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24 novembre 2015 2 24 /11 /novembre /2015 07:31
« Nos coquillages auront-ils la pêche dans 20 ans ? » au 1er SEAFOOD FUSION FESTIVAL de Brest
« Nos coquillages auront-ils la pêche dans 20 ans ? » au 1er SEAFOOD FUSION FESTIVAL de Brest

Comme vous le savez j’adore les titres qui accrochent et, comme l’on dit aujourd’hui dans les milieux tendances, qui font sens.

 

Pas très joli de dire « ça fait sens » note Adèle Bréau dans « Je dis ça je dis rien et 200 autres expressions insupportables»

 

« Force d’enregistrer toute nouvelle expression française dans ma tête, j’ai pu passer pour une mal élevée. A un certain moment j’ai dû en désapprendre certaines pour que ma façon de parler s’accorde mieux à ma personnalité. J’ai appris que ce n’est pas très joli de dire « ça fait sens » ou « la question fait débat », même si on l’entend souvent.»

 

Bref, j’étais ce samedi-dimanche à Brest pour célébrer coquillages&crustacées.

 

Le premier jour fut ventée, j’ai un peu erré, reluqué des loutres, goûté quelques huîtres, bu un café orgé, mangé un sandwich d’un bon pâté, bu une bière artisanale et un verre de côte de Thongue du domaine Coste Rousse, acheté des livres, fait quelques photos postées sur Face de Bouc et terminait ma journée en dînant dans un aquarium plein de squales…

« Nos coquillages auront-ils la pêche dans 20 ans ? » au 1er SEAFOOD FUSION FESTIVAL de Brest
« Nos coquillages auront-ils la pêche dans 20 ans ? » au 1er SEAFOOD FUSION FESTIVAL de Brest
« Nos coquillages auront-ils la pêche dans 20 ans ? » au 1er SEAFOOD FUSION FESTIVAL de Brest
« Nos coquillages auront-ils la pêche dans 20 ans ? » au 1er SEAFOOD FUSION FESTIVAL de Brest
« Nos coquillages auront-ils la pêche dans 20 ans ? » au 1er SEAFOOD FUSION FESTIVAL de Brest
« Nos coquillages auront-ils la pêche dans 20 ans ? » au 1er SEAFOOD FUSION FESTIVAL de Brest
« Nos coquillages auront-ils la pêche dans 20 ans ? » au 1er SEAFOOD FUSION FESTIVAL de Brest
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« Nos coquillages auront-ils la pêche dans 20 ans ? » au 1er SEAFOOD FUSION FESTIVAL de Brest
« Nos coquillages auront-ils la pêche dans 20 ans ? » au 1er SEAFOOD FUSION FESTIVAL de Brest
« Nos coquillages auront-ils la pêche dans 20 ans ? » au 1er SEAFOOD FUSION FESTIVAL de Brest
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« Nos coquillages auront-ils la pêche dans 20 ans ? » au 1er SEAFOOD FUSION FESTIVAL de Brest
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« Nos coquillages auront-ils la pêche dans 20 ans ? » au 1er SEAFOOD FUSION FESTIVAL de Brest
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« Nos coquillages auront-ils la pêche dans 20 ans ? » au 1er SEAFOOD FUSION FESTIVAL de Brest
« Nos coquillages auront-ils la pêche dans 20 ans ? » au 1er SEAFOOD FUSION FESTIVAL de Brest
« Nos coquillages auront-ils la pêche dans 20 ans ? » au 1er SEAFOOD FUSION FESTIVAL de Brest

Ensuite je dormais comme un loir à l’Amirauté. Au matin, après avoir absorbé force de far et de kouign-amann, le soleil étant au rendez-vous j’ai enfilé la rue de Siam en aller-retour, puis m’en suis retourné retrouver, dans une grosse cylindrée, les festivaliers à Océanopolis.

 

Le bleu du ciel, l’air tendre, le soleil jetaient sur mon regard un philtre d’optimisme. Je baguenaudais le cœur léger face à des chefs perchés sur des estrades, postait sur mon mur des photos suggestives, me posait au carré VIP (oui-oui-oui) auprès de mon ange gardien préféré pour me restaurer de quelques huîtres.

Ferme de Kerguelen www.legumes-project.com
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Qu’allais-je faire après ?

 

La sieste dans un vaste amphithéâtre où se déroulait une conférence dont le titre sitôt assis m’intrigua : « Nos coquillages auront-ils la pêche dans 20 ans ? »

 

Pendant que le chef Patrick Jeffroy 2 étoiles au Michelin à Carantec avec son assistant s’affaire pour préparer des coques à sa façon, la conférence se met en place dans une décontraction studieuse. L’amphi s’emplit. La barque va être menée, de main sûre, par Émilie et une belle bande filles étudiantes au Master Expertise et Gestion de l'Environnement Littoral de l'IUEM. … (1 garçon se faufilera tout de même dans le lot).

« Nos coquillages auront-ils la pêche dans 20 ans ? » au 1er SEAFOOD FUSION FESTIVAL de Brest

Nous allons débattre de la pêche à pied

 

Bonne pioche : votre cher Taulier qui a du nez avait acheté la veille un petit opus «Pêche à pied en bord de mer» chez Artémis 

« Nos coquillages auront-ils la pêche dans 20 ans ? » au 1er SEAFOOD FUSION FESTIVAL de Brest
« Nos coquillages auront-ils la pêche dans 20 ans ? » au 1er SEAFOOD FUSION FESTIVAL de Brest

Nos jeunes pousses ont bien travaillé leur sujet, c’est rondement et élégamment mené. Même que la table ronde n’a pas tourné en rond, scientifiques, pêcheur à pied pro et de loisirs, défenseur de l’environnement (Gérard Veron (IFREMER), Julien Chevre (IFREMER), Agathe Larziliere (PNR Armorique), Ronan Le Corre (Pêcheur à pied pro), ont su trouver les mots pour captiver l’auditoire. On n’entendait pas une mouche voler dans l’amphi pendant plus d’une heure et demie.

 

Comme j’aime les mots j’en ai découvert un nouveau l’estran (partie du littoral alternativement couverte et découverte par la mer)

 

« Un estran distingue une zone du littoral soumise aux variations des marées (balancement des marées) dans la partie intertidale ou tidale. Un estran est donc une bande côtière découverte par la mer à marée basse. L'estran est limité par les niveaux des plus hautes et des plus basses marées.

 

L'estran de marées qualifie une grande étendue plate qui est alternativement immergée et exondée par la marée et qui est principalement constituée de boue et de sable non consolidés. »

 

Bravo et chapeau à tous !

 

Avant de vous livrer quelques extraits de ce que j’ai entendu je voudrais aussi souligner ce qu’a déclaré Patrick Jeffroy à propos de la cuisine des coquillages…

 

Tout d’abord une huître, une palourde, crue, gobée telle qu’elle reste la quintessence de la saveur iodée de la mer…

 

La cuisson doit respecter le coquillage…

 

La préparation doit magnifier le coquillage, le mettre en avant, ne pas le noyer sous des préparations qui se veulent savantes !

 

J’adhère à 100% à cette manière de voir et de faire : trop de tout tue le tout !

 

Je ne vois pas ce que viens faire une tranche de foie gras dans un plat de coquillages, c’est un intrus qui n’apporte rien, gêne, masque, c’est une faute de goût.

 

Le génie du chef se situe par sa touche, ce que sait faire la main, dans cette pure exaltation, cette simple exhalaison des saveurs spécifiques du coquillage…

 

Si l’on veut dépasser l’éternel plateau de fruits de mer accompagné de vins blancs bien ordinaires, seule cette justesse, cet art de s’effacer derrière la vérité du produit, permettra de donner aux coquillages une autre dimanche !

 

Reste à mettre en avant les grands blancs qui vont avec !

 

Rendez-vous l’année prochaine chers vignerons !

« Nos coquillages auront-ils la pêche dans 20 ans ? » au 1er SEAFOOD FUSION FESTIVAL de Brest
« Nos coquillages auront-ils la pêche dans 20 ans ? » au 1er SEAFOOD FUSION FESTIVAL de Brest

Revenons à l’estran !

 

Guy Prigent, auteur de la pêche à pied et usages de l’estran chez Apogée 1998, écrit que les milieux littoraux ont pu s'épanouir du Néolithique au Moyen-Âge sur les côtes bretonnes. Une véritable civilisation de pêcheurs cueilleurs s'est installée sur ces vastes estrans rocheux, offrant d'importantes ressources coquillières et minérales (galets de silex pour confectionner les premiers outils), dont témoignent en particulier les dépôts coquilliers.

 

« Plus près de nous, au XVIIIe siècle, 70 % des pêcheurs trégorrois ont une activité agricole. Le modèle du pêcheur laboureur est donc fort bien implanté en Trégor ». Il rappelle que, dès cette période, les autorités ont commencé à se préoccuper des ressources. « À l'époque, François Le Masson du Parc, commissaire de la marine, a eu pour mission de comptabiliser les pêcheurs, inventorier les techniques de pêches, dénombrer et décrire les pêcheries, et inventorier les ressources du territoire. Protéger les juvéniles et garantir la rente halieutique, étaient déjà des préoccupations et ont débouché sur de nouvelles législations visant à limiter le chalutage ».

 

Dans la pêche à pied il y a les pêcheurs professionnels patentés qui en vivent  et les amateurs comme vous et moi. Il y a des règles de tailles légales (décret du 11 juillet 1990) dont le non-respect sont susceptibles d’amendes lors de contrôles des gardes maritimes ou de la gendarmerie.


Ces dimensions varient selon les côtes car le littoral français est divisé en 3 zones :

 

  • Mer du Nord, Manche et Atlantique au nord du 48e parallèle
  • Atlantique au sud du 48e parallèle
  • Méditerranée.
  •  

Les crustacés sont mesurés de la pointe du rostre à l’extrémité de la queue (dans le cas d’un homard), tandis que les coquillages se mesurent sur leur largeur ou le côté le plus important.

 

Des règles de quantité, de matériel utilisable et de zones de pêche sont aussi applicables.

 

Pour ceux que ça intéresse vous trouverez ici la réglementation applicable à la pêche maritime de loisir dans le département du Finistère et les coordonnées des services. 

 

Pêche à pied - conseils 

 

Franck Delisle, chargé de mission scientifique, explique les menaces qui guettent le milieu naturel, et indique les bons gestes pour une pêche durable. Pour lui, « si le pêcheur respecte 5 gestes de base, l'impact néfaste sur les espèces sera limité ». Il conseille de « se renseigner sur le site de pêche (horaires de marée, conditions sanitaires, conditions météo), respecter la réglementation (tailles, quotas, périodes autorisées), respecter les habitats littoraux (remettre en place les pierres dans le bon sens, algues brunes au-dessus), utiliser les outils autorisés et adaptés, laisser sur place les femelles qui portent des œufs, garantissant ainsi les générations futures ».

 

 

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23 novembre 2015 1 23 /11 /novembre /2015 06:00
En 1990 j’ai fait mon petit Macron : les Agnelli voulaient mettre la main sur le groupe Perrier et château Margaux…

Le Forum de l’Expansion animé par Jean Boissonnat était dans les années 70-80 une institution médiatique, accueillant à la Porte Maillot, à l'hôtel Méridien, les Premiers Ministres Barre, Chirac…, les stars de la politique, même Georges Marchais, et bien sûr la fine fleur des dirigeants de groupes français et étrangers.

 

Guy Le Querrec Magnum 1977

 

Et voilà que votre serviteur, fin 1990, tout juste propulsé à la tête du cabinet d’un Ministre qui n’aimait guère aller se frotter aux milieux économiques se retrouve sur la scène pour le représenter à une table ronde. J’étais dans mes petits souliers. Parfait inconnu dans ce beau parterre mon principal souci était de passer aux travers des gouttes. Sauf que, lors de la séance des questions un journaliste, à ma grande surprise, m’interpelle : « Allez-vous laisser filer l’un des fleurons* de l’agro-alimentaire français à l’étranger, en l’occurrence en Italie, dans les mains de la famille Agnelli ?»

 

Patriotisme économique bien sûr, je réponds, avec une pointe d’ironie, que je connais bien l’Italie pour avoir épaulé Michel Rocard, dans les négociations sur le vin… et je m’en tire au mieux en ne prenant pas parti dans ce dossier épineux. Jean Boissonnat est satisfait. Bref, je me dis que j’ai évité le pire.

 

Sauf que, même si le buzz des réseaux sociaux était dans les limbes, dès le lendemain je dû faire front. Tony Dreyfus, compagnon de route de Rocard alors 1er Ministre, et vaguement Secrétaire d’État à l’économie sociale, me demande de recevoir les Agnelli et le cabinet du 1er Ministre, JP Huchon*, me demande de recevoir Jacques Vincent, PDG de Perrier et d’Exor.

 

*JP Huchon, après avoir été viré de la CNCA, a travaillé comme Directeur général adjoint du groupe agro-alimentaire Exor, de 1987 à 1988.

 

Donc je m’exécutai. L’entrevue avec les Agnelli et leurs conseils fut un grand moment de séduction à l’italienne. La gente féminine de l’hôtel de Villeroy se rinça l’œil, la mode de Milan : la classe !

 

Pour Jacques Vincent, je parvins à le faire recevoir par mon Ministre qui n’entravait toujours rien à mes histoires de participations croisées (pas simples certes, voir ci-dessous) et qui, au beau milieu du rendez-vous, demanda à ce cher homme, très vieille France, en historien qu’il était, de lui conter l’histoire de Félix Potin. Celui-ci s’exécuta avec courtoisie en dépit de son réel étonnement. À Matignon l’anecdote renforça le « crédit » de mon Ministre.

 

25 ans après la suite fait partie maintenant de l’Histoire, mon interlocuteur à Bercy était un certain François Villeroy de Galhau. Les Agnelli n’ont pas pris le contrôle du groupe Perrier mais mis la main sur 75% de château Margaux. La source Perrier sera vendue en 1992 à Nestlé et la Société des Caves de Roquefort à l’entreprise Besnier, aujourd’hui Lactalis.

 

Si vous souhaitez mieux comprendre ce dossier vous pouvez poursuivre votre lecture :

 

« Gustave Leven est étroitement associé à la Source Perrier, une entreprise dont il a été le dirigeant emblématique de 1948 à 1990. Il a donné à cette firme une extension inédite en la faisant passer du stade de grosse PME, à celui de groupe, classé au troisième rang du secteur agro-alimentaire en France en 1989.

 

La main de Perrier en 1976 : un scandale quasi pornographique pour l'époque !

Voici la nouvelle campagne de pub de la marque d’eau gazeuse Perrier. A l’occasion de cette fin d’année, Perrier adresse de manière piquante ses voeux aux consommateurs et aux fans de la boisson pétillante, et fait revivre unscandale de la publicité française : c’est le grand retour de la main de Perrier, le spot réalisé en 1976 par MonsieurSerge Gainsbourg, mais aussi l’arrivée du support digital chez Perrier. Ainsi, pour ce baptême tardif, la marque a développé une flopée de supports originaux et vintage, comme par exemple le calendrier de la main la plus sexy du monde.

 

Gustave Leven a toujours été un dirigeant d’entreprise particulièrement discret, fuyant l’exposition médiatique.

 

Il fut pourtant en 1988, avec deux autres papys flingueurs : Jean-Louis Descours (chaussures André) et François Dalle (l’Oréal) l’auteur d’un raid en compagnie de Georges Pébereau sur la Société Générale qui échouera et lui vaudra des ennuis judiciaires.

 

Dans le portefeuille du groupe Perrier : la Société des Caves de Roquefort dont le PDG est Jean Pinchon, président de l’INAO, et le DG Jacques Bombal ancien membre du cabinet d’Edith Cresson à l’Agriculture et ex-directeur des IAA dans ce même ministère.

 

En février, l’affaire du benzène aux USA, le propulse sur le devant de la scène. Pour défendre son produit, il annonce personnellement le retrait mondial de toutes les bouteilles de Perrier, une réaction signalée dans tous les manuels de gestion de crise. Néanmoins, l’entreprise est affaiblie au moment où, à 76 ans, Leven organise sa succession. En juin 1990, il laisse l’exécutif à Jacques Vincent, PDG d’EXOR, le holding de la famille Mentzelopoulos qui contrôle Félix Potin. Le groupe fragilisé résiste à une offre inamicale d’Agnelli, mais ne peut empêcher la prise de contrôle par Nestlé en 1992. »

 

« Gustave Leven, PDG de Perrier était aussi PDG du groupe EXOR, contrôlé par la famille Mentzelopoulos. Corinne a épousé, en mai 1990, Hubert Leven, neveu de Gustave. Son père André, a racheté en 1958, pour 5 millions de francs, la chaîne Félix Potin. À la mort de ce dernier, en 1980, son bras droit, Jacques Vincent, prend sa suite. Quatre ans plus tard, il cède le réseau d’épiceries. Les avoirs de la famille sont regroupés dans un holding baptisé EXOR, qui gère château Margaux (acquis en 1977), un patrimoine immobilier de 12000 m2 (21 immeubles, pour la plupart situés à Paris), une participation de 9% dans Suez et de près de 35% dans Perrier. »

 

Source : Dictionnaire Historique des Patrons Français Flammarion notice Gustave Leven Nicolas Marty

 

 

« André Mentzelopoulos, né en 1915 à Patras, en Grèce, vient en France, à Grenoble, pour y préparer une licence en lettres ; il a Paul Valéry comme professeur. Puis il part en Birmanie et au Pakistan, où il fait fortune dans les céréales. De retour en France, il se marie et achète la chaîne Félix Potin en 1958.Il scinde l’activité en deux : le commerce d’un côté, l’immobilier de l’autre. Côté commerce, Primistères, La Parisienne, Paris-Médoc, Radar rejoindront tour à tout Félix Potin. Le groupe, au début des années 80, compte plus de 1000 magasins. « Le chiffre d’affaires, était de 4,5 milliards, mais l’arrivée des grandes surfaces tue la rentabilité, note Jacques Vincent qui présidait alors la société. En 1977, André Mentzelopoulos acquiert château Margaux à la famille bordelaise Ginestet pour 77 millions de francs. Après sa mort, en 1990, les magasins sont vendus par les héritiers, qui conservant château Margaux et le patrimoine immobilier. Fille unique, Corinne se retrouve à la tête des affaires. En 1990, elle vend, contrainte, 75% du vignoble à la famille Agnelli, avec laquelle elle est associée dans Perrier. Lorsque le groupe Agnelli, en 2003, décide de se séparer de château Margaux, elle rachète aussitôt leur part devenant ainsi l’unique actionnaire du domaine. »

 

Source : Gabriel Milési Les dynasties du pouvoir de l’argent Michel de Maule

 

« André Mentzelopoulos, patron du groupe Félix Potin et sauveur de Margaux. À 18 ans, ce fils d'hôteliers grecs quitte Patras, au bord de l'Adriatique, pour la Birmanie. Puis il visite la Chine, l'Inde, noue des relations et fait fortune dans l'export-import de grain. Il parle neuf langues, dont l'ourdou ! Finalement, il s'installe au Pakistan et devient l'ami d'Ali Bhutto. « C'est Bhutto, un musulman, qui possédait lui-même une très belle cave, chez qui je buvais pour la première fois de grands vins classés à l'âge de 18 ans, qui a poussé mon père à acheter Margaux. Mon père, lui, était un spartiate. Il économisait même ses lames de rasoirs pendant la guerre », se souvient sa fille unique Corinne. »

 

Lorsqu’André Mentzelopoulos a racheté Margaux en 1977, le vignoble français était en crise. À part 1975, qui fut une bonne année, la décennie avait été décevante. Personne ne voulait de ce noble boulet en vente depuis deux ans. « Il fallait investir 77 millions de francs de l'époque sans espoir de retour. Là encore, mon père fut précurseur. En moins de trois ans, il avait remonté le domaine. Le millésime 1978 s'est arraché. » déclare Corinne Mentzelopoulos. En 1982, le château retrouve son rang et sa réputation aux côtés des Mouton-Lafite, Latour, Haut-Brion ou Yquem, avec de nouvelles barriques, un œnologue, des chais souterrains. Château Margaux est le seul domaine à porter le nom de son appellation. Le seul en quatre cents ans à avoir évité le morcellement de ses 263 hectares, dont actuellement 80 en appellation contrôlée.

 

Lorsqu’André Mentzelopoulos meurt en décembre 1980. « J'étais jeune. J'ai tout de suite pris la direction de Margaux, épaulée par Jacques Vincent, le bras droit de mon père. »

 

Peu à peu, elle réussit à monter dans le capital du Premier Cru classé. D'abord 25 % en 1993, puis 75 % dix ans plus tard, lorsque Gianni Agnelli décide de vendre ses parts. Pour cette dernière transaction, elle s'est accrochée, parvenant à réunir la somme demandée. Astronomique. La presse évoque alors une opération comprise entre 200 et 350 millions d'euros, montant que ni Agnelli ni elle n'ont confirmé. »

 

«Le groupe Agnelli acquiert de Madame Mentzelopoulos sa participation de 9,6 % dans le capital d'Exor Group tandis que Madame Mentzelopoulos acquiert d'Exor Group sa participation de 75 % dans le capital de la société civile agricole Château Margaux », précise le communiqué.

 

Source : Le Figaro

 

« En juin 1988, la société financière Pharaon holding, d'origine saoudienne, prend le contrôle du groupe en rachetant la holding Damilow qui possédait 64 % de Primistères-Félix Potin. La société First Anglo-Dutch Securities NV prend 90 % du capital de Primistères suite à un plan de remise en place d'août 1988. Elle est détenue par 4 nouveaux actionnaires :

 

21 % par le groupe Promodès (Continent, Champion, Shopi)

21 % par la Société parisienne d'alimentation et de distribution (Spad)

21 % par la banque Worms et 36 % par Pharaon holding.

 

Promodès acquiert, pour 400 millions de francs, les 138 supermarchés de Primistères aux enseignes Radar, Félix Potin et Centre distributeur. Le distributeur normand annonce qu'ils prendront rapidement l'enseigne Champion. Après s'être emparé en juin de Nicolas, Castel Frères rachète, pour 250 millions de francs à Primistères, l'enseigne Félix Potin et ses 850 magasins de proximité à la fin de l'année 88.

 

L'enseigne tente de diversifier ses activités en lançant plusieurs boulangeries, baptisées « La fournée de Potin » au cours de 1991. En 1992, Castel Frères revend Félix Potin en avril à la famille Sayer, qui détenait déjà 20 % du capital du distributeur depuis 1989. L'enseigne ne compte plus que 607 magasins, disposant d'environ 400 produits à marque propre. Le 26 décembre 1994, le comité d'entreprise de Félix Potin enclenche une procédure d'alerte sur la santé financière de la société suite aux nombreuses ruptures d'approvisionnement que subissent les magasins et retards de paiements aux fournisseurs. »

 

Si vous souhaitez en savoir plus sur le groupe Félix Potin lire :

 

La version officielle 

 

Une vision plus personnelle

 

L’approche GD 

 

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22 novembre 2015 7 22 /11 /novembre /2015 07:00
CHAP.15 opération Chartrons, «on ne peut pas toujours être dans la surenchère» à droite seul Juppé se tient bien…
CHAP.15 opération Chartrons, «on ne peut pas toujours être dans la surenchère» à droite seul Juppé se tient bien…

Les chefs de LR pilonnent Hollande, Juppé salue un «très bon discours», l’Assemblée Nationale se comporte mal, les aboyeurs de la droite sont dans la surenchère, n’épiloguons pas seul notre poulain se tient bien et ça nous va bien. Il assume les erreurs, critique à bon escient, pour l’heure nous n’avons rien à faire sinon à engranger les points.

 

Je vais m’asseoir pour lire en terrasse.

 

« La guerre civile qu’ourdissent les maos, c’est surtout dans l’usine Renault-Billancourt, la « forteresse ouvrière », qu’ils vont la mener : parce que, entreprise nationalisée, modèle industriel et social, elle symbolise le triple pouvoir contre lequel ils se révoltent, l’État flic, le patronat, le syndicalisme jaune, c’est-à-dire : la complicité « objective » du gaullisme et du communisme – complicité datant de la guerre –, cette « complicité nauséabonde », dirait Alain Geismar.

 

« … les démocrates bourgeois… pourquoi se priver de ces alliés même temporaires, même nauséabonds ? » lit-on par ailleurs dans les Cahiers prolétariens.

 

Pierre Victor, alias Benny Levy, grand timonier de la Gauche Prolétarienne :

 

«Et vous me mettrez quatre caisses de « démocrates » pour la manif de Saint-Nazaire! »

 

« Par « démocrates », les maos désignent, non sans mépris, les universitaires, écrivains, peintres, acteurs, membres de professions libérales diverses, qu’ils ont recrutés comme compagnons de route – et qu’ils rançonnent financièrement… »

 

« La célébrité de ces personnalités permet par ailleurs aux maos de médiatiser leurs coups :

- Si les flics, tabassaient des manifestants, il valait mieux qu’ils s’appellent Claude Mauriac que Mohamed ou Dupont, car on était sûrs, alors d’avoir les gros titres… »

 

« Quand, avec 30 ans de recul, on parcourt les interviews incendiaires que certains intellectuels de gauche donnèrent au début des années 70, et qu’on s’en étonne auprès des ex-maos, ils vous expliquent que c’est i=un langage « situé », « daté »…

 

Sauf que, « Le problème de ce « double langage », c’est que nombre de jeunes marginaux (peu au fait du jésuitisme normalien) n’en perçoivent qu’une seule dimension qu’ils prennent à la lettre, ce qui en a conduit bon nombre au terrorisme – no verbal celui-là. « La fraction Armée Rouge, s’est inspirée des textes des Temps Modernes. »

 

Que disait Sartre sur son tonneau à Billancourt ?

 

« Qu’il préférait parler aux prolétaires, parce que qu’à l’usine les prolétaires sont directement victimes de la violence bourgeoise. « Et contre cette violence, il n’y a pas de moyens légaux ! »

 

Pierre Overney a suivi avec enthousiasme les consignes de la GP. Celle-ci prépare en effet la « lutte armée ». Elle décide de multiplier les « actions de partisans » : bris des cadences à l’usine, représailles directes contre les contremaîtres, séquestrations, expropriations, sabotages, manifestations violentes… »

 

« Le modèle à suivre, pour le général mao Pierre Victor, c’est la rébellion des ouvriers de Sochaux en juin 1968 : « Onze CRS ont alors été tués, de l’aveu des ouvriers, pas de l’aveu du ministre de l’Intérieur, confie-t-il dans une longue interview à Michèle Manceaux. »

 

« La prochaine fois c’est avec les flingues qu’on accueille les CRS » lui auraient-ils dit !

 

« Renault doit prendre exemple sur Sochaux. Le pouvoir est au bout du fusil ! »

 

- J’en veux à Pierre Victor et à Alain Geismar de nous avoir menés en bateau, confie aujourd’hui Dédé. Les gens comme moi et Pierrot, on a été utilisés… On était impressionnés par des types qui nous faisaient faire n’importe quoi. Victor, il ne regardait que son intérêt : le pouvoir ! Aujourd’hui, je ne le ferais plus avoir…

 

- À la GP, explique Michel Chemin, on transformait les ouvriers en singes savants qui récitent leurs leçons : le Petit Livre Rouge… on n’essayait pas de leur ouvrir des horizons. On les abaissait. On cherchait à en faire des brutes qui cassent du contremaître.

 

Morgan Sportès « Ils ont tué Pierre Overney » Grasset

 

 

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22 novembre 2015 7 22 /11 /novembre /2015 06:00
Je suis définitivement immunisé contre les idéologies en béton armé…

Le seul avantage d’être un vieux baby-boomer, je n’écris pas la supériorité, celle-ci est réservée en exclusivité aux philosophes qui eux, selon le plus médiatique d’entre-eux, savent prendre du champ, de la hauteur donc, c’est d’avoir vécu la historique qui couvre la deuxième moitié du XXe et les 15 premières années du XXIe.

 

Au temps des 2 blocs antagonistes, il y eu l’illusion des non-alignés, le choc d’idéologies en béton armé dominait ce que l’on nommait le « monde libre ». Chacun campait, que dis-je guerroyait, stigmatisait, trainait dans la boue, bien sûr les gens d’en face mais surtout qui ne se reconnaissaient pas dans leur lourde phraséologie. Haro donc sur ceux qui ne voulaient pas se faire embrigader, ils étaient dans la logorrhée de l’époque « des alliés objectifs » de la maison d’en face.

 

Faut-il rappeler les errements de ceux qui ont soutenus la Révolution Culturelle de Mao, les khmers rouges, le « bon » Ceausescu, le bilan globalement positif des démocraties populaires, les FAR, les Brigades Rouges, Action Directe… etc. Et puis le Mur est tombé permettant aux bonnes âmes d’oublier, de tenter de faire l’impasse sur leurs prises de position ancienne en les recyclant dans l’imbroglio sanglant du Proche et du Moyen Orient.

 

Bien évidemment, sur les réseaux sociaux les révolutionnaires de comptoir, fesses bien calées, l’œil rivé sur leur écran, prêchent pour, disent-ils, débattre, lutter contre le politiquement correct, la pensée unique… que sais-je encore… piochent allègrement dans les écrits ou déclarations du sieur de Villiers, du philosophe bas-normand, de Galouzeau de Villepin, de Finkielkraut… qui sont comme chacun le sait des bannis des grands médias.

 

Le débat me va mais je suis un non-aligné, je refuse l’adhésion aveugle à l’un ou l’autre des camps. Par ailleurs, la plupart de ceux qui prétendent débattre se contentent d’ânonner la vulgate de leur chapelle. Lisent-ils d’ailleurs ? J’en doute. Ils foncent tête baissée, sans grands risques par ailleurs, contre les adversaires d’en face.

 

Dans l’affaire Syro-Irakienne, j’avoue être bien en peine de comprendre, de me faire une opinion solide, d’être en capacité de choisir dans l’offre politique et stratégique : les pacifistes me laissent un goût de Munich, les va-t’en guerre une impression de justifications de leurs erreurs passées. Alors, que faire ?

 

Je ne sais pas.

 

Simplement je continue de lire ceux qui ne font ni la guerre, ni la paix par procuration, ceux qui ont la modestie d’avouer leur désarroi, leur trouble, leur volonté de pacifier le débat, de le rendre audible, compréhensible.

 

Ainsi j’ai choisi de vous proposer la lecture du blog d’Axel Khan :

 

LA SEMAINE D’APRÈS le 16 novembre 2015 

 

« Lundi, la semaine d’après débute. Tout est à la fois différent puisque le « temps de l’innocence » est définitivement terminé, mais aussi furieusement inchangé. Durant le week-end, chacune et chacun y est allé de ses commentaires, répétition ad nauseam de positions immuables, avancées tactiques, stratégies de récupération, dérapages plus ou moins incontrôlés.

 

Lire le communiqué du NPA et d’autres groupuscules gauchistes, analyser hélas le traitement de l’information par Médiapart, confirme ce que je notais déjà en janvier après les attentats débutant par l’assassinat des collaborateurs de Charlie Hebdo : de l’islamo-gauchisme à la remise en question communautariste de la laïcité, il existe bien un courant établi en France qui voit dans l’islamisme radical une forme de résistance à l’impérialisme qui ne peut être totalement mauvaise, parfois la forme déguisée qu’il emprunte, voire un complice d’Israël, dans tous les cas le dernier refuge dans un monde dominé par le capitalisme et la bourgeoisie des forces révolutionnaires successeurs d’un prolétariat aujourd’hui bien assagi. Au mieux, on renvoie dos à dos l’État islamique et ses adversaires. L’ineptie de ces analyses est elle aussi constante. Les révolutionnaires d’antan luttaient pour l’humanité, pour l’Homme. Daesch en fait ses ennemis, son idéologie est religieuse, nihiliste et apocalyptique, il est financé par des nababs richissimes des pays du golfe, royautés moyen-âgeuses enflées de leurs pétrodollars. Tous les drames que connait notre pays témoignent de l’affaiblissement de l’idée de laïcité, certes pas de son inadaptation aux temps modernes, au contraire. Quant à Médiapart, il est plus prompt à dénoncer les menaces que font peser les mesures de sécurité sur les libertés publiques qu’à détailler ce que pourraient être les moyens les mieux adaptés pour offrir aux citoyens ce qui est aussi l’un de leurs droits inaliénables, celui à une meilleure sécurité. »

 

IDÉES REÇUES SUR LE TERRORISME le 18 novembre 2015 

 

« Michel Onfray dans le Point et d’autres dans les journaux où ils s’expriment nous ressortent pour relativiser la culpabilité des terroristes du treize novembre les mêmes arguments que ceux déjà entendus après les attentats de janvier, et même l’affaire Merah. Or, certains d’entre eux sont tout simplement ineptes. »

 

[...)

 

« Ce qui est incontestable, en revanche, c’est, je viens de le rappeler, le rôle historique dans la situation actuelle de la politique des États-Unis et de leurs alliés en Afghanistan, Irak, Syrie, de la France en Libye. C’est l’ambiguïté de la politique d’alliance des pays occidentaux avec les pétromonarchies du golfe d’où s’est répandu le wahhabisme, qui ont financé l’essentiel des groupes et mouvements salafistes sunnites dans la région et à travers le monde. C’est la rivalité de l’Arabie et des émirats avec l’Iran, c’est l’opposition datant de treize siècles entre les sunnites et les chiites. C’est l’hypocrisie de ces pays riches qui, après avoir soufflé sur les braises laissées par les interventions occidentales, n’accueillent aucun des réfugiés fuyant la situation qu’ils ont eux aussi contribué à créer et sont plus occupés à bombarder le Yémen voisin et à intervenir contre leurs populations chiites qu’à lutter contre l’État islamique. »

LA LETTRE DE HARLAN COBEN À LA FRANCE 

 

« Mais ce qui m’a toujours étonné chez vous, mes amis français – ce que le natif du New Jersey que je suis vous a toujours envié et a toujours voulu imiter – c’est votre joie de vivre. Vous ressentez chaque émotion à la puissance dix. Tout chez vous est d’une merveilleuse intensité. La façon dont vous dégustez votre cuisine. Dont vous appréciez votre vin. Vous vivez pleinement votre musique, votre art et votre théâtre, vous vous y jetez à corps perdu. Vous chérissez la grandeur et le rayonnement de votre culture. Vous adorez la beauté que ce monde a à offrir.

 

En un mot, vous vibrez. Vous ne vous contentez pas de suivre le mouvement. Vous vibrez. Vous vivez, riez, aimez avec ferveur. La contrepartie, mes chers amis, c’est que vous portez le deuil avec la même intensité. Vous n’y pouvez rien, c’est le prix à payer: quand on vit pleinement, on souffre de même. La tiédeur vous est étrangère. C’est une force, pas une faiblesse. Toute médaille a son revers, il n’y a pas de haut sans bas, le bien n’existerait pas sans le mal… et il n’y aurait pas ces larmes s’il n’y avait votre rire débridé. »

 

À Wembley la plus belle Marseillaise entendue de toute ma vie :

 

« Alors que l’orchestre interprétait La Marseillaise, un tifo géant aux couleurs de la France a été déployé dans les gradins de Wembley. Disposant des paroles, les 70 000 spectateurs ont chanté l’hymne à l’unisson. Un geste solennel, empreint de compassion. Comme un symbole d’unité, plus de dix ans après les attaques terroristes qui avaient frappé Londres, le 7 juillet 2005, faisant 56 morts de 700 blessés. Puis les deux équipes se sont disposées en cercle autour du rond central pour observer une minute de silence. C’est à peine si on entendit un toussotement dans l’enceinte. »

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21 novembre 2015 6 21 /11 /novembre /2015 06:00
Paris-Brest et retour c’est du gâteau surtout à vélo… Le Recouvrance que l'on délaisse, La rue de Siam, ses nuits d'ivresse chante Miossec

« Mille millions de mille sabords de tonnerre de Brest* »

 

C’est par le capitaine Haddock que Brest est entré dans mon imaginaire…

 

Depuis, marin d’eau douce que je suis à peine, je ne sais toujours pas distinguer le sabord et le bâbord…

 

Et puis, toujours au temps de mes culottes courtes, Brest ce fut aussi le Paris-Brest de maman… et Paris-Brest et retour de mon grand-frère qu’aimait la petite reine…

 

Le Finistère, la fin de la terre, la rade, le quartier de la Recouvrance, la rue de Siam, peuplèrent plus encore mon imaginaire où les ports occupent une place de choix car longtemps je fus ces «… voyageurs retour de Damas qui partaient pour l’Océanie regardaient avec émoi, symbole de la vie errante, des mouettes qui n’avaient jamais quitté Saint-Nazaire. »

 

Comme les courageux qui me suivent depuis belle lurette le savent j’écris chaque jour que Dieu fait depuis plus de 10 ans, alors parfois il me suffit de puiser dans mon vivier pour trouver de quoi broder (Broderie Glazig  bien sûr, du côté de Quimper) sur tout et rien.

 

 

 

C’est le cas aujourd’hui où j’ai mis le Cap sur Brest pour aller assister à 1 Festival des crustacés… 

 

 

Dans les frimas de fin janvier 2010 j’écrivais :

 

« C’est un simple pâtissier de Maisons-Laffitte, Louis de son prénom comme pépé Louis, doté d’un patronyme fort répandu : Durand qui ne vous prédestine guère à la notoriété, pouvait créer dans son anonyme « laboratoire » un des musts indémodables de la pâtisserie française.

 

« Le Paris-Brest qui, comme son nom l’indique, s'inspirait d'une très vieille classique de la petite reine : le Paris-Brest-Paris créée en 1891 par Pierre Giffard du Petit Journal (elle défuntera en 1951 faute de participants). Elle avait lieu tous les 10 ans et comptera en tout et pour tout 7 éditions (interruption pendant le 2d conflit mondial, reprise en 48). »

 

Le gâteau, créé lui en 1910, est censé représenter une roue de bicyclette avec des rayons en pâte à pain (certains pâtissiers, dit-on, perpétuent la tradition des grands Paris-Brest, si vous en connaissez faites-le savoir). Ceux de maman, fine cuisinière et excellente pâtissière, dans mon souvenir, avaient de 35 à 40 cm de diamètre. Pour faire simple le gâteau consiste en une couronne de pâte à choux garnie d’amandes effilées, garnie d’une crème au beurre ou d’une crème mousseline pralinée… »

 

L’intégrale ICI 

 

Encore un peu d’Histoire pour l’édification des larges masses et mon ami Christophe Larcher :

 

« Paris-Brest-Paris doit sa naissance en 1891 à un homme, Pierre Giffard, alors « chef des informations » (de nos jours on dirait « rédacteur en chef ») du Petit Journal.

 

Passionné par les nouvelles technologies de son époque, il a déjà publié un certain nombre d’ouvrages de vulgarisation sur le télégraphe, le téléphone, le phonographe, la lumière électrique.

 

C’est avec le même enthousiasme qu’il a découvert la bicyclette et ses avantage : « la vélocipédie est plus qu’un sport, c’est un bienfait social » écrira-t-il.

 

En 1890 il publiera chez Firmin-Didot « La Reine bicyclette ». C’est du titre de cet ouvrage que vient l’expression « la petite reine ».

 

En cette fin du XIXème siècle les courses cyclistes se multiplient. Les bicyclettes sont maintenant pourvues de pneumatiques gonflables.

 

En mai 1891, le journal « Le Véloce-Sport » et le « Bordeaux Véloce Club » organisent une course devenue elle aussi mythique : le Bordeaux-Paris. 600 kilomètres en une seule étape.

 

Les britanniques, alors très en avance sur la France tant techniquement que sur le plan sportif remportèrent la course haut la main. Alors que les organisateurs pensaient que la course allait s’étaler sur plusieurs jours, l’anglais George Pilkington Mills parcouru la distance non-stop en 26 heures 34 minutes. Les trois suivants étaient eux aussi britanniques, le premier français (Jacques Jiel-Laval) ne terminant que plusieurs heures plus tard.

 

Pierre Giffard qui couvrit l’arrivée pour « Le Petit Journal », enthousiasmé par ce premier Bordeaux-Paris, estima que l’on pouvait faire encore plus fort. Avec le soutien total du patron de son journal il publia peu de temps après, le 11 juin 1891, un article intitulé :

 

« La course du Petit Journal – De Paris à Brest et retour : 1200 kilomètres ».

 

La suite ICI 

 

À bientôt sur mes lignes…

 

* L'expression tonnerre de Brest vient du coup de canon qui annonçait chaque jour l'ouverture et la fermeture des portes de l'arsenal à 6 heures et à 19 heures aux pieds du château de Brest.

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20 novembre 2015 5 20 /11 /novembre /2015 06:00
Avec Alessandra Pierini l’ambassadrice à Paris du meilleur de l’Italie je ne fume pas la moquette mais les courgettes…

Alessandra est Génoise d’origine, elle me le pardonnera j’en suis sûr mais, pour moi, enfant d’une contrée reculée, la Vendée, une génoise fut, pendant ma prime jeunesse, un aérien et mousseux gâteau de mon cordon bleu de maman.

 

Si elle me le permet encore Alessandra à la cuisine chevillée au corps, elle me sert de conseillère culinaire lorsque je m’aventure dans l’inconnu des produits de son Italie chérie.

 

 

Dans sa belle échoppe Alessandra prend toujours le temps, avec tous ses clients, souriante, disponible et attentive, elle est l’ambassadrice à Paris du meilleur de l’Italie.

 

Et puis la voilà qui nous déclare avec son français chantant : « Je ne fume plus, je mange ! Mais je peux également fumer et manger… »

 

Qu’est-ce à dire ?

 

« Dans l’ancien monde paysan, (fumer) c’était même indispensable. Avec la fumée, on conservait de nombreux aliments, surtout les viandes et les poissons, afin d’assurer les provisions pour l’hiver. » nous dit-elle, et ce langage là je le comprends fort bien, nourri que j’ai été du jambon séché et fumé de papa, cuisiné avec des fayots (haricots) bien sûr.

 

Alors, dans la belle collection de l’Épure les 10 façons de préparer… Alessandra signe « le fumé »

 

 

- Alors pourquoi ne pas se préparer lorsqu’on a un petit creux une tartine de courgettes Scamorza fumée… (2)

Avec Alessandra Pierini l’ambassadrice à Paris du meilleur de l’Italie je ne fume pas la moquette mais les courgettes…

C’est quoi la Scamorza ?

 

« C’est la reine des fromages fumés… Belle, ronde, onctueuse, un goût divin… On la râpe, on la tranche, on la mange crue ou on la fait fondre. Attention, le risque d’addiction est bien réel, vous êtes prévenu ! »

 

Ou alors croquez le sandwich surprise d’Alessandra (3), fait dans de belles ciabatta, en pleine rue, assis sur un muret face aux Faraglioni, sur la promenade des Cyclopes à Acitrezza, en Sicile.

 

Et au dessert, fumez du chocolat ! (10) nous dit-elle.

 

Moi ça me rappelle les cigarettes en chocolat de mon enfance !

 

Alessandra, un tout petit peu dévergondée, nous fait rêver… et saliver…

 

Buon appetito et large soif !

 

Avec Alessandra Pierini l’ambassadrice à Paris du meilleur de l’Italie je ne fume pas la moquette mais les courgettes…
Avec Alessandra Pierini l’ambassadrice à Paris du meilleur de l’Italie je ne fume pas la moquette mais les courgettes…
Avec Alessandra Pierini l’ambassadrice à Paris du meilleur de l’Italie je ne fume pas la moquette mais les courgettes…
Avec Alessandra Pierini l’ambassadrice à Paris du meilleur de l’Italie je ne fume pas la moquette mais les courgettes…
Avec Alessandra Pierini l’ambassadrice à Paris du meilleur de l’Italie je ne fume pas la moquette mais les courgettes…
Avec Alessandra Pierini l’ambassadrice à Paris du meilleur de l’Italie je ne fume pas la moquette mais les courgettes…
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20 novembre 2015 5 20 /11 /novembre /2015 06:00
Le Montebore un délice au lait cru sauvé de la disparition par Maurizio Fava de Slow Food…

Chez Alessandra c’est la caverne d’Ali Baba et j’adore y chercher et y trouver un nouveau trésor : aujourd’hui c’est le Montebore.

Le Montebore est produit par la Cooperativa Vallenostra dans la province d'Alexandrie. On doit le sauvetage de ce trésor à Maurizio Fava du Presidìo Slow Food local qui a convaincu Carolina Bracco, l’ultime dépositaire de la technique traditionnelle d’en continuer la production et qui lui a redonné une audience mondiale à partir de 1999.

 

Il gagne son surnom, le «gâteau de fromage de mariage », de son format inhabituel en niveaux, en effet de multiples couches de plus en plus petites dimensions sont empilées les unes sur les autres.

 

La légende veut que le Montebore soit né en 1489, lorsqu’il a été servi lors du banquet de mariage à Tortona d'Isabelle d'Aragon et Gian Galeazzo Sforza, le fils du duc de Milan. Leonard de Vinci était présent au repas où le Montebore fut l’unique fromage invité à cette noble table.

 

Mais la vérité historique veut que ce sont des Bénédictins de Santa Maria di Vendersi, dont l’abbaye est située sur le mont Giarolo situé au confluent de trois vallées : Grue, Curone e Borbera, qui le préparaient déjà du IXe au XIe siècle. Le Montébore est un mélange à 75% de lait de vaches Brune Alpine, Tortonesi, Genovesi et Cabannina et de 30% de lait de brebis.

 

Le Montebore a donc été pendant de nombreux siècles mais après la Seconde Guerre mondiale, avec la migration des éleveurs des vallées reculées vers les villes, et de l'industrialisation de la fabrication fromagère, il a été menacé de s’éteindre entièrement une fois que la dernière productrice, Caroline Bracco,aurait disparu.

 

 

En 1999 cependant, Maurizio Fava, du Présidium locale Slow Food, et Roberto Grattone, un jeune fromager, l’a convaincue de leur apprendre à fabriquer le fromage. Roberto, avec l'aide d’Agata Marchesotti, produit maintenant le Montebore en quantités suffisantes pour qu’il puisse être exporté au-delà des frontières de l'Italie.

 

 

Fabriqué avec 70% de lait de vache et 30% de lait de brebis, cru, qui est seulement chauffé à une température de 36 °C à laquelle est ajoutée la présure. La rupture du caillé s’effectue après une heure. Il est d’abord moulé dans plusieurs diamètres, retourné plusieurs fois, salé au sel, de mer, puis assemblés en couches 3 et parfois plus, puis lavé avec de la saumure, avant de vieillir pendant un maximum de deux mois. Avec l’âge la croûte se développe et les couches fusionnent en donnant au Montebore sa forme caractéristique de « gâteau de fromage ».

 

La croûte du Montebore a maturité est blanc grisée, légèrement plissé.

 

Il peut être consommé frais, 20 jours, les amateurs apprécieront le goût sucré, texture douce et moelleuse.

 

Après 40/60 jours le Montebore est considéré en moyenne maturité.

 

Après 4/5 mois il est considéré comme très mature. La pâte est dense, marbrée, d’une saveur laiteuse, salée, avec une pointe d‘amertume.

«Le Montebore n'a pas peur des accompagnements risqués, tant il est sûr de son honnêteté: avec des poires caramélisées et piquantes de gingembre ou de piment, il peut révéler son âme étrangement courageuse. Avec de la "sbrisolona" salée de fèves et amandes (une sorte de crumble), il découvre son âme appétissante. Avec le "capunet", sorte de roulé à base de viande de cochon et choux vert, il devient sauce. Il aime accompagner les tartes de courge, qui relève en sapidité et aussi celles d'artichauts, courgettes , cardons.»

Badde Nigolosu est notre Cru, un amphithéâtre naturel assis sur les collines les plus hautes dans la commune de Sennori. Badde Nigolosu est le nom de notre terroir en Romangie

Badde Nigolosu est notre Cru, un amphithéâtre naturel assis sur les collines les plus hautes dans la commune de Sennori. Badde Nigolosu est le nom de notre terroir en Romangie

« Si être un Homo Sapiens Sapiens signifie regarder mais ne pas observer, manger mais ne pas découvrir les goûts, entendre mais ne pas écouter, sentir sans flairer… alors je suis fier d’être Homo sapiens, sans plus. Mais je me sens un animal au même titre que les autres animaux, faisant partie intégrante de la Terre et de l’Univers et je veux être un animal avec le minimum de raison indispensable à ma liberté. C’est pour cela que je fais du vin… et c’est pourquoi je le fais en utilisant des méthodes que j’ai appris de mes aïeux et qui rapprochent de ce que je suis : un animal instinctif.»

 

« Je ne recherche pas les demandes du marché, je produis des vins qui me plaisent à moi, des vins de ma terre, les vins de Sennori. Ils sont ce que je suis et ne sont pas ce que tu voudrais qu’ils soient. »

 

Alessandro Dettori – 1998 – Vignaioli, Artigiani del Vino e della Terra

 

POURQUOI NE DÉCLARONS-NOUS PAS NOS VINS EN DOC?

Toutes les définitions officielles du terme Terroir affirment globalement le même concept : “Le Terroir est une aire géographique délimitée d’où proviennent des produits de la Terre qui sont unique, originaux et inimitables, cela grâce à l’interaction de facteurs géologiques, climatiques, culturels et humains”.

 

Le Terroir est donc une aire géographique délimitée. Et c’est une des raisons pour lesquelles nous réfutons la DOC généraliste italienne. Par exemple, que veut donc dire Cannonau de Sardaigne Doc ? La Sardaigne est considérée des géologues et des biologistes comme un véritable « Continent », et, le Cannonau issu de trois différents terroirs du domaine est forcément différent qu’il provienne de l’un ou l’autre.


Si déjà, c’est tellement différent d’un terroir à l’autre dans un même domaine, il n’est pas compliqué d’imaginer les différences sensibles que peuvent présenter des Cannonau produits dans des zones distantes entre elles de centaines de kilomètres.
La DOC est certainement née avec un esprit très noble mais, les années passant, les choses ont changés : les vins sont vendus uniquement parce qu’ils affichaient une DOC et non plus pour l’estime et la confiance qu’on avait pour le Producteur et plus encore pour la qualité intrinsèque de ses vins.

 

C’est pour cette raison que nous avons décidé une fois pour toutes de ne pas revendiquer la DOC sur nos étiquettes mais bien de lui préférer une appellation bien délimitée, soit l’IGT Romangia, cette appellation na faisant appel qu’aux vins qui sont produits sur les communes de Sennori et de Sorso.

 

Quand la définition du Terroir affirme «produits de la Terre uniques, originaux et inimitables », ceci signifie qu’un vin de Terroir devrait être reconnaissable. Et hélas, de plus en plus, je bois des vins dont je réussis péniblement ou pas du tout à en comprendre l’origine. Serait-il du nord Italie ? Du Sud? Serait-il Australien ?
Le raisin est toujours différent en son terroir mais pas les intrants qui sont utilisés presque unilatéralement pour la production de raisin et de vin : les engrais au vignoble, enzymes, les levures sélectionnées, les tannins ajoutés, et tous les autres produits de manipulation sont les mêmes, partout dans le monde.

 

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19 novembre 2015 4 19 /11 /novembre /2015 06:00
Captation de notoriété, par Inter Beaujolais, des vins refusés d’Isabelle Perraud cotes de la molière qui se rebiffe et sort ses griffes !

Le paradoxe des vins nature est que leur niveau de son médiatique est inversement proportionnel à leur poids dans la masse des vins produits sur notre petite planète.

 

Ça énerve beaucoup de monde surtout les grands chefs de tribu.

 

Ça permet à certains, dont le prolifique Pr Tiron, d’aligner 1 paquet d’affirmations non-fondées au cm2, du style « l’étonnant paradoxe qui fait du vin « nature » un des pires ennemis de la Nature »

 

« Non, c'est bien en cave que se pose le problème, et il ne concerne que les vins "nature", pas les vins bio qui, comme la plupart des autres vins, supportent des montées jusqu'à vingt, vingt-cinq degrés**** sans trop perdre de leurs qualités. Selon tous les spécialistes du genre, ces vins non stabilisés, éminemment fragiles, doivent impérativement être conservés à une température inférieure à 14°C (si l'on s'en tient au chiffre mis en avant par feu Marcel Lapierre) sous peine de partir en vrille.

 

Et c'est là que le bât blesse. Garder nos vins à 14°C, cela implique une multiplication des armoires de stockage réfrigérées mais aussi de système de conditionnement d'air de plus en plus massifs dans les chais, les restaurants et les boutiques. Tout cela est évidemment terriblement énergivore et donc terriblement polluant. Et aboutit donc à cet étonnant paradoxe qui fait du vin « nature » un des pires ennemis de la Nature. Cela doit-il nous empêcher d'en boire? Je ne crois pas, il y a d'autres « gisements d'économie », mais il est intéressant de mesurer de la conséquence de chacune de nos décisions quotidiennes. »

 

Un élève de CM2 nul en arithmétique démonterait, chiffres en main, le soi-disant paradoxe avec la même facilité qu’il le ferait avec ses Lego.

 

Toujours la paille et la poutre… quand on veut tuer son chien on dit qu’il a la rage…

 

Laissons-là ces broutilles sans grand intérêt sauf pour l’intéressé.

 

La petite musique, qui monte qui monte, de la petite bande des vignerons des vins nus irrite les oreilles de ceux qui sont assis sur le couvercle de la cuve. Ça les emmerde car ça mets à mal le verrouillage de la dégustation des aveugles. Ça les exaspère comme un grain de sable dans leur godasse. Ils gigotent, se tortillent en tous sens, tempêtent et pourtant les communicants de leurs zinzins interprofessionnels, en mal de recherche de notoriété, ce pourquoi ils sont payés, lorgnent, louchent, lorgnent vers ces déviants.

 

Isabelle Perraud, du domaine cotes de la molière, qui n’a pas sa langue dans sa poche et qui dégaine sur les réseaux sociaux plus vite que Lucky Luke, nous conte son aventure qui confirme mon analyse initiale. ICI et ICI 

 

« Il y a quelques semaines, nous avions été contacté par l’agence de com de l’Inter Beaujolais pour nous demander si nous serions d’accord afin qu’ils tournent un film chez nous au moment des vendanges pour, selon leur propre mots, remonter l’image du beaujolais… (Me demandez pas ce que c’est que L’inter Beaujolais, je n’y ai jamais rien compris. Y a les vignerons d’un côté et le négoce de l’autre mais les uns ne peuvent pas se passer des autres qui disent que c’est la faute des uns et les autres qui disent que c’est la faute des autres… Qui est responsable de quoi et avec qui? Ma foi, je n’en sais rien).

 

Revenons à nos moutons :

 

Mon étonnement fût étonnamment grand ???

 

Et mon incompréhension totale.

 

En fait je me demandais s’ils savaient bien à qui ils s’adressaient?

 

Ils s’étaient sans doute trompés de numéro de téléphone?

 

Non.

 

C’était nous. Les Perraud. Nous, qui voyons nos vins refuser aux agréments tous les ans (oui, TOUS)

 

Ce n’est pas l’Inter Beaujolais qui donne les agréments. Evidemment.

 

Mais si je parle de la non-conformité de mes vins, c’est parce que je ne comprends pas pourquoi on veut mettre en avant un vigneron qui a des vins non conformes à l’appellation pour remonter l’image du beaujolais?

 

Et que si cette conformité ou non n’a pas tant d’importance que ça… pourquoi existe-t-elle?

 

C’est sûr qu’aujourd’hui, vaut mieux être, comme nous, parmi la minorité qui perturbe que parmi la majorité qui souffre.

 

Parce qu’en Beaujolais, la majorité souffre.

 

Les vins « naturels », c’est vrai, c’est un concept vivant, une manière de le dire et de le vivre.

 

Dire qu’on n’est pas d’accord.

 

Avec nos vins.

 

Je défends le Beaujolais, tout le Beaujolais, tous les jours, avec passion et conviction

 

Comme Isabelle, dans la difficulté je me suis mobilisé pour le Beaujolais dès 2010 Opération Beaujolais «Grand Corps Malade» : constitution d’une «Task Force» 

 

Dès cette époque Isabelle me déclarait avec sa conviction et sa fougue habituelle :

 

« On est fort en beaujolais: on continue à parler de nous, même quand la crise est au plus fort, quand on dit que plus personne ne veut acheter du beaujolais! Ça fait presque 20 ans que la crise est arrivée dans notre région. On n'a pas voulu la voir faisant une confiance aveugle aux négociants et étant persuadé que le consommateur ne pourrait pas se passer de boire de Beaujolais... Et ça m'énerve aussi un peu quand j'entends les vignerons des crus qui accusent le Nouveau d'être la cause de leur malheur. Ils n'avaient qu'à se bouger un peu...réagir quand le beaujolais avaient encore la cote...au lieu de ça on déclassait des beaujolais villages ou des crus en Nouveau! Et oui, parce qu'en beaujolais, les rendements autorisés étaient supérieurs... » Et de conclure : « Arrêtons de compter sur les autres pour s'en sortir? Il faut que chacun se sente enfin responsable de sa cave et de son vin et prenne le courage de mettre son nom sur la bouteille et d'aller le vendre. Arrêtons de se justifier d'être en beaujolais. Soyons fier de notre région, de nos vins. Jamais je n'ai à m'excuser d'être en beaujolais : c'est à prendre ou à laisser! On y trouve des vins magnifiques de fruit, de fraîcheur et de caractère. Vive le beaujolais! »

 

Étonnant non !

 

Là se situe le vrai paradoxe : comment peut-on mettre en avant dans un petit film, les vignes bio des Perraud, travaillées et enherbées. « Parce que ça passe mieux à l’écran. Faut de l’herbe, mais pas trop. Mais y en faut un peu. C’est mieux pour l’image. » note malicieusement Isabelle et rejeter de l’appellation les vins qu’ils ont fait avec leurs beaux raisins sains ?

 

C’est un peu comme si les communicants de notre grosse Éducation Nationale mettaient en avant des élèves qui ne suivraient pas les chemins balisés par les programmes scolaires, la pédagogie normée, qui auraient de bons résultats mais n’en seraient pas pour autant récompensés par le diplôme officiel.

 

Étonnant non !

 

Je comprends et je partage la juste colère d’Isabelle face à une telle hypocrisie.

 

Alors Isabelle et Bruno, comme beaucoup d’autres vignerons, tenir bon, faire front, résister, certes c’est difficile, mais la satisfaction du travail bien fait, reconnu et apprécié par les seuls qui comptent : les consommateurs de vos vins qui ne suivent pas les autoroutes ordinaires, mais les charmants chemins de traverse, est une puissante motivation.

 

L’initiative d’Inter Beaujolais est un premier aveu de faiblesse, le front se lézarde, le bloc monolithique s’effrite, le jour va venir où les ouvriers de la 25e heure vont voler au secours du succès et là, je le crains, d’autres ennuis seront au rendez-vous.

 

Mais n’anticipons pas nous sommes aujourd’hui le jour de la libération du fameux du Beaujolais Nouveau : le 3e jeudi du mois de novembre, alors foin des dégustateurs niveleurs, héritiers de ceux qui ont précipités le Beaujolais dans l’ornière, tous à nos tire-bouchons !

 

L’an dernier au Lapin Blanc c’était le beaujolo nouveau du petit Téo que nous débouchions : Isabelle à un beau cœur c’est aussi pour ça que nous l’aimons autant que son vin…

 

Place à la fête des grands cœurs !

 

« Déguster, c’est comparer, c’est donc à la base connaître.

 

Pour connaître, il faut multiplier ses investigations en observant, en notant ses impressions. Mais il faut aussi savoir que nos sens sont imparfaits, et que pour les rendre fidèles, la volonté, l’attention sont indispensables. Les temps aidant, car l’expérience est longue, la dégustation réfléchie procure au dégustateur, s’il porte en lui l’amour du Beau, du Vrai et du Vin, la joie profonde de pénétrer dans ce domaine où la nature se plait à concentrer son Génie »

 

Jules Chauvet

 

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18 novembre 2015 3 18 /11 /novembre /2015 07:00

photoplomb.jpg« Le 14 mai 1977, via De Amicis à Milan, un jeune homme portant un passe-montagne, un jean à pattes d’éléphant et des bottines tend les bras en position de tir, un pistolet dans les mains. La photo a fait le tour du monde. A peine une semaine plus tard, Umberto Eco écrit qu’il faut garder cette image à l’esprit, qu’elle deviendra représentative de notre siècle. Elle est l’emblème de l’affrontement qui met l’Italie à feu et à sang, le cliché symbole de 1977, d’une « génération perdue » dans la violence d’une année où auront lieu 42 homicides et 2128 attentats politiques.

 

 

Je feuillette Le Nouvel Observateur et la voici, en grand format, bien nette, en introduction d’un article consacré aux « années de plomb ». Tout le monde connaît cette image, elle est très forte, pour certains elle est même devenue une icône. Pour beaucoup, elle représente la défaite définitive des idées, de la contestation ; d’autres se réjouissent, y voient la force, la rébellion. Tout le monde s’arrête sur cette image.

 

Mais il faudrait la retourner, la regarder de derrière, la pénétrer. On découvrirait un monde complexe, qu’il faut analyser. 

 

Sur la fameuse photo, on voit un garçon portant un passe-montagne foncé qui se penche et ture avec un Beretta calibre 22. 

 

« C’est Ferrandi ? – Non, lui, c’est Giusseppe Memeo, il n’a tué ton père, là il n’a que 18 ans, c’est la première fois qu’il tient un pistolet mais, en 1979, avec les Prolétaires armés pour le communisme, le groupe du fugitif exilé à paris Cesare Battisti, il a tué l’orfèvre Pierluigi Torregiani et l’agent de la Digos (l’équivalent des RG) Andrea Campagna. Pendant la fusillade devant leur magasin à la Bovisa, à Milan, le fils de Torregiani, Alberto, a également été touché. Il était adolescent. Depuis il vit dans un fauteuil roulant, hémiplégique. »sur la photo, c’est la scène finale, les jeunes gens sont en fuite, ton père a déjà été touché. Ils sont devant le 59 de la via De Amicis, où il y a un grand magasin de reprographie. Mais si on regarde le cliché avec attention, de l’autre côté de la rue, à moitié caché par un arbre, on voit un autre photographe, Antonio Conti. La clé pour comprendre l’homicide se trouve sur les photos que cet homme, parent d’Oreste Scalzone, (co-fondateur avec Toni Negri de l’organisation d’extrême-gauche Potere Operario), a cachées pendant douze ans dans un livre, dans sa chambre à coucher. »

 

Ce texte me remémorait toute la complexité de cette période. Lorsque j’avais débarqué dans cette semi-clandestinité j’avais été frappé par le sérieux des militants, à cent lieues des petits frelons de la Gauche Prolétarienne enfants de la bonne bourgeoisie intellectuelle. Là, à côté des intellectuels il y avait de vrais ouvriers travaillant dans les usines, formés à la lutte, rudes, sombres, tristes, déterminés, inaccessibles à toute forme de pitié. Et puis dans le livre de Mario Calabresi ce qui me frappa c’est le peu de place donné aux victimes : « dans les grandes librairies, il y a toujours un rayon consacré aux « années de plomb », parfois même un grand rayon. Il s’agit pour la plupart de livres écrits par des terroristes, présentant une multitude de points de vue, mais de leur côté. D’autres ouvrages reconstituent l’histoire du terrorisme, mais quasiment aucun ne parle des victimes, des gens qui sont morts, de leur travail. Il y a quatre ans, un petit livre de mémoires fin et délicat, écrit par Agnese Moro, a eu un certain succès. Il m’a semblé qu’il jurait dans les rayons, tellement il était différent. » Ce fut une vraie guerre intérieure, implacable, sans merci, inexpugnable à laquelle je n’ai pas participé mais que j’ai pu observer comme le faisait les vrais correspondants de guerre, de l’intérieur.

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18 novembre 2015 3 18 /11 /novembre /2015 06:00
De sang-froid : l’exécution d’Aldo Moro par les Brigades Rouges

Ce matin-là, il a enlevé le survêtement de gymnastique et a revêtu le costume sombre qu’il portait le 16 mars (jour de son enlèvement)

 

- J’étais là, Moro n’avait pas à me dire adieu…

 

- … Moro savait qu’il avait été condamné à mort, il était au courant de l’ultime tentative, il savait qu’il n’y avait pas eu de réponse, il savait que c’était la fin. Il n’a pas été trompé. Je lui ai dit de se préparer parce que nous devions sortir. Vous n’imaginez pas ce que quelqu’un peut éprouver en pareille situation. J’avais beau me dire qu’il s’agissait d’une décision politique, qu’elle était inévitable, que nous l’avions prise collectivement, que nous n’étions pas responsables s’il n’y avait pas eu de négociation… Le temps de la réflexion était arrivé à son terme. Quelqu’un devait maintenant prendre une arme et tirer.

 

- Vous ?

 

- ​Oui.

 

- … J’en parle pour la première fois, je ne l’ai jamais fait, pas même avec mes camarades. Ce n’était pas dans nos habitudes. Mais cette fois-ci, c’est différent. Il ne me semble pas juste de laisser indéfiniment le poids de cela sur d’autres personnes, même si politiquement et judiciairement ça ne compte. Quand j’ai décidé de faire avec vous ce travail sur les années de la lutte armée, j’ai décidé, en même temps, que je ne me tairais plus sur rien et que je prendrais mes responsabilités pour ne laisser non seulement aucune zone d’ombre, mais pour qu’aucun élément important ne soit encore dissimulé dans cette histoire. Les camarades qui ont les mains propres… ils ont bien de la chance de s’en être sorti comme cela. Pour ma part, j’ai bien plus de respect pour ceux qui ont pris la responsabilité de frapper quand il avait été décidé de frapper, de tuer quand il avait été décidé de tuer, bref, ceux qui ont endossé la responsabilité des actes d’une guerre assumée, mais aussi le poids des blessures dont ils ne se débarrasseront pas pour le restant de leur vie. Et c’est bien qu’il en soit ainsi.

 

- Pour vous aussi, c’est comme cela ?

 

- ​Voudriez-vous que tout cela ne m’ait pas marqué ? Je porte ce passé en moi, et je le revendique même, il m’appartient autant que tout le reste. On en parle parce que ça concerne Moro, mais que croyez-vous, cela a également été lourd à porter pour les autres, de tirer via Fani (là où Moro a été enlevé). Pour moi, cela a même été pire, parce que Moro, je le connaissais, j’avais passé cinquante-cinq jours enfermé avec lui… Les agents de son escorte, nous ne les avions jamais vus en face. On dit souvent que la mort d’un ennemi anonyme est supportable, allez savoir si c’est vrai...

 

- Même si c’est vraiment, ce n’est pas juste.

 

- C’était une guerre. Si cela avait été possible, si la plus petite ouverture s’était présentée, nous aurions épargné Moro. Je suis en paix avec cet homme.

 

- Vous êtes en paix avec toute cette histoire ?

 

- Je n’ai pas de regrets, je n’oublie pas. Je n’oublie pas non plus que de nombreux camarades sont morts. Que je m’en sois sorti vivant est un hasard, j’avais mis ma mort dans la balance de la même façon que celle que nous infligions aux autres. Je n’ai jamais laissé reposer sur personne d’autre une responsabilité que je n’aurais pas prise moi-même. Cela peut sembler bien peu de chose mais cela aide dans une histoire où tout le monde a laissé pas mal de plume.

 

- Cela vous pèse d’en parler ?

 

- Vous le voyez, je réussis à le faire avec plus d’objectivité que d’autres. Je pense que c’est parce que je ne cherche pas à en retirer quoi que ce soit. J’ai déjà fait treize ans de prison, je pense qu’une amnistie devrait libérer tous les camarades qui sont en prison ou à l’étranger. Mais si cela n’arrive pas, je ferai le reste de ma peine. Il y a pire que d’être en prison.

 

- Qu’est-ce qui est pire ?

 

- Perdre sa propre identité, renier ce qu’on a été, se démener pour paraître différent de celui qu’on a été.

 

 

Texte intégral 

 

Moretti a été condamné à la prison à vie. Après 15 ans de prison, un régime de semi-liberté lui a été accordé en 1998.

 

LE MONDE DES LIVRES | 25.11.2010 à par Robert Solé

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