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13 janvier 2016 3 13 /01 /janvier /2016 06:00
Vache allaitante, veau sous la mère, à Table comme à Ménilmontant je fais de la politique autour d’une blanquette de veau évidemment…

La blanquette de veau c’est le cauchemar de la Blanquette de Limoux.

 

Face aux altiers héritiers champenois les pauvres limouxins en furent réduits à chercher leur salut dans le Crémant sans pour autant sortir de leur roture.

 

La France est un pays de rentiers bien installés, frileux, pingres, qui longtemps firent de la rente Pinay l’instrument de leur domination sur l’économie du pays.

 

De Gaulle ne les aimait guère ces Vichyssois.

 

Philippe de Gaulle, le fils du Grand Charles, dans son ouvrage : «De Gaulle, mon père» indique qu’en juin 40, il dîne à l’hôtel Connaught. De Gaulle vient de stigmatiser l’armistice au micro de la BBC« Je le vois alors serrer son couteau nerveusement avant de le reposer avec délicatesse, puis il me souffle, à voix basse pour ne pas être entendu des convives qui dînent à la table voisine : «Ce sont des veaux. Ils sont bons pour le massacre. Ils n’ont que ce qu’ils méritent. »

 

Vous voyez je fais de la politique !

 

Et je continue sur un ton badin avec deux anecdotes :

 

La vache allaitante tout d’abord qui était la hantise de l’un de mes Ministres, Mitterrandien du premier cercle, ceux qui déjeunaient à l’Élysée après chaque Conseil des Ministres. Avant chaque passage dans les médias, il s’inquiétait :

 

- Dis-moi, toutes les vaches donnent du lait…

 

- Oui !

 

- Alors elles allaitent toutes…

 

- Non, celles qui font du lait pour nous sont des vaches laitières et les autres, qui font téter leurs veaux, des vaches allaitantes. Rappelle-toi les veaux sous la mère !

 

- Oui, c’est vrai notre ami de Confédération Paysanne de Corrèze m’en parle souvent…

 

Le veau sous la mère donc, pas celui cher aux éleveurs corréziens, mais le sobriquet dont Alain Ayache avait affublé Jean-Michel Baylet pour le brocarder, lui, le fils d’Evelyne-Jean Baylet régnant alors sans partage sur La Dépêche du Midi «Ce qui est à la Dépêche est à moi». Rappelons que cette brave Evelyne nomma en 1964 René Bousquet au secrétariat général du journal. Mitterrand toujours…

 

Oui je fais encore de la politique mais pour la bonne cause : celle d’un de nos plats nationaux la Blanquette de veau.

 

Depuis quelques temps je plaide, en tant que vieux bobo indigène, pour le retour dans mes cantines de la nourriture simple et roborative.

 

Et, comme ma surface médiatique est, vous le savez, aussi importante que celle des Radicaux de Gauche du Jean-Michel susnommé, on m’a entendu.

 

D'abord par les cantinières d’altitude, chères à mon cœur, qui pour leur première ouverture au déjeuner inscrivaient ce plat iconique à leur menu.

 

 

Excellente, faite dans les règles, plat simple et populaire, pas cher (voir les tarifs ci-dessus),  qui plus est dégusté entouré d’amis, les piliers du Lapin Blanc.

 

Le Lapin Blanc c'est le lieu où il faut être,  l'info qui passe sous le manteau c’est que cette cantine d'altitude elle monte, elle monte, et que dans les milieux autorisés on s’interroge : mais jusqu'où iront-elles ces cantinières de charme ?

 

La preuve :

 

Pour ceux qui ne le savent pas lors des Conseils des Ministres à l’Elysée les Ministres passent leur temps à s’envoyer des petits billets.

 

Une gorge profonde m’a procuré un échange entre Macron et une Ministre dont je tairai le nom :

 

- Emmanuel t’es chou avec ta barbe de 3 jours…

 

- C’est l’effet Lapin Blanc !

 

- … ?

 

- Tu ne connais pas le White Rabbit !

 

- Non…

 

- C’est une cantine naturiste…

 

- Tu te dévergondes Emmanuel

 

- Normal je suis entouré que de gourgandines…

 

- On s’y envoie en l’air ?

 

- Oui c’est une cantine d’altitude…

 

- Tu m’y invite un de ces 4 ?

 

- Ok je t’embarque sur le scoot de François pour aller y licher 1 canon de Jo Pithon super réduit...

 

- Ha ! la réduction des déficits quelle jouissance...

 

 

PS. Les cantinières ne le dites pas à Philippe mais lorsqu'il quittera Bercy Emmanuel a prévu d'animer le blind test du samedi à la place de Stéphane qui, informé, a répondu « C'est propre !»

 

 

 

 

 

Vache allaitante, veau sous la mère, à Table comme à Ménilmontant je fais de la politique autour d’une blanquette de veau évidemment…

Là-bas j’ai bu ça :

Vache allaitante, veau sous la mère, à Table comme à Ménilmontant je fais de la politique autour d’une blanquette de veau évidemment…

Puis, lundi dernier, le sieur Verjus annonçait via le social réseau : blanquette de veau !

 

Illico j’enfourchais mon vélo.

 

Direction TABLE, car c’est à table que l’on parle le mieux de politique autour de la blanquette de veau de Bruno. 

 

À pleurer !

 

Tout l'esprit de Table : magnifier le produit !

 

Entrée + plat + dessert : 25 euros

 

 

Vache allaitante, veau sous la mère, à Table comme à Ménilmontant je fais de la politique autour d’une blanquette de veau évidemment…

Chez Bruno j’ai bu ça :

Vache allaitante, veau sous la mère, à Table comme à Ménilmontant je fais de la politique autour d’une blanquette de veau évidemment…
Vache allaitante, veau sous la mère, à Table comme à Ménilmontant je fais de la politique autour d’une blanquette de veau évidemment…

À propos, pourquoi dit-on « pleurer comme un veau » ?

 

« Pleurer comme un vieau »

 

J’ignore l’origine mais on dit aussi « Pleurer comme une madeleine… ou comme une baleine. »

 

Pour la madeleine cette expression est une référence biblique. C’est Marie de Magdala, plus tard nommée Marie Madeleine, une ancienne prostituée, qui se présenta à Jésus lorsqu’elle apprit qu’il était à Magdala. Elle se mit à ses pieds, les arrosant de ses larmes et de parfums, tout en les séchant avec ses cheveux alors qu'elle lui confessait ses pêchés. Jésus lui pardonna, et Marie Madeleine devint sa plus fidèle disciple. Lors de sa résurrection, c’est à elle que le Christ se présenta en premier.

 

Je digresse mais c’est pour la bonne cause : l’édification de notre jeunesse.

 

Dans Honneur à la blanquette de veau en mars 2006 Florence Amalou du journal LE MONDE écrivait 

 

« La blanquette de veau, dont le nom fait honneur à la blancheur - très valorisée dans la culture européenne - de la viande et de la sauce, puise ses racines au XVIIIe siècle mais continue de nourrir l'imaginaire collectif. La recette de Nicole s'apparente à celle que l'historien Jean-Louis Flandrin a attribuée dans son célèbre ouvrage La Blanquette de veau (éd. Jean-Paul Rocher) à Vincent de La Chapelle qui, le premier, l'a couchée sur le papier en 1735 dans son Cuisinier moderne. A l'époque, il n'existe qu'une blanquette, et elle est exclusivement de veau. Ce mets à l'origine constitué de restes de rôti était servi en entrée sans autre accompagnement que des oignons grelots et des champignons de Paris. A partir de la seconde guerre mondiale, la blanquette change de statut et entre au menu comme plat principal, accompagnée de riz blanc. Le plat est national, cuisiné dans toutes les régions, et on ne compte plus les variantes : on lui ajoute de l'ail en Provence, on lui enlève la crème à Bordeaux, par exemple. »

 

« En 1752, le supplément au Dictionnaire de Trévoux soulignait que « la blanquette est un mets fort commun chez les bourgeois lorsqu'ils ne sont qu'en famille »

 

« En tout état de cause, la qualité de la viande a toujours déterminé la réussite de la recette. "Au commencement, idéalement, il faut que le veau (...) ait 6 semaines ou 2 mois, qu'il soit gras et blanc. Plus fort, il est dur et n'est pas si délicat. Plus petit, il n'a ni suc, ni goût, ni saveur", insiste François Marin, auteur présumé de L'Art de la cuisine réduit en pratique, paru en 1740. Aujourd'hui, les veaux sont tués lorsqu'ils ont entre 4 et 6 mois et pas plus de 10 % d'entre eux sont élevés sous la mère. La plupart sont nourris en batterie et au lait en poudre, constate Patrick Rambourg, cuisinier et historien, attaché à l'université Paris-VII Denis-Diderot. »

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12 janvier 2016 2 12 /01 /janvier /2016 06:00
En janvier le porcu neru vit ses derniers jours…c’est la saison du figatellu à manger rôti sur de la braise avec de la pulenta et des œufs au brocciu.

Le figatellu fermier, produit rare de saison froide, en effet au début du mois de décembre le porcu neru qui s’est gavé de glands vit ses derniers jour il va être sacrifié au pied d’un châtaignier (dernier carat fin du mois d'avril). C’est aussi la saison de fabrication du brocciu produit typique et identitaire de l’île. Emile Bergerat, poète et auteur dramatique, le décrivait ainsi : « Le brocciu est le mets national et le régal de la Corse… Qui n’en a pas goûté ne connaît pas l’île… ».

 

 

« Nustrale», est le nom officiel de la race porcine corse. Cette race, très ancienne est spécifique à la Corse, a été officiellement reconnue en 2006. Héritage séculaire des traditions pastorales de Corse elle constitue un pilier du patrimoine génétique insulaire. Cette race se reconnaît par sa morphologie générale, et en particulier la forme de la tête et de la cuisse, ainsi que par la couleur de sa robe (noir dominant, gris…).

 

Sa spécificité, repose sur son aptitude à vivre dans son milieu naturel, les parcours en zone de montagne, qui demande une certaine rusticité qui se traduit par des animaux à croissance lente, de formats plus petits que certaines races dites « améliorées ». En revanche, ces animaux ont une bonne aptitude à valoriser les ressources fourragères spontanées du milieu, et procurent une qualité de viande particulièrement adaptée à la transformation en charcuterie crue.

 

Les cycles d’élevage, calés sur le rythme des saisons, sont restés inchangés depuis des siècles. Les animaux sont élevés sur les parcours « i rughjoni » où ils trouvent une partie des ressources indispensables à leur croissance. Pendant la période d’automne les porcs élevés en bande parcourent les espaces forestiers chênaies ainsi que les châtaigneraies pour se nourrir de glands et de châtaignes. C’est uniquement après cette phase dite de « finition » que les animaux sont tués. L’abattage a donc lieu uniquement durant la période hivernale. »

 

 

Chez François Albertini, on est éleveur charcutier de génération en génération. On sait donc de quoi on parle lorsque l'on évoque la qualité, l'authenticité et le mode d'élevage.

 

« Composé de 225 porcs dont une vingtaine de truies, le troupeau de race corse permet à l'éleveur de garantir une viande de qualité.

 

Elevés en semi-liberté, nourris de blé, maïs et orge de février à septembre, les porcs gagnent ensuite chênaie et châtaigneraie. D'octobre à février, ils se nourrissent de glands et châtaignes.

 

Chaque année, 150 d'entre eux âgés de 16 à 24 mois sont conduits jusqu'à l'abattoir de Ponte Leccia. La méthode de fabrication, purement traditionnelle, se décline en découpe, salaison et maturation.

 

C'est entre une semaine à vingt jours que l'on peut déguster le figatellu, de quatre à six mois pour saucisse, coppa et lonzu. »

 

Les figatelli semblent être originaires du sud de la Corse, cette version est plus riche en foie. On la reconnaît à sa couleur très foncée, mais bien sûr il en existe aussi en Haute-Corse mais la recette y diffère un peu. Comme toujours sur l’île, chaque région, voire chaque village, sinon chaque famille, a ses variantes ou même ses secrets de fabrication. Richesse indéniable, ADN corse, en ces temps d’uniformisation, le signe d'une résistance à la standardisation industrielle.

 

Les figatelli sont produit à partir du foie de porc, qui leur donne ce goût si particulier. C'est le dénominateur commun, il y en a plus ou moins : ainsi dans la région de Bastelica « u fitonu » est un figatellu composé quasi-exclusivement de foie et qui se consomme après séchage complet. À ce foie sont ajoutés la plupart des abats, et certaines pièces de viandes : gorge, saignée...

 

Le figatellu accommode en fait les parties du porc qui se conservent difficilement, il doit donc être consommé le plus rapidement, quelques jours après sa fabrication.

 

L'assaisonnement, lui aussi, varie : sel, poivre bien sûr, parfois… ail, vin, herbes...

 

Il est aussi possible de le faire sécher, on peut le garder alors jusqu'au début de l'été sans problème, pour le consommer cru.

 

Les figatelli se consomment le plus couramment doucement rôtis sur de la braise du feu de cheminée en prenant bien soin, pendant la cuisson, de les presser régulièrement sur du pain frais pour ne rien perdre de leur suc si particulier.

 

Si vous voulez suivre la tradition insulaire, les figatelli se mangent avec la pulenta et des œufs et du brocciu.

 

Camille Costa Ceccaldi, gérant de la charcuterie Costa et fils à Urtaca en Haute-Corse, révèle quelques astuces pour dégoter une charcuterie corse de choix :

 

« Guettez la moisissure grise qui se développe à la surface des charcuteries entières. Loin d'être mauvais signe, elle est une marque d'âge, et montre une durée d'affinage suffisant. Notez que certains commerçants l'enlèvent, pour rendre leurs produits plus attractifs visuellement. »

 

« Au niveau de la taille, les grosses pièces doivent être privilégiées, car elles se dessèchent plus lentement en vieillissant. C'est aussi le signe que le produit a été fabriqué à partir d'un cochon adulte et bien en chair... »

 

« La charcuterie corse n'est pas un produit diététique. Pour être gouteuse, elle doit être grasse. »

 

Ainsi pour la coppa, le gras est présent à l'intérieur même de la viande.

 

Le lonzu, au contraire, doit être maigre au centre, avec la matière grasse à l'extérieur.

 

Les saucissons et figatelli présentent des gros morceaux de viande et de gras. C'est la méthode traditionnelle de hachage utilisée en Corse. »

 

Pour accompagner vos figatelli la cuvée grotte Di sole 2014 de Jean-Baptiste Arena s'impose.

 

Jean-Baptiste c'est la nouvelle génération du vignoble insulaire, vous savez comme je suis sensible à la transmission...

 

Les vignes d'où est issue cette cuvée 100% niellucciu ont 30 ans d'âge. Elles sont travaillées de manière traditionnelle et naturelle sur des coteaux argilo-calcaire exposés plein sud. Vinification naturelle bien sûr... 

 

J'ai toujours eu un faible pour la Corse, je fais mienne ce passage de Claude Arnaud :

 

« En survolant la Giraglia, j’ai l’impression de toucher des yeux ce caillou couvert de myrte et de lentisque. Les hublots deviennent autant de masques qui grossissent les contreforts du cap Corse, un index tendu vers le golfe de Gênes.

 

Une forte odeur de maquis me gagne à l’aéroport de Bastia-Poretta, quelque chose d’âpre et d’entêtant qui fait battre mon cœur et me confirme que je suis corse aussi. »

 

 La Corse « une île à faire rougir de honte les toutes les autres.»
 

 

 

En janvier le porcu neru vit ses derniers jours…c’est la saison du figatellu à manger rôti sur de la braise avec de la pulenta et des œufs au brocciu.
En janvier le porcu neru vit ses derniers jours…c’est la saison du figatellu à manger rôti sur de la braise avec de la pulenta et des œufs au brocciu.
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11 janvier 2016 1 11 /01 /janvier /2016 06:00
Je vous préviens sieurs dégustateurs, vous allez salement déguster !

De nos jours, où que tu ailles, tu dois déguster !

 

Impératif catégorique !

 

Bonne dégustation par ci, bonne dégustation par là, n’en jetez plus la cour est pleine.

 

Si déguster c’est goûter un plat ou un vin pour en apprécier les qualités, les savourer, je n’y trouve rien à redire. Nous ne mangeons pas que pour vivre mais aussi pour éprouver du plaisir, un plaisir souvent partagé autour d’une table entre parents ou amis. Le vin, lui, a un statut particulier, longtemps boisson énergétique il s’est installé, dans nos sociétés d’abondance, comme un marqueur social.

 

Dis-moi ce que tu bois et je te dirai qui tu es !

 

À partir de cet impératif sont venus se greffer toute une engeance de dégustateurs professionnels pour qui déguster c’est juger, noter, classer, étiqueter, exclure…

 

Entendez-moi bien je ne développe aucune acrimonie à l’encontre de la fonction de critique qu’elle soit gastronomique ou œnophile et je ne dénie pas aux guides : le Michelin, le Gault-Millau, la vieille RVF et ses tous petits cousins, une fonction qui est justement celle d’un guide : orienter ceux qui veulent découvrir.

 

Du côté des blogueurs ils ont très vite pris le pli, les mauvais plis trop souvent.

 

À chacun de faire comme bon lui semble, avec ou sans béquilles, les conseilleurs ne sont jamais les payeurs.

 

Mon agacement, dans le petit monde du vin, a pour origine l’instrumentalisation de la dégustation, certains prétendent en faire un outil de sélection quasi-infaillible à la fois pour délivrer le bulletin de naissance de l’identité d’un vin et pour le situer dans une hiérarchie statutaire.

 

Nous vivons dans un monde où la main, de ceux qui ne font pas, a soi-disant plus de valeur que celle qui fait.

 

Dans un monde, pas si ancien que cela, les seuls dégustateurs assumant cette fonction étaient le vigneron lui-même ou le vinificateur d’une cave coopérative, le courtier, le négociant et tout au bout de la chaîne le détaillant.

 

Maintenant règne le conseil. Comme me le faisait remarquer un grand patron, dont le siège était situé à la Défense, ils occupent des tours entières les consultants de toute condition.

 

Je suis fasciné par les cérémonies d’assemblage, dans les appellations où celui-ci règne en maître, où l’on voit des messieurs, parfois des dames, qui manipulent des éprouvettes de laboratoire emplies du précieux nectar afin de déterminer les bons pourcentages. Tout cela, très souvent, sous la férule du maître winemaker consultant.

 

Ce qui me fascine ce n’est pas cette cuisine professionnelle, qui a toujours existé, mais le fait qu’on l’érige aux yeux des amateurs comme l’extériorisation de la supériorité des grands dégustateurs.

 

Pourquoi nous faire entrer dans cuisine et dépendances, je n’y vois aucun intérêt sauf en effet à mettre sur un piédestal les nouveaux faiseurs de vin.

 

Ce ne sont plus des guides mais des gourous qui prétendent exprimer les nouvelles tendances des goûts des consommateurs.

 

Sans ironiser, l’histoire est plutôt celle de suiveurs, beaucoup se sont contentés de mettre leurs pas dans ceux du grand Bob et de son génial disciple Michel Rolland.

 

De plus, ils se plantent souvent sur les grandes largeurs : par exemple la désaffection des petits bordeaux sur le marché domestique est leur œuvre de soi-disant faiseurs de grands vins qui nous font treop souvent prendre des vessies pour des lanternes avec de pâles copies à nom de château.

 

Mais, après tout, ce n’est pas très grave, puisqu’à ce stade nous restons dans la sphère de choix individuels assumés.

 

Là où le bât blesse c’est lorsque la dégustation a été érigée par les ODG en un implacable outil d’uniformisation, ce que j’avais baptisé au temps du triomphe du CAC de l’INAO de croskill.

 

Lors d’une mission sur ce sujet à l’INAO – de laquelle je m’étais fait virer au bout de 15 jours à la demande du Directeur de cabinet du Ministre Pascal Viné – j’avais posé sans malice cette question « à quoi sert ce dispositif externalisé ?

 

- À rassurer le consommateur ?

 

- À répondre à la demande des importateurs ?

 

Les experts de l’INAO furent bien en peine de me répondre, sauf à me faire entendre que l’on voulait ainsi faire entrer les vins d’origine dans la normalité pour se conformer à l’esprit de la vaste auberge espagnole des signes de qualité. Avec en prime le leitmotiv de l'administration française : ça plaira à Bruxelles.

 

La messe était dite. C’était l’instauration, dans les ODG, du règne du plus petit dénominateur commun apte à unifier la foule de producteurs, dit indépendants, ou coopérateurs, qui ne produisent pas des vins d’artisan mais des vins sans grande personnalité, ceux qui peupleront les hauts murs de la GD.

 

Alors on a formé à tour de bras des dégustateurs qui seront placés sous l’œil non indulgent de contrôleurs de leur savoir-faire de trieur du bon grain de l’ivraie.

 

Là, je me fâche tout rouge en proclamant, à la manière de l’Albert Simonin, le roi de l’argot parisien, gouailleur amateur de bourre pifs et de petit rouge de comptoir, un peu collabo sur les bords : Touchez pas au grisbi !

 

Lui, tout comme Marcel Aymé, savait manier l’antiphrase, où déguster signifiait en prendre plein la gueule :

 

« La dérouillée qu'on avait dégustée… » Touchez pas au grisbi

 

« Si j'avais eu le malheur de rentrer sans rien, qu'est-ce que je dégustais ! » Aymé.

 

Loin du politiquement correct le langage vert, qui a connu son heure de gloire avec Audiard, Lautner et ses Tontons flingueurs devenu un film culte, a des vertus décapantes : il n’envoie pas dire avec des fleurs et la langue de bois ce qu’on a envie de dire.

 

Pour terminer ce papier 2 saillies de Simonin pour mettre du baume sur les plaies ouvertes par mes critiques à l’encontre des dégustateurs traqueurs de défauts :

 

« Faut pas, Pierrot, que tu te froisses; j'ai fait ça un peu connement hier, sous le coup de la mauvaise impression. »

 

« Y a des frangines, continuait Marco, qui peuvent aller se faire bourrer dans tous les azimuts; t'en as rien à foutre du moment qu'elles ramènent la comptée régulièrement.»

 

PS. Afin de ne pas aggraver mon cas j'ai évité d'aborder le passionnant sujet des compétitions de dégustation, des concours du meilleur dégustateur ou les ratiocinations pseudo-scientifiques d'un blogueur du style les femmes dégustent mieux que les hommes... ça occupe certains, ça ne mange pas de pain, mais ça relève du débat sur le sexe des Anges... Chaque individu est unique et non une souris de laboratoire. Le plaisir ça ne se mesure pas !

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10 janvier 2016 7 10 /01 /janvier /2016 08:00
CHAP.15 opération Chartrons, les évêques de France sont divisés, certains espèrent la venue au pouvoir du Front national, 4 ou 5 peut-être, mais ils parlent haut et pèsent de tout leur poids.

 

Ce temps mou qui pèse sur janvier épuise le vieil arbre que je suis, il me faut hiberner pour perdurer et je n’en finis pas de me noyer dans le lac de ses yeux.

 

Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire

J'ai vu tous les soleils y venir se mirer

S'y jeter à mourir tous les désespérés

Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire…

 

Cachent-ils des éclairs dans cette lavande où

Des insectes défont leurs amours violentes

Je suis pris au filet des étoiles filantes

Comme un marin qui meurt en mer en plein mois d'août…

 

Tenir bon, lutter contre l’ivresse des profondeurs, contenir les errements de mon cœur, surtout ne pas m’apitoyer sur mon sort… m’en tenir à ce que je puis espérer.

 

Écrire !

 

M’immerger dans mon roman !

 

« Le matin nous allions à vélo, par le sentier côtier, jusqu'à l'anse des Vieilles. Au soleil levant l'eau, d'une extrême transparence, semblait de pur cristal. Marie l'intrépide s'y plongeait sans la moindre hésitation et, de son crawl fluide et silencieux, elle filait vers le large. Moi je m'adossais à la pente sableuse pour lire. De temps à autre je relevais les yeux pour repérer le point blanc du bonnet de bain de ma naïade favorite. La montée du soleil m'emplissait d'une douce chaleur mais je ne pouvais réchauffer la pointe d'angoisse qui ne disparaîtrait que lorsque Marie serait de nouveau à portée de ma brasse minable. L'océan, avec ses airs paisibles, me déplaisait. Je connaissais sa nature profonde, charmeuse et hypocrite comme celle de tous les puissants. À la fin juillet, en un accès de rage soudain, de ses entrailles obscures, il avait enfanté une tempête féroce. Avec Marie, blottis dans la faille d'une falaise, à l'abri du vent et des embruns, pendant des heures, nous nous étions grisés de ses outrances, puis dans le grand lit de la Ferme des Trois Moulins, ce soir-là, pour conjurer ma peur, j'avais pris Marie avec une forme de rage désespérée. Après, blottie dans mes bras, elle m'avait dit « tu m'as baisée mon salaud et c'était vachement bon...»

 

« Quand nous discutions, et surtout lorsqu'elle se passionnait, Marie jouait en permanence avec le troisième bouton de ses corsages ; j'adorais ce geste léger, instinctif. Voulait-elle le défaire ou vérifiait-elle qu'il fût bien en place ? Balancement ou équilibre, je fixais le jeu de son pouce et de son index avec volupté. Parfois, dans le feu de la conversation, la barrière du troisième bouton tombait, les pans du corsage s'entrouvraient, découvrant la naissance de la gorge de ses seins. Je la désirais alors, avec une force brutale que je réfrénais. Souvent je me levais pour lui caresser la nuque. Sentir au bout de mes doigts le grain si fin de sa peau m'apaisait. Transfuser de sa chaleur adoucissait le tranchant de mon sexe de silex. Marie attrapait ma main. Je la laissais me guider. Elle me disait, « Benoît, m'aimeras-tu quand je serai vieille et que mes seins seront des petites pommes ridées ? » En enveloppant dans le creux de mes mains ses seins je lui répondais « nous ne serons jamais vieux ma belle car nous vieillirons ensemble... »

 

L’actualité me rattrape par la manche en se mêlant à mes souvenirs :

 

MÉLENCHON : « C’était un bonheur de travailler avec le vieux comme chef de meute. » dans la revue Charles 

 

« Évidemment, quand vous avez sous les yeux un François Hollande, vous pouvez vous dire que l'arrivée au pouvoir de la 'gauche' ne change rien et que le résultat peut même être pire qu'avec la droite. Il faut guérir l'autre gauche de cette maladie pour qui l'exercice du pouvoir condamnerait à la compromission et à la déroute intellectuelle et morale. Ce n'est pas vrai »

 

Un jour, Mitterrand m’a dit au sujet de l’affaire Bousquet : «Je sais pourquoi ils nous parlent de ça : parce qu’ils veulent que les gens n’aient plus jamais confiance dans aucun d’entre nous. » Je pense qu’il avait raison. L’option de l’ennemi, c’est toujours de discréditer nos porte-drapeaux. Ici, il s’agit d’effacer les traces d’un séisme : le seul chemin révolutionnaire que l’on n’a jamais ouvert dans ce pays par une victoire électorale.

 

Les vétérans de la Mitterrandie conviés à dîner par François Hollande

 

« Après l'hommage, les bons souvenirs. Ultime étape de cette commémoration du décès de François Mitterrand, le grand dîner organisé ce vendredi soir par son successeur à l'Elysée. Un repas où sont conviés vétérans et jeunes pousses de la Mitterrandie. Parmi les anciens, les ex-ministres Robert Badinter, Louis Mermaz, Elisabeth Guigou et Dominique Bertinotti seront présents, auxquels s'ajouteront l'avocat Georges Kiejman et l'écrivaine Laure Adler. Ils dîneront aux côtés d'actuels ministres comme Laurent Fabius, Najat Vallaud-Belkacem, Christiane Taubira et Myriam El Khomri.

 

Ce repas est une étape traditionnelle des compagnons de route de l'ancien président de la République. Elle a lieu chaque année dans le XIVe, au restaurant de poisson la Cagouille, l'une des tables favorites de Mitterrand. Mais d'après Georges Kiejman, contacté par Le Scan, le clan «s'est dispersé depuis un certain temps». «Hormis quelques fidèles comme Bianco, Mermaz ou Mazarine (Pingeot, la fille de François Mitterrand, ndlr), je n'ai pas le sentiment qu'il s'agisse d'une communauté très soudée», ajoute-t-il. Cela n'a pas empêché François Hollande, l'an dernier, d'y faire une brève apparition. Cette année, le dîner se déroulera au sein même de l'Elysée. Une première, qui devrait offrir davantage de solennité à l'événement. L'ambiance, empreinte de nostalgie, sera propice à la réminiscence des convives, dont certains se sont côtoyés pendant plus de 20 ans, de campagnes électorales en congrès du Parti socialiste… »

 

Tout ce petit monde sent le rance et me permet de jeter un pont entre un temps où notre pays était sous la botte, occupé, vaincu, avec son lot de lâchetés ordinaires côtoyant l’héroïsme du quotidien. N’ayons jamais la mémoire aussi courte que les idées des héritiers d’une France s’adonnant à la collaboration pour des raisons tirant leurs racines d’une position sociale.

 

« Souvenons-nous que c’est dans cette France si catholique qu’il y a soixante-quinze ans, tant de gens, y compris la quasi-totalité des évêques et archevêques, exceptions faites de Messeigneurs Salièges (Toulouse) et Théas (Montauban), puis Gerlier (Lyon) et Delay (Marseille), ne virent aucun obstacle à ce que les juifs soient d’abord interdits de nombreuses professions, puis pourchassés, emprisonnés et finalement déportés.

 

Encore faut-il préciser que les quatre prélats en question ne parlèrent qu’à partir d’août 1942, c’est-à-dire après les premières déportations. Ils n’avaient jusqu’alors pas dit un mot contre les lois antijuives. À Noël 1944, le nouveau nonce à Paris, Angelo Roncalli, futur Jean XXIII, trouva sur son bureau la liste d’une quarantaine d’évêques identifiés comme collaborationnistes et pétainistes jusqu’à la dernière heure, dont le gouvernement français et son chef, Charles de Gaulle, pourtant fervent catholique, demandaient la démission. Rome ne voulait rien entendre, les choses traînèrent et, parce qu’il fallait bien que la vie reprenne, à l’été 1945, sept évêques partirent, trois démis par Rome, et quatre démissionnant de leur plein gré.

 

L’Église de France a voulu oublier, elle n’a jamais fait d’examen de conscience, à l’exception de la déclaration de repentance de Mgr Olivier de Berranger en 1997, à Drancy, laquelle lui a valu, d’ailleurs, de belles expressions de haine. Elle a oublié aussi que son « honneur » avait été sauvé par des prêtres, des religieux, des religieuses, des catholiques, hommes et femmes, qui, en toute désobéissance à l’égard de leur hiérarchie, s’étaient engagés et avaient sauvé des vies, parfois au prix de la leur. »

 

Témoignage Chrétien, la source de mon engagement...

 

 

Et puis, toujours devoir de mémoire :

 

« Ah, c’est donc ça ! Tout le chaos du Moyen-Orient vient de là! Tout ce sang qui imbibe le sol du désert, tout ce vent de haine qui soulève le sable d’Acre et de Damas! James Barr, historien anglais, professeur à Oxford, «visiting fellow» au King’s College, a repris toute l’affaire.

 

À partir de ce rapport secret, James Barr reconstitue l’enchaînement des faits. En 1916, deux diplomates, Mark Sykes et François Georges-Picot, établissent un traité qui partage le Moyen-Orient en deux zones, sur les ruines de l’empire ottoman. Ils s’y prennent simplement, les deux lascars: ils tirent une ligne droite depuis le «e» de «Acre» jusqu’au dernier «k» de «Kirkouk», soit depuis la Méditerranée jusqu’au Nord de la Mésopotamie.

 

Pas besoin de finasser : il suffit de suivre la voie de chemin de fer. Tombent dans l’escarcelle des Anglais la Transjordanie et l’Irak. Dans celle des Français, la Syrie, le Kurdistan et un bon pan de la Turquie. La Palestine, nécessaire aux intérêts de la Couronne (pour garder un œil sur le Canal de Suez), on verra plus tard. »

 

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10 janvier 2016 7 10 /01 /janvier /2016 06:00
Je vis donc je lis… « On tua au nom de tout, de n’importe quoi et de rien du tout. » Lluís Llach… la guerre d’Espagne mère des pires atrocités du XXe siècle…

Vivre d’amour et d’eau fraîche pourquoi pas, je peux, mais me priver de lire : jamais !

 

Mon inextinguible soif de lire en solitaire, le grenier du Bourg-Pailler, une cellule de moine, Robinson Crusoé sans Vendredi, au cabinet, la cabine d’un cargo mixte…

 

« Mon retour vers la France ne fut rien d’autre qu’une balade de santé, sur le cargo mixte je me suis enfilé « A la recherche du Temps Perdu » cadeau de Clarisse.

 

- Encore une qui est passée par la case lit !

 

- Ironise, comme tu le sais je n’ai pas toujours eu le choix...

 

- En plus il faudrait peut-être que je te plaigne coq de basse-cour ?

 

- Non petit cœur ce fut pour moi une belle période de chasteté empli d’un plaisir exquis.

 

- Madame Verdurin !

 

- Oui Jasmine j’ai un faible pour la Verdurin car avec elle on ne sait jamais si ce qu’elle prévoit est pur égoïsme ou d’attention aux autres. Je crois que Proust se moquait un peu d’elle. J’adore ce que disait d’elle sur France-Culture le beau petit précieux Enthoven, le papa du premier mouflon de Carla, Madame Verdurin, tout au délice de son croissant, se trouve littéralement dans la position humienne de celui qui considère qu’ « il n’est pas contradictoire à la raison de préférer la destruction du monde à une égratignure de son petit doigts ». Il cause riche ce garçon je ne suis pas sûr que son successeur atteigne de telles hauteurs de vues...

 

- Arrête ton ironie facile, lis-moi ce passage, j’adore !

 

- Qui te dit que je l’ai sur moi ?

 

- Moi !

 

- J’abdique.

 

- Oui rends-toi tu as tant à te faire pardonner...

 

- Tu ne crois pas si bien dire mon cœur car ces années de plomb ont été surtout des années de sang...

 

« Mme Verdurin, souffrant pour ses migraines de ne plus avoir de croissant à tremper dans son café au lait, avait obtenu de Cottard une ordonnance qui lui permettait de s’en faire faire dans certain restaurant dont nous avons parlé. Cela avait été presque aussi difficile à obtenir des pouvoirs publics que la nomination d’un général. Elle reprit son premier croissant le matin où les journaux narraient le naufrage du Lusitania. Tout en trempant le croissant dans le café au lait et donnant des pichenettes à son journal pour qu’il pût se tenir grand ouvert sans qu’elle eût besoin de détourner son autre main des trempettes, elle disait : « Quelle horreur ! Cela dépasse en horreur les plus affreuses tragédies. » Mais la mort de tous ces noyés ne devait lui apparaître que réduit au milliardième, car tout en faisant, la bouche pleine, ces réflexions désolées, l’air qui surnageait de sa figure, amené probablement là par la saveur du croissant, si précieux contre la migraine, était celui d’une douce satisfaction. »

 

- C’est Le Temps Retrouvé ?

 

- Oui mère de mes enfants... »

 

Mon livre de chevet « Les yeux fardés »

 

Lluís Llach…

 

 

La guerre d’Espagne mère des atrocités de ce XXe siècle…

 

 

« Ces yeux furent pour nous la première annonce des nombreuses exactions commises pendant la guerre civile. Des injustices, des assassinats, une ribambelle de cruautés qui se déchaînèrent et firent remonter en surface la part la plus abjecte de l’être humain. Les pires choses imaginables se produisirent alors. Des folies collectives et des bassesses individuelles d’une férocité déchirante. On tua au nom de la révolution, de la religion, de l’ordre nouveau fasciste de droite, du surprenant totalitarisme de gauche. On tua au nom de tout, de n’importe quoi et de rien du tout. Je vais vous dire une chose : ce fut une insulte à toutes les valeurs et à tous les droits de l’homme. Oui, il y eut de l’infamie des deux côtés. Aussi bien dans mon camp que dans l’autre. Je vous assure que oui. N’allez pas croire que j’ai perdu la mémoire et que je n’en ai pas honte. Vous vous tromperiez cruellement à votre tour… »

 

« … je vais être sincère avec vous : jamais jusqu’à aujourd’hui, je n’ai entendu la voix des fascistes qui ont gouverné l’Espagne pendant quarante ans par le sang de cette guerre demander pardon pour leur responsabilité dans tous ces massacres, qui se prolongèrent longtemps après la victoire. Jamais. Et je n’ai jamais entendu le moindre regret des catholiques non plus, ni une mise au point critique des communistes, ni des républicains de telle ou telle tendance, qui furent cependant souvent responsables d’incroyables atrocités. Alors ce n’est pas moi qui vais me mettre à présent à rendre responsables les miens, les groupes libertaires de tout ce qui s’est passé. Pendant plus de soixante ans, tous les acteurs de cette époque ont transformé le mouvement anarchiste en grandiose décharge où chacun est venu déverser ses propres immondices, pour mieux les cacher. Et il faudrait que ce soit moi qui vienne maintenant y épandre mes propres remords ? Non ! Il n’en est pas question. »

 

Le père de Lluís Llach était membre de la CNT.

 

Mes lectures m’ont nourri, étayé ma manière d’être, protégé de mes velléités, aidé à vivre dans le nœud inextricable de mes contradictions…

 

Enregistrée en 1974 par Jeanette, alors âgée de 23 ans, cette chanson connaît un succès impressionnant, notamment grâce au film Cría cuervos de Carlos Saura dont elle fait le générique en 1976. 

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9 janvier 2016 6 09 /01 /janvier /2016 06:00
© DR - Capture écran - www.bobosse.fr

© DR - Capture écran - www.bobosse.fr

En 2013, lors du SIA, Gilbert Delmond, président du veau IGP Blason Prestige en Corrèze partait en croisade pour la levée de l’interdiction de la fraise veau. C'est un cri du cœur qu’il a poussé toute la semaine « Il est grand temps désormais d’autoriser la consommation de la fraise. C’est le seul abat qui soit encore interdit depuis la crise de l’USB. Il n’existe aujourd’hui aucune raison valable de ne pas permettre sa libre consommation ».

 

« Faudra-t-il qu’on en arrive à créer des associations clandestines pour se régaler à nouveau de fraise de veau ? ».

 

Dans une chronique du 22 mars 2014  je m’interrogeais : Va-t-on vers un Front de Libération de la Fraise de veau ?

 

L’ex-président du Conseil Général de la Corrèze devenu roi de France va-t-il inverser la courbe du déclin de la fraise de veau ?

 

Je concluais : « Mobilisons-nous : libérons la fraise de veau ! »

 

Voilà un combat de gagné pour le locataire de l’Elysée puisque la commercialisation de la fraise de veau qui avait été interdite le 21 mai 2001, en pleine crise de l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) vient d’être à nouveau par la commission européenne.

 

Le qualificatif "fraise" fait allusion à la collerette encombrante dont nobles et bourgeois aisés des deux sexes se parèrent pendant deux bons siècles en Europe. Un ornement de cou lui-même ainsi baptisé parce que sa forme, avec plis et godrons, évoquait le fruit aux alvéoles plus ou moins profondes.

 

Le Code des usages de la charcuterie mentionne la fraise de veau au chapitre Andouillette.


Il en donne une définition assez large :

 

On entend par "fraise de veau" l'ensemble de l'intestin grêle et du gros intestin, avec ou sans ratis —de "ratisser" : la graisse détachée du boyau (terme préféré à mésentère par le Code pour désigner des replis graisseux soutenant l'intestin).

 

« Cette membrane qui entoure l'intestin grêle du veau est un abat blanc de la même famille que les ris, la tête de veau ou encore les pieds de veaux. Elle s'appelle ainsi, car après sa préparation par le tripier, dégraissée et ébouillantée, elle devient blanche et ferme comme la collerette que portaient les hommes jusqu'au XVII e siècle »

 

France 3 Rhône-Alpes pouvait s’exclamer « La véritable andouillette lyonnaise ramène sa fraise ! »

 

François Mailhes dans la Tribune de Lyon le 02 septembre 2015 écrivait :

 

« En matière d’andouillette, il y a autant d’écoles et de points de vue définitifs que de chauvinismes de clocher. Mais les vrais Lyonnais, ceux qui ont des soyeux et des patrons de bouchons dans leur arbre généalogique, savent bien que la meilleure andouillette, entre toutes, c’est la lyonnaise. Pourquoi ? Parce qu’elle est à base de veau et non de cochon, ce qui est loin d’être une nuance.

 

DU FAIT MAIN Depuis lundi 24 août, une date historique de la gastronomie locale, le charcutier star de l’andouillette lyonnaise Bobosse a jailli comme un ressort en réutilisant le veau et en reconstituant une filière qui rouillait dans les abattoirs. Le premier à immédiatement l’intégrer dans son menu est le bouchon Le Café des Fédérations. Nous avons donc pu la dévorer après 15 ans d’abstinence. Le constat est net : l’andouillette à la fraise de veau est à la fois d’une saveur beaucoup plus délicate et d’une texture beaucoup plus fondante que la cochonne. Bobosse la fait mariner pendant trois jours dans de la moutarde et du beaujolais, ce qui apporte du caractère et de la douceur en bouche. Attention, elle n’est pas hachée comme les succédanés que l’on vous vend sous blister pour barbecue. Les morceaux de fraise – une partie de l’intestin particulièrement chiffonnée – sont introduits à la main (autrefois à la ficelle). »

 

Guillaume Nicolas-Brion, toujours à la pointe des combats de l’assiette goûteuse, a célébré la victoire en se régalant d’une andouillette lyonnaise et en lichant du Clos Hidalgo...

 

 

Dans le même temps, à dîner chez la Isabelle la cathodique, Marco aux fourneaux nous régalait, en plat de résistance, d’une longue andouillette lyonnaise achetée dans la cité des Gones.

 

Je vous recommande du côté liquide un vin de la maison Perraud c'est signé d'une autre Isabelle et de son Bruno...

 

L’extase !

Arrête de faire l’andouille : ne ramène pas ta fraise de veau Berthomeau !
Arrête de faire l’andouille : ne ramène pas ta fraise de veau Berthomeau !
Arrête de faire l’andouille : ne ramène pas ta fraise de veau Berthomeau !
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8 janvier 2016 5 08 /01 /janvier /2016 06:00
J-Y Bizot vigneron à Vosne-Romanée prends connaissance de son bulletin de scolarité, niveau CP, envoyé par l’organisme de contrôle. Il y a quelque chose qui ne va pas dans son travail… alors je lui passe la parole…  J-Y Bizot vigneron à Vosne-Romanée prends connaissance de son bulletin de scolarité, niveau CP, envoyé par l’organisme de contrôle. Il y a quelque chose qui ne va pas dans son travail… alors je lui passe la parole…

Avant de passer la parole à Jean-Yves – passeur, il existe même aujourd’hui dans le vocabulaire sportif la passe décisive – quelques mots, un petit édito :

 

Dans le microcosme du vin, le mouchoir de poche de ceux qui prétendent tout savoir, ou presque, pour s’empresser de juger, noter, commenter, exclure, la voix des vignerons est peu présente. Les maîtres à penser les tiennent en tutelle pour les maintenir, ou même parfois les remettre, à leur juste place, celle d’éternels obligés.

 

J’exagère à peine.

 

La quintessence de cette attitude condescendante s’exprime lorsqu’un quarteron de plumitifs en quasi-pré-retraite se permet de désigner le meilleur vigneron de l’année.

 

Pour l'historienne Mona Ozouf, l'école de Jules Ferry, c'est fini…

 

Dans le petit monde du vin sûrement pas, le tableau d’honneur, la croix du meilleur, la note au ½ point près, l’appréciation à l’encre rouge dans la marge et, pire encore, avec la grande réforme des appellations, le coup de règle sur les doigts, la menace de sanctions et même d’exclusion : au coin le cancre coiffé du bonnet d’âne.

 

 « Parce que l’école de Jules Ferry, c’était ça aussi, pour ceux qui en ont la nostalgie. Elle en a brisé quelques-uns cette école.

 

Sans regret pour moi !

 

Mais comme l’appellation, si l’on veut que l’école continue sa mission, il faut la réinventer. Le rôle du maître est ailleurs que dans la transmission du savoir mais plutôt dans la sélection et l’organisation de celui-ci. Une révolution à faire, mais pas seulement dans l’esprit des enseignants :  dans celui des parents, déjà.» 

 

Là je n’exagère absolument pas.

 

C’est le lot de ceux qui ne suivent pas la route balisée, normée, goudronnée, pour emprunter des chemins de traverse.

 

J’ose l’écrire : très souvent ceux dont j'aime les vins.

 

Alors, et ce n’est pas un fait nouveau, mon espace de liberté à toujours été à leur disposition pour qu’ils puissent s’y exprimer.

 

Ils le font rarement.

 

Je le regrette mais je les comprends. L’impérialisme des sachants, des juges, des organismes extérieurs, des journalistes, des blogueurs qui se font reluire entre eux pour mieux contempler leur ego, érige un « rideau de fer » bien difficile à contourner.

 

Et pourtant, ces autoproclamés gardiens du temple ont-ils la gueule de l’emploi ?

 

J’en doute et c’est avec un réel plaisir et une certaine fierté que j’ouvre grandes les portes de mon espace de liberté à Jean-Yves Bizot vigneron à Vosne-Romanée.

 

Merci Jean-Yves.

J-Y Bizot vigneron à Vosne-Romanée prends connaissance de son bulletin de scolarité, niveau CP, envoyé par l’organisme de contrôle. Il y a quelque chose qui ne va pas dans son travail… alors je lui passe la parole…

Le Salon Officiel et le Salon des Refusés.

 

Objet : Résultat de contrôle produit

 

Madame, Monsieur,

 

Nous avons le plaisir de vous annoncer que votre lot de vin prélevé par nos services en vue des contrôles produits a été soumis à des examens organoleptiques et a été jugés conforme. Il s’agit du lot de vin revendiqué en AOC VOSNE ROMANEE RGE 2013 pour 11,4 Hl.

 

Vous trouverez ci-joint le rapport de contrôle concerné.

 

Néanmoins, nous attirons votre attention sur le nombre d’avis défavorables qui nous amène à considérer que le constat réalisé présente des caractères nous laissant craindre qu’à terme, un manquement soit constaté sur un autre produit.

 

Par conséquent, nous accompagnons votre conformité d’un point sensible.

 

Par ce point sensible, nous souhaitons vous sensibiliser sur cette situation et vous serez, dans cette optique, contacté par votre ODG ou la Confédération des Appellations et des Vignerons de Bourgogne afin qu’un technicien diligente un audit dans votre chai.

 

Nous vous conseillons, si vous le pouvez, de conserver votre vin (ou des échantillons) jusqu’à cette visite qui a un objectif pédagogique.

 

Ce matin je prends connaissance de mon bulletin de scolarité, niveau CP, envoyé par l’organisme de contrôle. Il y a quelque chose qui ne va pas dans mon travail, et il faut que j’en prenne conscience. Si je n’y prends garde, attention, je pourrai avoir une punition. Avertissement aux parents. Vous apprécierez le mot « craindre » : c’est l’organisme qui craint ! Moi je ne suis pas capable, sauf si je suis sensibilisé.

 

Ouf !

 

Comme à 50 ans j’estime avoir passé l’âge de recevoir des admonestations à visées « pédagogiques » – soit elles sont trop tardives, soit désespérément inutiles- je transmets aux personnes concernées – et ce ne sont pas celles de l’organisme de contrôle - ces feuillets de mon carnet de mauvais élève.

J-Y Bizot vigneron à Vosne-Romanée prends connaissance de son bulletin de scolarité, niveau CP, envoyé par l’organisme de contrôle. Il y a quelque chose qui ne va pas dans son travail… alors je lui passe la parole…

En 1863, s’ouvre à Paris, en même temps que le Salon officiel de Sculpture et de Peinture – un off, dirait-on aujourd’hui – un autre Salon exposant des tableaux qui y ont été refusés. 12 salles, quand même, dans le Palais de l’Industrie. Et le lieu n’est peut-être pas totalement anecdotique : on entre bien dans une ère nouvelle.

 

Cette année-là, en 1863, le jury de l’Académie, qui organise le Salon de Sculpture et de peinture, s’est montré particulièrement sévère. Il retoque 3000 œuvres sur les 5000 proposées, suscitant ainsi la colère de quelques peintres, dont Edouard Manet. Il monte alors rapidement ce salon des Refusés, appuyé par Napoléon III en personne. Napoléon III ! On ne peut guère faire plus officiel pour contester l’art officiel.

 

Cette sévérité n’est pas une première. Le jury de l’Académie a détourné certaines œuvres depuis un moment déjà, qui font date pourtant dans l’histoire de l’art… Par exemple, l’Atelier du Peintre de Courbet, en 1855. Cette toile immense se joue des codes de la peinture académique en mélangeant allègrement les genres dont la hiérarchie (1667…) est un des fondements de l’Académisme. La société bouge et l’Art doit répondre à d’autres services, d’autres besoins, d’autres attentes. L’Art de l’Académie, l’Art officiel, ne répond plus forcément aux nouvelles exigences des amateurs. Il y a comme un besoin d’air frais…

 

Le « Salon » de l’Académie s’épuisait et disparaissait dans un nouveau contexte politique et esthétique. Et Napoléon III était bien trop fin politique pour ne pas le comprendre ni saisir l’opportunité. Il donne ici une impulsion qui va transformer l’art. Le salon des Refusés n’aura pas lieu en 1864. Mais en 1874 se déroula le premier salon de peintres qui deviendront à cette occasion les Impressionnistes. Peu à peu l’Etat se désengage des Salons et Raymond Poincaré souligne dans son discours lors de l’inauguration de celui de 1882 que « la tâche de l’État n’est donc pas de favoriser des genres, de donner des directions, d’immobiliser la vie dans le cadre des leçons artificielles... ». L’Académie avait fini par céder pour ouvrir les perspectives de l’art moderne. Une nouvelle ère.

 

L’engagement de Napoléon III en tant que souverain n’est pas une première dans l’histoire, finalement, et fait écho à celui des monarques d’avant la Révolution.

 

Car d’où vient-elle cette Académie, engoncée alors dans ses principes ?

 

Elle a été créée « Académie Royale de Peinture et de Sculpture », en 1648, à la demande des Peintres et Sculpteurs du Roy, dont Charles Le Brun, en raison d’un conflit avec la Communauté des Maîtres Peintres et Sculpteurs de Paris, communauté qui, elle, date de 1391, sous patente royale depuis confirmée plusieurs fois, créée elle aussi pour mettre un peu d’ordre dans ces métiers. Peut-être un peu trop près de 2 siècles et demi plus tard ? Cette nouvelle institution, l’Académie royale, entend répondre à un besoin d’indépendance des artistes (libertas artibus restitua est sa devise), que leur accorde le nouveau statut, et à une ambition : favoriser l’éclosion d’un nouvel Art français de qualité grâce à cette liberté conquise contre la corporation. Liberté placée de facto sous l’égide d’un monarque absolu dont l’Etat serait bientôt lui. Mais liberté garantie par lui aussi.

 

Qu’est-ce à dire donc ?

 

Que la vérité est du côté des Refusés et des contestataires ?

 

Un peu facile. Mais si on regarde dans quel sens va le vent, c’est bien vers d’avantage de libertés. Ou plutôt vers moins de contraintes… mais seulement par moment. Puisque le nouveau groupe s’empresse d’en édicter de nouvelles.

 

Car le refus ou le rejet de la règle d’un moment ne signifie pas absence de règles. Rien n’est si simple : l’Académisme, nous y adhérons tous autant que nous le suspectons. Et c’est d’ailleurs cette articulation presque psychologique entre l’individu et le groupe, puis le groupe et l’Etat qui pérennisent ce système et finit peut-être par l’épuiser. Et si je me place au niveau du psychologique, c’est bien parce que l’Etat n’intervient pas lui-même en fait, mais seulement dans l’officialisation d’un cadre. Le contrôle de l’institution est entre les mains d’individus reconnus par lui. Considérer alors qu’il n’y a de bonnes règles que la Règle est une attitude très rassurante, confortable, et même morale pour ne pas dire moralisante : ce que fait l’Autre est suspect. Hors du cadre, point d’œuvre.

J-Y Bizot vigneron à Vosne-Romanée prends connaissance de son bulletin de scolarité, niveau CP, envoyé par l’organisme de contrôle. Il y a quelque chose qui ne va pas dans son travail… alors je lui passe la parole…

Longue introduction pour en venir à mes moutons.

 

Le système d’appellation puise à la même source et fonctionne sur ce modèle. L’Etat qui protège, qui offre un cadre, un espace moins contraint. Puis l’évolution, l’enfermement, avec des règles, écrites ou non, édictées ou tacites, un système qui se met en place avec des individus qui sont reconnus sachants, et qui de ce fait, contrôlent, contraignent et jugent suivant ces règles. L’art de bien faire… l’Académie de 1863… jusqu’à cette bascule, ce renversement de la raison où le système ne protège plus que lui-même au détriment de ce qu’il est censé protéger. L’outil primant sur sa finalité, les règles sur le fond : l’Académie plutôt que la Peinture ; l’Appellation plutôt que le Vin.

 

« Faire de l’AOC, ce n’est pas forcément faire ce qu’on aime ». C’est par ces mots d’un vigneron que Lionel Gratian débute sa thèse soutenue 2008. Il les a placés dans l’introduction, et ce n’est certainement pas par hasard : ils ont dû le frapper, ces mots, comme ils me frappent. C’est leur résignation, presque douloureuse si ce mot a encore un sens, qui arrête. Le constat d’une rupture dans une tradition, dans un cheminement.

 

Arrêtons-nous un instant pour considérer la signification de cette phrase et en percevoir la violence. Pour saisir cette bascule, cette désagrégation du sens et appréhender le renversement de la raison.

 

Le vigneron ne dit pas : « ce qu’on veut » mais bien : « ce qu’on aime ». Il ne parle pas de faire n’importe quoi, mais quelque chose qui a du sens, qui a de l’importance, auquel il croit.

 

Une quête, une exigence. Car la qualité n’est pas une constante, n’en déplaise à l’homme grand et sympathique de l’INAO évoqué par Jacques. Elle se rêve et s’invente et se veut en permanence, et elle finit toujours par dépasser le cadre qui la contient, et ce même dans la tradition. Lorsque le cadre n’est plus capable de changer, on tombe dans l’académisme dans le pire sens du terme. Ou la tradition meurt.

 

L’adverbe « forcément » n’est pas neutre, loin de là.

 

« Par une conséquence forcée », dit le Littré.

 

S’insinue ici alors comme le sentiment d’une fatalité, une perte d’engagement. « L’AOC, je la subis. Pour en faire partie, je suis obligé d’abandonner une partie – et quelle partie : ce que j’aime – de moi-même ». Le « ce que j’aime » qui nous anime dans la vie de tous les jours, qui est notre moteur, qui nous conduit à nous engager, à créer, à partager, à vivre avec quelqu’un, à choisir un métier, une activité, un vêtement, un livre, un restaurant, un plat, un vin… Ou à rejeter. Qui fait que nous sommes ce que nous sommes.

 

Dans l’AOC, le vigneron peut faire des choses qu’il n’aime pas. Dont peut-être ses vins.

 

C’est-à-dire que ce vigneron est prêt à admettre que l’image qu’il projette sur les autres, l’image que les autres ont de lui, - dont ceux qui boivent ses vins - ne lui ressemble pas. Au « bénéfice » de l’AOC.

 

Est-ce un énième atermoiement sur l’agrément de deux de mes vins qui m’incite à m’exprimer ici ?

 

Peut-être. Mais cela n’aurait pas suffi. Et puis, l’incertitude… plus suffisante non plus, non que je m’en moque, c’est pire que ça : je m’en détache. Parce que si le millésime 2013 était à refaire, je ne crois pas que je le ferais autrement. Ou plutôt : j’aimerais obtenir le même résultat. Désolé pour ceux qui jugent et qui ne l’acceptent pas. Ils ont perdu leur temps et moi mes bouteilles.

 

Que d’autres collègues soient dans la même situation ? Certainement et ce d’autant plus que l’un d’eux m’a confié : « je ne vois pas quoi changer. Si c’était à refaire, j’aimerais pouvoir faire le même vin ».

 

La question de savoir si ce qu’on aime a un sens ne se poserait pas sans clients. Mais en face, il y des réponses. Des personnes aiment et choisissent ces vins. C’est-à-dire que cette possibilité qui nous est refusée est aussi un refus de la liberté de l’amateur. Sa liberté d’aimer un vin, de le chercher et de le trouver. Ou de le rejeter.

 

Il y a quelques années, j’avais posé la question suivante à un responsable de l’INAO : « Peut-on être plus ambitieux que son appellation ? ». La réponse est : « non ! ». On ne peut être ambitieux que dans le cadre de son appellation ».

 

Chacun a sa place et chacun à sa place.

 

Je laisse à chacun apprécier dans sa vie, ce qu’impose cette réponse.

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7 janvier 2016 4 07 /01 /janvier /2016 14:15
Quand on prend des VCI rouges pour des lanternes ils pètent et ça barde entre le « placide » Bernard Farges et le « bouillonnant » Michel Chapoutier

C’est quoi le VCI ?

 

« L’article D. 645-7 du code rural et de la pêche maritime permet aux producteurs de vins blancs tranquilles bénéficiant d'une appellation d'origine protégée de produire un volume complémentaire individuel, au-delà du rendement fixé pour chaque appellation, afin d'alimenter une réserve individuelle mobilisable ultérieurement en cas de récolte déficiente sur le plan qualitatif ou quantitatif »

 

La suite ICI 

 

En 2015 « Une cinquantaine d'appellations avait présenté une demande de VCI (rouges). Au total, vingt-six AOP pourront constituer un VCI de 4 à 6 hl/ha pour leurs vins rouges, dont une grande majorité d'appellations bordelaises (Bordeaux, Bordeaux supérieurs, Côtes de Bourg, Médoc et Graves, notamment). Savoie, Ventoux, Bergerac, Chinon et Bourgueil font également partie de la liste des admis.

 

« C'est un système assez complexe à mettre en place, faisait remarquer Éric Rosaz le responsable du pôle vin de l’INAO. Nous vérifions que les ODG ont la capacité de gérer les contraintes administratives lourdes que cela implique. » Mais à l'Inao, on insiste bien sur le fait qu'il ne s'agit pas d'une décision irrévocable, un VCI refusé une année peut être accepté l'année suivante.

 

Dans la vallée du Rhône, le VCI avait créé des tensions entre production et négoce. La production voulant placer l'intégralité des volumes autorisés en VCI (10 % maximum du rendement, soit 5 hl/ha) quand le négoce souhaitait en commercialiser le plus possible. Comme de bien entendu c'est bien la production qui a obtenu gain de cause, puisque l'Inao a orienté ses préconisations pour un VCI de 5 hl/ha pour le côtes-du-rhône et de 4 hl/ha pour les côtes-du-rhône villages.

 

Bref, de quoi échauffer le sang du bouillonnant Président d’InterRhône qui préside aussi l’UMVIN le bras armé du négoce français.

 

En 2014, le négoce avait déjà porté un contentieux auprès du Conseil d’Etat, dénonçant la circulaire autorisant, par dérogation, l’achat de vendanges par des vignerons sinistrés. La plus haute juridiction administrative a annulé ce texte en 2015.

 

Pour la campagne en cours l’Union des Maisons et des Marques de Vin a posé un recours gracieux auprès du premier ministre pour que les interprofessions deviennent force de gestion dans les Volumes Complémentaires Individuels (VCI).

 

« S’appuyant sur la réglementation européenne, l’UMVIN estime que la régulation des VCI revient de plein droit aux instances interprofessionnelles, étant considérées par l’Union comme des outils de gestion économique. Une appréciation qui remettrait donc en cause les derniers décrets VCI, qui ne donnent aux interprofessions qu’un rôle consultatif. Ces arguments à l'appui, le négoce français vient de poser un recours gracieux à Matignon pour arbitrer entre ces deux lectures françaises et européennes. Pouvant être un préalable à un recours auprès du Conseil d’Etat, cette démarche scandalise les représentants du vignoble. Comme en témoigne la dernière assemblée générale de l’interprofession bourguignonne, on ne peut plus houleuse. »

 

Le torchon brûle entre le « placide » (sic) Bernard Farges et le « bouillonnant » (sic) Michel Chapoutier

 

 

Coup tordu tempête ce dernier : « Le négoce a été roulé dans la farine »

 

« À trop tirer le fil, il se casse » lâche Bernard Farges lâche dans un soupir exaspéré…

 

On se croirait à la Chambre des députés.

 

Si vous vous passionnez pour les débats de haute volée qui occupent les Grands Chefs le CR du match de boxe est ICI 

 

Pas de souci, mon petit doigt m’a déjà dit qui va gagner…

 

Petit rajout : 

 

En conclusion de son discours, Jean-Michel Aubinel a donc demandé au nouveau président du BIVB, Louis-Fabrice Latour, et devant l'assemblée présente, de se « désolidariser » de l'action de l'UMVIN. Il l'a également pressé de s'engager à ce que les débats « ne soient plus pollués par des attaques incessantes des prérogatives des ODG, comme les contingents ».

 

Des demandes auxquelles le principal intéressé n'a évidemment pas répondu directement. Il a néanmoins reconnu une attitude un peu trop « pushy » de la part de l'UMVIN ces derniers temps, sur les « grands sujets comme les contingents de plantation et le VCI, créant beaucoup de tensions ». « Ces grands débats nationaux polluent un peu l'atmosphère, a t-il ajouté. Nous sommes plus modérés que le négoce au niveau national et tant que la région prospère, les deux familles s'entendront ». Concernant le point précis de la divulgation des stocks du négoce, celui a déclaré vouloir faire « des efforts » mais sans s'engager fermement pour autant : « Nous ferons tout notre possible pour y parvenir, a indiqué le nouveau président du BIVB. C'est dans la bonne direction, mais c'est une démarche compliquée... », a commenté celui-ci.

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7 janvier 2016 4 07 /01 /janvier /2016 06:00
Von Markus Budai http://www.gute-weine.de/

Von Markus Budai http://www.gute-weine.de/

C’est Carole Colin la Taulière du restaurant Les Climats qui m’a fait découvrir et Sylvain Pataille et ses vins de Marsannay.

 

Le Taulier ruine les raseurs mais encense les jeunes vigneron(e)s bourguignon (ne)s chronique du 26 septembre 2013 

 

J’ai un faible pour Marsannay chronique du 21 octobre 2008 Les vignerons de Marsannay-la-Côte, Jacques Dupont et moi

 

La dernière livraison du LeRouge&leBlanc nous livre sous la plume de Franck Sauvey une belle rencontre avec Sylvain Pataille. Ça nous change de l’encens de B&D et de leur bedeau sur les soi-disant stars et des classements à la con de la RVF.

 

 

 

 

Pour vous mettre l’eau à la bouche je vous propose quelques brèves de vigne.

 

« J’avais les vignes les plus pourries du village… »

 

« Des vignes qui font des choses super maintenant mais qui faisaient 80 hl/ha et totalement désherbées chimiquement pendant trente ans… »

 

« Il y a eu un cap, 2007, l’année du passage en bio… »

 

« On flippe un peu mais je me doutais qu’on allait y arriver… »

 

Sylvain Pataille évoque une cuvée de vignes de Clos du Roy 2011 qu’il pensait décuver au bout de 3 semaines mais qu’il a laissé plus longtemps parce qu’il voyait que le vin prenait du fond. « Je comprends le vin en mettant les mains dans la cuve… »

 

 

Des pressurages lents (6 à 8 heures). « Ça presse très doux. Tes jus sont presque limpides avec très peu de lies. Tu n’as jamais des fonds de tanins durs. Bien sûr tu laisses un peu de jus. Mais, ce qui reste, tu ne voudrais pas en faire grand-chose… »

 

« Le soufre, c’est zéro jusqu’à temps qu’il en faille… »

 

« Depuis que je suis passé en bio, j’ai senti que les vins avaient une résistance à l’oxygène qui était vraiment plus importante… »

 

« Un vin qui n’a jamais vu de SO2, il est très réactif. Du coup tu lui mets juste 1g/hl et tu as un résultat immédiat… »

 

L’objectif est de comprendre le sans soufre tout en gardant le mordant du terroir de chaque cuvée : « Parfois tu goûtes de supers raisins un peu lissés par l’approche sans SO2. Un chardonnay, un chenin, un vin du sud, j’ai un profil commun qui fait que je ne sais plus bien où j’en suis. »

 

Pour le moment, le schéma au domaine est vinification sans SO2 pour conserver intactes les levures, élevage idem ; juste l’ajout d’1g/hl au soutirage, la même quantité en masse et un autre gramme au moment de la mise.

 

« Je veux les accompagner à la mise parce que sinon ça fait des vins un peu compotés, mielleux que je n’aime pas… »

 

Hygiène du chai, ouillages scrupuleux, soutirage sans oxygène, sont des éléments de réussite. La longueur de l’élevage également. Elle joue également dans la stabilisation des vins peu sulfités.

 

Voilà, il ne vous reste plus qu’à vous abonner au LeRouge&leBlanc pour découvrir l’intégralité de l’article et les résultats de la dégustation des cuvées de Sylvain Pataille.

 

Aligoté Champs Forey 2013 - Aligoté Les Auvonnes du pépé 2013 - Marsannay rosé Fleur de Pinot 2007, 2008, 2012 - Marsannay blanc Charme aux Prêtres 2013,2012,2009 - Marsannay rouge Clos du Roy 2013, 2012, 2009, 2008, 2007 - Marsannay rouge L’Ancestrale 2012, 2010, 2005.

 

Et comme Franck Sauvey je souscris et je signe : « Le village de Marsannay produit décidemment de beaux vins dignes d’autres villages de la Côte de Nuits. »

 

 

Domaine Sylvain Pataille 
 
Adresse : 73 Rue de Mazy, 21160 Marsannay-la-Côte, France
Téléphone :+33 3 80 51 17 35
 
 
Les brèves de vigne du « grand frisé » Sylvain Pataille vigneron à Marsannay dans LeRouge&leBlanc.
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7 janvier 2016 4 07 /01 /janvier /2016 06:00
Lettera a Daniele de Michele della Puglia : la famosa massa salentina o massa di San Giuseppe e i vermicelli di Donata

Cher Daniele,

 

Tu te fais rare en notre vieux pays de France et, comme tu le sais, j’aime cultiver avec soin mes amis et je ne fais pas mien l’adage « loin des yeux loin du cœur ».

 

Pour te rappeler à mon bon souvenir d’Italien de cœur je me suis risqué à titrer dans ta langue maternelle. Évoquer les Pouilles, ton pays, ton terreau, tes racines, est, je le sais un moyen infaillible de raviver ton inépuisable enthousiasme.

 

Aimer les gens de peu, ceux qui tiennent encore entre leurs mains notre héritage commun du vivre ensemble.

 

Deux femmes : une vieille paysanne du Salento, le talon de la botte italienne et Donata une aïeule de quatre-vingt ans et quelques.

 

Deux textes glanés dans un superbe livre : TRANSMISSIONS de Tiziana & Gianni Baldizzone publié aux éditions du Chêne.

 

« La rencontre avec l’autre est au cœur de notre démarche photographique, prendre le temps de la rencontre… » 

Lettera a Daniele de Michele della Puglia : la famosa massa salentina o massa di San Giuseppe e i vermicelli di Donata

« D’un regard sévère, une vieille paysanne du Salento inspecte l’assiette de sa belle-fille, qui s’apprête à goûter la massa qu’elle vient de sortir du feu. Cette soupe traditionnelle de pâtes aux pois chiches et au chou noir saupoudrée de cannelle constitue aussi un rite médiéval qui remonte à la corporation des menuisiers, dont les statuts prévoyaient des œuvres caritatives comme la distribution de repas le jour de la saint-Joseph. Préparée à domicile par les dévotes dans le silence et la prière, et servie aux pauvres, la massa a gardé son secret : la recette est transmise de femme en femme et perpétue une coutume qui célèbre les valeurs de solidarité. »

Lettera a Daniele de Michele della Puglia : la famosa massa salentina o massa di San Giuseppe e i vermicelli di Donata

« Donata a quatre-vingt ans et quelques. Elle habite dans les Pouilles, au sud de l’Italie. Elle dit que les pâtes sont un rite sacré. Toute la famille y participe les voisines aussi, car elle n’a plus la force de pétrir la grosse boule de farine de blé dur, pouvant atteindre vingt kilos, avec laquelle on prépare les vermicelli, ces fines pâtes dont était friand le poète latin Horace. On fait sécher les pâtes partout, même sur les lits. Donata dit que personne ne lui a vraiment appris. Tout simplement, elle est née dedans. Elle a ça dans le sang. »

 

Je m’en tiens là cher Daniele toi qui tout simplement tombé dedans, tu as ça dans le sang, toujours en quête de la transmission.

 

Reçois ma fidèle amitié en attendant de te revoir chez toi dans les Pouilles où à Paris chez notre amie commune Alessandra.

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