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21 mars 2016 1 21 /03 /mars /2016 06:00
Si t’as jamais bu du coco dans ta vie alors va vite mon coco goûter le soufflé réglisse des Climats…

Je plante le décor : jeudi de la semaine passée suite à un long épisode de claustration, une dizaine de jours, dû aux miasmes d’un hiver mou, au cours duquel mon régime alimentaire fut, très frugal, et à l’eau bien sûr, je décidais à nouveau bon pied bon d’œil de rompre cette forme d’ascèse obligée.

 

À vélo, direction la rue de Lille sous la véranda du restaurant Les Climats avec mon ami Claire, fraîche comme une rose. J’y suis comme à la maison sauf que du côté mets c’est une autre paire de manche : Julien Boscus est aux manettes avec sa belle brigade et, dans le secteur liquide, je laisse libre-cours au maître sommelier Franck-Emmanuel Mondésir ou à la belle Johanna. Tout ça sous l’œil attendri de Carole la Taulière et de tous nos amis du service.

 

L’heure était donc venue de porter à nouveau la coupe aux lèvres et pour ce type de rupture rien ne vaut les fines bulles d’un Crémant de Bourgogne.

Si t’as jamais bu du coco dans ta vie alors va vite mon coco goûter le soufflé réglisse des Climats…

Un de mes plus beaux repas aux Climats ; qu’il est doux de passer du jeûne radical à une cuisine inspirée, précise, attentionnée, où le talent est mis au service du produit, et si le diable se niche d’ordinaire dans les détails, en cuisine ce sont eux, leur maîtrise, qui font la différence.

Si t’as jamais bu du coco dans ta vie alors va vite mon coco goûter le soufflé réglisse des Climats…
Si t’as jamais bu du coco dans ta vie alors va vite mon coco goûter le soufflé réglisse des Climats…

LANGOUSTINES EN DÉCLINAISON,

 

En tartare rafraîchi d’une gelée pomme verte-verveine, mascarpone au citron ; croustillante relevée d’un condiment avocat - passion ; en raviole parfumée de combawa, bisque au Crémant rosé.

Si t’as jamais bu du coco dans ta vie alors va vite mon coco goûter le soufflé réglisse des Climats…
Si t’as jamais bu du coco dans ta vie alors va vite mon coco goûter le soufflé réglisse des Climats…
Si t’as jamais bu du coco dans ta vie alors va vite mon coco goûter le soufflé réglisse des Climats…

BARBUE DE L'ÎLE D'YEU,

 

Cuite à four doux et voilée d’une chapelure croustillante aux crevettes grises. Asperges blanches du Vaucluse, jambon noir de Bigorre, olives Taggiasche et bisque d’oursins.

Si t’as jamais bu du coco dans ta vie alors va vite mon coco goûter le soufflé réglisse des Climats…

SOUFFLE REGLISSE,

 

Biscuit soufflé chaud parfumé à la réglisse. Pomme Granny Smith (en sorbet, au sirop et en cristalline).

Si t’as jamais bu du coco dans ta vie alors va vite mon coco goûter le soufflé réglisse des Climats…

 

Je suis reparti sur mon vélo le cœur léger comme une plume et, comme je suis assez classique du côté dessert j’ai décidé de chroniquer sur la ou le réglisse.

 

« Le coco, boisson favorite du promeneur économe, fit sa première apparition en place publique vers la fin du dix-huitième siècle. Un grand gaillard, vêtu d'un habit écarlate galonné sur toutes les coutures et garni de grelots, vint établir, par une chaude journée de juin, sa fontaine ambulante sur la place de Grève, et se mit à débiter une tisane sucrée moyennant un liard le verre.

 

Or, cette boisson était si limpide, si fraîche, si écumeuse, et le pompeux limonadier servait les pratiques avec une telle célérité que tout Paris accourut sur la place de Grève pour lui voir d'un coup de main ouvrir ses trois robinets à la fois et servir trois verres du même coup. Il fit en moins de quelques années une fort belle fortune. Tels furent les brillants débuts du Coco. »

 

André Pasquet, article publié dans le Siècle

Le monde merveilleux de la réglisse ICI
Si t’as jamais bu du coco dans ta vie alors va vite mon coco goûter le soufflé réglisse des Climats…
Si t’as jamais bu du coco dans ta vie alors va vite mon coco goûter le soufflé réglisse des Climats…

Vendue comme boisson rafraîchissante dans les rues et sur toute la ligne des boulevards elle coûtait d’abord un liard, puis deux liards, puis un sou, tout le monde en voulait.

 

Le plus illustre des marchands de coco, de 1830 à 1848, fut le père La Rose, ainsi nommé parce qu'il portait une rose au-dessus de sa fontaine. C'était, sur les boulevards de Paris, un personnage populaire.

 

Il donnait à boire gratis aux gamins qui n'avaient pas d'argent.

 

Coco, Coco, Coco frais ! nouvelle de Guy de Maupassant, parue en 1878.

Si t’as jamais bu du coco dans ta vie alors va vite mon coco goûter le soufflé réglisse des Climats…

La RÉGLISSE Glycyrrhiza glabra de la famille des fabacées, en anglais : licorice, en espagnol : regaliz. Le mot « réglisse » est apparu par déformations successives du latin « licorece », qui a donné aussi le mot « liqueur ». Son nom scientifique, Glycyrrhiza, vient du grec glucus (sucré) et rhiza (racine).

 

Notez que le nom réglisse est féminin quand il désigne la plante et masculin quand il désigne le rhizome séché destiné à la consommation.

 

C’est un arbrisseau rustique buissonnant, d’une hauteur adulte de 1,20 m, d'une couleur vert tendre, comportant une dizaine de folioles oblongues et de petites fleurs mauves ou bleues. Sous terre, la racine pivotante et les stolons horizontaux de la réglisse peuvent s'étendre sur 1 m de long qui produisent chacun des tiges aériennes. On peut récolter en automne les racines et les stolons pour obtenir les bâtons de réglisse dès la 4ème année.

Le monde merveilleux de la réglisse ICI
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20 mars 2016 7 20 /03 /mars /2016 08:00
CHAP.15 opération Chartrons, Bruno Retailleau, sénateur LR de Vendée « Ce n’est pas à Manuel Valls de défaire un cardinal, mais au Pape »

Je lis Comprendre le malheur français de Marcel Gauchet.

 

Je m’y retrouve.

 

« Avec Mitterrand, on entre dans quelque chose de totalement différent : un pouvoir qui ment parce qu’il ne peut pas dire les choses qu’il fait. Si bien que les Français ont, d’un côté, le spectacle délétère d’une politique rabaissée aux combines et, de l’autre, des effets réels incompréhensibles : on leur dit que l’on va rattraper la croissance grâce à l’Europe, mais dans les faits c’est le chômage qui triomphe, la pauvreté qui réapparaît. S’ajoute une fracture sociale avec désormais deux catégories de population qui divergent dans leur rapport à la politique : il y a ceux qui comprennent et adhèrent aux nouvelles règles du jeu, et il y a ceux qui ne les comprennent pas et qui en sont les victimes. Ceux-ci, du point de vue collectif, sont rayés de la carte. Un partie importante, et croissante, de la population a ainsi le sentiment d’être laissée à l’abandon. C’est un sentiment entièrement nouveau dans la France du XXe siècle, qui évoque ce que probablement les prolétaires du XIXe ont dû vivre dans un autre contexte. »

 

« Hollande est élu sur le rejet de Sarkozy et non sur un programme, il est élu en prenant le contre-pied du style de gouvernement de son prédécesseur ; c’est la trouvaille du « président normal ». Argument auquel Sarkozy s’est montré, contre toute attente, incapable de répondre. Hollande est donc élu sur un non-programme qui nous ramène en fait exactement au « ni-ni » de Mitterrand en 1988. Il se coule dans le schéma mitterrandien et dans le projet européen qui va avec, et par ailleurs il n’a rigoureusement rien à proposer pour l’aménagement de ce cadre. Non seulement il n’a pas de cap mais, plus encore, le cap lui est dicté par les circonstances. »

 

« Mais qu’est-ce qu’un « président normal » ? Ce slogan de campagne, qui s’est révélé une trouvaille efficace, a ouvert involontairement une vraie question ; Il pointait deux failles chez le président sortant. D’abord une conception ultra-personnalisée de son rôle, sur le modèle star ou du people, peu conforme à la norme républicaine de distinction entre le public et le privé. Il pointait ensuite, appelons les choses par leur nom, le côté psychopathe du personnage, l’ « anormalité » de comportement témoignant d’une certaine anomalie dans le contrôle de soi. De ces point de vue, rien à reprocher à François Hollande. Il s’est conduit « normalement », même si sa vie sentimentale a défrayé la chronique sous un jour qui n’était pas à son avantage. Il n’empêche que cette normalité revendiquée s’est retournée contre lui. Est-ce dire que l’anormalité est requise pour la fonction, comme on a pu l’entendre ? Avons-nous besoin de psychopathes et de mafieux, de déséquilibrés et de transgresseurs pour faire le job ? La réponse est dans la question quand celle-ci est clairement formulée. Le problème n’est pas là. Il est que l’élection d’un président de la République n’est pas le tirage au sort d’un Français moyen à peu près équilibré et honnête. La normalité s’est confondue en la personne de Hollande avec une vision étriquée et routinière de l’action gouvernementale, en l’absence de perspectives nourries par une réflexion sérieuse sur la situation du pays et les défis qu’il affronte, cela à un moment ressenti comme critique par un grand nombre de citoyens. Je ne crois pas du tout que Hollande a dévalorisé le rôle présidentiel. La déception qu’il a provoquée montre au contraire que les attentes à l’égard de la fonction sont plus grandes que jamais. Ce qu’il a fait ressortir, hélas, c’est que nous n’avons pas sous la main de candidats potentiels à la hauteur de ces attentes. »

 

Primaire: Juppé accroît son avance sur Sarkozy, Le Maire dépasse Fillon 

 

Alors que la course à la primaire de la droite a connu une nette accélération depuis le début de l'année, Nicolas Sarkozy semble de plus en plus dominé par son rival Alain Juppé. Malgré le succès de son livre-confession et ses déplacements multiples pour renouer avec les Français, le président des Républicains ne cesse de perdre du terrain face au populaire maire de Bordeaux.

 

Selon un sondage Elabe pour BFMTV et L'Opinion diffusé ce mercredi, Alain Juppé accroît son avance sur Nicolas Sarkozy avec 41% d'intentions de vote au premier tour contre 23% à l'ancien chef de l'Etat. Dans l'hypothèse d'un second tour, Alain Juppé écraserait son adversaire avec 64% des voix des personnes qui se disent "certaines" de participer à cette consultation, contre 36% à Nicolas Sarkozy.

 

Le rapport de forces au premier tour est très proche auprès des sympathisants de la droite et du centre, avec 42% pour Alain Juppé et 26,5% pour Nicolas Sarkozy. L'écart se resserre en revanche auprès des seuls proches du parti Les Républicains, qui opteraient à 37% pour Alain Juppé et à 32% pour Nicolas Sarkozy.

 

10% des personnes interrogées se disent "certaines d'aller voter" à cette primaire en vue de la présidentielle de 2017, soit selon Elabe un nombre d'électeurs potentiels d'environ 4,4 millions au premier tour, le 20 novembre.

 

Le Cardinal Barbarin pris en flagrant délit de contradiction 

 

C’est quand il ne reste plus rien, quand la bataille de l’opinion est perdue, que l’on invoque toujours la présomption d’innocence. On retrouve les vertus d’un droit pénal protecteur des Droits de l’Homme et du citoyen. Mais ici, il est trop tard. Barbarin est pris au piège, comme peut l’être Karim Benzema. Le dossier médiatique et politique est en l’état suffisamment accablant pour que le verdict de l’opinion soit prononcé. C’est ainsi.

 

Ce n’est plus un débat sur la présomption d’innocence (qui doit être reconnue) du cardinal Barbarin, mais un débat sur sa présomption d’inconscience. Dans Le Parisien, on peut lire que confronté à la question cruciale touchant à la révélation du jour: « savait-il que ce prêtre avait été condamné pour agressions sexuelles avant de le promouvoir? », un proche du cardinal répond: «Il n'a pas envie de répondre à cette question». Dès lors, l’alternative est simple. Ou le cardinal savait, et il fait preuve d’inconscience. Ou il ne savait pas, et il a fait preuve de tout autant d’inconscience. Dans les deux cas, le cardinal est moralement coupable.

 

Notons qu’une fois encore, la hiérarchie de l’Eglise, autour de Barbarin, oppose le silence. De nouveau, l’institution se mure en elle-même, au motif que ses règles de fonctionnement ne dépendent que d’elle. L’argument a encore été brandi sur Europe 1 par Bruno Retailleau, sénateur LR de Vendée, qui ne cache pas son inclination pour un catholicisme conservateur. « Ce n’est pas à Manuel Valls de défaire un cardinal, mais au Pape », a proclamé l’élu, comme s’il s’agissait, encore et toujours, de considérer que l’Eglise catholique est hors la morale publique (la « common decency » comme disent les Anglo-saxons) dès lors que celle-ci s’exprime hors les murs de la morale catholique et de préserver coûte que coûte cette conception de l’Eglise hors les murs de la République. On ajoutera également que l’Eglise ne peut pas réclamer un droit (par ailleurs légitime et incontestable) à peser dans les débats de société, et refuser d’être inclue dans ces mêmes débats de société.

 

Hélas pour eux encore, l’invocation d’une Eglise du secret, société dans la société vivant selon des règles qui échappent à la morale commune se heurte à la même réalité que leur défense de la présomption d’innocence du cardinal. Dans une France contemporaine avide de clarté et de transparence, en quête de laïcité réaffirmée, la défense d’une Eglise hors République n’est plus audible. Surtout s’il est question de viols ou agressions sexuelles sur des mineurs ou des majeurs. Confronté à l’impérieuse exigence de vérité, le cardinal Barbarin ne peut plus faire dire par un proche « Il n’a pas envie de répondre à cette question », parce qu’il se condamne lui-même aux yeux de l’opinion.

 

Valérie Pécresse-Marisol Touraine: L'habit fait-il la politique? 

 

Carapace, décor ou mise en scène, le vêtement est tout sauf futile pour les politiques. Regards croisés sur la mode, entre la gauche et la droite, entre la présidente de la région Ile-de-France et une ministre de François Hollande.

 

Toutes les deux sont en robe. Une tenue habituelle pour Marisol Touraine, ministre de la Santé, qui porte très rarement des pantalons. Mais pour Valérie Pécresse, présidente de la région ­Ile-de-France et ex-ministre du Budget, c’est une exception. Pour la sortie du livre des journalistes Gaëtane Morin et Elizabeth Pineau, « Le vestiaire des politiques » (éd. Robert Laffont), elles ont accepté de prendre la pose au musée Galliera, au milieu des robes trésors de la comtesse Greffulhe qui servit de modèle à Proust. Et de se livrer sans langue de bois.

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20 mars 2016 7 20 /03 /mars /2016 06:00
Y’a longtemps qu’on n’peut plus planter de tomates rue Watt et du côté du Pont de Tolbiac y’a plus la SUDAC avec ses petits messages bleus…
Y’a longtemps qu’on n’peut plus planter de tomates rue Watt et du côté du Pont de Tolbiac y’a plus la SUDAC avec ses petits messages bleus…

Longtemps j’ai habité dans le XIIIe arrondissement, quartier autrefois industrieux, à l’époque encore populaire. Dans mon imaginaire, la rue Watt rendue célèbre par Boris Vian, c’est Raymond Queneau qui l’a lui avait fait découvrir et visitée. Autrefois connue comme un véritable coupe-gorge elle attirait les photographes, les cinéastes : JP Melville Le Doulos et, disait-on, les mauvais garçons.

 

 

Vian a écrit pour Philippe Clay une chanson douce-amère :

 

Une rue bordée d'colonnes

Où y’a jamais personne

Y a simplement en l'air

Des voies de chemin d'fer

Où passent des lanternes

Tenues par des gens courts

Qu'ont les talons qui sonnent

Sur ces allées grillées

Sur ces colonnes de fonte

Qui viennent du Parthénon

On l'appelle la rue Watt

Parce que c'est la plus bath

La rue Watt…

Décrite en 1956 par Léo Mallet « Hautement pittoresque et basse de plafond, elle se prête admirablement aux agressions de toutes natures, et plus particulièrement nocturnes. Sur la moitié de sa longueur, à partir de la rue Chevaleret, elle est couverte par de nombreuses voies ferrées, auxquelles s’ajoutent celles de la gare aux marchandises. C’est sinistre, surtout entre chien et loup, un jour de novembre. On y éprouve une désagréable sensation d’étouffement, d’écrasement. De loin en loin, dans la perspective des maigres piliers de fonte soutenant la voie, la lueur courte d’un bec de gaz fait briller les rigoles des infiltrations suspectes qui sillonnent les parois de cet étroit couloir humide. Nous nous engageâmes sur le trottoir surélevé, bordé d’un garde-fou, qui domine la chaussée de plus d’un mètre. Au-dessus de nos têtes, un train passa dans un barouf d’enfer, faisant tout trembler sur son passage. »

 

 

En transcrivant ces lignes remonte en moi le souvenir de mes intrusions nocturnes rue Watt ; j’y allais après ma journée de travail, à vélo, sur mon grand Batavus, y chercher un Paris populaire disparu.

 

 

Brouillard au Pont de Tolbiac

 

« Brouillard dans les rues du brouillard du passé, brouillard dans l’âme de Nestor Burma, brouillard à peine dissipé par le pur amour de Bélita, la gitane, victime de la femme au fouet. »

 

« Sale quartier, quartier où le brouillard étend son empire du matin au soir en toutes saisons, quartier en bordure de la zone… »

 

Rue du Château-des-Rentiers, rue des Terres-au-Curé, rue des Reculettes, passage des Haute-Formes…

 

Dans le Doulos, au début du film de Melville, lorsque Serge Reggiani s’avance le long de la rue Watt… puis le plan suivant : un train dans le gris de sa fumée et le sifflement de sa locomotive.

 

Nul n’a pu sauver la rue Watt, elle existe encore mais elle n’est plus qu’une vieille image perdue dans un univers de grands travaux.

 

Pierre Assouline, arpenteur de cette nouvelle Rive Gauche écrit : « Il a manqué un romancier, un peintre, un poète pour chanter tout haut la gloire des Frigos, comme le fit Benjamin des passages parisiens. Entendez : l’ancienne gare frigorifique exploitée par la SNCF. Dans les années quatre-vingt, les Frigos étaient les seuls, les derniers de l’ancien temps à monter la garde dans le quartier en chantier. Alentour c’était la mort.»

 

Qui se souvient des pneumatiques ? Les petits messages bleus…

 

« Autrefois toutes les minutes, pendant vingt secondes, les compresseurs de l’immeuble envoyaient de l’air comprimé dans un réseau de quelque soixante-cinq kilomètres sous les rues de Paris, ce qui déplaçait les aiguilles des horloges publiques de la capitale, envoyait des pneumatiques qu’on recevait aussi vite que des télégrammes et qui ne coûtaient presque rien. »

 

C’était la SUDAC : la Société Urbaine d’Air Comprimé.

 

« Derrière ces installations fantastiques, ce rêve d’une modernité shootée à l’air pur, il y avait un inventeur hyperactif, le bien nommé Victor Popp, fondateur de la SUDAC. Il fit édifier, pour alimenter son réseau une usine avec s’énormes compresseurs sur une berge de la Seine, quai de la Gare – aujourd’hui ce bâtiment se dresse encore au 3, quai Panhard-et-Levassor, et il a une telle majesté, avec sa grande nef métallique en un seul berceau et ses briques vernissées qu’on l’a transformé en École Nationals d’architecture. »

 

Alexandre Lacroix, Voyage au centre de Paris, Flammarion, 2013.

 

Source : Le mal de Paris Régine Robin Stock

 

 

Y’a longtemps qu’on n’peut plus planter de tomates rue Watt et du côté du Pont de Tolbiac y’a plus la SUDAC avec ses petits messages bleus…
Y’a longtemps qu’on n’peut plus planter de tomates rue Watt et du côté du Pont de Tolbiac y’a plus la SUDAC avec ses petits messages bleus…
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19 mars 2016 6 19 /03 /mars /2016 06:00
« Messieurs, c’est sur le champ de bataille qu’il faut haranguer des guerriers ; c’est sur les débris d’un dîner qu’on doit pérorer des gourmands »

« Je veux que tu curasses les écuries d’Augias… » citation apocryphe notée à la Mutualité.

 

Curer, verbe peu usité et pourtant, enfant du latin curare, nettoyer quelque chose en grattant, en raclant et en enlevant les corps étrangers, il est toujours d’actualité même si, dans notre civilisation hygiéniste, il évoque un temps disparu : curer un égout, une pipe, des sabots, un canal, un fossé, une mare, un ruisseau, une écurie, une étable, une charrue, un trou, un bois.

 

Et pourtant, se curer le nez, les ongles, les dents, reste une activité intense en nos grandes cités.

 

Enfin, ne pas confondre curage, qui est le même geste mais fait avec un doigt et le curetage qui désigne le geste chirurgical.

 

Revenons au curage des dents !

 

Loin des chichis prétentieux et nombrilistes d’Omnivore bardé de sponsors qui adorent les petits producteurs, au XVIIIe siècle, lors des jurys de dégustateurs de Grimod de la Reynière, faire de la réclame était aussi au menu.

 

« Messieurs, c’est sur le champ de bataille qu’il faut haranguer des guerriers ; c’est sur les débris d’un dîner qu’on doit pérorer des gourmands. Vous quittez à l’instant un des banquets les plus somptueux qui ait jamais illustré les séances du Jury dégustateur. Je vois, Messieurs, rouler dans vos doigts ces jolis hochets dont vous m’avez nommé le panégyriste ; vous vous en servez pour caresser vos dents en les parcourant légèrement comme les cordes d’une guitare. Cet exercice charmant, cet usage des cure-dents, consacré par la plus respectable des Sociétés gourmandes, n’en est-il pas le plus bel éloge ? Il faut cependant entrer dans mon sujet, et ce sujet est une plume. Celle de Rousseau a fait des ravages dans la société avec le Contrat Social, Émile, La Nouvelle Héloïse. La plume du citoyen de Genève charma les esprits et désola les nations. Quant aux plumes des cure-dents, au contraire, leur innocence est généralement reconnue et si elles piquent quelquefois les gencives, c’est pour entretenir leur fraîcheur. Voilà l’unique sang qu’elles font couler… »

 

Le sieur de Rougemont était un fieffé baratineur, il ne recule devant rien en affirmant « qu’ils sont tous d’une coupe différente suivant la forme des dents… J’en ai pour les jeunes et pour les vieilles mâchoires… il y en a dans le nombre de très menus ; ce sont des plumes de tourterelles délicatement taillées : elles sont destinées aux bouches fraîches et rosées… »

 

Moins poétique : « En curant ses chicots avec des bouts d'épingles » Huysmans, Sœurs Vatard, 1879.

 

Un peu d’Histoire, je fais tout d’abord mon Jean-Pierre Kauffmann : Napoléon emportait, lorsqu’il était en campagne, un coffret de vingt-quatre douzaines de cure-dents en buis de chez Gervais-Chardin : « Sa figure et ses mains lavées, écrit Frédéric Masson, il curait soigneusement des dents avec un cure-dents en buis, puis les brossait longuement avec une brosse trempée dans de l’opiat, revenait avec du corail fin et se rinçait la bouche avec un mélange d’eau-de-vie et d’eau fraîche.»

 

« De plus, il dispose en la personne de Jean-Joseph Dubois-Foucou (SOP, 2006) d’un opérateur pour les dents qui a officié sur sa personne de 1806 à 1813. D’après F. Masson (Lamendin, 2000), l’un des plus grands historiographes de Napoléon, l’entretien que ce dernier a apporté à ses dents était tel qu’il avait « toutes ses dents belles, fortes et bien rangées. » Il ajoute : " …Il curait soigneusement ses dents avec un cure-dents en buis, puis les brossait longuement avec une brosse trempée dans de l’opiat, revenait avec du corail fin, et se rinçait la bouche avec un mélange d’eau-de-vie et d’eau fraîche. Il se raclait enfin la langue avec un racloir d’argent, de vermeil ou d’écaille. » En 1806, Gervais-Chardin, « parfumeur de Leurs Majestés Impériales et Royales », livre 52 boîtes d’opiat dentifrice pour un montant de 306 francs, 15 douzaines de cure-dents en buis et en ivoire. Le 25 octobre 1808, il livre 24 douzaines de cure-dents en buis, 6 boîtes de corail fin pour les dents au prix de 36 francs et 28 boîtes d’opiat superfin facturées 168 francs. Le 20 mars 1815, le parfumeur Teissier fournit 3 boîtes d’opiat en bois d’ébène pour la somme de 18 francs et 28 pots d’opiat à la rose au coût de 56 francs. Le 27 mars 1815, son nécessaire est entièrement réparé à la demande de Dubois-Foucou. Jamais durant son règne, le monarque ne semble avoir eu recours aux services de Dubois-Foucou, excepté pour des nettoyages. »

 

Les premiers cure-dents datent de l’âge de bronze.

 

Les Égyptiens et les Arabes utilisent des arêtes de poisson ou des tiges de câpriers en guise de cure-dents.

 

Dans l’Antiquité gréco-romaine les cure-dents en métal, argent et or, ou en ivoire apparaissent.

 

Pline l’ancien se sert « d’une épine de porc-épic pour nettoyer et consolider ses dents.»

 

« En France, du Moyen Âge à la Renaissance, les cure-dents sont montés sur pivot, se nomment fusequoirs et servent également à se curer les oreilles après la toilette, faisant alors office d’escurette. »

 

Photo d’un cure-oreille avec cure-dent escamotable. Il date du 17ème siècle et est en argent ciselé.

 

« On porte les cure-dents à la ceinture comme des objets précieux dont on ne veut se séparer. C’est le cas de l’amiral de Coligny, qui en tire un dans ses moments de fureur et le mâche pour se calmer. On dit alors : « Dieu nous garde du cure-dents de Monsieur l’Amiral. »

 

Lire Le cure-dent Africain, cette brosse à dent qui résiste au temps 

 

Source : L’histoire de la casserole Henri Pigaillem

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18 mars 2016 5 18 /03 /mars /2016 06:00
Vignerons si vous ne voulez pas mourir idiots customisez vos ½ bouteilles pleines de messages transparents que vous ferez livrer par Amazon en veillant au bien-être de vos clients pressés.

Souvenirs, souvenirs… titre phare du deuxième disque de Johnny Hallyday en 1960 et son premier grand succès…

 

Souvenir donc, lors d’un colloque des œnologues de Bordeaux, animé par Patrick Léon l’ancien Dr technique de Mouton-Rothschild, du bal de petits coqs du marketing, shootés à l’ego, ratiches acérées, morgue à la boutonnière, visionnaires auto-proclamés qui allaient tout révolutionner dans le monde du vin grâce à leur grande maîtrise des outils marketing.

 

Pas moyen de leur faire lâcher le micro, tout pour leur gueule, les portes dorées du monde du vin s’ouvraient grandes à eux, ils allaient évangéliser les crétins du vin.

 

La ruée vers l’or donc !

 

Vendre à prix d’or des services clé en main forme nouvelle de l’effet peau de lapin.

 

Une décennie après que sont-ils devenus ?

 

Portés disparus, perdus de vue, sortis des radars, reconvertis, en cure de modestie sans doute, engloutis par la dure réalité du monde du vin français. Bien sûr, du côté de la perfide Albion continue de sévir ce cher Robert Joseph qui psalmodie les mêmes antiennes depuis plus d’une décennie. Dis-moi la main qui te nourrit et je pourrai évaluer ta crédibilité avant de raquer...

 

Et puis bien sûr subsistent les éclaireurs de marché, ceux qui savent manier les chiffres, les panels, les beaux outils du marketing.

 

Parmi eux La Wine Intelligence  basée au 109 Maltings Place, 169 Tower Bridge Road, London SE1 3LJ, Royaume-Uni qui sur sa page d’accueil donne le ton « As an international team of market researchers and strategy consultants, we are known for being curious, flexible, rigorous and honest. We are also known for loving wine. Read more about what we do. Take a look at some of our work, see what our clients are saying about us and see who we work with…»

 

Le 15 mars à Prowein Lulie Halstead, directrice de Wine Intelligence, a présenté les 6 tendances émergentes dans l’univers de la consommation permettant dans l’univers du vin.

 

De quoi donner des idées aux marketeurs du monde du vin nous dit Marion Sepeau Ivaldi sur Vitisphère.

 

Sans ironiser, il faut qu’ils n’en aient guère des idées pour s’en remettre à un tel tissu de lieux communs.

 

Je sais ça fait frétiller les jeunes gogos des écoles de commerce, ils se voient déjà, comme leurs prédécesseurs de l’estrade des années 2000, révolutionner le monde compassé du vin. À eux les start-up, les applications, les innovations… Vive la canette ! Être ou ne pas être le Nespresso du vin !

 

Bis repetita placent !

 

Lisez-moi bien, je ne suis pas en train d’écrire que ces tendances n’existent pas dans l’univers des boissons, bien au contraire elles sont là et bien là mais à qui fera-t-on croire qu’elles sont des innovations qui vont révolutionner la part du marché du vin qui chalute dans les allées de la GD.

 

L’appauvrir, sans nul doute, le vin n’est ici qu’un minerai que l’on peut sourcer dans les bassins de production les plus attractifs en terme de prix.

 

La vigne française voguant vers le tout AOP-IGP ne me semble guère armée pour entrer dans ce monde impitoyable où la forme du flacon, sa customisation, par exemple, est la source de la valeur.

 

Allez donc faire un petit tour chez Coca-Cola Découvrez la liste complète des 250 prénoms disponibles sur les bouteilles de Coca-Cola 

 

Comment innover dans le marketing du vin ? La Wine Intelligence a identifié six tendances pour inspirer les visiteurs de Prowein.

 

La customisation

 

Déjà présente dans le mode du prêt-à-porter et notamment des chaussures, la customisation répond à un besoin de personnalisation du consommateur. Il s’agit de créer des produits uniques à l’image de l’acheteur. Certaines entreprises l’ont bien compris et proposent déjà de réaliser des étiquettes portant l’identité du client.

 

La transparence

 

Il s’agit de donner un message transparent au consommateur, notamment sur les prix. Disposant de moyens d’information démultipliés grâce aux mobiles, le consommateur peut désormais les comparer. La transparence s’applique également à la traçabilité ainsi qu’à l’information sur les conditions de transport et de conservation.

 

Le bien-être

 

Le bien-être n’est pas seulement l’état physique mais aussi social. Les consommateurs sont en recherche d’une vie équilibrée, ce qui veut dire mesurée, sans concessions sur les moments de décontraction et de convivialité. De nombreux produits alimentaires illustrent cette tendance comme la bière aromatisée au thé.

 

La suite ICI

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17 mars 2016 4 17 /03 /mars /2016 06:00
Je suis en quête d’un critique littéraire pour une chronique sur « Le vin, entre business et passion » de Jérôme Pérez le « Besancenot » de la LPV

J’ai reçu hier matin au courrier ce livre par les bons soins de Jean-Paul Barriolade des éditions Libre & Solidaire qui le publie.

 

Je l’ai lu dans la foulée, avec intérêt.

 

Je l’ai refermé.

 

Je me suis roulé une petite cigarette.

 

Je l’ai fumée.

 

En clopant j’ai réfléchi, ça m’arrive.

 

Que faire ?

 

Écrire une chronique ?

 

Il y a matière, l’opus est sincère, c'est un plaidoyé très personnel, touchant même à l'évocation du père, irritant aussi avec le côté entre soi de la LPV, très autocentré, intéressant dans la première motié, moins par la suite où certains comptes veulent être réglés et où l'analyse sur les vins de luxe part un peu dans tous les sens dans un doux mélange de morale et de dirigisme.

 

Ce livre mérite qu’on lui consacrât du temps.

 

Et pourtant, en dépit de cet intérêt, je ne me sentais pas motivé pour coucher une chronique sur mon espace de liberté.

 

La raison en est simple : le monde de la dégustation, et plus encore celui des dégustateurs passionnés du vin, m’est étranger. Même si je l’ai côtoyé, parfois même fréquenté, ce n’est pas mon monde. Il y a chez moi, à son égard, une forme d’incompréhension qui me met mal à l’aise. Ça me dépasse. Je n’arrive pas à entrer dans ce type de démarche. Me mettre dans la peau d'un dégustateur passionné est au-dessus de mes possibilités, ça tourne trop en rond.

 

Dans le doute abstiens-toi me suis-je dis, t'es pas du Cercle, du GJE, de feu Davos du vin, les grands vins ce n'est pas ton truc, tes mots risqueraient d’être mal compris.

 

Que faire alors ?

 

M'abstenir !

 

Ne rien faire, ne rien écrire, c’eut été de ma part une solution de facilité qui ne me convenait guère.

 

Alors j’ai à nouveau réfléchi et j’en suis très vite arrivé à la conclusion qu’il fallait que je vous sollicite, chers lecteurs, pour que vous fassiez le job à ma place.

 

Beaucoup d’entre vous êtes, en effet, des passionnés du vin, des amateurs éclairés, et je suis persuadé que vous saurez, bien mieux que moi, faire œuvre de critique littéraire.

 

Je vous propose donc de candidater via les commentaires ou le formulaire contact.

 

Si ça vous tente je vous ferai parvenir l’opus par la Poste pour lecture et critique en retour.

 

Merci par avance.

 

1 extrait pour la mise en bouche

 

« Et que dire de cette nouvelle façon d’apprécier le vin sans soufre ? Certains disent que ce sont des vins vivants sans que je puisse comprendre ce que cela revêt de réalité. Dans cette mouvance, on arrive même à se persuader que certaines déviances sont bonnes et source de plaisir. Je ne veux pas juger ici cette mode (car c’en est bien une), mais elle prouve que finalement les goûts, c’est-à-dire le faisceau de saveurs que l’on apprécie plus que d’autres, sont tout à fait changeants et qu’ils ne relèvent pas seulement de cet aspect sensitif, cela est bien plus intellectuel qu’il n’y paraît. Le goût n’appartiendrait pas à l’individu de façon innée, mais plutôt au « groupe », dont d’ailleurs il n’est pas facile de s’émanciper. De ce point de vue, je suis tout à fait certain – même si je les raille parfois –, que les adorateurs des déviances des mauvais vins natures sont tout à fait sincères. Ils sont victimes du phénomène de groupe auquel ils veulent appartenir, jusqu’à en accepter et apprécier les errances. Et il se peut que ce que j’appelle leur errance, ils en aient fait leur classicisme, reléguant et qualifiant le mien au rang de désuet, ridicule, artificiel, même si ce qu’ils apprécient sont des défauts œnologiques. »

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16 mars 2016 3 16 /03 /mars /2016 06:00
Te zo sot ha me zo fin, te ‘evo dour, me ‘evo gwin… tu es bête et moi malin, tu boiras de l’eau et moi du vin… comment être rond quand on est breton !

Ce dimanche un beau soleil d’hiver était enfin au rendez-vous, comme une envie de flâner, de baguenauder sur les hauteurs, de farfouiller dans les étals de livres du côté d’un libraire qui a la bonne idée de se nommer Le Monte en l’Air.

 

Dans cet état j’erre tel un pauvre hère à la recherche d’un appel d’air pour attiser ses neurones encalminés.

 

Donc je rousinais, cherchant la perle rare, et, comme souvent, ce fut au tout dernier moment que mon regard acéré tombait sur « BOIRE, de la soif à l’ivresse ». Bonne pioche ! Et sans offenser mes amies bretonnes, qui ont une belle descente, je me disais, dans ma petite Ford d’intérieur, que l’opus étant l’œuvre du Musée de Bretagne je venais de dénicher une pépite nichée dans le granit.

 

Les historiens de comptoir

 

Quelle belle appellation ! Les historiens de comptoir donc, « vous diront que c’est la guerre 14-18 qui, par les rations distribuées aux poilus, a donné aux Bretons le goût du « pinard »

 

Pas étonnant que Le Drian, ancien maire de Lorient grand port pinardier occupât l’Hôtel de Brienne où sont logés les culottes de peau des Armées.

 

« Pourtant le vin est connu et importé en Armorique depuis fort longtemps. La culture de la vigne y a même longtemps été pratiquée, modestement en Basse-Bretagne, mais un peu partout, notamment dans les rias autour des abbayes. Le cidre ne s’y est vraiment implanté qu’à partir du 17e siècle.

 

Recherchés pour leur qualité et portés par leur force symbolique, les vins d’importation font au cours de la première partie du 20e siècle une formidable percée dans les classes populaires. Pénétrant par les ports, ils s’invitent donc en premier lieu à bord des bateaux. »

 

« Auparavant, aux 16e et 17e siècles, ce sont les Bretons – en particulier les bigoudens – qui dominent le transport du vin entre le sud et le nord de l’Europe. »

 

« Les rôles (état nominatif du personnel embarqué sur le navire) d’Oléron et de Saintonge datant du 13e siècle, offrent déjà au marin breton transportant du vin un « droit de breuvaige » c’est-à-dire l’autorisation de boire tant qu’il veut sur la cargaison. »

 

« Robert Joncour, dernier capitaine de pinardier à avoir approvisionné la Bretagne en vin d’Algérie, affirmait que ce privilège extravagant était encore en vigueur en 1982 ! Au point qu’il fallait s’arrêter en arrivant à l’entrée de l’Odet pour faire descendre les marins fatigués et refaire le niveau avec de l’eau d’une fontaine. Ceux qui cabotaient en rade de Brest avaient moins de scrupules, remplaçant le liquide manquant par de l’eau de mer. »

 

« En 1939, avec un bar pour 71 habitants dans le Finistère (la plupart tenus par les femmes), 255 négociants et 160 litres de vin par habitant et par an, le vin a gagné le cœur des ouvriers et des paysans. Une filière s’est mise en place, stimulée par une publicité très créative, avec ses bistrots, ses marchands de vin devenus des notables dans les villages, et ses ports pour accueillir les hectolitres. Brest en tête. Pour répondre à l’énorme demande, la Bretagne importe du vin d’Algérie, que les négociants coupent avec des vins du Languedoc de piètre qualité. Le produit obtenu, fort en alcool et gouleyant, plaît au buveur, parfois moins à son organisme. Le déclin de la consommation s’amorce à partir des années 60. Les Bretons sont aujourd’hui dans la moyenne nationale, consommant moins de vin, mais de bien meilleure qualité. Pour autant, leur réputation d’avoir « le gosier bien pendu » semble avoir la vie dure.»

 

 

« L’ivresse est en Bretagne un mode d’alcoolisation qui, au fil des siècles, a souvent retenu l’attention des élites. Certains notables n’ont pas hésité à en faire un trait spécifique de la caractérologie régionale, tel Audren de Kerdrel écrivant en 1844 que « l’ivrognerie est un vice… auquel la race bretonne est adonnée depuis des siècles » N’allait-on pas en Cornouaille jusqu’à enseigner aux jeunes garçons à s’enivrer pour entrer dans le monde des adultes ? Boire vite (evit buhan) et tenir bon (dalc’h mad) telles sont, selon Alexandre Bouet, les clés de cette « première leçon d’ivrognerie » croquée par Olivier Perrin.

 

Le sous-préfet de Saint-Malo regrette en 1868 que « la perspective d’une journée exempte de la monotonie et des fatigues du labeur accoutumé jointe au désir de chacun de satisfaire librement des goûts dépravés » attire en ces lieux ( les foires) « plus souvent les cultivateurs peut-être que leur intérêt pour l’agriculture. »

 

Le Dr Lohéac de Gourin en 1906 souligne néanmoins « que la facilité avec laquelle nos cultivateurs s’enivrent, provient de leur abstinence habituelle. »

 

« Au seuil du 21e siècle, alors que l’essor du binge drinking inquiète les pouvoirs publics et que s’exacerbe la question de la vie nocturne en centre-ville, les jeudis étudiants rennais ou brestois deviennent des symboles des excès du boire de la jeunesse pour nombre de médias qui perpétuent ainsi le stéréotype de l’ivrognerie bretonne. Les similitudes ne sont que toutefois qu’apparentes, notamment chez les plus jeunes : l’ivresse, naguère encadrée par les adultes, relève désormais davantage d’un entre-soi générationnel. »

 

Voilà, tout ce qui est écrit ci-dessus ne l’est pas de ma blanche main mais est extrait de l’ouvrage cité publié en septembre 2015.

 

 

Te zo sot ha me zo fin, te ‘evo dour, me ‘evo gwin… tu es bête et moi malin, tu boiras de l’eau et moi du vin… comment être rond quand on est breton !
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15 mars 2016 2 15 /03 /mars /2016 06:00
Les défroqués du vin conventionnel.

Dans ma Vendée confite dans l’eau bénite et les soutanes, le défroqué était un réprouvé, divorcer du service de Dieu, renier son serment, relevait du bannissement, de l’interdiction de séjour.

 

Pendant tout un temps le défroqué rompait les amarres, disparaissait, puis avec le grand séisme de 68 qui vida les séminaires de Vendée et saigna à blanc le clergé le plus jeune, certains ne firent pas qu’abjurer ils devinrent les plus violents détracteurs de l’Église qu’ils avaient servi.

 

Comparaison n’est jamais raison mais dans le monde du vin jeter le froc du vin conventionnel revêt chez certains une attitude similaire. Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, rompre avec son passé n’est pas un péché, la honte, reste que de voir ou de lire certaines philippiques laisse sans voix sur la versatilité de la nature humaine.

 

Les images pieuses offertes à nos yeux, ces mains calleuses, gage de l’authenticité du vin, n’étaient-elles que des épandeuses insoucieuses de Roundup ?

 

Je ne sais mais ce que je sais c’est que j’ai toujours eu beaucoup de mal à recevoir des leçons de sobriété par des alcooliques repentis…

 

Ni cendres sur la tête, ni robe de bure des bourgeois de Calais, juste ce qu’il faut de regard sur soi-même pour nous fichez la paix.

 

C’est dit, zoom arrière :

 

En 1954, Léo Joannon réalisa Le Défroqué avec Pierre Fresnay dans le rôle du curé défroqué.

 

Famille chrétienne

 

« Prisonnier en oflag XIII en 1945, le prêtre défroqué Maurice Morand est contraint de dévoiler son secret à ses codétenus en donnant l’extrême-onction à l’aumônier du camp. Parmi ces détenus, Gérard Lacassagne, influencé par sa rencontre avec Morand, décide de consacrer sa vie à l’Église. Après leur libération, malgré la désapprobation de sa famille et de son ancienne fiancée, Lacassagne persévère, aidé par son supérieur de séminaire, un ancien camarade de Maurice Morand, et la mère de ce dernier. Le jeune novice se fixe comme objectif de ramener Morand sur le droit chemin, et multiplie les tentatives pour le convaincre, ce qui contraint son ami à se cacher. Après son ordination, Lacassagne rend une dernière visite à Morand... »

 

Télérama écrit « Armé de sa foi bétonnée, il affrontera inlassablement l'orgueil démoniaque de l'impie... »

 

Après son ordination, Lacassagne rend une dernière visite à Morand, accompagné par la prière de tous leurs proches. Les deux hommes se disputent, l’ancien prêtre frappe son ami et rouvre une ancienne blessure, provoquant sa mort. Sur le point d'expirer, Lacassagne donne l'absolution à Morand, contrit et retrouvant ainsi la foi.

 

Un critique écrit :

 

« Il y a beaucoup d’outrance, pas mal de maladresse et même des scènes un peu ridicules dans ce grand mélodrame qui fut, je crois un immense succès, mais il y a aussi de la hauteur de vue, de la noblesse d’âme et de l’émotion.

 

Je ne crois pas pour autant que Le défroqué puisse être, aujourd’hui, mis sous tous les yeux : il faut avoir une certaine sensibilité aux questions spirituelles, un minimum de culture catholique et une envie de se pencher sur ces questions de Grâce divine, de pardon des offenses, de communion des saints et de mystère de la vocation sacerdotale.

 

Disant cela, je ne me veux pas le moins du monde méprisant, ni même éloigné de ceux que ces mots et ces idées n’intéressent pas, ou qui les regardent comme des archaïsmes mythologiques. Le monde a changé, depuis 1954, date de sortie du film et ce mot de Défroqué qui sonne comme une claque donne lieu aujourd’hui à de l’indifférence ou au sarcasme alors qu’à l’époque il apparaissait comme terrifiant. »

 

Un site catholique note :

 

« C'était l'époque où la France savait encore faire du cinéma et les catholiques possédaient encore 50% des salles de cinémas. »

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14 mars 2016 1 14 /03 /mars /2016 06:00
Les petits producteurs se sont trouvés une nouvelle Jeanne Hachette, j’en connais un le basque Mixel Berhocoirigoin fier d’être paysan.

À Beauvais, le 22 juillet 1472, une certaine Jeanne Hachette met en déroute l'armée de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne. 

 

« Que venait-il combattre devant Beauvais ?

 

Ou plutôt qui ?

 

Le roi, bien sûr. En 1472, Louis XI (1423-1483), fils de Charles VII, règne depuis onze ans. Il déteste son cousin bourguignon. Il est vrai qu'il était difficile de faire s'entendre deux êtres si dissemblables. Le roi est austère, il refuse de paraître, s'habille comme un bourgeois, ne sacrifie pas à la pompe royale. Il est considéré comme un bon roi du point de vue de sa gestion du royaume, mais comme un fort méchant homme. Le duc de Bourgogne au contraire ne se plaît qu'en représentation, en affirmation spectaculaire de sa puissance. Pour tout dire, il aspire à régner. Mais, là, il lui faut compter avec l'Angleterre. »

 

Même sans l’avoir nommée, ses fans de Face de Bouc auront reconnu Isabelle Saporta qui après avoir dézingué à la sulfateuse, dans son précédent ouvrage, VinoBusiness, ce pauvre Hubert de Boüard de Laforest, monte au créneau pour se porter au secours des petits producteurs, défenseurs de notre beau terroir, en butte à la chape des normes concoctées par une Administration à la solde des multinationales.

 

Nos ingénieurs, nos vétérinaires n’aiment guère cette engeance de petits producteurs frondeurs qui passent leur temps en dehors de leurs beaux clous. Eux ils aiment beaucoup le béton, le grand avec plein d’investissements, les assemblées générales du Crédit Agricole, les beaux dossiers PAC, les contrôles, à se demander pourquoi on leur a fait suivre des cursus couteux, écoles vétérinaires, agro, ENGREF, pour en arriver à une forme d’administration que Courteline ne renierait pas.

 

Notre nouvelle Jeanne Hachette ne se fait pas prier, en un road-movie rural, elle taille en pièces la belle cogestion du 78 rue de Varenne, celle qui voit le Ministre et sa grande administration coucher dans le même lit que la FNSEA. Mais attention, notre Jeanne ne fait pas que des moulinets, elle accumule des munitions, du lourd, du solide, de l’argumenté, des faits, je crois qu’on appelle cela de l’investigation. C’est rare et c’est heureux de donner à lire du contenu. Bien sûr c’est moins bandant que la saga du Sarkozy de Saint-Émilion mais c’est un petit caillou dans les grolles de Le Foll et de la mécanique infernale des normes de tous poils.

 

La bureaucratie n’aime rien tant que de générer de la substance pour justifier son existence, elle est conservatrice, frileuse, incapable de dépasser les limites de son univers bien confortable. Dans son Foutez-nous la paix ! Isabelle Saporta engage une résistance salutaire contre ceux qui veulent faire notre bonheur à notre place. Je la trouve parfois bien indulgente à l’égard de la bureaucratie de l’UE, la pire qui soit dans notre monde civilisé et mondialisé. L’URSS s’est délité en grande partie du fait de l’incompétence de ses bureaucrates, l’UE prend le même chemin avec ses lourds bataillons de Berlaymont qui conjuguent hyper-compétence et arrogance.

 

Dans le combat de notre Jeanne Hachette face à l’hydre FNSEA je voudrais faire entendre une petite musique qui ne va pas forcément plaire aux minoritaires, tout particulièrement à la Confédération Paysanne.

 

En effet, j’estime qu’elle porte une part de responsabilité dans le maintien de l’hégémonie de la FNSEA. Pourquoi diable me direz-vous ? Tout simplement parce qu’elle véhicule une image du petit producteur « misérabiliste ». Pauvre forcément pauvre, ce qui se traduit par une désaffection dans les urnes aux élections aux Chambres d’agriculture. Le contre-modèle économique qu’elle dit défendre, avec très souvent des arguments très sérieux, ne trouve qu’un faible écho car, j’ose l’écrire même si je ne vais pas me faire que des amis, il fait fi d’une forme de réussite sociale. Je ne vois pas au nom de quoi le paysan petit-producteur, sa famille, devrait être des damnés de la terre au service d’un juste combat.

 

J’ai toujours tenu ce discours à mes amis de la Confédération Paysanne, contrairement aux hiérarques du PS, Le Foll en étant le dernier avatar, qui dans l’opposition passaient leur temps à faire des papouilles de gauche aux confédérés pour mieux les snober lorsqu’ils avaient le cul dans leur fauteuil ministériel.

 

Pour preuves : j’ai fait reconnaître devant l’AG du Conseil d’État le décret sur la représentativité syndicale, qui a permis à la CP d’être un syndicat ayant pignon sur rue, contre l’avis de mon Ministre Henri Nallet et lorsque Louis Mermaz fut Ministre il n’a jamais reçu la Confédération Paysanne c’est ma pomme qui s’y collait.

 

Bref, je garde le souvenir de ces réunions un peu bordéliques avec en tête une figure qui me fut de suite sympathique, celle de Mixel Berhocoirigoin, le producteur de lait du Pays basque. Compétent, connaissant parfaitement le dossier des quotas laitiers, ouvert à la discussion, ferme sur ses convictions, un interlocuteur de qualité. Nous l’appelions Berhoco et jamais il ne se serait départi de sa bonne humeur têtue. Bien souvent j’avais envie de lui dire que c’était lui qui avait raison mais je n’étais pas le Ministre en exercice qui lui préférait largement passer ses après-midi rue de Solférino.

 

Michel Berhocoirigoin et à sa gauche le ministre Stéphane Le Foll en octobre 2012 au 7e Salon de l’agriculture paysanne, LURRAMA, à la Halle d’Iraty à Biarritz.

 

Je comprends qu’Isabelle Saporta ait accroché ses pas à Mixel Berhocoirigoin, à ses combats, il en vaut la peine.

 

Cet homme aime profondément son pays, ses brebis, ses vaches, ses produits. « Tu vois ces vaches blondes des Pyrénées ? Elles s’occupent du fourrage grossier. Pour la seconde coupe, ce sont des brebis manex, à tête noire ou à tête rousse, qui prennent la relève. Pour faire du bon lait, elles ont besoin d’une herbe fine. »

 

Il veut réimplanter la sasi ardi « une vaillante brebis autrefois présente dans toutes les fermes de cette belle région, et qui vient de gagner, comme un pied de nez, un concours de l’innovation pour ses qualités de débroussailleuse ! Peu laitière, c’est sa viande qui est valorisée dans les plus grands restaurants. »

 

Ému notre Berhoco « Regarde toutes ces fermes accrochées là où elles peuvent arracher un petit bout de prairie à la montagne, elles sont ici parce qu’elles ne pourraient être nulle part ailleurs. Et les emplois qu’elles génèrent sont viscéralement liés à leur territoire. Ils font vivre nos jeunes, nos services publics, nos écoles et créent de la richesse sur place. »

 

Créer de la richesse !

 

« Nous ne voulons pas d’une agriculture qui s’oppose à la société civile comme ne cesse de le faire le modèle industriel. On est fier d’être des paysans. Fiers de forger nos paysages. De respecter notre eau, de faire vivre notre territoire, s’émeut-il. Et on a besoin de vous pour nous soutenir, parce qu’une fois qu’on aura cassé tout ça, on ne pourra pas revenir en arrière. »

 

Ossau-Iraty, piment d’Espelette, des beaux produits, des produits d’avenir… Le road-movie rural d’Isabelle Saporta est bien loin d’un simple pamphlet, c’est un porte-voix offert à ceux qui d’ordinaire n’en ont pas. Sera-t-elle entendue une fois passé le buzz médiatique qui se nourrit de ce type d’ouvrage ? La fameuse société civile qui verse des larmes de crocodiles sur les malheurs des petits producteurs, sans savoir ce qu’ils sont et ce qu’ils font, va-t-elle se réveiller, arrêter de pousser son caddie dans les allées déshumanisées des temples de la GD?

 

J’en doute.

 

Pour créer de la valeur sur nos territoires encore faut-il qu’elle ne soit pas ensuite détruite par des prédateurs qui se servent des petits producteurs comme des leurres.

 

Pour l’heure achetez et lisez Foutez-nous la paix ! vous vous plongerez dans les plis profonds de la France des terroirs et des petits producteurs : la Corse ses brebis, son brocciu, la baie du Mont-Saint-Michel et ses prés-salés, l'Aubrac, le Laguiole d'André Valadier, le Roquefort de José Bové, le pouilly d'Alexandre Bain, le muscadet, le champagne, la poule bretonne, les normes, la pédichiffonnette, les fonctionnaires de tous poils et de toutes obédiences, et bien sûr en guest-star l'INAO...

 

Elle taille, elle taille, de beaux costars notre Jeanne Hachette du XXIe siècle, nouvelle star des plateaux, elle ferraille, sort ses griffes, claque le bec au PACS Le Foll-Beulin, raille les faux-culs, les notables, le petit Yann Moix le soutier d'ONPC... 

 

À quand le poireau ?

 

 

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13 mars 2016 7 13 /03 /mars /2016 08:00
CHAP.15 opération Chartrons, Sarkozy en Lybie « voulait claironner ses succès dans la campagne aérienne, alors que nous avions détruit toutes les défenses antiaériennes » Obama

Très dure semaine, bloqué chez moi par je ne sais quoi, le corps qui se crispe avant de basculer dans une langueur abyssale. Jeûne obligé, remède de bonne femme, tenir, attendre un temps plus clément. Impression d’être sur une île déserte perdu dans un océan sans horizon. Le ciel en rajoute une couche, mou, pluvioteux, misérable. J’me rappelle Aznavour, bien macho, qui chantait à sa rombière « tu te laisses aller », ouais je me laisse aller.

 

Ah! Tu es belle à regarder

Tes bas tombant sur tes chaussures

Et ton vieux peignoir mal fermé

Et tes bigoudis qu'elle allure

Je me demande chaque jour

Comment as-tu fait pour me plaire

Comment ai' j pu te faire la cour

Et l'aliéner ma vie entière

Comm'ça tu ressembles à ta mère

 

J’erre dans ma carré, pas douché, un peu crade, envie de rien…

 

Je mange des pommes cuites.

 

 

Jeannette et Maurice, qui se souvient de Maurice Thorez ?

 

Le Pas-de-Calais des mineurs de fond.

 

« Chaque ville, possède sa Bourse du Travail, chaque bourgade sa Maison du Peuple, chaque rue sa coopérative, chaque corps de métier son syndicat. L’esprit de groupement est chez nous une vieille tradition. L’homme isolé n’existe pas. On appartient à une chorale, une harmonie, une société de tireurs à l’arc ou à l’arbalète, de couloneux, de coqueleux… Ce sens du collectif, élevé au niveau supérieur, a permis aux ouvriers de créer des syndicats puissants (…) L’association n’est pas seulement une arme pour la défense des salariés. Grâce à elle, on voyage, on visite des villes, des monuments anciens, des cathédrales, des musées… Ainsi, moi, gamin, je m’étais inscrit à la fanfare locale où je soufflais dans un piston. Un beau jour, nous sommes allés jouer dans un port… Pour la première fois, j’ai vu la mer. »

 

Confidences de Maurice Thorez à Jean Fréville en 1946.

 

« Quelle différence entre ces terres fertiles de Picardie que traverse la Somme et les collines granitiques de la Creuse ! Sur les deux bords de la rivière, surtout aux environs d’Amiens, s’étendaient de petites îles, les « hortillons ». Les maraîchers circulaient dans leurs longs bateaux chargés à ras bord de légumes de toutes sortes. La terre était grasse, plantureuse, il semblait que les habitants d’une région aussi prospère dussent être tous riches. Je fus vite détrompé. Je retrouvais ici la même misère qu’ailleurs. À côté de la culture maraîchère, dont le damier multicolore s’étalait tout au long de la rivière, existaient les industries florissantes de la toile, du coton, du jute et du velours. Mais les fortunes insolentes des patrons s’édifiaient sur la pire exploitation humaine. Toute la population laborieuse de la vallée de la Somme (Ailly, Picquigny, Moulin-Bleu, Longpré, Pont-Remy, Abbeville et, plus au nord, Flixé, Saint-Ouen, Beauval) s’exténuait à des tâches ingrates, malsaines, parquée entre les murs d’ateliers étouffants. On trouvait encore, dans la banlieue d’Amiens, beaucoup de femmes « coupant » le velours à domicile. Les salaires ne dépassaient pas 40 à 50 sous par jour… À côté de ce dénuement, la vie pourtant si pénible des mineurs du Nord et des paysans de la Creuse me paraissait digne d’envie. »

 

Fils du peuple.

 

Je n’ai jamais été communiste, beaucoup de mes amis l’ont été, car c’était pour moi une nouvelle Église où régnait le dogme, l’infaillibilité du Parti. Les militants étaient admirables de dévouement, de courage et d’abnégation. Un temps, celui des combats contre les conflits coloniaux, j’ai fait partie du Secours Rouge et je les ai côtoyés. Jamais il ne me serait venu à l’idée d’aller m’engager dans la vieille SFIO de Guy Mollet, repaire de laïcards obtus, de fonctionnaires poussiéreux. C’était pourtant la Gauche, celle qui aujourd’hui implose, se délite sous le poids de ses contradictions longtemps masquées. J’ose l’écrire : c’est heureux !

 

Dieu que soudain Juppé me paraît soudain vieux !

 

Abondance de biens nuit à droite face au désert de la gauche capable de se mettre les mains dans le cambouis.

 

« Quelle stratégie permettrait à François Hollande de remporter l'élection présidentielle de 2017 ? Gérald Darmanin a sa petite idée. Le vice-président Les Républicains de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie estime en effet que la meilleure chance du président de la République passe par une démission. "Si j'étais François Hollande, je démissionnerais en expliquant qu'on m'empêche de réformer. Et je me représenterais dans la foulée, explique l'ex-député estimant que c'est sa seule chance, car il diviserait la droite et tuerait la primaire".

 

Grâce à cette stratégie, François Hollande accentuerait encore plus les divisions entre tous les candidats à la primaire de la droite et du centre. Ils se déchireraient pour savoir qui serait le meilleur pour la représenter. Du côté de la gauche, François Hollande aurait toutes les cartes en main. Il maîtriserait parfaitement la primaire, qui ne pourrait pas avoir lieu, faute de temps. »

 

Déluge de candidats sur la primaire de la droite

 

 « En ce printemps perturbé par un orage social à gauche, la droite traverse une zone d’averse très active. Sur les plateaux des « 20 heures » ou sur les scènes de meeting, un déluge de candidats s’abat sur la primaire. Un œil sur la météo médiatique, chacun a choisi sa fenêtre de tir. Si François Fillon et Alain Juppé se sont révélés précocement (en mai 2013 et août 2014), Nadine Morano, Hervé Mariton et Jean-Frédéric Poisson se sont, eux, lancés en août et en septembre 2015. Et, depuis le début de l’année, Frédéric Lefebvre, Jean-François Copé, Bruno Le Maire et Nathalie Kosciusko-Morizet ont rejoint la cohorte des ambitieux. Pour le moment, ils sont neuf. En attendant la suite…

 

Car Michèle Alliot-Marie y réfléchit, Henri Guaino se tâte. Et les adhérents de l’UDI votent la semaine prochaine pour faire participer l’un des leurs. De son bureau de la rue de Vaugirard, Nicolas Sarkozy observe cette agitation, notamment celle de ses anciens proches qui ont largué les amarres, et évoque ces « candidats à la candidature ». Il relativise en déclarant : « Que je ne sois pas candidat libère un certain nombre d’énergies, et je préfère les mouvements politiques où il y a de l’énergie à ceux où il n’y en a pas. »

 

Quand je vois le couple Mailly-Martinez flanqué du nouvel avatar de l’UNEF, dire que de mon temps il y avait une UNEF-idées ! Bergeron revient, y’a du grain à moudre !

 

Et puis il y a l’ignoble Barbarin, ce Prélat, grand défenseur de la famille et des enfants lors de la grande Manif, qui ne trouve rien à redire lorsqu’un curé plonge ses sales paluches dans le calbar d’un scout. Ah, oui, il prie. Son Dieu doit être heureux !

 

Il y a 5 ans Fukushima.

 

Estier le compagnon de route de Mitterrand vient de passer l’arme à gauche.

 

Aucune lueur à l’horizon

 

« Les moins de vingt ans ont sans doute oublié – et on les comprend ! – qu’à la fin du siècle dernier, à une époque où la réélection de François Mitterrand ouvrait, à gauche, la voie de la relève, le Nouvel Observateur, sous la plume de l’auteur de ces lignes, avait publié un article qui, pendant quelques jours, avait fait quelque bruit dans le Landerneau socialiste. Son titre : «La fusée Delebarre». On y décrivait par le menu – et avec un brin d’innocence – les ambitions et la stratégie d’un quadragénaire de talent, élevé sous l’aile protectrice de Pierre Mauroy, d’abord à la mairie de Lille puis à Matignon, et à qui la rumeur promettait ce qu’on appelait alors «un destin national».

 

Emmanuel Macron, comme Michel Delebarre et tant d’autres d’une moindre notoriété que l’Histoire a oublié depuis bien longtemps, appartiennent à la catégorie de ce que la presse appelait autrefois des «rénovateurs». C’est à dire, des responsables politiques dotés d’un parcours atypique, nouveaux dans le système en raison de leur âge mais ayant su profiter de leur rapide intégration dans les cercles les plus élevés du pouvoir pour développer un discours suffisamment hétérodoxe pour être perçu à la fois comme novateur, crédible et mobilisateur.

 

Le rénovateur est la figure inversée du frondeur. Son obsession n’est pas la fidélité à une tradition ou à des textes sacrés. C’est parce qu’il est différent, qu’il s’estime original. C’est parce qu’il se juge original qu’il croit être moderne. Enfin, c’est parce que souvent, en effet, il est original et moderne qu’il trouve dans le soutien de l’opinion, le carburant d’une popularité à laquelle ses aînés ne peuvent plus prétendre […]

 

Le ministre de l’Économie ne campe plus désormais aux portes de la politique traditionnelle. Il tenait à l’évidence à ce que cela se sache. Ce faisant, il saute à pieds joints dans ce qui en constitue le cœur battant – ou tout au moins, ce qui l’en reste –, c’est à dire la présidentielle et, avant elle, la primaire qui s’imposera à gauche, dés que François Hollande aura rendu les armes.

 

C’est d’ailleurs l’hypothèse désormais crédible du renoncement de l’actuel Président qui, en créant un vide, vient d’installer, par voie d’aspiration, Emmanuel Macron dans un nouveau rôle qui lui fait perdre tout ce qui, jusque-là, faisait son originalité et, partant, sa force de séduction auprès de larges secteurs de l’opinion. Dans pareil processus, il n’est pas le premier à abandonner, du jour au lendemain, les attributs réels de la rénovation tels qu’il les avait lui-même établis. Et après tout, pourquoi pas.

 

Emmanuel Macron vient de défroquer. Peut-être a-t-il bien fait, vu ce que l’on sait désormais de ses faibles capacités de résistance face aux lois du désir. La patience n’était manifestement pas sa qualité première. Comme Bruno Le Maire, son frère jumeau de la droite, il a «envie, très envie». Le voilà engagé sur un chemin dont il rêvait sans doute de longue date. En politique aussi, l’occasion fait le larron. L’occasion était là. Il l’a saisi au passage. Ce mouvement est trop brusque, trop net, trop en contradiction avec la posture qui avait été la sienne depuis quelques années, pour être susceptible, en tous cas, du moindre retour en arrière.

 

Lire ICI Macron ordinaire 

 

Au secours Onfray revient !

 

« La maladie de la demande d’amour est la marque de l’époque. Et Michel Onfray n’y échappe pas, qui manifeste la même incapacité sentimentale que Cyril Hanouna à supporter les attaques des ennemis. On peut être célèbre, riche, écouté, chacun dans son genre, qu’il s’agisse de philosophie ou de télévision, et souffrir au point de se poser en réincarnation du martyr de Saint Sébastien.

 

Le paradoxe est total. Onfray passe son temps à dénoncer le fonctionnement d’une machine médiatique gangrenée par l’argent, la complaisance, la connivence, la haine, le buzz, sans paraître intégrer l’idée qu’il se retrouve lui-même en vedette à la Une du Point pour les mêmes raisons qu’il vilipende.

 

Le buzz Onfray, qui repose sur la haine et la passion, c’est aussi une cash machine médiatique, d’où la complaisance objective à l’ériger en héros des temps modernes. Oui, n’en déplaise à l’intéressé, c’est bien le phénomène Onfray est mis en abyme de lui-même à la Une du Point. Et le lecteur qui s’empresse de lire en quête de bashing n’est pas déçu.

 

Quand on sort de la lecture de cette interview, empreinte d’une détresse émotionnelle à la limite du supportable, on pense à Maurice Pialat, Palme d’or sifflée du festival de Cannes 1986: « Vous n’aimez pas? Sachez que je ne vous aime pas non plus ».

 

Lire ICI 

 

« Je viens d'enlever mon alliance » NKM

 

L'actuelle présidente du groupe Les Républicains au Conseil de Paris annonce dans les colonnes du magazine Elle son divorce avec son désor­mais ex-mari Jean-Pierre Philippe.  D'une simple formule, « je viens d'enlever mon alliance », elle entend couper court aux rumeurs qui pour­raient la toucher dans ces moments durs. La phrase semble également tirer un trait sur 12 ans de mariage, 19 ans de vie commune avec son mari, également « conseiller de l'ombre », avec lequel la femme poli­tique a tout vécu ou presque.

 

Jean-Pierre Philippe explique ce qui le fascine chez celle qui est alors encore son épouse: « Elle fait de la peinture à l’huile, de la tapisserie, joue du violoncelle, elle a tous les talents, je n’en ai aucun ».

 

Enfin un éclair de lucidité de ce cher JPP…

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