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8 octobre 2014 3 08 /10 /octobre /2014 00:09

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En tant qu’ignare majeur de l’art de la culture de la vigne et de celui de faire le vin rien ne me fascine plus dans la petite planète vins que toutes ces petites comètes qui tournent autour de ceux qui font le vin.


L’essor du conseil dans toutes les sphères de l’économie est un phénomène majeur de notre société post-industrielle. Les décideurs se bardent d’experts en tout genre aussi bien pour recruter, faire des choix d’investissements, de stratégie, procéder à des rachats d’entreprise, placer leurs liquidités,  je ne sais.


Dans le vin la figure emblématique est bien sûr l’œnologue-conseil personnifié bien sûr par Michel Rolland et bad-boyisé par Stéphane Derenoncourt le non-œnologue.


Alors, à Bordeaux surtout, mais ailleurs aussi, dans la cour des châteaux et domaines se bousculent ceux qui savent, les fameux sachants capables de délivrer ou de transmettre à celles et ceux en charge de faire mûrir le raisin avant de se consacrer au vin, le plus qui les propulsera au-dessus du commun.


« Il fut un temps où les viticulteurs faisaient le vin qu’ils pouvaient, puis l’aimaient ou ne l’aimaient pas. Même si cette façon de voir persiste, l’anticipation et la connaissance prennent de plus en plus de place dans le choix des gestes qui accompagnent la production de vins de qualité. » écrit JM Quarin dans sa Chronique 176.


C’est l’irruption du fameux raisin cueilli mûr et sain, cher au père de l’œnologie moderne Émile Peynaud, dans le paysage médiatique du vin…


Mais comment reconnaître un raisin mûr ?


« En combinant l’observation de faits physiques avec la dégustation. Sur le plan physique la rafle aoûte et le raisin se détache facilement. Les pépins se colorent aussi en brun. En pressant le raisin, la couleur rouge apparaît. Sur le plan gustatif l’acidité marque la verdeur. Le pépin qui colle à la pulpe recommande d’attendre, tout comme l’amertume du pépin ou celle de la peau. Le fin du fin est un pépin qui croustille ou prend un goût de noisette, un arôme qui éclate, une pellicule qui se mâche tendrement tout en laissant la saveur passer par-dessus son tannin venir s’étirer en finale. Cela ressemble à une conduite de la dégustation harmonieuse et non pas hachée. Cette luxueuse nuance n’est pas encore très répandue cette semaine. Elle ne le sera peut-être jamais vue le millésime. Enfin, l’exercice comporte des limites : les raisins présents ne sont pas des raisins de table, mais de cuve.

Le caractère automatique entre la qualité de dégustation du raisin et la qualité du futur vin est à relativiser. »


L’auteur de ces lignes, JM Quarin va plus loin puisqu’il  a passé trois jours à mâcher du merlot, du cabernet franc, du petit verdot, du cabernet sauvignon…


Il a organisé un stage de dégustation de raisins avec des lecteurs, désireux d’en savoir un peu plus sur l’anticipation de la qualité dans le goût du vin, les 22, 23 et 24 septembre derniers.


Il confirme d’abord mon observation initiale :


« La dégustation du raisin s’inscrit dans les changements profonds qui ont fait basculer l’œnologie d’une approche curative à une perspective  plus préventive. Jamais autant que par le passé, tout au moins un passé récent, le vin, son goût n’ont été autant liés à ceux qui ont la responsabilité de son élaboration. Dis-moi comment tu goûtes et je te dirai quel vin tu fais sonne de plus en plus juste.


Dégustation vous avez dit dégustation ?


JM Quarin tente de baliser l’exercice :


« Pourtant, comme toute appréciation, la dégustation du raisin conserve une dimension subjective. Non pas que l’on ne puisse pas s’entendre à son sujet, mais plutôt que les personnes qui disent la pratiquer soumettent ses résultats à des objectifs à atteindre.


Par exemple, un tel peut se féliciter de voir les raisins de 2014 se flétrir quand un autre s’en inquiète.


-        Il est intéressant, semble-t-il, d’observer que celui qui s’en réjouit baigne dans la culture rive droite et celle du merlot. Pour lui, la note confite naissante sent bon la maturité, la diminution des angles tanniques et le plaisir quasi immédiat.


-        Au contraire, celui qui s’en inquiète se méfie de l’odeur de la prune. Elle peut virer très vite à celle du pruneau, en particulier avec le merlot. Ce personnage possède une culture rive gauche, région du cabernet sauvignon, du frais, de l’éclat, du tannin raisonnablement présent qui se fondra avec le temps. Il a peur du pruneau.  Il voit dans cette trace aromatique une pré-oxydation mortelle et l’impossibilité pour le vin d’atteindre un bouquet de vieillissement enchanteur dans le futur.


-        Le personnage de la rive droite opposera à celui de la rive gauche que des notions de frais et d’éclat à celle de verdeur, la frontière reste ténue ; que la méthoxypyrazine marqueurs de l’odeur du poivron vert n’a jamais produit de corps onctueux, profond et de finale complexe.


OK. Un partout, la balle au centre.


« Donc,  déguster du raisin revient surtout à éviter d’encuver des raisins insuffisamment mûrs dont l’acidité et les saveurs végétales agacent les papilles et diminuent l’ampleur du corps. »


La science :


« La mesure de l’acide malique dans le jus  des prélèvements de raisins que l’on presse, donne en moyenne, un bon indicateur de l’état de la maturité. A moins de deux grammes par litre, la science (dont je regrette que pour le vin elle soit le seul vecteur de connaissance) indique que le raisin serait mûr. »


Et pourtant :

« Un cru célèbre de la rive gauche vient de choisir de vendanger ses merlots à une dose à peine au-dessus. Il faut croire que ces personnes croient à des choses auxquelles celles qui choisissent de vendanger à l’époque tardive où les glands tombent des chênes ne croient pas ! »


Alors, alors… 


« La sanction dans le goût du vin se mesure à peu près sur l’échelle suivante :


-        Plus le raisin est vendangé mûr mais encore frais, plus l’appréciation en primeurs est rendue difficile. Tout simplement, les vins manquent de temps pour se développer et se mettre en place.


-        Au contraire, plus la vendange est tardive au risque de perdre de l'éclat dans la saveur, plus l’appréciation en primeurs est facilitée par la douceur tactile inhérente. Lors du vieillissement en bouteille, dimension essentielle qui devrait intéresser plus que la note en primeurs, la tendance serait plutôt contraire : la belle fraîcheur deviendrait mature et se patinerait tandis que le vin, fort hédoniste jeune ne tiendrait pas ses promesses.


Le bon geste, la bonne attitude selon JM Quarin :


« Dans ce contexte, on pourrait postuler que le bon geste, la bonne attitude se situeraient du côté de celui qui n’a pas un immédiat besoin du marché ou d’un nouveau classement ; en clair, le groupe restreint des premiers crus historiques. Leur reconnaissance internationale est si forte, qu’ils peuvent s’alléger plus que d’autres de la pression d’une obligation de résultats immédiats. Il existe donc de vrais chefs de cultures, écoutés, respectés et observateurs puis d’autres malheureusement mis au service d’une recette plus commerciale. »


Conclusion personnelle : il va falloir que je m’inscrive à un stage de décryptage de la langue bordelaise…

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7 octobre 2014 2 07 /10 /octobre /2014 09:00

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C’est quoi le VCI ?


« L’article D. 645-7 du code rural et de la pêche maritime permet aux producteurs de vins blancs tranquilles bénéficiant d'une appellation d'origine protégée de produire un volume complémentaire individuel, au-delà du rendement fixé pour chaque appellation, afin d'alimenter une réserve individuelle mobilisable ultérieurement en cas de récolte déficiente sur le plan qualitatif ou quantitatif »


« Ouvert aux vins blancs tranquilles depuis le mois de novembre 2013, le volume complémentaire individuel (VCI) bénéficiait depuis cette date à 51 AOC du Val de Loire, du Centre et de Bourgogne. Le 26 juin dernier, le Comité national des AOC a décidé de permettre à d’autres appellations en blanc de bénéficier de ce dispositif. »


Décret n° 2014-1122 du 2 octobre 2014 modifiant la liste des vins blancs tranquilles bénéficiant d'une appellation d'origine protégée pour lesquels un volume complémentaire individuel peut être constitué.


Publics concernés : opérateurs intervenant dans la production de vins blancs tranquilles bénéficiant d'une appellation d'origine protégée.


Objet : modification de la liste des vins blancs tranquilles bénéficiant d'une appellation d'origine protégée pour lesquels un volume complémentaire individuel peut être constitué.


Notice : Le décret complète la liste des appellations pour lesquelles un volume complémentaire individuel peut être constitué en y ajoutant les appellations Bugey, Roussette du Bugey, Savoie ou Vins de Savoie, Roussette de Savoie, Bergerac, Côtes de Bergerac, Montravel, Côtes de Montravel, Rosette, Bordeaux, Entre-deux-mers, Côtes de Bordeaux - Blaye et Graves et fixe pour chacune d'entre elles le volume complémentaire individuel maximum pour une récolte donnée, ainsi que le volume complémentaire individuel maximum total de vins pouvant être stockés par un producteur donné. link


Pourquoi ne pas se constituer une petite pelote pour les jours difficiles me direz-vous ?


J’en conviens aisément, cependant ça mériterait qu’on engage une petite réflexion sur l’extension du domaine de l’AOC à la française.


Tout particulièrement sur les fameux rendements gages, selon les tables de la loi, de la qualité et pourquoi pas de la fameuse typicité de l’appellation : sont-ils agronomiques ou économiques et même parfois sociaux ?


La frontière entre AOP-IGP s’amollit, s’estompe, devient floue pour transformer le territoire viticole français en un grand tonneau où la provenance prend le pas sur l’origine précise, délimitée en zones de taille humaine, diluant plus encore la notion de terroir.


N’émergent plus de ce grand lac que les AOC historiques, fortes de leur notoriété, s’apparentant ou étant des marques qui se contrefichent de l’INAO sauf à en faire un instrument de pouvoir pour « bénir » des classements purement commerciaux.


Mais, m’objectera-t-on, il ne s’agit que des vins blancs ?


Certes, mais pourquoi pas demain des rouges dédiés à alimenter le fort développement des rosés ?


Pourquoi refuser obstinément de faire une césure claire entre des vins de haute expression, répondant à une réelle expression de leur terroir et des vins où la technologie prend le pas pour répondre aux besoins d’un marché de masse ?


La fameuse segmentation, antienne chantée depuis que les rapports s’accumulent, part de la vigne, du cep et non d’une règlementation qui permet de faire des vins de papier qui ne ressemblent à rien.


Nous sommes maintenant à front renversé : la France viticole des années 60-70 dominée par les Vins de Table s’est muée en une France de vins à origine identifiée. Tant mieux me dira-t-on le consommateur sait maintenant d’où vient le vin qu’il achète. Comme un petit air de traçabilité à la mode suivez le bœuf !


Bien sûr que le niveau qualitatif général s’est élevé mais nous sommes, avec le vin, dans un univers qui dépasse les frontières de l’alimentaire.


Le vin banal, quoi ! Comme un petit air de velours de l’estomac !


Je force le trait à dessein à l’attention de nos grands dégustateurs patentés : ces vins, ultra-majoritaires sur les rayons de la GD, à des prix calamiteux, ce ne sont pas des Airbus mais des vins ignorés.


À force de se cacher derrière son petit doigt, de se muer plus encore en syndicat des droits acquis, les dignitaires du monde du vin devraient se souvenir où cette manière de faire nous menée en un temps pas si lointain…

 

L'endiguement des vins de France relève de cette conception bien française de la supériorité des lignes Maginot qui ont le grand mérite de pouvoir être contournée aisément...

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7 octobre 2014 2 07 /10 /octobre /2014 00:09

Lorsque je suis arrivé au siège de la SVF en 1986, à la direction des achats, je découvris avec surprise que nous avions un établissement à Lorient. Bien sûr, comme le note un article que je vais citer, « Pour la petite histoire les vins d'Algérie ont aussi  fait la fortune des négociants de Quimper qui  les commercialisaient sous la marque Sénéclauze... Comme Margnat à  Lorient, ces vins, les moins chers et les plus forts  du marché  (13 °), se diffusaient dans tous les bistrots et les épiceries de la Bretagne en bouteilles étoilées (qui étaient consignées) ...

Ils ont largement contribués à l'alcoolisme local ! »


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Le Télégramme - Loisirs - L'âge d'or du port de Lorient

 

Nous avions hérité, dans l’immense portefeuille de marques  accumulées par Paul Crémieux à la SVF, de Margnat, le fameux velours de l’estomac.


Mais ce que j’ignorais c’est que Lorient fut l’un des plus gros ports pinardier de France pendant plusieurs décennies.


« On connaissait la route des Indes et ses épices. On sait moins que la « Saga du gros rouge » a marqué un demi-siècle de la vie du port de Lorient à travers son commerce avec l'Afrique du Nord.


L'histoire des vins d'Algérie sur Kergroise est indissociablement liée à une profession commerciale aujourd'hui disparue. Dès 1926, le maire de Lorient souligne que : « notre port qui est surtout charbonnier deviendra nécessairement le grand entrepôt des vins et des phosphates d'Algérie ».


1934 est le début d'une ligne régulière et florissante avec l'Algérois et l'Oranie, ce qui permet d'alimenter les nombreux grossistes en vins du Morbihan et du Finistère et indirectement les nombreux cafés et débits de boissons. Le vin algérien est fort apprécié des Bretons, par toutes les classes de la population.


Kergroise va vivre les « Dix Glorieuses ».


1952 : 196 000 hectos – 1962 : 393 240 hectos

.

La filière va vivre dix années euphoriques pour : les entreprises de transit, les pinardiers, les négociants Morbihannais (les vins Margnat, Courset…)


A Lanester  les vins Arciabia, l'un des fournisseurs bretons, le patron avait fait faire une cuvée spéciale lors de sa dernière livraison de vins d'Algérie, qu'il avait  intitulé « Les larmes de Bugeaud ». Ce vin fut  embouteillé, fait rare, sur les entrepôts du bord du Scorff, et sur l'étiquette, on pouvait voir des passagers descendre la passerelle d'un bateau avec une valise dans chaque main... (Sa petite fille qui tenait encore cette cave il y a 5 ou 6 ans, m'avait montré cette étiquette, dont elle n'avait plus qu'un exemplaire, et qu'elle gardait précieusement en souvenir de  son grand-père)... Elle m'avait montré aussi des photos où la vingtaine de camions  Arciabia attendait  à la queue leu-leu, quelquefois une journée, l'arrivée du pinardier sur les quais de Kergroise.


L’ensemble de l’article ICI link

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6 octobre 2014 1 06 /10 /octobre /2014 00:09

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Ce matin en consultant ma revue de presse je suis tombé sur une étrange chronique « Le Vin Sarkozy Nouveau est Arrivé!! » signé par Mahamat Ramadane journaliste à la rédaction d'Alwihda.link


Après lecture j’ai cru à un fake, à un faux-nez des partisans de la Marine. Je suis allé vérifier la réalité d’Alwihda Info. C’est un média Centrafricain qui a pignon sur rue link , un compte Face de Bouc et Twitter.


La comparaison de Mahamat Ramadane entre  « un grand clos de Bourgogne (en l’occurrence la Romanée-Conti MLP) face à un petit Tokaï (NS) bon marché et un peu aigre, tourne à l’avantage de la première « Bien plus ronde, beaucoup moins agressive les journalistes l’ont trouvé “charmeuse et séductrice”. Elle a eu le mérite de ne pas tout ramener à elle, mais a discerné les causes de la situation française et offert les solutions que l’on connait. Elle fut ferme sur le fond tout en séduisant et restant accessible. Ouverte au dialogue et prudente. »


Étonnant non !


Le costard taillé au petit Nicolas est rude :


« Sa robe extérieure n’a guère changé, toujours petit, toujours nerveux, les cheveux blancs dus à la bouteille ne le rendent pas plus calme ni convainquant mais appartenant à un passé révolu.


A mon humble avis il n’avait pas la stature d’un homme d’état, mais comme on dit en anglais Un “has Been” tentant un “Comeback”.


Le Sarko nouveau est un peu madérisé. »


« Très Peu Corps


Un tout Petit Cru... »


Enfin, pour couronner le bœuf en daube de notre chroniqueur africain une photo montage d’une bouteille de Beaujolais Nouveau de Georges Duboeuf.


Cet étrange parallèle tournant en la faveur de la fifille de son père qui s’y voit déjà est la démonstration de la banalisation du FN qui sait si bien, je dirais même mieux, vendre des vessies pour des lanternes.

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6 octobre 2014 1 06 /10 /octobre /2014 00:09

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Au hasard de mes lectures je suis tombé sur le titre d’un article du journal suisse Le Temps : « Le vigneron de Lavaux enrichissait ses crus avec beaucoup d’Algérie »


« On croyait boire du pinot noir ou du gamay de Chardonne ou de Saint-Saphorin. Et comme on dit, on n’avait pas «tout tort»: on buvait bien de ces vins-là. Mais allongés d’une «puissante» dose de rosé espagnol ou de rouge algérien. L’auteur principal de cette fraude, un vigneron de Chardonne, a cru bon de le relever lundi, dans le prétoire du Tribunal correctionnel de Vevey: «Je n’ai jamais eu de réclamations»…


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L’article donne les chiffres link et surtout indique que dans le canton de Vaud couper le vin est autorisé avec un taux de houillage et de coupage cumulés de 12% en 1989 et de 8% en 1990 et 1991. De son côté, l’ordonnance fédérale sur les denrées alimentaires ne va pas au-delà de 15%.


Le coupage, notion oubliée, qui répondait au temps de l’Algérie à une forme d’enrichissement de la qualité du vin et du négoce dit expéditeur qui œuvrait au mélange de la sauce des vins du Midi avec ceux d’Algérie, en y trouvant son compte tout comme le négoce de place embouteilleur au plus près des consommateurs telle la SVF à Gennevilliers.


Tout  ce bel édifice s’effondra avec l’indépendance de l’Algérie et le Marché Commun qui autorisa le coupage avec les vins italiens. Ce furent les VDPCE de triste mémoire qui accélérèrent le déclin de la consommation des vins de table (ex VCC) en litre 6 étoiles.


Histoire ancienne qu’il ne faut pas totalement occulter car elle marque encore la mémoire des vignerons du sud et de leurs dirigeants. Les grosses coopés, les grands domaines privés du Languedoc, avec leur bâti ou ce qui en reste, sont la trace d’une période où la prospérité a laissé petit à petit la place à des combats d’arrière-garde, pour sauver ce qui pouvait l’être, qui ont pendant très longtemps occuper l’essentiel de l’énergie viticole des Ministres de l’Agriculture  au plan communautaire.


Mais c’était quoi  la vigne en Algérie ?


Ce fut la culture phare de l’Algérie coloniale et son extension fut considérable.

 

De 15 000 ha en 1878 sa surface passa à 167 000 ha en 1903.


« Dès 1904, les viticulteurs sont soutenus par un système de coopératives efficace assurant pour les usagers européens – mais aussi musulmans – une commercialisation collective, vouée en majeure partie à l’exportation.

À la veille de la Première Guerre mondiale, l’Algérie est l’un des plus gros producteurs de vin au monde, jusqu’à ce que la crise mondiale la touche dans les années 1930.

En 1954, la vigne représente le tiers des exportations de l’Algérie, aux mains pour l’essentiel de grands propriétaires européens. »


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Le domaine de Lucien Borgeaud : La Trappe de Staouëli


« C’est en 1843 que 10 pères et quelques frères trappistes, sous la direction du prieur François-Régis, s’installèrent à Staouëli à une vingtaine de kilomètres d’Alger. La faveur royale leur avait octroyé une concession de 1020 ha. Le soutien du maréchal Bugeaud fut actif : 150 condamnés militaires construisant et défrichant, des subventions, des semences, des bestiaux produits des razzias et 3 ans plus tard, 200 ha étaient défrichés, le couvent et la ferme bâtis, à la grande colère des colons des environs pour qui l’aide tardait à venir. Le domaine des trappistes ne fit que se développer. À la veille de la séparation de l’Église et de l’État en 1905, les trappistes vendent le domaine à Lucien Borgeaud, qui en fera un fleuron agricole, mais gardent le couvent. »

 

(1) Source : L'Algérie aux temps des Français


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5 octobre 2014 7 05 /10 /octobre /2014 07:00

Le nid était vide. J’avais faim. Sur la porte du frigo un post-it « je pars une semaine chez ma mère », l’eau de mes spaghetti frissonnait. Me retrouver seul m’allait bien. Elle m’avait acheté une belle bouteille de vin. Le silence de la Mouzaïa m’enveloppait dans un cocon protecteur, j’entreprenais de me confectionner un pesto. L’ail me collait aux doigts. Je pilonnais le basilic qui épandait ses fragrances poivrées. Y-avait-il des pignons de pin ? Je n’eus pas beaucoup à chercher, sur la porte du placard à provisions Émilie avait dressé la liste de tout ce qu’elle m’avait acheté. Lorsque je jetai les spaghetti bouillants sur mon pesto mon téléphone s’agitait dans la poche de ma chemise. Ce devait être elle ; ce n’étais pas elle mais Dubouillon un pilier de la grande maison. Répondre c’était prendre le risque de me retrouver face à des spaghetti tièdes ce qui était au-dessus de mes forces. Avant de m’assoir je pianotais un sms pour mon cher collègue « je n’y suis pour personne, même pour le Premier »

 

J’ouvrais la bouteille de Patrimonio, le niellucciu de Grotte di Sole, gras, porté par une allonge fraîche, était superbe, il me tapissait le palais. Penché sur mon assiette, à l’italienne, j’aspirais mes spaghetti. Mon smartphone émettait le bip annonçant la réception d’un message, puis un second, puis un troisième, ça devait chauffer dur du côté de Beauvau. Je m’essuyais les lèvres. Mon second verre de Grotte di Sole me ramenait dans le maquis corse, dans les bras d’Émilie. Que faisait-elle en ce moment ? Les spaghettis me calaient, j’allais pouvoir me mettre à ma table de travail pour écrire. Par acquis de conscience je consultais les messages :


le premier « fais-pas le con répond ! »,


le second « ta note au Premier a foutu un souk pas possible, radines ! »,


le dernier « on vient te cueillir ! »


Je pianotais « chiche ! Vous ne savez pas où je crèche ! »


La réponse fusait « Ducon, tu ne sais pas ce que c’est que la géolocalisation… » Je coupais mon téléphone, jetais quelque vêtements dans un sac, fourrais mon ordinateur portable avec eux, sortais mon vélo et je me tirais sans éteindre les lumières de la Mouzaïa afin que mes petits camarades tergiversent avant de savoir quelle stratégie adopter pour me faire sortir de la place : la persuasion ou la force.


En passant à Barbès j’achetais dans une boutique un Nokia basique et une carte. L’air était doux. Je débarquais chez Claire qui m’offrit, sans rien me demander, l’hospitalité. La colocation faisait la fête, je me glissai nu dans les draps et, en dépit du bruit, je m’endormis comme un bébé sans demander mon reste. Les situations de tension extrême m’apaisent. Avant même que le jour ne se lève j’étais debout, l’appartement ressemblait à un champ de ruines, quelques corps gisaient çà et là, des odeurs mêlées âcres et aigres flottaient dans tout l’appartement. Je gagnai la cuisine pour me faire du café. Dans le capharnaüm de bouteilles vides, d’assiettes emplies de détritus, de verres plein de mégots, je repérais une corbeille de fruits indemnes. La cafetière asthmatique crachotait, le café ne serait pas fameux. Je pressais des oranges, des citrons et des pamplemousses sur un presse-fruits en verre, un très bel objet. Le jour se pointait. J’imaginais la tronche furibarde de mes chers collègues. J’enfilais d’un trait le grand verre de mes jus mêlés.

 

Il était hors de question que je me remette dans le jeu pourri auquel mes supérieurs me destinaient. Ma note incendiaire au Premier c’était mon testament politique, maintenant rideau, je disparaissais pour un temps des radars. Le café était franchement dégueulasse. Le plus drôle c’est que Claire habitait à deux pas d’un gros commissariat et, chaque jour, lorsque j’irais me dégourdir les jambes au-dehors, en passant devant la guérite vitrée je saluerais le factionnaire tel un quidam respectueux de la force publique. Je ne risquerais pas grand-chose puisque la grande maison ne pousserait pas la plaisanterie jusqu’à diffuser ma tronche de cake dans les commissariats. Dans la grande salle commune je découvrais une boule de pain de campagne elle aussi indemne. Je la tranchais avec mon couteau corse avant d’aller inspecter le contenu du frigo. Il était vide. « Tu cherches quoi mon grand ? » C’était la Claire. « De la confiture mon cœur ». Elle grimpait sur un escabeau pour aller dénicher au fin fond d’un placard un grand pot de marmelade d’oranges amères. Ma préférée ! Nous nous en goinfrâmes, la journée commençait sous les meilleurs auspices.


J’avais titré ma note au Premier « Juppé, dernier rempart face à l’effondrement du système… » Grandiloquent certes ce titre mais je n’avais pas trouvé mieux pour résumer mon analyse de la donne de la présidentielle de 2017. Face à la perspective d’un second tour Le Pen/Sarkozy, dans la mesure où l’alternance se ferait mécaniquement à droite, la candidature de Juppé permettait de jouer une carte à la Giscard, la France veut être gouvernée au Centre, sauf que le Centre n’existe qu’en tant que force d’appoint pour la Droite. Ce que Hollande avait raté à la suite de son élection en laissant Bayrou mordre la poussière alors qu’il avait appelé à voter pour lui, Juppé par construction le réalisait avant l’élection. Mais encore faudrait-il qu’il puisse se présenter en gagnant les fameuses primaires ouvertes inaugurées par le PS. Avec ce fou furieux de Sarko, qui allait remettre la main sur le parti, ça n’était pas gagné d’avance, sauf à ce que le petit ne se fasse vraiment rattrapé par ses casseroles judiciaires.

 

Je préconisais donc de faire l’impasse sur la future présidentielle, une forme de repli en bon ordre sur une position préparée à l’avance : la social-démocratie assumée, et de manœuvrer pour que la primaire de l’UMP à la sauce Sarko soit polluée par de braves sympathisants votant massivement pour Juppé. Manœuvre, certes délicate, mais jouable à la condition de préparer le terrain et de jouer fin en sous-main. N’oublions pas que les primaires ouvertes à la sauce socialo se jouent à deux tours, et qu’entre les deux, à la condition d’avoir fait un score qualifiant, le jeu des alliances avec le centriste pourrait permettre à Juppé de tirer son épingle du jeu. Bien évidemment j’ajoutais, qu’en dépit de ma conviction que mon analyse et ma stratégie étaient pertinentes, je n’étais absolument pas partant pour remettre les pieds dans les soupentes de l’UMP comme je l’avais fait au tout début du septennat. Peine perdue, j’avais à nouveau péché par orgueil, me restait plus qu’à faire le mort pour qu’on m’oublie.   

 

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5 octobre 2014 7 05 /10 /octobre /2014 00:09

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Dans l’ordre nous avons eu droit à :


1-    Alain Ducasse qui vient de nous gratifier lors de la réouverture du Plaza, l’une de ses nombreuses gargotes étoilées, d’un bel échantillon de ses hautes pensées sans doute concocté dans le salon VIP d’un aéroport international.

 

Pensez-donc notre homme vient d’expliquer à l’AFP par communiqué que « la planète a des ressources rares, il faut la consommer plus éthiquement, plus équitablement »

 

Notre chef vénéré et surmédiatisé, qui prône depuis longtemps la diminution des protéines animales ne jure plus que par la « naturalité », d’ailleurs va-t-il dans la foulée se mettre aussi aux vins natures. J’aimerais voir la tronche de Gérard Margeon son « Monsieur Vin » : vert !

 

Virage radical pour le nouveau Plaza: finie la viande, bienvenue la pêche de ligne durable, les céréales « bio, autant que faire se peut », légumes « du jardin de la Reine » cultivés au Château de Versailles.


« Le chef jongle avec les tendances végétariennes, locavores et environnementales dans son menu « jardin-marin ».link


2-  Au duo Frédéric Rouzeaud/ Philippe Starck avec son Brut Nature


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Le chroniqueur des grandes occasions, le sieur Dupont, que je n’ose qualifier de Stéphane Bern du bouchon de peur de me faire remonter les bretelles, était, telle une bonne  fée, penché sur le berceau de la nouvelle cuvée.


« Nous avions dégusté avant la date de sortie officielle mi-septembre (mais juré craché qu'on tiendrait notre langue) cette fameuse cuvée - "la" nouveauté depuis 30 ans - signée Roederer et Starck. "Une de plus dont l'habillage est confié à un designer !" penseront tous ceux un peu blasés qui chaque automne voient arriver dans les épiceries fines et chez les cavistes branchés les coffrets de luxe, avec duo de flûtes enchantées enveloppées de papier doré et cartonnage épais autant que brillant rehaussé d'un décor chargé comme une poitrine de maréchal soviétique grande époque... Que nenni, cette petite dernière ferait davantage dans le genre communiante année cinquante, juste l'aube blanche à peine froissée de quelques infos obligatoires griffonnées. Ce n'est pas tout. Philippe Starck ne s'est pas contenté de dessiner, il a aussi exigé de participer. On le comprend. Pour un grand amateur et buveur de champagne comme lui, l'occasion se faisait belle et unique… » link


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75€ chez Lavinia : pas donné camarade Dupont !

 

3-  Enfin dans Vogue Un portrait de famille touchant, réunissant Natasha Poly et sa fille sous l'objectif d'un autre fidèle de Vogue Paris, Mario Testino »


« La vedette de ce numéro est cette chose craquante, un vrai bébé Johnson, que tout le monde a envie de prendre dans ses bras. Elle s'appelle Aleksandra, blonde aux yeux bleu marine, c'est la fille du top model Natasha Poly, avec qui cette enfant a posé avec une gentillesse, une sagesse confondante pour la série de mode "Un Air de famille", photographiée par Mario Testino.", écrit Emmanuelle Alt, rédactrice en chef de Vogue Paris dans l'édito du numéro d'octobre 2014. Une couverture intime, marquant les dix années de collaboration de la cover-girl en immortalisant cette nouvelle venue »


J’adore la petite chose craquante !


Moi ce que j’en dis c’est pour causer mais en dépit de toutes les railleries des pisse-froids le nature fait son trou, sa petite pelote, et qu’on ne vienne pas me dire que ce n’est qu’une mode pour bobos parisiens, même si ceux-ci y sont pour quelque chose, car pour ce qui concerne la Champagne ce ne sont pas les Grandes Maisons qui ont donné le la mais mes petits copains naturistes. Qui les aime, les suivent !

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4 octobre 2014 6 04 /10 /octobre /2014 00:09

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Jean-Pierre Rietsch je l’ai rencontré à Besançon, en compagnie de son épouse, lors du lancement de la bible naturiste « Tronches de vin », des gens délicieux, discrets et avenants. Alsaciens, leur domaine de Mittelbergheim fut créé à la fin des années 1970 par Pierre et Doris Rietsch ; il est aujourd’hui dirigé par leurs enfants qui le conduisent désormais avec une approche nature.


Depuis je suis conquis, 100% Ritch pour vous épargner « le My tailor is Rietsch® » déjà déposé par une célèbre blogueuse estampillée RVF qui m’enverrait sinon du papier bleu par huissier.


Pour moi toutes les occasions sont bonnes pour faire couler le précieux liquide dans le divin gosier de mes belles copines : Claire avant de faire le dauphin crie en direction d’Émilie « Youpi ! »


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Chez nous, mon bon monsieur et ma bonne dame, on ne déguste pas : on boit tout simplement !


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Le crémant extra-brut est un pur et brillant sésame pour ouvrir la fête ; nous sommes une petite bande, où la parité penche du côté des filles, entièrement dévouée à l’extension du domaine de la fête !


Page 202 de la bible des vins nus : « sermon sur la montagne *» par l’un des 5 apôtres.


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« S’il paraît que l’on ne prête qu’aux riches, Jean-Pierre Rietsch a su faire fructifier le patrimoine familial et s’orienter vers une approche du vin résolument nature en cave, avant de se lancer dans une conversion vers l’agriculture biologique. Inéluctable à  partir du moment où il est évident que le meilleur raisin doit rentrer en cave pour donner le meilleur vin, avec le moins d’artifice possible. Sur le Zotzenberg, le Stein, le Wiebelsberg ou le Brandluft, peu importe la hiérarchie, si le terroir est beau. Son pinot noir sans soufre démontre à quel point le minimalisme œnologique en cave est payant, à condition que la maîtrise soit bien là. En 2009 comme en 2010, un vin parfaitement droit, gourmand, fruité et épanoui, comme on aimerait en boire plus souvent.  Il est intéressant de noter que cette gamme « nature » et expérimentale coexiste avec une autre, plus classique, mais tout aussi passionnante. Une façon de travailler qui permet à Jean-Pierre de mieux se connaître, de mieux connaître son vin, et  d’entretenir, avec lui le consommateur adhérant à ses principes, une relation privilégiée… »


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La suite de la cérémonie, la dégustation, est ICI avec un belle partie du clergé naturiste Eva Robineau, Olif ou Patrick Böttcher… et sans doute d’autres que je ne vois pas sur la photo… link


* la montagne du sermon « Le Zotzenberg, une colline qui a redonné ses lettres de noblesse au sylvaner, un temps vilipendé et non autorisé à produire de l’Alsace Grand Cru. Propice à la culture de ce cépage, grâce à un micro-climat spécifique et à des sous-sols adéquats, le « Zotz » est recouvert de 40% de sylvaner, que les meilleurs vignerons savent transcender. Fait suffisamment rare pour être signalé, l’ensemble des vignerons possédants des parcelles de ce cru se sont engagés dans une démarche environnementale supprimant totalement les insecticides. »


N’étant pas un buveur d’étiquettes j’adore celle de JP Rietsch !


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3 octobre 2014 5 03 /10 /octobre /2014 00:09

Cette chronique est dédiée à : Francesca Antonelli, Lucia Ceracchi  et Alessandra Pierini… mes amies d’Italie vivant à Paris…


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      La sorella tra le botti non ha prezzo!!!  Matteo Ceracchi


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                   Alessandra link


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           Francesca au championnat du pesto de genovese

 

Les Mots, l’autobiographie de Sartre. « Le lecteur a compris que je déteste mon enfance et tout ce qui en survit. » (1)


Les Mots bleus c’est Christophe (2)


Le poseur de mots c’est ICI link


Les mots à manger de Maryline Desbiolles écrivain, Prix Fémina en 1999 avec Anchise extraits du numéro juin-juillet 2004 de la revue Critique consacrée à la Gastronomie.


-        Orecchietteal ragù 


Tes petites oreilles invisibles, connues de mois seule, tes petites oreilles secrètes où ficher ma langue pointue pour l’occasion, une langue qui fouine, précise, précise. Au bout de la langue la pâte suave, la petite oreille comme un doux prépuce que les dents vont exciter, précises, précises. Heureusement pour calmer la blessure, tout le ragoût de mots un peu trop cuits que je chuchote à tes oreilles secrètes.


-        Fritto misto


Gai gai gai marions-nous. Nos bouches enrobées de pâte si fine qu’elle fait oublier l’huile bouillante dans laquelle on va plonger tout entier et qui déjà nous saisit au col, à la gorge qu’elle fait jaser. Ô me mêler, m’emmêler, me mélanger à toi et glisser un baiser d’italien sur la langue que je veux affûter.


-        Fettucine al nero

  

Prendre les choses à l’envers. À rovescio la nuit, a rovescio le sang d’encre. Le noir très doux en effet qui nous enveloppe comme je suis à tes côtés dans la voiture que tu conduis trop sûrement : nous ne nous perdrons pas pour finir et les lumières sont aveuglantes au bout du tunnel. Mais c’est l’obscurité qui éblouit.


-        Trippa alla fiorentina 


D’où me vient que l’Italie me donne si faim ? De la langue maternelle, des risotti de ma grand-mère ou de moi-même dégustée en petite fille dansant sur la grande table d’un éternel banquet ?

Dans la forte chaleur du 15 août je ne renonce pas à manger des tripes. La vierge n’a-t-elle pas été élevée au ciel avec tout l’attirail de son corps ? Je suis un peu déçue hélas par cet accommodement à la florentine qui déjà me donnait des ailes, une modeste sauce tomate par laquelle aucune assomption n’est possible. La nuit cependant ne manque pas d’anges qui dans la touffeur n’y verront que du feu et nous prêteront main forte.


-        Linguine al tonno 

Au bout de la langue, ces pâtes qui ne sont ni des papillons, ni des anneaux, ni des roues, ni des coudes, ni des coquilles, ni des plumes, ni des oreilles, ni des cheveux d’ange. Rien de tout ça, pas de pappardelle de nourriture, juste le sifflement du désir au bout de la langue, linguine, cet agacement dans les aigus qui fait perdre la tête, qui fait perdre   la gravité de l’accompagnement, al tonno, qui, une seconde, fait oublier que la mariée est grevée d’une traîne.


 

(1)            Loin de l'autobiographie conventionnelle qui avec nostalgie ferait l'éloge des belles années perdues, il s'agit ici pour Sartre d'enterrer son enfance au son d'un requiem acerbe et grinçant. Au-delà de ce regard aigu et distant qu'il porte sur ses souvenirs et qui constitue la trame de l'ouvrage et non pas son propos, l'auteur s'en prend à l'écrivain qui germe en lui. Pêle-mêle, il rabroue et piétine les illusions d'une vocation littéraire, le mythe de l'écrivain, la sacralisation de la littérature dans un procès dont il est à la fois juge et partie. Ainsi, "l'écrivain engagé" dénonce ce risible sacerdoce, cette religion absurde héritée d'un autre siècle. Du crépuscule à l'aube, un travailleur en chambre avait lutté pour écrire une page immortelle qui nous valait ce sursis d'un jour. Je prendrais la relève : moi aussi, je retiendrais l'espèce au bord du gouffre par mon offrande mystique, par mon oeuvre. On ne peut s'empêcher de sourire devant tant d'ironie, et l'on sent l'auteur s'y amuse aussi lorsque, avec cette langue parfaite et cette brillante érudition, il joue les pasticheurs. --Lenaïc Gravis et Jocelyn Blériot

 

(2)


 

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2 octobre 2014 4 02 /10 /octobre /2014 00:09

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Comme tu le sais, je suis de ces vieux chiens qui, au lieu de couler des jours paisibles dans sa niche du boulevard Saint-Jacques, de se contenter de baguenauder dans les beaux terroirs de France, de garder des vaches qui donnent leur lait pour les petits chinois, a toujours sa truffe pointée vers le ciel pour humer les tendances et les évolutions.


Un emmerdeur quoi, comme tu me l’as dit gentiment fait remarquer en ton bureau de Ministre.


Depuis 10 ans, un peu par accident, je crapahute sur la Toile du Vin pour le pire et le meilleur.


Rappelle-toi, l’arrivée de Louis Le Pensec au 78 rue de Varenne, tu en étais avant d’aller rejoindre François rue de Solférino. C’est lui qui m’a envoyé faire le médiateur dans le pays des VDN puis, laissant son maroquin pour faire le sénateur, il a laissé la place à Jean Glavany qui lui m’a expédié à Cognac où la crise mettait tout le monde dans la rue, les gros comme les petits.


Tout ça pour te dire que ces missions de médiation, au plus près des gens, m’ont fait me poser des questions sur la réalité des succès de la vigne France et de ses vins. Nous étions dans l’autosatisfaction, la congratulation, les équivalents Airbus, toujours les mêmes chansons.


Bref, comme une intuition que ces discours masquaient une vision à courte vue. Rendez-vous fut demandé à Jean Glavany qui m’écouta avec son petit sourire en pointant son regard moqueur abrité sous ses épais sourcils. Il me confia, comme tout bon élu local, que le Madiran constituait son horizon dans le domaine  mais que mes interrogations sur la concurrence du Nouveau Monde valaient bien une mission.


La suite est connue mais là n’est pas la motivation de ce courrier matinal.


À nouveau, sous la même musique sans changer les paroles, le monde de la vigne France et des vins, me semble bien insoucieux des grands enjeux qui conditionnent son avenir.


Des enjeux mal cernés ou éludés par le plan stratégique de longue vue pour le vin pondu récemment du côté de FranceAgrimer link


Pour faire court, dans la vigne France, au-delà de la question importante des pesticides, de ses implications sur la santé des hommes, sur le régime des eaux, la vie des sols, le fameux terroir, les investissements de recherche sont ridiculement bas ou mal orientés pour un secteur qui se veut un grand secteur de l’économie. Les conséquences de certaines maladie et de des évolutions du climat ne me semblent pas préoccuper suffisament les décideurs alors qu’elles sont et qu’elles vont changer la donne. Des chercheurs plutôt que des vendeurs, ces derniers sont faciles à trouver sur le marché de l’emploi alors que cette matière grise c'est du long terme.


En effet, tout commence au cep, l’agronomie et l’économie, y compris la fameuse segmentation des marchés : là encore la lente dilution de la notion d’AOC nous handicape, nous fait régresser sur les marchés porteurs, nous empêche de profiter de nos avantages comparatifs en termes de valeur et de notoriété. Nous vivons encore à l’heure d’une régulation par la restriction, comme au temps des flots de vin de table. Nous n’avons pas changé d’ère et le dossier de la gestion des droits de plantation est emblématique de ces œillères.


Grand pays exportateur, nous subissons les évolutions sans engranger les bénéfices à long terme de l’ouverture de grands marchés. Au premier retournement, ce qui se passe à Hong-Kong devrait nous faire réfléchir, le repli sur notre marché domestique atone sera la règle. On parlera de crise alors que c’est la structure même de notre offre qui sera en cause et, croyez-moi, mêmes les flamboyants des GCC en seront.


Attention je ne suis pas en train de prédire le pire ou de jouer aux oiseaux de malheur. Ce n’est ni ma vocation, ni mon désir d’avenir. Je ne suis candidat à rien mais j’aimerais qu’en ces temps difficiles, où les occasions de positiver se font rares, que le grand secteur autoproclamé de la vigne France et des vins ne se contente pas de gérer ses petits équilibres entre professionnels.


Il ne s’agit pas de renverser la table mais de poser sur elle les termes clairs des enjeux, des choix à faire pour que ce réservoir de valeur qu’est la vigne France et ses vins se développe, fixe des emplois sur nos territoires, au lieu d’être un tonneau plein de trous bouchés par de mauvaises rustines.


Ceci n’est pas mon testament, même si en écrire un ne fait pas mourir, mais une simple lettre de mission pour, qu’à l’instar de Jean Glavany, tu aides les grands chefs de la vigne France et de ses vins à  dépasser leurs petits prés carrés.


Anticiper, « J’ai toujours voulu que l’avenir ne soit plus ce qui va arriver mais ce que nous allons faire. » à l’instar d’Henri Bergson prônons le faire au lieu de nous réfugier dans l’immobilisme. 


Sans doute peut-on lui préférer Talleyrand, diseur de bons mots, pour qui « L’inertie est une vertu, l’activité un vice. Savoir attendre est une habileté en politique ; la patience a fait souvent les grandes positions. On doit être actif quand l’occasion passe ; on peut être paresseux et nonchalant quand on l’attend. »


Je sais Stéphane que ton tempérament te porte vers l’action, le faire ; je sais aussi qu’un Ministre, et celui de l’Agriculture tout particulièrement, se doit de faire avec ses interlocuteurs professionnels ; je sais enfin, pour l’avoir vécu avec Michel Rocard Ministre de l’Agriculture au moment des accords de Dublin, que les choix mêmes difficiles et contestés sont les meilleurs investissements pour un homme politique. Tu es jeune, tu fais un parcours remarqué en des chemins ardus – nulle flatterie – alors ma petite lettre matinale n’est pas un caillou dans ta chaussure mais, comme au temps du Groupe Saint-Germain, de l’intelligence dans le pré, en sachant que la vigne dans la Sarthe est la voisine des prés.


En t’écrivant je m’applique une maxime attribuée encore à ce cher Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord « Tout le monde peut être utile ; personne n’est indispensable. »


Bien à toi, avec mon meilleur souvenir.


Jacques Berthomeau


PS. Ce petit mot sur la Toile n’est là que pour tester la réactivité du 78 rue de Varenne aux réseaux sociaux qui, je le rappelle, sont fait pour fonctionner dans les 2 sens : pas seulement de haut en bas mais aussi dans l’autre sens… car contrairement à Eugène Saccomano « je ne refais pas le match »…


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