Le paquet est lourd. Je n’ai rien commandé. J’ouvre : c’est la XIXe édition du Féret « Bordeaux et ses vins » l’édition du Bicentenaire 1814-2014.
Je suis fier d’en être destinataire.
Mais qu’en faire ?
En premier lieu la consulter pour colmater mes profondes lacunes sur la vigne et le vin de Gironde.
Chroniquer ensuite !
Sur qui ?
Je feuillette page à page et je tombe page 1229 sur Saint-Émilion et sa région ; ma région de prédilection : j’y ai tant d’amis.
Pour soutenir la conversation avec Jacques Dupont, grand arpenteur de terroir, je me plongeais dans le terroir.
Je note : la topographie de la région de Saint-Émilion est très tourmentée… La main de Dieu sans doute !
La carte géologique montre « une très grande diversité des sols et des sous-sols due à l’érosion. »
- 1934 1 étude de R et A de Villepigue distingue 5 types de sous-sols et de sols : argilo-calcaire, silico-calcaire, silico-argileux, sableux, sablo-graveleux et terres franches alluvionnaires dites de « palus »…
- 1979 « les grands types de sols viticoles de Pomerol et Saint-Émilion » M. Guilloux, J.Duteau et G.Seguin distingue au moins 5 types de sols dont des sols superficiels sur calcaire à astéries (Ausone, Canon, etc.) ou les sols établis sur les croupes formées par les alluvions gravelo-sableuses quaternaires de l’Isle (Figeac, Cheval Blanc, etc.)… Là le Jacques Dupont va me prendre enfin au sérieux.
- 1982 le Pr Enjalbert discernait pour Saint-Émilion 5types principaux de terrains : le plateau calcaire, les côtes et « pieds de côtes », les graves anciennes, les sables anciens et les sols argilo-graveleux.
- Décembre 1989, Cornelis Van Leuwen publiait la carte des sols des vignobles de Saint-Emilion accompagnée d’une notice explicative de 92 pages.
Je note à cette occasion qu’aucune étude exhaustive n’a été réalisée sur la dimension des salles de réception, le nombre de passages dans un film d'un GCC, la localisation des aires pour la pose d’hélicoptères et la nomenclature du chic vestimentaire des hôtesses.
Ne comptez pas sur moi pour vous parler du classement, c’est un sujet qui fâche en haut lieu.
En revanche je me suis permis de faire quelques notations :
- Le Féret s’inspire de la typologie d’Enjalbert : plateau calcaire, côtes et pieds de côtes, graves et sables anciens et sables anciens et sols sablo-graveleux récents.
- Pour les 4 grands classés A : Ausone, Pavie et Angélus sont classés dans côtes et pieds de côtes et Cheval Blanc en graves et sables anciens.
- L’ordre, qui n’a rien d’alphabétique, Ausone, Pavie et Angélus, est le fait du Féret et non pas de mon mauvais esprit.
- Du plus petit en ha jusqu’au plus gros et le nombre de tonneaux : 900l soit 1200 cols soit 100 caisses :
Ausone : 7,25 ha et 24 tonneaux
Angélus : 27 ha et 83 tonneaux
Pavie : 35 ha et 76 tonneaux
Cheval Blanc : 39 ha et 133 tonneaux.
- La surface rédactionnelle dans le Féret en cm2 :
Ausone : 252 cm2
Pavie : 226 cm2
Cheval Blanc : 144 cm2
Angélus : 112 cm2
- Conduite de la vigne :
Ausone : agriculture biologique et biodynamie
Pavie : lutte raisonnée
Cheval Blanc : lutte raisonnée
Angélus : lutte raisonnée
- Les conclusions du Féret :
Pour Ausone : « les héritiers de madame Cécile Vauthier continuent son œuvre et voient leurs efforts couronnés de succès. Les ceps centenaires produisent un vin qui s’est depuis longtemps déjà placé à la tête des grands vins de Saint-Émilion, de Bordeaux, et des plus grand vins de France.
Le commerce mondial, de nos jours, lui accorde une forte prime sur tous les autres vins de la région.
Faveur et reconnaissance, parfaitement justifiées, par les anciennes bouteilles de ce cru merveilleux qui ont conservé leur sève et leur fraîcheur après plus d’un siècle. Privilège accordé à des vins qui possèdent, année après année, toutes les qualités et la magie de ceux issus de la petite dizaine de crus de Bordeau reconnus par la planète. »
Pour Pavie : « À la dégustation, les vins de château Pavie se caractérisent par une grande concentration, beaucoup de puissance et d’intensité. « Il s’agit d’un premier cru, et à ce titre, destiné à entrer dans l’histoire de Bordeaux. Pavie est un vin qui doit donner du plaisir dans dix, vingt, trente ans. »
L’immense potentiel du château Pavie a été sublimé par l’arrivée de Gérard Perse. Désormais au sommet de la hiérarchie de Saint-Émilion, 1er Grand Cru Classé A lors du dernier classement de Saint-Émilion de 2012, Pavie est également un lieu magique à découvrir. »
Pour Cheval Blanc : « Ici, des générations d’hommes qui se transmettent un savoir-faire rare perpétuent le style de Cheval Blanc selon les qualités propres à chaque millésime grâce à un travail méticuleux et quotidien. On peut évoquer la précision du geste artisanal car ici rien n’est systématique, tout est adaptation quotidienne au rythme de la nature et à ce qu’elle offre chaque année.
Ainsi, avec de l’audace, un style engagé et un respect manifeste de son histoire, Cheval Blanc se projette résolument vers l’avenir. »
Pour Angélus : « Aujourd’hui Hubert de Boüard de Laforest et son cousin Jean-Bernard Grenié – la septième génération – se partagent les responsabilités du château : Hubert de Boüard met sa formation d’œnologue au service du cru et le représente à travers le monde, alors que Jean-Bernard Grenié gère et administre la propriété.
Héritiers des privilèges d’Angélus et d’un souci permanent de la perfection, ils ont pour ambition de maintenir le château Angélus au meilleur niveau des Premiers Crus classés de Saint-Émilion. »
Merci à Bruno Boidron pour cet envoi qui va me permettre d’élever mon bas niveau sur Bordeaux et ses vins et me permettre de me mesurer aux cadors de la profession…