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7 août 2018 2 07 /08 /août /2018 06:00
De Gaulle voulait supprimer le Sénat mais que seraient devenues les jardiniers et les ruches du Jardin du Luxembourg ?

Robert Badinter qui habite rue Guynemer confie : « rares sont les lieux de Paris  qui me soient plus chers que le jardin du Luxembourg. Des fenêtres de mon bureau, je m’émerveille chaque année des premières tonalités automnales, de la neige qui le recouvre parfois en hiver ou des bourgeons annonçant l’arrivée du printemps. De saison en saison, le jardin est toujours le même, mais il est toujours différent. Il ne cesse pas de m’émouvoir au fil des ans. »

 

Il ajoute « Le 30 septembre 1981, c’est en empruntant les allées du Luxembourg que je suis rentré chez moi à pied, après le vote de l’abolition de la peine de mort au Sénat. »

 

Ce jardin est aussi mien, avec ma fille Anne-Cécile, lorsqu’elle était enfant nous étions, le samedi ou le dimanche, des habitués. Les balançoires en forme de bateaux, plus haut papa plus haut, le manège de chevaux de bois suspendus, construit en 1879 sur les plans de Charles Garnier, l’architecte de l’Opéra de Paris.  Rainer Maria Rilke, familier du jardin, lui a consacré un poème ; Sous la toile verte surmontée d’une sphère jaune, il tourne, les enfants sont équipés d’une baguette leur permettant, comme dans l’ancien jeu de bague, d’attraper des anneaux suspendus à une «poire» en bois tenue par l’employé. Anne-Cécile était très adroite à ce jeu. Le théâtre de marionnettes fondé et créé par Robert Desarthis avec guignol bien sûr ; les petits chevaux et les poneys qui sentaient si mauvais ; la barbe à papa ; les petits voiliers du grand bassin.

 

 

Depuis 1799, le palais du Luxembourg et son jardin sont affectés à la Chambre haute. Après l’exil à Versailles suite à la Commune, la loi du 22 juillet 1879 ordonne le retour à Paris de l’exécutif et des 2 chambres. Depuis, sous la IIIe République, la IVe et la Ve le jardin est administré par le Sénat.

 

 

Dès le 2 octobre 1962, de Gaulle considère que « le Sénat est devenu inutile tel qu’il est, [et qu’il] faut donc le supprimer ». Il considérait que le Sénat était un « talon d’Achille », qu’il faudrait « opérer » comme un bobo.

 

 

Cette réforme, souligne Peyrefitte, tenait à cœur au Général : « Avec la fin de la guerre d’Algérie et le référendum sur l’élection présidentielle, [il y a] eu assez d’agitation comme ça. […] Puis il faudra détruire ce Sénat, ou en tout cas le transformer, ce sera la première chose à faire. »

 

16 janvier 1963, de Gaulle explique : « Le Sénat, c’est moi qui l’ai fait recréer en 1946 sous le Le nom de Conseil de la République, alors que les partis voulaient le supprimer purement et simplement. C’est encore moi qui l’ai rétabli en 1958 dans son nom et dans ses prérogatives, notamment constitutionnelles. »

 

« Il faut, à l’avenir, qu’il y ait une seule assemblée législative et politique. Autrefois, sous la IIIe République, le Sénat était nécessaire comme contrepoids aux sottises de l’Assemblée nationale. Mais maintenant, le contrepoids à ces sottises, c’est le Président. Et s’il y a des difficultés majeures, l’Assemblée peut censurer le gouvernement, le Président de la République peut dissoudre l’Assemblée, c’est le suffrage universel qui tranche.

 

« Donc, le Sénat, tel qu’il est, n’a plus aucune raison d’être. Il ne peut plus exister que pour embêter le monde. Il ne s’en prive pas. Un référendum y remédiera. »

 

De Gaulle présentera ce projet de réforme à la population sous forme d’un référendum, qui a eu lieu le 17 avril 1969, en même temps qu’un projet de régionalisation. La victoire du « Non » entraînera, comme on le sait, sa démission, puisqu’il qui considérait que son mandat devait être remis en jeu à chaque référendum.

 

 

Mais il n’y a pas de jardin sans jardiniers.

 

Ceux-ci, 70 jardiniers, sont dirigés par une ingénieure horticole assistée d’un adjoint et de 2 chefs jardiniers.

 

Tout ce petit monde assure l’entretien du jardin public, la décoration des lieux de réception, la production des plantes vertes et fleuries et la conservation des collections végétales. Chaque année 3 plantations successives assurant la floraison de près de huit mois consécutifs du printemps à l’automne. Elles nécessitent la production d’environ 150 000 plantes à massif, toutes issues des serres du Sénat situées dans un terrain de culture à Longpont-sur-Orge dans l’Essonne.

 

Il y a 3000 arbres dans le jardin, surtout des marronniers.

 

Les serres sont aussi un lieu de conservation d’un patrimoine végétal datant du XIXe siècle. Ces collections sont rares, la plus célèbre est celle des orchidées dont l’origine remonte à 1838 par l’envoi d’un lot d’orchidées en provenance du Brésil.

 

Mais il y a aussi une collection fruitière, héritière des célèbres pépinières des Chartreux. Malgré sa faible superficie, le verger du Luxembourg  concentre près d’un millier de plantes, arbres et arbustes dont 600 variétés différentes. Les espèces dominantes sont le pommier et le poirier, qui totalisent à eux seuls 530 variétés. Quelques exemplaires de vignes, pêchers, abricotiers. Depuis les année 80, elle s’est orientée vers la sauvegarde des variétés rares et anciennes, en particulier sur la réintroduction des variétés chartreuses.

 

Des cours d’arboriculture créés en 1809 sont dispensés, c’est gratuit.

 

 

Dans le même esprit le Sénat s’est préoccupé de perpétuer, au sein du jardin, l’enseignement apicole qui y avait été créé en 1856. Aujourd’hui, sous l’égide de la Société centrale d’apiculture, une centaine d’auditeurs sont formés aux techniques modernes de l’apiculture. En 1990, le président du Sénat de l’époque, Alain Poher et les questeurs on fait construire un nouveau rucher sur les plans de l’architecte Jacques Patureau.

 

Le jardin dispose enfin d’une très belle collection de plantes d’orangerie, dont quelques spécimens ont plus de deux cents ans. Elle se compose d’un peu plus de 200 plantes en caisse dont des agrumes, principalement des bigaradiers, mais aussi de majestueux palmiers-dattiers, des lauriers-roses et des grenadiers. Ces arbres sont sortis au mois de mai pour décorer les abords du palais et des grands parterres regagnent dès octobre l’orangerie qui les abrite.

 

Source : Le Jardin du Luxembourg promenade historique et littéraire de Dominique Jardillier.

 

 

 

Il y a un toit, il y a aussi son ombre, c’est

le manège qui tourne pour un court instant,

il y a des chevaux multicolores, tous venus du pays

qui longuement hésite avant de sombrer.

Si certains sont attelés à une carriole,

tous arborent un profil empreint de courage ;

il y a également un lion rouge et menaçant

et de temps en temps un éléphant blanc.

 

Il y a même un cerf, tout comme dans la forêt,

si ce n’est qu’il porte une selle, et, assise dessus,

il y a une petite fille bleue que des courroies retiennent.

 

Et sur le lion, chevauche un garçon tout blanc

qui se tient fermement d’une petite main brûlante,

tandis que le lion montre les crocs et la langue.

 

Et de temps en temps un éléphant blanc.

 

Et sur les chevaux, passent

même des petites filles, claires,

déjà presque trop âgées pour ces cabrioles ; en plein vol,

elles lèvent les yeux dans le vague, par ici –

 

Et de temps en temps un éléphant blanc.

 

Et ce jeu passe et se précipite vers sa fin,

et tout tourne et tout virevolte sans cesse et sans but.

Une tache rouge, du vert, du gris envoyés par ici, en passant,

vague visage, petite esquisse –

Et parfois, un sourire tourné vers ici,

un sourire aux anges qui éblouit et s’évanouit

dans ce jeu aveugle et à bout de souffle…

 

Rainer Maria Rilke 1905 Le carrousel

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6 août 2018 1 06 /08 /août /2018 06:00
Quand un naufragé volontaire, Alain Bombard, se préparait un tartare d’oiseau de mer, le sheawater, arrosé d’eau de mer pour son anniversaire en mer.

Souvenir du premier gouvernement Mauroy 22 mai - 23 juin 1981 avec Alain Bombard secrétaire d'État auprès du ministre de l'Environnement, un mois au gouvernement qu’il quitte car il est pour l’abolition de la chasse à courre.

 

 

« La seconde semaine commença par un jour de fête qui m’a donné un peu le cafard. C’était mon anniversaire. Après mon arrivée à la Barbade, quand on me demandait mon âge, j’avais l’habitude de répondre : « J’ai eu vingt-huit ans en mer. »

 

« Cependant, le sort devait se montrer clément et m’offrir ce jour-là mon cadeau de fête. L’hameçon fixé par un bout de corde, traînait derrière le bateau, quand brusquement un gros oiseau que les Anglais appellent sheawater et dont je n’ai pas réussi encore à trouver le nom français [puffin des Anglais], se précipite sur l’appât qui était un poisson volant  sans tête. Je le tire vers le bord, un peu inquiet des coups de son bec risquait de donner sur les cylindres de caoutchouc. À peine arrivé à bord, heureusement, il  est  pris d’un violent mal de mer, vomissant et souillant mon bateau de ses déjections. Il était hors de combat et, malgré ma répugnance, je lui tords le cou.

 

 

« C’était certes la première fois de ma vie que je mangeais un oiseau cru, mais enfin on mange bien de la viande hachée crue, pourquoi pas un oiseau ? Je conseille fortement à ceux qui pêchent un oiseau de mer de ne le plumer, mais de le dépiauter, r sa peau est extrêmement riche en graisse. Je divisais mon oiseau en deux parts ; une pour aujourd’hui, l’autre que je mis au soleil afin de la faire sécher pour le lendemain. Mais il ne fallait pas croire que j’allais pouvoir enfin manger quelque chose qui n’ait pas le goût du poisson. Sur ce point, je fus horriblement déçu. La chair était excellente, mais avait un arrière-goût de « fruit de mer ».

 

« Au cours de la nuit, j’eus une violente émotion : au-dessus de la tente, j’aperçus une curieuse lumière             . Je crus tout d’abord au feu. En fait, c’était mon oiseau qui répandait de très fortes phosphorescences autour de lui, au point que cette lumière étrange, se projetant sur la voile, lui donnait une allure fantomatique. »

 

Naufragé volontaire Alain Bombard Les éditions de Paris 1953

 

Le dimanche 19 octobre 1951, un jeune médecin de 28 ans, Alain Bombard, quitte le port de Las Palmas aux Canaries.

 

Direction : l'Amérique.

 

Moyen de transport : un canot pneumatique.

 

Matériel embarqué : une voile, deux avirons, divers instruments de navigation, un couteau, quelques livres.

 

Provisions d'eau : néant.

 

Vivres : néant.

 

Objectif : prouver qu'un naufragé peut survivre plusieurs semaines en buvant de l'eau de mer et en se nourrissant de plancton et de poisson.

 

Tout le monde le traite de fou. Objet d'un tapage médiatique sans précédent, il est aussi tourné en ridicule, et les mieux intentionnés cherchent à le détourner de ce projet suicidaire par tous les moyens. Téméraire, sans doute. Suicidaire en aucun cas : il a seulement pris une provision de barbituriques, au cas où il tomberait à la mer et ne parviendrait pas à rejoindre son canot, crânement baptisé L'Hérétique. Bombard n'est pas un masochiste. Il va souffrir le martyre pourtant, les pires angoisses, les tortures du soleil comme de la pluie. Et il réussira, atteignant La Barbade trois mois et trois jours après son départ. Il signe là l'un des plus grands exploits de l'histoire maritime.

 

 

« Après avoir rencontré Alain Bombard à Tanger en 1952, le médecin, navigateur et céiste allemand Hannes Lindemann a effectué en 1955 une traversée de l'atlantique en solitaire en pirogue. Il réitéra cet exploit en 1956 avec un kayak. Dans son livre paru en 1958 "Alone at the sea", Lindemann raconte ses traversées, et conclut aux effets néfastes de la consommation d'eau de mer. Lindemann estime donc, sans en apporter la preuve, que Bombard avait embarqué une réserve d'eau à bord de l'Hérétique, et qu'il devait avoir été ravitaillé secrètement en pleine mer. Dans un article paru en 2006 dans Der Spiegel, le journaliste Ulli Kulke indique que L'Organisation mondiale de la santé a basé ses recommandations de la survie en mer sur ces conclusions: « Lindemann est maintenant la référence, et Bombard - au moins hors de France – oublié ». Les hommages de la presse internationale lors de sa mort en 2005 montrent que cet oubli est très relatif. Une analyse équilibrée de la polémique et de ses causes a été publiée en 2011 sur le blog "Inflatable Kayaks & Packrafts" »

Source Wikipédia

 

 

Il y a 65 ans, la folle aventure d'Alain Bombard naufragé volontaire

Par  Véronique Laroche-Signorile   Publié le 19/10/2017 à 18:15

 

Le «Bombard», l'indispensable canot de survie. Le 20 octobre 1952 Alain Bombard, jeune médecin et biologiste, quitte les Canaries à bord d'un radeau pneumatique afin de traverser l'océan Atlantique, dans les conditions d'un naufragé. Il souhaite démontrer qu'un homme peut survivre sur un canot, si son moral est bon, sans eau ni nourriture, pendant plusieurs semaines et ceci grâce aux ressources de la mer. Après plus de soixante jours en mer, il atteint les côtes de la Barbade en décembre. Très amaigri mais vivant. Dans un livre, traduit en quinze langues, intitulé Naufragé volontaire et paru en 1953, il raconte son périple, cet exploit qui le transforme en héros.

 

La suite ICI 

 

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5 août 2018 7 05 /08 /août /2018 07:00
« Un lit magnifique tendu de lin égyptien. Le dormeur y était étendu, rêvant, sous un couvre-lit fané. Ce couvre-lit, d’une nuance de vert très rare. Une feuille satinée prenant sa place parmi les vrilles d’une vigne protectrice » Patti Smith

Couvre pieds, édredon, couvre lit, dessus de lit, jeté de lit…                   

Le pépé Louis et la mémé Marie couchaient dans des hauts lits à rouleau sur des matelas de plumes dans lesquels ils s’enfonçaient comme dans des sables mouvants ; pour se tenir au chaud, leur chambre n’était pas chauffée, sur les draps et les couvertures étaient étendus un couvre-pied en coton piqué rouge et un énorme édredon.

 

Note de l’auteur : le pépé Louis couchait dans sa chemise à longs pans et il coiffait un bonnet de nuit blanc à pompon,  apparié à sa moustache à la Foch ça lui donnait l’allure du meunier tu dors de la comptine.

 

Ne pas confondre couvre-pied et édredon, le premier est plat comme une galette, le second est tout rond, joufflu comme gros oreiller. Je ne sais pas pourquoi François Hollande m’a toujours fait penser à l’édredon de pépé Louis.

 

 « Pour donner une idée des fantaisies de Tullia, qu'il me suffise de vous parler d'un détail. Le couvre-pieds de son lit est en dentelle de point d'Angleterre, il vaut dix mille francs. »

 Balzac, Un Prince de la Bohême, 1840, p. 386.

 

« Dans un lit immense, capitonné de soie, des cheveux clairs étaient épars sur l'oreiller, un visage se dessinait en demi-profil, de longs cils, la courbe d'un nez aux narines frémissantes (...) et, sur l'édredon doré, un bras nu, mollement déployé. »

Simenon, Les Vacances de Maigret, 1948, p. 167.

 

Dans ma jeunesse j’ai vu confectionner un couvre-pied.

 

Et puis, petit à petit le couvre pied s’est trouvé connoté au vieux monde, la modernité, chauffage et utilisation des couettes nordiques, il a laissé la place au dessus de lit puis celui-ci au jeté de lit et aujourd’hui à plus rien du tout.

  

LE COUVRE-LIT

 

« La mer était aussi dense qu’un Rothko, prosaïque et vierge. Mais les ombres, elles, semblaient être partout ; envahissant chaque cavité, chaque lieu secret, comme un battement d’ailes, là où il n’y avait pas d’oiseaux, pas même une mouette.

 

Hors la cabine, près de la porte, une paire de bottines montait la garde. À l’intérieur, une paire de chaussures sur mesure, dans leurs étuis de feutre, gisait au bord du lit. Un lit magnifique tendu de lin égyptien. Le dormeur y était étendu, rêvant, sous un couvre-lit fané.

 

C’était chose adorable que ce couvre-lit, d’une nuance de vert très rare. Une feuille satinée prenant sa place parmi les vrilles d’une vigne protectrice. Il avait enveloppé les épaules d’un vieillard et quelque chose de lui demeurait au sein des plis fatigués.

 

Sur le lit, des objets qui se prenaient dans la lumière changeante. Un paquet de Gauloises jaunes, un anneau taillé dans une pépite et un petit portrait, plutôt flou, dans un cadre ovale. Un jeune garçon en habit de marin, contemplant le monde d’un air un peu soupçonneux et pourtant gardant une allure aussi délicate qu’un cil, des manières à la fois douces et cassantes, comme un étendard de soie plongé dans une mare puis mis à sécher sur un buisson d’épines par une nuit d’hiver. Le même jeune homme dormait, en route pour les Îles Salomon, rêvant de lui-même.

 

La suite dans La Mer de Corail Patti Smith

 

 

Patti Smith, La Mer de corail (à Robert Mapplethorpe)

 

« Robert (Mapplethorpe) va mourir. Ils le savent tous deux. A son chevet Patti lui demande comment elle pourrait le servir au mieux en son absence. Robert est mort. Patti passe une saison dans la douleur. Puis elle écrit ces poèmes en prose à la mémoire de son compagnon. Des fleurs dispersées sur son tombeau. Qui s’ouvrent sur une photo d’une Piéta de Michel-Ange, à Madrid. Robert adorait Michel-Ange, "démon aux chaussures de cordes". Patti s’élance dans cette courte aventure : réfléchir Robert. Moins le réfléchir du reste, que tenter de le saisir pour en revenir quelques poèmes en mains. Robert, "garnement fabuleux", dont elle se rappelle la première fois qu’elle l’a vu : il dormait. La paupière close cette fois, non pas scellée, immédiatement ouverte à l’approche de son visage, ses lèvres dessinant un sourire complice avant même qu’il l’ait connue. Patti Raconte Robert, gamin espiègle de Long Island, fasciné par l’inattendu. Elle évoque le jeune garçon timide, affable, à la poursuite de regards neufs, chuchotant Baudelaire à l’oreille étonnée. Superbe Mer de corail, ce poème en prose qui donne son titre au recueil, détaché des petits plis amers de la vie, évoquant Robert, endormi cette fois encore, "dans l’étoffe d’un voyage qui s‘étale". »

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5 août 2018 7 05 /08 /août /2018 06:00
« Le pape est un fin cuisinier qui sait faire d'un maquereau un rouget » la vie trépidante de l’abbé Dubois, les va-et-vient d’un gourmand en soutane.

Que la fête commence le film de Bertrand Tavernier, pour ceux qui l’ont vu rappelez-vous Jean Rochefort est l’abbé Dubois, Philippe Noiret le Régent Philippe d’Orléans, Jean-Pierre Marielle le marquis de Pontcallec.

 

Une fresque cocasse aux 4 César, une chronique acide et un casting royal

En 1719, Philippe d'Orléans assure depuis quatre ans la régence du royaume de France. En Bretagne, où sévit la famine, une révolte éclate contre le pouvoir. Un nobliau ruiné, le marquis de Pontcallec, veut soulever la province. Il se rend à Paris, pour y rencontrer Philippe d'Orléans. Celui-ci est très occupé, la nuit, par de petits soupers galants et de fines débauches, mais gouverne le jour, en compagnie de l'abbé Dubois, son complice en parties fines. Dubois poursuit ses propres ambitions... »

 

Ses ennemis, faisant abstraction de ses qualités de diplomate et du bilan global positif de son action au gouvernement de la France, attribuent l'essentiel de son ascendant sur le Régent à sa capacité à lui trouver des maîtresses à son goût, d'où l'aphorisme rapporté par Roger Peyrefitte à propos de son élévation au cardinalat : « le pape est un fin cuisinier qui sait faire d'un maquereau un rouget. »

 

 

L’abbé Guillaume Dubois (1656-1723) eut une vie trépidante qui commence par « un emploi de précepteur et mentor de Philippe d’Orléans. Celui-ci devenu Régent du royaume le nomme conseiller d’État, puis lui obtient successivement la calotte d’archevêque et la barrette de cardinal. Intriguant et débauché, Dubois est un des plus fidèles compagnons d’orgies de son ancien élève, assidu à ses soirées et habile à repérer les gourmandes remplissant tous les critères…

 

Ce « petit homme maigre, effilé, chafouin, à perruque blonde, à mine de fouine, à physionomie d’esprit. »

 

Signé Saint-Simon et sa plume au vitriol.

 

Les petits soupers du Palais Royal :

 

 

« Chaque soir sont conviées de nouvelles têtes : poètes, gens d’esprit, courtisanes, comédiens et libertins en tous genres, rejoignent la clique  des inconditionnels de Philippe. Autoproclamés « roués » parce qu’ils se disent prêts à subir la roue pour lui, ils ont tous été sélectionnés pour leurs aptitudes festives : estomacs résistants, bonne descente pour les liquides et endurance à toute épreuve avec les dames. »

 

C’est à huis-clos « aucun domestique, ni laquais, ni cuisinier, n’est admis lors de ces réunions nocturnes. »

 

C’est Madame de Parabère, la favorite du Régent, Marina Vlady dans le film, baptisée le Gigot qui est aux fourneaux.

 

« À peine les portes closes – et strictement gardées – que l’on boit, et sec, des quantités impressionnantes de vin de Tokay et de champagne. Après quoi, toujours selon Saint-Simon :

« on s’échauffoit, on disoit des ordures à gorge déployée et des impiétés à qui mieux mieux. »

 

Le signal des assauts de ces dames est donné par Philippe en maître de cérémonies.

 

« Un soir de beuverie, en compagnie de Madame de Parabère, de John Law et bien sûr du Régent, Dubois écope d’un nouveau surnom : incapable de tenir la plume pour signer un papier officiel, Philippe vient de traiter Madame de Parabère de putain, John Law de voleur et Dubois de maquereau… Aucun des trois n’ayant accepté de signer à la place du Régent, celui-ci aurait résumé la situation en une phrase, cri du cœur  autant que réflexion lucide : « Voilà un royaume bien gouverné, par une putain, un maquereau, un voleur et un ivrogne ! »

 

Pour finir, la comptine célèbre, encore chantonnée dans les cours d’écoles, qui dissimule une magnifique contrepèterie qui mettra Pax en joie : « Il court il court le furet… il est passé par ici, il repassera par là… le furet du Bois, mesdames, le furet du bois joli… » 

«  Il fourre il fourre le curé »

 

Source : Même les légumes ont un sexe le chapitre La chère, la croix et le gourdin… de Nathalie Hellal

 

 

Le cardinal Dubois meurt à Versailles

 

« Dès qu’il fut mort, M. le duc d’Orléans retourna à Meudon apprendre au roi cette nouvelle, qui le pria de se charger de toute la conduite des affaires, le déclara premier ministre, et en reçut le serment le lendemain »

 

 

La vie et l’œuvre de Guillaume Dubois ICI

 

LA REHABILITATION DE L’ABBE DUBOIS

 

Emmanuel LE ROY LADURIE

 

FIGARO LITTERAIRE - HISTOIRE, ESSAIS

 

11/01/2001

 

Brive-la-Gaillarde s’enorgueillit en notre temps d’avoir donné naissance au cardinal Guillaume Dubois, qui fut premier ministre du Régent Philippe d’Orléans (tous deux sont morts en 1723). Philippe et Guillaume furent les initiateurs de la belle période de dégel et de détente post louis-quatorzienne, qui, dans ses débuts, s’identifie en effet avec la Régence (1715-1723).

 

Le cardinal, cependant, n’a pas toujours eu bonne presse. Au début du XIXe  siècle encore, un intellectuel écrivant sur la Corrèze qualifiait ce grand homme de résumé ou, comme il disait, « d’épitomé » de tous les vices.

 

Manque de chance, à vrai dire ! Le malheureux Guillaume, dont l’action fut néanmoins si favorable pour la France et pour l’Europe, était tombé entre temps sous la lourde patte du génial Saint-Simon, qui, dans ses Mémoires, pensait l’avoir déshonoré pour toujours. Une réhabilitation complète, un toilettage intégral s’imposait, et Chaussinand-Nogaret a entrepris de nettoyer les écuries d’Angers de la légende noire saint-simonienne, sur ce point particulier. Initiative couronnée de succès.

 

Pourquoi Dubois ? En quoi ce personnage importe-t-il ? Disons d’abord qu’il fut l’homme de la paix, après un demi-siècle, ou davantage, de guerres menées au nom du Roi-Soleil et souvent couronnées de succès, mais à quel prix ! Qui plus est, il ne s’agit point de n’importe quelle paix.

 

Celle que préconise l’abbé puis cardinal implique au premier chef une réconciliation avec l’Europe protestante (anglaise, hollandaise...), celle qui est porteuse des valeurs libérales et capitalistes. Et tant pis pour la révocation de l’édit de Nantes (1685), tellement hostile aux huguenots. Les textes, ou plutôt les traités, parlent d’eux-mêmes, négociés au premier chef par Dubois, et souvent avec les méthodes de la diplomatie secrète.

 

La suite ICI 

 

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4 août 2018 6 04 /08 /août /2018 06:00
 Philippe Meyer a été fait commandeur de la Légion d'honneur «au nom du président de la République et des pouvoirs qui me sont conférés», selon les termes de Michel Rocard.

Philippe Meyer a été fait commandeur de la Légion d'honneur «au nom du président de la République et des pouvoirs qui me sont conférés», selon les termes de Michel Rocard.

Dans le livre Michel Rocard par… Laure Adler, Jacques Attali, Alain Bauer, Alain Bergounioux, Tony Blair, Jean-Marc Borello, Patrick Bruel, Monique Canto-Sperber, Mireille Delmas-Marty, Michael Doyle, Olivier Duhamel, Olivier Faure, Stéphane Fouks, François Hollande, Jean-Paul Huchon, Alain Juppé, Milan Kučan, Bernard Landry, Philippe Meyer, Edgar Morin, Anne Sinclair, Catherine Tasca, Alain Touraine, Manuel Valls, Patrick Viveret.

 

 

2 lettres seulement m’ont vraiment accroché dans leur totalité, celle d’Anne Sinclair et celle de Philippe Meyer.

 

Je commence par ce dernier, même si ce n’est pas galant, car il est bien troussé, pleine d’humour ; je vous transcrirai la lettre d’Anne Sinclair lors d’une prochaine chronique, elle dit mieux que moi ce qu’était Michel Rocard.

 

Mon cher Georges,

 

Puisque c’est affublé de ce prénom et caché sous le patronyme de Servet, choisi en mémoire d’une victime de l’intolérance de Calvin, que je t’ai rencontré pour la première fois, au mitan des années 1960, alors que tu te préparais à représenter le PSU aux élections législatives dans une circonscription des Yvelines. Tes chances d’y être élu étaient aussi grandes que celle du charcutier de Mur-de-Barrez(Aveyron) de vendre son jambon à l’ayatollah Khomeiny. Tu tenais néanmoins une première réunion à la mairie de Louveciennes, et l’instituteur, M. Even, chargé d’un respect que lui valait son acharnement à conduire le dernier des aliborons au certificat s’études, voire à l’entrée en sixième, avait fait dire à ses anciens qu’ils ne devaient pas la manquer. Pour renforcer sa recommandation, il ajoutait que tu étais le fils spirituel de Pierre Mendès-France. Dans un pays où depuis quelques années tout le monde célèbre PMF et verse sur sa trop brève carrière des larmes de crocodile, on a sans doute du mal à imaginer à quel point cet homme tranchait sur ses camarades de gauche et sur la classe politique. Le procès de Riom, son évasion, son engagement dans la Royal Air Force, son refus des bombardements aveugles sur l’Allemagne, son courage au combat, son choix de la rigueur économique à la Libération, sa politique en Indochine, la détestation que lui vouaient les staliniens, l’incroyable quantité d’imbéciles braillards que son nom seul portait à l’apoplexie, le tout pimenté de relents d’un antisémitisme sans vergogne, tout cela aurait suffi aux yeux des adolescents que nous étions à faire de lui un saint de vitrail, quoique nous lui gardions rancune de nous avoir obligé, à l’école primaire, à avaler un verre de lait quotidien. À quoi ressemblait, me demandais-je, le fils spirituel d’un tel personnage ?

 

Il ressemblait à un petit homme électrique, mince, comme un sandwich SNCF, le cheveu noir et dru, le regard en vrille, l’élocution précipitée de celui qui craint d’ennuyer son auditoire, le corps agité des mouvements d’un incurable timide pareil à ceux que chante Jacques Brel, « une valise dans chaque main ». Georges Servet, obligé à un pseudonyme en raison de ses fonctions de secrétaire général de la Commission des comptes de la nation, comptait quatorze ans chez les scouts protestants. Avec eux, tu avais accueilli les déportés de retour des camps à l’hôtel Lutétia. Chez eux, tu avais pour totem Hamster érudit. Ton camarade de Sciences Po Jacques Chirac était connu sous le nom de Bison égocentrique et tes coreligionnaires Lionel Jospin et Pierre Joxe répondaient à ceux de Langue agile et de Lynx énergique. Au temple de la rue Madame, où tu étais alors assidu, le pasteur André Aeschimann enseignait la nécessité de « professer pour la multitude », c’est-à-dire pour le plus grand nombre, pour le commun des hommes. Je n’ai pas de mal à retrouver les traces de l’expérience du Lutétia dans ton engagement courageux et efficace en Algérie contre les camps de regroupement où les enfants mangeaient des corbeaux. Je n’ai pas de mal à retrouver les traces du pasteur Aeschimann dans ta façon de nous présenter la politique, dans cette salle de mairie où nous étions quinze. Tu ne parlais pas de cuisine électorale ou de trucs de communication pour séduire les électeurs. Tu parlais du jacobinisme, de la méfiance de l’État à l’égard de la société civile, de la nocivité des réformes technocratiques ou autoritaires conçues et appliquées sans le concours des citoyens. Tu évoquais la réforme de l’Université, la question des transports publics, l’aménagement du territoire. Lorsque tu te lançais dans un historique, l’influence des hommes ne comptaient pas moins que le poids des structures. Lorsque tu entamais le chapitre des mutations industrielles, l’ouvrier n’était pas présenté comme une tête de bétail vampirisé par des capitalistes à huit-reflets mais comme un homme empêché d’être l’acteur de son travail.

 

Je te dois cette vision de la politique et cette idée de la gauche à un moment où elle se résumait à des hommes qui « cuisaient leur petite soupe dans leurs petits pots », pour reprendre l’expression du général de Gaulle dont j’étais un admirateur mais dont le mode d’exercice du pouvoir semblait ne pas laisser d’autre alternative que d’être gouverné ou réprouvé.

 

Je te dois aussi cette maison dans l’Aveyron que tu m’as d’abord généreusement prêté. Ce nid de buse et moi étions faits l’un pour l’autre et mon ami Harold Kaplan disait que celui qui n’y a pas séjourné manquera toujours de quelque chose. Un jour, un élu local m’a présenté sans plus de précision comme « le successeur de Michel Rocard ». Dans son équivoque, l’expression me fit rire. S’il avait été plus complètement informé, l’élu aurait plutôt parlé du débiteur de Rocard.

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3 août 2018 5 03 /08 /août /2018 06:00
Il beau mon nouveau vélo de bobo californien Electra LOFT GO ! 8i plus besoin de pédaler ou presque…

Plus de 40 ans de vélo dans les rues de Paris ; 5 engins, le premier un vélo anglais qui n’a pas fait long feu, volé dans la cour du Ministre au 78 rue de Varenne, oui, oui, en ce temps-là on y entrait encore plus facilement que dans un moulin. Le second qui a eu la plus longue vie un Grand Batavus old Dutch avec freinage par rétropédalage, indestructible, volé lui aussi ; le troisième acheté chez En selle Marcel un Cooper Oporto, volé après un an ;  le quatrième toujours acheté chez En selle Marcel un Cooper Zandvoort, un vrai urban-cycle, léger, un bijou, c’est celui sur lequel j’ai fait un vol plané qui m’a valu un séjour en pneumologie à l’hôpital  Cochin. Il est en parfait état car c’est moi qui ai tout pris.

 

 

À nouveau d’attaque, après mûre réflexion, j’ai décidé de me convertir au vélo électrique et j’ai acheté Electra Loft Go ! 8i, du costaud, pour rouler en père pénard dans les rues de Paris.

 

Je vais vendre mon Cooper Zandvoort.

 

Je vais solliciter auprès de Mme Hidalgo les 400 euros de subventions pour l’achat d’un vélo électrique.

 

Je porte un casque.

 

 

Alors roule Mimile…

 

 

LOFT GO! 8i

 

Système Bosch Active Line avec moteur central de 250W

 

Bosch PowerPack 400 avec chargeur 2 AMP

 

4 modes ou niveaux d'assistance : Eco, Tour, Sport et Turbo

 

Distance : 40-120 km / 20-100 miles, selon le mode choisi et la nature du terrain

 

Recharge complète en 3,5 heures

 

Vitesse assistée maximale : Europe : 25 km/h

 

Durée de vie de la batterie : 2 ans de garantie Bosch

 

Moyeu à 8 vitesses intégrées et changement de vitesses par poignée tournante Shimano Nexus

 

Freins à disque hydrauliques Tektro

 

Pneus Schwalbe Fat Frank 700C

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2 août 2018 4 02 /08 /août /2018 06:00
« Destruam et aedificabo » proclamait l’anarchiste Proudhon « Je détruirai et je construirai » : c’est la devise des écrivains qui se sont mis à boire après avoir vidé leur encrier, décidés à plonger au fond du gouffre pour trouver du nouveau.

Portrait de Sébastien Lapaque en 6 questions (L’Express)

 

  • Quel écrivain vous a marqué ?

Georges Bernanos 

 

  • Quel livre ?

En 2008, "l'Homme qui tombe" de Don DeLillo. Le roman contemporain, ce doit être ça. 

 

  • Quel lecteur?

George Steiner commentant "les Antigones".

 

  • Quel événement?

Ma rencontre avec le Brésil.

 

  • Comment écrivez-vous?

Avec un crayon de papier sur un cahier d'écolier.

 

  • Pourquoi écrivez-vous?

Pour les mêmes raisons que Fernando Pessoa : ? Porque a vida não chega?, "Parce que la vie ne suffit pas ".

 

 

« Du sublime au grotesque, du grave au doux, de l’amène au sévère, les ivresses dangereuses des écrivains et des artistes éclairent de manière puissante la situation qui leur est faite dans un monde chargé de misères.

 

Pourquoi les artistes boivent-ils ? Pour oublier ou pour se souvenir ? Pour se retrouver ou pour se perdre ? Pour vivre ou pour mourir ? Heureuses et malheureuses à la fois, solitaires et communautaires, apaisantes et excitantes, comiques et tragiques, leurs ivresses magnifiques et terribles sont l’occasion de tous les questionnements. C’est une expérience étrange de voir un créateur supérieurement qualifié, non commun à la multitude, habité par des rêves, poursuivi par des fantômes, l’intelligence pleine de lumière, décidé à suivre sa soif sans mesure en élargissant les proportions de son gosier aux dimensions de l’univers. On se lamente d’apprendre que le buveur est un grand peintre, un immense poète, un musicien génial ou un romancier prodigue ; on gémit de voir son geste destructeur se révéler constructeur. « Destruam et aedificabo », proclamait l’anarchiste Proudhon, né à Besançon, en Franche-Comté, jolie terre de vins jaunes. « Je détruirai et je construirai » : c’est la devise des écrivains qui se sont mis à boire après avoir vidé leur encrier, décidés à plonger au fond du gouffre pour trouver du nouveau.

 

Charles Baudelaire a magnifiquement évoqué cette immersion dans les « profondes joies du vin ». Dans l’économie intime du poète, l’ivresse permet à l’homme plein de gaieté d’échapper à l’angoisse, de s’élever au-dessus de lui-même pour accéder à la Beauté. Mais chez l’auteur des Paradis artificiels, comme chez Marcel Proust, qui seul a su magnifier les ivresses légères, le dérèglement s’apparente à une discipline, la dépense à une ascèse. L’ivresse baudelairienne n’est jamais une abdication devant la logique ou la détermination rhétorique. Elle en est l’expression la plus haute.

 

Il est peu probable que Charles Baudelaire ait vécu l’ivrognerie aussi brutalement que les saints buveurs dont l’histoire littéraire conserve pieusement les noms. Voyez Edgar Poe, l’auteur du Manuscrit trouvé dans une bouteille, terrassé par une crise de delirium tremens, à Baltimore, le 7 octobre 1849, peu de temps après avoir été incarcéré pour ivresse ; Fernando Pessoa, buveur solitaire de la rue des Douradores à Lisbonne, avigé d’une mélancolie dévastatrice, couché par une cirrhose à l’âge de quarante-sept ans ; Ernest Hemingway, vieille île à la dérive qui ne quitta plus jamais l’Idaho ; Antoine Blondin, devenu un littérateur impuissant après avoir pris l’habitude de s’ivrogner seul dans les bars du VIe arrondissement de Paris.

 

Chanter l’ivresse, voici l’épreuve !

 

L’ivresse n’est pas rassurante. Le désordre régénérateur qu’elle provoque terrorise les fonctionnaires, les magistrats zélés et les gardiens de la paix. Ivresse publique manifeste !… Article R. 3353-1 du Code de la santé publique !… Chez Rimbaud, elle fait peur. « Petite veille d’ivresse, sainte ! quand ce ne serait que pour le masque dont tu nous as gratifié. Nous t’affirmons, méthode ! Nous n’oublions pas que tu as glorifié hier chacun de nos âges. Nous avons foi au poison. Nous savons donner notre vie tout entière tous les jours. Voici le temps des Assassins. »

 

La suite ICI 

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1 août 2018 3 01 /08 /août /2018 06:00
Enfin Bettane&Dessauve ont trouvé des successeurs : Antonin Iommi-Amunategui&Jérémie Couston les nouveaux guides des vins à poils à petit prix…

L’avantage avec le célèbre couple de la critique du vin, que le monde entier nous envie, c’est que sa marque de fabrique est facile à détourner, j’ai osé Butane&Degaz, provoquant le courroux du gourou et la charge outrée de leur hallebardier de service.

 

Tout le monde vieilli, voyez le grand Bob l’étasunien, noté sur 100, l’érecteur des vins de garage cher au cœur de ce bon Jean-Luc Thunevin, qui a réussi l’exploit de voir son patronyme, décliné en néologisme accolé aux vins parkérisé , qu’il chérissait et enchérissait, s’est cassé avec un max de blé et n’a pas été remplacé.

 

Des vins bettanisés, il en rêvait le premier nommé !

 

 

« Trop tard ! » comme s’exclamait ce fêlé de Mac Arthur, le temps des gourous installés est terminé,  leur biseness est chahuté par de jeunes branleurs sans foi ni loi qui surfent comme des fous sur ces foutus réseaux sociaux.

 

« Nature, nature… »

 

Avec trois fois rien, ces moins que rien, occupent une large part de l’espace médiatique, déclenchent le buzz, séduisent les bobos et les autres, ringardisent les vins dit conventionnels (je trouve que ce qualificatif fait très Mélenchon grand admirateur de la Convention), poussent vers la sortie les papys installés.

 

C’est jouissif !

 

Le plaisir leur mot d’ordre, sans vergogne, ce nouveaux venus, ces sans-culottes du vin, se moquent, raillent les tenants des grands vins : « Le luxe n'est pas un plaisir, mais le plaisir est un luxe. » Barbey d’Aurevilly.

 

 

L’un d’eux, le défricheur, au patronyme imprononçable : Iommi-Amunategui, ose même faire salon d’essence 68 hard : Sous les pavés la vigne, d’abord à la Bellevilloise haut-lieu du populo bobo, puis à Lyon, et même à Bordeaux.

 

Tout baigne, le vin nature s’essaime, s’exporte, s’inscrit même à des tables étoilés, fait naître des vocations de cavistes alternatifs, en un mot fait chier ceux qui n’ont pas vu le train passer.

 

Je me gondole !

 

Ce n’est guère charitable mais, que voulez-vous, je suis un vieil homme indigne qui assume son indignité avec fierté.

 

Et voilà-t’y-pas que le susdit, Antonin Iommi-Amunategui, vient de décider de se mettre en tandem avec un loustic qui a une bonne descente, du poil aux pattes, un vélo tout terrain, une grande gueule qui écrit dans la bible des bobos de Paris et des provinces réunies : Télérama.  Il fait plutôt dans le cinéma mais, sa crèmerie bien-pensante, plus faux-cul qu’elle tu meurs, pour être dans la tendance, lui file aussi la mission de labourer profond dans les terroirs des vignerons pur jus, des filles et des gars qui n’aiment pas les poudres de perlin-pinpin. J’ai nommé Jérémie Couston.

 

 

Le couple a décidé de commettre un guide, et même que la FNAC, fondée par des trotskystes, maintenant devenue haut-lieu du capitalisme consumériste, m’annonce que je peux précommander

 

« Le premier guide de vins naturels dont toutes les bouteilles présentées sont à moins de 15 euros. Composé par deux journalistes parmi les plus grands spécialistes du vin naturel en France, avec une volonté de faire découvrir et de démocratiser l'accès au vin naturel souvent associé à un prix élevé et un état d'esprit guindé, cet ouvrage sérieux mais ludique - dont le style emprunte souvent au gonzo journalisme - propose une sélection de 150 cuvées entre 7 et 15 euros, classées par ordre de prix croissant. »

 

J’adore l’auto-qualification des 2 zèbres : « deux journalistes parmi les plus grands spécialistes du vin naturel en France » ça fait très Butane&Degaz.

 

Glou guide du vin naturel 150 vins nature à moins de 15 euros  sortira le 22 août 2018

 

Le à moins de 15 euros me chagrine un peu sur les bords, ça a un petit air connu très gaulois de bon petit vin par cher, une resucée du Gerbelle vert versus RVF. Bien sûr, 15 euros ce n’est pas un petit prix mais éliminer ceux d’haut-dessus, pour faire peuple, ça laisse de côté de beaux vins nature et ça ne fait pas beaucoup de cas de ce qui revient dans l’escarcelle de vignerons qui ne sont pas adeptes des volumes, une simple multiplication le prouve : rendement x prix départ – charges.

 

À part ça, pour ne pas bronzer idiot, pour faire la nique à Butane&Degaz, pour épater les bourgeois versus nouveau monde, pour vous la jouer insoumis, pour faire déviant, pour bien boire, achetez donc ce guide des vins qui ont du poil aux pattes !

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31 juillet 2018 2 31 /07 /juillet /2018 14:00
Le pensum de Pax, privé de plage pour rendre sa copie, il mérite un petit canon de Collioure

Gonflé l’Taulier ! M’coller un devoir de vacances en plein été pour parler d’chez moi alors que j’en suis effectivement éloigné de près de 1000 km et plus préoccupé de cette région d’adoption que de celle de mes origines. D’autant plus gonflé qu’il a presque tout dit, me coupant l’herbe sous le pied. Pourtant j’lui n’avons rien fait qu’je sache.

 

La chaleur peut être ? Ça doit être ça.

 

La canicule engendrant un coup d’flemme qui l’empêche de taper « Alsace Bossue » sur Wikipédia ou la rubrique est très complète et les annexes précises.

 

Mais bon, redoutant un sort qui me serait fait c’est à dire me voir rayé de la liste des destinataires des chroniques comme ce con étriqué et inculte de Pain de Sucre (Zuckerberg) et sa Fesse de Bouc, évacue une peinture religieuse de Rubens pour obscénité, j’obtempère, le petit doigt sur la couture du pantalon.

 

Je cite mes sources aussi.

 

Cette fois ce que je redoute c’est le sort réservé à ce pauvre Karl-Theodor Maria Nikolaus Johann Jacob Philipp Franz Joseph Sylvester Freiherr von und zu Guttenberg, jeune et éphémère gloire de la politique allemande obligé de quitter le ministère des armées de « Mutti » Merckel convaincu de plagiat conséquent à l’occasion de la rédaction d’une thèse d’étudiant.

 

Il n’y a plus que chez ces parpaillots de Prussiens qu’on démissionne pour si peu. Chez nos bons catholiques de France ou, grâce à dieu il y a des accommodement avec le ciel, malgré le flagrant délit et la main dans le sac on adopte la devise de Guillaume d’Orange dit le Taciturne et aujourd’hui celle des Pays Bas : « Je maintiendrai ».

 

N’est-ce pas Messieurs Attali, Minc et consorts qui laissent à Cyrano la classe et le panache :

 

« Moi c’est moralement que j’ai mes élégances » ?

 

Comme Eugène qui tirait à la ligne, je sue aussi mais en raison de la très grande chaleur «Ben z’avez ben raison Mme Michu avec tous ces spoutnik qu’ils nous envoient dans le ciel c’est pas étonnant que la météo soit foutue ! » entendait-on sur Radio Luxembourg dans ma jeunesse ou l’on suivait le feuilleton La Famille Duraton.

 

La différence entre catholique et protestant évoquée plus haut sur un autre sujet, me permet de m’acquitter du pensum et d’entrer dans le vif du sujet.

 

En effet c’est la raison historique qui prime sur le pourquoi du comment de cette curieuse dénomination. Les « paroisses » protestantes préférant rejoindre en 1793 un Bas Rhin de même confession plutôt que de rester attachées à une Lorraine catholique.

 

L’Alsace Bossue n’est que la traduction d’une expression utilisant l’adjectif « krumm » qui en allemand veut dire bossue, tordue, tortue, torse, courbe permettant toute les interprétation.

 

Bossue comme la région vallonnée. Mais le Sundgau , autre région au sud de l’Alsace, l’est tout aussi.

 

Krumm c’est aussi ce qui n’est pas droit, ce qui est bancal ou tordu et qualifiant ainsi les habitants de cette région, ni Alsaciens, ni Lorrains.

 

Le dessin formé sur la carte illustre cette situation. Mais ce n’est pas cette configuration qui est à l’origine du terme sauf ce contenter de peu. Chacun peut, à sa guise, préférer l’une ou l’autre des raisons et rêver ou broder ce qu’il lui plait.

 

Pour faire court, si l’on m’autorise cette clause de style  ce nom ne concerne plus que trois cantons. Comme la région ils sont durement frappés par la crise économique. L’Alsace Bossue reste cependant très belle pleine d’attraits et mérite le voyage Au retour, assurément, vous comprendrez l’apostrophe de Bernard Maris qui nous exhortait d’aimer la France.

 

Soyez les premiers. Quand le réchauffement climatique aura transformé le sud du pays en un désert étouffant à fuir, vous aurez, avant tous les moutons, découvert une région qui vaut mieux que sa réputation et où il pleut moins que l’on ne croit.

 

Pour terminer, une anecdote relative aux relations entre Alsaciens et Lorrains. C’est derniers avait promis aide et soutien aux Alsaciens face aux esprits de conquête de divers Princes Électeurs ou autre, de ce côté-ci comme de l’autre du Rhin ou même du Danube.

 

Le moment venu, pas de Lorrains qui acquirent définitivement la réputation de traître sans parole. Ils se virent bien sûr interdit de territoire. Depuis, les Lorrains seraient affublés de grandes oreilles, déformation provenant de leurs mères soulevant leurs gamins par ces appendices pour les hisser au-dessus de la ligne bleue des Vosges en leur r comme une  litanie : Tu vois comme c’est beau là-bas !

 

Je suis lorrain, né à Metz, avec effectivement des oreilles comme on dit. Mon épouse est née native de Strasbourg. Une vie de couple aux périls de l’histoire !

 

Et voilà comment on gâche une belle matinée de plage.

 

Collioure le 31 juillet 2018

 

pax

 

Source : voir sur Wikipédia , à l’article Alsace Bossue, l’intéressante note de Henri Higel

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31 juillet 2018 2 31 /07 /juillet /2018 06:00
L'Alsace Bossue (en aquarelle) Christian Staebler

L'Alsace Bossue (en aquarelle) Christian Staebler

Le sieur Fuligni Bruno, qui a vécu en Alsace avant d’aller en Champagne, nous dit dans son Tour du monde à travers la France inconnue :

 

 

« … et si la loi du sol s’y applique intégralement, je suis nécessairement Alsacien moi-même, puisque je suis né à Strasbourg. Pour rien au monde je n’aurais évoqué l’Alsace comme un morceau de Germanie en France, tant la simplification serait abusive. Certes, l’alsacien, qui se parle encore beaucoup, n’a rien d’une langue latine, mais il a sa personnalité, fortifiée par une histoire cruelle qui a conduit de nombreux Alsaciens à rejeter les tentatives assimilatrices des Prussiens. »

 

L’Alsace je connais !

 

Le 27 octobre 2010

 

Jean dit «Jeanny» Hugel la cheville ouvrière du Décret du 1ier mars 1984 dit Vendanges Tardives et Sélection de Grains Nobles

 

« La dynastie Hugel affiche une résistance à toute épreuve. Fondée en 1637 par Hans Ulrich Hugelin, elle a traversé la guerre de Trente ans, survécu aux famines, à la peste, aux épidémies, aux batailles napoléoniennes comme à celle de 1870 et est sortie miraculeusement des guerres de 1914-18 et 1939-45. Tantôt française, tantôt allemande, toujours debout : l’histoire de la famille se confond avec celle de l’Alsace. »(2)

 

Chez les Hugel, dans cette Alsace « tantôt allemande, tantôt française » cet enracinement, ce lien indéfectible avec la France et des français, pas toujours bienveillants avec eux, symbolisé par Georges Hugel, tout juste démobilisé par les allemands, en septembre 1944, qui s’engage dans la 1ière Armée française alors que Jeanny se trouvait encore sous l’uniforme allemand. »

 

Lire ICI 

 

Mais revenons au sieur Axelroud qui se dore au soleil de Collioure à l’abri de son chapeau de paille d’Italie en citant à nouveau Bruno Fuligni :

 

« Mais Daniel me parla du village de son enfance, dans « l’Alsace bossue » si différente du reste de la province. Pourquoi bossue ? À cause de son relief, tout simplement ? Ou parce qu’elle forme, à l’ouest du Bas-Rhin, une bizarre excroissance dans le département lorrain de la Moselle ? »

 

Note ironique du Taulier datant du 31 août 2015 où notre PAX en commentaire poussait la chansonnette ICI 

 

C’était au temps je récitais la liste des départements avec la préfecture et les sous-préfectures et de ce temps-là seul le Bas-Rhin est resté bas. Les autres les Basses-Pyrénées et les Basses-Alpes n’ont pas supportés l’outrage ils se sont rebaptisés : Pyrénées-Atlantiques et Alpes-de-Haute-Provence. La Haute-Saône, comme le Haut-Rhin sont restés hauts, mais les inférieures : Loire, Seine, Charente se sont haussées pour être : Atlantique, et Maritime.

Les Alsaciens sont ainsi, ils ne changent pas facilement d’avis.

 

« L'Alsace Bossue est attribuée par le partage de Verdun de 843 entre les trois petits-fils de Charlemagne au royaume de Louis le Germanique. Elle appartient dès 962, date de restauration de l'empire par Othon Ier le Grand,  à l'empire romain germanique. »

 

Au XVIe siècle, de vastes régions de l’Alsace constituent des territoires ecclésiastiques catholiques. Le pouvoir de l'évêché de Strasbourg s'étend sur la moitié du Bas-Rhin et sur certaines parties du Haut-Rhin. L'évêque de Bâle au sud, celui de Spire au nord ont aussi des possessions en Alsace. Le domaine des Habsbourg s'étend sur les deux-tiers du Haut-Rhin tandis que les possessions des ducs de Lorraine s'étendent également en Alsace. Mais alors que la Lorraine reste catholique, les seuls territoires franciques rhénans d'Alsace, passent majoritairement à la Réforme d’où leur sort différent de celui du duché de Lorraine ou de l’Alsace. Ils constituent l’Alsace Bossue qui appartient au Westrich. Le Westrich est le nom donné à partir du XIIIe siècle au territoire situé au nord de la vallée de la Seille entre les Vosges et l'Hunsrück. Mouvante au sein du Saint-Empire entre Lorraine, évêché de Metz, Luxembourg, archevêché de Trèves, Alsace, Bade et Palatinat, c'est aujourd'hui une « province fantôme » que recouvrent la Sarre, le Nord-Est de la Lorraine, l'Alsace bossue, et la zone montagneuse du Palatinat.

 

Lire ICI 

 

« … l’ancien comté de Sarrewerden, terre d’Empire jusqu’en 1793. Quand Louis XIV conquit Strasbourg et une bonne partie de l’Alsace, le comté demeura enclave allemande protestante au milieu de la France catholique – avec une enclave française à l’intérieur pour faire bonne mesure.

 

Il est vrai que le peuplement complexe de la contrée demandait un peu d’imagination aux diplomates du Grand Siècle. Ceux-ci savaient que, durant la période s’anarchie sociale restée dans l’histoire sous le nom de « guerre des Paysans », de 1527 à 1557, les massacres furent tels que le comté se trouva presque dépeuplé. Les comtes de Nassau-Sarrewerden avaient donc fait venir d’Allemagne de nouveaux habitants, dont les descendants conservèrent les noms et la langue. »

 

« Ici on ne parle pas l’alsacien mais le francique – la langue de  Clovis ! »

 

« Durant les guerres de Religion en effet, puis après la révocation de l’édit de Nantes, l’enclave luthérienne et francique de Sarrewerden accueillit des familles de huguenots, calvinistes et francophones quant à eux, dont les descendants forment un îlot de latinité tranquille dans l’Alsace bossue. »

 

Si comme pour l’affaire Benalla vous n’avez rien compris Patrick Axelroud va tout vous expliquer.

 

Merci par avance.

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