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13 novembre 2021 6 13 /11 /novembre /2021 06:00

 

Après avoir jeté un œil sur la 4e de couverture, et tombé sur le mot chasse, j’ai acheté ce livre à l’instinct, chez Gallimard.

 

L'âme du fusil

 

 

La chasse sujet qui oppose la France des champs à celle des villes et, comme les rats des villes fuient de plus en plus la ville pour s’installer dans les champs, la tradition heurte de plein fouet la sensibilité des amis des bêtes.

 

30 septembre 2014

Voici venu le temps de la grouse d’Écosse à la carte restaurant Les Climats, et si nous parlions chasse ! ICI 

 

je suis amateur de gibier à plumes je dois donc assumer qu’un prédateur humain le soustrait à son habitat naturel pour que je puisse le manger.

 

Je profite de l’occasion pour vous entretenir de ma conception de la chasse.

 

Même en  ce moment si on entend moins les organisations de chasseur dans beaucoup de catégories de la population, qu’elles soient rurales ou urbaines, la chasse, n’a pas bonne presse. Depuis qu’ils se sont invités à l’élection présidentielle ils sont perçus comme un lobby puissant et pas toujours transparent : 1,3 million de chasseurs.

 

78 rue de Varenne, j’ai géré, au nom de mon Ministre, les listes des chasseurs des chasses du domaine de Chambord, Rambouillet et d’Auberive. Je n’ai jamais tenu un fusil de ma vie et, bien sûr, jamais chassé. J’avoue que je ne vois pas d’intérêt personnel à aller battre la campagne pour tirer du gibier et le discours qui affirme que la « chasse aide à dominer sa peur de la nature sauvage, à se la réapproprier, à l’amadouer, à la sentir vibrer, pleine de sève et de fougue… » s’apparente pour moi à de l’autojustification pure et simple.

 

Pour autant je peux comprendre la chasse comme la perpétuation d’une forme de prédation, d’une ponction sur le faune sauvage, comme une confrontation loyale mais il ne faut pas trop en rajouter tout de même en assimilant le gibier à une «nourriture éthique» sous le prétexte d’une alimentation industrialisée dominante.

 

Ici je ne vais ni entrer dans les batailles frontales entre, pour faire simple, le clan Bougrain-Dubourd et le clan des chasseurs des chasses dites traditionnelles, ni rejoindre le parti de ceux qui rejettent la consommation de viande parce que, pour ce faire, il faut tuer un animal.

 

Mon propos préfère se situer justement au niveau de l’acte de tuer lui-même et, je dois l’avouer, la mort d’un animal sauvage par le fait du tir d’un chasseur me paraît plus belle, plus noble, avec une chance, certes parfois inégale, d’y échapper, que celle de l’animal domestique mené et tué dans un abattoir, car là la mort est programmée, inéluctable, et le caractère massif de cette mise à mort à quelque chose de difficilement supportable.

 

Bien évidemment, je ne fais pas entrer dans cette approche les malheureux animaux d’élevage lâchés quelques heures avant la chasse dans la nature pour se faire dézinguer par des chasseurs d’abattage et j’ai peu d’intérêt, et même une forme de mépris, pour ceux qui vont chasser des grands animaux en Afrique ou ailleurs.  De plus, je n’aime pas beaucoup ceux qui considèrent la chasse comme une forme de sport de compétition où la performance semble n’être que la seule motivation. La chasse à courre n’est pas non plus ma tasse de thé.

 

Mon image d’Épinal du vrai chasseur le représente en cueilleur, en préleveur précautionneux des équilibres, en marcheur heureux même lorsqu’il rendre bredouille.

 

À l’époque Pax ne commentait pas, c’était le rôle de Luc Charlier qui m’accorda un 10 sur 10 pour ce papier qui met le gibier à l’honneur.

 

Macron a son monsieur chasse : François Patriat.

 

« J'en ai un peu marre de ces intellectuels condescendants qui n'arrêtent pas de nous donner des leçons sur nos pratiques, sur nos manières de faire, qui nous disent ce qu'il faut manger et comment il faut conduire », s'est indigné Fabien Roussel, lundi 18 octobre sur France info. ICI 

 

« Le monde des chasseurs n’était pas inconnu de la romancière Elsa Marpeau, mais elle est retournée les voir pour les écouter avec plus d’attention, sans jamais glisser vers la caricature. Pour créer l’atmosphère de son nouveau roman, l’écrivaine est allée braconner sur les terres des chasseurs. À travers l’histoire d’un père de famille à la dérive, devenu la proie de ses angoisses, Elsa Marpeau accroît magistralement la tension, au gré des silences et des coups de chevrotine. »

 

« L’Âme du fusil est un livre sur la paternité, sur la virilité imposée, et le choix d’une narration à la première personne réduit forcément la distance entre l’autrice et son personnage. En créant une tension de plus en plus grande, en érotisant son histoire, en travaillant sur les silences et la phobie sociale, Elsa Marpeau multiplie les facettes de cette fiction particulièrement réussie. »

 

Le monde des chasseurs n’était pas inconnu de la romancière Elsa Marpeau, mais elle est retournée les voir pour les écouter avec plus d’attention, sans jamais glisser vers la caricature.

Jean-Luc Chapin / Agence VU

 

Dans “L’Âme du fusil”, Elsa Marpeau dissèque la pensée des “viandards”

Christine Ferniot

Publié le 08/10/21 Télérama

 

« Je n’ai aucun mépris pour ce qui est populaire, sourit l’auteure, sinon je ne serais pas scénariste de télé ! »

 

Depuis qu’il est au chômage, Philippe n’a plus que la chasse pour tuer l’ennui. Père désemparé, il ne comprend plus son fils, Lucas, absorbé par ses jeux vidéo, et voit, impuissant, son mariage avec Maud se déliter. Mais un jour, en pleine forêt, il tombe en arrêt devant un spécimen rare : un éphèbe qui se baigne nu dans un lac, et qui n’est autre que son nouveau voisin parisien. Fasciné par cette vision, Philippe veut bientôt tout savoir sur lui, quitte à fouiller dans son courrier. Même s’il pressent que l’ange descendu sur ses terres va bientôt conduire son petit monde droit en enfer… « “L’âme du fusil” est en fait mon premier livre, celui que j’avais écrit il y a vingt-cinq ans, explique Elsa Marpeau. J’ai eu un passage à vide, à la quarantaine, mais j’ai relu ce truc et je me suis dit que, même si c’était foutraque, j’avais alors une sorte d’énergie, je me posais moins de questions. J’ai retravaillé mon texte en y ajoutant un ancrage social actuel, les gilets jaunes… »

 

Sur une trame faussement classique, son récit balaye les clichés collés aux bottes des chasseurs, un univers viril réduit le plus souvent à un milieu de Dupont Lajoie sanguinaires et bas du front.

 

La suite ICI 

 

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12 novembre 2021 5 12 /11 /novembre /2021 06:00

La Boum

Trouver quelque chose de franchement ennuyeux concernant la France et taper dessus : voici le but que s’est donné cette semaine Nadia Pantel dans sa chronique “La Boum”, qu’elle tient pour la Süddeutsche Zeitung. Sauf que le projet s’avère plus difficile à réaliser que prévu. ICI 

 

 

J’adore !

 

Cette semaine, j’ai pris un café avec un collègue français. Je lui ai parlé de cette chronique. “Oh, génial, m’a-t-il dit, et tu tapes sur les Français ?” J’ai rapidement réfléchi. “Non, je ne crois pas.” Il a eu l’air déçu. Il ne comprenait pas vraiment le sens que pouvait avoir un billet sur la France dans lequel on ne s’en prend pas aux Français. “Bon, après, lui ai-je dit, il n’y a que les Allemands qui le lisent.” “Tu vois, m’a-t-il répondu, on est même trop bête pour apprendre la langue de notre voisin.”

 

OK, il ne l’a pas dit exactement en ces termes, mais je lui ai promis que cette semaine j’écrirai un billet antifrançais, et il est grand temps que je m’y mette. Pourtant, au moment même où j’allais vraiment me lancer (France ! C’est vraiment la dernière fois !), la tristesse m’a envahie. Je voyais déjà mon premier livre : La France, plus jamais. Et puis ? Et puis, rien d’autre ne m’est venu. J’avais le cerveau en paix, aussi satisfait que celui d’une vieille tortue. Avant d’écrire, j’aurais dû me refuser à manger une tarte au citron*, ça vous englue la colère, lui ôte tout mordant. J’ai ouvert une bière, parce que ça ne va pas du tout avec une tartelette au citron, et j’ai cherché à faire disparaître toute cette douceur. Puis j’ai regardé dans mon frigo, et j’y ai trouvé un camembert qui avait été noyé dans le calvados, puis saupoudré de noisettes. Dis-moi si tu es un peu amer, voilà ce que j’attendais de lui. Mon camembert m’a jeté un regard agacé. Il était imbibé de calvados et saupoudré de noisettes, il était le meilleur fromage du monde, il ne se posait pas de questions.

 

Un camembert. PHOTO / GARO / PHANIE/ AFP

 

Et la revoilà, cette arrogance française. J’ai essayé de me pousser à bout toute seule. Il a ri, le camembert – d’accord, maintenant, y a l’Allemande qui nous en fait tout un fromage. Je lui ai chipé la grosse noisette qu’il portait comme un chapeau en son milieu. Et puis j’ai refermé le frigo. Gare à lui si, à l’intérieur, il rallume la lumière, pour avoir le loisir de moisir au grand jour, et c’est moi qui vais devoir payer la facture d’électricité.

 

C’est quoi ton problème, avec la France?

 

C’est qu’en France on peut dilapider du courant comme nulle part ailleurs dans le monde. Car la France, comme l’a répété encore cette semaine Emmanuel Macron, est bénie par le dieu de l’atome. Et, bientôt, ce dernier va nous offrir, à nous autres utilisateurs du réseau électrique français, non seulement de grands réacteurs, mais aussi des petits, des subtils, des mignons. Oui, c’est vrai, ça aussi Macron l’a promis, la France prévoit de se doter de minicentrales nucléaires. Et si l’Allemagne développait aussi des minicentrales au charbon ? Est-ce que tout ce qui pose problème va réduire comme ça ? Comme mon loyer, par exemple ?

 

“La paix”, a aboyé le camembert depuis le frigo. J’ai éteint la lumière. “Tant mieux”, lui ai-je rétorqué. Et là, il m’a fait de la peine, tout seul dans le noir. Je l’ai sorti du frigo, nous nous sommes donné rendez-vous pour plus tard dans la soirée. Mais c’est quoi ton problème avec la France, m’a-t-il demandé avant que je revienne à mon bureau. Rien, ai-je soupiré, malheureusement rien.

 

* En français dans le texte.

Nadia Pantel

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11 novembre 2021 4 11 /11 /novembre /2021 06:00

La poignée de main de Montoire

« La seule différence entre Éric et moi, c’est qu’il est juif »

 

Sacré Jean-Marie Le Pen qui « Jusqu’au moment où [il finira] dans la caisse en bois » il ouvrira sa gueule : « Si Éric est le candidat du camp national le mieux placé, bien sûr, je le soutiendrai. »

 

« … il est monté sur la barricade en disant des choses que personne n’osait dire, à part moi. Il dit ce que je pense, mais avec une audience supérieure. »

 

« C’était pas Pétain le patron, il a défendu les juifs français et livré les étrangers. La police française procédait à une formalité de manière plus humaine, il est facile de dire soixante ans après “y a qu’à faut qu’on”. »

 

Pétain qui avait don de sa personne à la France, bouclier des Juifs français, manipulé par Pierre Laval, thèse soutenue par Robert Aron (ne pas confondre avec Raymond) dans son Histoire de Vichy : 1940-1944, livre que j’ai lu très tôt pour tenter de comprendre, qui ne résiste pas à l’épreuve des faits.

 

Amazon.fr - Histoire de Vichy 1940-1944 - ARON (Robert) - Livres

 

Robert Aron développe dans son Histoire de Vichy, la thèse du «bouclier» et de l'«épée». Son Histoire de Vichy, s'est fondée avant tout sur une grande quantité de témoignages et sur les comptes rendus des procès de Haute Cour et autres archives. Mais ses sources ont toujours le défaut majeur de leur qualité d'«inédit» : elles ont été longtemps incontrôlables, faute pour d'autres d'y avoir accès. Énorme synthèse de plus de 700 pages, l’Histoire de Vichy décrit, presque au jour le jour, l'évolution de l'Etat français. D'où son caractère de référence pendant une période de plus de quinze ans. Écrite dans un contexte encore peu propice à la distance académique, imprégné par la vision des témoins, essentiellement d'anciens ministres ou proches du gouvernement, elle a proposé une version «minimaliste» du régime et de sa politique. La thèse défendue se résume en une position simple : il existe deux Vichy, celui de Pétain et celui de Laval.

 

L'un des faits les plus marquant et le compte rendu que fait l'auteur sur Montoire des 22 et 24 octobre 1940, loin d'y voir le point de départ de la collaboration d'Etat (un fait admis aujourd'hui par la plupart des historiens, et confirmé par les archives de Vichy), il distingue soigneusement le chef de l'Etat du chef de gouvernement: « Pour le Maréchal, l'armistice n'était, ne pouvait être qu'une pause... Alors que pour Laval, au contraire, l'armistice devait permettre un retournement des alliances. Pour R. Aron la collaboration n'est qu'un «malentendu». «Equivoque», le régime l'est plus dans ses déclarations officielles que dans les faits - «Mais les Français ne pouvaient pas le savoir». Robert Aron insistant sur les «négociations clandestines» avec les Alliés, développant la thèse double-jeu.

 

La France De Vichy 1940-1944   de Paxton Robert O.

 

Alors le ZEMMOUR qui, un jour de janvier 2020, au Bristol, rue du Faubourg-Saint-Honoré, déjeune avec Jean-Marie et Jany Le Pen. La quatrième convive est une amie chère du couple : Ursula Painvin, née von Ribbentrop, fille de Joachim von Ribbentrop, le ministre des affaires étrangères du IIIe Reich, pendu en 1946 à Nuremberg. « Un morceau du pacte germano-soviétique », s’amuse un lepéniste. C’est un saut dans l’histoire aux yeux de l’essayiste, qui en est féru, et qui s’en vantera avec délectation autour de lui. Ursula, 88 ans aujourd’hui, vénère Jean-Marie Le Pen (« Il faudrait te cloner », le félicite-t-elle) et, de Berlin, encourage Éric Zemmour avec ses « pensées les plus admiratives et amicales ».

Pétain a durci en personne les mesures contre les Juifs

La chronique de 2016 de Claude Askolovitch est intéressante à lire ou à relire dans le contexte actuel où Zemmour joue avec les peurs des Français, ceux de confession juive y compris. (voir plus bas) ICI 

 

C'est à la prestigieuse grande synagogue que l'on a pu entendre le polémiste reprendre sa défense de Vichy. Explication de texte.

 

EXTRAIT

«À l’époque, on estime que les juifs ont pris trop de pouvoir, qu’ils ont trop de puissance, qu’ils dominent excessivement l’économie, les medias, la culture français comme d’ailleurs en Allemagne et en Europe. Et d’ailleurs c’est en partie vrai (…). Il y avait des Français qui trouvaient que les juifs se comportaient avec une arrogance de colonisateur. Et arrive encore l’immigration des juifs d’Europe de l’est et de l’Allemagne. La France est le pays qui a reçu le plus de réfugiés. Et c’est la France qui a subi le plus de conséquences. Les médecins français se plaignaient que les médecins juifs leur volent leur clientèle. Il y avait des concurrences terribles. il y avait des trafics. Il y avait l’affaire Stavisky. Tout ça n’a pas été inventé par les antisémites. Et les juifs français étaient les premiers à se plaindre des problèmes que causaient les juifs ashkénazes.»

 

Tout est dans une phrase: «Et d’ailleurs c’est en partie vrai»… Vrai donc qu’en 1940, les juifs sont des colonisateurs? Arrogants? Voleurs de pratiques? Tenant les medias? Si c’est «en partie vrai», Zemmour est «en partie» fasciste. Il défend «en partie» ce que les feuilles antisémites assenaient, avant la guerre et après la défaite. En partie seulement. Il est «en partie», compréhensif pour les raisons de ceux qui hurlèrent au massacre. En partie chez Brasillach? À l’Action française dont le nationalisme intégral l’a inspiré?

 

La falsification de l'histoire

 

Ce n’est pas faire injure à un homme que de dire d’où il parle. Zemmour est de l’extrême droite française –pas simplement celle d’aujourd’hui, quelle dégénérescence, mais l’authentique, celle d’avant quarante, dont il est l’interprète et l’avocat. Quand il dit, «on estime que les juifs ont pris trop de pouvoir», il est imprécis. «On» n’est pas la France. «On» est le fascisme de l’époque, et cette histoire de puissance juive n’était pas une opinion banale: c’était l’opinion des fascistes. Cela faisait un peu de monde, mais pas du joli. «On» est l’extrême droite qui contestait à Léon Blum, en 1936, le droit d’être Président du Conseil.

 

«Pour la première fois, ce vieux pays gallo-romain sera gouverné par un juif, avait lancé en séance le député Xavier Vallat. Pour gouverner cette nation paysanne qu’est la France, il vaut mieux avoir quelqu’un dont les origines, si modestes soient-elles, se perdent dans les entrailles de notre sol, qu’un talmudiste subtil.»

 

Vallat, sous Vichy, serait un commissaire général aux Questions juives tenant de l’antisémitisme national, infiniment moins vulgaire que le teuton… Quant à Blum, normalien, conseiller d’État, admirateur de Barrès, plus que français puisqu’alsacien de souche, il n’avait rien à voir avec les débarqués d’Allemagne ou de Roumanie qui auraient créé l’antisémitisme, mais ne le subissait pas moins.

 

C’est la grande falsification de Zemmour. Laisser supposer que seuls les «ashkénazes» et la détestation qu’ils inspiraient faisaient naître un antisémitisme dont la véritable France aurait été immune sans cette immigration-agression. Las… L’antisémitisme pouvait aussi se passer de métèques. Entre l’affaire Dreyfus, la haine de Blum et Vichy, c’était entre nous, Français, que se jouait une méchante partie. Charles Maurras, idéologue de l’antisémitisme d’État, qui pourfendait les «États confédérés» hostiles à la Nation, ragera, condamné à la Libération: «C’est la revanche de Dreyfus»… C’est cette partie de la France qui prit le pouvoir en 1940. Ce sont les héritiers de cette France qui entendent Zemmour avec ravissement –les autres sont des dupes.

Eric Zemmour lors d’un débat à Paris, le 25 avril 2019.Eric Zemmour lors d’un débat à Paris, le 25 avril 2019. LIONEL BONAVENTURE/AFP

Éric Zemmour provoque le malaise chez les Français juifs ICI

 

Le président du CRIF a lancé un appel pour qu’il n’y ait « pas une voix juive » pour le potentiel candidat à la présidentielle dont les prises de position ont heurté. Une mise en garde qui peine à trouver écho dans une partie de la base.

Par Abel Mestre et Ivanne Trippenbach

 

Eric Zemmour joue avec les lignes rouges. Dès le 18 septembre, il tentait, à Nice, de désamorcer la controverse autour des enfants juifs Arié et Gabriel Sandler, 6 ans et 3 ans, et Myriam Monsonego, 8 ans, assassinés en 2012 par le terroriste Mohammed Merah. Le polémiste les décrit, dans son dernier livre, comme « étrangers avant tout et voulant le rester par-delà la mort » parce qu’inhumés en Israël, un passage qui a profondément choqué. Au meeting, il écorche leur nom deux fois, les nomme « Santander »« Sandler !!! », écrit, à la hâte, sa conseillère Sarah Knafo sur un papier glissé en sa direction. Trop tard, Zemmour poursuit sur sa lancée.

 

Cette scène, captée par une caméra de l’équipe long format de BFM-TV pour un documentaire programmé début novembre, illustre le malaise. Eric Zemmour, qui n’a pas souhaité répondre aux sollicitations du Monde sur ce sujet, tient, en effet, une position particulière : lui-même de confession juive, il multiplie les déclarations qui heurtent, tant sur l’affaire Dreyfus, Vichy, Pétain ou la rafle du Vel’ d’Hiv, que sur les lois mémorielles qu’il souhaite abolir, dont la loi Gayssot, qui réprime le délit de négationnisme.

 

L’attaque voilée contre la famille Sandler a agi comme la goutte de trop. Éric Zemmour dénonce, depuis, une « instrumentalisation politicienne de l’émotion » et assure que blesser les proches des victimes n’était « pas le but du jeu ». Il continue toutefois de se dresser contre une « défrancisation » selon laquelle, à ses yeux, « on ne fait plus des Français ». « Ils n’appartenaient pas à la France », lâche-t-il sur France 2, le 11 septembre. « Je ne sais pas si ces gens sont français », évacue-t-il, le 14 octobre, sur CNews, de nouveau interrogé.

 

Filiation barrésienne

 

Dans son dernier livre, déjà vendu à plus de 200 000 exemplaires, Éric Zemmour a intitulé le chapitre évoquant les enfants Sandler « La terre et les morts », reprenant la formule de Maurice Barrès, écrivain nationaliste, antidreyfusard et antisémite, dont il se réclame ouvertement. Dans le Journal du 15 février 1900, Barrès écrivait, à propos des « éléments étrangers », des lignes qui résonnent avec le discours de l’ex-vedette de CNews : « Aujourd’hui, parmi nous, se sont glissés de nouveaux Français que nous n’avons pas la force d’assimiler, qui ne sont peut-être pas assimilables, auxquels il faudrait du moins fixer un rang, et qui veulent nous imposer leur façon de sentir. Ce faisant, ils croient nous civiliser ; ils contredisent notre civilisation propre. » Puis : « Avec une apparence de paix, la France est en guerre civile. »

 

Cette filiation barrésienne forme la colonne vertébrale de multiples polémiques qui ont émaillé les écrits et déclarations d’Eric Zemmour depuis son best-seller Le Suicide français (Albin Michel, 2014). Ainsi juge-t-il « trouble » l’affaire Dreyfus. A propos de l’innocence du soldat, il soutient, le 15 octobre 2020, sur CNews, que « ce n’est pas évident » et que celui-ci aurait été ciblé en tant qu’« Allemand » plutôt que juif. Son inspirateur Maurice Barrès décrivait pourtant Alfred Dreyfus comme la figure du traître, une « pourriture sur notre admirable race », dans son virulent article « La parade de Judas », en 1895.

 

D’un refus de toute « repentance » découle la tentative de réhabilitation du maréchal Pétain. Éric Zemmour défendait déjà, en 2014, la théorie du « moindre mal » selon laquelle Philippe Pétain aurait « sacrifié les juifs étrangers pour sauver les juifs français ». Dans son dernier essai, il cible de nouveau l’avocat Serge Klarsfeld, lequel a rendu public le statut des juifs durci de la main de Pétain, et déplore que Jacques Chirac ait reconnu la responsabilité de l’Etat dans la rafle du Vel’ d’Hiv.

 

Toujours dans son dernier livre, il critique le procès de Maurice Papon, haut fonctionnaire de Vichy, comme un « procès idéologique » dont la visée aurait été de dire que « la France est coupable ». « Les fonctionnaires de Vichy n’étaient pas coupables, ils devaient obéir à l’Etat. Sinon, il n’y a plus d’autorité, plus d’obéissance », s’indigne-t-il sur CNews, le 13 septembre. A Béziers (Hérault), il assurait au Monde : « J’assume toujours tout. Ce que vous appelez mon inspiration idéologique et intellectuelle, c’est moi. Je n’en changerai pas. »

 

« Lever le tabou de Vichy »

 

Éric Zemmour défend une conception stricte de l’assimilation, qui proclame que « Napoléon est notre père, Louis XIV notre grand-père et Jeanne d’Arc notre arrière-grand-mère ». Ce rapport à l’identité n’est pas sans lien avec l’histoire de sa famille, juifs d’Algérie qui ont reçu la citoyenneté française par le décret Crémieux en 1870, contrairement aux musulmans. Ceux que l’on appelle alors « les israélites indigènes » d’Algérie ont vécu « le décret Crémieux comme une bénédiction et sont allés très loin dans l’assimilation », souligne Jean-Yves Camus, politologue spécialiste des radicalités.

 

Mais le candidat putatif remonte à la Révolution et à l’Empire lorsqu’il évoque « l’assimilation » des juifs, qu’il prend en modèle. Le 23 septembre, en débat avec Jean-Luc Mélenchon sur BFM-TV, il explique ainsi qu’il souhaite « imposer » à « la religion islamique exactement la même chose que ce que la France a imposé aux juifs, selon la fameuse formule de Clermont-Tonnerre [qui plaidait pour accorder la citoyenneté aux juifs en 1789] : “Tout aux juifs en tant qu’individus, rien en tant que nation.” C’est tout, toutes mes idées, tout mon projet ».

 

Laurent Joly, directeur de recherche au CNRS et auteur de L’Etat contre les juifs (Champs Flammarion, 2020), y voit un moyen de « rendre possibles des politiques que l’on pense impossibles ». « D’une part, il considère que la droite et l’extrême droite se divisent sur Vichy, Pétain et de Gaulle, donc il tente de réécrire cette histoire, analyse le chercheur. D’autre part, il souhaite lever le tabou de Vichy afin de rendre acceptable un projet de détricotage de l’Etat de droit et d’exclusion des minorités. » Son objectif de renvoyer 2 millions d’étrangers en cinq ans, formulé mi-septembre, pourrait ainsi conduire à « se doter d’instruments sans précédent depuis Vichy et à rompre avec le droit tel que nous le connaissons », complète l’historien.

 

Lorsqu’Éric Zemmour aborde sa judéité, c’est pour évoquer des « traditions familiales » et une « enfance pétrie de judaïsme ». S’il fréquente une synagogue du 9e arrondissement, il se dit « d’abord un citoyen français » et considère que le legs juif n’existe qu’à travers le catholicisme. Il refuse de considérer sa religion comme un élément politique et juge que s’y référer, comme le fait Bernard-Henri Lévy dans une tribune retentissante parue dans Le Point, le 12 octobre, sous le titre « Ce que Zemmour fait au nom juif », serait « digne de la presse antisémite d’avant-guerre ». « Il m’assigne à résidence ethnique et religieuse », a réagi Zemmour sur CNews. Mais, à la surprise de Pascal Praud, qui l’interroge, il contre-attaque avec une rhétorique analogue au discours antisémite de la fin du XIXe siècle, accusant le philosophe d’être « la figure absolue du traître » et l’assimilant aux « cosmopolites ». « Tout s’y trouve, c’est un discours profondément antisémite, déplore le philosophe Alain David, délégué national de la Licra à la Commission nationale consultative des droits de l’homme. Zemmour fait surgir l’obscène, l’imprononçable. »

 

« Beaucoup sont horrifiés »

 

Qu’un essayiste crédité de 16 % des intentions de vote à l’élection présidentielle s’aventure sur ces thématiques suscite inquiétude et malaise chez les responsables des institutions juives. L’un des premiers à avoir réagi est Francis Kalifat. « Pas une voix juive ne doit aller au candidat potentiel Zemmour », a estimé le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), mi-septembre sur Radio J, en qualifiant Eric Zemmour de « juif utile ». Ce dernier avait rétorqué que M. Kalifat était « l’idiot utile des derniers antisémites » – le président du CRIF ne souhaite pas alimenter davantage la polémique.

 

Patrick Klugman, avocat de SOS Racisme et membre du CRIF, partage l’indignation de M. Kalifat : « Je ne connais personne d’autre à l’extrême droite qui tient ce genre de propos. Il vient retirer l’appartenance nationale à des victimes de terrorisme. Il touche au plus sacré chez les juifs. » Pour l’ancien adjoint d’Anne Hidalgo, le problème est que « la lutte contre l’antisémitisme se trouve réduite à néant parce que l’émetteur est juif. C’est du jamais-vu ». M. Klugman décrit des Français juifs déboussolés : « Beaucoup sont horrifiés, mais il y a une dynamique. »

 

Éric Zemmour agit, en réalité, comme le révélateur d’un clivage qui traverse les Français juifs, entre un sommet – incarné par des institutions qui lui sont hostiles – et une base, où son discours trouve une résonance. Alain Jakubowicz, ancien président de la Licra, assène pour sa part que « le CRIF ne représente plus rien, ni personne ». « Il est très probable qu’il y ait une dichotomie entre la base et le sommet, reconnaît Jean-Yves Camus. Le thème qui résonne le plus, c’est l’immigration et l’islam. »

 

Tous les interlocuteurs que nous avons interrogés le confirment : le projet d’Eric Zemmour quasi exclusivement dirigé contre l’islam rencontre un écho. « Il y a un rejet de l’Arabe, c’est indéniable », se désole ainsi M. Jakubowicz. L’avocat ne mâche pas ses mots pour qualifier celui qu’il appelle « un extrémiste sans limite », dont la radicalité prospère sur l’inquiétude des Français qui se sentent menacés en raison de leur religion. « Les Juifs dans le “9-3”, c’est un monde assiégé dont les membres fuient dès qu’ils peuvent, résume l’ancien préfet de Seine-Saint-Denis Didier Leschi. Ils ont l’impression d’être victimes du “grand remplacement” et se focalisent sur les musulmans. »

 

Noémie Madar, présidente de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), explique : « La peur des juifs de France est celle du terrorisme islamiste, à l’origine de l’assassinat de trop nombreux juifs français ces dernières années. Éric Zemmour instrumentalise cette peur. » Mme Madar décrit un profond « malaise » : « C’est terrifiant que la figure raciste aujourd’hui soit juive. Il se présente avec sa part juive et il en joue. Il s’autorise des choses grâce à cela. »

 

Le pamphlétaire n’a pas toujours été considéré comme un paria par certaines institutions communautaires juives. En 2016, il a été invité par la grande synagogue de la Victoire, à Paris, à un débat face à l’ancien grand rabbin de France Gilles Bernheim. Coiffé d’une kippa, comme le veut la règle, l’écrivain nationaliste y avait développé sa définition du Français juif, ses théories sur « l’influence juive » d’avant-guerre et sur « Auschwitz et tout ça ». Dans une recension, le site Actualité juive estimait que ces propos « donnaient la nausée ». Impossible aujourd’hui de trouver sur Internet l’intégralité de cette conférence animée par le journaliste du Figaro Yves Thréard. Seuls des extraits filmés par des spectateurs sont disponibles.

 

Frontière entre les « pour » et les « anti »

 

Mais sur Zemmour, désormais, une frontière de plus en plus infranchissable sépare les « pour » et les « anti ». Albert Elharrar, président de la communauté juive de Créteil, est clair : « On ne veut pas être associé à ce personnage abject qui ne représente pas les valeurs de la religion juive. Il souille les âmes, il faut le combattre, ses propos sont inadmissibles. » Comme beaucoup de représentants communautaires, il assure que « personne ne parle de lui à la synagogue ». Peut-être parce que le sujet, à vif, entraîne tensions et incompréhensions. La preuve : ceux qui ont accepté de nous en parler l’ont fait sous la condition de l’anonymat.

 

 

« On ne peut pas s’interdire de réfléchir sur des sujets majeurs sous prétexte qu’il dit des choses erronées ou discutables », souligne Michel.

 

Michel (le prénom a été modifié), un entrepreneur de 50 ans de l’Ouest parisien, est issu « d’une famille plutôt à gauche » mais soutient Éric Zemmour. D’où des algarades lors des repas familiaux. Les polémiques sur Vichy ou Dreyfus ne le gênent pas : « Je me fous de Pétain. Quel est le danger du pétainisme aujourd’hui ? On ne peut pas s’interdire de réfléchir sur des sujets majeurs sous prétexte qu’il dit des choses erronées ou discutables. » Pour lui, le sujet est le « conflit de civilisations » avec un islam menaçant la République, dont Eric Zemmour serait le seul à comprendre l’ampleur. L’ancien éditorialiste du Figaro résume d’une formule lapidaire, à propos du terrorisme islamiste : « On ne crie pas “Heil Hitler”, on crie “Allahou akbar”. »

 

Gilles-William Goldnadel, avocat médiatique proche de la droite la plus dure, voire de l’extrême droite, comprend cette attraction. « La communauté juive française a énormément évolué, avance-t-il. Elle serait largement zemmourienne s’il ne faisait pas montre d’un manque de sensibilité vis-à-vis de la question juive. » Valérie, Parisienne d’une cinquantaine d’années, le confirme : « On se sent incompris face à l’islamisme. L’adhésion totale à Zemmour est empêchée par ses sorties, mais il dit quand même des choses que l’on attend depuis très longtemps. » Comme la réponse à une peur bien ancrée, en somme.

 

Abel Mestre et Ivanne Trippenbach

 

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10 novembre 2021 3 10 /11 /novembre /2021 06:00

 

J’ai visionné ce film pour la première fois à l’école d’agriculture dans le cadre de « Cinéma&Culture. Ce programme en sus de la projection du film nous proposait un 4 pages d’une grande qualité, malheureusement je n’en ai gardé aucune trace dans mes archives, c’était un forme du Wikipédia cher à PAX. En dépit d’une sono calamiteuse, je pris conscience de l’importance de la bande son dans un film, que le compositeur n’était pas là pour faire joli. Un de ces 4 je chroniquerai sur eux pour faire concurrence à Ciné papy.

Aujourd’hui c’est « Le train sifflera trois fois » (1952)

 

Le Train sifflera trois fois en DVD : Le train sifflera trois fois -  AlloCiné

Pourquoi ce film ?

 

En reprenant les fiches de Ciné papy on pourrait croire que ce dernier n’aime pas les westerns. Il n’en est rien. Il a même un faible pour ce curieux réalisateur, Budd Boetticher qui, à titre personnel, fâché avec le système des studios hollywoodiens en a réalisé cinq avec son acteur fétiche Randolph Scott. Passionné par ailleurs de corrida il s’est ruiné a vouloir réaliser un film sur la carrière et la vie de ce matador de légende, mexicain mais triomphant dans toutes les arènes du monde que fut Carlos Arruza. C’est vous dire.

 

Mais pour en revenir au western, comment choisir ? Le monde du western recouvre tellement de genres différents. Film de cowboy et/ou de cowboy et indien, d’abords ennemis puis fraternisant. Autre sujet, la conquête de l’Ouest, les diligences, la Wells Fargo et le Poney Express puis le chemin de fer. Les bandits, les tireurs d’élite et autre fines gâchettes. Difficile aussi de choisir entre les réalisateurs quand les plus grands tel John Ford ont excellé dans le genre.

 

 

Quelle est l’histoire ? (selon Wikipédia)

 

 

À dix heures trente du matin, dans la petite bourgade d'Hadleyville, le shérif Will Kane (Gary Cooper) vient d'épouser la jeune quaker Amy Fowler (Grace Kelly). Alors qu'il s'apprête à rendre son étoile de shérif, Will Kane apprend l’imminent retour en ville de Frank Miller, un homme qu’il avait jadis arrêté et qui avait, par la suite, été condamné à mort. Finalement libéré au bout de cinq ans, Miller est en route pour Hadleyville avec la ferme intention de régler son compte à l'ancien shérif. Miller doit arriver par le train de midi à la gare, où trois de ses complices l’attendent.

 

 

Will Kane et sa femme projettent d'ouvrir un magasin dans une bourgade voisine mais, en définitive, le sens du devoir l'emporte. Malgré les supplications de sa femme, Kane décide de rester et tente de recruter des hommes auprès des habitants de la ville. Mais, l'un après l'autre, tous lui font défaut, par lâcheté, intérêt ou amitié pour le bandit. C’est donc seul qu’il devra livrer le combat face aux quatre hommes. Seul jusqu'à ce que son épouse comprenne, grâce à l'intervention de l'ancienne maîtresse de son mari, que sa place est auprès de lui. À l'arrivée du train, les rues de la ville sont désertées et se transforment en champ de bataille. Le combat se termine par la victoire du shérif, secondé par sa femme qui tue un des quatre hommes. Sans se retourner, Will et Amy Kane quittent Hadleyville.

 

 

Réalisation

 

Mon cher Fred Zinnemann est aux commandes. 

Les afficionados de Ciné papy se souviendront que nous avons déjà rencontré ce très grand réalisateur, moult fois oscarisé. On se reportera à la fiche  « Un homme pour l’éternité » 1966

 

Qui fait quoi ?

 

PHOTO LE TRAIN SIFFLERA TROIS FOIS - GARY COOPER REF (COO190820141) | eBay

 

Gary Cooper:          le shérif Will Kane

 

Curieux acteur que ce Gary Cooper. D’abord cascadeur il est vite repéré et devient rapidement un acteur confirmé et recherché. Curieusement, d’un côté il gagne et fait gagner des millions à ses producteurs. De l’autre, il manque totalement de flair et passe à côte de  rôles importants et significatifs qui ont servi la gloire de confrères.

 

Grand ami d’Ernest Hemingway ce dernier en parlait ainsi à son éditeur : « Coop est un homme bien ; aussi honnête, droit, aimable et intègre qu'il le paraît. Si on inventait un personnage comme Coop, personne n'y croirait. Il est juste trop bien pour être vrai ». 

 

Un exemple illustre parfaitement cet éloge. En 1947, il est interrogé par la commission des activités anti-américaines chassant les communistes, mais, bien qu'avouant ressentir une certaine influence communiste à Hollywood, il ne livre aucun nom.

 

Son rôle du Shérif Will Kane est considéré comme son meilleur rôle.

 

De 1925 à 1961 il participe à quelques quatre-vingt films avec les plus célèbres réalisateurs tel Fritz Lang, Frank Capra, Henry Hathaway ou Ernest Lubitsch car il joue aussi bien la comédie que les films d’aventure ou autres.

 

Trois fois oscarisé en 1999, l'American Film Institute le désigne1a plus grande star masculine de tous les temps.

 

Le Train sifflera trois fois - film 1952 - AlloCiné

 

Grace Kelly:             Amy Fowler Kane  - Elle est l’épouse craintive du shérif.

 

 

On ne présente pas cette icône du cinéma et actrice fétiche d’Alfred Hitchcock. On notera que le rôle d’Amy Fowler Kane est son premier grand rôle.

 

Les grands remakes - Le train sifflera trois fois

 

Katy Jurado:            Helen Ramírez – Elle est une femme d’affaire mexicaine. Elle a été quittée par le shérif qui vient tout juste d’épouser Amy.

 

 

Katy Jurado outre ses qualités d’actrice présente une personnalité des plus intéressantes. Cette belle mexicaine va être abonnée aux rôles de femme fatale. Son premier film aux États Unis sera  « La Dame et le Toréador » 1951 réalisé par, tient tient , Budd Boetticher. En 1952  son rôle de maitresse de Gary Cooper dans « Le train sifflera trois fois » qui lui vaudra un Golden Globe Award, attribué pour la première fois à une Mexicaine. On ne s’étonnera donc pas que les grands metteurs en scène du moment l’ont inscrit dans leur générique. Ainsi, par exemple, John Huston dans « Au-dessous du volcan » 1984 aux côtés d’Albert Finney.

 

Le Train sifflera trois fois - Manifestations

 

Dimitri Tiomkin :       Compositeur de la musique du film et de la célèbre chanson « Si toi aussi tu m’abandonnes » il mérite une mention spéciale. C’est un compositeur majeur de l’âge d’or d’Hollywood. Il reçut plusieurs oscars dont un pour « Le train sifflera trois fois »

 

 

Temps forts

 

Compte tenu de la structure particulière du film* il n’y a pas à proprement particulier de temps forts. On assiste à une succession de lâcheté, de mauvais prétextes, de conseils de «  faux culs » pour abandonner le Shérif à son sort.

 

Pour le fun (et les féministes) on s’amusera de la manière dont Helen Ramirez congédie son jeune « compagnon de lit »

 

Le Train sifflera trois fois (High Noon - Fred Zinnemann, 1952) - Le Monde  de Djayesse

 

*Le train sifflera trois fois se déroule approximativement en temps réel, comme l'illustrent les plans récurrents montrant le cadran de l'horloge du bureau du shérif. L'action du film débute en effet à 10 h 40 pour se terminer peu après midi, et sa durée est de 85 minutes.

 

 

Remarques

 

 

Le film porte bien la marque de son talentueux réalisateur. Le réalisateur Fred Zinnemann compose Le train sifflera trois fois de trois éléments visuels récurrents : tout d'abord, le plan fixe sur la voie ferrée, qui signifie la menace attendue. Ensuite, le parcours désespéré du shérif qui cherche de l'aide dans toute la ville. Enfin, les horloges, de plus en plus grosses à l'image et de plus en plus souvent montrées au fur et à mesure que la menace se rapproche, nous dit Wikipédia

 

 

Pour l'historien du cinéma Leonard Maltin, Le train sifflera trois fois se démarque complètement des westerns de l'époque : le héros admet avoir peur, le film ne comporte que très peu de scènes d'action (sauf à la fin) et il est tourné en noir et blanc, ce qui était rarissime pour les westerns en 1952. D'autres éléments distinguent ce film des autres westerns : une bande-son dépouillée, une image très sobre, un ciel laiteux. Le personnage d'Helen Ramirez n'était pas banal pour l'époque, puisqu'il s'agit d'une femme d'affaires mexicaine.

 

 

L'acteur John Wayne a profondément détesté ce film qu'il qualifia de « un-American », par sa condamnation de la majorité silencieuse et d'une certaine lâcheté citoyenne. Détestation partagée par Howard Hawks

 

 

En 1989, fin des polémiques, le film, déjà 4 fois oscarisé , a été sélectionné pour préservation au National Film Registry par la Bibliothèque du Congrès en raison de son « importance culturelle, historique ou esthétique ».

 

Pax

 

Prochainement « Mash »

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9 novembre 2021 2 09 /11 /novembre /2021 06:00

Dinde grosse

La Part animale - film 2006 - AlloCiné

Je sais, je sais, comme chantait le Gabin, jusqu’où vais-je pousser la provocation, qui n’en est pas une, croyez-moi « Non, non, je ne fais pas dans le porno zoologique, c'est écrit dans le très sérieux journal Le Monde : « Il n'y a pas de sot métier. Le héros de ce film dérangeant masturbe les dindons dans un hangar, en Ardèche, afin de recueillir leur sperme et d'inséminer des dindes... » signé Jean-Luc Douin qui n’est pas un plaisantin.

 

Pour justifier ma provocation qui n'en est pas une j'ai souvenir que Pax a découvert les vins nu chez Pierre Jancou avec un vin nu de l'Ardèche, un chardonnay qui avait bien vieilli... 

 

27 octobre 2007

Masturbateur de dindons en Ardèche...

 

Pour vous prouver ma bonne foi je vous cite aussi  Télérama, l'organe des bien-pensants, ex-membre, avant de tomber dans l'escarcelle du Monde, du groupe la Vie Catholique, qui sous la plume de Pierre Murat, se fait plus précis :

 

«  Masturber les dindons, c'est pas un métier. Pourtant, c'est ce que fait Etienne, chaque jour : il branle des mâles trop nourris, donc trop lourds pour pouvoir s'accoupler, toujours habillé de vert, parce que les dindons aiment cette couleur.

 

« Quand ils te voient, ils te prennent pour une dinde? «  persifle Claire, sa femme, qui, après avoir ironisé, puis patienté, finit par désespérer... »

 

C'est un film : La part animale  de Sébastien Jadeau, pas le Jadot avec un O, inspiré par un roman d'Yves Bichet Folio Gallimard.

 

Amazon.fr - La part animale - Bichet,Yves - Livres

 

24 octobre 2007 en salle / 1h 27min / Drame

De Sébastien Jaudeau

Par Sébastien Jaudeau, Yves Bichet

Avec Anne Alvaro, Niels Arestrup, Rachida Brakni

 

Photo de Niels Arestrup - La Part animale : Photo Niels Arestrup, Sava  Lolov, Sébastien Jaudeau - AlloCiné

 

PRIX & FESTIVALS

 

Prix du Jury au Festival d'Annonay 2006 - Rencontres du cinéma Européens d'Aubenas 2006- Projections ACID Cannes 2007

 

SYNOPSIS

 

Arrivé avec femme et enfant en plein cœur de l’Ardèche, Etienne voit sa vie basculer aux premiers jours de son embauche dans un élevage ultramoderne de dindons Douglas.

 

Au contact de Chaumier, son nouveau patron, et des bêtes dénaturées de l’exploitation, Etienne se change …

 

LA PHRASE DU RÉALISATEUR

 

« Pour Yves Bichet comme pour moi, entre l'humain et l'animal, le plus sage des deux n'est pas forcément celui qu'on croit... »

 

Mais j’ai trouvé aussi ceci :

La part animale - (France – 1h27) de Sebastien Jaudeau avec Niels Erestrup,  Sava Lolov, Rachida Brakni… - Journal VentiloL'ACID - La Part animale

Les pires métiers du monde : La routine masturbatoire des «branleurs de dindons»
ICI 

 

L’élevage industriel génère des effets perturbateurs inattendus sur les espèces qui en sont la proie. Prenez la dinde par exemple. Volatile au mauvais caractère importé d’Amérique, sa viande est très consommée de nos jours. Rien qu’en France, environ 95 millions de spécimens sont abattus chaque année. Dans les usines géantes à viande blanche, les dindes sont parquées dans des hangars par dizaines de milliers. Elles étouffent, développent des pathologies respiratoires, sombrent parfois dans le cannibalisme. La volaille est électrocutée, ébouillantée avant d’être égorgée. Dans cet environnement, les dindons reproducteurs sont sélectionnés depuis des décennies notamment pour leur volume de chair. Leurs cœurs lâchent prématurément, les os ne suffisent plus pour supporter leur masse. Trop énormes, ils s’avèrent même aujourd’hui incapables de se reproduire normalement. C’est là que l’huile de coude de l’humain entre en jeu…

 

« J’m’en vais branler le dindon cet été » dit-on, parait-il, dans les régions de grand élevage. C’est synonyme de job alimentaire, de travail pénible, répétitif, temporaire et mal payé. L’homme moderne se voit également transformé par l’élevage industriel. Le printemps venu, avec la saison des amours, certains revêtissent une combinaison verte,-la couleur plaît aux dindons-, s’arment d’un tabouret et vont se planter dès l’aube au milieux d’accouvages bondés dont on distingue à peine le sol. Dans les élevages “de pointe” voici à quoi ça ressemble :

 

La suite ICI 

la part animale

LA PART ANIMALESébastien Jaudeau  Lauréat 2001 ICI
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8 novembre 2021 1 08 /11 /novembre /2021 06:00

Consultation d'un druide

Titre accrocheur s’il en est puisé à la source de Vitisphère sous la signature d’Alexandre Abellan.

 

Bordeaux sera toujours Bordeaux, « sûr de lui et dominateur » aurait dit la grand Charles, ce grand lac de vin vit aujourd’hui le désamour des consommateurs, à la manière du gros rouge qui tache du Midi dans les années 70-80, nom de code : Bordeaux-bashing.  

 

Un peu simpliste comme analyse attribuant à une main invisible malveillante les malheurs du tonneau de Bordeaux se trainant dans le ruisseau à 750 €.

 

Le consommateur a toujours raison me disait-on à l’époque où les français se sont rués dans les allées de la GD laissant sur le flanc les petits commerçants de quartier. Ils n’ont eu que leurs yeux pour pleurer sauf qu’à l’heure actuelle le balancier s’est inversé, le commerce de proximité a, de nouveau, le vent en poupe, les grands de la GD font le trottoir dans les villes et les achats en ligne déplument les hypermarchés carbonés.

 

Bref, dans l’entre soi bordelais, sous la houlette des « têtes d’œufs » du CIVB, loin des folies des GCC, Bernard Farges et Allan Sichel, viennent de présenter à leurs troupes hésitant entre colère et résignation, le nième  plan d’actions pour répondre aux difficultés commerciales actuelles du vignoble et préparer sa revalorisation pour l'avenir.

 

Françoise Giroud, qui avait la dent dure, déclara en 1974, à propos du maire de Bordeaux, Jacques Chaban-Delmas, « On ne tire pas sur une ambulance » ICI, je me contenterai donc, charitable que je suis, de qualifier ce papier d’à côté de la plaque.

 

Un morceau remarquable de cette indigence :

 

« Mettant sur la table son plan d’action, le CIVB se veut un outil de soutien à la promotion sur le terrain, comme l’indique Julie Rambaud-Texier, sa directrice marketing. Visant une humanisation des opérateurs bordelais, l’interprofession prend comme « fil rouge » la tournée des vins de Bordeaux (avec chaque année une édition collective et nationale début mars et des versions réduites par groupes d’appellations bordelaises). Souhaitant se renforcer sur le marché girondin (« on ne peut gagner la bataille de l’image des vins de Bordeaux si l’on ne gagne pas le match à domicile » souligne Julie Rambaud-Texier), le CIVB continue de prospecter l’export avec un format événementiel de "Bordeaux days" (des journées de séminaires sur 6 marchés prioritaires, pour viser 200 professionnels par journée dans 13 villes), d’innover dans ses supports de communication (avec un film en réalité virtuelle) et de recruter de nouveaux ambassadeurs (comme avec l’influenceuse du Rouge Aux Lèvres). »

 

L’humanisation des opérateurs bordelais, et l’influenceuse Rouges Aux Lèvres, mais de qui se moque-t-on ?

 

Des vignerons pour sûr, comment peut-on mettre sur la table, pour séduire les consommateurs, « rendre la filière attractive » (sic), se raccrocher aux marchés, des propositions purement cosmétiques. Les nouveaux consommateurs qui ont fui les vins de Bordeaux ne l’ont pas fait parce que les opérateurs bordelais n’avaient pas d’âme, mais parce que le produit présenté ne leur plaît pas, et ce n’est pas avec une « influenceuse » payée par le CIVB, faisant de la réclame sur Instagram, face de bouc ou autre réseau social, qu’on va les convaincre de tremper à nouveau leurs lèvres dans un ballon de rouge bordelais.

 

Fort bien me direz-vous, mais alors : que faire ? Que proposer ?

 

Mes réponses sont simples : j’ai déjà donné, suis pas qualifié, retiré des voitures je me contente de boire des jus qui me plaisent, quand la forme prend le pas sur le fond elle touche le fond, avec l’espoir secret de remonter à la surface.

 

Un seul conseil aux têtes d’œufs du CIVB : allez-donc traîner vos escarpins ou vos Richelieu dans les bars à vin, y’en a sûrement plein à Bordeaux, ça vous fera le plus grand bien, ça aérera vos neurones confinés dans des recettes formatées, ça vous permettra de sortir des sentiers battus et de donner une nouvelle jeunesse aux petits vins de Bordeaux.

« Notre enjeu, c’est susciter la demande en étant attractif auprès du consommateur » indique Allan Sichel. - crédit photo : CIVB

La boîte à outils des vins de Bordeaux pour se raccrocher aux marchés sans arracher ICI

Jeudi 04 novembre 2021 par Alexandre Abellan

 

https://www.consoglobe.com/wp-content/uploads/2015/10/druide_shutterstock_1058625014.jpg

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7 novembre 2021 7 07 /11 /novembre /2021 06:00

Plus dure sera la chute en Blu Ray : Plus dure sera la chute - AlloCiné

En juin 81, lors de mes premiers pas dans le sérail politique, le Palais Bourbon était  une marmite au bord de l’implosion, pensez-donc, certes les chars soviétiques n’avaient pas fait un blitzkrieg jusqu’à la place de la Concorde, mais 4 Cocos siégeaient au gouvernement  Mauroy  2, la chambre étaient majoritairement rose, certains au Congrès de Valence demandaient que les têtes roulassent dans la sciure, Robert Badinter était conspué, la vieille droite qui se croyait propriétaire du pouvoir depuis l’arrivée en 58 du Grand Charles, l’avait mauvaise, elle espérait avoir très vite sa revanche contre la piétaille de la gauche unie, dévaluation, sortie du SME, Tonton hésita, tangua, puis sur la pression de Delors, fit barre toute vers la « rigueur ». Bref, la gauche devint convenable, de gouvernement, fréquentable. Les députés socialos des premiers jours, dépenaillés, se glissèrent avec délice, pas tous heureusement, dans les mœurs de l’élite où l’impunité était la règle non-écrite, mais toujours respectée dans un silence complice.

 

Mais en France, il faut laisser le temps au temps, formule fétiche de Mitterrand, pour que  tout change pour que rien ne change. Presque 50 ans, et n’en déplaise à notre monsieur contre Pax, c’est sous le règne de Macron 1er que la débandade de l’élite mâle est arrivée.   

 

Sarkozy, Duhamel, Académie Goncourt… La France comptait en son sein une élite sans vergogne – jadis. Aujourd’hui, sans se transformer en modèle d’égalitarisme à la scandinave, la France ne considère plus son élite politique et culturelle comme intouchable, analyse le Financial Times.

 

J'ai retrouvé ce vieux truc que je n'avais pas encore mis ici... - C'est  facile de se moquer

 

Il se passe des choses étranges en France. L’ancien président Nicolas Sarkozy s’est vu infliger une peine de prison (qu’il effectuera chez lui), après sa deuxième condamnation en six mois. D’autres célébrités françaises ont été accusées de viol ou d’inceste. Il a été interdit aux membres du jury remettant le principal prix littéraire du pays de le décerner à un amant. L’École nationale de l’administration, qui recrute les élites politiques qui se reproduisent entre elles, a été rebaptisée et devrait être réformée.

 

https://www.lopinion.fr/sites/nb.com/files/styles/w_400/public/styles/paysage/public/images/2021/03/20210302_sarkozy_condamne_affaire_ecoutes_web_0.jpg?itok=Og5MbT0a

 

Les Français – qui forment probablement la nation la plus pessimiste du monde – refuseront peut-être d’y croire, mais apparemment il semble possible de faire le ménage dans les rangs de leurs élites, au bout du compte. De quoi tirer des leçons utiles pour d’autres pays.

 

Toutes les élites finissent par ne penser qu’à elles, et les représentants de l’élite française que j’ai rencontrés après mon arrivée à Paris il y a vingt ans étaient sans vergogne. Ils faisaient leurs études ensemble, puis se regroupaient dans quelques arrondissements* sur les bords de la Seine, s’installant l’été dans les résidences secondaires des uns et des autres. Dans un pays à la lourde fiscalité, on avait coutume, entre gens de la même caste, de s’offrir non de l’argent mais du pouvoir et des avantages. En cas de problème, on pouvait toujours appeler un ami juge. Une époque résumée par une photo de François Fillon – alors Premier ministre de Sarkozy – en train de se détendre en famille sur la pelouse de son château* en 2016.

 

Méfiance envers les élites

 

Mais l’élite française a appris à guetter le chuintement du couperet de la guillotine et, en 2017, diverses forces se sont associées pour imposer un nettoyage. On courait le risque que la dirigeante d’extrême droite Marine Le Pen entre à l’Élysée. C’est Emmanuel Macron qui l’a emporté, finalement, mais sa loyauté envers ses vieux amis n’était pas à toute épreuve. Il a pris la tête d’une génération plus jeune, où les femmes jouent un rôle sans précédent, et qui a été contaminée par les règles de transparence en vigueur à l’étranger. Quelques mois plus tard, les révélations sur le prédateur sexuel américain Harvey Weinstein ont déclenché le mouvement mondial #MeToo.

 

Une loi macroniste sur la moralisation de la vie politique” interdit aux députés d’embaucher leurs proches ou de dépenser des fonds sans présenter de factures. Fillon a été inculpé pour avoir offert un emploi fictif à son épouse. Immanquablement, certains à droite affirment que Sarkozy et lui sont victimes de persécutions judiciaires. Peut-être les peines qui les visent n’ont-elles fait qu’exacerber la méfiance des Français vis-à-vis des élites. Quoi qu’il en soit, ce sont des signes de réforme : la justice ne vaut plus seulement que pour les humbles.

 

Pour les parlementaires aussi, la vie a changé. C’en est fini des déjeuners de six heures arrosés au champagne avec des “assistantes de recherche” de 22 ans. Un restaurateur parisien grommelle que, de nos jours, les politiciens “n’ont pas d’argent”. À la fin de 2017, des panneaux ont été placardés dans les ascenseurs de l’Assemblée nationale pour rappeler la définition légale du harcèlement, les peines de prison et les amendes qui y sont associées, ainsi qu’un numéro d’urgence pour les victimes. Et ce n’est pas sans effet.

 

Les temps changent

 

Le #MeToo français a accéléré l’hiver dernier, après la publication de deux livres autobiographiques, un de Camille Kouchner et l’autre de Vanessa Springora, contenant des allégations sur des agressions incestueuses et pédocriminelles. Le beau-père de Camille Kouchner, Olivier Duhamel, président du Siècle, un club élitiste – autrement dit, président de l’establishment français – a été banni de la vie publique, accusé d’avoir abusé du frère de l’autrice. L’affaire a fait tomber plusieurs autres membres de la caste supérieure, dont le philosophe et polémiste Alain Finkielkraut, évincé des plateaux de la chaîne de télévision LCI après s’être interrogé sur cette agression sexuelle présumée à l’encontre d’un garçon de 14 ans : “[…] Y a-t-il eu consentement? […] Y a-t-il eu ou non une forme de réciprocité? Un autre secteur de l’élite, l’Église catholique, est confronté à des difficultés du même ordre après qu’un rapport a estimé que, depuis 1950, des prêtres avaient abusé de 216000 personnes aujourd’hui adultes.

 

La liste des prêtres pédophiles s'allonge ! | caricatures de l'actualite  par Plop et KanKr

 

En comparaison, le scandale qui entoure le plus grand prix littéraire français peut certes passer pour de la petite bière mais, culturellement, il n’en est pas moins révélateur. Un auteur initialement sélectionné pour le Goncourt de cette année se trouve être le compagnon d’une femme membre du jury; laquelle a par ailleurs écrit une critique incendiaire sur un roman concurrent. Il y a dix ans, nul ne s’en serait soucié. De fait, Philippe Claudel, le secrétaire général du jury du Goncourt, avait curieusement dit, au début, que “ce n’était pas un problème éthique ou déontologique, ce qui serait le cas s’il émanait d’un conjoint, d’un descendant, d’un ascendant”. D’autres ont tenu à souligner que le couple ne vivait pas sous le même toit.

 

Mais les temps changent. La semaine dernière, le Goncourt a interdit aux membres du jury de récompenser des amants et des proches. Tout aussi inhabituel, la nouvelle liste ne contient aucun ouvrage de l’éditeur le plus en cour du pays, Gallimard. Tout cela a lieu après la réforme, l’an dernier, de l’académie remettant le plus grand des prix du cinéma en France, celle des César : sa direction a démissionné après que 400 artistes ont dénoncé une académie au fonctionnement “élitiste et fermé” qui avait sélectionné douze fois un film du réalisateur Roman Polanski, accusé de pédocriminalité.

 

La France ne s’est pas soudainement transformée en un modèle d’égalitarisme transparent à la scandinave. Mais elle se réforme, et elle n’est pas la seule. Quand les institutions de l’élite sont attaquées par la base, elles trouvent des raisons de faire le ménage.

 

L’Italie a réduit le nombre de ses parlementaires et réforme ses tribunaux afin que les inculpés fortunés ne puissent plus faire traîner la procédure jusqu’à ce qu’il y ait prescription. En Grande-Bretagne, Oxford et Cambridge acceptent davantage d’étudiants issus de l’enseignement public. Les électeurs ne tolèrent plus les dirigeants coupables de délit d’initié, comme le prouve la démission, la semaine dernière, du chancelier autrichien Sebastian Kurz et la défaite du Premier ministre tchèque Andrej Babis. Lutter contre la corruption, c’est aussi reconnaître quand elle est déclin.

 

* En français dans le texte.

 

Simon Kuper

 

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6 novembre 2021 6 06 /11 /novembre /2021 06:00

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La nouvelle est tombée sur mon téléscripteur :

 

C’est un petit séisme en France : les ventes du légendaire camembert, star du traditionnel plateau de fromage, sont sur le point d’être dépassées par sa douce rivale italienne : la mozzarella.

 

Mozart est là…

 

Il en est de la mozzarella, comme du Canon de Pachelbel ou l’adagio d’Albinoni, elle est victime de son succès planétaire. Bien évidemment je ne parle même pas de la mozzarella au lait de vache produite partout, y compris en France, dans des usines. Non, je parle de celle que l’on trouve dans la GD sous l’étiquette Mozzarella di Buffala Campana par des marques comme Galbani qui elle aussi est un produit industriel.

 

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1 septembre 2019

Mozart est là… et la mozzarella di buffala… ICI  

 

Ce désamour  préoccupe Ouest-France qui, même s’il n’est pas normand mais breton, a, dans son giron, le fameux Président (pas celui honni par Pax) produit phare de la maison Besnier devenue Lactalis.

 

Je cite :

 

Les deux fromages ne sont pas exactement rivaux : ils sont consommés différemment en fonction des saisons et la mozzarella est surtout utilisée en cuisine, quand le camembert est plus apprécié en dégustation.

 

Mais ce déclin réel laisse présager en creux un changement dans les habitudes culinaires des Français.

 

Selon une étude du ministère français de l’Agriculture, en 2020 les ventes de camembert chutaient de 11 % par rapport à 2015 quand celles de la mozzarella bondissaient de 62 %.

 

Le cabinet d’étude Nielsen assène : La tendance est claire, les ventes de mozzarella vont dépasser celles de camembert d’ici peu.

 

Nous vivons un deuil, comment le meilleur fromage a-t-il pu être détrôné ? s’est lamentée sur Facebook l’entreprise familiale de camemberts Gillot – leader français de la fabrication de camembert au lait cru – installée dans le village de Saint-Hilaire-de-Briouze (nord-ouest).

 

20 mai 2018

C’est la triste histoire d’un bon camembert Gillot au lait cru, moulé à la louche, congelé et coincé entre 2 Président dans une armoire de la GD : tout ça pour ça ! ICI 

 

Pour Émilie Fléchard, directrice adjointe de Gillot, ce putsch pourrait être lié à un changement de mœurs, par exemple un déclin de la tradition du plateau de fromage.

 

« Mes parents mangeaient du fromage deux fois par jour. Personnellement, à part quand je reçois, je ne mange pas de fromage à la fin du repas » observe-t-elle.

 

Une tendance que semble discerner aussi Loïc Bienassis (j’attends Pax) chargé de mission scientifique à l’Institut européen d’histoire et des cultures de l’alimentation (IEHCA) : En 2011, 40 % du fromage était consommé hors plateau mais depuis, cela a probablement augmenté indique-t-il à l’AFP.

 

Le camembert, une « aventure »

 

Mais le désamour vis-à-vis du camembert s’explique aussi par une réputation, ternie au fil du temps.

 

Le camembert souffre d’une image vieillotte, celle d’un fromage populaire, traditionnel, constate Mike Bija, fromager à La Crèmerie du 17e, dans un arrondissement chic de Paris.

 

Par ailleurs, selon l’étude du ministère, les amateurs des deux fromages n’ont pas forcément le même profil d’âge : le camembert est deux fois plus consommé par les plus de 65 ans que par les moins de 35 ans. La mozzarella est au contraire achetée massivement par les moins de 35 ans.

 

Car la petite boule blanche italienne est pratique : On la consomme plus en plat, dans les salades », explique Sakina Merazga, qui tient la boutique parisienne avec Mike.

 

Elle accompagne parfaitement une nouvelle alimentation, qui se veut plus saine, plus légère…

 

En rupture par rapport au repas français traditionnel, incarné par le camembert, un produit exigeant, fort en goût, qui se mange seul, selon Mme Merazga. Le camembert, cest une aventure !

 

La mozzarella, c’est un effet de mode, un fromage de jeunes urbains et branchés, estime Mike Bija.

 

La Crèmerie vend d’ailleurs un camembert au lait de bufflonne, sorte de synthèse crémeuse et osée des deux rivaux, à destination des clients rebutés par le goût trop prononcé du camembert.

 

L’industrialisation contre la tradition

 

Mais derrière la perte globale de vitesse du camembert, spécialité de Normandie, se cache des réalités très différentes.

 

Au niveau du goût comme du prix (presque deux fois plus élevé en moyenne), pas grand-chose à voir entre un camembert AOP de Normandie et un camembert industriel standardisé.

 

Pour obtenir le label « Appellation d’origine protégée », les producteurs doivent répondre à certains critères : moulage à la louche, lait cru… Une sévérité qui garantit un goût inégalé et un respect de la tradition.

 

Chez Gillot, où l’on produit notamment de l’AOP, la fabrique est une véritable ruche et les employés s’affairent dans un incessant ballet : Nos ventes progressent depuis huit ans, se félicite Emilie Fléchard.

 

Selon l’Association de défense et de gestion de l’AOP Camembert, les ventes ont augmenté de 20 % entre 2014 et 2020.

 

Les gens veulent manger moins mais de meilleure qualité, conclut Mme Fléchard.

 

Mais cette production ne représente qu’un peu moins de 10 % du tonnage global. L’écrasante majorité du camembert est produite par des géants industriels comme Lactalis, vendus en supermarchés.

 

 

 

L'info sent aussi l'A.F.P.

Les ventes du légendaire camembert, spécialité du nord-ouest du pays et star du traditionnel plateau de fromage, sont sur le point d’être dépassées par sa douce rivale italienne: la mozzarella. Photo d’illustration Pixabay

 Photo d’illustration Pixabay

Camembert: «Comment le meilleur fromage a-t-il pu être détrôné ?» ICI

 

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5 novembre 2021 5 05 /11 /novembre /2021 12:30

 

« Lettre ouverte à mes amis vignerons

 

Chers amis, 

 

Je suis né à Saint-Emilion et aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été passionné par ce métier formidable et difficile : celui de cultiver la vigne et d’élever ses vins dans le respect de l’humain et de la nature.

 

Très tôt, je me suis beaucoup investi dans nos instances professionnelles car je souhaitais servir l’intérêt collectif et défendre notre patrimoine commun et nos appellations.

 

Partout où cette aventure m’a mené, depuis plus de 50 ans, j’ai eu le privilège de rencontrer des femmes et des hommes formidables, dont beaucoup m’ont témoigné leur soutien chaleureux ces derniers temps. Je les en remercie très sincèrement.

 

Voilà bientôt neuf ans que je suis la cible d’une accusation particulièrement violente et que j’estime injuste et infondée. 

 

Pour jeter le discrédit sur un classement dans lequel ils n’ont pas été retenus, un petit groupe de viticulteurs a multiplié les procédures et les attaques personnelles, en m’accusant, entre autres, d’avoir cherché à utiliser mes mandats pour prétendument influencer les organismes en charge de l’élaboration et de la mise en œuvre du classement.

 

A la suite de leur plainte, déjà ancienne, j’ai dû m’expliquer à de nombreuses reprises et au fil de la procédure, le champ de ce qui m’était reproché n’a cessé d’évoluer.

 

En 2018, le procureur de la République a requis un non-lieu estimant qu’il n’existait aucune charge sérieuse à mon encontre. J’ai pensé, à tort que cette affaire était enfin terminée.

 

La semaine dernière, le tribunal correctionnel de Bordeaux m’a condamné au paiement d’une amende.

 

Après avoir lu le jugement, je comprends qu’il m’est essentiellement reproché d’avoir, en tant que Président de section du Conseil des Vins, répondu à des demandes qui m’avaient été adressées par le service juridique de l’INAO, dans le cadre de l’élaboration du cahier des charges du classement.

 

Pour moi, ces échanges étaient neutres et transparents, ils étaient conformes aux règles en vigueur au sein de l’INAO. 

 

Contrairement à ce que je lis parfois dans la presse, à aucun moment il n’a été démontré que j’aurais pu recevoir le moindre avantage, ni direct, ni indirect du fait de ces opérations. Le Tribunal l’a d’ailleurs clairement dit dans sa décision.

 

En mon âme et conscience, je sais que je n’ai jamais agi de manière contraire à mes valeurs. Je n’ai jamais recherché autre chose que de servir le collectif et surtout, je n’ai jamais avantagé des intérêts particuliers, et encore moins les miens.

 

Pendant toutes ces années, cette procédure a servi mes détracteurs, pour les conduire à alimenter des polémiques sans fin et nourrir des attaques contre ma famille, mes collaborateurs et moi-même.

 

C’est pourquoi, même si je la trouve injuste et injustifiée, j’ai décidé de mettre un terme définitif à ce litige, et de ne pas faire appel de cette décision.

 

Je sais désormais que l’engagement public présente des risques que je n’aurais même jamais imaginés lorsque j’ai accepté de m’engager dans ces mandats. Je tiens à rappeler que j’avais été élu à l’unanimité pour représenter l’appellation dans le cadre du Conseil des Vins, et nommé directement par le ministre de l’Agriculture, en connaissance de cause, pour siéger à l’INAO.

 

Au fond, quel que soit mon ressenti, mon expérience ne doit pas décourager celles et ceux, notamment les plus jeunes, qui continueront à s’engager pour défendre avec force et conviction nos appellations et nos instances, locales et nationales, tant enviées par nos concurrents étrangers.

 

De mon côté, je vais continuer à faire ce métier que j’aime tant avec tous ceux, nombreux, qui continuent à me soutenir et à me faire confiance.

 

Bien amicalement,

 

Hubert de Boüard de Laforest
Vigneron 

 

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5 novembre 2021 5 05 /11 /novembre /2021 06:00

 

 

À Beaune, le président français a remis les insignes de Grand-Croix de la Légion d’honneur à la chancelière allemand lors d’une cérémonie d’adieu en Bourgogne.

 

Après un récital de piano, les deux dirigeants ont été intronisés dans la Confrérie des Chevaliers du Tastevin qui célèbre la Bourgogne, sa cuisine, ses vins et ses traditions.

 

Alain Suguenot est le maire de Beaune.

 

De 1932-1944 : Roger Duchet fut maire de Beaune

De 1945-1965 : Roger Duchet à nouveau maire de Beaune

 

Il serait malvenu de rappeler dans cette chronique les états de service de Roger Duchet, j’y reviendrai, après la Libération il fut un membre du parti d’Antoine Pinay, le CNI, Centre National des Indépendants&paysans.

 

Au temps des cépages nazis le Zweigelt en Autriche, le « Dr. Wagnerrebe» dans le IIIe Reich l’ancienne «Cuvée des Dames hospitalières» 51 ares 10 centiares au lieudit les Teurons à Beaune devient «Clos du maréchal Pétain».

 

16 décembre 2018

L’ancienne «Cuvée des Dames hospitalières» 51 ares 10 centiares au lieudit les Teurons à Beaune devient «Clos du maréchal Pétain». ICI

 

 

 

Secrétaire d'État aux Travaux publics du gouvernement René Pleven (2) (du 11 août au 4 octobre 1951)

Ministre des PTT du gouvernement René Pleven (2) (du 4 octobre 1951 au 20 janvier 1952)

Ministre des PTT du gouvernement Edgar Faure (1) (du 20 janvier au 8 mars 1952)

Ministre des PTT du gouvernement Antoine Pinay (du 8 mars 1952 au 8 janvier 1953)

Ministre des PTT du gouvernement René Mayer (du 8 janvier au 28 juin 1953)

Ministre de la Reconstruction et du Logement du gouvernement Edgar Faure (2) (du 23 février 1955 au 1er février 1956)

 

 

Peut être une image de 5 personnes et personnes debout

Peut être une image de 5 personnes et intérieur

« Depuis que tu es chancelière, la France a appris à te connaître et à t’aimer », « durant toutes ces années, tu as contribué à garder l’Europe unie malgré tous les chocs », a affirmé Emmanuel Macron. « Merci d’avoir accepté ce jeune président impétueux qui voulait tout bousculer », « merci de cette patience et de cette indulgence à mon égard », a-t-il ajouté

 

 

La Grand-Croix – distinction la plus élevée de l’ordre de la Légion d’honneur qui fut également décernée à Konrad Adenauer, Willy Brandt, Helmut Kohl et Gerhard Schroeder – « incarne la solidité de l’amitié franco-allemande, entretenue par Angela Merkel », selon la présidence française.

Semblant heureuse de recevoir cette distinction, Angela Merkel a elle aussi remercié son hôte.

« Ce qui était bien avec tous les présidents c’est qu’on a partagé les mêmes valeurs, même si au début on avait souvent des idées différentes. On a souvent réussi à se mettre ensemble et à faire plus que ce qu’on aurait pu faire tout seul », a-t-elle souligné.

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« Les deux couples ont ensuite partagé un dîner 100 % bourguignon, avec en entrée œufs en meurette, spécialité bourguignonne d’œufs mollets dans une sauce au vin de bourgogne.

 

Elle était accompagnée notamment de truffes de Bourgogne, puis de bœuf Charolais ainsi que de fromages frais et chocolats de Bourgogne. Le tout arrosé d’un Saint-Aubin 1er cru de 2015 et d’un Nuit Saint-Georges 1er cru de 2014. »

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