tribu, c’est « cuisine d’auteur, trop bon, feeling, faim de nuit… » Tout ce qu’apprécie le petit barbon tout rond de Barcelone. Avant d’y aller à vélo, ma tendre et belle m’avait prié, avec amour, de lire la notice :


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« Se gaver de desserts sans se faire taper sur les doigts, on ne voit ça que dans les contes de fées. Ou à Paris, quand un maboul comme Philippe Baranes, le patron du très concept Braisenville, ouvre Dessance, le premier « restaurant de desserts » ! Dans le grand décor bizarroïde de Joseph Grappin, les places de choix sont à l’orchestre, sur la table de granit où Christophe Boucher (ex-chef pâtissier du Grand Véfour et de Ledoyen) compose ses plats végétaux (fruits, baies, légumes, herbes), sucrés (à point), lactés, œuvés, céréalés. Pour n’en rien rater, oser la formule quatre desserts à partager à deux, et pousser jusqu’aux accords vin, bière, thé, jus ou alcool, furieusement bien vus par Boris Bielous. Exemples : fabuleux concentré de poire, crème de cerfeuil racine, sorbet yaourt grec, avec un thé anxi tie guan yin ; betterave (chair et feuilles), airelles, bergamote et nuage de chocolat blanc, avec un jus de griottes ; pommes confite et crue, purée de vitelotte, roquette et granité marjolaine, avec un riesling grand cru Schlossberg d’Albert Mann ; chef-d’œuvre d’omelette norvégienne fumée à la paille et au pain, flambée au scotch, avec un whisky Nikka Yoichi Mizuwari… De quoi sortir, tel Aragon de la bonne aventure, « gai, sans un sou, vaguement gris ». Dessert 19 € (avec mise en bouche et mignardises, 12 € le suivant) et formule quatre desserts 44 €. Jus Milliat 7,50 €, thés Maison des Trois Thés et café Lomi 6 €. // Y.N. »


Le grand sujet de conversation n’est ici, ni l’Ukraine, ni le vote de confiance à l’Assemblée pour Manuel Valls, mais la rupture des amants au scooter. Selon, Gala qui a pour une fois griller la politesse à Closer, duel de Titans « En janvier, quand le magazine Closer se charge de l’outing de sa relation avec le président, de l’avis de ses proches, Julie Gayet prend de plein fouet la violence de cette intrusion au cœur de sa vie. De femme libre, patronne respectée de trois sociétés de production, elle passe au statut moqué de Montespan dont les gens Googelise les images nues avec avidité ». Exit François, l'actrice qui craint que le cinéma la boude, lui fasse « payer ses amours », qu’elle se « Bigardise » comme le gros Bigard soutier de Sarko qui a perdu les ¾ de son public. Julie Gayet, femme de tête, s’est délestée sans état d’âme de son boulet médiatique. Les commentaires fusent. Je mange et je bois mais, lors d’un blanc dans le débat, je glisse « Tiens, lundi dernier j’ai croisé à la première du dernier film de Nossiter Santiago Amigorena… » Soudain j’existe, je suis digne d’intérêt, Claire la meilleure copine d’Adeline moqueuse m’interroge :


-         Qu’est-ce qu’il fichait là avec tes bois sans soif ?


-         C’est lui qui a produit le film…


Marie-Charlotte, qui semble toujours débarquer de la Planète Mars, la bouche en cœur, demandait « C’est qui celui-là ?... taclée sitôt sèchement par Henriette qui, quittant un instant l’écran de son IPhone «  le père de se deux garçons, Tadéo et Ezéchiel... » Gabrielle, entre deux bouchées de gâteaux, faisait remarquer « que dès la fin 2013, elle n’était plus sûre de rien. Certains murmurent que l’histoire qui durait depuis deux ans, s’essoufflait… »


Ayant une légitimité certaine à la suite de mon intervention j’orientais la conversation vers une nouvelle plus consensuelle « Clooney se marie ? » Léger soupir d’Adeline ponctué d’un haussement d’épaule. Toujours très pro de chez pro Henriette précisait «  Oui Clooney va épouser Amal qui est une avocate anglaise de 36 an. Pour l'instant elle n'est que la fiancée officielle de Clooney. Si vous ne le saviez pas, l'éternel célibataire s'est marié une fois, avec l'actrice américaine Talia Balsam, c'était en 1989, et cela duré près de cinq ans. » Souriant je jetais un regard circulaire sur l’assistance attristée avant de descendre encore d’un cran dans le peopolisme « Saviez-vous que pour Dujardin les beuveries c’est fini. Plus de virées entre potes, il s’est racheté une conduite avec Nathalie Péchalat, championne olympique de patinage qui l’a transformé… »



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Bide total, je me tais en me plongeant corps et bien dans le Riesling d’Albert Mann. Je chope des bribes. Ça ronronne. Je balance « Aymeric Caron est un petit con ! »Le silence se fait. Le bel herbivore a des fans dans l’assistance. J’enchaîne brutalement « Oui sur le plateau d’On n’est pas couché ce bellâtre bien connu pour l’épaisseur de ses salmigondis s’en est pris au réalisateur du film « 24 jours », Alexandre Arcady, le film qui retrace l’affaire d’Ilan Halimi, le gang des Barbares. Au cours de cette émission, avec une infinie légèreté, fait un rapprochement pour le moins hasardeux entre le calvaire subi par le jeune Halimi et le sort des enfants palestiniens dans les territoires occupés. Du grand n’importe quoi, du gauchisme de salon, que venait foutre ici la problématique israélo-palestinienne. Comme le note son petit camarade de l’Express, Renaud Reval. « Le dénuement jamais loin de l’absurdité et du néant : Pétrie d’une culture Reader’s Digest, Aymeric Caron, en matière de jugements et d’analyses, nous a souvent habitué à côtoyer les abysses. Mais là, il y plongea la tête la première et le front barré. Et  s’il n’y avait que le front… » Alors que je m’attendais à une belle foire d’empoigne, à un pugilat, la tablée plongeait le nez dans les gâteaux. Pour me racheter une conduite je leur offrais une tournée d’Albert Mann. En rentrant, Adeline ne m’a pas engueulé. Très amoureuse, elle a profité de moi sans vergogne. Je me suis soumis sans mot dire. 

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