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8 février 2015 7 08 /02 /février /2015 07:00

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Lors de notre première réunion de la semaine, ce dernier lundi, comme un petit air de fête flottait dans l’air. Mes troupiers devisaient gaiement en sirotant l’excellent café préparé par Emmanuel. Moi je donnais le change, j’allais de l’un à l’autre, souriant alors que je me trimballais un vague à l’âme en béton. J’aurais voulu être à cent lieues de ce lieu pour oublier. L’oublier ! Surtout ne pas se plaindre, assumer, assurer, ne rien laisser paraître, contre-attaquer !


J’ouvrais la séance :


« La vie de l’UMP, encore et toujours, est tout sauf un long fleuve tranquille, le retour loin d’être triomphal du petit connétable de Neuilly n’a pas apporté une once de sérénité, bien au contraire, ça va de mal en pis. D’autant plus qu’en face comme le caramel mou, face à l’épreuve, s’est révélé plus coriace, très duraille même, le Hollande bashing s’apaisait alors que la dernière du petit Nicolas, sa petite escapade à Abu Dhabi, le précipitait dans la raillerie et le discrédit. Et pendant ce temps-là, Juppé sur son blog, droit dans ses bottes, goguenard, se payait le luxe de brûler la politesse au boss en cavale en annonçant que, s’il votait dans la circonscription de Mosco,  ce serait pour le candidat du PS. Les résultats de la partielle du Doubs, une tuile qui, comme toujours, vous tombe sur le coin de la gueule au moment où l’on ne s’y attend le moins. Fallait dégainer le soir même, imposer son tempo, le Nico a temporisé avant de s’envoler sous des cieux cousus de beaux euros. Au bal des faux-culs Le Maire lui s’est encore distingué, toujours avec toujours son air de gendre idéal, propre sur lui mais avec un peu de merde dans la tête, pour nous asséner l’argument foireux qu’il faut respecter l’électeur de la Marine. Ça veut dire quoi au juste cette bouillie pour chats ? Ne pas insulter l’avenir, aller racoler l’électeur en le brossant dans le sens du poil, vendre sa belle âme pour une poignée de lentilles, Longueurs et Pointes, elle, n’a pas eu ce genre de coquetterie déplacée. Mais le pompon revient à l’inénarrable Wauquiez qui a ressorti Guy Mollet de sa naphtaline en nous assénant u péremptoire « le général de Gaulle n'aurait jamais appelé à voter, en pareil cas, pour son opposant politique, le socialiste Guy Mollet. J'aimerais que chacun réfléchisse à cela » concluait-il en guise de morale. Connard ! Comme l’a balancé Bussereau en plein Bureau Politique de l’UMP, à l’attention d’un autre indigent mental. Qu’un agrégé d’Histoire oubli de Gaulle a nommé Mollet dans son gouvernement d'union nationale en 1958 en dit plus long qu’un long discours. Wauquiez est un spécialiste d'approximations, d'inexactitudes et de mensonges. »


J’invite ma petite troupe à prendre connaissance de deux analyse : l’une de droite le pari risqué d’Alain Juppé d’Isabelle  Ficek des Echos et l’autre de gauche Alain Juppé au JT de France 2 : comment il a ringardisé Sarkozy sur le FN de Thierry de Cabarus sur le plus de l’Obs.


« Voter PS pour « faire barrage au FN ». Le positionnement dAlain Juppé est risqué disent certains. Totalement décalé, assènent d’autres, à moins de deux ans de la primaire à droite et au centre. Sauf que celle-ci est inédite : personne ne sait qui se déplacera pour voter en novembre 2016.


Sa position est clairement minoritaire à l’UMP quand 67 % de ses sympathisants sont pour le « ni-ni » et seuls 19 % d’entre eux pour le vote PS selon un sondage de l’Ifop pour « Le Figaro » publié ce mardi. Mais elle est dans la droite ligne de ses fondamentaux (qui ont évolué depuis les années 1990) et de sa défense d’une UMP ayant vocation à rassembler la droite et le centre, lui qui l’a fondée dans l’esprit de faire barrage au FN au lendemain du 21 avril 2002. »link


«Alain Juppé est sans conteste un homme libre et il semble prendre un malin plaisir à le montrer aux téléspectateurs, qu’ils soient de droite, du centre ou de gauche.


 On s’en est aperçu hier soir, pendant le JT de David Pujadas, sur France 2, où il est apparu à la fois serein, distancié, je dirais même rajeuni, sans pour autant ne rien céder sur ses convictions républicaines.


 Aussi bon que Sarkozy était mauvais


 À le voir ainsi poursuivre avec cohérence son bonhomme de chemin qui devrait le conduire à des primaires ouvertes à droite, à la fin de l’année prochaine, on ne pouvait que songer, par contraste, à la prestation calamiteuse qu’avait fournie son rival Nicolas Sarkozy quelques jours plus tôt, sur ce même plateau, quand il s’était cru obligé, à grands coups de mensonges et de surenchères sécuritaires, de rompre l’unité nationale après les sanglants attentats de Paris.


 À l’évidence, hier soir, Alain Juppé a démontré qu’il était sans doute « le meilleur d’entre eux », je veux parler des chefs de la droite et du centre, même si à l’UMP tout le monde, loin de là, n’en est pas encore convaincu.» link


Avant d’en terminer, à la surprise générale, je leur parle du juge Charles Duchaine, celui qui a mis Jean-Noël Guérini en examen, que j’ai bien connu au temps où il officiait à Bastia. Celui-ci dirige l'Agrasc à Paris, une agence qui s'intéresse aux biens criminels des petits et grands voyous. Depuis sa création, l’Agence a traité plus de18 252 affaires correspondant affaires à la gestion de 34 000 biens de nature très diverse (numéraires, comptes bancaires, véhicules, bateaux, biens immobiliers..), d’un montant total évalué à un demi-milliard d’euros. Chaque jour, en moyenne, elle est saisie de 20 affaires nouvelles et publie une saisine pénale immobilière.


Je conclue, en m’adressant aux plus jeunes, que l'Agrasc pour eux c’était une belle piste de job link  et link


Pour les vieux je leur propose encore de la lecture pour réveiller leurs neurones assoupis :


-         Chaffanjon : le poison Bygmalion Le Point - Publié le 05/02/2015


Nicolas Sarkozy ne voulait pas vraiment du poste de président de l'UMP, estime Charlotte Chaffanjon. Et cela commence à se voir dans ses décisions.


« Oui. Le comportement de Nicolas Sarkozy autour de cette histoire de consigne de vote est a priori incompréhensible. N'importe quel observateur prédisait un FN largement en tête au premier tour dans le Doubs. On en a parlé ici même la semaine dernière : c'était évident que la question se poserait, soit pour le PS soit pour l'UMP, d'appeler, ou pas, à faire barrage au FN. Eh bien, il semble que le sujet ait complètement échappé à Nicolas Sarkozy... Il n'avait tellement pas prévu le coup que, dimanche, à l'annonce des résultats, il a demandé un délai de deux jours avant de se prononcer sur la marche à suivre. Évidemment, les dirigeants de son parti n'ont pas attendu pour donner leur avis. NKM dans les médias, Juppé sur son blog, Fillon dans un communiqué, aucun évidemment n'ayant le même avis que l'autre... L'autorité de Sarkozy en a pris un sacré coup » link


Sarkozy, le Frankenstein de l'UMP par Renaud Dély publié le 04-02-2015 L’Obs. Politique


« Nicolas Sarkozy rêvait d'une "droite décomplexée". Il voulait bâtir une "droite sans tabou". Le voilà servi ! Douze ans de leadership idéologique sur son camp pour façonner une droite à sa main et l'ancien chef de l'Etat se retrouve débordé par ses fidèles d'hier devenus rebelles.


L'UMP n'a plus de tabou, c'est vrai, pas même celui du Chef qu'elle ose désormais défier et ridiculiser aux yeux de tous. Quelle réussite ! En s'écartant, un peu, du fameux "ni Front républicain ni Front national" pour inciter son parti à opter pour un "refus du FN" assorti d'une "liberté" allant de l'abstention au vote PS en passant par le vote blanc, l'ancien président aspirait à rassembler une droite de plus en déchirée par le cactus lepéniste. » link


Je sors, emmitouflé. Le froid me prend de face. J’enfourche mon vélo et je fonce vers nulle part. Oublier ! L’oublier !

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8 février 2015 7 08 /02 /février /2015 00:09

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Tu te trouves accoudé à un bar et tu lis. Le lieu est magique, et ce que tu bois t’égaie le cœur et envoie ton âme en des lieux qu’elle seule peut visiter. Tu es loin de tout, dans un ailleurs qui est inaccessible à ceux qui ne sont pas des glaneurs de rêves.


Me voilà encerclé par les bras de Patti Smith, je m’abandonne, je crayonne, je glane et ma gerbe, enserrée par le fil de mes propres rêves, dresse un portrait qui lui doit tout.


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Ce sont ses mots, ses phrases réassemblés au gré de mon vagabondage, qui deviennent miennes.


« Rédigé en 1991, pendant une dépression, Glaneurs de rêves est la célébration, vibrante et merveilleuse, d’une acuité poétique née au cours de ses jeunes années. »


Patti Smith invoque un âge […] où les limites du réel, encore mouvantes, engendrent des visions irréelles. De ces « vérités sauvages et nébuleuses », elle tire un mystérieux flux poétique au sein duquel des lieux et des figures inquiétantes se déploient … » Emily Barnett les Inrocks


À tous ceux qui ne savent ni ne veulent se laisser entraîner dans l’entrelac de rêves partagés je conseille de passer leur chemin.


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Ma seule ambition est de vous donner envie de lire le n° 45 7,5x10 cm publié par Hanuman Books Woolgathering 1992, en français Glaneurs de rêves chez Gallimard 10€   


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photo Edward Mapplethorpe

 

« Parfois, je me laissais tomber dans le lit de verdure et je contemplais le ciel.


On aurait dit que la carte de toute la création était tracée là-haut et, distraite du rire des autres enfants, je basculais dans une immobilité que j’aspirais à maîtriser. Là, il était possible d’entendre une graine se former, d’entendre l’âme se replier comme une nappe blanche. »


 « … l’esprit d’un enfant est pareil à un baiser sur le front – ouvert et désintéressé. Il virevolte comme virevolte la ballerine au sommet d’un gâteau d’anniversaire avec ses étages de glaçage toxique et sucré… »


« … De l’esprit on ne peut jamais être certain.


Car il virevolte comme virevoltent le chien sauvage, l’amarante, la jante d’une roue… »


« … Comme il est large, le monde. Comme il est haut… »


« … Et là on serait attiré, telles la phalène et la luciole… »


«… Les glaneurs (de rêves) accomplissent leur tâche. Sans salaire, sans contrat, avec une grâce singulière et collective… »


« … ma tâche n’avait rien d’exceptionnel : arracher une pensée fugace, telle une touffe de laine, au peigne du vent… »


« … Des bribes d’esprit humain passées, on ne sait comment, entre les mailles du filet. Prises dans un tablier. Cueillies par une main gantée… »


« … Détendu, sous le ciel, il (le cow-boy) médite sur tout et rien […] le ciel lui-même avec ses masses qui se gonflent si près qu’on pourrait attraper un nuage au lasso pour y poser sa tête ou s’en remplir le ventre. Saucer les haricots et la sauce brune avec un morceau de viande de nuage, et s’allonger pour une petite sieste. Quelle vie ! »


« … Il a accepté la majesté de son sort avec un cœur sans questions et son cadeau repose encore enveloppé devant lui : la liberté, cette satanée liberté… »


« Planté là, il cligne  des yeux dans le soleil ; et tout est si beau, putain, que ça lui serre la gorge. Il examine le terrain, la paume de sa main et ce fléau doré pendant un petit instant de vérité et voilà ce qu’il a trouvé. »


« … mon imperméable vert qui jurait avec le décor de la pièce. C’était une guenille absurde que j’adorais, en taffetas vert pomme caoutchouté, que j’avais dénichée dans un tas de fripes quelconque. Assise dans la lumière changeante au centre de la pièce, j’ai recopié le Notre-Père en araméen, espérant que quelque chose se révélerait dans l’opération. »


« … Tous les hommes sont frères. Si seulement c’était vrai. Et le marin pourrait dormir en paix dans le cratère du désert et le musulman dans les bras d’un vaisseau chrétien… »


« … Au loin, sur l’eau, on voyait des bateaux, des dizaines de petits bateaux en bois avec des voiles impeccables. La flotte d’un énorme enfant, appuyé sur un nuage pour les poser, un par un, délicat comme une aile… »


« … J’avais une migraine terrible. Elle cognait sans cesse dans mon crâne, me précipitant dans ce royaume insensé où la guillotine semble la plus alléchante des issues… »


« L’eau bouillait. J’ai rincé une poignée de menthe et versé. Pour laver tous les maux, les faire aussi insignifiants que des notes de bas de page… »


« … Un gamin vendait des journaux à la criée : DE  LA NEIGE DANS LE DÉSERT… »


« … Soudain, la fatigue m’a prise. Le jukebox passait un mélange de jazz d’ascenseur et de rock garage des sixties. Riot on Sunset Strip était projeté sur le mur du fond et Mimsey Farmer, défoncée, se débattait dans sa minirobe à fleurs tandis qu’une bande de hippies surexcités s’apprêtait à la faire passer à la casserole… »


« … Un gamin vendait des journaux à la criée : EXCLUSIF INONDATION DANS LE DÉSERT… »


« … Rien ne collait, mais tout collait… »


« … J’ai commandé un Pernod avec de l’eau… »


« … J’ai tiré sur les lacets de mes chaussures absentes et j’ai foncé droit dans l’amour… »


« … Mon souffle formait le langage mais aucun son, tandis que le ciel clair se zébrait des traces estompées de prières et de poèmes qui semblaient échappés du moteur de l’avion d’Apollinaire… »


« … Après mes prières, quand tout était calme […] Je continuais ma communion en les guettant – les glaneurs de rêves – grattant les choses disparues pour les retrouver de nouveau, même la lueur la plus anxieuse… »


« … Ces moments étaient à part, uniques. Les silhouettes n’étaient pas si insaisissables, pas si furtives. Non, elles se tenaient côte à côte face à moi, et se préparaient, vêtues des manteaux et coiffes de leur espèce ; tissés d’un fil tremblant. Baignées dans la pâle clarté, elles ressemblaient moins à des êtres humains qu’à des rangées de trembles frissonnants dont les feuilles frémissent au moindre souffle. Elles traçaient, de concert, le mystère de leur ouvrage, conspirant dans leurs mouvements pour nettoyer et magnifier l’existence dans une chanson humaine. On aurait dit qu’elles ne prenaient pas, mais donnaient, et pendant un instant le monde entier semblait béni… »


« … Un serpent dans l’herbe avec des ailes… »

 

Photo de couverture : Patti Smith CM1, 1955, New Jersey

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7 février 2015 6 07 /02 /février /2015 00:09

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Hier j’ai acheté, à Terroir d’avenir, des poires de terre cultivées par Bérurier mais, rassurez-vous, je ne suis pas en train de me fiche de votre poire, comme Frédéric Dard, car je suis trop bonne poire pour me fendre la poire à votre détriment.


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Que la langue française est riche d’expressions qui n’ont pas toujours été du goût du pouvoir. Les caricaturistes, déjà, ont été la cible de l’autorité et l’assimilation de la poire au visage vient de là. En 1830, avec l’avènement de Louis-Philippe, l’éditeur Charles Philipon se veut le fer de lance de la résistance au gant de fer royal en débauchant des talents de la pointure de Daumier. La caricature du visage du roi en forme de poire, fruit connu pour pourrir rapidement, enflamma le peuple et les initiales LP, Louis-Philippe, collaient très exactement avec La Poire, et valut à Daumier cinq ans de prison et cinq mille francs d'amende.  Bien avant notre Flamby, le roi de France fut brocardé comme étant « La Poire de la France »


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Mais revenons au sujet du jour : la poire de terre, Polymnia edulis, qui est une plante originaire d'Amérique du Sud, le Pérou, aux tubercules comestibles et charnus. Ces derniers ont une forme qui rappelle la poire et leur peau est rouge tachée de brun. Cette poire a un goût sucré rappelant celui de la poire, tout en restant pauvre en calories mais riche en inuline ce qui lui vaut d’être conseillée aux diabétiques.


Pour les jardiniers du dimanche, du côté culture de la poire de terre sachez qu’elle « apprécie une exposition ensoleillée, un sol meuble et riche. Procurez-lui beaucoup d'espace car elle aime s'épanouir en hauteur comme en largueur (très fort développement aérien, jusque 2m de haut et sous terre). Qui plus est, elle reste longtemps en terre, puisque sa plantation s'effectue après les saints-de-glace, et sa récolte avant les grosses gelées d'hiver. »link Voir la vidéo ci-dessous.


Pour les as de la queue de casserole, sachez quela poire de terre se cuisine comme la pomme de terre : cuite à l’eau ou à la vapeur, mais contrairement à la patate elle peut se consommer crue.


Du côté recette allez consulter le blog de ma consœur : mademoiselle banane cuisine link pour tout savoir sur le gratin de poire de terre qui, selon elle, va bien avec le veau.


Comme vous le voyez, en notre vieux pays grincheux, tout peut finir sur une côte de veau poêlée au gratin de poire de terre…

 

En froid je me suis concocté une petite salade d'endives de pleine terre, fines lamelles de poire de terre et de provolone fumé...


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Et avec tout ça vous prendrez bien un petit coup de poiré !


Et ne me dites pas que tous les Français sont des veaux sinon je vais vous en mettre plein la poire… 


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6 février 2015 5 06 /02 /février /2015 00:09

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Qu’il est doux d’avoir de  bonnes amies qui vous prêtent des livres, Claire de la cantine d’altitude est de celles-ci. Avant même d'en avoir terminé la lecture, connaissant ma boulimie « Gutenbergienne », elle m’a confié « L’art de l’ivresse » poèmes chinois traduits et présentés par Hervé Collet et Cheng Wing Fun chez Albin Michel.  


Ils écrivent dans leur préface « Pour le poète chinois de jadis, le vin est aussi important que l’encre ou le pinceau. L’ivresse qu’il procure permet de s’accorder au cours naturel des choses (tao), d’entrer en communion avec les circonstances, d’être en phase avec le flux de l’instant éternellement présent. « Hic et nunc », comme dit le latin avec un sens évident de l’onomatopée. On dit souvent que le vin que le vin permet d’oublier. Il permet en effet d’oublier le passé, l’avenir, et de se consacrer entièrement au présent, dans une merveilleuse contemplation du monde. »


C’est le père Rigaud qui va être content, il va peut-être porter l’affaire devant les tribunaux pour incitation à lever le coude. Je compte sur le Jacques Dupont pour plaider la défense de Liu Ling, l’un des 7 sages de la Forêt de bambous, cette joyeuse compagnie de lettrés excentriques d’inspiration taoïste. « Liu Ling reste à jamais gravé dans les mémoires comme le plus grand buveur de l’empire du Milieu. »


Dans les nouveaux Propos et anecdotes du siècle, un recueil du 5e siècle, on rapporte à son sujet : « Liu Ling s’abandonnait souvent au vin. Libre et exubérant il se déshabillait et se promenait nu dans sa maison. À ceux qui lui rendait visite et l’en blâmaient il répondait : « je prends ciel et terre pour maison et ma maison pour pantalon. Qu’avez-vous donc messieurs à entrer ainsi dans mon pantalon ? »


En buvant du vin


dans le jardin à l’est il y a un pin vert


quand la végétation est luxuriante, sa belle allure


          est engloutie


mais lorsqu’il gèle, que tout le reste est flétri,


majestueusement apparaissent alors ses hautes branches


un pin au milieu de le forêt, personne


      ne le remarque


tout seul, il inspire l’admiration


j’emporte une gourde de vin et l’accroche à


      une branche froide


la vie s’écoule au milieu du rêve et de l’illusion


pourquoi rester prisonnier des filets du monde


      de poussière ?


Devant le vin


du vin de raisin dans des coupes en or


une belle de Wu de quinze ans, sur un cheval


     nain


ses sourcils peints d’indigo, ses bottes de brocart


     rouge


elle trébuche sur les mots, mais espiègle chante au banquet raffiné, ivre elle se

 

serre contre moi

 

« derrière la tenture aux nénuphars, je ne saurais te résister »


Inscrit sur le kiosque montagnard de l’ermite Ch’ui (Chan Chi)


un sentier dans les pivoines, la mousse est rouge


     vif

 

une fenêtre en montagne, emplie de bleu


    émeraude

 

je t’envie, ivre au milieu des fleurs,


papillon voltigeant dans le rêve


Inscrit dans ma cave à vin


je suis comme une grue sauvage qui s’est échappée


     de sa cage,


un frêle esquif dérivant au gré du vent


quand je me sens triste, je me rends dans un lieu


     animé


j’ai installé mes vieux jours dans la tranquillité


mon corps, que pourrait-il demander de plus ?


le ciel est généreux envers le vieillard


le vieillard, qu’a-t-il donc fait pour mériter, ainsi,


que sa cave à vin ne soit jamais vide ?


Le banquet vient de se terminer


le petit banquet en quête de fraîcheur vient


    de se terminer


traversant le pont en planches, je rentre


     sous la lune


dans le pavillon, les orgues à bouche


    et les chansons se sont tues


on descend les torches du belvédère


c’est la fin de la chaleur, les cigales semblent


      pressées d’en finir


le nouvel automne ramène les oies sauvages


pour accueillir le sommeil naissant


avant de me coucher je bois une dernière coupe


Quémandant du vin (Yao He)


j’entends dire que tu as du bon vin


il serait avec moi en bonne compagnie


il doit déborder de la jarre, limpide


    comme de l’eau de source,


et coller à la coupe, presque comme de l’huile


non seulement il doit guérir les anciennes


     maladies,


mais aussi susciter de nouveaux poèmes


ce ventre rebondi, au bout du compte,


n’est rien d’autre qu’une jarre qui ne demande


      qu’à être remplie


Au kiosque du sud (Chao Ku)


le kiosque, dissimulé au milieu d’une profusion


     de fleurs, est désert


mélancolique, je réalise qu’il n’y a personne


     avec qui partager l’ivresse


j’écoute se dissiper la cloche du crépuscule, seul,


    assis


au bord de l’eau le vent printanier soulève les pans


    et les manches de mon vêtement


Sur le fleuve, bloqué par le vent


crépuscule de printemps, l’eau et le ciel


     sont sombres, le froid vif


une pluie fine, on ferme l’auvent et la lucarne


     de la barque


j’entends quelqu’un dire que le vin du pêcheur


      est juste mûr


le soir me ravit la tempête qui se lève


Invitation à boire (Li Ching-fang)


de celui qui n’est pas ivre  devant les fleurs,


les fleurs doivent sans doute se moquer


seul m’inquiète la pluie qui ne cesse


    de toute la nuit


un nouveau printemps est sur le point de passer


des affaires quotidiennes je ne vois pas le bout,


cet humble corps a ses limites


s’il n’y avait une coupe de vin,


comment se manifesterait ma nature véritable ?


Je viens de me réveiller (Yong Tao)


dans mon cœur la joie a momentanément


     chassé la tristesse


ivre je m’allonge, le vent frais effleure la natte


      d’automne en bambou


au milieu de la nuit je me réveille, dégrisé


       du vin nouveau


un croissant de lune est arrivé jusqu’à


       mon chevet


Laissant aller mon pinceau


l’hôte de la Pente de l’est, vieillard malade


     et solitaire


barbe blanche clairsemée, pleine de givre


     et de vent


mon fils, heureux de voir que mes joues


      sont encore rouges, se trompe


je ris, il ignore que c’est le vin qui m’empourpre


Le petit kiosque sur le lac


les raisins commencent à s’empourprer, les kakis


     deviennent rouges


accoudé à la balustrade du petit kiosque,


      un vent de dix mille li


il n’est guère étonnant que depuis cette année


      ma capacité en vin ait augmenté


ici je puis atteindre la grand vide

 

Cette anthologie paraît pour la première fois en format poche et c’est un livre indispensable. 8,50 euros


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5 février 2015 4 05 /02 /février /2015 00:09

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Avec ce temps enfin d’hiver, pour chevaucher ma flèche d’argent, emmitouflé je suis, même la goutte au nez, et, lorsque j’arrive dans la caverne exquise d’Alessandra, tout près de l’église ND de Lorette, je goûte la douce chaleur du lieu, aussi bien celle des sourires que des calories.


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Je viens récupérer un précieux et rare flacon et je tombe nez à nez en entrant avec les Croxetti d’Alessandra, pour être franc je découvre une petite affichette où tout est dit sur les Croxetti.


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Pas le temps de respirer que me voilà embarqué dans une dégustation, sous les voutes de la belle cave de RAP, avec Loffredo Sabino vigneron à Pietracupa près d'Avellino, dans l’arrière-pays de la Campanie.


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Mais revenons d’abord aux croxetti ou corzetti qui font battre mon cœur d’ex enfant de cœur : pensez donc ces pâtes, les plus classes d’Italie selon Alessandra, ont la forme d’une hostie (2,5cm de Ø) décorées de motifs apposés à l'aide d'un poinçon en bois réalisé à la main.


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Alessandra est Génoise, et les croxetti « ont vu le jour dans les cuisines des riches familles patriciennes de la République de Gênes. Faites pour impressionner, ces pâtes étaient décorées à leurs armoiries : mets princiers pour maîtres puissants ! »


« Il ne reste plus qu'un seul artisan à perpétuer la tradition des croxetti, qui désignent à la fois les pâtes, mais aussi les poinçons en bois qui servent à imprimer les motifs qui les décorent. Pietro Picetti dont l'atelier se trouve à Varese Ligure, au sud de la Ligurie, grave ses croxetti d'étoiles, de rameaux d'oliviers, d'initiales ou de croix (qui sont avec les armoiries les motifs traditionnels et dont les croxetti tirent leur nom). Il se chuchote que l'empereur Akihito serait un client !


Ces poinçons ont deux fonctions. Le manche sert à découper la forme ronde des pâtes qui sont ensuite placées en sandwich entre le manche et la base du poinçon où sont gravés le motif qui va s'imprimer sur l’une des faces de  la fameuse hostie.


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Pour Alessandra « Les croxetti se dégustent idéalement nappés de pesto genovese. En effet, les rainures du motif absorbent et retiennent délicieusement la sauce. »


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Comme les vins de Loffredo Sabino m’ont séduit, de grand blancs sur 3 millésimes : 2003, 2008 et 2010, monocépage fiano et gréco qui sont typiques de la Campanie. Produit à 300 mètres d’altitude sur une fine couche d'argile et de sable recouvrant du compact tuf, héritage des anciens volcans les raisins prospèrent dans un climat certes très méridional mais bénéficie d’une amplitude thermique très importante.


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Ces vins, élégants, profonds, au merveilleux potentiel de vieillissement, les 2003 ont gardé une fraicheur exceptionnelle, sont d’une grande pureté, cristallins, avec une salinité remarquable pour le fiano et une pointe d’acidité que j’aime tant chez le gréco.


Les 2008 sont remarquables mais malheureusement quasi-introuvables. RAP bien évidemment vend les vins de Loffredo Sabino


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Belle découverte de 2 cuvées et d’un vigneron d’une grande simplicité…


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4 février 2015 3 04 /02 /février /2015 00:09

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De nos jours tous les vins, ou presque, affichent leurs cépages, même les AOC monocépage, sur l’étiquette bien souvent, sur leur contre-étiquette très souvent, sur leurs fiches dites techniques gracieusement expédiées par l’agence de communication, avec des % évidemment, dans le baratin du vigneron ou du préposé à la dégustation, ça me saoule !


Et qu’on ne vienne pas me chanter, comme la messe d’autrefois, que c’est une information consommateur, sauf sur la contre-étiquette, c’est au mieux un cache-misère, au pire la marque de la grande dilution dans laquelle se noient les vins baptisés un temps, vins de qualité VQPRD (les autres étant bien sûr de la daube). Lorsque les aides à la reconversion du vignoble furent de mise, dans les zones de vin de table, on arracha à tour de bras pour replanter des cépages dit améliorateurs : les grosses cylindrées des appellations installées : merlot, cabernet-sauvignon, syrah, sauvignon, chardonnay…


En son temps, Robert Skalli, eut l’intuition que ce réservoir de cépages internationaux devrait permettre au grand vignoble du Languedoc de consolider sa reconversion, il fut le vrai père des vins de pays d’OC, sans pour autant installer la marque internationale dont il rêvait et de finir par vendre sa boutique à JC Boisset le bourguignon. Les seules marques existantes sont nationales et liées au circuit GD.


Alors, avec ses 850 millions de cols mis en marché l’IGP Pays d’Oc est-elle, elle une marque ?


C’est son ambition, à la demande des metteurs en marché l’interprofession a lancé un appel d’offres pour la création d’une nouvelle identité visuelle, « destinée à positionner Pays d’Oc comme une marque et unifier la communication produit avec la communication institutionnelle. »


« C’est la proposition de l’agence parisienne Venise qui a été retenue. Pour écrire Oc, celle-ci a dessiné trois anneaux concentriques fermés- le O de Oc - entrelacés dans autant d’anneaux de même taille, mais ouverts -figurant le c de Oc. Et en dessous : « Pays d’Oc, Indication géographique protégée, Vins de cépages ».


Moi, j’avoue que je me perds dans ce maquis : IGP, signe de qualité, de provenance, emballé avec vin de cépage au pluriel ça nous donne une marque. Sans doute une marque ombrelle : j’adore les belles sous les ombrelles pas tellement les cépages et puis au-dessus de l’ombrelle y’a un grand parasol : Sud de France


Si ça fait vendre plus de vin, et à des prix rémunérateurs pour ceux qui les font, ça ne me dérange pas mais, très concrètement, aussi bien sur les murs de vin de la GD en France, qu’à l’export j’ai du mal à croire que le consommateur final y soit très sensible.


L’unification entre la communication produit et la communication institutionnelle ça plaît beaucoup  dans les AG d’ODG car ça permet aux gestionnaires de CVO de justifier leur ponction financière et l’utilisation des fonds.


Attention, je ne suis pas en train d’écrire que la gestion collective d’une IGP, celle de Pays d’Oc comme tout autre, est inutile, bien au contraire, mais se parer des attributs d’une marque c’est masquer la grande hétérogénéité des vins mis en marché à la fois par des particuliers, des coopératives et des négociants.


La communication institutionnelle est une chose « le nouveau logo apparaîtra progressivement sur tous les supports de communication institutionnels y compris sur les stands sur les prochains salons Prowein et Vinexpo » celle du produit en est une autre et l’apparition du nouveau logo sur les étiquettes des bouteilles et les Bag-in-Box ne me semble pas de nature à modifier sensiblement le comportement des consommateurs face aux vins de cépages d’Oc.


L’impact sur le consommateur de la communication collective, quels que soit ses vecteurs, est extrêmement faible et peu déclencheuse d’actes d’achat, car son niveau de bruit est très faible faute de moyens importants (la loi Evin y est pour rien) et sa lisibilité ou audibilité (radio) hors de portée du consommateur lambda.


Alors la nouvelle campagne de communication sur le thème « Pays d’Oc libère les sens » fera sans doute plaisir au Président, aux présidents, à certains vignerons des Pays d’Oc, moins au Pr Rigaud mais là on s’en fout, quand à madame Michu et monsieur Marcel pas sûr que ça leur donne envie…


Les cépages sont à tout le monde dans le Monde, pas sûr que leur origine prime ni chez nous, ni dans les pays où ils sont la référence : que le meilleur gagne ! Maintenant que le Gamay est de Bourgogne, que les joyeux de vin de France des adeptes des vins nus jouent avec les cépages, vouloir les capter à son seul bénéfice est, à mon avis, une entreprise assez vaine.


Le Languedoc ne pourra s’épargner à terme, en laissant de côté ses diverses boutiques, une réelle réflexion stratégique sur son socle, la base de sa pyramide : son AOC régionale et ses vins de Pays d’Oc. La confusion et l’ambiguïté ne font pas bon ménage avec les différents positionnements sur les marchés. À force de vouloir mettre tout le monde, tous les vins, dans le même sac ou plus joliment sous la même bannière on ne bâti pas une réelle notoriété et Dieu sait que le Languedoc souffre grandement d’une image qui ne reflète pas la réalité de l’excellence de ses vins.


Le récent bashing british sur les vins du Roussillon est là pour nous ramener sur terre, la communication c’est bien mais, comme le dit fort justement Hervé Bizeul : « tant que nous ne PRENDRONS PAS DE PLAISIR à VENDRE des produits dont nous serons FIERS, nous irons vers la disparition... » du moins, avec un peu d’optimisme, je dirais nous ne profiterons pas de toutes les opportunités du marché.

 

Lire cette chronique de 2013 : S’envoyer en l’air avec les Vins de Pays d’OC : une vidéo qui en dit plus long qu’un long discours…

 


 

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3 février 2015 2 03 /02 /février /2015 00:09

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Comme le chantait Alain Souchon dans Poulailler’s song :

 

Dans les poulaillers d'acajou,


Les belles basses-cours à bijoux,


On entend la conversation


D'la volaille qui fait l'opinion.


Ils disent :


« On peut pas être gentils tout le temps.


On peut pas aimer tous les gens.


Y a une sélection. C'est normal.


On lit pas tous le même journal… »


Le journal, il en est un, celui de l’aîné du père Marcel Dassault, qui appointe un type « réputé et craint » qui y sévit depuis 25 ans et qui n’aime pas les blogueurs qui se prennent pour des critiques gastronomiques. Grand bien lui fasse mais, entre lui et François Simon, c’est toute la différence entre un tâcheron et une plume de talent. Il a beau se targuer d’être né entre les casseroles de ses parents ce n’est pas pour autant que son avis fait autorité sauf du côté de la basse-cour à bijoux de NAP. Faut assumer son lectorat coco !


« Parmi les blogueurs, il y a des imbéciles heureux, mais aussi des gens de talent. Comme dans le journalisme, en somme. » déclare-t-il. Ça c’est bien vrai… mais la différence entre l’imbécile heureux et vaniteux qu’il est, c’est que le blogueur que je suis est un client qui vient se restaurer au restaurant et que son avis vaut largement celui d’un gars qui ne fait que ça : un mangeur hors-sol en somme qui a ses têtes…


Que du bonheur que de démonter un gus qui dit faire l’opinion alors qu’il n’est que le poteau indicateur pour les moutons de Panurge en mal d’inspiration… et qui n'ont que le Figaroscope à se mettre sous la main.


Revenons à Heimat et à son couple : Pierre Jancou-Michele Farnesi en cuisine.


J’ai fait l’ouverture au déjeuner avec mon ami Claire et la semaine suivante un dîner en solitaire au bar, avec vue sur la cuisine, pour mieux m’imprégner du lieu.


Pierre Jancou s’est fait, pour les besoins d’un film, une tête de preux chevalier du Moyen Âge, et derrière son bar il manie le goulot des bouteilles de vin nu avec la même dextérité que la Durandal la lourde épée de Roland de Roncevaux.


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« Heimat, en allemand, c’est son chez soi, le pays où l'on naît, le village où l'on a grandi, la maison où on a passé son enfance… Vaste programme qui va bien à la grotte à manger de Pierre Jancou.


« Il y eut une époque où la langue allemande opposait "Heimat" à "ELEND", la misère. "Elend" vient de l’ancien allemand "ali-lenti" et signifie littéralement "l’autre pays",  l’étranger. Vivre "à l’étranger" était donc synonyme de vivre "dans la misère". Ce qui, implicitement, faisait de "Heimat" un équivalent de "bonheur" » link


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Dès la rue Montpensier, qui borde le jardin du Palais Royal, la discrétion de l’enseigne est de mise puisque le premier jour je suis passé à vélo sans la voir. Lorsque j’ai poussé la porte j’ai été agréablement surpris par le lieu, les photos que j’avais vu sur la Toile me donnaient un sentiment de froideur alors que dans la réalité la disposition des espaces, la simplicité, l’éclairage qui donne à la pierre un ton chaud, le bar avec vue sur une belle cuisine « ruche » m’ont de suite plu.


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Le personnel est jeune, accueillant et attentif aux clients. En cuisine Michele Farnesi qui a travaillé chez Rino ou au Caffé Stern est assisté de Federico Azzolini Stern et crippa (alba***) et de la jeune pâtissière Marion Goettle, ça tourne avec beaucoup de talent.


Et dans l’assiette me direz-vous ?


Menus à 34 € (déjeuner) 55 € (dîner) et formule à 26 € au déjeuner.


L’excellence du choix des produits et la maîtrise des cuissons sont la marque de tous les plats que j’ai consommé, pas une anicroche, un seul petit reproche : mon goût immodéré des bulots aurait été rassasié par une seconde brochette. Le minimalisme n’imposait pas cette unicité.


Deux plats emportent mon adhésion et mon enthousiasme :


-          Les linguines/couteaux/radis noir/raifort à me damner !


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-          Le poulet : yaourt/estragon/pomme de terre suave, goûteux, merci papa Godart !


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Deux autres plats, moi qui suis un frère de la côte nourri au meilleur de la mer par une mère cuisinière, m’ont aussi enchanté par leur finesse et leur justesse :


-          Les saint-Jacques/crème de salsifis/poireaux : admirables !


-          Le maquereau/ricotta fumée/puntarelle : une alliance juste magnifiant la lisette.


Les desserts de Marion Goettle sont à la même hauteur, inventifs et succulents. La brioche perdue/oranges/sorbet coriande n'a pas été perdue pour tout le monde... Top !

 

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Bien évidemment, la carte des vins c’est du Jancou à faire pâmer le Guillaume Nicolas-Brion. Mention très spéciale à Prologue de Christian Ducroux : à ne pas mettre entre les lèvres du coiffeur (au sens des mecs qui cirent le banc de touche) des basse-cours à bijoux.


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La nouvelle adresse de Pierre Jancou tient ses promesses, et surtout sa jeune équipe dispose du talent qu’il faut pour progresser, inventer sans se laisser entraîner dans un minimalisme outrancier. Mon penchant pour une belle satiété me fait toujours plaider pour la possibilité, à côté des assiettes bien dressées, d’un petit rajout que je n’ose appeler rab, quelques pommes de terre ou un petit fagot de puntarelle. Innovation bienvenue, sans grande incidence économique mais avec ce côté petit plus qui fait les belles maisons, le bonheur quoi : Heimat !  

 

J'ai inscrit Heimat sur mes tablettes : qui m'aime me suive !


La puntarelle est la chicorée des Pouilles link


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2 février 2015 1 02 /02 /février /2015 12:19

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Qui c’est qui a titré le jour de l’ouverture : « Le restaurant les CLIMATS la plus belle ambassade des vins de Bourgogne dans notre capitale. » ?link 


Ma pomme, en dépit des ricanements d’un petit second couteau de la blogosphère du vin !


« Comparaison n’est pas raison mais pour moi « Les Climats » de Bourgogne, chers à Aubert de Villaine, sont la préfiguration de ces mondes complexes qui nous semblent impénétrables et où, comme l’aurait dit monsieur de La Palisse, il suffit d’ouvrir la première porte pour y entrer. C’est elle qu’ont choisi courageusement Carole Colin et Denis Jamet pour vous faire découvrir la merveilleuse complexité d’une Bourgogne chère à leur cœur. C’est un pari un peu fou que de vouloir faire passer le seuil d’un restaurant à des clients en ne privilégiant qu’une seule origine des vins servis en accompagnement des plats. En effet, le vin au restaurant est souvent le parent pauvre – même si son prix ne l’est pas  – simple marqueur d’une position sociale cher aux buveurs d’étiquettes. »

 


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Bravo à Carole et Denis, et bien évidemment chapeau bas au chef Julien BOSCUS, à toute son équipe, et à toute la salle des climats. En plus, ils sont sympas, Franck-Emmanuel le souriant et compétent sommelier, en tête… Il connaît mes goûts mieux que quiconque.


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Moi qui fait un peu partie des meubles, j’adore ça, je suis heureux pour eux tous !


Combien de fois ai-je seriné aux Bourguignons qu’ils tenaient avec Les Climats la plus belle ambassade de leurs vins à Paris ?link


J’ai croisé aux Climats François Rebsamen et Michel Houellebecq, ça n’a rien à voir avec le film mais j’attends François Patriat le boss de la Région.


«Être étoilé pour un chef, c’est accéder à un statut royal» par JACKY DURAND de Libé


INTERVIEW : à l'occasion de la parution du palmarès 2015 du guide Michelin, le géographe Gilles Fumey analyse les raisons d'un succès ancré dans le territoire et dans le terroir.


Internet n’a pas tué le Michelin. Pourquoi ?


La messe n’est pas encore dite, rien n’assure que le guide résistera avec la génération Y. Alors qu’ils sont très à l’aise avec les GPS, quel intérêt les geeks auraient-ils à avoir un guide alphanumérique en papier ? Michelin a dû anticiper ce déclin en lançant chaque édition avec la complicité des blogueurs qui tombent dans le panneau du buzz. En faisant de l’entrée de certains chefs dans le guide un honneur équivalent aux mots acceptés à l’Académie. En diffusant un peu d’adrénaline avant chaque sortie, la firme clermontoise se révèle très roublarde avec le Web.


La totalité de l'interwiew ICI link


Carole embrasse Lolo de ma part : link


Pour finir 2 autres chroniques du Taulier sur les Climats :


1 - Je me sens des fourmis dans les idées : j’en ai rêvé et dimanche « Les Climats » l’on fait, paroles et musiques du Taulier link


2 - Voici venu le temps de la grouse d’Écosse à la carte restaurant Les Climats, et si nous parlions chasse ! link



Un chef en cuisine, 1ère étoile Michelin par arnaud-serre

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2 février 2015 1 02 /02 /février /2015 00:09

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Suffirait-il de s’asseoir face à une paillasse sur laquelle sont déposés 80 flacons pour avoir la prétention de porter un jugement définitif sur les vins du Roussillon ?


Bien sûr que non, car la réalité de ce territoire ne peut être saisie et comprise au travers d’une dégustation, fusse-t-elle à l’aveugle et effectuée par des dégustateurs patentés. Pousson a totalement raison lorsqu’il écrit « l'exercice de dégustation à l'aveugle et de classement des vins «est parfaitement ridicule, dépassé, ringard» «quand un système déconne, mieux vaut en changer!» «Comprendre que « le meilleur », ça n'existe pas, c'est stupide, irréaliste. Il y a des vins pour chacun, et pour chaque moment.»


Je partage aussi le point de vue de Sylvie Tonnaire dans Terre de Vins « le Roussillon est le plus beau vignoble du Sud de la France voire de l’Europe. Pourquoi ? Pour trois raisons simples : la géographie, la géologie et le patrimoine ampélographique… link


Mais, comme toute bonne dégustatrice, elle ne fait pas grand cas de l’histoire réelle du vignoble du Roussillon lorsqu’elle écrit : « Ces trois raisons simples se conjuguent à l’Histoire de la viticulture, c’est ici que sont nés les vins doux naturels, miraculeux de longévité. S’ils sont passés de mode aux yeux du plus grand nombre, pour les autres, ce n’est que du bonheur… »


En effet, l’histoire de la viticulture du Roussillon ce fut avant tout celle des VDN de masse, grandeur et chute d’une économie viticole dominée par de grandes marques. Une petite rente pour la grande masse des viticulteurs du Roussillon qui ne prédisposait guère à l’appréhension des attentes des consommateurs.


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L’Indépendant de Perpignan le soulignait dans son article « Dans son "combat" Vincent Pousson a trouvé un allié de poids en la personne de Jacques Berthomeau, contrôleur général du Ministère de l'Agriculture, bien connu en Roussillon pour avoir joué en son temps le rôle de médiateur dans un problème financier des muscats. »


Ironie du peu de mémoire du journaliste car au temps où je fus médiateur les muscats étaient l’espoir du renouveau des Vins doux, demandez-donc à Jean-Luc Pujol, alors jeune et brillant vigneron à Fourques dans les Aspres, président de la Confédération Nationale des VDN, link et le Rivesaltes devenu Grand Roussillon le désespoir des vignerons.


Lorsque je fus dépêché, en plein mois d’août, par le Ministre de l’époque Louis le Pensec, sur le conseil d’un certain Jean-Luc Dairien actuel directeur de l’INAO, c’est les stocks de Rivesaltes avaient atteint la limite du supportable et que le château de cartes artificiellement tenu par le CIVDN s’écroulait. C’était chaud : un vigneron fut embastillé pour avoir balancé un cocktail Molotov dans les chais d’un négociant qui cassait les prix. Le président du CIVDN de l’époque Bernard Dauré ne contrôlait plus rien.


L’économie de la viticulture roussillonnaise était l’une des pires de France, le revenu viticole était le plus bas de France, bref, il fallut faire sauter le CIVDN, créer le CIVR pour fédérer les vins secs et les vins doux. Faire comprendre, y compris aux politiques de l’époque la SOCODIVINS, que l’avenir du Roussillon ne se trouvait pas dans le renouveau des VDN de masse.


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Ce petit rappel historique pour dire l’état de la viticulture roussillonnaise  à l’entrée du XXIe siècle. Je n’irai pas au-delà de ce constat pour ne pas apparaître comme un ancien combattant mais j’ai passé 18 mois de ma vie, à raison de 2 ou 3 jours par semaine à sillonner le Roussillon profond. Pas pour y faire du tourisme ou de la dégustation, mais pour me frotter aux hommes de ce pays. J’ai même connu en ce temps-là un certain Hervé Bizeul en son fief qui n’avait pas encore découvert la Petite Sibérie…


Quelques questions en vrac :


-          Les Vignerons catalans, qui s’en souvient ?


-          La Martiniquaise what else ?

 

-          Le Grand Roussillon c'était quoi au juste ?


-          L’économie de Banyuls a-t-elle été sauvée par le Collioure ?


-          Celle du Maury et de sa coopé « soviétique » a-t-elle raté le bon wagon ?


-          Demandez-donc à Jean-Luc Thunevin ce qu’il pense de la rentabilité de son investissement à Maury ?


-          Quel est le poids de la coopération en Roussillon ?


-          Le Mas Amiel joue quelle carte ?


Comme le répète souvent mon vieux mentor Michel Rocard « la prise en compte de la réalité économique ne saurait nuire à la compréhension de l’avenir… » 


L’avenir économique des vins du Roussillon, les vins secs comme on dit là-bas, le « revenant bon » pour les vignerons, passe par un travail collectif de fond – qu’il ne faut pas assimiler à celui des OPA actuelles et officielles – de la nouvelle génération de vignerons pour que leur notoriété toute fraîche, bien fragile, ne soit pas détériorée ni par une engeance de dégustateurs hors-sol, ni par le poids d’une histoire qui n’est pas encore soldée… 

 

Comme mes archives sont bien tenues, mieux que celle des journalistes de l'Indépendant de Perpignan, les copies des articles sont d'époque novembre 1998 et avril 1998. La note au Ministre est elle du 9 mars 1999.

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1 février 2015 7 01 /02 /février /2015 07:00

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Et pendant ce temps-là, discrètement, Alain Juppé glissait dans l’oreille  d’un journaliste « Quand maman allait à la messe, elle portait un foulard… » La mienne aussi et je trouve que mon Émilie ça lui va très bien aussi, j’adore lorsqu’elle s’emmitoufle la tête dans son grand châle. Belle…Gazelle… M’ensorcelle… Scotché je suis, définitivement. Pour surnager, si je puis dire, je me plonge la tête la première dans le travail. Jamais été aussi sérieux, je m’étonne moi-même, mes troupiers sont très impressionnés mais ils n’osent pas me vanner car ils sentent bien qu’ils tomberont sur un bec et ça fait mal un bec. Un de ces quatre je vais leur faire le coup de messieurs je me marrie. Il faut que je relance Émilie sur mon envie de mariage en blanc à Saint François Xavier dans les beaux quartiers. Pour l’heure elle est partie passer le week-end dans la bonne ville de Juppé, je suis un chouïa tristounet et je décide de convoquer mes troupiers à un débriefing dominical autour d’une choucroute maison arrosée de la bière à Zigui.


Suite au choc la nouvelle donne se traduit dans les sondages avec un retour de Hollande dans le peloton pas très loin des autres prétendants 21 % des voix, soit un gain de sept à huit points par rapport à la dernière enquête de fin octobre 2014. Valls ferait mieux que François Hollande, avec 23 %. Sarkozy 23 % est en recul de deux points, que ce soit face à Hollande ou face à Manuel Valls avec lequel il ferait jeu égal. Bien évidemment, c’était prévisible, le rebond présidentiel mange une part de la marge de Juppé qui s’en sort le moins bien aussi bien face à Hollande, 23 % contre 28 % fin octobre, que face à Valls, où il obtiendrait 22 %. Pour nous qui nous plaçons dans l’unique perspective de la primaire de l’UMP rien n’est joué, le centre gauche a tout intérêt à contrecarrer le petit Nicolas afin d’avoir les coudées plus franches au second tour de la Présidentielle. Mais ce qui nous plaît bien dans ce sondage c’est que la Marine fait la course en tête en étant crédité de 29 à 31% des voix au premier tour ce qui la ferait se retrouver en première position quels que soient ses challengers. C’est la pire des positions car le moindre effritement de ce score très élevé la mettra en mauvaise position pour affronter le second tour. Les sondages concernant le second tour n’ont aucun intérêt car ils ne peuvent prendre en compte la dynamique de la campagne des deux qualifiés. Autre enseignement de ce sondage les nains restent des nains : François Bayrou obtiendrait de 7 à 9 %, Jean-Luc Mélenchon 8 %, Cécile Duflot et Nicolas Dupont-Aignan entre 3 et 4 % et l'extrême gauche de 2 à 3 % mais si c’est Juppé pour l’UMP ce bon Bayrou ne se présentera pas.


Mes troupiers sont enchantés et ça les mets en verve, plus particulièrement Ducourtioux qui a eu maille à partir avec les petites mains de l’ex au temps où il officiait au VO. L’attaque est frontale :


-         Angela n’aime plus notre petit Nicolas, tout juste s’il n’a pas été reçu comme un livreur de pizzas.

 

-         Alors raconte ! s’exclame en chœur les bâfreurs éméchés.

 

-         Fallait voir la tronche de l’entourage, amer et vénère. Tout pour remettre le nabot à sa place : reçu au siège de la CDU, pas à la Chancellerie. Arrivée par le parking du sous-sol, grandiose quoi ! Et tout ça sous les yeux de Bruno Le Maire dont Sarko, toujours dans la finesse, a pu dire que « c’était un ancien énarque parlant allemand dont on a toujours besoin dans les sommets franco-allemands ! ». Le Bruno y devait rire sous cape.

 

-         Après la tête d’Angela sur l’épaule du père François la couleuvre était difficile à avaler, ironisait Pérochon le petit nouveau qui venait de se joindre à nouveau, un Paganini des réseaux sociaux.

 

-         Mais ce ne fut pas tout, le calice jusqu’à la lie : réception par un second couteau, longue attente au 3ème étage car  la dame de fer n’en avait pas fini avec ses rendez-vous dans son bureau du 6ème, entretien expédié en moins d’une heure, black-out sur les images des caméras dont le petit Nicolas raffole, pas d’embrassades ou de papouilles pour le bon peuple. Service minimum, un cliché du photographe de la CDU… L’horreur !

 

-         Ouais, ce minus de Ciotti, en bon filloniste a même placé « La magie s’est envolée » en ajoutant, perfide, « Nicolas est dans un entre deux difficile… » place Dal ’Oglio toujours aussi pro dans le marigot de l’UMP.

 

Ducourtioux, pour finir, nous en raconte une bien bonne. Le non-événement, comme le souligne Nicolas Domenach « n’aurait laissé aucune trace, si l’UMP n’avait dans la grande tradition stalinienne, gommé Bruno Le Maire de la photo officielle. Ce qui fut relevé par un journaliste futé Thibaut Pézerat et en conséquence vite corrigé. Bruno Le Maire pouvait en rire aux éclats, ce n’est pas en effet par des coups de ciseaux ou de Photoshop qu’on le fera disparaître… »


Nous fumons des cigares en sirotant une petite poire. Je recommande au jeune Pérochon de lire deux articles :


-         L’étrange Monopoly financier du président Sarkozy link


-         Sarkozy aux pieds d’argile de François Bazin link

 

Crédit photo Montagne Dessinateur ‏@yvesmontagne sur Twitter 

 

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