Vin & Cie, en bonne compagnie et en toute liberté ...
Extension du domaine du vin ...
Chaque jour, avec votre petit déjeuner, sur cet espace de liberté, une plume libre s'essaie à la pertinence et à l'impertinence pour créer ou recréer des liens entre ceux qui pensent que c'est autour de la Table où l'on partage le pain, le vin et le reste pour " un peu de douceur, de convivialité, de plaisir partagé, dans ce monde de brutes ... "
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Bonne journée à tous, ceux qui ne font que passer comme ceux qui me lisent depuis l'origine de ce blog.
« En-cas » vieux mot français qui désigne une collation ou un repas léger. Il tient son origine de « en cas de » : dans les châteaux de l’Ancien Régime, on laissait un repas froid sur une petite table pour ceux qui rentraient tard.
L’en-cas de Louis XIV, à Versailles,« il n'y avait plus après cela qu'à se coucher, mais le roi se sentait le ventre creux et, dans la crainte de défaillir d'inanition durant la nuit, il faisait mettre à sa portée un en-cas composé de huit œufs durs, d'une poularde, de trois pains et de deux bouteilles de vin...
Certes, Louis XIV « en laissait », puisque les restes étaient revendus, mais la princesse Palatine n'en vit pas moins son royal beau-frère ingurgiter à lui tout seul quatre pleines assiettes de soupes diverses, un faisan entier, une perdrix, un grand compotier de salade, deux grandes tranches de jambon, du mouton au jus et à l'ail, une assiette de pâtisserie, sans préjudice de fruits et de quelques œufs durs...»
« À deux heures du matin nous avalâmes un en-cas frugal, composé de fromage écrémé et de biscuits dont j'avais eu la précaution de me munir, car j'ai l'expérience de l'ascétisme... »
Arnoux, Rêverie d'un policier amateur, 1945, p. 221.
À propos de petite table j’aime beaucoup la description qui suit de la taille optimale d’une table :
« Les petites pièces et les petits logis aident à discipliner l’esprit disait Léonard de Vinci, qui ajoutait que les grandes pièces et les grands logis l’affaiblissent. On pourrait dire à peu près la même chose des tables à manger. Plus petites elles sont, plus grande est l’intimité ; les grandes tables sont bonnes pour les châteaux.
Si une table est trop large, il devient difficile de se parler d’un bord à l’autre et l’on ne peut converser qu’avec son voisin de gauche ou de droite. Si elle est trop étroite, c’est le contraire qui est vrai, car on s’adresse plus facilement à qui nous fait face. L’idéal est une table d’environ quatre-vingts centimètres de largeur, sa longueur étant fonction de celle de la pièce.
Alors quel en-cas sur la petite table ?
1 bout de fromage, quelques tranches de saucisson, 1 œuf dur, 1 fruit, 1 quignon de pain, 1 bouteille de vin, 1 verre, 1 carafe d’eau…
À propos de fromage, cette anecdote savoureuse, so british : « Lors du grand incendie qui ravagea Londres en 1666, Samuel Pepys dut prendre des mesures pour protéger certains biens précieux d’une destruction totale : « Ce soir-là, sir W. Penn et moi, nous avons creusé un autre trou dans le jardin pour y mettre notre vin et moi mon fromage parmazan. »
Et l’œuf dur ?
5 avril 2010
« Le petit bruit de l’œuf dur cassé sur un comptoir d’étain » au pied d’un ballon de rouge va-t-il disparaître ? ICI
Comme l’écrit Jacky Durand dans Libération « l’œuf dur est un aliment singulièrement dual : il tient tout à la fois de la frugalité et de l’abondance, de l’en-cas où il est seul en scène et du gueuleton où il joue les troisièmes rôles dans des recettes du dimanche. »
En France l’œuf de poule est roux et, contrairement à une idée reçue la coloration de la coquille ne joue aucun rôle dans le goût de l’œuf. Cuire un œuf dur est à la portée du premier individu de sexe masculin élevé comme un gros naze par sa mère puisqu’il suffit de le faire cuire une dizaine de minutes dans de l’eau bouillante. La cuisson d’un œuf mollet relève lui d’un talent réel que peu d’individus mâles en pantoufles possèdent d’où l’expression féminine qu’ils reçoivent en revers lorsqu’ils protestent devant leur télé sur la qualité du frichti surgelé réchauffé micro-ondes :« va te faire cuire un œuf ! »
« Nous sommes le samedi 21 août 1926. Il y a foule sur les quais d'Ouchy. Le petit dernier de la flotte de la Compagnie générale de navigation sur le lac Léman (CGN), L'Helvétie, est inauguré en grande pompe. Des dizaines d'invités français et suisses sont présents. Le juge cantonal Gustave Masson, président de la CGN, prend la parole en premier. Il est suivi de l'ancien conseiller fédéral Gustave Ador, alors président du CICR. Le repas préparé par Albert Maurer, restaurateur de La Savoie et du Café du Grand-Théâtre à Genève, est copieux :
« hors-d’œuvre variés, consommé double Madrilène, truite du Léman à la flotte sauce Nantua et pommes à l'anglaise, chaud-froid de volaille Bellevue, sorbet au Marasquin, petits pois Clamart, selle d'agneau de présalé, salade Francillon, bombe fédérale et biscuits glacés, mignardises, pièce montée, le tout arrosé d'aigle 1923, de pauillac Pontet-Canet 1916, de dézaley Grand Vin 1923, de corton 1919 et de Piper-Heidsieck 1919. »
Le chef de l'Helvétie se nomme Maître Cornu. Il est l'ancien cuisinier de «Sa Majesté le Roi du Monténégro».
Mais qu’est-ce donc que la salade Francillon ?
Dumas fils, ainsi qu’on l’appellera toujours, enfant illégitime du grand romancier et de la couturière Marie-Catherine Labay, est né le 27 juillet 1824 à Paris. Écrivain lui aussi, célèbre pour sa Dame aux camélias, pièce, partiellement autobiographique, qui relate son amour de jeunesse pour une jeune courtisane Marie Duplessis. Qui mourut de la tuberculose en 1847. Elle a inspiré Verdi pour son opéra La Traviata.
« Dans une autre de ses pièces, Francillon, dont la première se donne le 9 janvier 1887, à la comédie française, Dumas fils fait donner au cours de la pièce par Annette, la servante, la recette d’une salade à Henri, le jeune premier. Hâtivement noté par des spectateurs, le lendemain, le restaurant Brebant, établissement célèbre situé sur les boulevards, la met à sa carte. C’est le succès immédiat auprès des dîneurs, sous le nom de salade Francillon, toujours à la recherche de nouveautés.
La preuve est dans le texte, à l’acte I scène II :
L’acte I se déroule dans un grand salon, un hall très élégant, avec une serre vitrée au fond à laquelle on accède par la scène et les coulisses.
Dans la scène 1, sont présentes : la comtesse Francine de Riverolles appelée familièrement Francillon par ses amies et la baronne Thérèse Smith, amie d’enfance de Francine, qui devisent entre elles sur leurs vies, leurs conduites et leurs conditions en tant que « jeunes épouses et mères de moufflets de bonne naissance… ». Annette de Riverolles (Mlle Reichemberg), sœur de Lucien de Riverolles...
Arrive à la fin de la scène 1 pour préparer le thé qui vient d’être servi par les domestiques puis, au début de la scène 2, entrent le comte Lucien de Riverolles, époux de Francine, accompagné de deux amis, Stanislas de Grandredon et Henri de Symeux (M. Laroche). Francine va au piano et joue du Wagner. Au milieu de la scène, Annette est face au public avec Henri.
À la demande d’Henri, elle raconte la recette de sa salade de pommes de terre.
Annette : Vous faites cuire des pommes de terre dans du bouillon. Vous les coupez en tranches comme pour une salade ordinaire et, pendant qu’elles sont encore tièdes, vous les assaisonnez de sel, de poivre, de très bonne huile d’olive à goût de fruit, vinaigre…
Henri : À l’estragon !
Annette : L’Orléans vaut mieux ; mais c’est sans importance. L’important, c’est un demiverre de vin blanc : château-yquem si possible… Beaucoup de fines herbes hachées menu… Faites cuire, en même temps, au court-bouillon, de très grosses moules avec une branche de céleri. Faites-les bien égoutter et ajoutez-les aux pommes de terre.
Henri : Moins de moules que de pommes de terre.
Annette : Un tiers au moins. Il faut qu’on sente peu à peu la moule. Il ne faut ni qu’on la prévoie, ni qu’elle s’impose. Quand la salade est terminée, remuez légèrement ; puis vous la recouvrez de rondelles de truffes… Une vraie calotte de savant.
Henri : Des truffes cuites au vin de Champagne.
Annette : Cela va sans dire… Tout cela deux heures avant de dîner, pour que cette salade soit bien froide quand on la servira.
Henri : On pourrait entourer le saladier de glace !
Annette : Non ! Non ! Non !... Il ne faut pas la brusquer : elle est très délicate et tous ses arômes ont besoin de se combiner tranquillement. Celle que vous avez mangée aujourd’hui est-elle bonne ?
Henri : Un délice.
Annette : Eh bien ! Faites comme il est dit, et vous aurez le même agrément. »
Recette de la salade Francillon sans truffes ce n’est pas la saison
Ingrédients
5 ou 6 pommes de terre à chair ferme
Du bouillon de bœuf
Huile d’olive
Vinaigre de vin
35 cl de chablis
Sel, poivre
Ciboulette
Romarin
40 à 50 g de beurre
1 branche de céleri
1 litre de moules de bouchot.
Préparation
faire cuire les pommes de terre dans leur peau dans le bouillon de bœuf
pelez les pommes de terre et coupez-les en rondelles de 5 mm d’épaisseur
assaisonnez d’une vinaigrette
ajoutez 10 cl de chablis, les herbes ciselées, sel et poivre.
mélangez avec précaution et laissez mariner
dans une grande casserole mettez le beurre, la branche de céleri, 25 cl de chablis et les moules.
couvrez et chauffez à feu vif jusqu’à l’ouverture des moules.
décoquillez les moules puis ajoutez-les aux pommes de terre.
Backed by agrochemical companies, the current administration and Congress are moving to curb the role of human health studies in regulation.
By Danny Hakim and Eric Lipton
Aug. 24, 2018
SALINAS, Calif. — José Camacho once worked the fields here in the Salinas Valley, known as “the Salad Bowl of the World” for its abundance of lettuce and vegetables. His wife still does.
But back in 2000, Mr. Camacho, who is 63, got an unusual phone call. He was asked if he wanted to work for a new project studying the effects of pesticides on the children of farm workers.
“This seemed really crazy,” he recalled saying at the time, since he barely spoke English. “A research study?”
The project, run by scientists from the University of California, Berkeley, and funded in part by the Environmental Protection Agency, is still going all these years later. Known as Chamacos, Spanish for “children,” it has linked pesticides sprayed on fruit and vegetable crops with respiratory complications, developmental disorders and lower I.Q.s among children of farm workers. State and federal regulators have cited its findings to help justify proposed restrictions on everything from insecticides to flame-retardant chemicals.
S’appuyant sur une étude portant sur 195 pays vient mettre à bas le mythe d’une consommation responsable d’alcool qui serait sans danger pour la santé. Les méfaits l’emportent dès le premier verre, pour s’accentuer ensuite, toute la presse : le Figaro-vins en tête – je plaisante à peine, en poussant le raisonnement une action contre ce canard pour incitation à la mise en danger d’autrui serait à envisager – entonne la même ritournelle :Non, boire un verre de vin par jour n’est pas bon pour la santé par Damien Mascret le 25/08/2018
C’est une vieille rengaine, s’appuyant sur la Science disent-ils, le 23 février 2009 je commettais une chronique très fouillée : Quand on veut tuer son chien on dit qu’il a la rage : premier verre et cancer
Nos grands experts de Santé Publique, à défaut d’être efficaces, sont de grands communicants. Emmenés par l’inénarrable Didier Houssin directeur d’une DGS, qui s’est illustrée lors de la canicule par son sens de l’anticipation et de l’humanité, suivi de Dominique Maraninchini de l’INCA dont j’espère qu’il tirera moins sur les notes de frais que son prédécesseur David Khayat débarqué en 2006, et d’une soi-disant directrice de recherche de l’INRA Paule Martel, ces maîtres de notre santé nous ont joué leur partition habituelle. « Pas de dose protectrice» pour le premier. « Les petites doses, avec leurs effets invisibles, sont les plus nocives » pour le second. « Toute consommation quotidienne de vin est déconseillée » surenchérit la dame de l’agronomie qui doit sans doute encore porter des pantys.
Profitant de la sortie de la brochure : Préventions Nutrition& Préventions des cancers : des connaissances scientifiques aux recommandations destinée aux professionnels de Santé qui remplace une première édition parue en 2003 intitulée « Alimentation, nutrition et cancer : vérités, hypothèses et idées fausses ». Ils nous ont refait le coup du premier verre. Le n’y touchez jamais. Bref, sur un sujet aussi sensible dans la population qu’est le cancer ils étaient sûrs de leur effet.
Pour ceux qui en auront le courage je vous propose l’extrait concernant l’alcool. Rien de nouveau sous le soleil. Extrapolations, amalgames, le convaincant et le probable de leurs statistiques amalgamées et invérifiables sont érigés en oukases. Ces messieurs, veulent terroriser le bon peuple. Ils ont tort. La communauté scientifique médicale, que je respecte, ne peut s’ériger ainsi en pouvoir dictant les règles de conduite de la vie des hommes en Société. C’est un abus de pouvoir car il n’y a pas de contre-pouvoir. Les détenteurs de la « Science » se contrôlent entre eux et dans le domaine de certaines études le doute est plus que permis sur leur méthodologie. De grâce revenons à la raison nous sommes déjà dans une société hautement anxiolytique alors n’en rajoutons pas messieurs une couche supplémentaire.
Ils « s’appuient » sur le rapport du WCRF/AICR « Food, Nutrition, Physical Activity, and the Prevention of Cancer : a Global Perspective »3 qui a été publié en novembre 2007, à l’issue d’une expertise collective internationale de grande envergure, et qui était l’actualisation complète du premier rapport publié en 1997, il fait le point des connaissances dans le domaine des relations entre nutrition et cancers. Ce rapport a été analysé par moi-même aussitôt. Je vous redonne ci-dessous ma chronique de l’époque. Sans vouloir ramener ma fraise je suis en droit de m’interroger sur l’utilité de certains payés pour ça et qui ne sont même pas capable de faire ce travail c'est vrai que c'est plus rigolo de se payer des 4X3 dans le métro...
Lisez la suite ICI c'est très documenté, rien à voir avec les braiements de Denis Saverot...
Les vendanges démarrent, c’est leur cauchemar. Les docteurs Knock de #ANPAA attaquent encore le vin et Le Figaro recopie sans contre-enquête (pages santé). Dénonçons ce lobby hygiéniste gavé d’argent public et de titres ronflants qui veut remplacer le #vin par des médicaments !
Jacques Dupont
@Dupont_LePoint
Extrait du journal de l’asso des cardiologues
«L’absence de consommation journalière de fruits et légumes, la sédentarité, et l'absence de consommation régulière et modérée d'alcool sont, respectivement responsables de 14 %, 12% et 7% de l'ensemble des infarctus du myocarde. »
bernard farges
@FargesB
Donc 914 buveurs sur 100000 développent des pathologies et 918 non buveurs sur 100000 développent aussi des pathologies.
« Au-delà des malentendus, c’est aussi de la postérité différente des mouvements de 1968 qu’il s’agit. Celle du Printemps de Prague, c’est d’abord l’échec de la réforme à l’intérieur du régime communiste, qui a discrédité définitivement la perspective « révisionniste » dubcekienne à l’Est, tout en inspirant l’Eurocommunisme à l’Ouest (auquel tenta tardivement d’accrocher son wagon le PCF, en quête de crédibilité pour son adhésion au « Programme commun » – qui sera la référence des partis de gauche pendant les années soixante-dix).
Ce qui reste de l’échec de 1968 à Prague, c’est « la mort clinique du marxisme en Europe » (Kolakowski) et la perestroïka de Gorbatchev, arrivée vingt ans trop tard. Il reste aussi cet autre Printemps 1968, celui du renouveau de la société civile et de la « citoyenneté retrouvée », évoqué par Vaclav Havel « La citoyenneté retrouvée », introduction.... Ivan Svitak résumait ainsi « l’autre » programme de 1968 :
« De la dictature totalitaire vers la société ouverte, la liquidation du monopole du pouvoir, le contrôle effectif de l’élite du pouvoir par une presse libre et une opinion publique. De la gestion bureaucratique de la société et de la culture par les ‘coupe-gorge de la ligne officielle’ (terme de C. Wright Mills) vers l’application des droits de l’homme fondamentaux. »
La Tchécoslovaquie, était sous la botte soviétique depuis 1948,Alexandre Dubcek le premier secrétaire du PC entend donner au socialisme « un visage humain ». Le «Printemps de Prague», commence en janvier 1968 et trouve un grand écho au sein de la population. En témoigne le « Manifeste des 2000 mots », en juin 1968, signé par 70 personnalités qui réclament la liquidation de l'ancien régime. Alexandre Dubcek supprime la censure, autorise les voyages à l'étranger et fait même arrêter le chef de la police.
Les gérontes du Kremlin craignent que l'aventure tchèque du « socialisme à visage humain » fasse tache d’huile et corrompe les autres « républiques démocratiques » du bloc soviétique. Dès le mois de juillet, Brejnev exige le rétablissement de l'ordre et surtout l'abolition du pluralisme politique tout juste restauré.
Au matin du 21 août 1968, les Européens se réveillent en état de choc. Des troupes blindées d'un total de 300.000 hommes ont envahi dans la nuit la Tchécoslovaquie sur décision de l'autocrate soviétique Leonid Brejnev. Des dizaines de milliers de parachutistes ont aussi atterri sur l'aéroport de Prague.
Les agresseurs appartiennent à cinq pays du pacte de Varsovie, dont fait partie la Tchécoslovaquie elle-même (URSS, Pologne, Bulgarie, Allemagne de l'Est, Hongrie). Ils prétendent intervenir à l'appel de responsables locaux en vue de sauver le socialisme dans ce pays d'Europe centrale où il a été imposé vingt ans plus tôt par l'Union soviétique à la faveur du «coup de Prague».
Dans la nuit du 20 au 21 août afin d'écraser le mouvement tchécoslovaque il envoie les troupes du Pacte de Varsovie afin d'écraser le mouvement tchécoslovaque. Le PC tchécoslovaque tient un congrès extraordinaire clandestin dans les usines CKD, près de Prague, et reconduit Alexandre Dubcek dans ses fonctions. Pendant ce temps, celui-ci a été jeté manu militari dans un avion et transféré en Union soviétique. Le 23 août, il est fermement convié par ses hôtes soviétiques à signer un texte de capitulation. Après trois jours de pressions et de brutalités, il se résigne enfin.
Le 27 août, de retour à Prague, abattu et défait, il présente ce texte à ses concitoyens. Il y est question pour la première fois de «normalisation». C'en est brutalement fini du «Printemps de Prague» et de l'illusion d'un «socialisme à visage humain». Devenus inutiles à l'occupant, Alexandre Dubcek et les autres responsables du pays sont rapidement isolés et remplacés.
Les premiers jours, la population décide de résister pacifiquement à l'intervention soviétique. Les manifestations sont nombreuses, notamment à Prague. Les manifestants, surtout des étudiants, assiègent les chars. Les forces du Pacte de Varsovie ont l'ordre de réprimer la contestation. En quelques jours, les affrontements font un peu plus d'une centaine de morts et des milliers de blessés dans tout le pays. À l'automne, ce sont les ouvriers qui se mobilisent. La répression fait toutefois faiblir le mouvement, jusqu'à son épuisement en janvier 1969.
Désespéré, un étudiant, Jan Palach, s'immole par le feu le 16 janvier 1969 sur la place Wenceslas, à Prague. Des centaines de milliers de personnes assisteront aux funérailles de celui qui est devenu la figure légendaire de la contestation étudiante en Tchécoslovaquie.
Croyez-moi Jan Palach je ne l’ai pas oublié et si vous visionnez la vidéo ci-dessous vous comprendrez ce que liberté veut dire.(désactivez le son pour lire la chronique)
Alexandre Dubcek pendant des années vécut dans un faubourg de Bratislava comme agent technique des eaux et forêts. Dans une longue lettre qu'il adressa le 28 octobre 1974 au Parlement tchécoslovaque figure une esquisse d'autoportrait : « Le bouleau, bien qu'il soit un arbre délicat, fait montre d'une grande résistance et d'une capacité de vivre dans des conditions difficiles.»
L’Histoire, « avec sa grande hache », prend tour à tour tous les visages, ceux d’un général à lunettes noires ou d’un gouvernement endimanché à la placidité rondouillarde, d’un survivant au corps raclé jusqu’à l’os par la famine et la mort ou du badaud qui regarde passer le train-train des événements, ivre d’indifférence. Le 16 janvier 1969, l’histoire tchécoslovaque n’a qu’un visage, celui, défiguré, calciné, de Jan Palach, étudiant praguois de vingt ans dont l’immolation publique, accomplie en protestation contre l’occupation « fraternelle » des forces soviétiques, vient de sidérer l’Europe. Il existe bien des moyens d’afficher son refus de l’asservissement et son désir de liberté, beaucoup optent pour le comptoir ou le mégaphone, le papier et la colle, Palach, lui, a choisi sa peau et le feu, passant en un éclair des partiels à l’Histoire. C’est l’histoire de ce geste qu’Anthony Sitruk, au fil d’un essai-reportage précis et fervent, nous narre avec une précision de témoin. Histoire d’un enfant parmi d’autres, d’un adolescent qui ne fait pas de vague, d’un étudiant moyen, histoire d’un Tchèque parmi beaucoup d’autres Tchèques qui soudainement, à l’issue d’une maturation lente et d’une volonté forcené, sort du lot pour se faire la Torche n°1, celle qui, espère-t-il embrasera le pays. D’autres suivront, d’un éclat égal, donnant à cette résistance l’allure d’une confrérie kamikaze d’« exaltés véridiques ». Médaillée, muséographiée, devenue icône de l’histoire tchèque, la figure de Jan Palach, c’est ce que nous montre cette enquête, résiste à l’embaumement, gardant après un demi-siècle sa véhémence tragique et sa fraternelle proximité.
Dans son livre “Communistes en 1968, le grand malentendu”, enrichi de nombreuses archives internes du PCF, l'historien Roger Martelli analyse l'attitude du “grand parti de la classe ouvrière” en Mai 68. S'il montre bien que le PCF a méprisé le mouvement étudiant, il réévalue son rôle moteur, via la CGT, dans la grève des travailleurs. Entretien. ICI
Un autre événement préoccupe le PCF en 1968 : le printemps de Prague, et la menace de son écrasement par l’URSS. Quelle a été son attitude à cet égard ? A-t-il loupé une occasion de montrer qu’il était moderne, en soutenant ce mouvement de libéralisation ?
Tout à fait. Quand se déclenche le printemps de Prague, le PC hésite dans un premier temps. Début avril, la direction condamne un responsable communiste, Paul Noirot, très favorable au printemps de Prague. Deux jours après, il fait volteface et le soutient, sans en faire un modèle, car ça revalorise en France l’image du monde socialiste. Mais il garde une attitude ambiguë. Il ne veut surtout pas en faire un modèle avant la crise de l’été. Puis, quand le PC voit la situation se crisper avec l’URSS et les dirigeants du bloc, il tente d’éviter le pire. En juillet, il veut jouer le rôle de médiateur entre les Tchécoslovaques et les Soviétiques, mais cela échoue. Le 21 août les Soviétiques interviennent militairement en Tchécoslovaquie. Pour la première fois de son histoire, le PC condamne l’intervention soviétique. Pour les militants c’est un choc mental, un cataclysme.
Le PC condamne, mais il veut éviter la rupture irréversible à l’intérieur du mouvement communiste mondial. Il espère déboucher sur une solution pacifique. Le 27 août, les dirigeants tchécoslovaques arrêtés une semaine plus tôt signent un accord de “normalisation”. Mais ce terme pouvait être entendu de deux façons : la normalité de la paix civile, ou la mise à la norme. Le PCF veut entendre le premier sens, donc il s’en réjouit, mais ne voit pas le second aspect. Or la “normalisation” se traduit par l’éviction de Dubcek [premier secrétaire du Parti communiste tchécoslovaque en 1968-1969 et figure de proue du Printemps de Prague, ndlr], et le démantèlement de l’œuvre réformatrice de 1968. Le PCF ne prend pas de distance suffisamment forte avec la mise à la norme qui envahit hélas la société tchécoslovaque. Il ne voit pas que la force propulsive du soviétisme est terminée. En 68, sa position le range du côté de ce monde de l’Europe de l’Est qui révèle de plus en plus son obsolescence, voire même sa nécrose.
L’année 1968 met en lumière le rôle joué par un secrétaire général du PCF un peu oublié, Waldeck Rochet. Pourquoi n’estil pas retenu ?
Il mérite plus de considération que le sort que l’histoire lui a réservé. Il est porté à la tête du PC par Thorez lui-même. C’est un communiste à l’ancienne, un kominternien [de Komintern, Internationale communiste, ndlr], pour qui l’Union soviétique est le pivot de toute avancée démocratique. Mais en même temps c’est un homme très réservé, pas un doctrinaire, ni un violent. En 1956, il accepte de soutenir l’intervention soviétique en Hongrie, mais il le fait en des termes incomparablement plus mesurés que d’autres dirigeants politiques comme Thorez. Quand il devient secrétaire général du PC, officiellement en 1964, quelques mois avant la mort de Thorez, il impulse un aggiornamento prudent mais déterminé. Ça conduit le PC à peaufiner sa stratégie d’alliance, à mettre au centre la question de l’union de la gauche, revalorisée par la bipolarisation du conflit politique. Waldeck porte ce changement.
Mais en 1968, cet homme discret et distrait est confronté à deux chocs. En mai-juin, bon an mal an, il arrive à rester dans le jeu. Mais la fin du Printemps de Prague est encore pire à gérer pour lui. Il ne parvient pas à éviter le drame, il doit condamner l’Union soviétique, ce qui pour lui est une fracture mentale absolue, une fracture existentielle. De ce fait, à la fin de l’année il craque et entre dans une maladie neurovégétative qui le fait disparaître brutalement de la vie politique, laissant la place au seul qui donne l’apparence d’être un homme fort dans le parti : Georges Marchais.
Waldeck Rochet était issu de la paysannerie, il avait l’accent bourguignon, et ce n’était pas un tribun ni un homme de média. C’est un modèle de dirigeant politique hors du temps, qui a conduit un mouvement prudent mais déterminé de rénovation communiste, mais qui a butté devant ce double malentendu. Le PC n’a pas vu que la crise tchécoslovaque avait sonné le glas de l’expérience soviétique, en faisant la démonstration que décidément, soviétisme et liberté ont du mal à se conjuguer.
Propos recueillis par Mathieu Dejean.
Communistes en 1968 – Le grande malentendu, de Roger Martelli, éd. Sociales, 304 p., 22 €
PRAGUE 1968 : LE SOCIALISME PERD SON VISAGE HUMAIN
La réaction du Parti communiste français se voulait sans équivoque. Réprobation vigoureuse de l'intervention soviétique, réaffirmation d'une conception unissant de façon absolue le socialisme et la démocratie, indépendance nationale des pays socialistes. Sans équivoque, mais limitée. Limitée par la volonté de ne pas rompre le « front anti-impérialiste », limitée par la conception du rôle pour le moins prééminent de l'Union soviétique, limitée aussi par une conception du rapport des classes sociales, conception retardant sur la réalité comme l'avaient déjà montré nos difficultés à saisir le sens nouveau des mouvements étudiants et universitaires français de Mai 68. D'ailleurs, ce qui se passa ensuite dans le Parti communiste français en témoigne. Le Comité central du Parti communiste français, en une sorte de balancement que nous appelions depuis longtemps déjà « lutte sur les deux fronts », fut amené à relever de leurs responsabilités Roger Garaudy et Jeannette Vermeersch ; le premier condamnant sans nuance l'attitude soviétique, la seconde tentant de la justifier. Mais, pour le plus grand nombre de communistes, cette épreuve fut douloureuse, à la fois source de déception par rapport à l'idée de la réalité soviétique, source de déchirement pour choisir entre la solidarité avec l'URSS et le respect de nos propres principes et engagements.
Nous ne sommes pas allés au bout de notre prise de position avec la conscience de ne pas devoir, de ne pas pouvoir aller plus loin. L'illustration la plus éloquente et sans doute la plus émouvante de cette attitude est donnée par Aragon. Il approuva avec vigueur la prise de position de son parti contre l'intervention. Il l'illustra de façon retentissante par sa magnifique préface à l'oeuvre de Milan Kundera la Plaisanterie : « Je me refuse à croire qu'il va se faire là-bas un Biafra de l'esprit... »
Aragon, interrogé sur 1968 en Tchécoslovaquie, explicita clairement cette, notre, position : « En1968, l'entrée à Prague des chars de divers pays socialistes a posé une grave question devant nous. On connaît à cet égard la position qui a été celle du Parti communiste français, et il ne l'a jamais reniée, ce qui n'implique pas que, par là, nous ayons l'intention d'aller au-delà de cette position comme on cherche par-ci par-là à nous le faire faire. Par exemple en niant l'existence du socialisme dans les pays socialistes ». Quarante ans plus tard, il semble évident que nous aurions dû, à ce moment, non seulement condamner l'intervention soviétique, ce que nous avons fait ; mais, plutôt que de préconiser une sorte de prudence, soutenir les efforts de ceux qui, en Tchécoslovaquie comme ailleurs, cherchaient une voie démocratique de transformation de la société.
L’été 68: après Prague, la rébellion d'Emil Zatopek
Une fois la Tchécoslovaquie envahie, le célèbre coureur de fond demande une action forte du CIO juste avant les Jeux olympiques de Mexico. En vain Olivier Perrin Publié vendredi 24 août 2018
Les sportifs sont «en colère» et lesJeux olympiques de Mexico«compromis», annonce laGazette de Lausannedu 24 août 1968. C’est que la flamme olympique a été «solennellement allumée» la veille, «selon le rite antique aux rayons du soleil d’Olympie». Mais le quotidien vaudois se demande «si elle éclairera le 12 octobre le stade olympique de Mexico», car «une vaste campagne se déclenche en vue d’exclure des Jeux les sportifs soviétiques et les représentants des pays» qui prennent part «à l’occupation armée de la Tchécoslovaquie» depuis trois jours.
Rien de tout cela ne se concrétisera. Malgré le contexte politique extrêmement tendu avec Mai 68, les assassinats de Martin Luther King et de Bob Kennedy, l’invasion de la Tchécoslovaquie, la guerre du Vietnam, le génocide du Biafra,le massacre de Tlatelolco par l’armée mexicaine, commis quelques jours avant la cérémonie d’ouverture – et l’on en passe – les JO auront bien lieu, avec leur célèbre scène de protestation contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis par des sympathisants des Black Panthers.
Les athlètes soviétiques, au nombre de 312, y remporteront 91 médailles, juste derrière les 377 Américains, avec 107 médailles. Sans compterles résultats, brillants aussi, des alliés de Moscou dans l’affaire tchécoslovaque: Hongrie, Allemagne de l’Est et Pologne, notamment.Avery Brundage, le président du CIO de 1952 à 1972, n’avait pas remis en cause le déroulement des Jeux, qui auront finalement lieudans une atmosphère pesante. Et avec des médias mexicains sommés d’évoquer le moins possible les remous estudiantins et la répression militaire, afin de ne pas «saboter» les JO.
La Locomotive gronde…
A l’époque, il fallait aussi compter avec l’aura des athlètes tchécoslovaques – 13 médailles à Mexico, 7es au classement des nations. Voilà pourquoi, adulé du monde entier,Emil Zatopek(1922-2000), le spécialiste des courses de fond (du 5000 mètres au marathon), dit«La Locomotive tchèque», se fâche. «Dans une édition spéciale clandestine du journal sportifStadion affichée sur les murs de Prague», il demande que «les sportifs soviétiques», au même titre que les Sud-Africains, «ne soient pas admis à concourir aux Jeux olympiques de Mexico en raison de la situation tragique créée par l’occupation illégale de la Tchécoslovaquie».
Ce reportage (en couleurs et un bref passage en noir et blanc) rend compte de l'arrivée des chars soviétiques en Tchécoslovaquie, depuis le 20 août dernier, et de la réaction des Tchécoslovaq...
Pour les gens de ma génération on ne présente pas Anne Sinclair, elle fut sans contestation une icône de la télé avec à partir de septembre 1984 7 sur 7 dont elle tiendra magistralement les rênes pendant 13 ans.
« Ici, le ton se veut résolument moderne : tous les dimanches en première partie de soirée, on va parler de politique autrement, avec des invités qui s’expriment sur l’actualité de la semaine... et se font bousculer par les questions précises et acérées de la journaliste.
Le succès est sans précédent, les pics d’audience atteignent des records (jusqu’à 13 millions de téléspectateurs) et marqueront l’histoire de la télévision, tout comme les yeux bleus et les pulls angora de la présentatrice. »
« On se souvient entre autres de Daniel Balavoine qui, sous le coup de l'émotion et de la colère, avait lancé un « J'emmerde les anciens combattants » ou encore de Serge Gainsbourg brûlant un billet de 500 francs sur le plateau de l'émission. »
Elle connaissait bien François Mitterrand, « qu’elle n’hésitera pourtant pas à exaspérer au cours d’une interview qui reste encore aujourd’hui un modèle du genre. »
«Je ne suis ni une sainte, ni une victime, je suis une femme libre !» déclare-t-elle en janvier 2012 au Parisien, mettant ainsi un terme à des mois de silence après l’affaire du Sofitel.
Dans le livre Michel Rocard par… le portrait qu’elle dresse de celui-ci qui m’apparaît, même si je ne suis pas le mieux placé pour en juger, teinté d’une réelle empathie, il sonne juste.
« Le jour de sa mort, beaucoup de gens, bien au-delà du cercle intime, se sont trouvés orphelins. Ce fut mon cas, je l’aimais et l’admirais. Il a compté pour moi et ma génération.
Il a passé sa vie à lutter pour le bien commun, sans vanité, sans orgueil déplacé, toujours prêt à servir, comme son maître Pierre Mendès-France. Il a donné de la noblesse à la politique, quand tant de ses congénères l’ont dégradée et rabaissée, plein d’enthousiasme pour faire, plus que pour dire. Que ce soit pour la négociation collective, pour l’agriculture, pour la Nouvelle-Calédonie, pour l’Afrique, pour l’Arctique.
Elle rappelle, comme je l’ai déjà écrit ICI, la source de son engagement, lorsqu’il aida, jeune scout de 15 ans, au retour des déportés au Lutétia.
« Le « rocardisme », la « deuxième gauche », quelle que soit la façon dont on surnomme le courant de pensée qu’il créa, restera comme une combinaison de fois, de contrat, de conviction et de sens du collectif. Après Pierre Mendès-France, avec lui, comme lui, il incarne le respect de la chose publique et de la parole donnée.
Pour l’avoir si souvent interviewé, j’entends encore si bien sa façon de parler. Ce débit rapide et saccadé, avec des inflexions tonitruantes et des points de suspension quand arrivaient les sujets difficiles. Son vocabulaire n’était pas simple et sa syntaxe complètement incompréhensible. Mais on le respectait. Parce que c’était un homme politique créatif (ce deux mots accolés sont si rares !), parce qu’il faisait appel au meilleur de nous-mêmes, parce qu’il était d’une intelligence supérieure, totalement engagé dans sa sincérité, toujours en avance d’une idée et d’une solution. Il chérissait la vérité, même si elle était à contre-courant, il vénérait la franchise, même quand elle coûtait cher, il pensait sans biaiser, il a eu souvent raison. Il fut peut-être le dernier de cette lignée.
[…]
« Différent de tous ses congénères, il n’avait pas une once de vanité personnelle, il avait le sens du travail collectif, il lui importait seulement de servir l’État. »
[…]
« J’ai eu la joie de le voir quelques semaines avant sa mort. L’entretien, comme toujours avec lui, était tendre, affectueux, amical. Privilégiant l’horizon intelligent sur la basse cuisine, il se demandait avec curiosité ce que l’effervescence intellectuelle de sa génération donnerait dans l’histoire. Ce jour-là, il régalait de ses souvenirs les proches qui étaient présents : l’Algérie, le PSU, Charléty, les grandes et petites heures de la Ve République et des combats qu’il a menés, défilaient en rang serré.
Mitterrand aussi, bien sûr. Il restait sévère sur ce qu’on a appelé la « parenthèse » de 1983, faute pour le pouvoir socialiste d’avoir su nommer le tournant vers une social-démocratie attendue. Plus qu’un épisode, c’était pour lui le grand mensonge des septennats Mitterrand. Il regrettait que le PS soit resté englué si longtemps dans l’éternel complexe d’une gauche qui n’ose pas rompre avec la radicalité empreinte de substrat marxiste. Une gauche qui, depuis Jaurès, reste inhibée par le Parti communiste et la radicalité. »
[…]
« Il faisait partie de ces optimistes impénitents et de ces pessimistes toujours actifs, qui pensent que le pire n’est pas forcément sûr, et que l’avenir dépend des hommes qui le font. Il a incarné beaucoup d’espoirs en un monde fraternel, collectif, autonome, soucieux du bien commun. Avec lui s’en est allée un part de nous-mêmes. »
[..]
Le dernier jour où je l’ai vu, c’est sur une note nostalgique qu’il était reparti avec Sylvie, sa femme. J’ai encore dans l’oreille cette phrase faussement désinvolte et vraiment émue, qui dit bien l’amour qu’il lui porta et les déceptions qu’elle lui causa : « Faut se la faire, la France ! »
La fidélité est une valeur sûre parole d’un vieux grognard de Michel Rocard… Joxe, Julliard, Cavada, Chavagneux parlent vrai
Mais c’est Pierre Joxe vieux bretteur du mitterrandisme, le seul qui pouvait dire son fait à Tonton, qui met en exergue le Rocard qu’on a oublié, celui qui a motivé mon engagement politique :
Évocation de l’« audacieux militant anticolonialiste » et du « talentueux serviteur de l'Etat » que fut Rocard, ce texte sobre et grave est aussi une critique de ceux qui, aujourd'hui, «encensent sa statue mais tournent le dos à son exemple en détruisant des conquêtes sociales pour s’assurer d’incertaines « victoires » politiciennes, contre leur camp, contre notre histoire, contre un peuple qui n’a jamais aimé être trahi ».
Michel Rocard, in memoriam
A l’annonce de la mort de Michel Rocard, la plupart des réactions exprimées par les hommes politiques au pouvoir - et par ceux qui espèrent les remplacer bientôt - ont été assez souvent purement politiques ou politiciennes.
A gauche, l’éloge est de règle. A droite, l’estime est générale.
Mais deux aspects de la personnalité de Michel Rocard semblent s’être volatilisés : avant de réussir une grande carrière politique, il a été un audacieux militant anticolonialiste et un talentueux serviteur de l’Etat.
Il lui fallut de l’audace, en 1959 pour rédiger son Rapport sur les camps de regroupement en Algérie.
Il fallait du talent en 1965, pour être nommé secrétaire général de la Commission des comptes et des budgets économiques de la Nation .
Je peux en témoigner.
Pour la Paix en Algérie
Quand je suis arrivé en Algérie en 1959, jeune militant anticolonialiste d’une UNEF mobilisée contre la sale guerre coloniale, le prestige de Rocard était immense parmi nous. C’était comme un grand frère, dont on était fier.
Car il avait rédigé – à la demande de Delouvrier, le délégué du gouvernement à Alger – un rapport impitoyable sur les « camps » dits « de regroupement » que les « pouvoirs spéciaux » de l’époque avaient permis à l’Armée française, hélas, de multiplier à travers l’Algérie, conduisant à la famine plus d’un million de paysans et à la mort des centaines d’enfants chaque jour…
Le rapport Rocard « fuita » dans la presse. L’Assemblée nationale s’émut. Le Premier ministre Debré hurla au « complot communiste ». Rocard fut menacé de révocation, mais protégé par plusieurs ministres dont le Garde des sceaux Michelet et mon propre père, Louis Joxe.
Quand j’arrivai alors à mon tour à Alger, les officiers dévoyés qui allaient sombrer dans les putschs deux ans plus tard me dirent, avant de m’envoyer au loin, dans le désert : « … Alors vous voulez soutenir les hors la loi, les fellaghas, comme votre ami Rocard…? »
Je leur répondis, protégé par mes galons d’officier, par mon statut d’énarque – et assurément par la présence de mon père Louis Joxe au gouvernement : « C’est vous qui vous mettez « hors la loi » en couvrant, en ne dénonçant pas les crimes commis, les tortures, les exécutions sommaires et les mechtas incendiées. » J’ignorais alors que ces futurs putschistes allaient tenter un jour d’abattre l’avion officiel où mon père se trouvait…
En Janvier 1960, rappelé à Alger du fond du Sahara après le virage de de Gaulle vers « l’autodétermination » et juste avant la première tentative de putsch – l’ « affaire des barricades » –, j’ai pu mesurer encore davantage le courage et le mérite de Rocard. Il avait reçu mission d’inspecter et décrire ces camps où croupissait 10% des paysans algériens, ne l’oublions jamais !
Il lui avait fallu une sacrée dose d’audace pour arpenter l’Algérie en civil – ce jeune inspecteur des finances –, noter tout ce qu’il voyait, rédiger en bonne et due forme et dénoncer froidement, sèchement, ce qui aux garçons de notre génération était une insupportable tache sur l’honneur de la France. Nous qui avions vu dans notre enfance revenir d'Allemagne par milliers les prisonniers et les déportés dans les gares parisiennes, nous étions indignés par ces camps.
Car en 1960 encore, étant alors un des officiers de la sécurité militaire chargé d’enquêter à travers l’Algérie, d’Est en Ouest, sur les infractions, sur ceux qui désobéissaient aux ordres d'un de Gaulle enfin converti à l’« autodétermination » qui allait devenir l’indépendance, j’ai pu visiter découvrir et dénoncer à mon tour des camps qu’on ne fermait pas ; des camps que l’on développait ; de nouveaux camps… Quelle honte, quelle colère nous animait, nous surtout, fils de patriotes résistants !
Pour le progrès social
Aux yeux de beaucoup de politiciens contemporains qui ont choisi la politique comme métier – et qui n’en ont jamais exercé d’autre – Rocard devrait être jugé à leur aune : Élu ou battu ? Ministre ou non ? Président ou même pas ?
Mais le service de l’Etat, dans la France des années 60 – enfin débarrassée de ses maladies coloniales –, fut une mission autrement exaltante que le service militaire de trente mois que nous avait imposé la politique de Guy Mollet et de ses séides honnis: Robert Lacoste, Max Lejeune et d’autres, aujourd’hui heureusement oubliés.
Le service de l’Etat, dans cette France à peine reconstruite, la définition et l’exécution d’une action économique orientée à la fois vers l’équipement, la croissance et le progrès social, ce fut la mission passionnante et mobilisatrice de plusieurs centaines de hauts fonctionnaires économistes, ingénieurs, statisticiens et bien d’autres, qui orientaient tout le service public et ses milliers de fonctionnaires vers les missions d’intérêt général et le progrès. J’ai eu la chance d’y participer.
Les chefs de file, nos maîtres à penser, s’appelaient Pierre Massé, Commissaire au Plan ; Jean Ripert, son adjoint ; Claude Gruson, à la tête de l’INSEE ; François Bloch Lainé à la Caisse des Dépôts ; Jean Saint-Geours, au Trésor – bientôt premier Directeur de la prévision. Il y avait aussi, dans leur sillage quelques jeunes individus prometteurs, comme un certain Michel Rocard. Il fut bientôt chargé de la prestigieuse Commission des comptes et des budgets économiques de la Nation, précieux outil d’action publique.
Tous ces serviteurs de l’Etat – aujourd’hui disparus – étaient d’anciens résistants animés par trois idéaux : le bien commun, la justice sociale, le patriotisme. Tous étaient plus ou moins imprégnés des idées du vieux courant du « Christianisme social », né au XIXème siècle face aux inégalités croissantes engendrées par le capitalisme et adeptes du « Planisme » du Front populaire. Tous étaient « mendésistes ». Beaucoup étaient protestants, mais les catholiques comme Bloch-Lainé étaient leurs cousins et les francs-maçons… leurs frères.
Parmi tous ceux-là, Michel Rocard fut bientôt enlevé, écarté du service public par une urgence politique majeure : rénover, reconstruire le socialisme déshonoré par les années de compromissions politiciennes et les dérives autoritaires nées des guerres coloniales. Avec Savary et Depreux, il créa le PSA, puis le PSU. On connaît la suite.
J’ai vécu ces années avec lui mais aux côtés de Mitterrand dès 1965, animé par les mêmes idéaux. Nous avons longtemps participé ensemble à l’action associative [1], puis parlementaire, puis gouvernementale, en amateurs. Non comme politiciens professionnels – car nous avions nos professions, honorables et satisfaisantes – mais en amateurs, comme jadis au rugby. Non pour gagner notre vie, mais pour la mériter.
Pour l’honneur
Michel Rocard, et beaucoup d’autres serviteurs de l’Etat, nous avons été conduits à la politique par nécessité civique. Non pour gagner notre pain, mais pour être en accord avec notre conscience, nos idées, nos espoirs.
Les exemples contemporains de programmes électoraux trahis, oubliés ou reniés, de politiciens avides de pouvoir, mais non d’action, « pantouflant » au besoin en cas d’échec électoral pour revenir à la chasse aux mandats quand l’occasion se présente, tout cela est à l’opposé de ce qui anima, parmi d’autres, un Rocard dont beaucoup aujourd’hui encensent la statue mais tournent le dos à son exemple en détruisant des conquêtes sociales pour s’assurer d’incertaines « victoires » politiciennes, contre leur camp, contre notre histoire, contre un peuple qui n’a jamais aimé être trahi.
Pierre Joxe, 7 juillet 2016.
[1] Notamment dans la pépinière de l’ADELS (Association pour la démocratie et l’éducation locale et sociale) créée en 1959.
Maximilien Luce-La Gare de l'Est sous la neige-1917
L’auteur, Pierre Lassus, du Petit éloge des gares aux éditions François Bourin, dans son premier chapitre, sobrement intitulé Gares, confie qu’enfant, il a passé des heures sur un quai de la gare de l’est à contempler, en attente de départ, les fabuleuses 241P, ces locomotives des années 1950, de dix-huit mètres de long, pesant 84 tonnes et pouvant atteindre la vitesse, alors vertigineuse, de 120 km/h, tractant les trains lourds et les « rapides ».
« Le mécano, chiffon à la main, lustrait les bielles et les roues. C’est que cette loco était « sienne », nul ne la conduisait sinon lui, et il tenait à la faire belle avant de s’élancer sur les rails. Dans la cabine, le chauffeur, projetant au cœur de la fournaise des pelletées de charbon puisées au « tender », nourrissait le foyer, et, de temps à autre, il faisait s’échapper un jet de vapeur pour diminuer la pression formidable des flancs. À l’heure dite, les deux hommes, casquette bleue vissée sur la tête, leurs yeux protégés par d’épaisses lunettes, allaient libérer la machine, rouler à pleine puissance vers d’autres gares en attente… »
« En ce temps-là donc, la gare sentait la fumée, celle des locomotives, celle des cigarettes que les voyageurs avaient encore le droit de griller sur les quais, l’hiver, celle des braseros installés entre les voies pour éviter le gel des aiguillages. On pouvait humer, devant les baraques proposant nourritures et boissons, l’odeur des « hot-dogs » tenus chaud dans leur bocal de verre, celle de l’encre fraîche devant les kiosques à journaux, celle des parfums bon marché devant les boutiques de souvenirs… »
C’était l’époque du ticket de quai.
« Dans les gares de ce temps-là je parle ici des « grandes gares », on ne pouvait pas s’acheter de vêtements, ni d’épicerie fine, de produits de beauté, de pharmacie, ni de chaussures, ni de vins, de charcuterie, de miel et d’autres »produits régionaux ». La gare n’était pas encore devenue un centre commercial. Les quelques « commerces » présents dans l’enceinte étaient liés au voyage : vente de boissons et de sandwiches, réputés, à juste titre, pour leur extrême médiocrité, journaux et tabacs agrémentés de quelques « souvenirs » et cartes postales, quelques « zincs » offrant cafés, « demis », vins de basse extraction et calvados perforants.
Mais cette médiocrité participait de l’essence même d’une gare, le « populaire » alors était frugal, plus regardant sur les dépenses que sur la qualité. Une canette de bière et un sandwich, fait de deux tranches de pain, généralement rassis, et d’une tranche de jambon, si fine qu’on pouvait voir au travers, parfois enrichi de quelques fragments de cornichons et d’une fine pellicule de beurre, constituaient le « casse-croûte » parfaitement adapté aux voitures de troisième classe, à l’aménagement spartiate et à la propreté douteuse. Bien entendu, les « riches », qui voyageaient en première classe, et les « moins pauvres » qui voyageaient en seconde, pouvaient bénéficier d’une restauration de qualité supérieure : le « wagon-restaurant » pendant le voyage et, dans la gare elle-même, le « buffet ». Point de gare, alors, sans buffet. Entendons-nous bien : le buffet n’était pas un « self-service » ou un « fast-food », mais un restaurant authentique, souvent de grande qualité, que fréquentaient même des non-voyageurs, des gens de la ville appréciant la cuisine, le cadre et l’ambiance particulière de la gare. Ils ont disparu et, à ma connaissance, le seul vrai rescapé est à Paris, le célèbre Train Bleu de la gare de Lyon qui, probablement, n’a survécu qu’en raison de son décor Belle Époque, sauvé de la démolition par André Malraux en 1966, puis classé monument historique en 1972. Dans les grandes gares on disposait de plusieurs buffets et, à côté des établissements plus ou moins luxueux, les voyageurs pouvaient se restaurer dans des lieux plus modestes, proposant des menus « rapides » pour les clients pressés par l’horaire ; ils étaient le royaume du « harengs-pommes à l’huile », du « steak-frites » et de la macédoine de fruits.
Le 9 janvier 2009 j’écrivais :
Qu’il est loin l’âge d’or des buffets de gare… lettre à Guillaume Pepy président de la SNCF
Cher Guillaume,
Le temps des voyages, des excursions, des balades a-t-il définitivement laissé la place à celui des migrations, celles des fins de semaine, celles des grandes et petites vacances : les fameux chassés croisés, celles des charters, où, en cohortes serrées, pressées, plus personne ne prend le temps de se poser, de se restaurer ? Alors, dans tous les lieux drainant les grands flux : les gares, les aires d’autoroute et les aéroports, les points de restauration, à quelques rares exceptions, s’apparentent à des bouibouis, chers, malpropres, proposant le plus souvent une nourriture indigne que même un quelconque Mac Do n’oserait pas servir. Sous le prétexte, souvent justifié, que les voyageurs ne sont qu’en transit, qu’ils ne viennent pas dans ces lieux pour le bien manger, que c’est dans tous les pays pareil, le traitement qu’on nous inflige donne de notre beau pays, qui se vante d’être celui de la bonne chère, une image déplorable.
Nous qui adorons tant les exceptions, la culturelle surtout, pourquoi – restons modeste laissons de côté les aires d’autoroute, qui me semblent incurables, et les aéroports qui eux ne sont plus que des hubs – ne changerions-nous pas cet état de fait, dans quelques-unes de nos gares emblématiques, des très anciennes si belles comme des nouvelles, ces cathédrales TGV labellisées QF, au nom de l’attractivité de la France. Il me semble que ce serait bien plus utile, pour l’image de la France de la bonne chère et du bien boire, que de revendiquer auprès de l’Unesco l’inscription de la Gastronomie française au patrimoine de l’humanité. Vaste programme, belle ambition, mon cher Guillaume, qui ne sauraient buter sur des objections du type : la SNCF a d’autres chats à fouetter que de s’occuper de toutes ces broutilles qui ne sont que des services concédés ou que l’heure n’est pas aux opérations de prestige… car, je te rassure, cher Président du Chemin de Fer Français, dans mon esprit il ne s’agit pas de faire dans le somptuaire – des petits « Train Bleu » en tout lieu – mais de retrouver l’esprit des pionniers des gares et de buffets, d’apporter un plus au service ferroviaire dans la compétition européenne qui s’ouvre. Alors, parlons-en cher Guillaume, réinventons le buffet de gare du XXIe siècle et, peut-être que nous en exporterons le concept.
Le vocabulaire du vin ne cesse de m’étonner, après avoir découvert le goût de serpillière – comme de bien entendu, il existe des dégustations de jus de serpillière dans les instituts d’œnologie – voilà t’y pas qu’on me sert le goût de souris.
Moi, dans ma candeur, j’ai cru que la souris dont il s’agissait était une souris.
Naze, le gus !
Pas tant que ça les grelus, ben oui, des souris les polars en sont bourrés :
« C'était mauvais de se monter le bourrichon pour une souris, si mignonne fût-elle. »
« Les femelles, en grande majorité, possèdent un coeur entre les cuisses. Tant qu'une souris bande pour son mec, il n'y a rien craindre. »
Mais non, il ne s’agissait que d’ajouter le petit mammifère rongeur au bestiaire ou au potager des flaveurs et des saveurs du vin souvent accolés au foutus vin nu.
Il est en effet très courant que chez les bobos parisiens y’ai un pékin ou une greluche qui s’exclame « Pourquoi il pue, ce vin ? »
Là, je sors de ma manche, Miss Glou-Glou, celle qui sait tout sur le glou :
« Il est temps de passer à table, chéri(e) regarde ce que j’ai pour le dîner, l’autre répond aah !, vous êtes fier/fière comme « un petit banc ». Vous débouchez enfin, versez dans le verre et là « oh…oh! C’est pouah, c’est beurk !! ». Ça sent l’aisselle pas propre, le chou mariné oublié sur un coin de table pendant 3 jours. Mais ça ne sent pas le bouchon, non, ni la souris, ni le vinaigre, ni le dissolvant. Juste le chou dégueu. C’est grave ? Ben non, pas tant que ça. »
Mais au lieu de ramener ma science, bien défaillante, je sors de ma manche la Science, celle des formules chimiques : « En 2002, des Australiens avaient identifié trois pyridines responsables du phénomène : les molécules ATHP (2-acétyl-tétrahydropyridine), ETHP (2-éthyl-tétrahydropyridine) et APY (2-acétyl-1-pyrroline). »
Et sachez donc mes biens chers frères, mes bien chères sœurs :
« Il n'y a pas un mais des goûts de souris », classés en trois catégories sensorielles, en allant du pop-corn au vomi et en passant par des notes d'urine de souris.
« C’est plus une texture, avec un côté gras de cacahuète. Et l’odeur du poil, voire de la pisse de souris »
Et bien sûr, pour la bonne bouche, je sors un grand amateur de la LPV qui se fait un plaisir de le décrire avec gourmandise et un lot de conneries :
« … tout amateur de vins natures a forcément rencontré ce défaut, qui est sans doute le pire que je puisse rencontrer dans un vin.
Ce fameux goût de souris fait allusion à un goût qui, s'il est discret, se contente d'apparaître en fin de bouche voir parfois longtemps (plusieurs secondes) après que le vin ait été avalé ou craché. C'est un gout tenace, difficile à décrire, faisant une subtile synthèse entre le rance et le pourri (miam!!). Ce goût peut arriver rapidement après l'ouverture de la bouteille ; dans ce cas il ne fait qu'empirer rendant le breuvage imbuvable. S'il est très fort on peut même le sentir au nez. Mais heureusement il arrive généralement après quelques heures d'ouverture. Il est rare de le trouver sur des blancs et n'apparaît jamais chez les vignerons maniaques de l'hygiène. Mais ce même goût se retrouve à l'identique quelle que soit la région d'origine du vin. »
Eulala, vous imaginez la tronche de madame Michu, qui a peur des souris, si on déclare devant elle afin de lui éviter la panique : « Ce vin a goût de vomi… »
Attention, ce n’est pas une découverte, le phénomène n’a rien de nouveau : « C’est un défaut répertorié dans les livres, que l’on pensait disparu. »
Ceci étant écrit, selon les pontes de l’œnologie, le goût de souris n'est pas simple à décrire. Car il s'agit d'un défaut olfactif quasi indétectable au nez.
Là, je me trouble, tel un vin nu, en effet je croyais avoir saisi que c’était l’odeur de pisse de souris dont il était question alors que non « Il peut se détecter en bouche, mais aussi sur le doigt : « si vous trempez votre doigt dans un verre, que vous l’agitez ensuite, et qu'en séchant il y a de la souris, vous le sentirez »
Dieu que c’est compliqué la technique !
Je résume, les éminents chercheurs, pour étalonner le goût de souris, ont testés en lapant le contenu de petites fioles : le goût de souris blanche, de souris grise, de souris verte qui courrait dans l’herbe… je l’attrape par la queue… je la donne à ces messieurs…, de mulot, de campagnol, de rat musqué, de loir…
Je plaisante bien sûr, ignorant crasse que je suis !
J’adore le test du petit doigt, en le pratiquant dans les dîners en ville tu fais un tabac…
Revenons au sérieux qui sied dans les chais :
Blancs ou rouges, tous les vins peuvent être concernés, quelle que soit leur région d'origine. Mais, diton, ce sont les vins nature les plus exposés vu qu’ils ne sont pas soufrés.
Les molécules à l’origine du goût de souris sont bien connues : il s’agit de lactobacilles, « plutôt favorables habituellement. Mais c’est aussi lié au développement des bretts en présence de sucre, donc pendant la fermentation ».
Ce goût n’est pas lié à l’hygiène, mais aux méthodes de vinification.
Il se manifeste « lorsque le pH augmente et que l’acidité diminue »
La particularité du goût de souris, c’est qu’il s’agit d’un « défaut passager ». Il peut apparaître aussi bien dès l’ouverture de la bouteille que plusieurs heures après, avant de disparaître tout aussi mystérieusement. Comme si le vin le digérait. Ça, on ne sait pas encore l’expliquer.
Pour compliquer encore la chose, tout le monde n’est pas égal face au goût de souris. Beaucoup détestent, mais certains adorent. Et quelquesuns n'y sont pas sensibles. « Quand les vins sont complexes, ça peut ne pas être un problème ».
Première conclusion utile pour le buveur : une fois que la souris est là il n’y a qu’une seule solution : attendre qu’elle s’en aille.
Reste l’utilisation de l’arme atomique : le SOUFRE
« Évidemment, il suffirait de mettre 6 grammes de soufre et le problème serait résolu » mais « Je ne vois pas l’intérêt d'ajouter du soufre. Tu n’as plus aucun défaut, mais tu n’as plus aucune qualité non plus. »
Là, s’arrête ma capacité de compréhension car, comme vous vous en doutez l’ignare crasse que je suis s’est contenté de pomper la science des autres, tel un Shadocks.
Pour ceux d’entre vous qui aiment la science c’est ICI
Pour finir, j’ai un secret pour détecter à coup sûr le goût de souris.
Lequel me direz-vous ?
Allons, allons, bande de petits canaillous, il est clair – avec aussi un e – qu’un secret ça ne se jette pas sur la Toile, on le garde pour soi.
En juin 1959, Alain Prévost, écrivain achète le presbytère de Saint Loup près de Chartres en pleine Beauce et fait la connaissance de son voisin Ephraïm Grenadou. De là naît l'idée de ce livre, « récit d'une vie consacrée à la vie d’un paysan de la Beauce, celle d’un homme de la grande culture céréalière qui a vécu toute sa vie au rythme saisonnier des labours, de l’ensemencement des champs, de la moisson et du battage. Il a été élevé dans la familiarité des bêtes, des chevaux en premier lieu, car le paysan beauceron ne pouvait accéder à l’indépendance que s’il possédait un attelage et c’est la maîtrise de la conduite des chevaux, à la charrue et dans les charrois, qui conférait la qualification la plus noble. »
Vie quotidienne : Grenadou, paysan beauceron
GÉRARD VINDT
01/03/1999
ALTERNATIVES ECONOMIQUES N°168
Saint-Loup se modernisait. L’électricité est venue en 26 et l’eau dix ans plus tard. En 30, (...) j’ai acheté d’occasion pour six mille francs une batteuse à moteur qui pouvait faire jusqu’à soixante quintaux par jour 1. Et je crois que c’est en 30 que j’ai acheté ma première voiture : une B2 d’occasion que j’ai payée six mille francs (...). On allait tous les samedis à Chartres, on se rencontrait. Tous, on s’intéressait à la nouvelle culture. « ça changeait d’avant la guerre, quand les gens n’étaient amis qu’avec le monde du village »
Grenadou, paysan français, par Ephraïm Grenadou et Alain Prévost, coll. Points-Histoire, première éd. Le Seuil, 1966).
Ephraïm Grenadou est né à Saint-Loup en 1897, commune de Luplanté, Eure-et-Loir, à une quinzaine de kilomètres au sud-ouest de Chartres, « avec la cathédrale sur l’horizon ». Son père, charretier, avait réussi à s’acheter un bout de terrain : « C’était des gens tout à fait économes. Ils travaillaient comme des serfs. »
Grenadou, revenu de la guerre, se marie et se met en quête de terres à blé. Il loue neuf hectares et achète les vingt-cinq de son beau-père. Il met tout de suite de l’engrais à la place du fumier, innove dans l’élevage de cochons, ouvre en 1926 un compte au Crédit agricole et achète un tracteur d’occasion qui fait bien « le travail de huit chevaux ». En 1928, après avoir repris la ferme de son père et acheté encore une dizaine d’hectares, il se retrouve à la tête de 75 hectares. Suivent la batteuse et la voiture. Il est assez fort pour encaisser la crise des années 30 et même pour s’agrandir, en rachetant les terres de deux petits paysans : « J’étais pas loin de la centaine d’hectares et la crise était passée. »
Parti de peu, Grenadou a fini par " commander une grande ferme ". Il est de cette paysannerie moyenne qui prospère et se modernise dans l’entre-deux-guerres, alors que l’agriculture française fait encore preuve d’un retard certain. Un résultat de la lenteur de la modernisation et de la décrue rurale. Ainsi, c’est seulement en 1926 (soixante-quinze ans après le Royaume-Uni) que la population urbaine passe définitivement la barre des 50 %. Depuis le milieu du XIXe siècle en effet, seuls les ouvriers agricoles ont quitté massivement la terre : de 3,7 millions en 1851, ils passent à 1,9 million en 1921, puis à 1,5 million en 1936. Mais les exploitants agricoles, qu’ils soient propriétaires ou locataires, s’accrochent à leur terre et se maintiennent autour de 5,8 millions depuis le milieu du XIXe siècle.
Il faut la guerre, le déficit de jeunes, la concurrence de produits meilleur marché d’outre-mer, l’attraction des emplois industriels ou du service public et la crise pour qu’ils cèdent inexorablement du terrain : ils ne sont plus que 4,5 millions en 1936.
Mais ce nombre est encore important et traduit les faiblesses de l’agriculture française. Peu productive, elle n’est pas capable d’alimenter le marché national et le pays importe 25 % de sa consommation en 1929. Les rendements moyens à l’hectare sont nettement inférieurs à ceux des principaux concurrents européens : 14 quintaux pour le blé (20 en Allemagne, 29 aux Pays-Bas), 104 quintaux pour les pommes de terre (207 en Belgique). Si l’araire a été remplacée par des charrues plus perfectionnées, beaucoup de fermes ont des râteaux et des faucheuses à traction animale, les machines plus performantes sont rares : 322 000 semoirs mécaniques, 422 000 moissonneuses-lieuses, une centaine de moissonneuses-batteuses en tout et pour tout, 27 000 tracteurs.
L’agriculture modernisée est donc clairement minoritaire. Mais elle existe. C’est même son essor qui explique largement la croissance annuelle moyenne du produit de l’agriculture de 2 % dans les années 20, le recul de la jachère, la croissance des dépenses pour produire, qui passent de 10 à 20 % du montant du produit brut final entre 1913 et 1936. Sur une bonne terre et en pratiquant une agriculture moderne, Grenadou fait deux fois plus de blé à l’hectare que la moyenne nationale.
Les bienfaits de la République
Il n’est pas le seul dans ce cas et ne doit pas tout à sa seule vaillance et à son sens, bien réel, du marché. Il bénéficie d’abord des politiques publiques. Au début, pour acheter six hectares, il emprunte 10 000 francs : « La République prêtait de l’argent à 2 % aux anciens soldats. « Grenadou a bonne mémoire : dès avril 1918, une loi accorde des prêts à taux très bas en cette période de forte inflation, sur 25 ans (1 %, puis 2 % après la fin de la guerre), par l’intermédiaire des caisses de Crédit agricole, pour l’acquisition ou l’aménagement des petites propriétés rurales, afin de " donner un témoignage de la sollicitude à l’égard de ceux qui ont été particulièrement éprouvés par la guerre ". Grenadou, d’autre part, ne se plaint guère des impôts, et pour cause : la paysannerie, qui représente 38 % de la population active en 1929, verse 5 % de l’ensemble de l’impôt sur le revenu, et l’impôt foncier connaît une nette baisse.
Dans le même temps, l’Etat finance l’équipement du monde rural. Il n’y a pas qu’à Saint-Loup que l’électricité arrive. En 1917, 17 % des communes étaient raccordées, elles sont 48 % en 1927 et 95 % en 1938. Par cette politique volontariste, l’Etat veut pallier le manque de main-d’œuvre salariée en facilitant l’usage des machines. Il entend aussi réduire le décalage entre les modes de vie ruraux et urbains, afin de freiner l’exode rural. D’ailleurs, Grenadou, né en terre de radicalisme, reconnaît volontiers ce qu’il doit à la République, comme il sait gré au Front populaire de stabiliser les prix des céréales avec la création de l’Office du blé. Grenadou peut compter aussi sur tout un réseau de modernistes comme lui, qui s’entraident. Le samedi, à Chartres autour d’un billard, ces paysans qui " s’intéressent à la nouvelle culture " se rencontrent et s’épaulent. Plus tard, en 1946, les mêmes fondent une coopérative pour se payer une grosse batteuse et d’autres engins.
Mais Grenadou est aussi, par d’autres traits, représentatif de l’ensemble de la paysannerie française : quand la crise survient, on retrouve, y compris chez lui, l’importance de l’autosubsistance : « Presque tout ce qu’on mangeait venait de la ferme : le cochon, les légumes, les pommes de terre. Je faisais du fromage blanc. Une fois par semaine, on tuait un lapin. » Une autosubsistance qui, au niveau national, représente encore le quart de la production des paysans en 1938. Malgré son enrichissement, il reste fidèle à son mode de vie austère et à son milieu d’origine. Il est fier de se dire « paysan », attaché à garder des bêtes, même si elles ne rapportent pas. C’est son beau-fils, d’une autre génération, qui deviendra « cultivateur ».
Chapitre 13 et dernier chapitre : Aujourd’hui
Nous voilà aujourd’hui.
J’ai soixante-neuf ans et je cultive cent soixante-dix hectares.
Tous les matins, je me lève à six heures. Mes compagnons viennent manger et je fais chauffer le café. La patronne se lève après, tout doucement. Pendant que mes ouvriers déjeunent, je prends seulement du café et on cause boulot de la vieille, d’où on en est, de ce qu’on va faire. Quand ils savent leur travail de la journée, je vais curer mes deux vaches.
Si j’ai encore deux vaches, c’est parce que je veux pas être cultivateur et aller au lait chez le voisin. Je peux pas lui dire : « J’ai plus de vache parce que ça me rapporte pas. » Pourquoi est-ce qu’il me vendrait du lait, alors ?
Curer les vaches, ça e met en train. La patronne vient tirer quelques litres de lait pour la maison et après, je fais boire les veaux. Tout en faisant mon ouvrage, j’entends les tracteurs qui démarrent.
Je déjeune : des œufs. Je soigne les poules, les canards, mon chien. J’aide la patronne ; je vais lui chercher ses pommes de terre, ses poireaux dans le jardin. Je lui apporte tout à la maison parce qu’avec l’âge, elle est moins magnante.
Après, je prends ma voiture et fais un tour, voir mes gars. Je prends les chemins de traverse, je passe dans le bout de mes champs, je vois le blé où j’ai semé. Je le vois lever, je le vois pousser, je vois ce qu’il lui manque, s’il a faim, s’il faut que je traite, que je le nettoie.
L’histoire d’être cultivateur, c’est d’observer. Toutes ces plantes-là, c’est comme des animaux, ou même des enfants. Je les regarde grandir et si elles profitent mal, je fais ce que je peux. Ce qui m’intéresse dans la moisson, c’est de la voir pousser belle. Elle me plaît parce qu’elle vient de moi, un peu. Quand elle est battue et stockée sous le hangar, je la regarde plus.
Je retrouve mes gars, je descends de l’auto, je marche derrière le tracteur. Ça m’intéresse tellement qu’au lieu de faire un tour, j’en fais trois. Midi arrive, je suis surpris.
Le midi, je mange avec mes ouvriers. Là, c’est plus la même conversation que le matin et on ne parle plus boulot. On parle du journal et de toutes sortes. Après les grandes tablées d’autrefois, nous voilà quatre. C’est plutôt la vie de famille. Quand on était beaucoup, on avait des horaires, tandis que là, on a des heures pour rentrer, mais pour sortir, les gars font ce qu’ils veulent ; ils lisent, ils flânent, ils se reposent.
Quand le journal arrive le matin, je regarde seulement les grandes lettres. Après-midi, je dors mon somme et je lis les articles qui me plaisent. C’est pour ça que je fais jamais marcher la TSF, parce que si j’ai entendu les nouvelles à la radio, je veux plus lire le journal.
À deux heures moins dix, je suis tellement habitué que je me lève sans regarder la montre. Mes gars partent. Souvent, j’ai des courses à faire ; comme aujourd’hui, j’ai été à Chartres avec Marius et on a acheté une tronçonneuse ; ou bien la banque, des visites, emmener la patronne chez le médecin.
Vers cinq heures, je vais à Luplanté faire ma partie de billard. Je retrouve les copains : Chaboche, Chevalier, Balais et puis toi. On joue jusqu’à sept heures et je rentre.
Pierre DUMAYET interviewe Ephraïm GRENADOU et Alain PREVOST pour leur livre "Grenadou, paysan français". Ephraïm GRENADOU est né en 1897 dans la Beauce, il a raconté sa vie à l'écrivain Alai...
Lundi, je reçois un SMS de l'ami Pierre Jancou « … Jacques, un monsieur très classe est venu, suite à ta chronique. Un fervent lecteur alsacien mais qui ne connaît que ta plume. Il était un poil contre les vins nature… »
Alors, alors… je me suis dit que, pour connaître le fin mot de l’histoire, je n’avais qu’à tendre la perche «au monsieur très classe» connu de moi sous le timbre PAX, soit Patrick Axelroud.
Je le fis.
Et voilà, ça donne une chronique de haute volée.
Merci, cher Pax, de soulager mon lourd labeur journalier…
Y m’lâche plus c’Taulier ! C’chais pas si c’est ce statut auto proclamé de mouche du coche qui me vaut cette exigeante attention mais va falloir faire gaffe !
À peine les valises déposées, l’ordre tombe : « Pax, au rapport ! »
Certes j’avais laissé entendre que, sur le chemin du retour, nous irions voir ce qu’il y avait à voir à Châtillon-en-Diois et goûter ce qu’il y avait à goûter : la cuisine d’un certain Jancou.
Nous y fûmes donc, mon épouse préférée et moi. Le Taulier qui, sans doute, a des yeux et des oreilles partout, aussitôt le dos tourné, en fut immédiatement informé ; d’où cette demande (après le pensum, gonflé l’autre, vivement la reprise du boulot !)
En annonçant que nous avions réservé et compte-tenu des chroniques sur Châtillon qui n’arrêtaient pas de tomber, nous précisions craindre, dans ces conditions, de ne pas trouver de place.
Nous ne pouvions mieux dire.
C’est par un direct du droit, suivi d’un sévère uppercut que nous fûmes accueillis à Châtillon et qui nous laissât K.O. debout au point que Marie- Louise déclara ne pas vouloir rester. Je lui rappelai que l’important détour avait pour motif la rencontre avec le sieur Jancou et que je ne partirais pas avant d’avoir satisfait ma curiosité.
Une population souriante nous oriente et nous voilà rendu, quelque peu hébété (K.O. debout vous dis-je.)
J’observe l’ancien bar PMU «Au café des Alpes» avec quelques habitués attablés en terrasse en ce calme et paisible dimanche matin. J’entre et j’aborde, chapeau bas, quelqu’un dont l’assurance et la prestance indique le propriétaire des lieux. Il me confirme être Jancou. Tout en lisant le menu du tableau mural, qui laisse dubitatif, je demande s’il est possible de réserver 2 couverts pour le dîner. Je décline mon identité et l’affaire est dans le sac.
Reprenant un peu, nous nous installons en terrasse et commandons une boisson : jus de pomme au gingembre pour moi et chocolat chaud pour MLA. Nous voyant feuilleter dépliants et prospectus Jancou nous demande où nous déjeunons à midi et nous recommande immédiatement le Mont Barral, aux Nonières, à l’extérieur de Châtillon. Un Logis de France avec tout ce qu’il fallait pour nous requinquer et nous rabibocher avec l’existence. En attendant le soir, montée au col de la Menée (Maman, peur, vertige ! - Je m’arrête pour laisser passer les voitures qui nous croise tant je redoute de serrer trop à droite vers l’à pic pour laisser passer l’autre véhicule)
Redescendu dans le village nous flânons sur les traces du Taulier (cherche Nane, cherche bon chien, qui s’en fout et ne course que les oiseaux – il n’a peut-être pas tort et pense qu’il peut y avoir confusion entre ses proies habituelles et ce drôle d’oiseau de Taulier.)
Le service démarre à 20 h. A 20 h 15 nous pénétrons en salle et demandons où nous avons été installés. Table dressée simplement, menu du soir modifié par rapport à ce que nous pouvions lire le matin. Quelques tablées déjà affairées déclinent leur choix.
Nous commandons.
Pour Marie Louise : Soupe froide au fenouil et jambon de brebis
Karbanatky à la purée de carottes
Clafoutis de mirabelles
Pour Pax : Arancini
Karbanatky à la purée de carottes
Tarte aux mirabelles
Je ne dévoilerais pas ce que recouvre le nom des plats. Pour les amateurs deux alternatives : l’insipide quoiqu’utile Wikipédia ou aller au Café des Alpes écouter Jancou chanter et faire saliver ses convives en décrivant le comment de chaque plat.
Pour la qualité de la cuisine tout était au top. Marie-Louise, cordon bleu hors pair, difficile et exigeante n’a pu que décerner un savoureux sans faute. Le Taulier y a goûté avec bonheur semble-t-il. Pour vous faire une idée exacte, n’écoutez pas n’importe qui, faites le voyage.
Et pour boire ? Pour boire…
La carte des vins est remplie de VDP ! Ça sent le vin nature…
Je fais part de mes réticences à l’attentif Jancou et blablabla et blablabli…
Je sors mon joker, c’est J. Berthomeau qui nous a donné l’envie de venir, comme je lui fais confiance, nous allons vous faire confiance. Et Jancou de me parler avec une gourmandise éclairée de sa carte des vins. Quand il arrive à un Chardonnay nature 2000 *, malgré le prix (au diable les avares et les avaricieux, c’est la fin des vacances etc. etc.) On pourrait aussi parodier l’âne des « Animaux malade de la peste » La soif, l’occasion, l’herbe tendre, et je pense quelque diable aussi me poussant, je passais commande de ladite bouteille.
Un vin nature de 18 ans, « encore jeune » avec une légère pointe d’oxydation qui équilibre le « beurré » du chardonnay. Une super bonne pioche à même de convaincre le plus réticent et opposant aux vins nature. *
Nous ne terminons pas la bouteille et demandons à Jancou de nous la garder au frais pour l’emporter le lendemain.
Ce qui fut fait. Quand il nous vit arriver Jancou était sur le seuil de son café. Il nous remis la bouteille, sans un mot mais avec un œil pétillant mi amusé mi intrigué en tout cas sans malice.
Après 7 heures de route, le vin mis au frais a retrouvé toutes ses qualités, Nature ! 18 ans ! Sans souffre ! Faut le faire !
Dans les observations utiles accompagnant la demande de rapport on a cru devoir rappeler que ce n’est pas d’un 3 étoiles qu’il s’agissait comme pour nous inciter à quelques modérations éventuelles. Est-il ballot, parfois, ce bon Taulier. On n’a pas besoin de lui pour fréquenter ces lieux onéreux, prétentieux et obséquieux. C’est justement des « Cafés des Alpes » au diable vauvert qu’on attend de lui. Il devrait savoir que s’il nous recommandait un coupe-gorge, moi du moins, j’irai me faire couper la gorge en toute confiance et y prendrais sans doute plaisir.
Alors dans la série « Je l’aurai un jour, je l’aurai ! »
C’est pas demain la veille : encore raté !
pax
Lutzelhouse le 21 août 2018
* Le Mazel 2000 – VDP Ardèche – Cuvée Charbonnière
Gérald et Jocelyne Oustric
En 1983 Gérald Oustric et sa sœur Jocelyne reprennent la propriété familiale de 24 hectares (aujourd’hui 30) à Valvignères, petit village au sud de l'Ardèche, pour créer le Domaine du Mazel. Comme la quasi-totalité des vignerons de la région, ils vendent l’ensemble de leur production à la cave coopérative. En 1997, une rencontre avec Marcel Lapierre, illustre vigneron du Beaujolais et Jacques Néauport, vinificateur de légende, va tout changer.
Sur des sols souvent argilo-calcaires, voire résolument calcaires, sont plantés des cépages tels que syrah, grenache, carignan, merlot, cabernet et même le rare et local portan, dont la majorité a plus de cinquante ans. Du côté des blancs, les viognier, chardonnay et grenache blanc ont au moins dix à treize ans et souvent vingt à vingt-cinq ans.
Toutes les cuvées de rouges sont vinifiées en macération semi-carbonique. La vendange est ramassée en caissettes entreposées entre 10 et 15°. Les raisins sont mis entiers en cuve, sans pigeage, pour 30 à 45 jours de macération. Ils sont ensuite pressés à l’aide d’un pressoir en bois vertical. Les fermentations durent de six mois à un an. Tout le processus, y compris la mise en bouteilles, se déroule sans aucun intrant, aucun apport chimique et zéro soufre. Une dizaine de cuvées sont disponibles au domaine, le plus souvent des mono-cépages dont la plupart porte le nom de la parcelle d'origine. Pour les rouges la fraîcheur et le fruité sont résolument le style de la maison ; tandis que les blancs, qui patientent un peu plus en fûts, présentent des notes aromatiques plus évoluées.
Et, fait unique et remarquable, en réduisant sa propre part d’exploitation, Gérald a permis l'installation de nouveaux vignerons comme Andréa Calek, Jérôme Jouret ou Sylvain Bock : un très beau système d'entraide s'est mis en place, notamment pour la vinification qui a abouti à une mise en commun des moyens pour tout ce qui concerne la commercialisation et l'expédition.
Source : La cave des Papilles 5, rue Daguerre, 75014 PARIS - Tél.: 01 43 20 05 74
Votre Taulier ne rechigne jamais, même pendant les mois d’été, à explorer les plis et les replis de la libido du buveur. Mais, comme il est aussi un fieffé ramier, il ne crache pas sur le recyclage de chroniques anciennes. Pour sa défense, celle que je...
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