Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
14 janvier 2015 3 14 /01 /janvier /2015 00:09

Guido_Reni_-_Massacre_of_the_Innocents.jpg

 

Que la France des femmes et des hommes de peu était belle ce dimanche, elle marchait loin du brouhaha des causeurs, des blablateurs, des commentateurs et autres penseurs à notre lieu et place. Elle n’en avait rien à foutre de ces récupérateurs, ces recycleurs, ces donneurs de leçons pissant de la copie sur la Toile.


Libre à eux, je me garderai bien, au nom de la liberté d’expression, de leur demander de se taire mais, pour beaucoup d’entre-eux, s’applique, au pluriel, le « si tous les cons volaient ils seraient chefs d’escadrille » et j’ajouterai « en plus ils voleraient en rase motte ! »


Ma crainte c’est que François Cavanna ait eu raison « Les cons gagnent toujours, ils sont trop. »


Ça me fiche en colère mais je m’en tiendrai à mes bonnes résolutions de début d’année : silence radio !


Pour calmer mon ire contre ces ramenards de tout petit calibre je me suis remémoré – éduqué chez les curés – le massacre des Innocents.


Étrange concomitance !


L’Ancien Testament est riche d’histoires dramatiques dont le point culminant sont des scènes de fuite, d’exode ou d’expulsion alors que le Nouveau Testament n’en propose qu’une seule la fuite de la sainte Famille en Egypte qui est rapportée, de manière plutôt brève, par l’évangéliste Matthieu qui raconte qu’à Bethléem, sous le règne du roi Hérode, Marie, femme de Joseph, mit au monde son fils Jésus, conçu de l’Esprit Saint, et que «les mages d’Orient» reconnurent en lui « le roi des Juifs ». Ils vinrent alors l’adorer et lui offrir des présents (Matthieu 1, 18-2, 12).


L’évangéliste poursuit : après leur départ, l’Ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa mère, et fuis en Egypte ; restes-y jusqu’à nouvel ordre, car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. » Alors Joseph se leva, prit avec lui l’enfant et sa mère, de nuit, et se retira en Egypte. Il y resta jusqu’à la mort d’Hérode (Matthieu, 2, 13-15).


« Alors Hérode, voyant qu'il avait été joué par les mages, se mit dans une grande colère, et il envoya tuer tous les enfants de deux ans et au-dessous qui étaient à Bethléem et dans tout son territoire, selon la date dont il s'était soigneusement enquis auprès des mages. Alors s'accomplit ce qui avait été annoncé par le prophète Jérémie ... » (Matthieu, 2, 16-18)


La Fuite en Égypte comme le massacre des Innocents ont inspirés de grands peintres…


Francisco_de_Zurbaran-_The_Flight_into_Egypt-_late_1630s._.jpg

 

 

En son temps j’avais commis ce petit texte, entre deux rendez-vous, dans le train, je ne sais où, sans doute dans la période de Noël. J’étais alors aux manettes du cabinet d’un Ministre, dans le cambouis du quotidien, en un temps où les affaires prenaient une tournure délétère et même que le petit-chose Bérégovoy, l’ex-chef de gare de Pont-Audemer, préféra passer de vie à trépas.


Fuite-en-Egypte-Hunt.jpg

 

La fuite en Belgique


Aux premières lueurs de l’aurore


J’ai juché ma jeune femme


Sur le dos usé de mon vieil âne.


Notre bel enfant, ignorant le sort


Que lui réservait l’avenir


Dormait dans les bras de sa mère


Et moi son père


Craignant le pire


J’attrapai la bête par le licol


Et au rythme de son pas lent


Nous avons pris à travers champs


Pour atteindre le col.


                    ***********

 

Le pire n’est jamais sûr


Mais du marigot


Au loin tonne un héraut


Les affaires sont les affaires


Des prédateurs


Des chasseurs d’électeurs


Je fuis


Je les fuis


Ces sans-souci de notre vie


De la vie qui fait des ravages


Ces ignorants de notre quotidien


Des riens


Des moins que rien


Je pars me réfugier


Au plat pays Outre-Quiévrain…

 

Partager cet article
Repost0
13 janvier 2015 2 13 /01 /janvier /2015 00:09

5d16fd9a-28b4-11de-94c9-b806e68df628.jpg

 

J’entends, ou plutôt je lis ici et là, qu’enfin justice est faite puisque le groupe Héraclès de Sauty de Chalon va cesser son activité.


Sauf que le plan de continuation décidé par le tribunal de commerce de Paris en novembre, certes préservait les intérêts des actionnaires mais aussi ceux des clients floués. Nous sommes dans le domaine commercial et comme l’écrit Boursier.com « Les actionnaires et les clients d'Héraclès, le holding des sites de vente de vin 1855 ou ChateauOnline, pensaient avoir échappé au pire en novembre, lorsque la société était sortie de redressement judiciaire via un plan de continuation, avec la promesse de nouveaux financements et d'un changement de management. Mais vendredi, coup de tonnerre : les dirigeants, l'administrateur judiciaire et le mandataire judiciaire ont demandé la liquidation judiciaire immédiate de la société et de toutes les structures juridiques du groupe. »


Le plan de continuation reposait sur un partenaire financier PLF1 qui n'a pas versé les fonds prévus. Ceux-ci devaient servir « à relancer l'activité sans délais et de bénéficier de la fin de l'année, traditionnellement favorable aux activités de vente de vin. En son absence, les stocks n'ont pu être constitués et les opérations commerciales ont été bloquées. »


Pour ce qui concerne la justice elle passer si la responsabilité des dirigeants est engagée « À ce jour, près de 11.000 créanciers ont été bernés par le duo Sauty de Chalon et Hyon. Et les pertes s’élèvent à plus de 40 millions d’euros. Pour autant les déboires judiciaires d’Emeric Sauty de Chalon et Fabien Hyon sont loin d’être terminés, car un volet pénal pourrait bien s’ouvrir dans les prochaines semaines, ainsi que d’autres actions visant à engager la responsabilité personnelle des dirigeants. »


Me Hélène Poulou, qui défend plus de 300 clients floués, a déclaré, après l’annonce de la mise en liquidation judiciaire des sociétés du groupe Héraclès (1855, ChateauOnline et Cave Privée) : « Enfin, une décision appropriée vient d’être prise. Il était temps ! Les sites vont être suspendus et cela met un terme à ces pratiques commerciales litigieuses. On va enfin pouvoir lancer les procédures en responsabilité contre qui de droit »


Clap de fin donc, pour la saga du «prestidigitateur de dettes Emeric Sauty de Chalon le roi du cache-tampon link


Affaire à suivre donc mais cette liquidation judiciaire devrait malheureusement sonner le glas des espoirs des clients floués...

Partager cet article
Repost0
12 janvier 2015 1 12 /01 /janvier /2015 07:00

10928872_10203858293553055_184719290831250334_o.jpg

 

Michel Houellebecq quitte Paris pour une destination tenue secrète et interrompt la promotion de son dernier livre Soumission. Il se dit « profondément affecté par la mort de son ami Bernard Maris » dans l'attentat contre Charlie Hebdo.


Nous venons de vivre des journées noires, et ça s’est passé dans la ville où je vis, ce Paris si souvent décriés. J’ignorais où se situais la rédaction de Charlie-Hebdo mais je passais très souvent à quelques encablures d’elle sur mon vélo. Ça ne change rien à l’horreur mais ça matérialise les faits.


Comme beaucoup de mes amis j’ai été saisi, incapable de faire autre chose que de faire le deuil, qui fut d’ailleurs un deuil national de 3 jours, de ces sacrifiés, connus et inconnus.


Pour tenter d’exorciser l’horreur j’ai écrit deux chroniques :


-         Donnons-leur un NOM : des LÂCHES link


-          Les morts de Charlie d’hier et d’aujourd’hui m’ont dépucelé la tête: merci à eux link


Et puis je me suis tu.


Mon ami Olivier Horiot vigneron aux Riceys nous a opportunément rappelé que l’horreur était aussi ailleurs : D’Olivier Horiot « Ils sont aussi Charlie » les agriculteurs de Mbaljouwel dont le village a été brûlé par Boko Haram 37 morts link


Sur mon mur de Face de Bouc je me suis contenté de publier les dessins des caricaturistes du monde entier, quelques témoignages et réflexions « Pourquoi les fanatiques détestent le rire »link qui me paraissaient dignes d’intérêt, puis le dernier jour des infos.


10897126_10203858495758110_2235259484088800082_n.jpg

 

Je dois vous avouer que l’attitude de certains m’a écœurée, commentaires stupides, indécents, tentatives de faire du Charlie, absence totale de retenue, et le pire une forme de récupération d’un esprit qui n’est pas le leur. Mépris profond !

 

Les sacrifiés de Charlie-Hebdo ne l'ont pas été parce que c'étaient des paillards buveurs et ripailleurs mais pour avoir osé caricaturer Mahomet, c'est contre la liberté d'expression que les lâches assassins ont agi, preuve s'il en est qu'elle existe dans notre pays. Ceux qui passent leur temps à écrire le contraire ne sont guère crédibles. La captation de l'héritage de Charlie est minable.


Nous allons marcher ce dimanche, pas manifester sauf notre compassion aux victimes et à leurs familles, proches et amis.


Je ne crois pas à l’unité, dite nationale, mais à une forme, même provisoire, de nous retrouver dans nos diversités au coude à coude en laissant de côté nos opinions divergentes. À chacun de choisir, ceux qui ne seront là pour s’afficher n’ont rien à y faire.

 

La présence de chefs d'Etat ne me dérange pas car ils représentent leurs peuples et non une tendance politique.


Voilà c’est écrit, par un étrange destin les deux dénouements se sont déroulés dans des lieux proches de là où j’ai vécu, ça me donnait le sentiment étrange d’une proximité avec la mort.


Aujourd’hui le cours de la vie reprend son lit habituel.


Alors j’ai choisi de revenir au vin, avec l’actualité que Jacques Dupont analyse bien à propos de l'ordonnance de référé rendue le 7 janvier par le tribunal de grande instance de Paris qui autorise le maintien des visuels de la campagne d'Inter Rhône et une interview de Stéphanie de Boüard-Rivoal, Directrice Générale adjointe du Château d'Angélus depuis 2012 sur le site commercial Grands Vins Privés. Sur cette dernière je ne ferai aucun commentaire car je vous laisse le soin de le faire.

 

1-      Côtes-du-rhône, tribunal et « goût de la vie » ! de Jacques Dupont du Point


En ces temps « déraisonnables » comme disait Aragon, l'information peut paraître dérisoire : le tribunal de grande instance de Paris autorise le maintien des visuels de la campagne de pub des côtes-du-rhône, même s'il demande un changement du slogan qui était le suivant : "Le goût de la vie." Assignée en référé par l'Anpaa (association nationale de prévention en alcoologie et addictologie) le 19 novembre 2014, Inter Rhône (interprofession des vins A.O.C. côtes-du-rhône et vallée du Rhône) remporte donc une demie victoire puisque les dessins « non dénués de qualité artistique », selon le tribunal, ne justifiant pas "un trouble manifestement illicite ou d'un dommage imminent présentant les mêmes caractéristiques que le juge des référés aurait le pouvoir de faire cesser ou prévenir" sont maintenus et que la couleur rouge, élément identitaire des campagnes Côtes-du-Rhône « se rattache en premier lieu à la nature du vin proposé par les professionnels regroupés dans l'association Inter Rhône lesquels produisent principalement du vin rouge, et que la campagne tend à associer dans l'esprit du public cette particularité à la région des Côtes-du-Rhône ». Encore une chance que le rouge soit reconnu comme une couleur « naturelle » possible du vin.

 

La suite ICI link

 

2-      Interview de Stéphanie de Boüard-Rivoal - Château Angélus - Château Angélus, plus qu'un mythe !

 

GVP : En trois mots, comment décririez-vous le vin du Château d'Angélus si c’était :

 

SBR :

 

- Un film ? Une fresque historique ou un film néo-réaliste dans l’esprit de Fellini

 

- Un voyage ? Une ascension himalayenne, une quête de grands sommets

 

- Un art ? Une peinture, impressionniste

 

- Une musique ? Le 24e caprice de Paganini : une technique impressionnante, de la fougue et une grande harmonie

 

- Un paysage ? Des collines verdoyantes, ondulantes, plantées de cyprès et traversées par une rivière. Un paysage de quiétude et d’harmonie

 

- Un grand personnage ? Alexandre Le Grand, un stratège toujours en mouvement

 

La suite ICI link

 

Nous venons d'avoir la confirmation, ‪#‎Wolinski‬ est bien arrivé au paradis.dédicace @Kersauson


B6_JKFlIUAAPNCs.jpg

Partager cet article
Repost0
12 janvier 2015 1 12 /01 /janvier /2015 00:09

drapeau.jpg

 

Hier, lorsque j’ai quitté à vélo mon XIVe ce qui m’a de suite frappé c’est le silence, un silence léger à peine troublé par le passage de rares autos, la ville semblait se recueillir. Tout au long de mon trajet vers la Place de la Nation ce n’était que marcheurs sur les trottoirs, longue cohorte convergeant vers les points de ralliement. Pour la première fois depuis que je vis à Paris, avec ma flèche d’argent j’ai enjambé la Seine en empruntant le pont Charles de Gaulle. Sans encombre j’ai gagné la Place de la Nation, tout le monde faisait attention à tout le monde, aucune bousculade, du respect mutuel. Et toujours cette forme de légèreté silencieuse flottant au-dessus de cette foule assemblée.


De partout ce n’était que flux humain, toujours paisible et tranquille, parfois crépitait une salve d’applaudissements. Impressionné. Impressionnant. Je remontais l’avenue Philippe Auguste noire de monde. Au carrefour un cordon de gendarmes dérivait, avec courtoisie et pédagogie, vers le boulevard de Charonne, le cortège qui avançait en rang serré. Et puis, là, face à la bouche de métro je tombais nez à nez avec la petite bande des belles du Lapin Blanc, emmitouflée car une petite bise tranchante balayait l’avenue. Nous n’avions ni pancarte, ni insignes, mais nous étions la marche et nous marchions.


Nous en étions de cet immense élan, nous femmes et hommes de bonne volonté, cohorte d’anonymes.

 

Mais pourquoi fallait-il en être, ici à Paris et ailleurs, en France et dans beaucoup de pays, me direz-vous ?


Pour une raison très simple : témoigner de ce qui nous rassemble : notre commune humanité. Celle à qui les lâches assassins ont déclaré une guerre impitoyable.


Notre côte à côte chaleureux de dimanche a été la preuve de sa richesse et de sa puissance à cette commune humanité et elle nous a donné le courage nécessaire pour défendre la liberté, nos libertés…


Et après !


Que feront-nous demain ?


Je ne sais, mais ce que je sais c’est que ça dépendra aussi de nous, de notre capacité à vivre ensemble dans une forme de respect exigeant et sans concession. La compréhension ne signifie pas faiblesse, nous sommes dans un État de Droit qui est le seul garant des libertés. Que celles et ceux qui s’en affranchissent sachent qu’ils devront s’y soumettre. Intransigeance nécessaire et salutaire pour rompre avec le repli communautaire.


Ma seule photo du jour illustre cette courte chronique : un drapeau qui avait flotté à une fenêtre lors de la Libération de Paris.


Il y eut aussi un selfie de notre petite bande mais là je ne publie pas car vous seriez jaloux 


B7F8BWcCIAAbWbG.jpg

Partager cet article
Repost0
11 janvier 2015 7 11 /01 /janvier /2015 07:00

Touché au cœur, je déjeunais avec une amie lorsque l’atroce nouvelle s’est affichée sur l’écran de mon IPhone. La suite n’est pas à écrire ici, ce n’est ni le lieu, ni l’heure, le métier de l’ombre a ses règles. Tout ce que je puis souligner c’est que ce pays tient debout n’en déplaise aux oiseaux de malheur qui se repaissent de nos lacunes, de nos lâchetés. Après le deuil, et je l’espère le sursaut de la part la meilleure de notre peuple, dans un recueillement intérieur, avec ma belle Émilie à mes côtés, je fais appel à ma raison. Je me plonge dans la lecture d’une analyse d’Olivier Roy, professeur à l’Institut universitaire européen, où il dirige le Programme méditerranéen. Spécialiste de l’islam internationalement reconnu, il est notamment l’auteur de L’Islam mondialisé (Le Seuil, 2002), Le Croissant et le chaos (Hachette 2007), La Sainte Ignorance (Le Seuil, 2008) et d’En quête de l’Orient perdu, entretiens avec Jean-Louis Schlegel (Seuil 324 p., 21,00 €).


« Pour simplifier (mais tout est simplification aujourd’hui), deux discours se partagent l’espace public. Le discours désormais dominant (même s’il prétend toujours s’opposer au « politiquement correct », alors qu’il est devenu « le » politiquement correct) considère que le terrorisme est l’expression exacerbée d’un « vrai » islam qui se ramènerait en fait au refus de l’autre, à la suprématie de la norme (charia) et au djihad conquérant, même si ces choix se font plus par défaut et par ressentiment que par certitude de détenir la vérité. En un mot, tout musulman serait porteur d’un logiciel coranique implanté dans son subconscient qui le rendrait, même modéré, inassimilable, à moins, bien sûr, de proclamer haut et fort sa conversion publique à un improbable islam libéral, féministe et « gay-friendly », si possible sur un plateau télé sous les coups d’un journaliste pugnace et intransigeant, lequel pourrait se rattraper de ses complaisances envers les grands « chrétiens » de ce monde. Cette demande de « soumission » est désormais récurrente (« pourquoi vous, les musulmans, ne condamnez pas le terrorisme ? »). Et c’est sans doute par antinomie que Michel Houellebecq invente la soumission à rebours.


Le deuxième discours, minoritaire et qui a du mal à se faire entendre, est celui que je qualifierais d’« islamo-progressiste », mis en avant par des musulmans plus ou moins croyants et par toute la mouvance antiraciste. Not in my name, « pas en mon nom ». L’islam des terroristes n’est pas « mon » islam, et ce n’est pas l’islam non plus, qui est une religion de paix et de tolérance (ce qui pose un problème d’ailleurs pour nombre d’athées d’origine musulmane, qui oscillent entre la surenchère dans la condamnation du fondamentalisme et la nostalgie d’un islam « andalou » qui n’a jamais existé). La vraie menace, c’est l’islamophobie et l’exclusion qui peuvent expliquer, sans l’excuser, la radicalisation des jeunes. Tout en participant au chœur du grand récit de l’union nationale, les antiracistes ajoutent un bémol : attention à ne pas stigmatiser les musulmans.


La juxtaposition de ces deux discours conduit à une impasse. Pour en sortir, il faudrait d’abord prendre en compte un certain nombre de faits, têtus, qu’on ne veut pas voir et qui montrent que les jeunes radicalisés ne sont en rien l’avant-garde ou les porte-parole des frustrations de la population musulmane, et surtout qu’il n’y a pas de « communauté musulmane » en France. » link

 

- Par bonheur tu es de retour, sans toi je serais désemparé, tu m’as manqué. Tu sais le manque, dans mon état, c’est un étrange mélange d’attente qui se veut sereine et d’impatience qui ne l’est pas.


J’avais débité cette phrase d’un trait, Émilie emmitouflée me souriait. Si elle n’existait pas je l’aurais inventée, alors m’enhardissant, je lui racontais que pendant son absence, je trompais le temps. Grignotais. Baguenaudais entre mes livres. Et je ne sais pourquoi j’étais tombé sur « Un endroit où aller » le grand roman de Robert Penn Warren, un romancier américain méconnu en France. Je disais à Émilie que cet exemplaire je l’avais acheté pour le Hopper de sa couverture. Il était tout défraîchi. Je l’avais ouvert. Le premier chapitre je le connaissais presque par cœur en dépit des années qui s’étaient écoulées depuis que je l’avais lu. Je l’avais relu d’une traite avec autant de plaisir. Allais-je en rester là ? J’avais faim. Rien, ou presque, dans le frigo. Je pestais contre mon imprévoyance. Il ne me restait plus qu’à aller grailler dans une brasserie près de la gare du Nord. Je déteste les brasseries d’aujourd’hui avec leurs plats réchauffés. Mon vélo, mon sac à dos, et je dévalais l’enfilade de rues qui mènent à Stalingrad.


La brasserie était quasi-déserte. Je m’asseyais sur une banquette et je commandais une choucroute avec une pinte de bière. C’était sinistre, comme-ci je me retrouvais abandonné de tous, exilé. Ça me donnait envie de me replonger dans mon Penn Warren. Le garçon était déjà de retour avec ma platée. Je l’ignorai. L’odeur acidulée de la choucroute mêlée à l’odeur grasse de la charcuterie me laissait indifférent. Je frissonnais. Une main invisible venait de me conduire là où je voulais aller depuis qu’Émilie était entrée dans ma vie.


« Je ne veux pas ici parler simplement d’attirance sexuelle. Je ne veux pas parler de l’automatisme rigide d’une habitude sexuelle bien établie. Je ne peux faire allusion à ce qu’on appelle « tomber amoureux ». Vous connaissez ces choses comme la plupart des gens. Ces choses existent dans le contexte de la vie et du monde tel que nous le connaissons. Ce dont je veux parler n’a aucun contexte, ça existe en soi ; c’est en soi un univers que cet élan qui se satisfait de lui-même »


Mon cœur cognait. Je touchais sans doute à la traduction de ce que j’étais en train de vivre avec toi.


« Vous êtes-vous jamais trop éloigné de la rive quand la houle est très forte après une tempête, et que la grande vague déferlante arrive sur vous avec fracas, vous dominant des tonnes de sa masse de marbre gris-vert, glacée et cependant en fusion, qui glisse vers vous car c’est bien de cela qu’elle a l’air avec sa frange emplumée d’écume qui fouette le bleu étincelant du ciel ? La masse se dresse et vacille sur le ciel juste au-dessus de vous. Vous savez que, si elle vous atteint dans sa chute, elle vous brisera les reins.


Mais plongez dessous. Percez-la. Entrez dans ses profondeurs. Insinuez-vous au plus intime de ses ténèbres frémissantes. C’est votre seul espoir. Alors vous entendez le fracas de la masse mortelle qui s’effondre derrière vous. Non, pas un bruit exactement ; une sorte d’exaspération des nerfs suivie par un silence, et dans ce silence vous entendez, littéralement maintenant, le grincement creux, susurrant, des galets écrasés au-dessous de vous dans la profonde aspiration de l’eau.


Ce dont je parle ressemble à cela. Si vous y êtes passé, vous comprendrez. Sinon, vous avez sans doute eu de la chance… »


Tu vois Émilie, contrairement à Jed Tewksbury le narrateur, et ses 17 ans, face à la très belle Rozelle Hardcastle, moi, au bout de ma vie, je vis ce moment avec toi, cet élan, comme un temps suspendu, incomparable, la plus belle chance de ma vie. Enfant, au bord de l’océan, je rêvais de me lover sous la peau de la mer et j’allais plonger sous les vagues en me disant que ma vie serait belle. Elle l’est c’est TOI.

 

Partager cet article
Repost0
11 janvier 2015 7 11 /01 /janvier /2015 00:09

fdef542b-e7ba-42d1-b750-56144e716b29.jpeg

 

Fernand Reynaud, en bon auvergnat, jouait à merveille « le pauvre paysan, ça eu payé, ça ne paye plus… », il n’est pas certain que son humour soit prisé de nos jours par les adeptes du vocabulaire émasculé. Bref, tout ça pour vous dire qu’il est des plantes humbles, pas très présentables, et qui sont pourtant pleines de ressources. La betterave, sous ses 3 formes, fourragère, potagère, sucrière, est de celle-là.


La Beta vulgaris est une racine charnue, légume pour les humains, fourrage pour les animaux et mère du sucre par la grâce de François Charles Achard, de Chaptal et de Napoléon 1er.


Bien évidemment, du fait de mes origines, c’est la betterave à vache que j’ai connu en premier, ou presque. En effet, l’un de mes grands plaisirs d’enfant était de faire tourner le grand volant de la trancheuse de betteraves du pépé Louis. J’aimais le rythme, le son des couteaux fendant la pulpe et les grandes tranches ovales humides. Il ne fallait pas grande chose pour nous émerveiller en ce temps-là.


Coupe-racine.jpgTrancheuse-a-Betteraves.JPG

 

Concurremment, le jardin du pépé Louis fournissait des betteraves rouges que, ma bonne cuisinière de mère, nous préparaient chaudes avec de la crème fraîche maison : tous les matins la tante Valentine actionnait l’écrémeuse qui tintait pour signaler l’arrivée de la crème.  Succulent ! Je reviendrai sur cette betterave qui retrouve des couleurs, si je puis dire, sous l’impulsion de certains chefs.


La betterave sucrière je l’ai découverte, elle, au 78 rue de Varenne, avec le lobby le plus puissant, car le plus argenté, celui du sucre. La CGB, les planteurs, était présidée par Georges Garinois, 15 ans à la tête de ce puissant syndicat (1977-1992) qui, avec celui des céréaliers, dominait la FNSEA : faiseurs de présidents.


Le système des quotas sucriers A, B, C négocié à Bruxelles était une petite merveille de protectionnisme à la sauce libérale qui avait permis à la France de disposer l’une des plus puissantes au monde industrie du sucre, qui ne souvient pas des petits dominos de sucre Béghin-Say.


Say-1.jpg

 

Ces gens-là savaient y faire à Bruxelles comme à Paris, discrets, efficaces, pas du tout bling-bling, des pros du lobbying quoi.


Dans ma carrière de faiseur de discours, en lieu et place de mes chers Ministres, celui que j’ai prononcé en 1991, au Palais des Congrès de Paris, devant un milliers de congressistes de la CGB est resté gravé dans ma mémoire. Le président Garinois n’aimait guère le Président de la République de l’époque et, dans son discours, sans notes, avaient lourdement moqué le couple Kohl-Mitterrand. J’étais doté par les services d’un merveilleux discours technique. L’horreur absolue que de faire des figures imposées sur les quotas. Par bonheur le président Garinois aimait discourir ce qui me laissa le temps de prendre la décision qui s’imposait.


Applaudissements nourris pour le Président qui entamait son dernier mandat. Je monte à la tribune avec mes feuillets mais au lieu de les poser sur le pupitre je les tends au Président Garinois en lui disant « je vous confie ces pages qui feront le suc du rédacteur-en-chef du Betteravier Français… » Rires dans la salle, ce qui était déjà une performance de la part d’un représentant d’un Ministre de Gauche.


Et je me lançai dans une improvisation qui répondait point par point à l’ironie de ce cher Garinois. Je mouillais le maillot, soulignant à plaisir le génie des sucriers à se préserver de la concurrence du sucre ACP ou du fameux aspartam… La salle surprise par mon audace m’écoutait. J’en profitais pour lancer quelques piques sur la nécessaire évolution des prix face à la concurrence de l’éthanol. Bref, je ne fis aucune concession et, à ma grande surprise, je fus applaudi chaudement. Rassurez-vous c’est plus la performance que le fond de mes propos qui déclencha ces bravos. Le Betteravier Français me consacra même son édito ce qui bon pour l’ego.


L’histoire de la betterave sucrière fait partie du génie français link


Dès la fin du 16ème siècle, simple curiosité de botaniste, Olivier de Serres observait que la betterave  possédait un jus qui, en cuisant, ressemblait au sirop de sucre issu de la canne.


C’est en 1747, qu’en Allemagne, Andréas Sigismund Marggraf parvenait pour la première fois à cristalliser, en laboratoire, du sucre de betterave et ce fut François Charles Achard qui consacra sa vie scientifique à appliquer industriellement la découverte. « En 1799, il produit des pains de sucre, comparables à ceux issus de la canne et en 1801, il crée la première fabrique de sucre de betterave du monde, en Silésie. »


Au début du XIXème siècle une véritable « saccharomanie » s’empare, en Europe, des  chimistes, pharmaciens, agronomes qui, tous essayent d’extraire du sucre à partir de la betterave.


« Au cours de la première décennie du XIXème siècle, les deux premières fabriques métropolitaines sont établies en région parisienne à Chelles et à Saint-Ouen. D’autres fabriques sont créées dans la Somme, dans l’Aisne et le Pas de Calais. La naissance de la sucrerie de betterave est donc l’aboutissement d’un long processus de maturation scientifique et intellectuelle, concrétisant une idée qui était « dans l’air » depuis plusieurs années.


Mais c’est le blocus continental, instauré en 1806 par Napoléon 1er, qui va engendre une guerre économique contre le commerce anglais et rendre nécessaire le remplacement des produits coloniaux, comme le sucre de canne.


« En 1811,  Le Ministre Montalivet  présente à Napoléon 1er des pains de sucre, fabriqués par le chimiste et pharmacien de l’Empereur, Deyeux.


Napoléon, voulant  favoriser le développement de cette production et avec l’influence décisive du chimiste Chaptal, signe le 25 mars 1811 un décret ordonnant la mise en culture de 32 000 hectares de betterave.

 

 

Ce jour-là : le 2 janvier 1812


« Dans sa  raffinerie de sucre de canne de Passy,  Benjamin Delessert, jeune botaniste  et industriel français,  essayait depuis plusieurs années de fabriquer industriellement du sucre de betterave avec l’aide de l’un de ses ouvriers,  J-B. Quéruel. Leurs  efforts sont enfin récompensés dans les derniers jours de 1811 et le 2 janvier 1812, il en informe Chaptal. Ce dernier avertit aussitôt l’Empereur et Napoléon, ravi, s’écria « il faut aller voir cela, partons ».


Après avoir constaté par lui-même les résultats obtenus, Napoléon 1er s’approcha de Benjamin Delessert et dans un élan d’enthousiasme et de reconnaissance, il détache la croix de la Légion d’Honneur, qu’il portait sur la poitrine et la lui remit. (l'illustration de la chronique)


Le 6 janvier 1812, Chaptal fait un rapport à l’Empereur sur la fabrication du sucre de betterave et le 15 janvier 1812, ce dernier,  pensant détenir avec la naissance de la  sucrerie métropolitaine, une carte maîtresse  dans sa lutte économique contre l’Angleterre, signe un nouveau décret, qui ordonne cette fois la mise en culture de 100 000 hectares de betteraves et qui prévoit  la création de 5 écoles de sucrerie et  accorde 500 licences pour établir de nouvelles fabriques.


Quelques années plus tard, Benjamin Delessert revendra sa fabrique de sucre à la famille Say et se consacre à son autre activité industrielle, la filature de coton. »


Mais revenons un instant à la betterave pour bipèdes :


-         Un grand classique : la mâche betterave link


3Betteraves

photo je mijote link


-         Un must : la betterave jaune-ricotta restaurant Yard


betterave-jaune.jpg


-         Un grand retour : la soupe de betteraves in Régal


betterave-soupe.jpg

 

Bon appétit et pour la SOIF c’est « Le Clou 34 » l’aligoté de Claire Naudin… qui n'est pas chaptalisé bien sûr 


le-clou-34.jpg

Partager cet article
Repost0
10 janvier 2015 6 10 /01 /janvier /2015 00:09

7 (1)

 

La vie continue...

 

Sur les réseaux sociaux le fin du fin est de basher, de l’anglais bash : frapper, tabasser, critiquer vertement… Bien évidemment, l’une des têtes de turc les plus prisées dans ce jeu de massacre est notre Président…


Pourquoi pas, ce n’est pas nouveau, autrefois dans les foires et les fêtes foraines, les jeux de massacre issus des jeux de Passe-boules permettaient de se révolter sans risques contre l’ordre établi.


141

 

Il s’agissait d’abattre, à l’aide de balles en chiffon garnies de son, des têtes caricaturées de bourgeois, de juges, de gendarmes ou d’homme politiques. Il y eut même des cibles vivantes : de jeunes gens acceptaient pour un salaire dérisoire de recevoir, non sans risque, une balle sur leur visage grossièrement maquillé.


Jeux d’adresse * donc, mais le corollaire était, bien sûr, qu’il fallait être adroit pour emporter le lot de pacotille proposé par le forain. Se défouler est à la portée de n’importe qui, gagner est une autre paire de manches.


Et c’est là que, sur les réseaux sociaux, le bas-blesse car en effet y fleurissent, si je puis m’exprimer ainsi, des plumes bien médiocres tenues par des aigres, des frustrés, des à ego surdimensionné, des Pr Choron d’occasion, des tout le monde et des n’importe qui, qui ne peuvent prétendre à jouer dans le registre d’un Desproges ou d’un Coluche.


Ça vole souvent très bas.


Consternant, je dirais même con tout court… Mais, que voulez-vous, les vents ça ne fait que du vent, du trafic quoi, de la « notoriété » à deux balles dans le cercle étroit de ses « amis » de Face de Bouc.


En écrivant ceci je ne joue pas les mijaurées, les cul-pincés ou les c’était mieux avant car moi aussi j’ai mes têtes mais ne comptez pas sur moi pour vous dire lesquelles.


Avoir ses têtes : « Préférer certaines personnes à d'autres, avoir ses aversions personnelles…


« Il a ses têtes, la concierge de l'école maternelle, un camionneur du Vaucluse et Julius. Celui-là il ne peut pas le blairer »

 


Ce goût immodéré de l’exécration affiché, développé jusqu’à plus soif par certains, ne m’étonne pas car il relève d’une forme de posture bien commode qui évite aux intéressés de se remettre en question. Comme le disait ma grand-mère de se regarder dans la glace. Ces autres sur lesquels ils frappent à bras raccourcis, aussi puissants, aussi exécrables qu’ils fussent, sont aussi très souvent le reflet de la face caché, l’impuissance, de ces adeptes du bashing.


Liberté, liberté chérie, les réseaux sociaux ouvrent grande la fenêtre de la liberté d’expression de tout un chacun et ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre. Simplement il faudrait tout de même que ces pourfendeurs évitent d’avancer masqués, de ne présenter que le côté lumineux de leur face. Les personnages publics sont, à juste raison, appelés à la transparence, demander aux redresseurs torts d’afficher autre chose que des bribes de CV me paraîtraient de bonne et saine politique.


Ce n’est qu’un vœu, sans doute pieu mais savoir à qui on a affaire est, pour une conversation, un échange, une controverse, la moindre des politesses dans une société qui se dit civilisée.


Le mécontent solitaire qui se payait une partie de jeu de massacre, à la fête votive du village ou à la Foire du Trône, se défoulait sous le regard de ses copains et de quelques badauds rigolards alors que le bashing sur la Toile entretien un étrange climat où, la soi-disant ironie, le second degré ou autre méchanceté prennent souvent des relents nauséabonds, une forme de haine ordinaire…


Mon code déontologique sur Face de Bouc est simple et clair :


-         Je ne participe plus aux empoignades factices sur les murs des spécialistes des jeux de massacre…


-         En cas de récidives notoires je vire de mes « amis » ceux qui dérapent…


-         Je vire les coucous qui squattent mon mur.


-         Je poste sur mon mur des informations de bonnes sources, des caricatures de gens de talents, des photos, des vidéos, et mes chroniques bien sûr.

 

- Je continuerai de moquer le minuscule bal des vanités de Savonarole en vieux cashmere et de révoltés récupérés pour un plat de lentilles...


« Un peu de douceur dans ce monde de brutes… »

 

 

* « LES JEUX D’ADRESSE : les plus simples sont les chamboul-tout ou casse-boites invitant le joueur à abattre une pyramide d’objets. Perfectionnées, les boîtes se transforment en plateau de garçon de café. Il faut alors abattre verres et bouteilles.



* Jeu de massacre politique La bande à Hitler Jeu complet de quarante têtes caricaturant ennemis et collaborateurs Bois sculpté en ronde bosse polychrome France, vers 1946 (fentes, meuble de présentation moderne) Haut.: entre 25 et 30 cm Inventaire de la collection n°298 Sorti juste après la libération, ce jeu de massacre destiné à assouvir des pulsions vindicatives, rassemble autour d'un Führer - multiplié en plusieurs exemplaires et associé à l'effigie du diable - certaines figures de l'Allemagne nazie aux côtés de Mussolini et d'une partie du gouvernement de Vichy (Pétain, Laval...) entourés de toute une équipe de collaborateurs


 

Partager cet article
Repost0
9 janvier 2015 5 09 /01 /janvier /2015 00:09

 BOKO2

 

J’ai reçu ce message de mon ami Olivier Horiot vigneron des Riceys :


Coucou à tous,


Nous sommes tous Charlie ici, mais la situation n'est pas joyeuse au Sahel non plus chez nos amis de Maroua (les agriculteurs que nous aidons avec notre association champenoise « la Vigne du Partage »link).


En pièce jointe, pour info donc, et si jamais leur écho pouvait s'entendre jusqu'ici afin de ne pas les oublier.


Gardons les yeux ouverts, bon courage !


Bises à tous depuis la rue ... de Bise


Et meilleurs veux, malgré tout, à ceux que je n'ai pas encore croisé.


Fil


Sincèrement,


Olivier HORIOT


horiot2.jpg


 BOKO3.jpg

 

Objet: Situation de Mbaljouwel dans la paroisse de Nguetchéwé


 

Les attaques lâches et barbare contre Charlie Hebdo en France perpétrées par les extrémistes islamistes, nous rappelle la situation que nous vivons chaque jour dans la région de l'Extrême-Nord. Nous avons l'impression que la méchanceté gratuite veut prendre le dessus sur la liberté dans notre monde. Cela n'est pas acceptable. La terreur et l'obscurantisme ne peuvent pas diriger notre monde.


Je tiens à vous partager en fichier joint, un document présentant une situation que nous venons de vivre dans notre diocèse. Cela nous inquiète énormément.


Merci pour vos prières afin que la paix reviennent dans notre monde et spécialement dans notre région de l'Extrême-Nord Cameroun.


Bonne et Heureuse année 2015.


 Edouard Kaldapa


Secrétaire de la Caritas Maroua-Mokolo


         CARITAS MAROUA-MOKOLO


Diocèse de Maroua-Mokolo

B.P : 49  Maroua

Tél : (237) 22 29 18 12 / 99 86 99 31

Email : caritasmarouamokolo@yahoo.fr

 

BOKO4.jpg

 

Situation des attaques de Baljouwel dans la paroisse de Nguetchéwé

 

Suite à notre visite du 3 janvier 2015

 

 

Les périodes de fête de Noël se sont révélées être dramatiques pour de nombreuses populations de Mayo-Tsanaga et du Mayo-Sava. L'attaque de Baljouwel  du 26 décembre 2014 dans l'arrondissement de Mayo-Moskota (paroisse de Nguetchéwé) perpétrée par des éléments armés attribués à la secte islamiste Boko Haram a créé une panique générale au sein des populations. Au moment où l'insécurité monte en intensité, une psychose gagne l'ensemble des populations de la Région de l'Extrême-Nord Cameroun. La zone autour de Nguetchéwé, à une trentaine de kilomètres à l'intérieur du territoire Camerounais s'est révélée être le principal théâtre des opérations de la secte islamiste. La menace n'est plus seulement aux frontières, mais se trouve désormais à l'intérieur du territoire Camerounais.


Notre descente sur le terrain dans les villages sinistrés et nos divers entretiens avec les autorités locales justifient la présente note qui fait un point sur la situation d'insécurité dans la zone.


 

La situation actuelle des attaques :


Depuis juillet 2014, des attaques ciblées se multiplient contre des personnalités gênantes pour la secte islamiste Boko-Haram dans la zone de Ngeutchéwé. Ces attaques montent en intensité depuis le 21 décembre 2014. Le cas emblématique reste l'attaque spectaculaire du village Baljouwel  par les éléments de la secte islamiste Boko-Haram.


En effet, Baljouwel  est un village enclavé perdu dans la brousse à 7 km à l'Ouest de Nguetchéwé et 11 km de Mozogo, le chef-lieu d'arrondissement du mayo-Moskota. Le village est inaccessible en véhicule 4 roues, les pistes qui le traversent font de ce village, un village carrefour et un dernier verrou  avant la ville de Mozogo. Peuplé d'environ 650 habitants, essentiellement composés d'agriculteurs non musulmans, ils sont perçus comme des traitres qui renseignent les autorités sur les mouvements des éléments de la secte dans leurs zones.


Ainsi, dans la nuit du 26 décembre 2014 aux alentours de 19h, plus d'une centaine de personnes armées, dont plusieurs enfants d'environ 12 ans, probablement appartenant à la secte islamiste Boko-Haram ont pris d'assaut le village. Sans raison connue, scandant "Allahu akbar", ils ont encerclé le village, puis se sont mis à piller les maisons en emportant les chèvres et moutons avant de mettre feu et tuant tous les hommes. L'essentiel des personnes tuées sont larguées dans les flammes. Plusieurs familles ont été bloquées et consumées par les flammes. L'alerte donnée par les survivants n'a rien donné. Les assaillants ont opéré tranquillement jusqu'à 23h avant de répartir vers le Nigéria. Ils se sont permis de se faire accompagner de quelques jeunes filles et femmes pour les aider à conduire les animaux jusque dans les environs du village Djibrili. Après avoir tergiversé entre eux s'il faut les emmener ou non, craignant de se faire repérer par les forces de l'ordre, ils décident de les renvoyer. Faute d'effectifs suffisant de l'armée dans la zone et en raison de son enclavement, le village n'a pu être secouru ni pendant, ni après les attaques. Ils sont abandonnés de tous à leur triste sort.


Le bilan de cette attaque est très lourd: 37 morts brulés par le feu, toutes les 137 maisons du village brulées avec tous les biens familiaux (épargne, vêtement, pièces officiels, récoltes, etc.), tous les animaux emportés, population traumatisée et en fuite. Les récoltes qui viennent d'être achevées (mil, arachides, haricots, coton, etc.) sont totalement brulées.


selon les survivants, ces personnes connaissent très bien le village. Ils appelaient certaines personnes par leurs noms. Ces crimes odieux resteront bien sûr impunis, puisque aucune enquête n'est pour le moment diligentée. Cette méchanceté reste difficile à comprendre.


Les attaques de même ampleur ont eu lieu successivement dans les villages de Zénémé (24 maisons brulées et 3 morts), Hodogo (10 maisons brulées), Goldavi (1 maison brulée), Tala-Gozélé et Vouzi (27 maisons brulées et 1 mort).


Le trait commun entre ces villages est la non appartenance des habitants à la religion musulmane. Il est évident qu'il n'ya pas de guère entre les religions au Cameroun. Toutefois, les communautés musulmanes constituent le vivier principal de recrutement de la secte islamiste et ceux qui s'y opposent subissent la même violence. Les victimes commencent à soupçonner une complicité ou une "béhachisation ou bokoharamisation massive"(c'est-à-dire devenir membre de Boko Haram) des populations dans les villages en majorité musulmane dans la zone. Ces déclarations se justifient selon eux par le fait que les terroristes traversent certains villages pour attaquer d'autres.


Les inquiétudes grandissantes des populations:


Les attaques des villages et des marchés en plein jour par des éléments terroristes ont créé une grande psychose dans la population des arrondissements de Koza et Mayo-Moskota. Les populations non musulmanes des villages attaqués et de villages voisins fuient les villages pour se réfugier dans les villes de Mozogo, Moskota, Koza, Mokolo, Maroua. Les structures sociales telles que les écoles, les centres de santé, les marchés sont complètement fermées dans la zone. Les plus nantis mettent leur famille en sécurité loin des théâtres des opérations.


Les attaques successives du marché de Kuyapé qui se sont soldées par des morts et le pillage des commerçants renforcent ces craintes.


Il est désormais évident que Boko Haram se trouve à l'intérieur du territoire Cameroun. Comment comprendre que certains villages tels que Bornori, Djibrili, Talakatchi, Chérif-Moussari, Zénémé, Gouzda Vréket, Goldavi, Talkomari, Kuyapé, Nguetchéwé ne sont pas inquiétés et régulièrement traversés par les membres de la secte islamiste pour perpétrer des exactions plus loin. ont-ils déjà fait allégeance à la secte islamiste Boko-haram? Dans tous les cas, il y a des fortes complicités dans ces villages, ce qui rend difficile le travail des forces armées pour protéger les populations. Il est urgent de pacifier et sécuriser la zone.


BOKO5.jpg

 

Les mesures humanitaires urgentes à prendre:


A cause de ces attaques, les survivants des villages brulés sont aux abois et dans le dénuement total. Ils manquent d'abris, de vêtement, de nourriture. L'accès aux soins de santé est inexistant. Leurs enfants en âge scolaire sont dans la rue. Ils ont plus que jamais besoin de la solidarité agissante des autres.


Jusqu'à ce jour, les sinistrés de ces différents villages n'ont bénéficié d'aucune assistance. Il est donc urgent d'organiser une assistance à ces populations d'environ 2000 personnes. Leurs besoins concernent l'alimentation, les abris, les vêtements, les couvertures, l'éducation des enfants, l'accès aux soins de santé, carte nationale d'identité, actes de naissance.


Dans les 6 mois à venir en période de soudure, une famine de grande envergure est à redouter dans les départements du Mayo-Sava et du Mayo-Tsanaga. Les récoltes ont été détruites dans plusieurs villages et l'élevage est quasiment anéanti. Il s'agira de venir en appui à l'ensemble de la population déplacée qui touche plus de 200 000 habitants. L'aide alimentaire est donc nécessaire.


         Fait le 5 janvier 2015

 

Le secrétaire de la Caritas

 

BOKO6.jpg

Partager cet article
Repost0
8 janvier 2015 4 08 /01 /janvier /2015 14:12

4551819_6_4653_2015-01-08-78730c9-14051-dh8p5o_2c00e947bfa9.jpg

 

Affirmer, en ces jours noirs, qu’avoir 20 ans en 68 c’était les beaux jours de sa vie, ça fait très vieux con.


Charb avait alors 1 an, Tignous 11 ans, Maris 21 ans Reiser 27 ans, Cabu 30 ans, Wolinski 34 ans, Cavanna 45 ans…


Du talent, des talents, de l’irrévérence, de l’impertinence, de la saine grossièreté, loin de la trivialité, une férocité de trait ou de plume dans un gant de douceur, des éclaireurs, des téméraires, des bons-vivants, des malappris, des érecteurs de vérité, des semeurs à tout vent de liberté, ils m’ont dépucelé la tête.


Le premier à se tirer, en 1983, bouffé par ce putain de chancre fut Reiser que j’aimais tant…


Puis au début de 2014, ce fut au tour de François, le Rital, de tirer aussi sa révérence, un putain de sacré bon écrivain ce Cavanna.


Et puis ce funeste matin du 7 janvier 2015 vint, de lâches cagoulés, caparaçonnés, après avoir exécuté froidement 12 innocents ont proclamé dans leur fuite avoir tué Charlie.


Bande de tarés !


Charlie est, et sera toujours vivant, mais vous avez fauché la meilleure part de ma jeunesse, des mecs qui en faisant sauter la chape de plomb d’une France bien-pensante, confite dans les bondieuseries, l’ORTF, Michel Droit et autres censeurs, m’ont oxygéné la tête.


Je ne vous hais pas, je vous méprise.


Orphelin de ceux qui m’ont dépucelé la tête je suis triste et meurtri.


Je les pleure aussi.


Être privé de Bernard Maris le vendredi matin sur France-Inter c’est pour moi une amputation de la pensée libre, ouverte, paradoxale et original.


Adieu oncle Bernard je t’aimais bien.


Il en est qui devraient fermer leurs grandes gueules et se faire tout petit car ils n’ont jamais été du côté des combats des braves de Charlie. Déjà insidieusement fleurissent des écrits vénéneux par ceux qui croient au ciel comme ceux qui n’y croient pas.


Lisez ceci avant de continuer à nous saouler avec vos savantes analyses :


« Ils étaient tous là, ou presque. Comme tous les mercredis. Réunis entre chouquettes et croissants autour de la grande table ovale qui occupe toute la pièce pour la conférence de rédaction. Un rituel immuable depuis la création de Charlie Hebdo. A gauche, comme toujours, Charb, le directeur de la publication. Ce mercredi 7 janvier avaient pris place à ses côtés les dessinateurs Cabu, Wolinski, Tignous, Honoré et Riss, les rédacteurs Laurent Léger, Fabrice Nicolino et Philippe Lançon, l’économiste Bernard Maris ou encore les chroniqueuses Sigolène Vinson et Elsa Cayat.


La conférence de rédaction débute généralement à 10 h 30 et s’anime rapidement à la faveur de quelques blagues grivoises. Un seul sujet tabou : la machine à café, parce qu’elle ne marche jamais. Aux murs sont épinglées quelques « unes » mythiques du journal satirique : celle de « Charia Hebdo », qui avait motivé l’incendie criminel ayant ravagé les anciens locaux de l’hebdomadaire, en novembre 2011, une autre sur Marine Le Pen illustrée par une « merde » sur le drapeau français, une caricature du pape dénonçant la pédophilie dans l’Eglise, un Sarkozy grimaçant…


La réunion se finit quand elle finit, c’est-à-dire quand il est l’heure d’aller casser la croûte aux Petites Canailles, un bistrot de la rue Amelot, dans le 11e arrondissement de Paris. »

 

La suite ICI link

 

Orphelin certes je suis mais je reste optimiste Charlie a fait de beaux et talentueux petits et des vieux cons comme moi en seront croyez-moi.


« Comme aurait dit Cabu, il faut qu'on sorte un journal encore meilleur, donc on va le faire, je sais pas comment, on va l'écrire avec nos larmes »


J’embrasse fort tous ceux qui partageaient la vie des 12 sacrifiés, la vie continue, debout…


Et Dieu dans tout ça ?


« Si Dieu descendait sur Terre, tous les peuples se mettraient à genoux, excepté les Français qui diraient : « Ah ! Vous êtes là ! Ce n’est pas trop, tôt ! On va pouvoir discuter un peu ! »


Paroles d’Anglais, lord Balfour.


B61IshuIUAErbMP.jpg

Partager cet article
Repost0
8 janvier 2015 4 08 /01 /janvier /2015 00:09

B6wwiJvCEAAyodV.jpg

 

« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde », disait Albert Camus.


Donnons-leur un NOM : des LÂCHES


MAIS NE RIEN CHANGER... MARCHER DANS LA RUE... NE RIEN LEUR CÉDER... PLEURONS… RIONS… RÉSISTONS…


« Ils voulaient mettre la France à genoux, ils l’ont mise debout »


« Cet après-midi, la réponse apparaît dans son évidence : ce qui nous rassemble, c’est notre commune humanité, elle à qui les assassins ont déclaré une guerre impitoyable. Elle est riche et puissante, cette commune humanité, elle nous donne le courage nécessaire pour défendre la liberté. » Axel Kahn


« Ils ont pris la foudre pour nous » a dit Borloo, adieu à tous, les inconnus, les connus, le doux Cabu, le paillard Wolinski, le brillant Bernard Maris, les jeunes Charb et Tignous


On ne tue ni l’irrévérence, ni l’impertinence, ni l’intelligence…

 

Silence pour ceux qui sont morts…


 

B6xNfuHCAAE_xRX.jpg

B6xSgIyCIAAjlO8.jpgB6xBqcWCYAAyW0b.jpgB6xl0ztCcAAtmDy.jpgB6wQ2MIIYAEAE3M.png

Partager cet article
Repost0

  • : Le blog de JACQUES BERTHOMEAU
  • : Espace d'échanges sur le monde de la vigne et du vin
  • Contact

www.berthomeau.com

 

Vin & Co ...  en bonne compagnie et en toute Liberté pour l'extension du domaine du vin ... 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



 

 

 

 

Articles Récents