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16 août 2018 4 16 /08 /août /2018 06:00
Rue des Poissonniers, rue du Faubourg-Poissonnière, boulevard Poissonnière : ça sent les chasse-marée souvenirs du Taulier…la Route du Poisson… Route deuch’ Pichon en picard

Ceux qui me lisent depuis l’origine de ce blog savent que de 1988 à 90, au cabinet du Ministre, je suivais le dossier du cheval dans tous ses états. Pas très évident de convaincre un Ministre de l'Agriculture de se préoccuper de ce secteur d'activités sauf que, les Courses via le PMU alimentaient le Fonds d'adduction d'eau des communes rurales, les Haras Nationaux, et que l'élevage du pur-sang et du trotteur pèse assez lourd dans certains départements. 

 

En 1989, je convaincs Henri Nallet de se rendre au petit matin à Chantilly : la piste des aigles, le roulement sourd des chevaux au galop, les naseaux fumants, le jour qui se lève au-dessus des bosquets, la fine fleur de la Société d'encouragement, des entraîneurs et des propriétaires... Seul problème : le speech du Ministre à ce petit monde très huppé, le nègre que j'étais, pour faire l'intéressant, en chute des propos ministériel, lui fait proposer la création d'une Journée Nationale du Cheval dans le sillage de jack Lang avec ses Journées de la Musique, du Patrimoine... Applaudissements... Moi, naïvement, je pense que sitôt dit, sitôt oublié. Faux, je dus m'y coller, fonder une association, en être bombardé Président, de me retrouver à la tête d’un paquet d’emmerdements pour organiser cette foutue journée. Ce fut une expérience extraordinaire dans la mesure où le monde du cheval en France est à l'image de celui du vin, parcellisé et plein de présidents.

 

Bref toujours, le point fort de cette première Journée du Cheval, en septembre 1990, ce fut une grande Fête aux Tuileries avec le plus grand paddock de France : toutes les races, toutes les activités et ce fut un triomphe populaire : 150 000 personnes sur le week-end sans grande publicité. A ma grande surprise, même si le quadrille des lanciers de la Garde Républicaine fut très prisé, et le lâché des petits chevaux camarguais un must, ce qui passionna le plus le public ce fut le débardage du bois par les chevaux lourds : Boulonnais, Percheron et autres.

 

Le directeur des haras, François Clos, l’année suivante me proposa d’organiser, avec le concours du haras de Compiègne, La Route du poisson.

 

Cette course emprunte l’ancien chemin des chasse-marée, corporation qui, du Moyen Âge au milieu du XIXe siècle, apportait quotidiennement le poisson frais le plus rapidement possible sur les marchés parisiens. Des chevaux de trait, le plus souvent boulonnais, étaient attelés à des ballons de marée, voitures hippomobiles à deux roues, chargées de près de 4 tonnes de poisson. Les itinéraires empruntés par ces mareyeurs et couverts en moins de 24 heures partaient des ports de la Manche, dont Boulogne-sur-Mer, longeaient la côte jusqu’à Abbeville, traversaient la Picardie, pour arriver dans Paris par le boulevard Poissonnière et, enfin, atteindre le quartier des Halles »

 

Avant de rejoindre les halles de Paris, les mareyeurs approvisionnaient également des villes comme Amiens et Beauvais. Par temps pluvieux et venteux, depuis Boulogne-sur-Mer ou depuis les ports de la baie de Somme, les chevaux empruntaient le circuit des chasse-marée. Une course contre le temps, une journée et une nuit à transporter une denrée fragile, il fallait alors soumettre les bêtes à un train soutenu, tout en veillant à ne pas les crever. Certains relais de poste étaient utilisés pour en changer.

 

 

Très consommé sous l'Ancien Régime où les congrégations religieuses aux règles strictes faisaient florès, le poisson, notamment celui pêché en Manche, devait approvisionner rapidement les marchés intérieurs dont ceux de la capitale. L'acheminement par la poste de cette denrée hautement périssable se révélant des plus aléatoires, les mareyeurs de la région prirent l'initiative de développer leur propre réseau. La « route du poisson » était née. Longue de 70 lieues – près de 300 de nos kilomètres – elle reliait les ports du Pas-de-Calais à Paris, jalonnée de relais pourvus en robustes juments. Ces « mareyeuses », comme on les appelait, appartenaient à la race du fameux trait du Boulonnais – à l’origine un cheval lourd qui a été croisé avec des pur-sang arabes pour obtenir un cheval à la fois résistant et rapide – des chevaux du terroir d'une puissance de traction énorme et d'une endurance exceptionnelle.

 

Les chasse-marée, dont les origines remontent au XVIe siècle, entraient à Paris par la rue des Poissonniers, puis empruntaient la rue du Faubourg-Poissonnière et enfin le faubourg du même nom jusqu'à la rue Coquillière débouchant sur les Halles. « Les congrégations religieuses y avaient obtenu de pouvoir se servir en premier dès cette denrée fraîchement arrivée. Car, si notre route du poisson se fait en vingt-quatre heures, les chasse-marée, eux, arrivaient plutôt en dix-huit heures, ne changeant de chevaux que toutes les deux ou trois étapes », raconte le responsable de l'épreuve.

 

Ces fourgons ou « ballons », tirés par 5 chevaux, étaient constitués de ridelles en osier à claire-voie au fond de cordes entrecroisées, le tout assemblé par quelques pièces de bois en guise de cadre monté sur deux hautes roues en bois aux jantes de fer. « On alternait caisses de poisson et couches de varech pour garder la fraîcheur. Le tout, recouvert d'une grande bâche, donnait l'aspect de gros ballons. »

 

Le passé de cette route est riche d'anecdotes. « On a retrouvé le texte d'une chanson, mais jamais l'air, évoquant l'histoire de ce mareyeur qui n'a jamais pu sortir de Boulogne, situé au fond d'une cuvette. Son ballon portait deux caisses de harengs de trop »

 

Dans un village du Val-d'Oise, au pied d'une côte, une plaque en émail indique encore sur le mur d'un café « chevaux de renfort » pour aider à la montée. A Beussent, Napoléon a recruté deux frères postillons dans sa garde personnelle. Le film « Vatel » explique les raisons du suicide du cuisinier du prince de Condé, propriétaire du château de Chantilly : le poisson n'était pas arrivé à temps un jour que son maître recevait Louis XIV.

 

Journée nationale de Cheval, jardin des Tuileries, Paris 1er photos ICI 

 

Contenu

4-ENA-03146 : Les Gardians. 4-ENA-03147 : Une cascade. 4-ENA-03148 : Danseuses en coulisses. 4-ENA-03149 à 4-ENA-03150 : Chevaux de trait. 4-ENA-03151 : Garde républicaine, le maréchal ferrand. 4-ENA-03152 : Garde républicaine, préparation pour le carrousel des lances

 

Sources

  • La Route du Poisson Le sport au service du patrimoine par Olivier Pégard Université Paris XII et Jérôme Pruneau Université de Montpellier I ICI 

 

  • La route du poisson relance le cheval de trait du Boulonnais NICOLE BUYSE 05/08/2002 ICI 
LES CHASSE-MAREE : LES VOITURIERS DE LA MER

 

ICI 

 

 

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15 août 2018 3 15 /08 /août /2018 06:00
Pendant que Bernard Burtschy en fout plein la musette aux rosés de Provence moi je vous parle de celui du domaine Camaïssette d’Olivier Nasles

Sur face de bouc le 28 juillet Bernard Burtschy  écrivait :

 

« Beaucoup de rosés, de Provence et d'ailleurs, ont atteint un tel niveau de médiocrité qu'il n'est même plus possible de les distinguer des importations à petits prix.

 

Pourtant, il en existe une poignée qui résiste comme celui élaboré par Roselyne Gavoty au domaine éponyme. Et vous pouvez l'oublier plusieurs années en cave, il n'en sera que meilleur.

 

Dans la courte liste, il faut rajouter Château de Roquefort et Sainte Roseline (pas toutes les cuvées) en Côtes de Provence, château Simone à Palette et quelques bandols (Pibarnon, Sorin, Olivette, La bégude, Tempier).

 

Tout le reste ou presque ne vaut pas tripette, même au bord de la piscine. Et quant à la pénurie, vaste rigolade: une "fake news" bien dans l'air du temps. »

 

Et ça foutait le bordel dans le Landerneau des visages pâles, pardon des roses pâles. Moi, vu que le rosé de Provence me laisse aussi froid qu’un glaçon destiné à le rafraîchir,  comme disait Chirac « ça m’en touche une sans faire bouger l’autre… »

 

Et pourtant, n’étant pas à une contradiction près me voilà qui achète à la file 3 rosés : un nature du Luberon, un Thunevin-Calvet qui mettait Laurence dans tous ses états et enfin un rosé des Coteaux d’Aix-en-Provence du domaine Camaïsette, signé Michelle Nasles.

 

 

Michelle Nasles est la maman d’Olivier Nasles qui signe le vin avec elle sur la contre-étiquette.

 

Souvenirs, c’est l’âge !

 

Je pourrais commencer par écrire qu’Olivier Nasles est une huile puisque je l’ai connu lorsqu’à la SIDO je tentais de réveiller les producteurs d’huile d’olive de notre vieux pays ; dans ce monde de vieux endormis il décoiffait. D’ailleurs il prendra la tête de la jeune interprofession de l’huile d’olive : l’AFIDOL

 

 

Olivier est œnologue voir ICI

 

28 octobre 2008

 

Les 3 mêmes questions à Olivier Nasles œnologue engagé

 

« Il parait qu’il est tombé dans une barrique. 4ème génération d’une famille vouée entièrement au vin, il co-exploite aujourd’hui avec sa mère, présidente des Coteaux d’Aix, le domaine de Camaïssette, exploitation de 25 hectares, en AOC et, aussi, en oliviers, sa dernière passion. Depuis1986, il est patron d’un laboratoire d’œnologie, créé lors de son 25ème anniversaire.

 

C’est bien une huile puisque :

 

« En 2004 il siège au CN de l’INAO et depuis 2007 il est Vice-président du CAC (Conseil Agrément et Contrôle) de l’Institut  devenu National de l’Origine et de la Qualité et il est membre de son Conseil Permanent. »

 

Sa position éminente au CAC me permettait de lui tailler un costard :

9 juin 2008

Le CAC 51 : le croskill de la qualité des vins AOC

Lire ICI 

 

Au JO du 18 Février 2017  

          

M. Nasles (Olivier) à Eguilles (Bouches-du-Rhône) est nommé président du comité national de l'agriculture biologique de l'Institut national de l'origine et de la qualité (INAO)

 

 

Olivier Nasles : « Si elle veut survivre, l’oléiculture provençale est condamnée à se réformer »  ICI 

 

25 juillet 2017

 

« La production française représentant moins de 5 % de la consommation nationale, il faut, selon lui, renouveler la vision du travail des oléiculteurs en prenant compte des nouveaux enjeux économiques et écologiques. « Notre production moyenne est ridiculement basse par rapport à des productions marocaine, espagnole, tunisienne. Là où nous allons récolter 200 à 300 litres d’huile pour un hectare, un oléiculteur marocain va en obtenir 1 000 à 1 200 litres. Pourtant certains paysans français sont capables de produire 700 à 800 litres par hectare ! Je prends leur exemple pour les autres producteurs et les avertis : « Certains peuvent le faire, pourquoi pas vous ? »  clame le président du syndicat. Le problème c’est qu’il y a un manque de professionnalisation du secteur. Nous sommes des agriculteurs compétents mais les oliviers sont un complément de récolte. La plupart des oléiculteurs focalisent leurs efforts principalement sur la vigne, les fruits et les légumes ».

 

Fort bien me direz-vous mais le rosé du domaine Camaïssette qu’en penses-tu Ô grand dégustateur ?

 

Eulala, comme dit ma copine Camille, grande vendeuse de vin nu, je ne me sens pas qualifié et j’ai bien envie de demander à Bernard Burtschy car lui en connaît un rayon du côté des rosés de Provence...

 

Il est bio, normal Olivier préside le comité bio de l’INAO, ça va faire plaisir à ma copine Laurence.

 

Je le trouve un peu pâlichon, il m’a coûté 6 euros 10.

 

Il fait 13°

 

Pour l’heure la bouteille est au frigo, elle attend… Rassurez-vous je la boirai…

 

 

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14 août 2018 2 14 /08 /août /2018 05:45
Après sa spectaculaire condamnation par la justice californienne Monsanto dit Monsatan entre dans une phase de turbulences, l’ardoise pourrait s’élever à plusieurs milliards de dollars.

Je suis et je reste un éternel 68 hard, pour moi Monsanto c’est également le fabricant du tristement célèbre agent orange, le défoliant utilisé par l’armée américaine pendant la guerre du Vietnam.

 

Quel bonheur de voir que, dans le pays des lawyers pitbull, la firme, c’est une première, vient  de se voir frappé au porte-monnaie. Au-delà du débat scientifique, les liens de causalité sont toujours difficiles à établir, le terrain judiciaire aux USA est fertile, il produit des millions de dollars. Je rappelle que tous les pesticides sont des poisons violents, en témoigne la tête de mort floquée sur les bidons. Le combat pour leur éradication est un combat citoyen, juste et porteur d’une agriculture respectueuse à la fois des femmes et des hommes qui la pratiquent et de son environnement.

 

La spectaculaire condamnation de Monsanto par la justice californienne, ce week-end, pourrait n’être que le prélude à des centaines de procès susceptibles de coûter des milliards de dollars au géant de l’agrochimie, tout juste racheté par l’allemand Bayer.

 

Le verdict est tombé « comme une bombe », raconte Le Temps. Vendredi soir, après huit semaines de procès et trois jours de délibérations, un jury californien a condamné Monsanto – « Monsatan », pour ses nombreux détracteurs – à payer « 289 millions de dollars à Dewayne Johnson, un jardinier américain de 46 ans ».

 

Le verdict californien, qui va faire jurisprudence, fait passer ce débat scientifique au second plan, selon Le Soir. « Monsanto entre dans une phase de turbulences » et « l’ardoise pourrait s’élever à plusieurs milliards de dollars », assure ainsi le quotidien belge. Car derrière M. Johnson, « ils sont plusieurs milliers de plaignants sur le territoire américain, à fourbir leurs armes et à réclamer des indemnités ».

 

La BBC estime elle aussi que « les implications du verdict se feront ressentir bien au-delà du siège de Monsanto » à Creve Coeur, dans le Missouri. L’un des avocats de M. Johnson, Brent Wisner, cité par le média britannique, a déclaré que cette décision n’était que « la pointe de la lance » de futurs procès.

 

Selon un décompte de CNN, « plus de 800 patients ont traîné Monsanto en justice en 2017, affirmant souffrir d’un cancer provoqué par le Roundup. Depuis, des centaines d’autres plaignants – des malades de cancer, leur conjoint ou leurs héritiers – ont également poursuivi Monsanto pour des raisons similaires ». La chaîne américaine cite un autre avocat de M. Jonhson, Timothy Litzenburg, pour qui « 4 000 cas similaires sont en attente de procès dans les tribunaux de plusieurs États. C’est une grande victoire pour la santé humaine dans le monde », dit-il.

 

Souvenez-vous de l’affaire «Libieck vs. Mac Donald’s», en 1995, dans laquelle le fast-food fut condamné aux USA à verser près de 600.000 $ à une femme qui s’était brûlée avec un café…

 

En 2012, deux Américains ont porté plainte contre McDonald's après avoir bu du café à Chicago. La raison? Servi trop chaud, ils se seraient ébouillantés rapporte le Chicago Business. Parmi les victimes, une fillette de 4 ans qui a reçu du café sur les joues alors qu'elle apportait la boisson à sa grand-mère. Résultat: des brûlures au second degré qui lui laisseront des « cicatrices permanentes » selon la famille qui réclame 4 millions de dollars à McDonald's. 

 

La seconde victime, âgée de 35 ans, souffre pour sa part d' « horribles » brûlures sur les cuisses après avoir renversé son gobelet lors d'une virée dans un driving.

 

Dans le jugement rendu vendredi, le jury a répondu par l'affirmative à presque toutes les questions posées à l'encontre du groupe Monsanto. Selon l'énoncé de la décision, non seulement au moins l'un des deux produits utilisés par Dewayne Johnson a contribué à son cancer, mais Monsanto connaissait la dangerosité des substances, et a volontairement choisi de ne pas « accompagner ses pesticides d'un avertissement destiné au consommateur ».

 

Dans le détail, le géant américain a été condamné à 250 millions de dollars (218 millions d'euros) de dommages et à verser à Dewayne Johnson 39 millions de dollars (34 millions d'euros) d'intérêts compensatoires. Monsanto a fait appel du jugement.

 

Y a-t-il des cas similaires en France ?

 

En France, deux procédures sont encore en cours contre l'entreprise d'agrochimie.

 

La première est une affaire concernant un agriculteur céréalier charentais, Paul François, qui a porté plainte en 2007 contre Monsanto, l'accusant d'être responsable de sa maladie. Paul François a manipulé pendant des années le Lasso, un puissant herbicide, avant de subir cinq mois d'hospitalisation, une amnésie de onze jours et plusieurs comas. En 2015, la cour d'appel de Lyon a donné raison à l'agriculteur, mais la décision a été cassée par la Cour de cassation, et est en attente d'un nouveau jugement.

 

La deuxième affaire est la plainte d'une mère de famille qui accuse le glyphosate d'être responsable des malformations chez son fils, Théo. Elle avait utilisé du désherbant pendant sa grossesse. En 2016, à seulement 7 ans, Théo avait déjà subi une cinquantaine d'opérations.

 

L’issue du procès Monsanto pourrait inspirer la Suisse

 

«Cette décision me donne espoir.» Ce week-end, Adèle Thorens Goumaz a guetté la nouvelle et s’est empressée de la partager sur son compte Twitter. Et pour cause: pour la conseillère nationale verte, son impact serait non négligeable. «Qu’un tribunal reconnaisse le lien de cause à effet entre un cancer et l’utilisation du glyphosate est un signal fort», souligne-t-elle.

 

Dans ce contexte de controverses scientifiques (l’OMS a de son côté classé le glyphosate «cancérogène probable»), l’issue du procès de Dewayne Johnson ferait justement office de marqueur clair, estime la députée. «Les décideurs sont constamment renvoyés d’une étude à l’autre, ce qui ne rend pas leur tâche facile. Cette décision peut donc avoir un réel impact politique.»

Un impact qui pourrait bien rayonner jusqu’en Suisse, où «l’affaire glyphosate» est loin d’être classée. Après avoir rejeté une motion des Verts en novembre dernier exigeant l’interdiction totale de la substance, le Conseil fédéral adoptait en mai un rapport selon lequel une trop faible quantité de glyphosate avait été retrouvée dans les aliments pour suggérer un quelconque risque sanitaire.

 

 

France info : Que pensez-vous de cette condamnation ?

 

José Bové : Je me félicite de ce jugement comme tous les opposants à Monsanto, au Roundup et au glyphosate, parce que ce n'était pas gagné d'avance. Monsanto a tout fait pour faire traîner en longueur ce procès et heureusement qu'il y a eu la ténacité de ce jardinier américain. C'est une formidable victoire.

 

  • Monsanto fait appel de ce jugement. En France, le groupe a été condamné en 2012, mais le jugement a été cassé il y a un an. Monsanto a l'habitude de faire traîner les procédures ?

 

Cela fait des années que Monsanto sait que son produit est dangereux, ils ont essayé de la cacher, mais dans ce procès des preuves ont montré qu'ils savaient que le produit était dangereux. On a des industriels voyous qui savent que leurs produits sont dangereux pour la santé et la biodiversité, qui continuent à en faire le commerce et qui refusent d'assumer leurs responsabilités. Là, ils sont enfin pris la main dans le sac. Ce jugement va faire date, même si Monsanto a fait appel. Monsanto a refusé de venir devant une commission parlementaire en disant qu'il n'en avait rien à faire du Parlement européen.

 

  • Il y a 5 000 procès potentiels aux ÉtatsUnis contre Monsanto. Qu'attendez-vous maintenant ?

 

J'espère que les États et l'Union européenne vont prendre l'ensemble de la responsabilité de la situation. On a parlé en France d'arrêter le glyphosate dans trois ans. Après ce résultat, ce n'est pas dans trois ans, mais dans un an qu'il faut arrêter le glyphosate et qu'il n'y ait surtout aucune possibilité de dérogation. On voit bien les lobbys en train de dire que pour tel type de production ils ne peuvent pas se passer de glyphosate. C'est un mensonge éhonté. J'en appelle à la grande distribution en lui disant d'étiqueter les produits sans glyphosate. Il faut qu'il y ait une pression des citoyens, des paysans responsables pour qu'on arrête de vendre ces produits de mort.

 

  • Vous demandez au gouvernement d'aller plus loin. Mais la France est plutôt en pointe dans ce combat. Que souhaitez-vous vraiment ?

 

Quand il y a eu le débat européen sur le glyphosate, la majorité des États étaient pour qu'il y ait un renouvellement, certains voulaient 15 ans d'autres 10 ans, au final au niveau européen c'est cinq ans. Malheureusement, on ne sait pas ce qu'il va se passer dans quatre ans puisque le Roundup pourra à nouveau être réutilisé au niveau européen. Donc, les produits italiens, espagnols ou autres pourront utiliser du glyphosate, même quand la France l'aura interdit dans trois ans. Je voudrais qu'on aille beaucoup plus vite et beaucoup plus loin et qu'on annonce clairement avec une date, claire et nette, l'interdiction de l'utilisation et de la vente du produit sur le territoire français. Qu'on arrête de nous dire que, si on arrête le glyphosate, il va y avoir une distorsion de concurrence avec des pays qui eux ne l'interdisent pas. La question de la santé est une question trop importante pour la laisser aux mains de marchands qui veulent continuer à faire du business.

 

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13 août 2018 1 13 /08 /août /2018 06:00
Entre Jean-Luc Thunevin et moi tout a commencé en janvier 2008 et pourtant je ne suis jamais retourné à Maury en dépit de l’invitation de Marie Calvet.

Le pauvre Jean-Luc que je présentais en janvier 2008 : « ancien ouvrier forestier, disc-jockey, employé de banque et marchand de vin » je l’avais rebaptisé : THUVENIN.

 

Ça l’a fait beaucoup rire. Tout autre que Jean-Luc se serait offusqué mais lui prit la chose du bon côté en soulignant que l’alliance de la thune et du vin suffisait à son bonheur alors que le venin venait d’ailleurs. Après ce contact purement épistolaire Jean-Luc et moi nous avons dû nous rencontrer physiquement, de manière tout aussi pure, au salon de la RVF.

 

 

Lire  ICI  « Autour d’une bouteille » consacré à Murielle Andraud et Jean-Luc Thunevin sobrement titré « le Vin de garage ». C’est chez Elytis. 14€. Le questionneur-dégustateur est Gilles Berdin. Jean-Luc me l’a porté en mains propres à sa descente du TGV de Bordeaux.

 

Même si j’ai viré naturiste, je ne suis de ceux qui renient l’amitié et avec Jean-Luc, les racines sont profondes mais vous n’avez besoin de savoir.

 

Et puis, y’a Maury !

 

Souvenir d’un vendredi soir, lors de ma mission Vin Doux Naturels, où je suis monté avec Jean-Pierre Borie, enfant du pays, à Maury pour une réunion, à la salle omnisports, avec les viticulteurs de Maury, englués dans la crise, piégés par les tenants de l'immobilisme, « rien que du vin doux », le président de la cave coopérative en tête. La salle était pleine, presque tout village. C’était chaud mais sans agressivité, de l’angoisse, de l’écoute. J'en garde un souvenir fort et la conviction profonde que le devoir de vérité est dû à ceux et celles qui, dans leurs vignes, leurs caves, le quotidien de notre viticulture. Rien n'est jamais acquis, rien n'est jamais perdu.

 

Bref, le Jeudi 14 février 2008 via le blog du Jean-Luc j’ai reçu cette lettre :

 

M. Berthomeau,

 

Nous nous rappelons aussi très bien de votre venue à Maury. Vous avez été reçu, vous l’avez dit par une  assistance nombreuse. Ces hommes et ces femmes étaient à l’époque inquiets de la situation, découragés, las. Pire, ils ne croyaient plus en ce qui avait représenté toute une vie pour certains, l’avenir pour d’autres : leur métier, la vigne.

 

C’est dans ces circonstances que vous avez fait connaissance avec Maury.

 

Peu après votre venue, une nouvelle équipe dirigeante a pris la tête de la coopérative. Oh, le changement ne s’est pas fait en douceur, bien qu’une grande majorité des coopérateurs aient donné leur confiance à Paul Armingaud et son équipe. Mais peu à peu, grâce à des décisions justes et une ligne de conduite inflexible, la situation s’est améliorée. Mise en place d’un cahier des charges, lignes de rémunérations différentes en fonction de la qualité des apports, meilleur choix des partenaires commerciaux ont été des stratégies qui ont porté leurs fruits en quelques années. Bien sûr, il y a aussi eu des licenciements, des sacrifices à faire, tant au niveau du personnel que des coopérateurs. Mais aujourd’hui, la situation financière de la cave est assainie et les rémunérations aux coopérateurs ont recommencé à augmenter.

 

Bien qu’ayant quitté la Cave coopérative en 2004, pour poursuivre notre chemin avec Jean-Luc, nous avons gardé avec elle d’excellentes relations, commerciales comme amicales.

 

Il en va de même de nombreuses autres caves particulières. Cette entente entre producteurs est même devenue un atout puisque a été créé en 2007, à l’initiative de la municipalité, La Maison du Terroir et son association regroupant une vingtaine de caves particulières et la Cave Coopérative dans le but de promouvoir les vins de Maury autour d’un bar à vin et d’un restaurant de qualité.

 

Alors bien sûr, aujourd’hui, il y a encore quelques individus (les innommés ..?) qui croyant pouvoir s’exonérer de leurs fautes passées tentent d’enrayer cette mécanique de la réussite qui est en place à Maury et qui n’est pas de leur fait.

 

Mais, le fait est, Monsieur Berthomeau, que si vous reveniez aujourd’hui à Maury (et je souhaite que cela soit possible) vous seriez certainement accueilli par les mêmes personnes qu'il y a quelques années ; la différence, c’est ce que vous trouveriez dans leurs yeux : la fierté ! La fierté de pouvoir faire le métier qu’ils aiment et en vivre.

 

Maury, nouvelle St Emilion du Roussillon ? Le Châteauneuf du Sud ? Nous y croyons !  Nous en avons aujourd’hui retrouvé l’ambition! Parce que des hommes comme vous et comme Jean-Luc Thunevin ont commencé à y croire et à nous convaincre que c’était possible.

 

 Revenez nous voir, Monsieur Berthomeau, Maury a retrouvé son âme. 

 

Marie Calvet

 

Pourquoi cette remontée de souvenir ?

 

Tout bêtement, baguenaudant sur le boulevard Saint-Germain vendredi après-midi je suis entré à La Maison Des Millésimes  37 Boulevard Saint-Germain, 75006 Paris, haut-lieu des GCC, pour faire un peu de provoc en demandant du vin bleu.

 

Plus sérieusement, après avoir causé de tout et de rien avec Thomas le caviste je suis reparti avec une boutanche de la Cuvée Constance 2016 de Thunevin-Calvet. 10 euros.

 

Voilà c’est écrit, et je suis prêt à retourner à Maury si Jean-Luc m’y conduit dans sa Porsche-Cayenne noire – je déconne – nous convierons Isabelle Saporta qui, comme moi, adore Jean-Luc.

 

 

 

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12 août 2018 7 12 /08 /août /2018 07:00
 © AFP/Archives / ANDER ARRIZURIETA

© AFP/Archives / ANDER ARRIZURIETA

Lors de ma première sortie sur mon nouveau destrier électrifié, j’ai acheté ce livre à l’Écume des Pages sans n’avoir lu aucune critique, au feeling, à son odeur si je puis m’exprimer ainsi, l’un des libraires m’a dit : « Très bon choix !»

 

Et puis, il est resté dans ma pile de livres. J’étais dans ma période Philip Kerr.

 

Je l’ai ouvert un soir et je ne l’ai plus quitté.

 

 

125 petits chapitres.

 

« Aramburu ramasse les morceaux et fabrique une mosaïque de 125 petits chapitres. La chronologie linéaire de ces quarante années est bousculée, déjouée par la nécessité de dire un chaos. La journée pluvieuse du meurtre est ainsi narrée en plusieurs endroits du roman, décomposée en parcelles, faisant retour à travers plusieurs regards de manière obsédante. Les personnages émergent dans une narration éclatée où les voix et les points de vue s’entremêlent et où se dilue habilement la responsabilité narrative, comme si le narrateur avait à cœur de montrer, sans dissimuler aucun crime, que « tout le monde a ses raisons », selon la belle formule de Jean Renoir. »

 

Le premier soir j’ai envoyé, à minuit, un SMS à mon ami Jean-Louis un peu basque sur les bords « l’as-tu acheté ? »

 

Le lendemain, après avoir lu les critiques, la réponse fut radicale « J’y cours ! »

 

Faites comme lui !

 

Courrez l’acheter…

 

Fernando Aramburu, l’auteur, annonce la couleur :

 

« J’ai dénoncé sans haine le langage de la haine, et l’oubli tramé par ceux qui essaient de s’inventer une histoire au service de leur projet et de leurs convictions totalitaires ».

 

Patria : «Patrie»

 

ETA acronyme d’Euskadi Ta Askatasuna, signifiant Patrie basque et liberté.

 

Il faut se familiariser avec les noms et prénoms des personnages, Txato, Txopo, Patxo, Aránzazu, Paxti, Arantxa, mais on s’y fait, pour les expressions en euskera dans le texte, ama, amora, aberzale, cipayo,ekintza, picoleto, txibato… etc il y a un glossaire à la fin du livre.

 

Ce que montre avec justesse ce roman, c’est l’inextricable réalité quotidienne d’un monde clos, le village, de l’activisme borné, d’une machine de la terreur qui tourne sur elle-même, de la peur, de la lâcheté ordinaire, du repli sur le clan, le chantage via l’extorsion de l’impôt « révolutionnaire », les tyrannies locales, les silences complices, la lâcheté de la majorité, l’héroïsme de quelques-uns, de l’acculturation politique d’une Miren, qui a pleuré la mort de Franco, qui versera dans la cause pour la défense de son fils Joxe Mari passé par la case commando terroriste, et qui séjourne en prison, d’un clergé local opportuniste, des complicités de l’autre côté de la frontière, de la bestialité de certains chefs de l’ETA.

 

«Patria est comme un train qui passe sur des rails parallèles, tenus l’un à l’autre, le premier rail étant celui des victimes d’ETA, l’autre celui des assassins, même si ces derniers se sentent aussi victimes, en l’occurrence de l’Etat espagnol, des gardes civils, de la répression policière. Ces deux rails s’attirent, se repoussent, vivent dans la dépendance l’un de l’autre».

José Carlos Mainer, critique littéraire

 

«Les années de plomb ont imprégné les consciences, au point que jusqu’à aujourd’hui, la plupart ont intériorisé la peur de l’autre, la fascination hypnotique pour le terrorisme et la lâche distance vis-à-vis des familles de victimes et des gens menacés»

Fernando Savater, philosophe basque lui-même sous escorte policière pendant une grosse décennie pour avoir haut et fort dénoncé «la nature fasciste» de l’organisation armée séparatiste.

 

Pour Florencio Dominguez Irribaren, directeur du Centre pour la mémoire des victimes du terrorisme, l'un des meilleurs connaisseurs de cette question, « Patria a plus fait que bien des analyses pour décrire les années de terrorisme au Pays Basque »

 

«Je souhaite que les générations à venir sachent ce qui s’est passé, et qu’elles le sachent à partir de versions qui ne blanchissent pas l’histoire. Avec mon roman, j’ai voulu contribuer à la défaite culturelle d’ETA Fernando Aramburu

 

Un pavé de 600 pages qui décrit, avec simplicité, en phrases courtes, incisives, la complexité des années de violence au Pays basque, l'implacable pression de l'idéologie nationaliste sur la population

 

Il a été vendu à plus de 700 000 exemplaires depuis sa sortie à l'automne 2016, douze éditions, des traductions dans cinq langues, dont le français.

 

L’ETA responsable de la mort de 829 personnes depuis près d’un demi-siècle, l’organisation séparatiste armée ETA a décrété un «cessez-le-feu unilatéral» le 20 octobre 2011. Et, suivant le chemin qui mène inéluctablement à leur disparition totale, les terroristes viennent d’annoncer leur désarmement complet.

 

« Si Patria a touché les consciences, c’est avant tout parce que de nombreux Basques ont pu se reconnaître dans la trame de cette fiction où, cependant, tout est vrai. Dans un village imaginaire du Guipúzcoa, la région autour de Saint-Sébastien (à la fois la plus bascophone et la plus indépendantiste), l’auteur nous narre les rivalités entre deux familles aux destins opposés, dont chaque leader est une femme. Miren et Bittori sont des etxekoandreak, ces femmes au foyer au fort caractère, représentatives de la nature matriarcale de la société basque traditionnelle. »

 

« Aramburu fait le choix de la présenter sous la forme d’une tragédie familiale couvrant un peu plus de deux générations. Bittori, villageoise en exil à Saint-Sébastien, pleure son mari Le Txato, patron d’une petite entreprise de camions, abattu à deux pas de chez lui, après un long harcèlement de graffiti et de lettres de menaces, pour avoir refusé de payer « l’impôt révolutionnaire ». L’amie d’enfance de Bittori, Miren, restée au village, récrimine contre l’incarcération interminable, au fond de l’Andalousie, de son fils Joxe Mari, membre de l’ETA ayant appartenu au commando qui a assassiné Le Txato. »

 

« Beaucoup soulignent la force cathartique du roman. A commencer par le réalisateur Aitor Gabilondo, chargé de la future adaptation télévisuelle : «Lorsque ETA était en activité, on vivait dans une sorte d’étau mental, comme sous une dictature sociale où tu ne peux rien dire contre ces seigneurs de la guerre et tous leurs acolytes. Toutes les histoires du livre, je les ai vécues, je les ai entendues, mais personne ne les avait articulées dans un vaste récit. En lisant le roman, je me suis dit, enfin, on peut parler de tout haut et fort, on peut pleurer, on peut enrager, on peut regarder en face cette honte collective

 

« Plus qu’un chef-d’œuvre, ce récit est surtout un incroyable miroir pour tous. Certains se reconnaissent dans la douleur, d’autres dans le silence, d’autres encore dans l’hypocrisie. Quelle réussite !»

 

Extrait pages 398-399 : dialogue entre Xabier et son père le Txato

 

  • Bah, qu’ils viennent. Tiens, je les inviterai à dîner. Et s’ils me cassent les couilles, je ne leur ferai aucun don pour les fêtes. Ils vont apprendre qui est le Txato. Je suis plus basque qu’eux tous réunis. Et ils le savent. Jusqu’à l’âge de cinq ans, je ne parlais pas un mot de castillan. Mon père, qu’il repose en paix, a eu la jambe démolie par une rafale de mitraillette alors qu’il défendait Euskadi sur le front d’Elgueta. À la fin de sa vie, il serrait les dents chaque fois qu’il avait une crampe. Quoi, tu as encore mal ? demandions-nous. Que ce fils de pute de Franco aille se faire foutre, répondait-il. Il a fait trois ans de prison, et c’est miracle qu’on ne l’ait pas fusillé.

 

  • Que veux-tu me dire par là, aita ? Tu crois que ça intéresse l’ETA, ce qui est arrivé à ton père ?

 

  • Enfin, merde, ne prétendent-ils pas défendre le peuple basque ? Alors si je ne suis pas le peuple basque, dis-moi qui l’est ?

 

  • Aita, s’il te plaît ! Il faut te faire à l’idée que l’ETA est, comment dire ? un mécanisme d’action.

 

  • Si tu veux que je n’y comprenne rien, continue sur cette voie.

 

  • L’ETA doit agir sans interruption. Il n’a pas le choix. Il y a belle lurette qu’il est tombé dans l’automatisme de l’activisme aveugle. S’il ne fait pas de mal, il n’est pas, il n’existe pas, il n’a plus aucun rôle. Cette façon mafieuse de fonctionner dépasse la volonté de ses membres. Même les chefs ne peuvent s’y soustraire. Oui, d’accord, ils prennent des décisions, mais c’est l’apparence. Ils ne peuvent en aucun cas ne pas les prendre, car une fois que la machine de la terreur est lancée, rien ne peut l’arrêter. Tu comprends ?

 

  • Rien du tout.

 

  • En ce cas, lis les journaux.

 

  • Je crois que tu t’inquiètes beaucoup trop.

 

  • On a tué Yoyes, une ancienne dirigeante de la bande. Ils n’ont aucune compassion pour leurs membres et tu voudrais qu’ils en aient pour toi, parce que ton père s’est battu il y a cinquante ans dans un bataillon de gudaris ? Allons donc ! C’est ta naïveté qui m’inquiète.

 

  • Aita : père

 

Gudaris: combattant pour la cause basque

 

Dolorès Gonzalez Katarain, alias Yoyes, la première femme dirigeante de l’ETA, dans les années 1970. Elle fut assassinée par cette même organisation en 1986, car elle s’opposait à la ligne dure de l’organisation.

 

Sources :

 

  • Patria, Fernando Aramburu

Ecrit par Nathalie de Courson 09.05.18 dans La Une Livres, Les Livres ICI 

 

  • Patria, le roman cathartique du Pays basque espagnol  ICI 

 

  • « PATRIA», CATHARSIS À LA BASQUE  ICI 
Lisez Patria le magnifique roman de Fernando Aramburu, les années de plomb en d’Euskal Herria la folie meurtrière de l’ETA

Qu’est-ce que l’organisation séparatiste basque ETA ?

Euskadi Ta Askatasuna a annoncé mercredi sa dissolution. Retour sur un mouvement aux méthodes violentes.

 

LE MONDE | 04.05.2018

Par Cyrielle Chazal

 

L’Euskadi Ta Askatasuna (ETA, Pays basque et liberté) a officialisé sa dissolution, mercredi 3 mai. « ETA, organisation socialiste révolutionnaire basque de libération nationale, veut informer le peuple basque de la fin de son chemin », annonce son communiqué.

 

L’ETA réclame l’indépendance d’Euskal Herria, ou « Pays basque », un territoire à cheval entre la France (16 %) et l’Espagne (84 %). Cet espace de plus de 20 500 km² et plus de 3 millions d’habitants se compose de sept provinces de culture et langue basques. Les provinces de Labourd, Basse-Navarre et Soule sont en France, dans les Pyrénées-Atlantiques. Quatre autres sont en Espagne, dans la communauté autonome basque et en Navarre. « Les revendications n’ont pas évolué », résume Barbara Loyer, chercheuse spécialiste du nationalisme basque.

 

Si le mouvement s’est scindé à de multiples reprises, son idéologie n’a pas changé. « Le ciment central a toujours été le nationalisme et le projet d’indépendance. » Retour sur cette organisation classée terroriste par l’Union européenne jusqu’en 2009.

 

Un mouvement anti-franquiste

 

A sa création en 1959, l’ETA est un mouvement qui s’oppose au régime fasciste de Francisco Franco, dirigeant de l’Espagne entre 1939 et 1975. Il est fondé par des membres de la revue clandestine Ekin (« agir ») et de jeunes dissidents du Parti nationaliste basque (PNV). Il entend d’abord défendre l’identité basque face au régime franquiste.

 

En décembre 1973, l’ETA assassine l’amiral Luis Carrero Blanco, alors chef du gouvernement et potentiel successeur de Franco. Le meurtre de « l’ogre », surnom donné par ses opposants, constitue l’action la plus frappante d’ETA sous l’ère franquiste. « En 1974, cet attentat est ressenti comme fortement légitime bien au-delà du Pays basque », indique Daniel Hermant dans la revue Cultures et conflits. Les séparatistes racontent ce crime dans leur livre Opération Ogro : Comment et pourquoi nous avons exécuté Carrero Blanco, premier ministre espagnol (Seuil, 220 p.).

 

Rhétorique d’extrême gauche

 

L’ETA se dit aujourd’hui « socialiste » et on lui prête des inspirations communistes. Pourtant, « au départ, ETA n’a aucune sympathie particulière pour la classe ouvrière », écrit en 1983 le sociologue Francis Jauréguiberry, dans sa thèse intitulée « Question nationale et mouvements sociaux en Pays basque sud ». Ses fondateurs sont issus de la petite et moyenne bourgeoisie, notamment de la banlieue la plus aisée de Bilbao. Ses premiers militants considèrent même le marxisme comme « une vision a-nationale du monde et donc dangereuse pour le nationalisme basque », rappelle le chercheur. Ils sont contre le communisme.

 

Lors des grèves de 1962-1963, sévèrement réprimées par le régime franquiste, des ouvriers sont emprisonnés dans les mêmes prisons que les militants d’ETA. « La combativité des ouvriers et le grand élan de solidarité que leur mouvement suscite impressionnent énormément les premiers militants d’ETA », écrit le sociologue Francis Jauréguiberry. Dès 1963, le discours des séparatistes associent libération nationale et libération sociale. Ils désignent le franquisme, le centralisme castillan et le capitalisme comme les trois ennemis du peuple basque.

 

« Ces références ont permis à l’ETA d’agglomérer la population, et notamment la jeunesse, sensible aux idées d’extrême gauche », décrypte Barbara Loyer, chercheuse et présidente de l’Institut français de géopolitique. Ce glissement sémantique permet alors aux séparatistes de se distinguer du parti nationaliste basque, conservateur et catholique. Par exemple, un communiqué de 1972 des séparatistes justifie en ces termes l’enlèvement d’un industriel basque : « Pour nous, tous les patrons sont égaux (…). Qu’ils soient basques ou non ne change rien à l’affaire : tous sont nos exploiteurs ».

 

Violences et extorsions

 

Bien que l’ETA puise ses racines dans l’anti-franquisme, plus de 90 % de ses 829 victimes ont eu lieu entre la mort de Franco en 1975 et la fin de la lutte armée en 2011. Lors de l’avènement de la démocratie, tous les militants de l’ETA emprisonnés avaient été libérés à la faveur d’une amnistie générale prononcée en 1977 pour les crimes commis pendant la période franquiste. Cependant, « les séparatistes mènent alors une offensive en règle contre la démocratie espagnole », analyse la chercheuse Barbara Loyer.

 

Entre 1959 et 2010, ETA a causé la mort de 859 personnes.

 

Au total, 343 civils et 486 policiers et militaires ont été tués. Ses attentats à la voiture piégée ont notamment causé la mort de 12 gardes civils à Madrid en 1986, de 21 personnes en juin 1987 sur un parking de Barcelone ou encore 11 autres en décembre 1987, près d’une caserne de la garde civile à Saragosse. L’enlèvement puis l’assassinat, le 12 juillet 1997, de Miguel Angel Blanco, conseiller municipal d’Ermua au Pays basque âgé de 29 ans, a provoqué d’importantes manifestations en Espagne. En mai 2000, ETA assassine à Saint-Sébastien, dans le Pays basque, le journaliste José Luis Lopez de Lacalle, connu pour ses positions anti-ETA.

 

Aux meurtres de policiers et militaires, civils, journalistes et politiques s’ajoutent les extorsions, à travers « l’impôt révolutionnaire » imposés aux chefs d’entreprise. Une étude estime à 10 000 le nombre d’entrepreneurs extorqués sous la menace d’exécution. Au total, au moins 62 militants d’ETA ont été tués par des groupes paramilitaires clandestins, dirigés par de hauts fonctionnaires espagnols. 270 séparatistes sont actuellement incarcérés en France et en Espagne.

 

Fin de la lutte armée

 

Marginalisée au Pays basque, où la population est exaspérée par la violence, traquée par les autorités espagnoles et françaises, l’ETA – dont la vitrine politique, Batasuna, est interdite en 2003 – abandonne officiellement la lutte armée en 2011. Elle avait commis son dernier meurtre en 2010, tuant un policier sur le sol français lors d’un contrôle d’identité en Seine-et-Marne. Dans son communiqué du 3 mai, l’organisation, qui, d’après les experts, ne comptait plus qu’une vingtaine d’activistes la veille de sa dissolution, ne reconnaît pas l’inutilité des violences et assassinats commis. « Il n’ont jamais rien obtenu mais préfèrent mettre en scène leur dissolution comme étant l’entrée dans un nouveau cycle », analyse Barbara Loyer. Le parti indépendantiste Bildu, le plus proche d’ETA, a ainsi salué le début d’une « nouvelle ère ».

 

Malgré les nombreuses victimes assassinées par l’ETA, l’organisation tombe progressivement dans l’oubli depuis 2011 et l’abandon de la violence. « J’ai souvent dit par le passé que l’ETA disparaîtrait le jour où il faudrait non seulement expliquer ce qu’était cette organisation, mais encore tenter de faire comprendre son existence, confie à La Tribune de Genève le philosophe basque Daniel Innerarity. Mes enfants ont 16 et 14 ans. Dans leur école, certains de leurs camarades n’ont jamais entendu parler d’ETA. »

 

Pour approfondir

 

Extraits de la thèse « Question nationale et mouvements sociaux en pays basque sud », Francis Jauréguiberry, 1983

 

« La question basque au miroir de la violence », Daniel Hermant, revue Cultures et conflits

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12 août 2018 7 12 /08 /août /2018 06:00
Coup bas ou coup du sénateur Bas : qui se souvient du juge Halphen qui enquêtait sur le rapport fantôme de Xavière Tiberi et du procureur Laurent Davenas rapatrié en hélicoptère dans l’Himalaya sur ordre de Toubon garde des Sceaux ?

Dans l’immense affaire Benalla, qui fait les choux gras de la presse, des médias radio-TV, des réseaux sociaux, on nous présente le sénateur Bas, qui préside la commission d’enquête du Sénat, comme le monsieur « opération mani pulite » à la française, le frère de lait du juge Garzon, l’Eliott Ness du 6e arrondissement exilé dans la Manche…

 

Et là, je me marre grave !

 

Philippe Bas est l’archétype du haut-fonctionnaire qui a fait de la politique dans le système Chirac dont on connaît le haut degré d’honnêteté. »

 

Secrétaire général de l’Élysée sous Jacques Chirac et ministre dans le gouvernement Villepin de 2005 à 2007 (ministre délégué à la Sécurité sociale, aux Personnes âgées, aux Personnes handicapées et à la Famille, puis ministre de la Santé et des Solidarités), il est sénateur de la Manche depuis septembre 2011 et président du conseil départemental de la Manche depuis janvier 2016. 

 

Il est président de la Commission des Lois du Sénat depuis le 1er octobre 2014. »

 

Outre que ce probe sénateur fait partie d’un groupe au Sénat qui fait l’objet d’une enquête pour un possible système de détournement d'une partie des enveloppes destinées à rémunérer des collaborateurs parlementaires. Mais les élus contestent au pouvoir judiciaire le droit de contrôler l'usage des fonds mis à leur disposition pour leurs missions.

 

On a chez nous les gaulois des haridelles politiques amnésiques et qui se permettent de faire la leçon aux petits jeunots du nouveau monde.

 

« La voix d’un Philippe Bas claque aujourd’hui comme une revanche. Quand le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, tente le 26 juillet pendant son audition au Sénat de jouer la connivence entre grands commis de l’Etat – « Vous avez occupé le poste que j’ai l’honneur d’occuper aujourd’hui » –, le président de la commission d’enquête l’interrompt sèchement : « C’était la préhistoire et l’ancien monde, je veux bien reconnaître qu’il y ait des différences. »

 

De qui se moque-t-il ce gourmé qui se refait une virginité « Fini la vie parisienne : son chemin de Damas passera donc par Villedieu-les-Poêles – réputée pour sa fonderie de cloches –, et une élection de conseiller général, en 2008. « Ça a été l’acte de naissance du Philippe Bas politique. Il y a un métal qui s’est forgé ce jour-là », assure Frédéric Salat-Baroux, qui lui a succédé comme secrétaire général de l’Elysée de Jacques Chirac. Cela n’empêche pas l’élu d’aborder le chaland avec une circonspection propre aux hommes de l’ombre. »

 

Retour sur images pour éclairer votre lanterne sur l’incorruptible sénateur Bas :

 

Laissons la parole à Olivier Bertrand du journal Libération

18 novembre 1996

 

Un hélicoptère fantôme s'est écrasé bruyamment, samedi, sur le plateau de Canal +. Jacques Toubon, ministre de la Justice, était l'invité de Michel Field, dans l'émission l'Hebdo. Il a reconnu ce que le pouvoir politique s'obstinait à nier : un hélicoptère a bien été envoyé dans l'Himalaya, à la recherche du procureur de l'Essonne, Laurent Davenas, dont l'adjoint venait d'ouvrir une information judiciaire contre Xavière Tiberi, épouse du maire de Paris. Michel Field, qui anime l'émission, venait d'offrir au ministre la maquette réduite d'un Puma, lorsque Jacques Toubon a décidé de se mettre à table. «Quand le procureur est parti en vacances, a-t-il expliqué, il a donné des instructions très précises à la PJ, et notamment en ce qui concerne l'audition de Xavière Tiberi. Mais son adjoint (a pris) une décision inverse. Devant cette contradiction [...] on a cherché à savoir si le procureur confirmait la décision de son adjoint. Comme on a appris qu'il était parti au Népal, on a donc saisi la représentation française dans ce pays, qui, pour le trouver, a utilisé les moyens que l'on utilise à 5 000 mètres d'altitude, c'est-à-dire un hélicoptère.»

 

Le financement.

 

Le ministre reste malheureusement un peu vague.

 

Qui se cache derrière le «on», pilote de l'opération?

 

Selon l'hebdomadaire le Point, la décision est venue «des services du Premier ministre». Elle aurait été «financée sur les fonds secrets» de Matignon. Toubon a affirmé samedi que les frais ont été pris en charge par la représentation française au Népal. Le ministre a estimé que la procédure a été utilisée «de façon tout à fait régulière». Or le parquet est indivisible, et l'adjoint du procureur, Hubert Dujardin, disposait, au moment où il a ouvert l'information, des pleins pouvoirs. «Il assurait la continuité du service», reconnaît du reste Laurent Davenas, qui ajoute: «De toute façon, même si l'hélicoptère m'avait trouvé, je n'avais pas les éléments pour répondre à la question.»

 

Ce versant de l'expédition risque, de toute façon, de rester anecdotique après la tempête déclenchée par cette affaire au sein de l'exécutif. La semaine dernière, les ministères de l'Intérieur et de la Justice, ainsi que Matignon, n'ont cessé de nier l'histoire de l'hélicoptère. Mais cette position devenait intenable, à mesure que les informations sur l'expédition devenaient plus précises. Samedi, le ministre de la Justice a décidé de faire machine arrière.

 

Embarrassant dossier. L'étonnant déroulé de cette affaire montre à quel point le dossier Xavière Tiberi embarrasse le pouvoir. L'épouse du maire de Paris a touché 200 000 F en 1994 du conseil général de l'Essonne, où elle n'a jamais mis les pieds. Xavier Dugoin, président RPR du département, l'a embauchée en mars 1994, puis a renouvelé son contrat au lendemain des élections cantonales. En octobre 1994, il lui a confié la rédaction d'un rapport sur la coopération décentralisée. Cette très modeste contribution a été découverte par le juge d'instruction Éric Halphen, lors d'une perquisition au domicile des époux Tiberi. Le dossier est ensuite arrivé à Evry, où Laurent Davenas a demandé l'ouverture d'une enquête préliminaire. Le procureur, qui ne souhaitait pas ouvrir une information judiciaire dans l'immédiat, est parti à l'assaut des neiges éternelles.

 

Pendant son absence, son adjoint, Hubert Dujardin, a décidé d'ouvrir l'information contre Xavière Tiberi. Puis une autre instruction a été confiée au juge Jean-Marie D'Huy, sur un «manuel de corruption» retrouvé en mai 1996 en Essonne. A ces deux dossiers s'ajoutent des informations déjà ouvertes en Essonne à propos du salaire de madame Dugoin, que la justice soupçonne d'être fictif, et de ceux que des militants RPR touchaient de Parachini, groupe industriel qui travaille beaucoup avec les collectivités, et dont le directeur général est en détention préventive depuis quatre jours (Libération du 16 novembre). Une perquisition a été menée mercredi au conseil général, par les trois juges chargés des différents dossiers. La secrétaire du directeur de cabinet de Xavier Dugoin a été placée en garde à vue et interrogée toute la journée. Elle n'est ressortie libre qu'en début de soirée. Au même moment, Xavier Dugoin s'apprêtait à voir un match, confortablement installé dans une loge du parc des Princes. Un stade où on l'a vu fréquemment ces dernières semaines, aux côtés de Jean Tiberi.

 

Le procureur Laurent Davenas raconte comment et pourquoi un hélicoptère l'a cherché dans l'Himalaya

 

  • Le titre de votre livre, Lettre de l'Himalaya (Seuil), est une allusion ironique à l'histoire rocambolesque de cet hélicoptère qui vous a recherché au Népal, dans le cadre de l'affaire Xavière Tiberi. Que s'estil passé exactement?

 

Passionné de montagne, j'organise chaque année une excursion. En 1997, j'avais choisi l'escalade de l'Island Peak (6 200 mètres), au Népal. Quinze jours avant mon départ, je reçois, via le procureur de Créteil, des documents saisis par le juge Halphen dans l'appartement des époux Tiberi à Paris. Il est question d'un rapport sur la francophonie écrit par Mme Tiberi et de fiches de salaire provenant du conseil général de l'Essonne. Le juge pense visiblement qu'elle n'a pas rédigé ce rapport. Dans ce cas, j'applique ma règle personnelle: «A situation extraordinaire, solution ordinaire.» Je réunis mes substituts financiers et nous décidons de lancer une enquête préliminaire pour savoir si Mme Tiberi a bien bénéficié d'un «emploi cabinet» au conseil général. Nous saurons alors s'il y a lieu d'ouvrir une information judiciaire ou de classer sans suite. Je mets au courant, juste avant mon départ, le n° 2 du parquet, Hubert Dujardin, qui me remplacera en mon absence.

 

  • Vous partez donc le cœur léger...

 

Absolument. Direction Katmandou, puis le mont Kala Pattar. Le 2 novembre, je rejoins mes compagnons, qui sont restés à Pheriche. Quand je rentre dans le lodge, un éclat de rire m'accueille. Un ami médecin me dit: «Un hélico t'a cherché toute la journée et il a déposé une lettre pour toi.» Je pense d'abord à un accident familial, mais, quand je vois la fameuse lettre, je crois à une blague: une enveloppe à en-tête de l'ambassade de France à Katmandou, entièrement entourée de ruban adhésif, adressée à M. Davenas, procureur général de l'Essonne... (Une promotion: je ne suis que procureur.) A l'intérieur, un papier sans en-tête avec un texte surréaliste, maladroitement tapé à la machine: «Pour répondre à la question qui suit, veuillez cocher la case suivante: oui, non...», et la question: «Pouvez-vous confirmer le cadre préliminaire de vos enquêtes dans l'affaire Tiberi?» Seuls apparaissent les noms de Bernard Gravet, directeur central de la PJ, et de Marc Moinard (avec une faute d'orthographe), directeur des affaires criminelles... Eberlué, je lis la lettre à mes amis, qui pouffent de rire, ce qui me persuade qu'il s'agit d'une plaisanterie. Mon ami médecin m'assure pourtant que c'est vrai, et, d'ailleurs, l'hélicoptère doit revenir le lendemain matin chercher la réponse! Le lendemain, pas d'hélico. Je repars donc tranquille, persuadé qu'il s'agit d'une blague. Ce n'est que huit jours plus tard que je lis, en première page du Kathmandu Post: «Le procureur d'Evry (je croyais que c'était moi...) a ouvert une information sur l'affaire Tiberi.»

 

  • Dans cette comédie judiciaire, on a voulu vous faire jouer le mauvais rôle, celui de l'étouffeur en chef.

 

Cette histoire m'a considérablement meurtri. J'estime faire mon travail honnêtement, or on m'a présenté comme un pleutre et un manipulateur. Dujardin avait parfaitement le droit de faire ouvrir une information en mon absence. Toutefois, je soutiens que c'est une erreur technique - d'ailleurs, la procédure a été annulée. Et, surtout, il a laissé croire que je cherchais à étouffer l'affaire, alors que c'était exactement le contraire. J'en veux aussi à ceux qui ont organisé cette expédition, car ils ont voulu me piéger.

 

  • Vous évoquez dans ce livre tant votre travail dans l'Essonne que les relations entre le pouvoir et la justice. Il est très rare qu'un procureur parle si librement...

 

Je suis un procureur heureux et sans complexes qui est depuis vingt-cinq ans au service de ses concitoyens. Le dossier Xavière Tiberi est passé au pilon; la justice n'a pas été rendue, ni dans un sens ni dans l'autre. J'ai le droit d'en parler.

 

  • Votre attitude est paradoxale. Vous êtes très sévère pour les politiques et, en même temps, vous ne voulez pas couper le cordon entre la chancellerie (le pouvoir) et les procureurs.

 

Je reproche aux politiques leurs effets d'annonce, leur inculture judiciaire, leur entourage - ils ne choisissent presque jamais des hommes qui ont l'expérience du terrain. Pour autant, le procureur est le représentant des pouvoirs publics; il applique une politique voulue par le gouvernement. On ne peut pas poser le principe que les hommes politiques sont malhonnêtes ou pourris. La grande majorité d'entre eux font leur travail avec passion et probité. Le cordon, c'est le lien entre l'Etat et le droit; il fonde l'Etat de droit. Les «affaires» ne représentent que 1% de l'activité judiciaire. Que l'on confie donc à la Cour de justice les dossiers concernant les élus et qu'on nous laisse travailler pour le quotidien, dans les 99% restants. La semaine dernière, par exemple, j'ai organisé avec l'office HLM de l'Essonne une journée de formation pour les gardiens d'immeuble. Ça, c'est un véritable travail de prévention judiciaire.

 

Faites vos comptes des protagonistes de cette brillante équipée :

 

  • Jacques Toubon est Défenseur des Droits nommé par Hollande

 

  • Éric Halphen et Xavière Tiberi ont soutenu Macron, le juge Halphen s’est même présenté aux élections dans la Manche où il a pris une veste.

 

  • Laurent Davenas retraité de la magistrature en 2012, se spécialise dans la communication judiciaire, il met ses compétences au service de «la communication sous contrainte

 

  • Hubert Dujardin « Tintin judiciaire ? SaintJust ? Hubert Dujardin, tour à tour juge d'instruction ou parquetier, mais aussi juge correctionnel et conseiller technique au cabinet de Robert Badinter, a aussi été taxé de juge rouge ou gauchiste. »

 

  • M. JeanMarie D'HUY  avocat général près la cour d'appel de Versailles 15 Avril 2016 (il est rapporté, concernant l'affaire Clearstream, que les deux juges, dont JeanMarie d'Huy, se sont vu reprocher par le procureur de la République de Paris, Jean-Claude Marin, des méthodes qui « témoignent d'un mépris ou d'un manque de considération du ministère public ». Ces propos peuvent être compris dans le cadre du "jeu" opposant les juges d'instruction, indépendants, au parquet, soumis au pouvoir politique)
  •  

Reste le sénateur Bas à qui il faut rafraîchir la mémoire !

 

De Gaulle et son porte-plume constitutionnel, Michel Debré, aimaient tant le Parlement, Assemblée Nationale et Sénat, qu’ils l’ont cantonné dans un rôle de chambre d’enregistrement. Les commissions d’enquête parlementaire ne produisent rien d’intéressant car leurs conclusions sont toujours des compromis entre le parti dominant et son opposition.

 

Monsieur le sénateur Bas est un bel exemple du régime des partis Cette expérience permet au sénateur de juger avec sévérité la présidence d’Emmanuel Macron. « Le parti En marche n’existe pas, il n’a pas de racines idéologiques, pas de racines territoriales, pas d’expérience politique », fustige-t-il. Le pouvoir macronien, avant l’affaire Benalla, était jeune et insolent comme un héros du Quartier perdu, de Patrick Modiano, d’un « âge où les conseils sont inutiles et où ceux qui les donnent vous semblent prononcer des phrases bien vaines ».

 

« Le régime des partis, c’est la pagaille. » entretien télévisé avec Michel Droit, 15 décembre 1965 « Le régime des partis […] se montrait hors d’état d’assurer la conduite des affaires. Non point par incapacité ni par indignité des hommes. Ceux qui ont participé au pouvoir sous la Quatrième République étaient des gens de valeur, d’honnêteté, de patriotisme. »

 

Du côté des Marcheurs de Macron, avec cette buse de Ferrand, la présidente de la commission d’enquête Yaël Braun-Pivet, députée La République en marche des Yvelines, a elle aussi sombré dans l’attitude classique des godillots ; son co-rapporteur Les Républicains (LR) Guillaume Larrivé traîne lui aussi des casseroles.

 

Clap de fin, tout ça ne nous mène à rien, sauf à renforcer l’emprise des populistes extrémistes rouges-bruns…

 

 

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11 août 2018 6 11 /08 /août /2018 06:00
Comme un sous-préfet au champs, le dimanche du Taulier dans les festivités vineuses de Châtillon-en-Diois.

La fenêtre de ma chambre donnait sur la place de la mairie et, dimanche, aux aurores, le comité des fêtes de Châtillon s’activait, avec discrétion, autour de la fontaine. Les rues et les viols étaient déserts, la lumière était belle, il me fallait endosser mes oripeaux de petit reporter.

 

En me brossant les dents je pensais au sous-préfet aux champs d’Alphonse Daudet :

 

 

« Le sous-préfet est en tournée. Cocher devant, laquais derrière, la calèche de la sous-préfecture l’emporte majestueusement au concours régional de la Combe-aux-Fées.

 

Pour cette journée mémorable, M. le sous-préfet a mis son bel habit brodé, son petit claque, sa culotte collante à bandes d’argent et son épée de gala à poignée de nacre...

 

Sur ses genoux repose une grande serviette en chagrin gaufré qu’il regarde tristement.

 

M. le sous-préfet regarde tristement sa serviette en chagrin gaufré : il songe au fameux discours qu’il va falloir prononcer tout à l’heure devant les habitants de la Combe-aux-Fées :

 

— Messieurs et chers administrés...

 

Mais il a beau tortiller la soie blonde de ses favoris et répéter vingt fois de suite :

 

— Messieurs et chers administrés... la suite du discours ne vient pas.

 

La suite du discours ne vient pas... Il fait si chaud dans cette calèche ! »

 

Ici, le sous-préfet est à Die, je ne l’imagine pas venir, avec son bel habit brodé, sa casquette enguirlandée de feuilles de chêne et de feuilles d'oliviers brodées d'or, couper le ruban tricolore du Festival Arts et Vigne de Châtillon-en-Diois.

 

 

Aujourd'hui le costume de préfet et de sous-préfet comprend désormais trois tenues :

 

  • une tenue de cérémonie, constituée d'un veston croisé avec pattes d'épaules brodées et parements de manches brodés amovibles. Le pantalon comporte une bande de soie noire, la casquette est brodée d'or.

 

  • Les membres féminins du corps préfectoral portent une veste avec une jupe et une toque-tricorne de feutre uni bleu marine.

 

  •  une tenue de cérémonie d'été (notamment pour les préfets exerçant en Outre-Mer), analogue à la précédente, mais blanche

 

  • une tenue de soirée, habit à pattes d'épaules brodées, gilet blanc et pantalon à bande d'or.

 

Les parements de manches comportent pour le préfet des dents de cannetille et deux ramages juxtaposées de feuilles de chêne et de feuilles d'olivier (pour les sous-préfets pas de cannetille et une seule guirlande).

 

Les pattes d'épaules ont deux feuilles de chêne et deux feuilles d'olivier (une seule feuille d'olivier pour les sous-préfets)

 

La casquette comporte deux guirlandes de feuilles de chêne et de feuilles d'oliviers brodées d'or (une seule guirlande pour les sous-préfets)

 

L’heure n’est pas aux rêveries, je descends.

 

La boulangère d’à côté affiche une mine renfrognée, je lui achète un pain au chocolat pour me caler et je pars avec en mains mon petit Leica pour aller m’immiscer dans les méandres des viols voir ICI  où je shoote comme un mort de faim.

 

Je suis en manque de caféine, il est temps d’aller me caler un expresso au café des Alpes, et de lire la presse locale du jour.

 

 

Dans un ciel pur comme de l’eau de roche se plaque un soleil dur, je décide de monter jusqu’au cimetière du village.

 

 

 

« Ce qu'il y a de plus beau dans les cimetières, ce sont les mauvaises herbes. » Francis Picabia

 

Et les mauvaises herbes prospèrent sur les tombes abandonnées. Le contraste entre les tombeaux rutilants et le désastre des stèles avachies, moussues, le fatras rouillé des couronnes  et des fleurs artificielles, montre la vanité des uns et l’oubli des autres.

 

Alors, je rêve qu’on me porte en terre au cimetière Montparnasse, au petit matin comme les comédiens excommuniés, sans fleurs ni couronnes, quelques pelletées de terre, le silence éternel. Aucune plaque, que la petite colline de terre sous laquelle je vais me dissoudre, disparaître. Que les rares amis qui feront avec moi ce dernier voyage aillent boire un verre, dans la joie.

 

 

Pour l’heure, en redescendant jusqu’au village, j’ai le sentiment d’être un poulet rôti.

 

 

Sur la place tout est en place : que la fête commence !

 

En musique !

 

 

Verre à la main, les gens font patiemment la queue pour licher du jaja du coin. Je n’en suis pas, mon naturisme ne me le permet pas. Je liche une bière artisanale en terrasse, puis je me mets en chasse des gens qui se sont mis sur leur 31.

 

Ça creuse de shooter !

 

Direction le café de la mairie car le Jancou a décidé de ne pas cuisiner.

 

 

Légère sieste.

 

Au lever, la place est vide, ils sont tous partis manger je ne sais où ?

 

L’heure est maintenant à l’Art, je me fais toutes les galeries les unes après les autres, comme je suis charitable je ne piperai mot. Je n’ai rien acheté, c’est dire !

 

La journée s’étire, j’ai de nouveau une petite faim alors je décide de m’envoyer un petit jaune chez Pierre accompagné de cochonnailles locales fort goûteuses.

 

 

Y’a de l’ambiance chez le Pierrot, ça cause fort, ça s’envoie du lourd, ça chante, ce n’est pas tous les jours la fête au village.

 

 

Et soudain, le ciel se fâche. Des cordes ! Comme vache qui pisse. Le repli. Suis trempé comme une soupe.

 

Le ciel s’apaise.

 

Je ressors.

 

Croise une mobylette bleue.

 

 

Ce soir Pierre a décidé nous nourrir à la fortune du pot. Je fais la connaissance de Céline, discute avec Aurélien Lefort, de mon idée de boui-boui, de tout et de rien… Je culbute le reste de la bouteille de Raphaël Beysang entamée hier au soir.

 

 

Clap de fin !

 

Je prends le frais sur la terrasse…

 

 

Au-dessous, au café de la Mairie, un orchestre fait de la musique. C’est encore la fête au village…

 

 

J’imagine que le sous-préfet de Die est déjà au lit. Il se nomme Patrick Bouzillard.

 

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10 août 2018 5 10 /08 /août /2018 07:00
Vous connaissez le slogan « Manger 5 fruits et légumes par jour ! » alors et le haricot vert c’est quoi 1 fruit ou 1 légume ? À Veni Verdi il pousse sur les toits de Paris

Pour la énième fois, radotant, je racontais mon histoire de haricots verts, ceux du jardin de mon grand-père, en pleine saison c’était tous les jours haricots verts, overdose, aversion, tout sauf des haricots verts !

 

Une jolie voix au bout de la table, très Claire, un brin moqueuse :

 

« Mais tu n’as jamais chroniqué sur les haricots verts, Jacques… »

 

Sourires échangés, très beau revers croisé sur la ligne, j’en suis resté baba ou, si vous préférez, comme deux ronds de flan, mais je décidai  de relèver le défi.

 

Alors va pour le haricot vert, mais qu’est-ce que je vais pouvoir écrire sur ce…

 

… et, l’ignare que je suis, découvre avec stupeur que si on a tendance à le cataloguer « légume », du fait qu’il ne soit pas sucré, le haricot vert est bien un FRUIT, tout comme la tomate, l’avocat, l’aubergine, le poivron, les piments, le concombre, la courgette ou encore l’olive.

 

Quelle est la différence entre un fruit et un légume?

 

Le fruit est l’organe comestible des plantes à fleurs, qui contient les graines et succède à la fleur.

 

Le légume est la partie d’une plante potagère qui se consomme. Ce peut être le fruit, la graine, la fleur, la tige, le bulbe, la feuille, le tubercule, le germe ou la racine de la plante.

 

C’est pourquoi nous pouvons dire que tous les fruits sont des légumes, mais que tous les légumes ne sont pas des fruits.

 

Un fruit c’est une fructification donc ce qui, en principe, porte des graines, un légume c’est une plante dont certaines parties sont comestibles. Tout cela n’a rien à voir avec l’usage plat-dessert ou le sucré-salé. Les bananes sont des fruits mais elles sont cueillies avant maturité c’est pour cela qu'on n’y trouve pas de graine.

 

Ainsi, l’aubergine, le concombre, la tomate ou le haricot sont des fruits, mais la rhubarbe ou la canne à sucre sont des légumes.

 

Le Haricot au fil de l'histoire

 

« Le haricot, c’est d’abord la vision traditionnelle, dans un potager, de plants grimpants sur des tuteurs de noisetier ou sur des filets à ramer. À la fin du printemps, ses tiges fleurissent, puis ses fleurs se transforment en gousses après la pollinisation. Lorsqu’elles sont cueillies fraîches avant leur maturité, ce sont les haricots verts ou jaunes, appelés aussi haricot beurre ou mange-tout. A maturité, les gousses ne sont plus mangeables, on consomme alors les graines fraîches ou sèches.

 

Dans les cales des navires des conquistadors

 

Apparu il y a environ 500.000 ans, le haricot serait né en Equateur puis se serait diversifié au Mexique et dans les Andes (Pérou, Bolivie, Argentine). La forme sauvage a été domestiquée vers 6.000 av. JC. Sa culture a eu une importance remarquable dans les civilisations indiennes. Il faudra toutefois attendre les grandes explorations et la conquête du Nouveau Monde pour que les premiers haricots atteignent les côtes de l'Europe. Christophe Colomb les remarquera d'abord à Cuba, Cabeca de Vaca les trouvera en Floride en 1528 et Jacques Cartier, à l'embouchure du Saint-Laurent en 1535. En Europe, le haricot fut d'abord cultivé pour ses grains, le haricot vert frais ne fut consommé qu'à partir de la fin du XIXe siècle en Italie. Il est devenu depuis un élément de la cuisine traditionnelle. »

 

Et le haricot perdit son fil...

 

L’homme a su utiliser la diversité génétique abondante que lui offrait le haricot depuis ses modestes débuts en Amérique latine. Son histoire est ponctuée d’anecdotes. En 1872, Gabriel Chevrier, agriculteur à Bretigny-sur-Orge (Essonne), remarque que les graines de haricots restent vertes même après séchage en les récoltant avant maturité. Le flageolet vert était né ! Les sélectionneurs ont progressivement développé des variétés naines plus faciles à cultiver mais aussi à récolter. Toutes les variétés d’avant 1920 possédaient un fil. La volonté de consommer du haricot en légume vert a incité les sélectionneurs à éliminer ce fil et rendre la gousse aussi fine que possible.

 

La France, reine du haricot

 

La France produit annuellement quelques 350.000 tonnes de haricots. Le haricot est le premier « légume vert » consommé en France, surtout en conserve et en surgelé. La France est devenue le premier exportateur mondial de haricot en conserve et le troisième en surgelé. 45.000 tonnes de haricots grains sont produits chaque année en France, auxquelles il faut ajouter une dizaine de milliers de tonnes de coco de Paimpol, de haricot tarbais et autres variétés régionales qui sont consommées directement en frais ou en sec. Le haricot fait largement partie de notre patrimoine national.

 

 

Et puis, il y a les haricots verts d’Émilie, de Veni Verdi, qu’elle cultive sur les toits de Paris.

 

 

Silence... ça pousse sur les toits de Paris!

par Caroline Revol-Maurel, publié le 23 juillet 2018

 

Cueillir des fraises et des aromates en plein cœur de Paris, ça vous tente ? L’association Veni Verdi propose de jardiner quelques heures dans l’un de ses potagers sur les toits. On a grimpé vers ce coin de verdure frais et perché, aux côtés d’Emilie Giafferi, qui gère le site. Inattendu!

 

9h du matin

 

Sur le toit du 6 rue d'Aboukir l’équipe est au complet. Sourire ravageur et doudoune jaune, c’est Emilie qui accueille les bénévoles du jour. Depuis trois ans, elle est en charge de ce toit-potager situé au cœur de Paris. Autour d’elle ce matin, des étudiants, des jeunes en reconversion, des retraitées : tous viennent jardiner deux heures et entretenir ce potager.

 

La suite ICI 

 

© Nathalie Baotens pour France.fr

 

Méli-Mélo de haricots verts et beurre, tomates, melon, pastèque, pêches de vignes, aromates…

 

  • Cuisson vapeur des haricots fraîchement cueillis sur le toit d’Émilie

 

  • Les laisser refroidir

 

  • Dans un grand saladier les apparier avec des cubes ou des boules de melon, de tranches de pêches de vigne, des haricots rouges, des morceaux de tomatesassaisonnez, huile de votre choix, vinaigre doux, taillader des aromates fraîchement cueillis dans le jardin d’Émilie.

 

 

  • Brasser délicatement et présentez sur la table.

 

 

Que boire ?

 

Sans faire de la provocation, un grand verre d’eau fraîche coupée d’un trait d’un bon vin rouge…

ou alors ça :

 

(vin nature) Campagne sarrière – Les oiseaux – Rosé 75cl

 

 

Le domaine de campagne sarrière se situe sur les plus beaux terroirs du luberon, à Peypin d’Aigues.

 

Ludovic Blairon, le vigneron a fait le choix de vinifié ses cuvées en vin nature , sans intrant et sans produits chimique de synthèses. Son exploitation est toute jeune puisque cette cuvée est issue de sa première production.

 

 

 

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9 août 2018 4 09 /08 /août /2018 07:00
Je n’ai pas pu compter le nombre de viols à Châtillon-en-Diois !

Sitôt arrivé au village je suis allé garer ma petite auto dans les bas quartiers afin qu’elle ne gêna pas les festivités du dimanche. Alors que je remontais la petite pente pour me rendre au café des Alpes chez l’ami Pierre Jancou, quelle ne fut pas ma surprise de tomber nez à nez avec un viol.

 

L’office du tourisme du village, 550 habitants, rassure les pauvres parigots tête de veau qui pourrait prendre le mot à la lettre :

 

« Si, de nos jours, il ne reste rien du château, le vieux village offre aux visiteurs le charme de ses remparts, de ses ruelles dénommées "viols" (terme local d'origine provençale - découlant du latin via - désignant les ruelles étroites) et de ses fontaines. »

 

Le dimanche matin, à la fraîche, j’ai parcouru les méandres des viols Châtillonnais pour prendre quelques petites photos. Désolé, j’ai parfois tendance à pencher à gauche.

 

 

8 juin 2018

Châtillon-en-Diois (4) : Au fil des "viols" du village / Balade dans la Drôme

ICI

 

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9 août 2018 4 09 /08 /août /2018 06:00
Quand André Valadier qui a l’Aubrac au cœur apprenait à dresser les bœufs « Le dresseur joignait une paire et la laissait attachée dans l’étable pendant plusieurs heures. Les bœufs avaient le temps de méditer quand ils ruminaient sous le joug : on considérait qu’ils acceptaient de le porter »

J'ai deux grands bœufs dans mon étable,

Deux grands bœufs blancs marqués de roux ;

La charrue est en bois d'érable,

L'aiguillon, en branche de houx [...]

 

S'il me fallait les vendre,

J'aimerais mieux me pendre,

J'aime Jeanne, ma femme :

Eh ! bien j'aimerais mieux

La voir mourir que de voir mourir mes bœufs...

 

C'était le tube pour noces et banquets du pépé Louis doté d'un bel organe et qui portait beau avec sa moustache à la Foch. L'homme avait des idées très arrêtées, entre autres que le tracteur ne remplacerait jamais ses bœufs charolais sur la base d'un raisonnement qui se tenait : ils ne coûtaient pas cher à entretenir et quand on les remplaçait ils valaient des sous, eux. Quand il entonnait le couplet, je suis persuadé qu'il vivait les paroles. La mémé Marie, femme de devoir, n'en prenait pas ombrage. C'est à lui que je dois ma courte carrière de toucheur de bœufs enjugués. Ce n'est pas aussi simple que ça en a l'air : muni de son aiguillon sur l'épaule il faut tout d'abord appeler les bêtes dans le bon ordre : Jaunet-Blandin, tout en touchant (piquer le cul avec le bout de l'aiguillon qui est muni d'une petite pointe d'acier) le boeuf qui va impulser la bonne direction, soit celui de droite quand on veut virer à gauche par exemple. Fallait pas être pressé. Nous allions avec le tombereau ramasser les betteraves et les choux. Les grandes roues du tombereau creusaient dans la glaise des chemins creux et des chaintres de profondes empreintes. Pour le labour, j'ai un vague souvenir de la charrue Brabant à manchons. Fallait tirer droit, mais c'est mon frère aîné Alain qui prenait les engueulades. Le jour où on a vendu la dernière paire de boeufs à Mougard, le maquignon avec sa blouse noire et son gros portefeuille bourré de billets, le pépé Louis a pleuré.

Une vieille chronique du 18 avril 2007

 

16 juin 2011

Deux hommes et un dessein : l’Aubrac d’abord ! Christian Valette et André Valadier ICI 

 

La période hivernale était également consacrée au dressage des bœufs « Fabriquer des tracteurs vivants sur huit pattes motrices à l’époque où l’énergie renouvelable était une obligation » était un travail exigeant de l’expérience, de la dextérité et de la patience. Il était essentiel dans les fermes de l’Aubrac dont les revenus reposaient en partie sur la vente des bœufs dressés qui représentaient ainsi une plus-value de 20% par comparaison avec des animaux (entre autres, les bœufs vieux) destinés à l’abattoir. André Valadier, appelé à prendre la succession de son père, apprit donc à joindre sous le joug les mâles castrés de deux ans (doublons) et de trois ans (tersons). Les tracteurs étaient rarissimes sur l’Aubrac en 1947-1950 et personne ne songeait alors qu’ils pourraient détrôner les bœufs. Le département de l’Aveyron comptait le 1er janvier 1948 307 tracteurs pour 35 à 40 000 exploitations, ce qui représentait la moyenne d’un par commune seulement. André Valadier découvrit à cette occasion que c’était un art d’apparier les bêtes, de constituer des paires homogènes en s’efforçant d’accorder deux têtes et des cornes après une minutieuse observation de leur comportement. Il apprit beaucoup auprès de son père. Pour les tersons, le dressage débutait toujours pendant l’hiver et les périodes de mauvais temps. « Le dresseur joignait une paire et la laissait attachée dans l’étable pendant plusieurs heures. Les bœufs avaient le temps de méditer quand ils ruminaient sous le joug : on considérait qu’ils acceptaient de le porter. Nous répétions la même opération pendant plusieurs jours. Puis nous les détachions de l’étable et nous les conduisions au dehors. Cette manœuvre demandait la présence de deux hommes équipés de l’aiguillon. Le premier passait devant et les « appelait » puis le second fermait la marche et « poussait » les animaux qui renâclaient à avancer, tête baissée.

 

« Quand ils commençaient à relever la tête, nous les emmenions dans la campagne. Les dresseurs choisissaient  des chemins proches de l’exploitation et bordés de murets de pierre pour que les bœufs ne se retournent pas lorsqu’ils seraient engagés. Redoublant toujours de prudence et pour plus de sécurité, on associait un jeune bœuf – surtout s’il était rebelle – et un animal dressé. Les bœufs s’écartaient facilement pendant le dressage, tentant parfois de s’échapper. C’était dangereux ! Lorsqu’ils s’étaient habitués à l’aiguillon, aux ordres et au joug, ils ne bronchaient pas. Mieux ! Ils ruminaient. Nous disions alors qu’ils étaient « soumis » et dressés. Dans un deuxième temps, on pouvait leur imposer de charrier un traineau chargé de pierres ou d’une grume qui n’était pas équarrie. Les premiers matins, on les emmenait sur des chemins enneigés pour les mettre en confiance : ma neige étouffe tous les bruits. Dans les débuts, on ne les attelait jamais à un tombereau ni même une charrette : le cliquètement des moyeux et le passage des bandages métalliques sur les cailloux du chemin les auraient effrayés. Si nous attendions le printemps pour dresser des bœufs, nous assemblions des fagots de buissons et de traverses pour construire un traîneau que nous appelions alors une clède ramade, alourdi de pierres. Puis on attelait les bœufs pour le amener au travail dans les prés et les devèzes. Grâce aux buissons, ce traîneau permettait d’émietter les mottes de fumier éparpillées dans les parcelles, de rabaisser les taupinières, de ramasser des quantités de feuilles morte tombées des arbres depuis la Toussaint.

 

« Si elle était attelée tous les jours, une paire de bœufs jeunes obéissait après un apprentissage de quatre à cinq semaines. Puis, on pouvait leur confier la herse mais pas une charrue parce qu’ils auraient labouré maladroitement. On patientait souvent quelques mois avant d’accrocher aux retondes (les anneaux de l’attelage) le timon du tombereau, de la charrette, de la faucheuse. Quand les bœufs prenaient seuls l’initiative de tourner à la fin d’un sillon pour repartir dans la direction opposée et s’engager dans un nouveau sillon, c’était une belle promesse pour l’avenir. C’était la preuve que nous étions parvenus à les maîtriser. Nous éprouvions une grande fierté. Les animaux qui ruminaient en travaillant étaient rompus à toutes les tâches : c’étaient les plus forts et les plus dociles. Nous dressions par parfois des taureaux. C’était plus dangereux et difficile mais notre satisfaction était encore plus grande lorsque nous y arrivions : ils étaient plus résistants et plus puissants. Leur utilisation est notamment appréciée lorsqu’il fallait rassembler des quantités de pierres en prévision de la construction d’un bâtiment. »

 

André Valadier conserve des souvenirs précis de ces années où il dressait les bœufs, de l’étroite complicité qui unissait l’homme et l’animal dans l’effort à l’occasion des grands travaux. Il appartient à l’une des dernières générations d’éleveurs – sinon la dernière – qui pratiqua cet art difficile, en s’appuyant sur l’expérience des anciens, avant que la diffusion des tracteurs ne le précipite aux oubliettes et transforme le quotidien des exploitations… »

André Valadier l’Aubrac au cœur Daniel Crozes au Rouergue.

 

 

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