De Rochechouart jusqu'à Ménilmuche/D'la rue d'Lappe à la rue d'la Gaité/Y a pas un' môm' dans tout Pantruche/Qui avec la mienn' pourrait lutter/De la tête aux pieds quand on l'épluche/On ne trouv' rien à lui reprocher/C'est un oiseau rar'/Que Roi des veinards/J'ai eu le bonheur de dénicher : Ah ! si vous connaissiez ma poule, /Vous en perdriez tous la boule. /Ses p'tits seins pervers/Qui pointent au travers/De son pull-over/Vous mettent la tête à l'envers !/Elle a des jambes faites au moule/Des cheveux fous, frisés partout/Et tout et tout.../ Si vous la voyiez, /Vous en rêveriez !
Les paroles de cette chanson des années 30, 1937, expriment avec justesse ce qu’était la gouaille joyeuse et moqueuse, légère du p’tit populo parigot qui aimait guincher et danser dans les guinguettes du bord de l’eau pour oublier le boulot. Maurice Chevallier le surjouait, alors qu’Arletty fut l’incarnation idéale de la Parisienne délurée et spirituelle. « Atmosphère, atmosphère. Est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère ? » (Hôtel du Nord). Même lorsqu’elle fit preuve de légèreté sous l’Occupation en donnant son cœur à un officier allemand, elle assuma et ni les juges, ni le public ne lui en tint rigueur.
Avoir une poule, de mon temps, dans ma Vendée crottée, c’était avoir une petite amie qui acceptait, à titre gratuit, ce que la grande majorité des filles refusaient. Bien sûr, dans le langage courant des bien-pensants, les poules, surtout celles de luxe, c’étaient des femmes légères, des femmes faciles, des grues, «Une vraie poule de luxe ne baise pas... ou du moins baise le moins possible !» Enfin, par extension, dans les BMC, les poules pouvaient être aussi des péripatéticiennes « Au bordel d'Epernay, les poules disaient aux fantassins : «Profites-en, mon p'tit gars. T'attaques le 17 !» La conviction que cette offensive tournerait au désastre était générale… »
Fernandel :
- Je marie ma fille.
- Oh ! Putain !
- Non, pas l’aînée, la cadette.
Lorsque j’affirme « je veux des poules dans mes vignes ! » je vous balade un chouïa.
Comme vous le savez j’adore les petits livres que l’on glisse dans sa poche.
Celui-ci commence par un avertissement, « à un futur passionné de poulettes qui s’ignore » plein de drôlerie.
« Tu vas bien t’embêter avec ça ! », tel fut l’avertissement décourageant de ma grand-mère, fière jardinière et éleveuse de poules rôdée, mais traditionnelle. C’est-à-dire le jardin d’un côté, et les poules, solidement enfermées, le plus loin possible, dans un enclos au sol damé à mort et pas joli, joli.
Inspirée par les pépiniéristes flamands qui lâchent des poules chaque matin dans leurs cultures pour faire le ménage gratuitement, j’ai donc pris des poules. Dix ans après, je n’en reviens toujours pas de cette compagne étonnamment bête, franchement rigolote, souvent quasi-philosophique et écologiquement efficace !
Côté ménage, rien à dire. Si vous avez des poules, vous pouvez dépenser agréablement votre budget « granulés anti-limaces » et piège à mouches des fruits, car vous ferez des récoltes épatantes, garanties bio, grâce à ces gratteuses invétérées pour lesquelles le ver, le moucheron comme le limaçon, voire la grosse limace baveuse, son mets de choix.
Côté philo, on ne se lasse pas de réfléchir au mystère de ces vraies imbéciles qui détectent à 10 m la présence d’un vermisseau invisible et gardent des années durant la mémoire du lieu où elles se sont gavées, même 5 minutes. Et puis, observer ses poules détend, non sans vous rappeler les mesquines querelles de bureau et vous interroger sur les ressorts de la cruauté d’une économie sans pitié.
Tout ça sans compter qu’élever des poules, c’est œuvrer pour le bien-être de la planète.
Car ayez deux poules et le poids de votre poubelle « recyclable » sera quasi réduit à zéro. Au point qu’en Belgique, la région wallonne a décidé de subventionner leur élevage domestique. Alors, on essaie, on jardine avec des poules !
Mode d’emploi ! »
Tout y passe : choix de la race « poule pop ou poule chic ? », le nombre : 2 c’est mieux, 3 bonjour les dégâts ! » « Gros derrière, grosse pondeuse ? » « Cul d’artichaut, cœur d’artichaut ? » « Pas de coq, pas d’œufs ? » « Oui à l’indépendance, non à la révolution ! »
Vous saurez tout grâce à ce joyeux petit livre « Je veux des poules » Beucher Larousse 5€
J’entends déjà des ricanements dans les rangs : « mais qu’est-ce qu’on en a à péter de ses poules au Taulier ? »
Tout bêtement parce qu’avoir des poules dans ses rangs de vigne c’est plus intelligent que de radoter sur la présumée stupidité des « naturistes » (amateurs de vins natures) comme le fait le petit derviche tourneur le grand sachant qu’adore les seelfies de lui.
Allez donc voir dans la patrie de ce bon Jean Carmet si j’écris des conneries : « Des poules et des vignes à Bourgueil »
« Ingrandes-de-Touraine, c'est l'histoire d'une rencontre entre Vincent Simon et Philippe Boucard, leur complicité, c'est ensuite la naissance d'un projet, celui d'introduire les poules du cuisinier dans des vignes conduites par le vigneron, puis la recherche de l'équilibre entre nature et jardin et que revive le Vignoble de la Galotière. » link