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6 février 2015 5 06 /02 /février /2015 00:09

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Qu’il est doux d’avoir de  bonnes amies qui vous prêtent des livres, Claire de la cantine d’altitude est de celles-ci. Avant même d'en avoir terminé la lecture, connaissant ma boulimie « Gutenbergienne », elle m’a confié « L’art de l’ivresse » poèmes chinois traduits et présentés par Hervé Collet et Cheng Wing Fun chez Albin Michel.  


Ils écrivent dans leur préface « Pour le poète chinois de jadis, le vin est aussi important que l’encre ou le pinceau. L’ivresse qu’il procure permet de s’accorder au cours naturel des choses (tao), d’entrer en communion avec les circonstances, d’être en phase avec le flux de l’instant éternellement présent. « Hic et nunc », comme dit le latin avec un sens évident de l’onomatopée. On dit souvent que le vin que le vin permet d’oublier. Il permet en effet d’oublier le passé, l’avenir, et de se consacrer entièrement au présent, dans une merveilleuse contemplation du monde. »


C’est le père Rigaud qui va être content, il va peut-être porter l’affaire devant les tribunaux pour incitation à lever le coude. Je compte sur le Jacques Dupont pour plaider la défense de Liu Ling, l’un des 7 sages de la Forêt de bambous, cette joyeuse compagnie de lettrés excentriques d’inspiration taoïste. « Liu Ling reste à jamais gravé dans les mémoires comme le plus grand buveur de l’empire du Milieu. »


Dans les nouveaux Propos et anecdotes du siècle, un recueil du 5e siècle, on rapporte à son sujet : « Liu Ling s’abandonnait souvent au vin. Libre et exubérant il se déshabillait et se promenait nu dans sa maison. À ceux qui lui rendait visite et l’en blâmaient il répondait : « je prends ciel et terre pour maison et ma maison pour pantalon. Qu’avez-vous donc messieurs à entrer ainsi dans mon pantalon ? »


En buvant du vin


dans le jardin à l’est il y a un pin vert


quand la végétation est luxuriante, sa belle allure


          est engloutie


mais lorsqu’il gèle, que tout le reste est flétri,


majestueusement apparaissent alors ses hautes branches


un pin au milieu de le forêt, personne


      ne le remarque


tout seul, il inspire l’admiration


j’emporte une gourde de vin et l’accroche à


      une branche froide


la vie s’écoule au milieu du rêve et de l’illusion


pourquoi rester prisonnier des filets du monde


      de poussière ?


Devant le vin


du vin de raisin dans des coupes en or


une belle de Wu de quinze ans, sur un cheval


     nain


ses sourcils peints d’indigo, ses bottes de brocart


     rouge


elle trébuche sur les mots, mais espiègle chante au banquet raffiné, ivre elle se

 

serre contre moi

 

« derrière la tenture aux nénuphars, je ne saurais te résister »


Inscrit sur le kiosque montagnard de l’ermite Ch’ui (Chan Chi)


un sentier dans les pivoines, la mousse est rouge


     vif

 

une fenêtre en montagne, emplie de bleu


    émeraude

 

je t’envie, ivre au milieu des fleurs,


papillon voltigeant dans le rêve


Inscrit dans ma cave à vin


je suis comme une grue sauvage qui s’est échappée


     de sa cage,


un frêle esquif dérivant au gré du vent


quand je me sens triste, je me rends dans un lieu


     animé


j’ai installé mes vieux jours dans la tranquillité


mon corps, que pourrait-il demander de plus ?


le ciel est généreux envers le vieillard


le vieillard, qu’a-t-il donc fait pour mériter, ainsi,


que sa cave à vin ne soit jamais vide ?


Le banquet vient de se terminer


le petit banquet en quête de fraîcheur vient


    de se terminer


traversant le pont en planches, je rentre


     sous la lune


dans le pavillon, les orgues à bouche


    et les chansons se sont tues


on descend les torches du belvédère


c’est la fin de la chaleur, les cigales semblent


      pressées d’en finir


le nouvel automne ramène les oies sauvages


pour accueillir le sommeil naissant


avant de me coucher je bois une dernière coupe


Quémandant du vin (Yao He)


j’entends dire que tu as du bon vin


il serait avec moi en bonne compagnie


il doit déborder de la jarre, limpide


    comme de l’eau de source,


et coller à la coupe, presque comme de l’huile


non seulement il doit guérir les anciennes


     maladies,


mais aussi susciter de nouveaux poèmes


ce ventre rebondi, au bout du compte,


n’est rien d’autre qu’une jarre qui ne demande


      qu’à être remplie


Au kiosque du sud (Chao Ku)


le kiosque, dissimulé au milieu d’une profusion


     de fleurs, est désert


mélancolique, je réalise qu’il n’y a personne


     avec qui partager l’ivresse


j’écoute se dissiper la cloche du crépuscule, seul,


    assis


au bord de l’eau le vent printanier soulève les pans


    et les manches de mon vêtement


Sur le fleuve, bloqué par le vent


crépuscule de printemps, l’eau et le ciel


     sont sombres, le froid vif


une pluie fine, on ferme l’auvent et la lucarne


     de la barque


j’entends quelqu’un dire que le vin du pêcheur


      est juste mûr


le soir me ravit la tempête qui se lève


Invitation à boire (Li Ching-fang)


de celui qui n’est pas ivre  devant les fleurs,


les fleurs doivent sans doute se moquer


seul m’inquiète la pluie qui ne cesse


    de toute la nuit


un nouveau printemps est sur le point de passer


des affaires quotidiennes je ne vois pas le bout,


cet humble corps a ses limites


s’il n’y avait une coupe de vin,


comment se manifesterait ma nature véritable ?


Je viens de me réveiller (Yong Tao)


dans mon cœur la joie a momentanément


     chassé la tristesse


ivre je m’allonge, le vent frais effleure la natte


      d’automne en bambou


au milieu de la nuit je me réveille, dégrisé


       du vin nouveau


un croissant de lune est arrivé jusqu’à


       mon chevet


Laissant aller mon pinceau


l’hôte de la Pente de l’est, vieillard malade


     et solitaire


barbe blanche clairsemée, pleine de givre


     et de vent


mon fils, heureux de voir que mes joues


      sont encore rouges, se trompe


je ris, il ignore que c’est le vin qui m’empourpre


Le petit kiosque sur le lac


les raisins commencent à s’empourprer, les kakis


     deviennent rouges


accoudé à la balustrade du petit kiosque,


      un vent de dix mille li


il n’est guère étonnant que depuis cette année


      ma capacité en vin ait augmenté


ici je puis atteindre la grand vide

 

Cette anthologie paraît pour la première fois en format poche et c’est un livre indispensable. 8,50 euros


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5 février 2015 4 05 /02 /février /2015 00:09

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Avec ce temps enfin d’hiver, pour chevaucher ma flèche d’argent, emmitouflé je suis, même la goutte au nez, et, lorsque j’arrive dans la caverne exquise d’Alessandra, tout près de l’église ND de Lorette, je goûte la douce chaleur du lieu, aussi bien celle des sourires que des calories.


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Je viens récupérer un précieux et rare flacon et je tombe nez à nez en entrant avec les Croxetti d’Alessandra, pour être franc je découvre une petite affichette où tout est dit sur les Croxetti.


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Pas le temps de respirer que me voilà embarqué dans une dégustation, sous les voutes de la belle cave de RAP, avec Loffredo Sabino vigneron à Pietracupa près d'Avellino, dans l’arrière-pays de la Campanie.


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Mais revenons d’abord aux croxetti ou corzetti qui font battre mon cœur d’ex enfant de cœur : pensez donc ces pâtes, les plus classes d’Italie selon Alessandra, ont la forme d’une hostie (2,5cm de Ø) décorées de motifs apposés à l'aide d'un poinçon en bois réalisé à la main.


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Alessandra est Génoise, et les croxetti « ont vu le jour dans les cuisines des riches familles patriciennes de la République de Gênes. Faites pour impressionner, ces pâtes étaient décorées à leurs armoiries : mets princiers pour maîtres puissants ! »


« Il ne reste plus qu'un seul artisan à perpétuer la tradition des croxetti, qui désignent à la fois les pâtes, mais aussi les poinçons en bois qui servent à imprimer les motifs qui les décorent. Pietro Picetti dont l'atelier se trouve à Varese Ligure, au sud de la Ligurie, grave ses croxetti d'étoiles, de rameaux d'oliviers, d'initiales ou de croix (qui sont avec les armoiries les motifs traditionnels et dont les croxetti tirent leur nom). Il se chuchote que l'empereur Akihito serait un client !


Ces poinçons ont deux fonctions. Le manche sert à découper la forme ronde des pâtes qui sont ensuite placées en sandwich entre le manche et la base du poinçon où sont gravés le motif qui va s'imprimer sur l’une des faces de  la fameuse hostie.


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Pour Alessandra « Les croxetti se dégustent idéalement nappés de pesto genovese. En effet, les rainures du motif absorbent et retiennent délicieusement la sauce. »


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Comme les vins de Loffredo Sabino m’ont séduit, de grand blancs sur 3 millésimes : 2003, 2008 et 2010, monocépage fiano et gréco qui sont typiques de la Campanie. Produit à 300 mètres d’altitude sur une fine couche d'argile et de sable recouvrant du compact tuf, héritage des anciens volcans les raisins prospèrent dans un climat certes très méridional mais bénéficie d’une amplitude thermique très importante.


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Ces vins, élégants, profonds, au merveilleux potentiel de vieillissement, les 2003 ont gardé une fraicheur exceptionnelle, sont d’une grande pureté, cristallins, avec une salinité remarquable pour le fiano et une pointe d’acidité que j’aime tant chez le gréco.


Les 2008 sont remarquables mais malheureusement quasi-introuvables. RAP bien évidemment vend les vins de Loffredo Sabino


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Belle découverte de 2 cuvées et d’un vigneron d’une grande simplicité…


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4 février 2015 3 04 /02 /février /2015 00:09

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De nos jours tous les vins, ou presque, affichent leurs cépages, même les AOC monocépage, sur l’étiquette bien souvent, sur leur contre-étiquette très souvent, sur leurs fiches dites techniques gracieusement expédiées par l’agence de communication, avec des % évidemment, dans le baratin du vigneron ou du préposé à la dégustation, ça me saoule !


Et qu’on ne vienne pas me chanter, comme la messe d’autrefois, que c’est une information consommateur, sauf sur la contre-étiquette, c’est au mieux un cache-misère, au pire la marque de la grande dilution dans laquelle se noient les vins baptisés un temps, vins de qualité VQPRD (les autres étant bien sûr de la daube). Lorsque les aides à la reconversion du vignoble furent de mise, dans les zones de vin de table, on arracha à tour de bras pour replanter des cépages dit améliorateurs : les grosses cylindrées des appellations installées : merlot, cabernet-sauvignon, syrah, sauvignon, chardonnay…


En son temps, Robert Skalli, eut l’intuition que ce réservoir de cépages internationaux devrait permettre au grand vignoble du Languedoc de consolider sa reconversion, il fut le vrai père des vins de pays d’OC, sans pour autant installer la marque internationale dont il rêvait et de finir par vendre sa boutique à JC Boisset le bourguignon. Les seules marques existantes sont nationales et liées au circuit GD.


Alors, avec ses 850 millions de cols mis en marché l’IGP Pays d’Oc est-elle, elle une marque ?


C’est son ambition, à la demande des metteurs en marché l’interprofession a lancé un appel d’offres pour la création d’une nouvelle identité visuelle, « destinée à positionner Pays d’Oc comme une marque et unifier la communication produit avec la communication institutionnelle. »


« C’est la proposition de l’agence parisienne Venise qui a été retenue. Pour écrire Oc, celle-ci a dessiné trois anneaux concentriques fermés- le O de Oc - entrelacés dans autant d’anneaux de même taille, mais ouverts -figurant le c de Oc. Et en dessous : « Pays d’Oc, Indication géographique protégée, Vins de cépages ».


Moi, j’avoue que je me perds dans ce maquis : IGP, signe de qualité, de provenance, emballé avec vin de cépage au pluriel ça nous donne une marque. Sans doute une marque ombrelle : j’adore les belles sous les ombrelles pas tellement les cépages et puis au-dessus de l’ombrelle y’a un grand parasol : Sud de France


Si ça fait vendre plus de vin, et à des prix rémunérateurs pour ceux qui les font, ça ne me dérange pas mais, très concrètement, aussi bien sur les murs de vin de la GD en France, qu’à l’export j’ai du mal à croire que le consommateur final y soit très sensible.


L’unification entre la communication produit et la communication institutionnelle ça plaît beaucoup  dans les AG d’ODG car ça permet aux gestionnaires de CVO de justifier leur ponction financière et l’utilisation des fonds.


Attention, je ne suis pas en train d’écrire que la gestion collective d’une IGP, celle de Pays d’Oc comme tout autre, est inutile, bien au contraire, mais se parer des attributs d’une marque c’est masquer la grande hétérogénéité des vins mis en marché à la fois par des particuliers, des coopératives et des négociants.


La communication institutionnelle est une chose « le nouveau logo apparaîtra progressivement sur tous les supports de communication institutionnels y compris sur les stands sur les prochains salons Prowein et Vinexpo » celle du produit en est une autre et l’apparition du nouveau logo sur les étiquettes des bouteilles et les Bag-in-Box ne me semble pas de nature à modifier sensiblement le comportement des consommateurs face aux vins de cépages d’Oc.


L’impact sur le consommateur de la communication collective, quels que soit ses vecteurs, est extrêmement faible et peu déclencheuse d’actes d’achat, car son niveau de bruit est très faible faute de moyens importants (la loi Evin y est pour rien) et sa lisibilité ou audibilité (radio) hors de portée du consommateur lambda.


Alors la nouvelle campagne de communication sur le thème « Pays d’Oc libère les sens » fera sans doute plaisir au Président, aux présidents, à certains vignerons des Pays d’Oc, moins au Pr Rigaud mais là on s’en fout, quand à madame Michu et monsieur Marcel pas sûr que ça leur donne envie…


Les cépages sont à tout le monde dans le Monde, pas sûr que leur origine prime ni chez nous, ni dans les pays où ils sont la référence : que le meilleur gagne ! Maintenant que le Gamay est de Bourgogne, que les joyeux de vin de France des adeptes des vins nus jouent avec les cépages, vouloir les capter à son seul bénéfice est, à mon avis, une entreprise assez vaine.


Le Languedoc ne pourra s’épargner à terme, en laissant de côté ses diverses boutiques, une réelle réflexion stratégique sur son socle, la base de sa pyramide : son AOC régionale et ses vins de Pays d’Oc. La confusion et l’ambiguïté ne font pas bon ménage avec les différents positionnements sur les marchés. À force de vouloir mettre tout le monde, tous les vins, dans le même sac ou plus joliment sous la même bannière on ne bâti pas une réelle notoriété et Dieu sait que le Languedoc souffre grandement d’une image qui ne reflète pas la réalité de l’excellence de ses vins.


Le récent bashing british sur les vins du Roussillon est là pour nous ramener sur terre, la communication c’est bien mais, comme le dit fort justement Hervé Bizeul : « tant que nous ne PRENDRONS PAS DE PLAISIR à VENDRE des produits dont nous serons FIERS, nous irons vers la disparition... » du moins, avec un peu d’optimisme, je dirais nous ne profiterons pas de toutes les opportunités du marché.

 

Lire cette chronique de 2013 : S’envoyer en l’air avec les Vins de Pays d’OC : une vidéo qui en dit plus long qu’un long discours…

 


 

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3 février 2015 2 03 /02 /février /2015 00:09

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Comme le chantait Alain Souchon dans Poulailler’s song :

 

Dans les poulaillers d'acajou,


Les belles basses-cours à bijoux,


On entend la conversation


D'la volaille qui fait l'opinion.


Ils disent :


« On peut pas être gentils tout le temps.


On peut pas aimer tous les gens.


Y a une sélection. C'est normal.


On lit pas tous le même journal… »


Le journal, il en est un, celui de l’aîné du père Marcel Dassault, qui appointe un type « réputé et craint » qui y sévit depuis 25 ans et qui n’aime pas les blogueurs qui se prennent pour des critiques gastronomiques. Grand bien lui fasse mais, entre lui et François Simon, c’est toute la différence entre un tâcheron et une plume de talent. Il a beau se targuer d’être né entre les casseroles de ses parents ce n’est pas pour autant que son avis fait autorité sauf du côté de la basse-cour à bijoux de NAP. Faut assumer son lectorat coco !


« Parmi les blogueurs, il y a des imbéciles heureux, mais aussi des gens de talent. Comme dans le journalisme, en somme. » déclare-t-il. Ça c’est bien vrai… mais la différence entre l’imbécile heureux et vaniteux qu’il est, c’est que le blogueur que je suis est un client qui vient se restaurer au restaurant et que son avis vaut largement celui d’un gars qui ne fait que ça : un mangeur hors-sol en somme qui a ses têtes…


Que du bonheur que de démonter un gus qui dit faire l’opinion alors qu’il n’est que le poteau indicateur pour les moutons de Panurge en mal d’inspiration… et qui n'ont que le Figaroscope à se mettre sous la main.


Revenons à Heimat et à son couple : Pierre Jancou-Michele Farnesi en cuisine.


J’ai fait l’ouverture au déjeuner avec mon ami Claire et la semaine suivante un dîner en solitaire au bar, avec vue sur la cuisine, pour mieux m’imprégner du lieu.


Pierre Jancou s’est fait, pour les besoins d’un film, une tête de preux chevalier du Moyen Âge, et derrière son bar il manie le goulot des bouteilles de vin nu avec la même dextérité que la Durandal la lourde épée de Roland de Roncevaux.


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« Heimat, en allemand, c’est son chez soi, le pays où l'on naît, le village où l'on a grandi, la maison où on a passé son enfance… Vaste programme qui va bien à la grotte à manger de Pierre Jancou.


« Il y eut une époque où la langue allemande opposait "Heimat" à "ELEND", la misère. "Elend" vient de l’ancien allemand "ali-lenti" et signifie littéralement "l’autre pays",  l’étranger. Vivre "à l’étranger" était donc synonyme de vivre "dans la misère". Ce qui, implicitement, faisait de "Heimat" un équivalent de "bonheur" » link


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Dès la rue Montpensier, qui borde le jardin du Palais Royal, la discrétion de l’enseigne est de mise puisque le premier jour je suis passé à vélo sans la voir. Lorsque j’ai poussé la porte j’ai été agréablement surpris par le lieu, les photos que j’avais vu sur la Toile me donnaient un sentiment de froideur alors que dans la réalité la disposition des espaces, la simplicité, l’éclairage qui donne à la pierre un ton chaud, le bar avec vue sur une belle cuisine « ruche » m’ont de suite plu.


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Le personnel est jeune, accueillant et attentif aux clients. En cuisine Michele Farnesi qui a travaillé chez Rino ou au Caffé Stern est assisté de Federico Azzolini Stern et crippa (alba***) et de la jeune pâtissière Marion Goettle, ça tourne avec beaucoup de talent.


Et dans l’assiette me direz-vous ?


Menus à 34 € (déjeuner) 55 € (dîner) et formule à 26 € au déjeuner.


L’excellence du choix des produits et la maîtrise des cuissons sont la marque de tous les plats que j’ai consommé, pas une anicroche, un seul petit reproche : mon goût immodéré des bulots aurait été rassasié par une seconde brochette. Le minimalisme n’imposait pas cette unicité.


Deux plats emportent mon adhésion et mon enthousiasme :


-          Les linguines/couteaux/radis noir/raifort à me damner !


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-          Le poulet : yaourt/estragon/pomme de terre suave, goûteux, merci papa Godart !


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Deux autres plats, moi qui suis un frère de la côte nourri au meilleur de la mer par une mère cuisinière, m’ont aussi enchanté par leur finesse et leur justesse :


-          Les saint-Jacques/crème de salsifis/poireaux : admirables !


-          Le maquereau/ricotta fumée/puntarelle : une alliance juste magnifiant la lisette.


Les desserts de Marion Goettle sont à la même hauteur, inventifs et succulents. La brioche perdue/oranges/sorbet coriande n'a pas été perdue pour tout le monde... Top !

 

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Bien évidemment, la carte des vins c’est du Jancou à faire pâmer le Guillaume Nicolas-Brion. Mention très spéciale à Prologue de Christian Ducroux : à ne pas mettre entre les lèvres du coiffeur (au sens des mecs qui cirent le banc de touche) des basse-cours à bijoux.


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La nouvelle adresse de Pierre Jancou tient ses promesses, et surtout sa jeune équipe dispose du talent qu’il faut pour progresser, inventer sans se laisser entraîner dans un minimalisme outrancier. Mon penchant pour une belle satiété me fait toujours plaider pour la possibilité, à côté des assiettes bien dressées, d’un petit rajout que je n’ose appeler rab, quelques pommes de terre ou un petit fagot de puntarelle. Innovation bienvenue, sans grande incidence économique mais avec ce côté petit plus qui fait les belles maisons, le bonheur quoi : Heimat !  

 

J'ai inscrit Heimat sur mes tablettes : qui m'aime me suive !


La puntarelle est la chicorée des Pouilles link


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2 février 2015 1 02 /02 /février /2015 12:19

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Qui c’est qui a titré le jour de l’ouverture : « Le restaurant les CLIMATS la plus belle ambassade des vins de Bourgogne dans notre capitale. » ?link 


Ma pomme, en dépit des ricanements d’un petit second couteau de la blogosphère du vin !


« Comparaison n’est pas raison mais pour moi « Les Climats » de Bourgogne, chers à Aubert de Villaine, sont la préfiguration de ces mondes complexes qui nous semblent impénétrables et où, comme l’aurait dit monsieur de La Palisse, il suffit d’ouvrir la première porte pour y entrer. C’est elle qu’ont choisi courageusement Carole Colin et Denis Jamet pour vous faire découvrir la merveilleuse complexité d’une Bourgogne chère à leur cœur. C’est un pari un peu fou que de vouloir faire passer le seuil d’un restaurant à des clients en ne privilégiant qu’une seule origine des vins servis en accompagnement des plats. En effet, le vin au restaurant est souvent le parent pauvre – même si son prix ne l’est pas  – simple marqueur d’une position sociale cher aux buveurs d’étiquettes. »

 


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Bravo à Carole et Denis, et bien évidemment chapeau bas au chef Julien BOSCUS, à toute son équipe, et à toute la salle des climats. En plus, ils sont sympas, Franck-Emmanuel le souriant et compétent sommelier, en tête… Il connaît mes goûts mieux que quiconque.


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Moi qui fait un peu partie des meubles, j’adore ça, je suis heureux pour eux tous !


Combien de fois ai-je seriné aux Bourguignons qu’ils tenaient avec Les Climats la plus belle ambassade de leurs vins à Paris ?link


J’ai croisé aux Climats François Rebsamen et Michel Houellebecq, ça n’a rien à voir avec le film mais j’attends François Patriat le boss de la Région.


«Être étoilé pour un chef, c’est accéder à un statut royal» par JACKY DURAND de Libé


INTERVIEW : à l'occasion de la parution du palmarès 2015 du guide Michelin, le géographe Gilles Fumey analyse les raisons d'un succès ancré dans le territoire et dans le terroir.


Internet n’a pas tué le Michelin. Pourquoi ?


La messe n’est pas encore dite, rien n’assure que le guide résistera avec la génération Y. Alors qu’ils sont très à l’aise avec les GPS, quel intérêt les geeks auraient-ils à avoir un guide alphanumérique en papier ? Michelin a dû anticiper ce déclin en lançant chaque édition avec la complicité des blogueurs qui tombent dans le panneau du buzz. En faisant de l’entrée de certains chefs dans le guide un honneur équivalent aux mots acceptés à l’Académie. En diffusant un peu d’adrénaline avant chaque sortie, la firme clermontoise se révèle très roublarde avec le Web.


La totalité de l'interwiew ICI link


Carole embrasse Lolo de ma part : link


Pour finir 2 autres chroniques du Taulier sur les Climats :


1 - Je me sens des fourmis dans les idées : j’en ai rêvé et dimanche « Les Climats » l’on fait, paroles et musiques du Taulier link


2 - Voici venu le temps de la grouse d’Écosse à la carte restaurant Les Climats, et si nous parlions chasse ! link



Un chef en cuisine, 1ère étoile Michelin par arnaud-serre

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2 février 2015 1 02 /02 /février /2015 00:09

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Suffirait-il de s’asseoir face à une paillasse sur laquelle sont déposés 80 flacons pour avoir la prétention de porter un jugement définitif sur les vins du Roussillon ?


Bien sûr que non, car la réalité de ce territoire ne peut être saisie et comprise au travers d’une dégustation, fusse-t-elle à l’aveugle et effectuée par des dégustateurs patentés. Pousson a totalement raison lorsqu’il écrit « l'exercice de dégustation à l'aveugle et de classement des vins «est parfaitement ridicule, dépassé, ringard» «quand un système déconne, mieux vaut en changer!» «Comprendre que « le meilleur », ça n'existe pas, c'est stupide, irréaliste. Il y a des vins pour chacun, et pour chaque moment.»


Je partage aussi le point de vue de Sylvie Tonnaire dans Terre de Vins « le Roussillon est le plus beau vignoble du Sud de la France voire de l’Europe. Pourquoi ? Pour trois raisons simples : la géographie, la géologie et le patrimoine ampélographique… link


Mais, comme toute bonne dégustatrice, elle ne fait pas grand cas de l’histoire réelle du vignoble du Roussillon lorsqu’elle écrit : « Ces trois raisons simples se conjuguent à l’Histoire de la viticulture, c’est ici que sont nés les vins doux naturels, miraculeux de longévité. S’ils sont passés de mode aux yeux du plus grand nombre, pour les autres, ce n’est que du bonheur… »


En effet, l’histoire de la viticulture du Roussillon ce fut avant tout celle des VDN de masse, grandeur et chute d’une économie viticole dominée par de grandes marques. Une petite rente pour la grande masse des viticulteurs du Roussillon qui ne prédisposait guère à l’appréhension des attentes des consommateurs.


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L’Indépendant de Perpignan le soulignait dans son article « Dans son "combat" Vincent Pousson a trouvé un allié de poids en la personne de Jacques Berthomeau, contrôleur général du Ministère de l'Agriculture, bien connu en Roussillon pour avoir joué en son temps le rôle de médiateur dans un problème financier des muscats. »


Ironie du peu de mémoire du journaliste car au temps où je fus médiateur les muscats étaient l’espoir du renouveau des Vins doux, demandez-donc à Jean-Luc Pujol, alors jeune et brillant vigneron à Fourques dans les Aspres, président de la Confédération Nationale des VDN, link et le Rivesaltes devenu Grand Roussillon le désespoir des vignerons.


Lorsque je fus dépêché, en plein mois d’août, par le Ministre de l’époque Louis le Pensec, sur le conseil d’un certain Jean-Luc Dairien actuel directeur de l’INAO, c’est les stocks de Rivesaltes avaient atteint la limite du supportable et que le château de cartes artificiellement tenu par le CIVDN s’écroulait. C’était chaud : un vigneron fut embastillé pour avoir balancé un cocktail Molotov dans les chais d’un négociant qui cassait les prix. Le président du CIVDN de l’époque Bernard Dauré ne contrôlait plus rien.


L’économie de la viticulture roussillonnaise était l’une des pires de France, le revenu viticole était le plus bas de France, bref, il fallut faire sauter le CIVDN, créer le CIVR pour fédérer les vins secs et les vins doux. Faire comprendre, y compris aux politiques de l’époque la SOCODIVINS, que l’avenir du Roussillon ne se trouvait pas dans le renouveau des VDN de masse.


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Ce petit rappel historique pour dire l’état de la viticulture roussillonnaise  à l’entrée du XXIe siècle. Je n’irai pas au-delà de ce constat pour ne pas apparaître comme un ancien combattant mais j’ai passé 18 mois de ma vie, à raison de 2 ou 3 jours par semaine à sillonner le Roussillon profond. Pas pour y faire du tourisme ou de la dégustation, mais pour me frotter aux hommes de ce pays. J’ai même connu en ce temps-là un certain Hervé Bizeul en son fief qui n’avait pas encore découvert la Petite Sibérie…


Quelques questions en vrac :


-          Les Vignerons catalans, qui s’en souvient ?


-          La Martiniquaise what else ?

 

-          Le Grand Roussillon c'était quoi au juste ?


-          L’économie de Banyuls a-t-elle été sauvée par le Collioure ?


-          Celle du Maury et de sa coopé « soviétique » a-t-elle raté le bon wagon ?


-          Demandez-donc à Jean-Luc Thunevin ce qu’il pense de la rentabilité de son investissement à Maury ?


-          Quel est le poids de la coopération en Roussillon ?


-          Le Mas Amiel joue quelle carte ?


Comme le répète souvent mon vieux mentor Michel Rocard « la prise en compte de la réalité économique ne saurait nuire à la compréhension de l’avenir… » 


L’avenir économique des vins du Roussillon, les vins secs comme on dit là-bas, le « revenant bon » pour les vignerons, passe par un travail collectif de fond – qu’il ne faut pas assimiler à celui des OPA actuelles et officielles – de la nouvelle génération de vignerons pour que leur notoriété toute fraîche, bien fragile, ne soit pas détériorée ni par une engeance de dégustateurs hors-sol, ni par le poids d’une histoire qui n’est pas encore soldée… 

 

Comme mes archives sont bien tenues, mieux que celle des journalistes de l'Indépendant de Perpignan, les copies des articles sont d'époque novembre 1998 et avril 1998. La note au Ministre est elle du 9 mars 1999.

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1 février 2015 7 01 /02 /février /2015 07:00

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Et pendant ce temps-là, discrètement, Alain Juppé glissait dans l’oreille  d’un journaliste « Quand maman allait à la messe, elle portait un foulard… » La mienne aussi et je trouve que mon Émilie ça lui va très bien aussi, j’adore lorsqu’elle s’emmitoufle la tête dans son grand châle. Belle…Gazelle… M’ensorcelle… Scotché je suis, définitivement. Pour surnager, si je puis dire, je me plonge la tête la première dans le travail. Jamais été aussi sérieux, je m’étonne moi-même, mes troupiers sont très impressionnés mais ils n’osent pas me vanner car ils sentent bien qu’ils tomberont sur un bec et ça fait mal un bec. Un de ces quatre je vais leur faire le coup de messieurs je me marrie. Il faut que je relance Émilie sur mon envie de mariage en blanc à Saint François Xavier dans les beaux quartiers. Pour l’heure elle est partie passer le week-end dans la bonne ville de Juppé, je suis un chouïa tristounet et je décide de convoquer mes troupiers à un débriefing dominical autour d’une choucroute maison arrosée de la bière à Zigui.


Suite au choc la nouvelle donne se traduit dans les sondages avec un retour de Hollande dans le peloton pas très loin des autres prétendants 21 % des voix, soit un gain de sept à huit points par rapport à la dernière enquête de fin octobre 2014. Valls ferait mieux que François Hollande, avec 23 %. Sarkozy 23 % est en recul de deux points, que ce soit face à Hollande ou face à Manuel Valls avec lequel il ferait jeu égal. Bien évidemment, c’était prévisible, le rebond présidentiel mange une part de la marge de Juppé qui s’en sort le moins bien aussi bien face à Hollande, 23 % contre 28 % fin octobre, que face à Valls, où il obtiendrait 22 %. Pour nous qui nous plaçons dans l’unique perspective de la primaire de l’UMP rien n’est joué, le centre gauche a tout intérêt à contrecarrer le petit Nicolas afin d’avoir les coudées plus franches au second tour de la Présidentielle. Mais ce qui nous plaît bien dans ce sondage c’est que la Marine fait la course en tête en étant crédité de 29 à 31% des voix au premier tour ce qui la ferait se retrouver en première position quels que soient ses challengers. C’est la pire des positions car le moindre effritement de ce score très élevé la mettra en mauvaise position pour affronter le second tour. Les sondages concernant le second tour n’ont aucun intérêt car ils ne peuvent prendre en compte la dynamique de la campagne des deux qualifiés. Autre enseignement de ce sondage les nains restent des nains : François Bayrou obtiendrait de 7 à 9 %, Jean-Luc Mélenchon 8 %, Cécile Duflot et Nicolas Dupont-Aignan entre 3 et 4 % et l'extrême gauche de 2 à 3 % mais si c’est Juppé pour l’UMP ce bon Bayrou ne se présentera pas.


Mes troupiers sont enchantés et ça les mets en verve, plus particulièrement Ducourtioux qui a eu maille à partir avec les petites mains de l’ex au temps où il officiait au VO. L’attaque est frontale :


-         Angela n’aime plus notre petit Nicolas, tout juste s’il n’a pas été reçu comme un livreur de pizzas.

 

-         Alors raconte ! s’exclame en chœur les bâfreurs éméchés.

 

-         Fallait voir la tronche de l’entourage, amer et vénère. Tout pour remettre le nabot à sa place : reçu au siège de la CDU, pas à la Chancellerie. Arrivée par le parking du sous-sol, grandiose quoi ! Et tout ça sous les yeux de Bruno Le Maire dont Sarko, toujours dans la finesse, a pu dire que « c’était un ancien énarque parlant allemand dont on a toujours besoin dans les sommets franco-allemands ! ». Le Bruno y devait rire sous cape.

 

-         Après la tête d’Angela sur l’épaule du père François la couleuvre était difficile à avaler, ironisait Pérochon le petit nouveau qui venait de se joindre à nouveau, un Paganini des réseaux sociaux.

 

-         Mais ce ne fut pas tout, le calice jusqu’à la lie : réception par un second couteau, longue attente au 3ème étage car  la dame de fer n’en avait pas fini avec ses rendez-vous dans son bureau du 6ème, entretien expédié en moins d’une heure, black-out sur les images des caméras dont le petit Nicolas raffole, pas d’embrassades ou de papouilles pour le bon peuple. Service minimum, un cliché du photographe de la CDU… L’horreur !

 

-         Ouais, ce minus de Ciotti, en bon filloniste a même placé « La magie s’est envolée » en ajoutant, perfide, « Nicolas est dans un entre deux difficile… » place Dal ’Oglio toujours aussi pro dans le marigot de l’UMP.

 

Ducourtioux, pour finir, nous en raconte une bien bonne. Le non-événement, comme le souligne Nicolas Domenach « n’aurait laissé aucune trace, si l’UMP n’avait dans la grande tradition stalinienne, gommé Bruno Le Maire de la photo officielle. Ce qui fut relevé par un journaliste futé Thibaut Pézerat et en conséquence vite corrigé. Bruno Le Maire pouvait en rire aux éclats, ce n’est pas en effet par des coups de ciseaux ou de Photoshop qu’on le fera disparaître… »


Nous fumons des cigares en sirotant une petite poire. Je recommande au jeune Pérochon de lire deux articles :


-         L’étrange Monopoly financier du président Sarkozy link


-         Sarkozy aux pieds d’argile de François Bazin link

 

Crédit photo Montagne Dessinateur ‏@yvesmontagne sur Twitter 

 

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1 février 2015 7 01 /02 /février /2015 00:09

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« C’est clair comme de l’eau de roche : les gens qui ont eu vingt ans en 1968 – c’est mon cas – (et certains s’obstinent à penser que c’était le plus bel âge de leur vie – c’est mon cas –) ne seraient jamais descendus dans les rues si le poste de radio était resté sur l’étagère de la cuisine. »


En plein dans le mille Jacques Gaillard dans « Qu’il était beau mon Meccano » 24 leçons de choses.

 

Le transistor 


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Pourquoi diable ressortir des oubliettes le premier baladeur de l’histoire des ondes ?


Nostalgie d’un vieux 60-huitard en manque ?


Pas du tout, un gus qui lit beaucoup et en ce moment « Un an après » d’Anne Wiazemsky publié chez Gallimard.


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C’est Bernard Pivot, de l’académie Goncourt, dans sa chronique littéraire du JDD qui m’en a donné l’envie : Godard-Wiazemsky sur les barricades link


« Je ne me souviens pas d'avoir lu sur Mai 68 un témoignage qui sonne aussi juste et qui soit plus amusant. Anne Wiazemsky, 21 ans, habitait avec son mari, Jean-Luc Godard, rue Saint-Jacques, à l'épicentre du Quartier latin. Elle raconte, quasiment au jour le jour, sans en oublier les chaudes nuits, le séisme déclenché par Daniel Cohn-Bendit et les étudiants de Nanterre et de la Sorbonne. »


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Vous voyez bien les Michel, Bettane et Smith, qu’il m’arrive de suivre les conseils des critiques. 


Bonne pioche.


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La Chinoise de Godard

 

Page 40 : matin du 4 mai 1968 chez les Godard


-          J’ai dit : debout les loirs !


J’ouvris enfin les yeux, gagnée par sa bonne humeur et par la pièce baignée de lumière. Bien installée contre les oreillers, le bol de Nescafé à la main, je vis qu’il y avait aussi un transistor.


-          Je viens de l’acheter. On ne peut plus se passer d’écouter Europe numéro 1 et Radio Luxembourg, leurs journalistes sont formidables, ils se faufilent partout. Ce sont eux qui vont nous apprendre ce qui se passe.


Mes neurones assoupis se sont connectés, j’ai cherché et retrouvé dans mon foutoir de livres « Qu’il était beau mon Meccano » où je me souvenais d’avoir lu une rubrique sur le transistor.


Ha, le poste, je me souviens de celui du Bourg-Pailler, massif, devant lequel il fallait faire silence pour écouter Geneviève Tabouis sur Radio-Luxembourg ou Jean Nocher sur la RTF link. « Des speakers aux voix de barytons déclamaient avec componction les informations du « journal parlé », et les « présidents du Conseil de cette République versatile valsaient dans un silence attentif qui coïncidait, chaque soir, avec la soupe de légumes »


Avec le recul je lui trouve, à ce poste de radio, un petit côté Pousson.


« C’est vers la fin des années 1950, qu’un composant électronique donna, sans le vouloir, son nom abscons à une petite merveille : une radio capable de marcher sur piles, et donc d’aller partout. »


Le premier baladeur populaire donc !


3 fois moins de volume, « la bakélite remplaça le bois ; des couleurs impensables vinrent décorer l’appareil, jaune poussin, gris souris, grenat ; le prix dégringola… »


Le début de la société de consommation, la prolifération des marques, les sujets pour ados : les limites morales et tactiles du flirt… un peu de légèreté dans un monde bien lourd et triste…


« Le transistor devint le compagnon des enfants du baby-boom, le complice de leur puberté, le Méphisto de leurs rêves : ils lui vendirent sinon leur âme, du moins leurs oreilles »


Sous les draps j’écoutais Radio-Pékin (comme Godard d’ailleurs), le Masque et la Plume avec le duo infernal Bory-Charensol, de la musique…


« On raccourcit les jupes, on rallongea les cheveux, bref le foutoir commença… »


Sauf que « C’est aussi un transistor qui, un jour de février 1962, apprit à des lycées entiers qu’il y avait eu beaucoup de morts à la station Charonne, à Paris, donna la parole à des témoins, et suggéra qu’il n’y avait pas lieu de féliciter le préfet Papon comme le préconisait la radio d’État. Sur nos stations préférées, il n’y avait pas que de la musique… »


« Dites à Farkas de cesser de radioguider les manifestants, il nous complique la tâche. » Dès le 6 mai et après la manifestation de la place Maubert, où 345 policiers et 600 étudiants ont été blessés, Christian Fouchet, ministre de l'Intérieur, est excédé par les reportages de RTL. Le Premier ministre, Georges Pompidou, également, qui condamne « le rôle néfaste des stations périphériques. Sous prétexte d'informer elles enflamment, quand elles ne provoquent pas ». Le pouvoir essaiera de négocier auprès du directeur de l'information de RTL. En vain. Jamais la radio n'avait eu autant d'influence. Elle se moquait des autorités, qui après avoir maté l'ORTF espéraient faire taire les stations périphériques, que les partisans du général de Gaulle conspuaient en scandant : « Europe 1 à Pékin, RTL la chienlit ». Et, surtout, elle devenait légère, réactive, mobile : 200 000 transistors seront vendus en un mois, dans un pays pourtant en grève. »link


Écoutez : 60 ans d’Europe 1 : Mai 68 : link

 

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31 janvier 2015 6 31 /01 /janvier /2015 00:09

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Milena Agus a choisi de nous conter de l'intérieur la vie des victimes, les sœurs Porro, Luisa, Carolina, Vicenza, Stefania, « elles » dans le texte, à travers le récit d'une amie de la famille, « elle » dans le texte, leurs derniers jours et le drame.


« elle » aimait les sœurs Porro mais « elle » disait d’« elles » qu’elles ne servaient à rein.


« Leur maniaquerie, par exemple, ne servaient à rien : quand elles faisaient repasser leurs draps, elles exigeaient qu’on en fixe les coins avec des épingles pour que les ourlets coïncide parfaitement…


Leur richesse ne servait à rien, elles vivaient comme des pauvresses, non par pingrerie, mais parce que leur façon  de penser et d’être était ainsi faite, par nature. »


Dans leur palais, l’un des plus beaux d’Andria, place de la Mairie, elles vivaient hors du monde. « C’est cela qu’elles appréciaient. »


« D’ailleurs, les êtres humains ne pourraient pas vivre s’ils devaient endurer les souffrances de tous les autres, et ceux qui souffraient là-dehors n’étaient qu’une masse anonyme. Elles ne connaissaient aucune vendeuse de chicorée et de petit paquet de grenouilles, ni un seul esclave journalier de la place Catùna, elles n’avaient jamais vu un enfant pleurer  de faim, ni rencontré un soldat en déroute, ou un Juif espérant embarquer du port de Brindisi pour la Terre Promise. »


« Elles se retrouvaient toutes ensemble pour prier, sur les bancs sévères de leur chapelle privée…


Elles mangeaient comme dans une cantine pour nécessiteux…


Elles n’allaient pas au marché, parce que ça n’aurait pas été convenable…


La bienséance, l’élégance, primaient tout, « elles semblaient tombées là, dans le somptueux palais des Porro del Quadrone à Andria, par le plus pur des hasards, et n’y faire absolument rien, et elle avait le sentiment qu’ils étaient nombreux dans leur milieu à le penser. »


« Luisa et Carolina, vaille que vaille, étaient d’accord sur tout ; Vicenza, les désapprouvait souvent, elle avait une autre opinion, mais elle ne l’exprimait pas… Stefania, parce qu’elle s’était mariée, n’avait plus vraiment voix au chapitre quand les décisions étaient d’importance, et elle se ralliait à la majorité. »


« Toute décision devait être commune… »


« Elle » la narratrice, elle aussi bien nantie mais révoltée, une révolte ne prenant que les sentiers de l’imaginaire, rentrée, amoureuse du héros des journaliers, Giuseppe Di Vittorio, qui hantait ses nuits, elle mariée pour des raisons de convenance économique, l’accumulation du patrimoine, à un vieux, lui dont lui venait le vague espoir d’un monde meilleur. »


Elle découvrait que le vice originel de tous les ancêtres d’elles « résidait dans le mécanisme implacable qui faisait d’eux des affameurs, sans le moindre sentiment de culpabilité, car ils pensaient qu’au fond, les pauvres étaient responsables de leur pauvreté, qu’ils ne s’étaient pas donné du mal pour devenir riches comme eux, les Porro, l’avaient fait. »


« Gracieuses, raides et efflanquées, elles l’accueillaient, elle, pataude et replète, qui, assise sur le sofa avec les jambes trop écartées, faisait la révolution. Elles l’écoutaient, prenaient peur, et riaient en se cachant la bouche. »


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C’est un roman.


« Au départ, j’ignorais tout de cette histoire moi aussi, avoue Milena Agus. Mais elle m’a tout de suite fascinée. J’ai éprouvé de l’affection pour ces quatre vieilles filles qu’étaient les sœurs Porro. Ce qui m’attirait, c’était l’éternelle question de l’oppresseur ou de l’opprimé, ce qui va faire de vous un bourreau ou une victime. »


« Quant aux descendants des sœurs Porro, lorsqu’on leur demande aujour­d’hui comment elles étaient « en vrai », ils répondent unanimes : « Mais… exactement comme dans le livre ! » Comme s’il n’y avait rien de tel que l’invention, pour dire la vérité. »


Voilà, c’est écrit, sans doute que cette chronique n’atteindra pas les sommets de celle sur les conneries de JM Quarin, mais si, pour ceux qui l’auront lu, je ne leur donne pas envie de se précipiter chez leur libraire pour acheter Prends garde, ce livre écrit à quatre mains pour une révolte par Milena Agus, la romancière sarde, qui m’a conquis avec Mal de pierres Liana Levi, 2007, Battement d’ailes, La Comtesse de Ricotta, tous chez Liana Levi, et Luciana Castellina, journaliste, écrivaine et grande figure de la gauche italienne, ancienne parlementaire et cofondatrice du journal Il Manifesto, il me prendra une grande envie de poser ma plume et de me reposer…

 

Crédit photo : Quand les paysans défilent contre les propriétaires terriens... Studio Patellani/CORBIS

 

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30 janvier 2015 5 30 /01 /janvier /2015 00:09

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«La vie doit continuer, mais rien ne sera plus jamais comme avant… Rien n’a changé, les problèmes sont les mêmes… La vie doit reprendre sa place. Nous devons en sortir plus fort. Et à ceux qui s'interrogent : faut-il reprendre ses activités ? Je réponds oui »


Je vous laisse le soin de mettre un nom et une fonction sur l’auteur de ces propos mais beaucoup d’entre nous ont jugé qu’il fut à la hauteur de ces évènements dramatiques, ces dix jours d’effroi et d’émoi.


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Pour chanter la liberté et le goût de la vie je vous propose donc ce matin un extrait d’une thèse sur Jean Renoir présentée et soutenue par Séverine CALAIS pour obtenir le grade de Docteur d’Université de Nancy 2 Sciences de l’Information et de la Communication. (2006-2007)


Le titre « La politique d’un auteur ? Une analyse critique des personnages renoiriens link » ne donne pas forcément envie mais, malheureusement, au nom du sérieux doctoral, l’Université ne laisse guère de liberté à l’imaginaire, ce qui, pour une thèse spécialisée dans l’information et la Communication, est tout de même paradoxal.


Le contenu est beaucoup plus intéressant et je remercie par avance l’auteur d’excuser  mon petit emprunt à sa thèse. C’est pour la bonne cause !

 

 

« Mais pour Renoir aimer la liberté et aimer la vie passe nécessairement par l’amour de la “bonne bouffe” et du bon vin. On raconte que lorsque son père le vit pour la première fois, il se serait écrié: « Quelle bouche ! C’est un four ! Ce sera un goinfre ». Le petit Jean sera à bonne école entouré de son père peintre et de ses modèles aux formes appétissantes :


« Cette faiblesse [la gourmandise] le ravissait [Auguste Renoir]. Cet homme sobre haïssait les régimes, considérant ces sacrifices volontaires comme des marques d’égoïsme : « c’était un plaisir que de voir manger ta mère. Quelle différence avec ces femmes à la mode qui se donnent des rétrécissements d’estomac pour rester minces et pâles.»


Il est en effet amusant de relever la quantité de scènes qui se déroulent à table, dans une cuisine, autour d’un bon repas chez cet « Internationale de la fourchette – la seule probablement qui soit sérieuse, d’ailleurs parce qu’il est bien connu qu’on ne parle pas la bouche pleine et que ne pas parler est le plus sûr moyen pour ne pas dire des choses désagréables. » Dans tous les films de Renoir on pourrait s’amuser à dresser un menu gargantuesque digne d’un Octave amoureux, car on sait que pour lui, la nourriture est un baromètre du moral. Quand tout va bien il mange, quand quelque chose le perturbe, il perd son appétit ou du moins le laisse-t-il supposer pour amadouer ses amis.


Pourquoi ne pas commencer par un petit déjeuner qui serait composé des sablés de Célestine (Le Journal d’une femme de chambre), de croissants (French Cancan) ou de tartines de miel tant convoitées par la grand-mère de L’Homme du Sud. Tout ceci sera arrosé de lait (que Madame Lory a réussi à trouver pour son fils malgré les restrictions de la guerre : Vivre libre) ou de café amoureusement préparé par Nona Tucker (L’Homme du Sud) sur le vieux poêle.


Pour le dîner, un petit apéritif avec orangeade prise à l’ombre des arbres dans le jardin des Duvallier (Le Roi d’Yvetot) ou pastis sur la place du village pendant que les hommes jouent à la pétanque. Ces boissons peuvent être accompagnées de caviar « ces œufs de poissons [qui] ne sont supportables qu’en masse » (Le Dernier réveillon).


En entrée le chef vous propose un choix de salades : salade de tomate (ces pommes d’amour que le bataillon des Marseillais a rapportées avec lui (La Marseillaise) ou salade de pommes de terre dont le vin blanc a été versé lorsqu’elles sont encore chaudes (pour cela il faudra demander conseil au chef Léon Larive de La Règle du jeu). Ceux qui préfèrent la charcuterie ou les pâtés ne sont pas oubliés puisque le buffet propose des terrines (Le Déjeuner sur l’herbe), des pâtés de porc (mets de roi dans Le Carrosse d’or), ou du fromage de tête (Partie de campagne). Les Octave préféreront peut-être « une grande tranche de jambon » ou des rondelles de saucisson comme les Roubaud de La Bête humaine.


Puis la carte présente un large choix d’œufs : œufs sur le plat (La Règle du jeu), œufs à la coque (Les Bas-Fonds), ou œufs battus en omelettes diverses : omelette à l’estragon (Partie de campagne) ou omelette au jambon (La Bête humaine). Ceux que les œufs ne satisfont pas peuvent les remplacer par des sardines à l’huile. Attention, ne vous essuyez pas les doigts sur la nappe car ceci est aussi mal perçu que d’essuyer le cirage de ses chaussures sur le couvre-lit en satin ou sur les rideaux de la patronne (Boudu).


Le menu vous propose, en plat de résistance, un ragoût d’opossum abattu par Sam Tucker (L’Homme du Sud) ou de la volaille chassée en Sologne sur les terres du marquis de La Chesnaye (La Règle du jeu). Peut-être préférez-vous du gigot dont le meilleur morceau est réservé au professeur Alexis (Le Déjeuner sur l’herbe), ou du poulet rôti (mets royal dans La Marseillaise). Tout ceci accompagné de pommes de terre (dont doivent se contenter les Marseillais arrivés à Paris). Il faut que vous sachiez que la plupart des viandes proviennent de gibiers abattus à la fronde par Cabri sur les terres seigneuriales (La Marseillaise) ou pris au collet par Marceau sur les terres de la Colinière (La Règle du jeu).


Vous préférez le poisson ? Qu’à cela ne tienne. Une petite friture vous contenterait certainement. La direction vous promet que son poisson n’a pas été pêché par Anatole (Partie de campagne), qui taquine le chevesne (et non pas le “ch'val”comme le pense Anatole). Il ne sera pas non plus cuit par Paulette la servante des Duvallier qui sert un poisson cru, car il n’y a plus de gaz dans la bonbonne. Non rassurez-vous, ce poisson a été pêché par Sam Tucker à mains nues (L’Homme du Sud).


Nous vous laissons encore le choix d’un bon cassoulet spécialement préparé par Ballochet (Le Caporal épinglé).


Ici, c’est fromage ET dessert.


En fromage, il y a le camembert volé par Nini chez sa mère (French Cancan). En dessert la maison propose différents gâteaux : à la crème (La Chienne), ou au chocolat (La Femme sur la plage). Si vous préférez des fruits, vous aurez un vaste choix : mûres sauvages (L’Homme du Sud), grappe de raisins (rassurez-vous les abeilles ont été éloignées par Toni) ou vous aurez la possibilité de croquer dans une pomme comme Marceau-Adam croque dans le fruit défendu présenté par Lisette-Eve (La Règle du jeu).


Le repas sera copieusement « arrosé » par différents vins : vin blanc (pour Boudu), Bordeaux rouge ou vin d’Argenteuil (Partie de campagne). Nous vous ferons grâce de l’huile de ricin (On purge bébé) et de l’élixir du Docteur Cordelier. Par contre si vous le souhaitez, vous pourrez vous délecter d’une coupe de Veuve Clicquot (Le Journal d’une femme de chambre). Puis nous passerons au jardin déguster des chocolats et des bonbons comme Nana ou croquer quelques pétales de roses comme ce bizarre Capitaine Mauger (Le Journal d’une femme de chambre).


Pour ceux qui auraient encore un petit creux, le chef peut confectionner très rapidement des sandwichs appréciés par l’inspecteur Maigret lorsqu’une enquête le retient sur le terrain. Et surtout n’oubliez pas de vous brosser les dents, brossage dont Louis XVI aurait volontiers « tâté » (La Marseillaise).


Ceci n’est qu’un bref aperçu d’un menu que l’on constituerait à partir des films de Jean Renoir. Mais outre les allusions directes à la nourriture, on pourrait relever de nombreuses allusions indirectes comme le contremaître de Toni qui résume sa théorie du flirt en expliquant qu’il a horreur « de la sauce sans le rôti », ou encore Toni qui déclame que « [son] pays, c’est celui qui [le] fait bouffer » ou encore dans La Marseillaise, « l’estomac est un organe qui ignore les subtilités de la politique ». Nous retrouvons le même intérêt pour la « bonne bouffe » dans Les Cahiers du capitaine Georges : « La boustifaille d’abord, les bagatelles après ».


Pour Renoir:


« Rien n’est plus délicat que la dégustation en commun de nourritures de qualité. Ce sont les convives eux-mêmes qui transforment un repas quelconque en une fête des sens. Comme toute œuvre d’art cette réunion de palais ne prend son importance que pendant qu’on lui fait un sort » 


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