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12 avril 2017 3 12 /04 /avril /2017 06:00
Messieurs les Anglais tirez les premiers : Jay Rayner critique culinaire in The Observer défonce le Cinq, le restaurant de l’hôtel George V

Si vous maîtrisez la langue de Shakespeare allez droit au but et lisez la prose acide de Jay Rayner publiée dimanche dernier 9 avril dans The Observer. ICI C’est plus intéressant que de s’en tenir aux saillies les plus sanglantes.

 

Il n’empêche que le bougre n’y va pas avec le dos de la cuiller “It’s like eating a condom that’s been left lying about in a dusty greengrocer’s,”

 

Traduction du Courrier International :

 

Ma commensale grimace : « On a l’impression de manger un vieux préservatif oublié par terre au fond d’un magasin de fruits et légumes. »

 

C’est à propos de « La mise en bouche par laquelle on nous intime de commencer consiste en une bille transparente posée sur une cuillère : la chose, dans la vogue de la sphérification mise au point il y a vingt ans par Ferran Adriá dans son restaurant El Bulli [en Catalogne], ressemble à un implant mammaire en silicone taille Barbie. Quand elle éclate en bouche, la bille lâche une odeur de renfermé goût gingembre. »

 

Vu du Royaume-Uni. « Je n’ai jamais rien mangé de plus immonde » : récit d'un repas au George V

 

Lire ICI

 

La charge est lourde mais attention The Observer n’est pas un tabloïd de caniveau c’est le plus ancien des journaux du dimanche (1791) est aussi l’un des fleurons de la «qualité britannique». Il appartient au même groupe que le quotidien The Guardian mais est d’obédience libérale.

 

Sitôt posté sur mon mur face de Bouc cette chronique s’est attiré la réaction indignée d’une préposée à la défense de l’honneur outragé du chef Christian Le Squer : c’est toute la France de la Haute Cuisine qui serait blessée dans son honneur par cette charge outrancière d’un trublion de la perfide Albion.

 

À d’autres, le petit chroniqueur que je suis ne veut pas engager ses moyens pour aller vérifier les dires de Jay Rayner car la douloureuse « Meal for two, including service and modest wine: €600 (£520) n’est pas dans mes désirs du moment. Si vous souhaitez que je me dévoue pour faire le job rien ne vous empêche de vous syndiquer pour m’offrir un déjeuner au V.

 

Sans être un grand partisan de la descente en flamme du travail de qui que ce soit ce que j’apprécie dans le brûlot de Jay Rayner c’est la bouffée d’air frais qu’il me procure dans l’atmosphère de la critique gastronomique française ( et je ne parle de celle des vins, qui est pire) qui baigne dans l’encens et se complait dans la génuflexion.

 

Je mets de côté les multiples stipendiés qui sont à la critique gastronomique ce que sont les lasagnes Findus au cheval à la gloire de la cuisine des mammas italiennes…

 

Chez les autres, ceux qui se parent dans les habits de la vertu, tout n’est que louanges, courbettes et copinage… C’est lassant, inintéressant, sans angles, trop souvent du mou pour les chats…

 

Quant aux exégèses, commentateurs un peu branleurs de Face de Bouc, c’est dans la même tonalité : entre regret d’un soi-disant French-bashing post-Brexit et la défense des chichis pour nouveaux riches… ils me plongent dans une profonde hilarité.

 

Comme l’éloge à la vulgarité d’un luxe de pacotille…

 

Quant à aimer le pigeon à point ce n’est pas un goût de British mais celui de beaucoup de jeunes et jolies femmes qui n’apprécient pas le sanguinolent. C’est le droit du client et ça ne mettra pas en péril le génie du chef.

 

Avis de tempête pour les beaufs !

 

Enfin, rien n’interdit à un triplement étoilé de proposer dans sa carte des vins autre chose que des GCC avec plein de zéros derrière. Y’a tout ce qu’il faut en magasin, s’il ne choisit pas ces vins c’est par paresse ou bêtise.

 

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11 avril 2017 2 11 /04 /avril /2017 06:00
Hubert de Boüard de Laforest le vigneron volant au sécateur d’argent étend son empire…

Il y a chez notre Hubert, à la crinière d’argent, un côté Charles Quint, souverain d'un empire sur lequel «le soleil ne se couche jamais»

 

« Présent tout au long de l’année sur les terres…, avalant des kilomètres, se glissant entre les rangs de vignes, Hubert de Boüard est resté près du terroir, à l’affut des conditions naturelles. Une discipline salutaire tant cette année 2016 a sans cesse surpris, à la vigne comme au chai, pour aboutir à un millésime de rêve

 

Version moderne de Red Adair, le pompier volant, notre Hubert... Il tire sa valise à roulettes avec prestance, saute de hub en hub, jongle avec les fuseaux horaires, confesse, conseille, donne l'onction, multiplie les vins...

 

Propriétaire d’abord, il est Angelus et quelques propriétés annexes, il est le féodal qui règne sur saint-émilion… ICI

 

œnologue-consultant, ensuite d’une flopée de propriétés sur tout ce que la terre compte de vignobles voir ICI 

 

Je passe sur ses multiples casquettes là où il faut être avec, cerise sur le gâteau, le Comité National de l’INAO.

 

Winemaker d’une année à Arsac « J’ai pris un immense plaisir pendant cette année, comprenant jour après jour les parcelles d’Arsac, puis goûtant les raisins et enfin décidant du meilleur moment de ramassage et choisissant une vinification qui permettait l’expression du meilleur de ce millésime. » ICI 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et puis, ça devait arriver, le voilà enfin qu’il signe Vigneron la collection « Les Vins d’Hubert de Boüard »

 

En effet, ce cher Hubert qui s’ennuyait un peu entre deux avions, vient d’acquérir des terres avec un pool d’actionnaires afin d’expérimenter de nouveaux modes de culture.

 

Ce sera lui le boss, le vigneron aux manchons de la charrue, taillant ses vignes avec son petit sécateur…

 

Ha ! Le sécateur d’Hubert, il en parle dans sa bio officielle :

 

« À l’âge de 7 ans son père lui offre son premier sécateur pour aller tailler les ceps. Ses vacances se passent à travailler dans les vignobles et dans les chais de la région, quand d’autres fréquentent les cercles bordelais ou parisiens. »

 

Mais ce sécateur sur l’étiquette de la collection « Les Vins d’Hubert de Boüard » il a un air du sécateur d’Alice et d’Olivier de Moor sur les leurs.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vous me direz, un sécateur est un sécateur, mais son association avec l’appellation vigneron pour désigner notre Hubert de Boüard de Laforest ça sent un poil l’ «usurpation » de titre.

 

Lui, si sourcilleux en matière du droit des marques à propos de la sienne ICI, qu'il utilise parfois bien abusivement, son Angelus confisque sans vergogne l’image d’un vrai vigneron, qui lui, bosse de ses mains dans ses vignes, quelle impudence !

 

Hubert ne recule devant rien, même le ridicule!

 

Mais laissons là notre vigneron-volant qui, comme la Merluche, va devoir multiplier ses interventions grâce à un hologramme, pour nous intéresser à ses nouvelles vignes :

 

« Côté blanc, on y trouvera du chardonnay en AOC IGP de l’Atlantique, et du sauvignon en AOC bordeaux, pour une production de 20000 bouteilles chacun.

 

Pour les vins rouges, 2017 va voir la plantation de merlot (60000 cols prévus), avant l’arrivée d’une parcelle de syrah en 2019 pour produire 7000 cols. »

 

Le merlot et le chardonnay sont plantés avec une forte densité, à plus de 9500 pieds/hectares, tandis que le sauvignon est à 6000 pieds/hectares. La production totale sera légèrement supérieure à 100000 bouteilles.

 

Elles ne seront pas commercialisées par l’ensemble de la place de Bordeaux, mais confiées à deux négociants partenaires sélectionnés pour la qualité de leurs réseaux. En optant pour deux cépages exogènes (chardonnay et syrah), Hubert de Boüard s’affranchit des codes bordelais tout en s’inscrivant dans une dynamique liée au réchauffement climatique. »

 

Céline Vuillet (VSB 1598 du 7 avril 2017)

 

Quel homme, j’en suis tout esbourriffé !

 

J’oubliais, un grand critique bordelais, celui qui ne peut pas piffer les courtiers, déclarait sur Face de Bouc après avoir bien bâfré dans les châteaux « En France bientôt aux alentours de 15 Euros pour le Sauvignon 20 Euros pour le chardonnay. C'est superbe. »

 

Ça ne pouvait qu’être superbe, tout ce que touche Hubert est d’or, sauf son petit sécateur qui lui est d’argent…

 

 

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10 avril 2017 1 10 /04 /avril /2017 06:00
Pain de Tréziers chez Shinya Inagaki de Terroirs d’Avenir

Pain de Tréziers chez Shinya Inagaki de Terroirs d’Avenir

Ce proverbe va comme un gant à Guillaume Nicolas-Brion, l’un des 3 auteurs de l’excellent Guide des pains qui ont d’la gueule, car ce bougre ne sort jamais sans sa musette pleine d’un quignon de bon pain, d’un kil de vin nu et d’un coulant fromage qui pue.

 

Le natif de la Vendée crottée que je suis, fils d’Arsène qui égrenait avec sa machine à battre Merlin tous les grains pour faire le pain, copain des frères Remaud les fils de p’tit Louis le boulanger, a appris autour de la table familiale à respecter la valeur du pain ; le pain de 4 signé de la croix avant d’être tranché ; le pain béni de la messe ; la « bechée » de pain essorant le beurre brûlée de la poêle où la mémé Marie venait de cuire les petites sardines sablaises ; les tartines de pain embeurrée du goûter avec des carreaux de chocolat Menier…

 

Qui a des pois et du pain d’orge, - Du lard, et du vin pour sa gorge ; - Qui a cinq sous et ne doit rien, - Il se peut dire qu’il est bien.

 

Six mille proverbes et aphorismes usuels empruntés à notre âge et aux siècles derniers par Charles Cahier - Proverbes français.

 

J’ai donc, année après année, avec tristesse, suivi la lente dégradation du bon pain quotidien, tout galérant pour dénicher ceux des boulangers qui maintenaient la tradition du bon pain.

 

Pour Steven L. Kaplan, l’historien américain de référence sur le pain, la raison en est que la panification a suivi deux tendances au cours du siècle dernier : une baisse constante de la qualité de la grande majorité des produits, et l'émergence d'une nouvelle race des boulangers artisanaux consacrés à l'excellence et de tradition.

 

Pour lui la baisse de la qualité a commencé en 1920 avec le passage de la panification lente avec une base de levain à un processus rapide en utilisant des levures. Mécanisation dans les années 1960 qui a contribué à la fabrication du pain qui manquait goût et l'arôme. La tendance a commencé à s'inverser dans les années 1980. Les meuniers français ont fourni aux boulangers de la meilleure farine et un plus grand soutien de la commercialisation. Lionel Poilâne a conjugué production à grande échelle avec pratiques artisanales comme la longue fermentation au levain et four à bois à pâte. La «tradition», comme on l'appelle, est plus chère que la baguette ordinaire, qui utilise des additifs, la fermentation rapide montante et la mécanisation, et représente environ 75 % des ventes de pain du pays.

 

L’opus TRONCHES DE PAIN de Cécile Cau, GNB et Marie Rocher tombe à pic pour aider celles et ceux qui veulent retrouver le goût du bon pain.

 

Le guide des pains qu'ont d'la gueule de Cécile Cau et Guillaume Nicolas-Brion

 

Les Editions de l'Epure

 

ICI 

 

C’est de la belle ouvrage avec tout ce qu’il faut savoir sur les céréales, les types de farine, le gluten, la panification, les levains, la fermentation, le pétrissage, le pointage, le façonnage, la grigne, l’enfournement, la cuisson : c’est clair et simple, pédagogique pour les NULS, sans prétention.

 

Normal Marie Rocher s’est formée à la fabrication au levain naturel à l’École internationale de la boulangerie et obtenu son diplôme d’artisan boulanger en mars 2015.

 

Autre grand mérite : ça ne s’adresse pas qu’aux parigots bobos mais à la France profonde et même hors nos frontières : Angleterre, Pays-Bas, Italie et Turquie.

 

Qui plus est c’est bien écrit avec une petite notice pratique sous chaque boulangerie.

 

3 de mes boulangeries sont dans le guide : Poilâne (mon historique) pages 112-113, Bruno Solquès (mon fournisseur de flan ICI, et Shinya Inagaki de Terroirs d’Avenir pages 82-83 où je fais ma moisson de pain lorsque j’emplis mes sacoches de fruits, de légumes et de viande chaque semaine.

 

3 adresses à découvrir : Thierry Delabre près de chez moi, Maxime Bussy dans le XXe et Christophe Vasseur dans le Xe ICI 

 

« Bons grains de blé digeste de ses semences paysannes au pain quotidien. Pain des fleurs au fil des saisons. Du grand épeautre parfumé à l'aneth aux parfums de miel et de pain d'épices, aux grains à décortiquer aux saveurs beurrées des grands chardonnay. »

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9 avril 2017 7 09 /04 /avril /2017 08:00
Anne Frank 12 June 1929 – early March 1945

Anne Frank 12 June 1929 – early March 1945

« Le pessimisme est une facilité, un confort pour la pensée»

 

Raphaël Enthoven dans son recueil de chroniques « Little Brother »

 

  • Vous consacrez un texte au « mode avion » des smartphones. Pourquoi cette fonction nous plaît-elle tant ?

 

Parce que c’est une petite Corée du Nord, un espace soustrait au rythme de l’existence. En une pression du pouce, on se donne le sentiment de s’abstraire du monde, d’« échapper au système ». Le mode avion est grisant : on suspend le temps et les ondes. Le téléphone est fermé sans être éteint. Il a l’air vivant mais ne respire plus. En basculant en mode avion, on a l’impression de prendre son indépendance, alors que ce n’est qu’une trêve dans l’avalanche de messages. Au fond, le mode avion est une forme de souverainisme.

 

« Tout m’indique que notre époque n’a rien de bien singulier ou d’exceptionnel. Les passions, les goûts, les dégoûts sont les mêmes. C’est pour ça que je n’aime pas les gens qui disent que c’était mieux avant ; parce que c’est le signe distinctif de toutes les époques. Le pessimisme me semble une facilité, parce qu’on finit toujours par avoir raison en étant pessimiste. C’est un confort pour la pensée. »

 

« Le peuple est le nouveau tyran, c’est totalement totalitaire. »

 

Que faire alors ?

 

« Regarder. Se gaver de ce qui nous entoure, scruter jusqu’à ce que cela devienne intéressant. S’étonner de ce qu’on a l’habitude de voir. On vit très bien comme ça. »

 

« Bon sang mais c’est bien sûr ! » comme le disait Raymond Souplex, alias le commissaire Bourrel, à la fin des épisodes des Cinq Dernières Minutes. Tout dans ma vie va bien comme sur des roulettes, à l’exception notable d’une forte addiction à la politique qui, avec le mode opératoire de la présente campagne électorale, tourne à l’overdose.

 

Addiction « D’un point de vue scientifique et médical, les addictions sont des pathologies cérébrales définies par une dépendance à une substance ou une activité, avec des conséquences délétères. »

 

Overdose : familier. Quantité excessive d'une sensation, d'un sentiment, difficilement supportable.

 

Pas de quartier : « Feu sur le quartier général ! », décision radicale, sevrage, cette semaine je me suis donc mis en mode avion, je me suis placé volontairement en cellule de dégrisement politique… depuis je vis comme un réfugié en Corée du Nord… sauf que, dès que je sors je suis libre car, contrairement au bon vieux temps des démocraties populaires chères au cœur des communistes français, ma prison n’a pas de mur.

 

Tout sevrage brutal provoque le manque, le craving qui est la composante psychologique essentielle de la dépendance car il est un facteur décisif de la rechute et du comportement d’intoxication chronique.

 

Le craving est une pulsion incontrôlable, de très forte intensité, comparable à la soif ou la faim, une envie irrépressible de consommer de façon compulsive.

 

Que faire pour résister ?

 

Lire !

 

Thérapie, certes efficace, mais limitée car déjà en place depuis toujours…

 

Faire la cuisine !

 

Homothétie parfaite avec la lecture…

 

Faire l’amour ?

 

Faut pas rêver !

 

Partir !

 

Je n’en ai nulle envie, il sera toujours d’émigrer en cas de malheur…

 

Le manque c’est une douleur, pourquoi pas la combattre en générant une douleur supérieure : écrire !

 

M’y remettre… cesser de fuir… souffrir !

 

Décrassage : relecture de textes épars, de premier jus, j’en retire un de mon stock pour le travailler.

 

C’était le début d’un petit polar.

 

« Agrafé tout de traviole sur la porte de mon 5e sans ascenseur de l’Impasse du Marché aux chevaux, dans le 5e arrondissement, un bristol tout jauni indiquait sans équivoque à la chalandise ma raison sociale : Eugène Tarpon Jr, privé.

 

Faut avouer que le chaland ne se bousculait pas dans mon 10 m2 sur cour vu qu’en bas, sur la rue qu’est une impasse, y’avait pas la moindre plaque de cuivre à mon nom et profession, car le syndic de la copropriété, un gros véreux, me l’avait refusé pour un beau paquet de raisons, dont une m’avait scié à la base : « je n’avais pas la gueule de l’emploi. »

 

Et pourtant, « bon sang ne saurait mentir » pensais-je sur le coup, Eugène Tarpon mon père, Tarpon un nom de poisson, eut son heure de gloire dans la Série Noire de Gallimard avant de prendre la gueule de Jean-François Balmer au ciné. Pandore déchu pour avoir envoyé ad patres un plouc breton déversant son fumier sur la chaussée, poivrot invétéré, quand il était beurré à point comme un petit LU, sur le bord de mon lit, il marmonnait que j’étais le fils d’une mère maquerelle et que j’étais né un matin au 5 bis de la rue de la Grange aux Belles près du Canal Saint-Martin.

 

Délire d’ivrogne, ma mère infirmière-chef à l’hôpital Beaujon s’était tirée vite fait mal fait avec un jeune interne boutonneux qu’était parti s’installer comme toubib du côté de Bordeaux où sa famille possédait un château pissant du pinard, un GCC qu’y disaient les canards à pinard. Vu que ma génitrice me laissa tomber comme un baluchon de linge sale, il est vrai que je faisais alors encore pipi au lit, le pauvre hère qui me servait de père m’a lourdé. Destination immédiate : ma grand-mère paternelle, bretonne de son état, baignant dans l’eau bénite, empileuse de sardines à l’huile en usine à Saint-Guénolé.

 

Qu’est-ce que je me suis fait chier à Saint-Guénolé ! Même que j’y ai été enfant de chœur pendant un paquet d’années. Mémé sentait l’huile d’arachide et ronflait comme un sonneur de biniou. J’étais tout boulot car la mémé me gavait comme une oie. Mon teint rougeaud avec des petits yeux de goret et des cheveux tout filasse, mes courtes pattes et mes doigts potelés, mes frusques miteuses, m’handicapaient grandement auprès des filles. Je me rattrapais en les faisant rigoler. Du bagout j’en avais, mémé disait que je tenais ça de ma salope de mère, ce qui me ravissait : pour une fois qu’elle m’avait donné quelque chose celle-là. Quand je poussais le bouchon trop loin mémé me calmait d’un beau revers de main. Des torgnoles j’en ai reçu, pas trop tout de même car je me rebiffais en menaçant la vioque de la dénoncer au curé.

 

J’ai toujours été un ramenard un peu flemmard. De mon père le seul truc que j’ai reçu en héritage c’est un goût très prononcé pour me foutre dans la merde et d’y patauger. Quand mémé a passé l’arme à gauche mon pater m’a flanqué en pension mais, comme y pouvait plus payer, les curés m’ont viré. C’est alors qu’au lieu de rentrer à Paris j’ai pris la route avec mon baluchon. La suite de ma courte histoire de routard ne présente guère d’intérêt, j’ai tout fait et j’ai rien fait, avant de me retrouver dans mon 5e sans ascenseur, Impasse du marché aux chevaux dans le 5e arrondissement. Ma seule passion c’était les livres. M’en goinfrait. J’en volais. Carburer à l’imprimé me permettait d’exister. Je bouffais de tout mais, quand ça me tombait sous la main, je bouffais bien.

 

Chez moi, la limite entre ce qu’on appelle la vie, celle que tu vis, et celle que je forniquais dans ma tête, a toujours été floue. Autour de moi, surtout mes employeurs car j’ai même eu peu de gonzesses dans ma vie, on disait que j’étais toujours à côté de mes pompes, alors que ce qui me trottait dans la tête depuis longtemps c’était de mettre mes grôles dans celles de mon père. Les jours de déprime, je me trouvais prétentieux et velléitaire, mon père, aussi pochard qu’il fut, avait su se glisser dans les lignes d’un héros romanesque. Alors pour remonter à la surface je me plongeais dans mes livres jusqu’à plus soif. Moral revenu au beau fixe je me lovais à nouveau dans la peau d’Eugène Tarpon qu’avait eu la bonne idée de me donner le même prénom que lui.

 

Et puis, un beau jour, tout a basculé sans que j’y sois pour grand-chose. Ça m’est tombé dessus. À l’époque je vivais en pavillon avec une veuve beaucoup plus âgée que moi tout en végétant comme vigile au Carrouf de Pontault-Combault. Tous les soirs je rentrais chez elle, la bicoque était à elle, comme un âne qui recule. La retrouver, son gros cul posé sur le canapé, face à sa télé, me déprimait. Y’avait jamais rien à bouffer. Par bonheur elle s’endormait devant son écran ce qui me dispensait de la sauter. Le plus souvent je retardais l’échéance, au café des Sports, à coup de petits jaunes. La bande de bois-sans-soif avec qui j’étayais le zinc jouaient à tout ce qui pouvait se jouer. Moi pas, comme la chance et moi ne faisions pas très bon ménage, je préférais m’abstenir. Et puis un vendredi soir, alors que j’en avais fini avec mes jaunes, suis allé pisser avant de me tirer. Dans les chiottes, sur le dévidoir de PQ y’avait un formulaire de l’Euro-Millions. Il était rempli, un gars devait l’avoir oublié. Je l’ai glissé machinalement dans ma poche de veste. En tirant la chasse je me suis mis à gamberger, l’aspiration rauque du siphon me précipitait dans le vide de ma vie.

 

En me rebraguettant je gueulais « Putain de merde ducon bouges-toi les fesses ! » Tous ces gros cons alignés en rang d’oignons face à la caisse pour jouer me renvoyaient ma sale image à la gueule. Foutu, t’es foutu mec. Je fulminais. Péter un câble me pendait au nez. Fallait que je fasse sauter la soupape ! C’est Simone, la femme du patron, qu’est bien roulée mais qu’a la tronche de travers, qui m’a dégoupillé en m’étalant un beau sourire. Ça m’a donné envie. Simone m’envoyait des pleins phares. J’ai triqué. J’ai joué. J’ai gagné.

 

Direction Paris, non pas pour mener la grande vie mais pour m’installer dans mon bureau miteux au 5e sans ascenseur, Impasse du marché aux chevaux dans le 5e arrondissement. Mon pognon je l’ai tout mis sur un compte non rémunéré à la Caisse d’Épargne. Pas question d’y toucher. Pour m’installer j’ai pioché dans mes maigres économies. C’était une question d’honneur vis-à-vis des mannes de mon vioque. J’allais relever le défi, le réhabiliter lui qui avait fini à l’hospice. Mes débuts furent calamiteux, un seul client qui me refila un chèque en bois. Têtu je m’accrochais en campant dans mon bureau, bouffant des sardines à l’huile, en souvenir de la grand-mère, et du camembert. Faut être aussi con que moi pour vivre comme un mendigot alors que j’avais un gros magot qui roupillait sur un compte.

 

La chance ne sourit pas qu’aux audacieux mais aussi aux merdouilleux dans mon genre. Pour faire mes filoches je m’étais acheté un vélo d’occasion, un Raymond Poulidor violet. Ça allait bien à mon état de looser. Je pédalais dans Paris, surtout la nuit. C’est ainsi que je me suis retrouvé un soir dans un bar, une cantine d’altitude tenue par des filles bien roulées. Elles m’ont déniaisé, mentalement j’entends. Au début, leurs vins qui puaient me ramenaient à la Bretagne et son lisier de gorets. Et puis je m’y suis fait. Ça m’a même guérit des petits jaunes. J’étais chez elles, dixit le gros Mao variqueux, comme un poisson dans l’eau. Reines d’la com qu’elles étaient, l’m’ont filé le virus : j’ai acheté un vieux Mac, un ordinateur quoi, et me suis torché un profil Face de Bouc aux petits oignons. Addiction radicale !

 

Le démarrage fut du genre diesel, poussif, besogneux, les amis ne se bousculaient pas au portillon. Scotché à mon écran je guettais le moindre frémissement. Rien, morne plaine, peine perdue, sur la Toile je n’existais pas. Alors je me suis mis à poster les photos des boutanches de vin nature, les vins à poils que j’éclusais, en dézinguant les Grands Crus Bordelais. Vengeance rance à l’égard du château Mandigot que ma très chère mère menait d’une main de fer car son époux avait d’autres chats à fouetter. Je retrouvais ma verve de gamin. Faut dire que dans le marigot de Bordeaux le matériau était de choix, un vrai bouillon de culture. Eugène Tarpon Jr, privé attira sur son mur la fine fleur des mouches à merde tourbillonnant autour des crus. J’en profitai pour aller mettre mon tarin dans tous les bons coups de la profession. Ma surface médiatique croissait.

 

Tout ça était bel et beau mais pour ce qui était des clients, Nada !

 

Au tout début août, étant à sec, je m’apprêtais à déclencher le Plan Orsec. L’idée me vint de solliciter un prêt auprès de ma Caisse d’Épargne. Ma conseillère financière, Mlle Durand, qui me harcelait avec constance pour que je place mon magot, me reçut illico. Ma proposition de solliciter un prêt la jeta dans une forme d’attrition ricanante. Elle bafouilla, me jeta des regards suppliants, m’implora. Je lui concédai l’ouverture d’un Livret A en échange d’un prêt de 1000 euros pour assurer mon mois. Son sourire désespéré, alors qu’elle remplissait la montagne de papiers pour le prêt, vainquit mes dernières résistances. Bandant ce qui me restait de courage, tout à trac, je lui déclarai :

 

  • Je serais ravi si vous acceptiez de dîner avec moi pour que nous discutions de mes placements…

Elle rougit et me dit oui.

 

Mademoiselle Durand, comme son nom de l’indique pas, était une vietnamienne adoptée par un couple de postiers du Kremlin-Bicêtre. Sans le savoir je venais d’avancer un pion essentiel sur l’échiquier de mon job de privé. Guilleret je regagnais mon bureau. Faisait beau, je me sentais un homme nouveau. Décidais de changer de peau. M’achetais des fringues, des pompes, m’offrais une nouvelle coupe de cheveux, des lunettes de soleil. Bon, je n’étais pas un Apollon mais, comme avec mon régime alimentaire spartiate j’avais fondu comme de la Vache qui rit, je me trouvais assez potable et sortable.

 

Je feuillette la presse régionale, le Dauphiné libéré, j’y retrouve une appellation qui a fait florès, sous la plume de la droite, aujourd’hui presque oubliée : la gauche caviar à propos de Gordes beau village du Luberon (prononcer be et non bé). J’ai séjourné dans la plaine de Gordes et j’ai le souvenir d’y avoir croisé quelques spécimens de cette gauche, souvent Georges Wolinski.

 

Rassurez-vous, je ne rechute pas dans le politique c’est parce que le beau François y a abrité, dans un discret mas de pierres blanches, ses amours avec Anne Pingeot.

 

« Selon le petit Larousse, la gauche caviar incarne le “progressisme” et le “goût des mondanités”. Un cocktail idéologique sulfureux. Il se trouve qu’après 1981 et l’élection du président François Mitterrand, cette gauche a trouvé refuge à Gordes. Dans une charmante commune du Vaucluse, ambassadrice zélée du très chic Luberon.

 

C’est Maurice Chabert, actuel président du conseil départemental et maire de Gordes pendant 32 ans, qui évoque cette “gauche caviar” qui avait établi ses quartiers d’été dans le secteur. Il cite Laurent Fabius, Charles Hernu, Jack Lang et bien sûr François Mitterrand. Probablement au titre des bonnes manières, le premier ministre Laurent Fabius avait remis la médaille de Matignon à Maurice Chabert, qui lui-même avait décerné celle de sa commune à Jean-Pierre Chevènement.

 

De cette épopée, il ne reste guère que des souvenirs épars. Gordes est toujours fière d’avoir été l’une des villégiatures de l’ancien président de la République. Au “Cercle Républicain”, l’un des cafés emblématiques du village, l’évocation de ce prestigieux administré suscite des commentaires. Ceux qui l’aimaient sont plutôt fiers, les autres disent s’en moquer comme de leur première carte électorale.

 

La maison qu’avait fait construire François Mitterrand, une belle bâtisse de plain-pied en pierres plates officiellement propriété de la SCI de Lourdanaud, a même abrité ses amours et celles d’Anne Pingeot. Une demeure aujourd’hui anonyme du quartier “Les Rapières”.

 

De leur union est née Mazarine Pingeot, qui a vu le jour en décembre 1974 à Avignon. L’année de l’élection de Valéry Giscard d’Estaing »

 

Une piqure de rappel tout de même pour rappeler que le socle du Front National se trouve chez les héritiers de ces gens-là. 

 

Dans un article daté du 13 août 1940, « Faut-il fusiller ou couper le nez ? », rédigé pour la France au travail qui ne l’a pas publié, Montandon réitère sa proposition pratique : couper le bout du nez aux jeunes et « jolies juives », supposées dangereusement corruptrices et manipulatrices :

 

« Il y aurait pourtant […] une modalité élégante de faire se terrer les jolies Juives. Vous savez qu’il n’y a rien qui enlaidisse davantage une femme que de rendre béantes ses deux ouvertures nasales […]. Pas besoin d’opération à grand spectacle, avec assistants, narcose, etc. ! Il suffit d’un coup de pince coupante ou d’un coup de dents – comme nous l’avons vu un jour splendidement opérer. Le danger d’hémorragie mortelle est nul. Mais la jolie Juive qui aura subi la circoncision de l’appendice nasal, automatiquement ne remontera plus sur les tréteaux, et ne caracolera plus dans les salles de rédaction. Qui nous donnera le droit de fusiller et de couper le bout du nez. »

 

De l’admiration de la révolution bolchevique à l’adhésion totale à l’antisémitisme nazi: la dérive mortelle du Dr Montandon, Neuchâtelois, médecin à Renens, ami de Céline ICI 

 

 

 

 

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9 avril 2017 7 09 /04 /avril /2017 06:00
James Dean reading poetry, 1955. Photograph by  Dennis Stock

James Dean reading poetry, 1955. Photograph by Dennis Stock

« La guerre est une chose trop sérieuse pour être confiée à des militaires. »

 

Georges Clemenceau

 

En ce temps de confuse bataille électorale j’applique la férocité du Tigre à la politique.

 

Loin du brouhaha, des brouettes de mensonges, des charretées d’invectives, d’insinuations, de coups bas, de débats qui n’en sont pas, de meetings préfabriquées, de litanies de promesses intenables, dessous ma tente je mange, je bois, je lis, j’écoute de la musique, je dors, en me disant que dans tout ça je ne pèse qu’une voix.

 

J’utiliserai ma voix par deux fois.

 

En attendant je ne vais pas me cailler le lait…

 

« Tu as trouvé à ton foyer la contre-mère dont les deux seins sont acides. La présure de la tendresse, qui fait cailler le lait dans l'estomac des enfants du bonheur, tu ne la connais pas. »

 

H. Bazin, Vipère au poing 1948

 

Alors jouir, jouir de la beauté froide et austère des mathématiques loin de la pornographie des chiffres ajustés, des pourcentages bricolés !

 

« Les schémas du mathématicien, comme ceux du peintre ou du poète, doivent être beaux ; les idées, comme les couleurs ou les mots, doivent s'assembler de façon harmonieuse. La beauté est le premier test : il n'y a pas de place durable dans le monde pour les mathématiques laides ».

 

G.H Hardi (1877-1947, Angleterre)

 

« Bien considérée, les mathématiques possèdent la vérité, mais encore la beauté suprême – une beauté froide et austère, comme celle de la sculpture, qui ne s’adresse en rien à notre faible nature, et qui, dépouillée des attraits somptueux de la peinture et de la musique, est cependant sublimement pure et empreinte d’une perfection sévère que seul manifeste l’art le plus élevé. Le véritable esprit de joie, l’exaltation, le sentiment d’être plus qu’humain, qui est la pierre de touche de la plus haute excellence, se trouve en mathématiques aussi sûrement qu’en poésie. Ce qu’il y a de meilleur en mathématiques mérite non seulement d’être appris comme un devoir, mais aussi d’être assimilé comme une partie de la pensée quotidienne et d’être rappelé sans cesse à l’esprit en guise d’encouragement toujours renouvelé. Pour la plupart des hommes, la vie réelle constitue un pis-aller, un compromis perpétuel entre l’idéal et le possible, mais le monde de la raison pure ne connaît pas de compromis, de limitations pratiques d’obstacles à l’activité créatrice incarnant en d’admirables constructions l’aspiration passionnée à la perfection qui est encore source de toute grande œuvre. Loin des passions humaines, loin même des misérables faits de nature, les générations ont graduellement crée un cosmos ordonné, que la pensée pure peut habiter comme sa demeure naturelle, et où l’une au moins de nos pulsions les plus nobles peut échapper au morne exil du monde réel.

 

[…] L’excellence propre aux mathématiques ne se trouve que là où le raisonnement est rigoureusement logique : les règles de logique sont aux mathématiques ce que sont les règles de structure à l’architecture. Dans l’œuvre la plus belle, chaque maillon d’une chaîne d’arguments possède sa propre importance qui lui assigne un air de facilité et de clarté, et les prémisses conduisent par des moyens qui semblent naturels et inévitables à des résultats qui n’auraient pas paru possibles. La littérature pare le général de circonstances particulières dont la signification universelle transparaît à travers leur vêtement individuel ; mais les mathématiques s’efforcent de présenter ce qu’i y a de plus général dans sa pureté, en dehors de tout ornement inutile. »

 

Bertrand Russell, Mysticisme et Logique

Lire :

La beauté froide et austère des mathématiques : sous la feuille de vigne il y a beaucoup de puissance créatrice

 

ICI 

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8 avril 2017 6 08 /04 /avril /2017 07:21
Titre pour ne pas fâcher

 

Se faire élire par ses concitoyens n’est pas chose aisée. Autrefois les candidats se contentaient des préaux d’école, de banquets, de quelques affiches, de poignées de mains dans les comices, de canons dans les estaminets. De nos jours ce qui compte c’est la mise en scène pour l’œil inquisiteur des caméras de télé. Alors ceux qui sollicitent nos suffrages remettent au goût du jour les vieilles recettes sauf que les hérauts discourent devant des parterres de supporters qui ne sont pas là pour écouter et comprendre mais faire la claque.

 

« Candidats néophytes et hommes politiques chevronnés trouveront dans ce texte de judicieux conseils pour remporter les élections, du rôle de la poignée de main à la nécessité d'avoir des amis riches, en passant par les vertus du mensonge. »

 

Ainsi parlait Marcus Tullius Cicéron, alors qu’il venait d’être élu consul, à propos du livre de son frère cadet Quintus.

 

« En 64 avant J.-C., Marcus Cicéron est candidat au consulat. Son frère cadet Quintus rédige pour lui un Petit manuel de la campagne électorale, qui expose les rouages d’une élection à haut risque, et détaille les démarches attendues du candidat, offrant ainsi un tableau saisissant du système politique romain. Chemin faisant, il pose des questions toujours d’actualité : comment concilier séduction électorale et fidélité à soi-même et à ses principes ? Comment rassembler le plus grand nombre autour de sa candidature, et ménager les intérêts des diverses classes sociales ? Quelques années plus tard, Quintus dirige la province d’Asie : Marcus lui adresse alors deux longues lettres, qui examinent son exercice et brossent le portrait du gouverneur idéal, autour d’autres questions fondamentales : comment exercer un pouvoir absolu sans verser dans la tyrannie ? L’éducation intellectuelle peut-elle garantir la moralité du dirigeant et lui imposer le souci des valeurs humaines ? »

 

Le pire de tout était l’arrogance. Donner aux gens l’impression de ne pas les prendre au sérieux, insister, au cours de la campagne électorale, sur la distance sociale entre le candidat distingué et l’électeur de base, et la bataille était perdue d’avance.

 

Il fallait avoir l’air sympathique, même quand on ne l’était pas. À la manière d’un Gaius Cotta, considéré comme un grand maître en matière électorale, le secret d’un bon acteur en campagne consistait à pratiquer la dissimulation pendant un temps à la veille des élections et pouvoir jouer le double jeu. Selon Cicéron, si cette attitude est contestable d’un point de vue moral, elle est indispensable. Pendant la campagne électorale, être à la fois un bonus vir « un homme honnête, irréprochable » et un bonus petitor « un bon acteur de campagne » était plutôt un handicap. Sans fard, il avoue honnêtement : « la première attitude est celle d’un homme bon, la deuxième, celle d’un bon candidat. »

 

Au fond, ce qui a cours, c’est l’opportuniste formule passe-partout permettant de « dire le maximum de oui et le minimum de non », en promettant tout à tous. C’était la technique de C. Cotta, le maître incontesté. Il était certain de pouvoir toujours trouver une raison ou un prétexte pour ne pas devoir honorer sa promesse.

 

Dans une campagne électorale axée sur la popularité et la proximité personnelle, ce n’est pas la vérité que l’on voulait entendre, car cela aurait cassé l’ambiance. « Tout le monde est ainsi : on aime mieux un mensonge qu’un refus. »

 

Avoir une ligne politique claire était beaucoup moins important que jouir d’une cote personnelle auprès des électeurs, tout en leur faisant croire qu’avec l’autorité, l’intégrité et l’intelligence qui vos caractérisaient « on travaillerait pour leurs intérêts. »

 

Chaque fois que tu apparais en public, conseille Quintus Cicéron à son frère, veille à avoir une garde rapprochée, composée d’hommes issus d toutes les familles en vue, de toutes les classes et de tous âges, cela produit une impression colossale sur la foule.

 

La présence constante des candidats auprès des électeurs dans la campagne électorale, leur disponibilité permanente est exigée avec véhémence par Cicéron – autant que possible avec un abondant cortège qui les escorte lors de leurs apparitions publiques. Car c’est se tailler une grande réputation et s’assurer un grand prestige. »

 

V.16. Lorsqu'on est candidat à une magistrature, il faut porter son attention sur deux points : le dévouement de ses amis et l'assentiment du peuple. Le dévouement de ses amis doit être le fruit des bienfaits, de l'obligeance, de l'ancienneté, de l'affabilité et d'un certain charme naturel. Mais dans une campagne électorale, le sens du mot "amis" est plus large que dans le reste de la vie (...)

 

17. Il faut ensuite que tu t'appliques fortement à ce que chacun de tes proches, et surtout chaque membre de ta famille, t'aime et te souhaite la plus grande réussite. Il en sera de même avec les citoyens de ta tribu, tes voisins, tes clients, tes affranchis, et même avec tes esclaves ; car les propos qui établissent la renommée d'un homme émanent presque toujours des gens de sa maison (...)

 

XI.41. Comme j'en ai assez dit sur la manière de gagner des amitiés, il me faut à présent te parler des rapports avec le peuple, qui forment l'autre partie d'une campagne. Elle exige de connaître le nom des électeurs, de savoir les flatter, d'être constamment auprès d'eux, de se montrer généreux, de veiller à sa réputation, d'avoir grand air, de faire miroiter des espérances politiques.

 

42. Tout d'abord, montre bien l'effort que tu fournis pour connaître les citoyens. Chaque jour, étends cette connaissance et approfondis-la. Il n'y a rien, à mon sens, d'aussi populaire et d'aussi agréable. Ensuite, mets-toi dans l'esprit qu'il te faudra feindre de faire naturellement des choses qui ne sont pas dans ta nature. Ainsi, par exemple, tu n'es pas dépourvu de cette affabilité qui sied à un homme aimable et bon, mais tu as grand besoin d'y ajouter la flatterie. Elle a beau être un vice infâme en d'autres circonstances de la vie, elle est cependant nécessaire dans une campagne électorale. De fait, elle est détestable lorsqu'elle pervertit quelqu'un à force d'approbations continuelles, mais elle est moins répréhensible lorsqu'elle réconcilie des amis, et elle est vraiment indispensable au candidat dont le visage, la mine et le discours doivent changer et s'adapter aux sentiments et aux idées de tous ceux qu'il rencontre (...)

Il s'agit bien sûr d'extraits pour le texte intégral il est publié chez Rivages poche n°559 sous le titre Petit Manuel de campagne électorale et c'est traduit par Nicolas Waquet.

 

FRANÇOIS PROST UNIVERSITÉ PARIS SORBONNE

 

QUINTUS CICÉRON : LE PETIT MANUEL DE LA CAMPAGNE ELÉCTORALE (COMMENTARIOLUM PETITIONIS)

 

PRESENTATION – EDITION- TRADUCTION

 

ICI

 

 

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7 avril 2017 5 07 /04 /avril /2017 06:00
Suis jamais allé tortorer au Maxim’s de Beijing au temps de Deng Xiaoping mais j’ai dévoré avec volupté les lignes de  Stéphane Lagorce

Ceux qui me suivent sur cet espace de liberté connaissent mes tribulations en Chine, celle du Grand Timonier MAO ZEDONG, ICI , comprendront que dans ma moisson de livres j’ai engrangé le livre Cuisine, marxisme et autres fantaisies de Stephan Lagorce, l’Epure, 2017, 16 euros. ICI 

 

Je ne l’ai pas regretté, ce livre est une pépite, je l’ai dévoré dans sa partie récit, en sautant à pieds joints au-dessus des recettes, mais j’y reviendrai dès que j’aurai le temps.

 

Notre maître-queue possède une très belle plume, déliée, acérée, précise, vive, son périple Paris-Pékin via Moscou-Cheremetièvo, dans un « Iliouchine d’un autre âge battant pavillon Aeroflot, la vraie, celle d’avant 1989 » est un morceau d’anthologie à verser dans l’historiographie du socialisme réel, celui qui fut estampillé « globalement positif » par le PCF.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ça commence dès Roissy avec la boîte à violoncelle, objet de suspicion pour plusieurs gus taciturnes, à la face de buffles dégoulinant de sueur, mangeant des pilchards à la tomate. Réhabilitons les Pilchards qui paroissent en grandes troupes sur les côtes de Cornouailles : ode au petit commerce  , la carlingue de l’antique Iliouchine au effluves sirupeuses mêlant « en proportions indéfinies, le désinfectant industriel, le cirage pour pneu et la pommade bronchique », les hôtesses « rudes haltérophiles » genre Caterpillar, indifférentes, insensibles, pulvérisant un insecticide sur le crânes des voyageurs « 2 ou 3 bombes décorées de jolies têtes de mort, viciant plus encore déjà saturé. Il n’était pas question d’importer en terres marxistes-léninistes plus de parasites que nous autres, les sociaux-démocrates honnis du bloc capitaliste », le décollage en 3 temps du fer à repasser avec un pilote ne daignant pas expliquer les « départs avortés » ni l’absence de prise d’altitude, les hôtesses jouant aux cartes, puis ronflant du sommeil du juste pour ne s’éveiller que juste avant l’atterrissage.

 

L’escale de transit à Moscou-Cheremetièvo, qui dura 9 heures, vaut elle aussi son pesant de joyeusetés des démocraties populaires : dès le débarquement flotte dans les salles et corridors « tous verdâtres et décatis… une odeur de cuisine bouillie, de choux et de saucisses fumées », puis notre jeune maître-queue s’initie à un grand classique des DP : la queue, à la fois « agitée, tout en étant statique » agrémentée de « l’apathie, l’indolence et, plus encore la désinvolture » des fonctionnaires avant de tomber nez à nez avec « une sorte de sorcière vêtue de hardes, coiffée d’une toque grisâtre, affairée à allumer un cigarillo… l’air débordée, elle poussait un chariot de bois monté sur de minuscules roues dont aucune ne tournait… sur ce tombereau s’entassait un fatras de bouteilles aux contenus indécis, d’ustensiles de bricolage, de reliefs indéterminés et de torchons que coiffait une vapeur saturée de chou et d’un autre ingrédient déplaisant. »

 

Puis cerise rouge sur le « gâteau » l’irruption de « 3 jeunes étudiantes, courtes sur pattes et maquillées comme à la foire. Sans doute vouaient-elles un culte à la vulgarité car elles avaient porté la tare à son incandescence. Leurs lèvres, rouge limace, semblaient ramper sur des bols de crème remontant à l’aveuglette vers des sourcils en hérisson. »

 

« … elles recrutaient, bière à la main, la seule clientèle qui parut à la hauteur de leur prestige : les Allemands de l’Ouest, au mépris de tous les autres… Assises à califourchon sur leurs genoux, elles lapaient les oreilles et les oreilles avec professionnalisme, mais sans dévotion particulièreelles singèrent des coïts… ces menées, accompagnées d’âpres marchandages en langage des signes,, se prolongèrent une dizaine de minutes, puis, en triomphe, les étudiantes ressortirent avec leurs Teutons endimanchés. »

 

Enfin c’est le départ pour Pékin « La queue resta ensuite immobile un bon quart d’heure, puis reprit son avance, quasi endormie. J’arrivai au seuil de l’Iliouchine 86 (de mémoire). Une hôtesse à tête d’otarie rouge vermillon était flanquée de deux éléphants de mer au type indéfinissable, mi-mongol, mi-voyou, mi-meurtrier. Les deux tueurs à gages scrutaient la foule apathique comme un gibier trop facile à capturer et, du coup, le dédaignèrent »

 

Et puis « … nous avions quitté la Mongolie et survolions l’empire du Milieu… des villages solitaires apparaissaient maintenant et notre descente les rendait distincts. Avec une admirable ténacité, ils s’accrochaient à flanc de montagne. Ils s’y confondaient, pétris de la même ocre. Pas une tache de vert ne venait colorer ces reliefs minéraux… Puis la montagne s’adoucit, disparut peu à peu pour refaire place à une plaine quasi désertique. Des routes désertes bordées de peupliers la sillonnaient et apportaient enfin quelques lignes de couleur dans cet environnement poussiéreux. Puis, tout à coup, la campagne se fit plus verte. On y voyait bien les champs, les paysans, les attelages avec les chevaux, d’autres fermes et villages encore, d’autres murs avec d’autres slogans quand, sans crier gare, l’appareil perdit d’un coup son altitude et en un instant, de posa sur la piste. »

 

L’aventure de Stephan Lagorce au Maxim’s de Beijing au temps de Deng Xiaoping allait commencer…

 

C’est un sacré conteur, verve, tendresse, naïveté, empathie, comme l’écrit Jacky Durand dans Libé :

 

« C’est un livre jubilatoire comme les premières asperges du printemps. Une petite fugue dont on continue de se régaler bien après la dernière ligne. Courez acheter Cuisine, marxisme et autres fantaisies de Stéphan Lagorce (1) et vous pourrez encore une fois vérifier, avec délice, que le boire et le manger sont des épopées qui jettent des ponts entre les hommes et les cultures avec toujours un fond de sauce de gourmandise, de tolérance et de curiosité. »

 

Comme lui j’ai salivé avec les Œufs soufflés de «Tsing Tao», du nom des canettes de bière, qui cuisinait pour le personnel de Maxim’s. « Sorte de Bouddha mesurant «ses deux mètres, tant en longueur qu’en largeur, […] il préparait de fabuleux œufs soufflés en quantités semi-industrielles : dans son wok où fumaient plusieurs litres d’huile d’arachide à peine raffinée, il versait des œufs battus agrémentés de pousses d’ail et d’aromates. Au contact de l’huile surchauffée, la masse d’œufs se soufflait en un énorme édredon qui était ensuite découpé et dégusté brûlant».

 

« Cuisine, marxisme et autres fantaisies se lit comme un conte à rêver debout, une fable sur le destin de la Chine depuis trente ans. Avec un auteur-chef qui fricasse les mots mais aussi les mets en truffant son récit de recettes aussi truculentes que savoureuses mitonnées sur des fourneaux français et chinois. »

 

Achetez-le !

Suis jamais allé tortorer au Maxim’s de Beijing au temps de Deng Xiaoping mais j’ai dévoré avec volupté les lignes de  Stéphane Lagorce
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6 avril 2017 4 06 /04 /avril /2017 06:00
L’e-cuisine du Taulier : Ma pomme… C'est moi... J'suis plus heureux qu'un roi…

Ceux d’entre vous qui n’ont pas une vue sur mon mur Face de Bouc, sont frustrés, ils ne peuvent suivre mes « exploits culinaires » en direct.

 

Afin de pallier ce douloureux manque je vais donc vous faire profiter ce matin d’une de mes spécialités : « La crêpe aux pommes »

 

Simplissime recette.

 

Tout d’abord il vous faut préparer 1 pâte à crêpes avec les ingrédients habituels. Votre Taulier y ajoute un peu de bière pour qu’elle lève un peu et une lichette de Calvados.

 

Votre pâte doit être lisse, elle doit filer. La couleur brune de la pâte est due à l’utilisation de sucre roux non raffiné.

L’e-cuisine du Taulier : Ma pomme… C'est moi... J'suis plus heureux qu'un roi…
L’e-cuisine du Taulier : Ma pomme… C'est moi... J'suis plus heureux qu'un roi…
L’e-cuisine du Taulier : Ma pomme… C'est moi... J'suis plus heureux qu'un roi…

Ensuite, il vous faut peler vos pommes, puis les trancher pour les incorporer à la pâte. Bien mélanger.

L’e-cuisine du Taulier : Ma pomme… C'est moi... J'suis plus heureux qu'un roi…
L’e-cuisine du Taulier : Ma pomme… C'est moi... J'suis plus heureux qu'un roi…

Dans une grande poêle faire fondre une noix de beurre salé, lorsqu’il grésille déposer le mélange pâte-pommes.

 

Faire cuire à feu vif si vous souhaiter que votre crêpe soit très colorée ; à feu plus doux si vous la préférez blonde.

L’e-cuisine du Taulier : Ma pomme… C'est moi... J'suis plus heureux qu'un roi…
L’e-cuisine du Taulier : Ma pomme… C'est moi... J'suis plus heureux qu'un roi…
L’e-cuisine du Taulier : Ma pomme… C'est moi... J'suis plus heureux qu'un roi…

Avant de la retourner vous pouvez saupoudrer de sucre la face qui va se retrouver au contact du fond de la poêle.

 

Le retournement de la crêpe est l’opération la plus délicate. Il vous faut en un mouvement à 180° la déposer dans un grand plat.

 

Lorsque que c’est fait il vous faut à nouveau embeurrer votre poêle avant d’y déposer la crêpe. Opération assez difficile aussi mais avec un peu de doigté tout à fait réalisable.

 

Cuire à feu doux.

 

Déposer la crêpe dans le plat soit par retournement, soit par glissement selon la face que vous aurez choisie de présenter.

L’e-cuisine du Taulier : Ma pomme… C'est moi... J'suis plus heureux qu'un roi…
L’e-cuisine du Taulier : Ma pomme… C'est moi... J'suis plus heureux qu'un roi…
L’e-cuisine du Taulier : Ma pomme… C'est moi... J'suis plus heureux qu'un roi…
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5 avril 2017 3 05 /04 /avril /2017 06:00
La de Buyer 1 vosgienne culottée comme une vieille pipe, votre Taulier tente de se forger une notoriété en fer forgé !

Sans flagornerie j’aurais pu titrer ma chronique : j’aime les belles vosgiennes culottées !

 

J’en connais une…

 

C’eut été « jouer » avec les mots, un peu à la manière des titres du Libé des origines, ce qui, convenez-en, n’aurait pas été péché mortel.

 

Mais comme j’ai un esprit d’escalier hypertrophié, que je suis aussi un brin culotté, j’ai préféré rebondir sur un récent article de Jacky Durand dans Libé pour proclamer mon amour, qui n’est pas de fraîche date, aux belles vosgiennes culottées.

 

En effet, dès 2010, je chantais les louanges de la poêle la Minéral de De Buyer 

 

Elle a tout pour elle : écologique, recyclable, durable et française : vosgienne.

 

C’est la poêle des chefs.

 

Plus elles sont culottées (noire du cul) meilleure est la cuisson. Elles se bonifient avec le temps.

 

100% fer naturel les molécules sont bonnes pour la santé, le processus de fabrication est respectueux de l’environnement et comme elle est fabriqué chez nous son bilan carbone est excellent.

 

En ce temps-là pour frire mes œufs au plat j’utilisais le modèle Ø 20cm/8 ‘’ lire ICI

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Trop technique mon coco, si tu veux hameçonner les bobos faut que tu trempes, comme Jacky Durand, ta besogneuse plume dans tes souvenirs d’enfance :

 

« C’est une odeur aigrelette, voire un peu rance, qui continue de nous chatouiller les narines quand on en convoque le souvenir. Celle de la poêle réservée aux pommes sautées de l’enfance. Elle était noire comme l’encre quand elle surgissait des entrailles du placard. Il y avait le bruit mat et rassurant de la tôle épaisse quand on la posait sur la gazinière. Les feux de l’enfer pouvaient commencer. De l’huile, et pas qu’un peu, fumait dans le cratère de tôle et ça grésillait grave quand on y précipitait les carrés de patates. Etait-elle cuisinière ou forgeronne, la daronne qui menait son frichti à fond de train, la Gauloise au bec ? A côté, Gabin dans la Bête humaine était un petit joueur. La poêle antédiluvienne faisait des pommes de terre dorées comme une princesse au Levant mais jamais, au grand jamais, elle n’attacha. A peine rincée à l’eau chaude avec trois gouttes de Mir en berlingot, elle était vivement essuyée au torchon et huilée avant d’être remisée sous l’évier. »

 

De la belle ouvrage pour sûr, depuis 2010 ma plume s’est libérée de ses entraves, elle est plus joueuse, moins compassée même si je ne renie pas mes bons conseils de l’époque :

 

Pour le culottage de votre poêle : « Mettre des épluchures de pommes de terre dans votre ustensile, couvrir d’eau, faire bouillir pendant 15 mn. Ensuite, jeter les épluchures puis rincer la poêle à l’eau très chaude, essuyer et refaire bien chauffer ½ cm d’huile dans la poêle, la jeter ensuite. Enfin essuyer avec du papier absorbant et ranger votre poêle dans un endroit sec. Au bout de plusieurs cuissons votre poêle sera culottée, c’est-à-dire devenue noire.

 

Dernier détail : la réaction de Maillard – ne pas confondre avec celle des paillards – lorsque la poêle en tôle d’acier atteint des températures supérieures à 140°C la réaction dites de Maillard se développe : les aliments sont saisis en surface, permettant ainsi la caramélisation de leurs sucs naturels, ce qui donne le bon goût. Une croûte se forme, empêchant l’humidité de s’évaporer. Les aliments deviennent dorés et croustillants en surface, fondants et moelleux à l’intérieur.

 

C’est mon côté ménagère de plus de 65 ans, très je fais mes courses au marché, j’épluche mes légumes, je fais mon riz au lait, je prends soin de mes ustensiles de cuisine…

 

Après la Mauviel de Villedieu-les-Poêles voici donc la De Buyer du Val d’Ajol vue par le sieur Jacky Durand :

 

« L’ADN de De Buyer remonte à l’époque où Balzac s’attablait à la Comédie humaine. C’était hier. C’était il y a presque deux siècles. En 1830, une manufacture métallurgique voit le jour dans le Val-d’Ajol. Elle fabrique des poêles à frire, des brocs, des arrosoirs, des seaux à partir des feuilles de fer-blanc fournies par le maître de forge De Buyer qui rachète cette usine en 1867. Six générations plus tard, De Buyer, labellisé entreprise du patrimoine vivant en 2009, compte plus de 160 salariés (30 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2015), distribue dans plus de 100 pays ses productions qui sont vendues à 60 % aux professionnels des métiers de bouche et à 40 % au grand public.

 

La suite ICI

 

«Nous faisons tout nous-mêmes. Nous sommes la seule entreprise au monde à travailler sur le même site à la fois l’acier, le cuivre, l’inox, l’aluminium, la silicone et la fibre de carbone. On est capable de fabriquer manuellement à l’unité un moule pour un pâtissier célèbre comme de produire en série.»

 

Moi aussi je fais tout moi-même : demain je vous donnerai un cours d’e-cuisine où la poêle de De Buyer joue son rôle à la perfection…

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4 avril 2017 2 04 /04 /avril /2017 08:15
Enterrement de 1er Classe des vins Parker « lourds comme des bouteilles de butane » Michel Rolland tiendra-t-il les cordons du poêle ?

L’ami Dupont, le rédacteur de la Revue des 2 Rives, est en état de siège permanent alors il ne faut pas venir lui casser les cojones et, comme la meilleure défense c’est l’attaque, il vient de sortir sa sulfateuse.

 

« Parker a fait perdre 10 ans à Bordeaux ! »

 

2 quinquennats, ça sent la lourde charge électorale !

 

Ça fleure bon l’Audiard dans les Tontons Flingueurs

 

« Mais il connaît pas Raoul, ce mec ! il va avoir un réveil pénible. J'ai voulu être diplomate à cause de vous tous, éviter que le sang coule. Mais maintenant c'est fini, je vais le travailler en férocité, le faire marcher à coup de lattes ! À ma pogne, je veux le voir ! Et je vous promets qu'il demandera pardon, et au garde-à-vous ! »

 

Bernard Blier, Les Tontons flingueurs

 

« J'ai connu une Polonaise qu'en prenait au p'tit déjeuner. Faut quand même admettre : c'est plutôt une boisson d'homme… »

 

Lino Ventura, Les Tontons flingueurs

 

Extraits non sur-extraits :

 

« Tout le monde, doté de cojones ou pas, n'a pas suivi la mode Parker et, parmi ceux qui l'ont fait, tous ne renient pas l'apport de celui-ci au commerce du vin de Bordeaux. Encore moins, ce propriétaire médocain qui nous a offert le titre de de cet article et qui n'a jamais cédé aux charmes des sirènes parkériennes. Certes, avec le millésime 2016 – et c'en était déjà l'amorce avec le 2015 –, une page semble bel et bien tournée : celles des vins « trop, plus ou sur… » Sur maturité, sur extraction, plus d'alcool, trop de boisé envahissant...

 

Les vins « lourds comme des bouteilles de butane », comme dit le poète d'Astaffort, disparaissent aussi vite de nos paillasses de dégustation qu'un jeu de cartes dans la main de David Copperfield. Des monstres qui, encore en 2014, nous agressaient la bouche à coups de tanins atomiques et de boisé à rendre jalouse la maison Lapeyre sont devenus de gentils minous-calinous, caressants et fruités. Le changement est vraiment étourdissant. Nous ne citerons pas de nom, mais quelle surprise quand après nos dégustations nous découvrons dans la liste que nous remet le (ou la) responsable de l'appellation les noms de ceux que nous avons qualifiés de frais et élégants… Que sont nos patapoufs devenus, que nous avions de si près tenus ?* « Par chance, on vient à des choses plus simples, plus pures car ça lasse, ces vins boisés. Le très extrait, les vins confiturés étaient d'un abord plus facile et on avait construit une machine de guerre autour de ces vins, avec Parker qui aimait ces vins très riches, très épais », déclarait dans le spécial vin du Point en septembre 2016 Nicolas Vivas, technicien, chercheur, spécialiste du rapport entre vin et barriques.

 

Faut-il aujourd'hui tout oublier et jeter le Boby avec l'eau du bain ?

 

Pour le savoir lisez ICI 

 

Autrefois, tenir les cordons du poêle, c'était tenir les cordons reliés au drap funéraire qui recouvrait le cercueil.

 

Car le poêle, entre autres significations, désigne aussi le drap mortuaire ou la grande pièce de tissu noir ou blanc dont on couvrait le cercueil pendant les cérémonies funèbres. Il disposait auparavant de cordons généralement cousus aux coins et sur les bords, cordons qui, alors que le cercueil était amené à l'autel pour la cérémonie funèbre, étaient tenus par des proches ou membres de la famille, ou des personnes de haut rang, selon le défunt.

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