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23 juin 2022 4 23 /06 /juin /2022 06:00

29 mai 1968 : coup de théâtre, le Général a disparu ! - Valeurs actuelles

Le 29 mai 1968, rien ne se passe comme prévu. Alors que le pays s'enlise dans le blocage des universités et des usines et vit au rythme des manifestations souvent violentes, le Conseil des ministres est avancé à 10 heures à l'Élysée. Mais il est annulé à la dernière minute. «Le Président s'en va !», lancent les huissiers aux membres du gouvernement déjà sur place. Juste avant son départ du palais présidentiel, le général prévient son Premier ministre Georges Pompidou qu'il se retire pour la journée dans son fief de Colombey-les-Deux-Églises afin «de réfléchir tranquillement, de ne pas rester dans la fournaise» parisienne.

 

Quelques minutes plus tard, à 11 h 24, deux Citroën DS sortent de l'Élysée à toute allure par la grille du Coq, à l'arrière des jardins de l'Élysée. Yvonne de Gaulle est du voyage tout comme l'aide de camp du général et ses gardes du corps. Le cortège présidentiel file à l'aérodrome d'Issy-Les-Moulineaux près de Paris où trois hélicoptères attendent le général. Ordre est donné aux peu qui savent (dont fait partie Alain de Boissieu le gendre du Général) de ne rien révéler du voyage présidentiel. En fin d'après-midi une dépêche de l'AFP laisse entendre que le général de Gaulle est bien arrivé dans sa résidence de La Boisserie.

 

Pourtant le Général est loin de la Haute-Marne : son escadrille a atterri à Baden- Baden, cette ville thermale allemande proche de la frontière alsacienne. Sur place, le président de la République a rencontré plusieurs chefs militaires, parmi lesquels le général de corps d'armée gouverneur militaire de Metz mais surtout le général d'armée Massu, commandant les forces françaises en Allemagne. Abattu, de Gaulle s'est confié à son fidèle compagnon d'armes dès son arrivée : «Tout est foutu Massu !»

 

 

Le soutien de l'armée

 

«Un homme de votre prestige a encore des moyens», lui a aussitôt répondu Massu. Les deux hommes engagent une conversation d'une dizaine de minutes. Un échange qualifié par le général lui-même de «providentiel».

 

Craignant des débordements incontrôlables, de Gaulle était venu à Baden-Baden s'assurer du soutien de l'armée et de la loyauté de ses généraux si une intervention militaire dans les rues de Paris s'avérait nécessaire. Son État-major en a aussi profité pour assurer le général de la participation de l'armée pour garantir, si besoin, la sécurité des élections générales des 23 et 30 juin. Les généraux ont également présenté au président un plan secret afin d'implanter en urgence un poste de commandement opérationnel à Verdun dont les soldats seraient capables d'intervenir dans Paris.

 

La panique à Paris

 

Ragaillardi par ses pairs, à 16 h 30 le général de Gaulle donne l'ordre de lever le camp et de repartir en hélicoptère pour Colombey. Pendant ce temps, dans la capitale, la confusion règne. À 14 heures, le secrétaire général de l'Élysée avait informé Pompidou que le général n'était pas à La Boisserie sans toutefois révéler sa vraie destination.

 

Sentant la vacance du pouvoir, la classe politique pressent la fin d'une ère. Si le général s'est retiré à Colombey c'est pour préparer son discours de démission. La rumeur court : le général se retirerait ! Déjà certains commencent à se partager les responsabilités. Mitterrand se voit déjà en chef de gouvernement provisoire.

 

C'était enterrer le général un peu vite. À peine arrivé dans sa résidence à 18 h 15, le chef de l'exécutif appelle son Premier ministre à qui il demande de convoquer un Conseil des ministres pour le lendemain à 15 h 30. Les journalistes évoquent l'annonce de la démission du président de la République pour le lendemain. Raté. Toutefois, même s'il est requinqué, le général juge la situation sérieuse. L'après-midi même, la manifestation de la CGT soutenue par le Parti communiste a rassemblé 100 000 personnes entre Bastille et la gare Saint Lazare. Mais de Gaulle est de nouveau aux commandes !

 

Le 30 mai, il va reprendre l'initiative par une allocution musclée où il affirme « Je ne me retirerai pas » qui sera suivie par une gigantesque manifestation de soutien sur les Champs-Elysées et, quelques semaines plus tard, des élections triomphales rétabliront son autorité.

Les témoignages qui suivent, dont celui du général Massu lui-même, vont éclairer ce mystère historique. Dans Les dossiers de l'écran en juin 1983, les langues se délient.

 

Jacques Massu lève le voile

 

Jacques Massu lève le voile sur ce pan d'histoire méconnu dont il fut un témoin privilégié. Il revient en détails sur sa rencontre à Baden-Baden avec un général De Gaulle aux abois.

 

Après avoir expliqué que le film diffusé avant le débat ne correspondait pas aux faits historiques, il relate comment il a tenté de pousser le général à se ressaisir : « Il m'a dit : tout est foutu. Les communistes ont provoqué une paralysie totale du pays, je ne commande plus rien […]  donc je me retire. Comme je me sens menacé en France, je viens chez vous chercher quoi faire. »

 

Leur entrevue se déroule dans le bureau de sa résidence. Le général, affalé dans le fauteuil des invités face à un Massu perplexe, adossé à son bureau, lui explique qu'il a fait venir son fils et sa famille car il craignait pour leur vie à Paris. Il lui confie également son désespoir face à la situation catastrophique de la France qu'il se sent incapable de reprendre en main :

 

« Au début, il soliloque et je suis évidemment très étonné de voir le général tel qu'il m'apparait à ce moment-là. Il me demande tout de suite s'il pourrait aller à Strasbourg. »

 

Ils évoquent la situation dans cette ville et le général déclare souhaiter rester en Allemagne. Massu, contre cette idée, temporise. Il va tenter de convaincre le général de rentrer en France :

 

« Je vais assez loin  […] allant jusqu'à lui dire qu'un homme comme lui ne peut pas laisser tomber le pays… qu'il se déshonorerait ».

 

Au bout de quelques heures, le général reprend ses esprits et l'écoute plus attentivement. La conversation continue et alors que Massu désespère et s'apprête à appeler l'ambassadeur de France en Allemagne pour organiser l'exil du président, le général se lève et lui demande d'appeler sa femme. Puis, il s'entretient avec d'autres membres de l'équipe. Il s'est ressaisit et repartira le soir même. Le général Massu avoue ne jamais avoir compris pourquoi de Gaulle était venu le voir lui.

De Gaulle à la plage", série courte adaptée de la BD, diffusée dès le 2  novembre sur ARTE (vidéo) - Le Zapping du PAF

27 avril 1969

Démission du président de Gaulle

 

 

Le 27 avril 1969, le peuple français est consulté par référendum sur une réforme du Sénat associée à la mise en oeuvre d'un ambitieux projet de régionalisation. Cette réforme proposée par le président Charles de Gaulle est rejetée à la majorité de 52,41% des suffrages exprimés. Les électeurs manifestent de la sorte moins leur opposition à la réforme de la Constitution que leur lassitude après onze ans de présidence gaullienne.

 

Le soir même, le général de Gaulle assume avec panache son échec et fait porter au président du Conseil constitutionnel Gaston Palewski le message suivant : « Je cesse d’exercer mes fonctions de président de la République. Cette décision prend effet aujourd’hui à midi ». Dès le lendemain, lundi 28 avril, le président du Sénat Alain Poher exerce donc par intérim la présidence en attendant le scrutin qui verra l'élection de Georges Pompidou, le 15 juin suivant.

 

https://media.ouest-france.fr/v1/pictures/MjAxODA5MWRiYzU5ZjNhNTViN2I5YzA1NGU1ZTUzZWJjYzAyNGU?width=1260&height=708&focuspoint=50%2C25&cropresize=1&client_id=bpeditorial&sign=ef24a6d917202d3302f2119fbb5852b56baca1a10c46f89db6a054dc1551bace

 

L'Irlande du Général

 

Par Dominique De la Tour ICI 

 

Publié le 11 janv. 2013

 

Parions que ce sera votre porte d'entrée : Ballygarvan, l'aéroport de Cork. La halle de verre futuriste rappelle peu les hangars et la piste sommaire qui voient atterrir le Mystère 20, ce 10 mai 1969. Il est 10 h 30. Le comité d'accueil est restreint. « S'il y a foule, il est capable de redécoller », avait prévenu l'ambassade. « Welcome home ! » risque la délégation - car notre homme a un point commun avec le célèbre brasseur Guinness : il a des ancêtres chez les McCartan, un clan du sud de Belfast.

 

Ce visiteur flanqué de son épouse, c'est de Gaulle. Il n'est pas en mission officielle, et pour cause : à la suite d'un référendum défavorable, il vient de démissionner. C'est sur la terre des ancêtres qu'il compte lécher ses plaies.

 

La Hillman Hunter roule vers l'ouest. Killarney. Sur ses traces, la voiture fait ses premiers miles sur la boucle de 170 km qui, depuis Killarney, longe la péninsule : l'anneau de Kerry. Des horizons courts, à cause du relief et des virages. Sur la droite, les monts beiges et chauves. A gauche, de menus ports de pêche qui sèchent leurs flotteurs rose et leurs casiers à homards. L'un des premiers rencontrés est Sneem. Les maisons bariolées ont l'exubérance latine. Sur la grand-place, une stèle brandit fièrement une citation : « En ce moment grave de ma longue vie, j'ai trouvé ici ce que je cherchais : être en face de moi-même. » C'est signé de Gaulle. Charles de Gaulle, dit le boucher d'en face - qui prononce comme Ray Charles : « Oui, il a logé à Sneem, mais où ? » Une cliente - qui prononce « general » comme General Motors - a un avis sur la question : « C'était au Parknasilla. » Un président pouvait-il descendre ailleurs que dans le seul golf-hôtel du coin ? Erreur. Le Parknasilla n'hébergeait que la meute de photographes traquant le chef déchu. Les de Gaulle, eux, avaient préféré un hôtel déclassé à 500 livres la semaine, avec vue sur mer, le Heron Cove - aujourd'hui maison privée.

 

 

Entre deux messes, Charles et Yvonne font leurs 4 à 6 km de promenade quotidienne, détaillant ce décor de genêts et de murets croulants, de ponts de pierre griffés par les ronces. Si, comme eux, on prise la botanique, on est à son affaire sur cette côte qui, à toutes les nuances du vert, ajoute les pointes vives des rhododendrons, des arbouses, ou l'éclat rarissime d'un lis blanc du Kerry. Magnolias, palmiers, fuchsias : les chaleurs du Gulf Stream éveillent les luxuriances exotiques.

 

 

Au volant de sa Mini Morris, Flohic, l'aide de camp, reconnaît à l'avance les itinéraires, calculant toujours une issue si un photographe venait à surgir. Malgré ces précautions, des reporters locaux, Joan et Padraig Kennelly, feront la « couve » de « Match », avec le couple à genoux à la messe de Sneem et, célèbre entre tous, le géant blessé arpentant la grève venteuse de Derrynane, trop grand dans son pardessus.

 

Une fois de Gaulle « dans la boîte », la presse passe à autre chose. C'est sans encombre que le vieux soldat visite les curiosités incontournables du comté; la rude enceinte ronde du fort celtique de Staigue, la demeure lambrissée de Daniel O'Connell, à Derrynane, justement. Sur ce pionnier de l'indépendance du XIXe, le Grand Charles en sait autant que le prof dublinois venu lui faire visiter : dès l'enfance, il a lu et relu sa bio, « Le Libérateur de l'Irlande », dont l'auteur n'était autre que... grand-mère de Gaulle !

 

La gifle à Robert Mitchum

 

De village en bourgade, on poursuit sur le fameux anneau : le front de mer à Waterville, la lande à Portmagee donnant sur l'île sauvage de Valentia, Glenbeigh, dérapée au pied de sa montagne trop lisse. Les de Gaulle déménageront dans l'ancienne laiterie du manoir de Kenmare, chassant grossièrement Robert Mitchum et David Lean en plein tournage de « La Fille de Ryan ». De là, ils arpenteront les lacs à cygnes de Killarney, leurs châteaux, leurs futaies rescapées de la manie gaélique du défrichement. Mais auparavant, le 3 juin, le couple a fait une incursion au nord, vers une autre péninsule, la terre brûlée du Connemara.

 

Cashel House, leur nouvel hôtel sur la baie homonyme, est masqué de la route par un jardin digne d'Uzès. Quelques connaisseurs viennent parfois, et s'enquièrent de la chambre du « Général ». « Il y en occupait deux », sourit le réceptionniste qui vous fait visiter de bonne grâce, « celle-ci pour travailler... l'autre pour dormir ». Le lit n'est pas le bon : Dublin en avait dépêché un de 2 m 13, aux mensurations gaulliennes. Les Irlandais avaient l'habitude : leur président, Eamon de Valera, avait la même taille.

 

Plutôt Valera que le Valérien

 

Un panneau signale pieusement l'endroit où Charles contemplait la mer, pendant que Flohic pêchait la truite et qu'à Clifden, la ville voisine, Yvonne achetait de quoi tricoter, pour passer le temps, pendant que son mari rédigeait ses « Mémoires d'espoir ». Ici, vous goûterez des paysages plus austères, les étendues de fange somptueuse, les briques de tourbe, tranches luisantes comme des fondants au chocolat. Autour des Twelve Bens, ces monts qui forment le noyau du Connemara, les routes sont compliquées, échancrées de balcons sur la mer, sur des lacs bleu prune, ou ceux, rouillés et écumeux, où se mire la belle abbaye de Kylemore... tout cela peuplé par le battement d'ailes des pétrels et des busards, et ces moutons de pré-salé plongeant dans une crissante touffe d'ajoncs. De Gaulle boudait leur viande savoureuse, depuis qu'il avait offert son agneau de compagnie pour amuser les bambins d'un orphelinat - qui l'avaient préféré en gigot... Il boude aussi la chaumière d'un autre héros de l'indépendance irlandaise, celle du poète Padraig Pearse, fusillé après la révolte de Pâques 1916 contre Londres.

 

Le 17 juin, nos touristes ont fait leurs valises et roulent vers Aras an Uachtaráin, la « Maison-Blanche irlandaise » de Dublin. Ils y sont accueillis par Valera, le vieux révolutionnaire. Fêté par des octogénaires condamnés à mort pour rébellion contre l'Angleterre, le rebelle de 1940 oublie qu'on est ce fatidique 18 juin, commémoré au mont Valérien - sans lui. Une rencontre avec le clan McCartan, et déjà de Gaulle remonte dans son Mystère, pour reprendre le ciel. Vers Saint-Dizier.

 

Dominique de La Tour

 

Bandes dessinées - De Gaulle - Tome 1 De Gaulle à la plage - DARGAUD

13 septembre 2008

 

Les Tongs et les mots du Général...

 

ICI

 

Ce matin, jour de retour, de l'humour et de la réflexion, à propos du Général...

 

Extrait d'une bande dessinée " de Gaulle à la plage" désopilante de Jean-Yves Ferri chez Dargaud dont Libé publie des planches cet été. Achetez-là, elle pourra de toute façon, avec sa jaquette rigide, vous servir à protéger votre visage du soleil à la plage (fonction principale du livre de plage selon le critique littéraire de Libé)

 

« L'armée allemande vient d'envahir la Russie. Des militaires britanniques invitent le Général à suivre, devant une radio d'état-major, le déroulement des opérations.

 

La rapidité de la progression allemande étonne, puis scandalise et enfin désespère les stratèges britanniques. Silence du Général qui, seul, ne participe pas au concert de lamentations. Les villes russes tombent les unes après les autres. Les officiers anglais s'interrogent sur le sort réservé aux armes alliées. Le Général continue de méditer.

 

- Et vous, de Gaulle, que pensez-vous de la façon dont les blindés allemands pulvérisent les défenses russes ? demande un officier britannique qui a lu "Vers l'armée de métier".

 

- Je pense, dit le Général, qu'il faudra désormais songer... aux moyens d'arrêter la progression communiste en Europe.

 

Il dit, puis déploie sa haute taille et plante là l'assistance médusée.

 

Sur le pas de la porte, il confie à son aide de camp :

 

- N'oubliez pas ces heures-là ! Je me trompe souvent dans ce que je fais, mais jamais dans ce je prédis.

 

Extrait du livre "Les Mots du Général" de Ernest Mignon chez Fayard

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22 juin 2022 3 22 /06 /juin /2022 06:00

Les députés et l'Assemblée nationale victimes d'un désintérêt général

Jean-François lance, en fin de chronique, un appel à la raison :

 

« Notre pays doit se livrer à un examen de conscience collectif pour reconstruire les bases d'une vie en commun fondée sur un minimum de confiance réciproque sans laquelle rien n'est possible. »

 

Je suis plus pessimiste que lui, l’âge sans doute, lorsqu’il écrit aussi : « Nous allons connaître des difficultés économiques importantes liées au contexte international belliqueux, à la reprise de l'inflation qui n'est pas due à une forte croissance économique mais à un ensemble de désajustements économiques mondiaux, sur fond d'endettement public et privé considérable et de remontée des taux d'intérêt. Dans ces situations, les préoccupations écologiques passent habituellement au second plan parce qu'il faut assurer l’essentiel. »

 

Le chacun pour soi a de « bonnes chances » d’être à l’ordre du jour.

Les commentaires sur les résultats de l'élection législative, dont le deuxième tour s'est déroulé le 19 juin, portent sur le fonctionnement à venir de l'Assemblée Nationale, la plus ou moins grande solidité de l'alliance de la gauche autour de la France Insoumise, la question de savoir si elle formera un groupe unique ou quatre groupes à l'Assemblée nationale, les alliances possibles entre la République en Marche et ses satellites et ce qui reste du parti Les Républicains, etc.

 

Pourtant, il ne s'agit là que de questions secondaires au regard de ce qui se passe dans le pays.

 

Abstention ou sécession ?

 

Le résultat le plus important de cette élection est le pourcentage des suffrages exprimés par rapport à l'ensemble du corps électoral.

 

Aux 53,8% d'abstentionnistes, il faut ajouter 7,6% de votes blancs ou nuls, ce qui porte le total des Français qui ont refusé d'exprimer une préférence entre les candidats à 61,4% du corps électoral.

 

38,6% des inscrits seulement ont voté en faveur de l'un des candidats. Sur les 48,6 millions d’électeurs français, 20,7 millions d'entre eux ont exprimé un choix, les autres n’ont pas votés ou ont mis dans l’urne un bulletin indiquant qu’aucun des candidats ne leur convenait.

 

Les voix recueillies par les partis politiques ayant participé au scrutin ne représentent qu’une part marginale du corps électoral : Ensemble = 16,5% des inscrits ; NUPES = 14% des inscrits ; RN = 7,4% des inscrits ; LR-UDI (dont les commentateurs écrivent qu’ils ont résisté) = 3,1% des inscrits ; autres partis 1,8%.

 

En Seine Saint-Denis où la NUPES rafle toutes les circonscriptions, l’abstention atteint 63,3%. Clémentine Autain est élue avec 22% des suffrages des électeurs inscrits dans sa circonscription.

 

Le procès en illégitimité, assez justifié, qui était intenté à Emmanuel Macron après son élection, pourrait à bon droit être instruit contre tous les députés élus dimanche dernier.

 

On peut se dire que ce n'est pas très grave, que ceux qui désirent participer à la vie politique et en désigner les responsables ont pu le faire. Mais il est tout de même difficile d’interpréter la signification de ce scrutin en analysant seulement la part minoritaire des suffrages exprimés.

 

  • Quel sens faut-il donner au refus de près des deux tiers des électeurs d'exprimer une préférence à l'occasion du choix de leur député ?

 

S'agit-il, comme on le dit souvent, d'une forme de vote protestataire qui viendrait s'ajouter à d'autres formes de protestation, le vote pour la France Insoumise ou le Rassemblement National ? Mais alors, pourquoi les Français qui s'abstiennent n'accordent-ils pas leur suffrage à ces partis dits protestataires ? Est-ce parce qu'ils ne les trouvent pas suffisamment radicaux ou au contraire parce qu'ils les trouvent excessifs ?

 

Nous manquons d’une analyse sérieuse de ce que pensent cette vaste majorité d’abstentionnistes et de votes blanc ou nuls.

 

Près de deux tiers des français en sont-ils arrivés à la conclusion que le jeu politique est vain, que l'élection de l'un ou de l'autre ne change rien à leur sort, que les responsables politiques sont incapables de mettre en œuvre ce qu'ils promettent en raison des contraintes auxquelles ils se disent soumis ( appartenance à l'Union européenne qui limite drastiquement la possibilité le choix d'une politique nationale, rapport de forces mondiaux qui ne sont en faveur ni de l'Union européenne ni de la France, puissance de l’exécutif qui de toute façon aura les moyens d'imposer ses choix, etc.). Ou bien encore pensent-ils que ceux qui se présentent à leur suffrage, n’ont en fait aucune intention véritable de prendre les mesures qui permettraient d’améliorer leur sort, parce qu’ils partagent peu ou prou tous les mêmes idées sur ce qui est raisonnable et faisable ?

 

L'argument du beau temps ou de l'attrait de la pêche à la ligne, dont je ne sache pas pourtant que la pratique se développe de façon aussi importante, est une façon de se rassurer à bon compte.

 

La constance du phénomène abstentionniste, sa croissance continue en même temps qu'augmente le nombre de bulletins blancs ou nuls, témoignent plutôt d'une sécession d'une grande partie de la société française qui n'accorde plus aucune importance au discours politique.

 

À la sécession des riches qui dans les années quatre-vingt ont considéré que « la solidarité, ça commençait à bien faire », pour paraphraser N. Sarkozy parlant de l’environnement, et ont donné le coup d’envoi de la contre révolution fiscale et sociale (baisse des impôts, réduction des moyens consacrés aux services publics, augmentation des inégalités de revenus et de patrimoine…), répond aujourd’hui celle de ceux qui n’ont rien ou pas grand-chose.

 

Margaret Thatcher avait résumé le programme de la contre révolution libérale en une phrase : « la société, ça n’existe pas », seuls les individus existent et ils sont responsables de ce qui leur arrive. Elle ajoutait qu’il n’y avait pas d’alternative à la politique qu’elle conduisait, qui d’ailleurs ne se distinguait pas de celle de R. Reagan aux États-Unis ou de F Mitterrand en France après 1983.

 

Des décennies de trahison des promesses électorales, de désillusion, de dépolitisation de la société, au nom de la raison, des contraintes objectives et des mille et une autres raisons qui justifient que bien que nous changions de Président de la République, de ministres ou de députés, les choses elles ne changent pas, nous ont conduit là où nous sommes.

 

Il en sera bientôt des bureaux de vote, comme des salles de concert de musique classique, des salles de théâtre ou des cinémas. On n’y verra plus passer que des personnes de soixante ans et plus, appartenant aux catégories sociales les plus favorisées et les mieux insérées socialement.

 

Cela devrait inquiéter aussi bien les organisateurs de spectacles vivants que les organisateurs de spectacles politiques, car un jour ceux qui viennent encore y assister auront complètement disparu et ces deux secteurs d'activité pourraient bien disparaître avec eux.

 

Pour compléter ce tableau, on notera que les électeurs ne sont pas les seuls à se désintéresser des élections et de leurs résultats. La bourse est restée parfaitement insensible au résultat du scrutin du 19 juin, dont les commentateurs disent pourtant qu'il rend la France ingouvernable ; elle a progressé au même rythme que celle de Francfort en ce début de semaine, et pour le moment aucun frémissement n'a été constaté sur les taux d'intérêt de la dette publique. C'est dire s'il ne faut pas trop surestimer ce qui se passe dans le champ de la politique...  

 

Un seul vainqueur, le Rassemblement national

 

En réalité, le seul vainqueur de cette élection législative est le Rassemblement national.

 

Seul, sans accord avec un autre parti, même pas avec « Reconquête » d’E Zemmour, avec un mode de scrutin qui lui est complètement défavorable, le RN passe de 7 à 89 députés, l'emportant aussi bien sur le parti « Les Républicains » que sur «La France Insoumise». Au passage le naufrage d’E. Zemmour devrait entrainer des démissions et des licenciements dans la plupart des médias et instituts de sondage qui ont consacré tous leurs efforts entre l’été 2021 et le mois d’avril 2022 à le présenter comme celui que les Français attendaient et le vainqueur probable de l’élection présidentielle. Mais dans le monde des médias et des instituts de sondage, comme dans celui de la politique (ils vivent l’un de l’autre), il ne faut jamais présenter ses excuses car c’est un aveu de faiblesse. Il faut embrayer sur autre chose.

 

Le succès de la NUPES est un effet d'optique.

 

La stratégie d'union a permis de limiter la casse, mais avec 27% des sièges, la gauche réalise son troisième plus mauvais score depuis 1981 et ne progresse pas quant au nombre de suffrages recueilli. L’union de la gauche a permis de limiter la casse en nombre de sièges, elle n’a créé aucune dynamique électorale, sauf dans les médias.

 

Le parti d'Emmanuel Macron LRM, passe de 314 sièges à 154. C'est un échec cuisant pour celui qui prétendait transformer la scène politique française, faire exploser la droite traditionnelle et disparaître l'extrême droite. Ensemble est devenu une coalition de droite parmi d’autres, quant à l'extrême droite elle ne s'est jamais aussi bien portée. Son parti devra revoir à la baisse ses effectifs et son niveau de vie.

 

Cependant, la droite, c'est à dire le mouvement « Ensemble » et « Les Républicains », dispose de 56% des sièges à l’Assemblée nationale. Si l'on y ajoute le Rassemblement National, la droite dans ses différentes composantes est ultra majoritaire à l'Assemblée nationale et recueille plus des 2/3 des suffrages exprimés.

 

On a du mal à comprendre dans cette situation les cris de victoire de Jean-Luc Mélenchon et des responsables de « la France Insoumise ». Une large partie du territoire national ne compte plus de représentants des partis se présentant comme de gauche. La NUPES gagne dans les métropoles, sur le même terrain qu’E Macron, Mais dans les zones rurales et dans l’électorat populaire traditionnel elle est absente. Paris est la terre d’élection de la NUPES et d’Ensemble, ils se partageant la quasi-totalité des circonscriptions. Le PS et LR ont disparu.

 

Parmi les perdants, il faut aussi compter Lionel Jospin et son idée géniale de coupler le quinquennat et l'inversion du calendrier électoral qui était destinée à garantir au Président nouvellement élu une majorité absolue à l'Assemblée nationale et les pleins pouvoirs dont rêvent de doter le Président de la République, tous les aspirants au régime présidentiel qui sauverait la France, ceux-ci considérant que la 5e République donne encore trop de place au gouvernement et au Parlement par rapport au pouvoir d'un seul homme.

 

À propos du « front républicain »

 

Pour expliquer ce qui est tout de même un mauvais résultat, la chasse aux déserteurs du « front républicain » est ouverte. Emmanuel Macron et son mouvement « Ensemble » se retrouvent à juste titre sur le banc des accusés, puisque dans six circonscriptions seulement ses partisans ont appelé à soutenir le candidat de la NUPES contre celui du Rassemblement National. Ceux auxquels il faisait les yeux doux entre les deux tours de l’élection présidentielle étaient devenus des candidats antirépublicains contre lesquels il fallait faire front.

 

Quelle ingratitude de la part d'un Président réélu grâce à ceux qui ont accepté, encore une fois, de faire barrage à Marine Le Pen malgré l’aversion qu’ils avaient pour lui ! Comme Jacques Chirac en son temps, il considère qu’il ne doit rien à l’électorat de gauche qui l’a sauvé, sans gloire, de la défaite.

 

Pour se défendre, les Macronistes rappellent qu'ils ont utilisé pour l’élection législative, la même formule que Jean Luc Mélenchon au soir du premier tour de l'élection présidentielle : « pas une voix pour les candidats du Rassemblement national », ce qui ne vaut évidemment pas appel à voter pour le candidat de la NUPES, pas plus que Mélenchon n’appelait à voter Macron. 

 

De façon parfaitement incohérente, Jean-Luc Mélenchon dénonce « ceux qui ont perdu tout droit à faire des leçons de morale puisqu'ils ont abandonné cette pratique ancienne du Front républicain », tout en indiquant qu'il ne passera aucun accord avec Emmanuel Macron et ceux qui le soutiennent « parce qu'il ne fait pas partie du même monde qu’eux ».

 

Comprenne qui pourra… Pourquoi deux partis politiques n'appartenant pas au même monde devraient-il appeler à voter l'un pour l'autre à quelque élection que ce soit ?

 

On s'y perd ...

 

En vérité, cette idée de front républicain n'est pas morte d'être trahie où abandonnée par tel ou tel parti. L’appel au front républicain n'a tout simplement plus aucun écho parce que, sur cette question comme sur les autres, les responsables politiques ont perdu toute crédibilité. Lorsqu'ils disent « front républicain », beaucoup de Français entendent « solidarité de la classe politique pour conserver les sièges qu'elle occupe ». Et ils s’abstiennent ou votent blanc ou nul, ou pratiquent le « dégagisme ». À ce propos, Rappelons qu’Emmanuel Macron en 2017 appelait à dégager ceux qui occupaient depuis trop longtemps la scène politique. Il ne peut pas s’étonner que son temps soit venu d’en être victime.

 

Si l'esprit du Front républicain doit renaître, il faudra d'abord s'entendre sur la République que nous voulons défendre.

 

Nous en sommes loin.

 

Le mot a été galvaudé. Pour certains, défendre la République signifie défendre la constitution de la Vème République ; pour d'autres, il s'agit de retrouver l'inspiration de la période glorieuse des débuts de la IIIème République, celle de l'adoption des grandes lois libérales consacrant par exemple le droit d'association, la démocratie municipale, la laïcité, etc.

 

Pour d'autres La République doit être sociale et elle doit s'attaquer d'abord à la réduction des inégalités et à la pauvreté.

 

Il ne suffit donc pas de répéter République, République, comme une incantation qui à elle seule nous permettrait de sortir de l'ornière. Une profonde réflexion à droite comme à gauche sur le système politique et économique que nous voulons est nécessaire et cette réflexion doit se traduire par une proposition de réforme de nos institutions permettant de faire revivre la démocratie.

 

Et maintenant ?

 

La France redevenant un peu plus normale avec un Parlement divisé qui n'est plus totalement à la botte du président de la République, serait devenue ingouvernable. C'est le leitmotiv des commentateurs depuis dimanche soir. Comment font les autres pays européens qui pour la plupart vive depuis très longtemps avec des majorités relatives ? Sans doute ne sont-ils pas gouvernés et leurs citoyens vivent-ils dans la terreur de l'absence d'un pouvoir exécutif tout puissant.

 

Le grand sujet du moment est de savoir qui sera Président de la commission des finances de l'Assemblée nationale, à laquelle les médias accordent soudainement une importance déterminante. Pourtant, s'il est bien un domaine où l'exécutif décide de tout, c'est celui de la préparation et de l'adoption des lois de finances. Il est vrai que l'Assemblée nationale consacre de longues semaines à en débattre, mais ce n'est que pour les modifier de façon extrêmement marginale et le projet présenté par Bercy au début du mois d'octobre de chaque année n'est pas véritablement modifié par les débats parlementaires. S'il prenait au député l'envie de faire autrement, le gouvernement dispose de l'article 49. 3 de la Constitution pour faire adopter son projet.

 

Bien sûr, chacune des composantes de la droite veut profiter de la situation de faiblesse d'Emmanuel Macron pour améliorer sa position, mais un fait est là, la droite est majoritaire à l'Assemblée nationale et « Les Républicains » vont choisir entre un accord de gouvernement avec Macron ou bien un soutien au cas par cas aux projets que celui-ci présentera à l'Assemblée nationale.

 

Si j'avais un conseil à leur donner, ce serait plutôt d'opter pour un accord de gouvernement avec Emmanuel Macron qui leur permettrait d'absorber une fois pour toute celui-ci et de le faire apparaître pour ce qu'il est, un candidat de droite et rien d'autre que cela, ce qui leur dégagerait la voix pour les élections suivantes. Mais la politique n'est pas une chose rationnelle. Macron pense être assez malin pour décrédibiliser encore un peu plus « Les Républicains » en les mettant en porte-à-faux, projet de loi après projet de loi. « Les Républicains » surestiment leur force et pensent qu'ils pourront au cas par cas vendre très cher leur ralliement. Les uns et les autres surestiment l'intérêt que les citoyens porteront à ce petit jeu.

 

Bien sûr, il sera plus difficile que dans la mandature précédente de faire adopter des textes législatifs à jet continu, en recourant le plus souvent à la procédure des ordonnances, ce qui évitait dans les faits tout débat parlementaire.

 

Nous devrions tous nous en réjouir. Notre pays étouffe sous les lois et les textes réglementaires, traduits ensuite en circulaires de dizaines de pages par les directions d’administration des ministères.

 

En 2021, les préfets ont reçu plus de 1300 circulaires ; on ne voit même pas comment ils peuvent trouver le temps de les lire, quant à les mettre en œuvre n'en parlons même pas. Le plus sage est d'attendre le texte suivant.

 

Cela n'a aucune importance pour l'équipe qui exerce le pouvoir car il s'agit avant tout d'occuper le champ médiatique et non de transformer réellement les choses ou simplement de les administrer avec bon sens.

 

Alors, dédramatisons cette idée de blocage politique du pays. Il n'y a pas besoin de lois pour augmenter les salaires dans les entreprises privées comme dans les administrations ou les entreprises publiques. Il n'y a pas besoin de loi pour préserver le régime des retraites par répartition qui n'est pas menacé par une crise à court terme.  Pas besoin de loi pour que le Parlement contrôle réellement l'action du gouvernement, ce qu'il s'est bien gardé de faire au cours des cinq dernières années, trop occupé qu'il était à voter des centaines de lois. En réalité, beaucoup de choses peuvent être faites sans recourir à la loi et pour tout dire beaucoup de choses seraient mieux faites en laissant les citoyens, les associations, les entreprises et les administrations trouver des solutions plutôt que de leur imposer de façon détaillée ce qu'il doivent faire.  

 

L'essentiel n'est pas de trouver un mode d'organisation de la relation entre le président de la République et le Parlement (on peut oublier le gouvernement qui n'est plus qu'un bureau d'exécution de ce qui est décidé à l'Élysée, personne d'ailleurs ne se demande quel est l'avis d’Élisabeth Borne sur le sujet), mais de trouver une solution à la crise politique que traverse notre pays.

 

La dissolution de l’assemblée nationale est un fusil à un coup qu’E. Macron maniera avec précaution. J Chirac a montré en 1997 que la balle pouvait suivre une trajectoire imprévue et ne pas atteindre la cible visée.

 

Nous vivons une crise morale, institutionnelle, écologique et économique. Elle ne sera pas surmontée par des coalitions à géométrie variable sur des textes de lois.

 

Crise morale parce que nous ne savons plus ce qui nous rassemble, ce qui fait de nous, Français, une Nation, ce qui vaut la peine d’être défendu collectivement.

 

La défense de services publics, des systèmes de protection collective quels qu’en soient les mérites, ne suffit pas à souder une société. Le délitement des principaux services publics auxquels nous assistons, qu'il s'agisse de l'éducation nationale, du système de santé ou de la justice, est à la fois la conséquence de choix politiques réduisant les moyens qui leur sont consacrés, mais aussi d'une rupture de confiance au sein de ces grandes institutions, de divergences sur les objectifs qu'elles doivent atteindre, d'une mise en cause de la part de ceux qui travaillent comme de ceux qui doivent bénéficier de leurs services. Toutes les grandes institutions publiques sont mises en cause, la méfiance prévaut à l'égard de ceux qui sont chargés de les diriger, leur capacité d'action sur la société est de plus en plus réduite. Il ne suffira pas d'augmenter les salaires et de mieux aménager les bâtiments pour que les choses s'arrangent.

 

Ce qui vaut pour les entreprises et les administrations publiques vaut aussi pour le secteur privé. Les entreprises sont en crise, les salariés sont de plus en plus nombreux à se demander ce qu'ils y font, à ne pas supporter leur organisation de plus en plus bureaucratique qui souvent surpasse celle des administrations. La qualité des services et des marchandises qu'elles produisent est contestée, pour des raisons sanitaires où environnementales, parce que la surconsommation a des effets dramatiques sur notre environnement qui sont maintenant bien connus et aussi parce que la qualité de ce qui est produit souvent n'est pas bonne. Quelques exemples récents dans des secteurs industriels considérés comme d'excellence en France sont venus nous le rappeler. La moitié des réacteurs nucléaires du pays et à l'arrêt depuis plusieurs semaines en raison de défauts constatés sur les soudures d'éléments essentiel à leur fonctionnement. La SNCF vient de renvoyer à Alstom un nombre assez important de rames de TGV dernier modèle qui souffrent également d'un défaut de soudures qui en affectent la sécurité. Il faudra plusieurs mois pour remédier à ces défauts.  Les exemples pourraient être multipliés.

 

Notre pays doit se livrer à un examen de conscience collectif pour reconstruire les bases d'une vie en commun fondée sur un minimum de confiance réciproque sans laquelle rien n'est possible. Ce n'est pas un grand débat dans lequel le président de la République fait son numéro pour montrer qu'il a réponse à tout et qu'il est capable de convaincre chacun qui permettra cela. Il s’agirait d’un échange de chacun d’entre nous avec sa propre conscience et avec les autres, mené dans des milliers de lieux en même temps, sur une période de temps qui pourrait être de deux ou trois ans qui le permettra. On peut rêver et se dire que les journaux les radios les télévisions, au lieu d'obéir à la dramaturgie des jeux du cirque, pourraient être des endroits ou des discussions honnêtes, sans enjeu de pouvoir immédiat, correctement modérées seraient conduites. On peut rêver que les essais qui seront écrits, les livres qui seront publiés participeront à cet examen de conscience collectif en laissant de côté les invectives, la condamnation de l'autre, les jugements définitifs, bref tout ce qui interdit une véritable discussion, un véritable échange de points de vue permettant à chacun de faire évoluer le sien. 

 

Chacun devrait l’aborder avec humilité et une seule certitude, celle qu’il ne sait pas tout, qu’il n’a pas à lui seul la solution, que rien ne sera possible si nous ne pouvons pas compter les uns sur les autres, que la compétition n’est pas le meilleur moyen d’atteindre un objectif collectif, qu’elle est toujours inférieure à la collaboration. Une société dans laquelle chacun se méfie de l’autre, dans laquelle l’affrontement et la victoire d’un groupe sur l’autre est vue comme la seule solution est vouée à la dissolution.

 

Nous sommes dans cette société.

 

Cette idée d’examen de conscience collectif sera considérée par beaucoup comme naïve ou dangereuse. Elle me paraît indispensable et ce sont les mieux lotis qui devraient commencer.

 

Crise institutionnelle ensuite. Il n’est plus question que de cela. La Vème République a longtemps été considérée comme un régime garantissant la stabilité politique du pays et l'efficacité de son gouvernement. Un nombre croissant de citoyens et de responsables considère que cela n'est plus vrai et que ses inconvénients l'emportent sur ses avantages.

 

Elle est très centralisée mais ne garantit pas l'égalité de traitement sur le territoire national ; les métropoles concentrent les richesses et les services, le reste du territoire a un sentiment d'abandon.

 

Elle donne à l’exécutif des pouvoirs considérables, et pourtant celui-ci est impotent, les leviers à sa disposition ne répondent plus et il ressemble à hamster qui pédale dans une roue sans produire le moindre mouvement.

 

Le pays n'est plus correctement représenté par ses institutions. Certains se réjouissent de la fin de la majorité absolue à l'Assemblée nationale considérant que nous serions arrivés presque au même résultat que celui qui aurait été permis par un scrutin proportionnel sans avoir besoin d'y recourir. C'est faire peu de cas de la très forte majorité qui a refusé de participer à cet exercice et de la distorsion introduite par ce mode de scrutin entre la composition de l'Assemblée nationale et la réalité politique du pays.

 

Nos institutions doivent être réformées. Une commission composée de parlementaires de toutes les obédiences politiques, de membres du Conseil économique social et environnemental, de syndicalistes, de représentant du mouvement associatif et de juristes devrait être chargée de préparer un projet, d'organiser le débat public autour de ses propositions, de laisser ensuite le Parlement en débattre avant que cette nouvelle constitution soit soumise à la population par référendum.

 

Crise économique et écologique enfin.

  

Elles sont intimement liées. La crise écologique ne résulte pas de la gloutonnerie des gens, de leur manque de conscience, de leur méconnaissance des petits gestes qui arrangeront tout. Elle résulte d'abord d'un système économique dont la finalité assignée à chacun de ses acteurs est celle du profit maximum. Les économistes classiques considéraient qu'en cherchant à satisfaire son envie individuelle de réussite, chacun contribuait au mieux à la réalisation du bien commun. Le boulanger permet à chacun de manger du pain non par altruisme, mais pour faire prospérer son commerce. Il y avait malheureusement un vice dans cette pensée qui généralisait un exemple particulier qui ne pouvait pas l'être. Les entreprises ont recherché le profit maximum au mépris des conséquences désastreuses de leur activité sur l'environnement. La croissance des entreprises transformées en monopole étouffe l'innovation. Les relations internationales sont dominées par les grands groupes multilatéraux dont les gouvernements défendent les intérêts plutôt que les intérêts des peuples et des Nations.

 

Nous allons connaître des difficultés économiques importantes liées au contexte international belliqueux, à la reprise de l'inflation qui n'est pas due à une forte croissance économique mais à un ensemble de désajustements économiques mondiaux, sur fond d'endettement public et privé considérable et de remontée des taux d'intérêt. Dans ces situations, les préoccupations écologiques passent habituellement au second plan parce qu'il faut assurer l’essentiel.

 

Les idées actuelles d'instituer une planification écologique confiée à une instance administrative placée auprès du Premier ministre sont totalement inopérantes pour surmonter la crise écologique, nous dirons pourquoi dans un autre texte. La réponse aux crises économique et écologique conjointes passe par une autre conception de la manière de les aborder, loin de la planification bureaucratique et de la centralisation.

 

Oublions donc les questions qui dominent le débat public au lendemain de l'élection législative sur les arrangements qui doivent être trouvés à l'Assemblée nationale. Ceux-ci ne font que nous détourner une fois encore de l'essentiel et montrent que les véritables leçons de ce scrutin n'ont pas été tirées.

 

Jean-François Collin

21 juin 2022

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21 juin 2022 2 21 /06 /juin /2022 11:30

Dictionnaire amoureux de l'Esprit français

« Emmanuel Macron incarne évidemment à sa manière une partie de l’esprit français. Il a symbolisé ce panache, et les électeurs l’ont suivi. Jusqu’à ce qu’il cesse de plaire… »

Metin Arditi écrivain essayiste suisse d’origine turque.

Je me pose toujours la question : pourquoi nos  voisins suisses et belges s’intéressent-ils de très prêt à ce qui se passe dans notre foutu pays, et tout particulièrement au moment des votations ?

 

La réciproque n’est guère vraie, nos grands médias se fichent pas mal de ce qui se passe chez nos voisins francophones.

 

« Au terme du voyage que l'écriture de ce dictionnaire m'a amené à faire, je reste frappé par ce paradoxe, la cohabitation intime d'immenses prophètes Pascal, Diderot, Renan, Péguy – et de saltimbanques talentueux, souvent géniaux, Molière, Beaumarchais, Colette, Guitry, Piaf.[...]La liberté, trait saillant de l'esprit français, tient à ce que, lorsqu'on fait la fête, les prophètes ne sont jamais loin. Il y a là une spécificité française, une cohabitation qui ne se retrouve, je crois, dans aucune culture. »

 

«Je voudrais bien savoir, dit Molière, si la grande règle de toutes les règles n'est pas de plaire ».

 

Partant de ce constat, Metin Arditi, amoureux de l'esprit français, sillonne les champs de la séduction à la française, de l'élégance subtile et du mot, « le mot qui fait mouche ».

 

Le fait de travailler simplement, d’être «besogneux» est affreux. Je l’écris dans le livre: «Quelle horrible épithète! L’adjectif se veut blessant. Un besogneux n’a pas d’allure. Il ne se préoccupe pas de plaire. Il ne fait pas dans la légèreté. Il ne s’occupe que d’être utile. Mais quel avenir peut donc espérer ce malotru?» Le savoir-faire est méprisé en France et cela, ce n’est pas bien. On ne peut pas vouloir plaire et être besogneux.

 

Les «grandes écoles» qui forment l’élite du pays distillent une formation qui dénigre l’apprentissage, le goût de la réalité, les choses simples dans lesquelles se retrouvent les artisans, les paysans, les commerçants.

 

«L’esprit français engendre un redoutable déni des réalités» ICI 

 

Metin Arditi admire la France et ce qu’elle a apporté au monde. L’écrivain suisse le dit avec passion dans son «Dictionnaire amoureux de l’esprit français». Mais cette grandeur a aussi un prix.

Terrible.

Épuisant.

Et toujours fascinant

 

Metin Arditi, essayiste et romancier, rencontré à Genève — © Keystone

  • Vous citez d’emblée, dans votre «Dictionnaire amoureux de l’esprit français», cette phrase de Molière: «Je me demande bien si la plus grande des règles n’est pas de plaire.» L’art de la séduction reste, selon vous, incontournable en France?

 

L’obligation historique de plaire est au cœur de l’esprit français et il en découle une obligation de théâtralité que l’immense Molière avait comprise mieux que personne. Est-ce un miroir dans lequel les Français se regardent en permanence? Est-ce un terrible exercice narcissique? Non. C’est d’abord un refus de l’enfermement. L’intellectuel français classique doit s’exposer, s’exprimer, parler. La société française est une société du verbe, donc de la séduction. Est-ce glorieux? Pas toujours. Les échecs sont nombreux. On pense à Dom Juan. Mais comment ne pas avoir une infinie tendresse pour cette volonté, sans cesse, de s’affranchir des faits? En littérature, dans les arts, dans l’histoire, elle a, au fil des siècles, produit des miracles. Mais l’esprit français engendre aussi un redoutable déni des réalités.

 

  • Justement. S’affranchir des réalités pour séduire, ou pour «plaire» comme l’écrit Molière, n’est-ce pas un redoutable piège?

 

L’esprit français, c’est prendre ses distances avec le réel. Parce que le réel n’est pas ce qui compte vraiment. Prenez Versailles: c’est un palais, c’est une réalité, c’est un roi, c’est le symbole de la monarchie absolue. Mais Versailles, à l’époque de Molière, c’est la cour, c’est aussi une société artificielle, cachée derrière des masques et des paravents. L’esprit français est la clé pour comprendre à la fois la grandeur de la France, son charme fou, et ses difficultés reflétées aujourd’hui d’une certaine façon par la crise des «gilets jaunes». Les «grandes écoles» qui forment l’élite du pays distillent une formation qui dénigre l’apprentissage, le goût de la réalité, les choses simples dans lesquelles se retrouvent les artisans, les paysans, les commerçants. Mon dictionnaire est amoureux. Mon affection et ma tendresse pour le brillantissime esprit français sont infinies. Sauf que le coût de ce dernier est énorme. La société française paie un prix colossal, insupportable, à cette obsession du panache.

 

La suite ICI

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21 juin 2022 2 21 /06 /juin /2022 06:00

 

Ceux qui me lisent régulièrement vont sourire, « il ne manque pas d’air, de vin il n’en parle plus beaucoup… » J’en conviens, en plus de quinze années de labeur j’ai fait le tour de la question, me contentant de licher des vins nu en bonne compagnie, oui, oui, je baguenaude au gré de mes envies.

 

L’eau donc, l’eau pure, fraîche, tirée du puits du Bourg-Pailler, qu’enfant nous buvions au pot. Souvenirs, souvenirs, il n’empêche que lorsque l’on boit du vin nu, entrecouper les séquences, par des verres d’eau, permet  de ne pas se déshydrater.

 

L’eau du robinet alors puisque l’eau minérale en bouteille n’est guère respectueuse de l’emprunte carbone. Les restaurants, de plus en plus, présentent à leurs clients de l’eau micro-filtrée, plate ou gazeuse. ICI 

 

 

À Paris nous avons des puits artésiens - Passy, La Chapelle, Butte-aux-Cailles, les 3 dernières fontaines d'eau de source. ICI 

 

Les puits artésiens de Paris ne sont plus que trois en activité de nos jours. Ces fontaines d’Albien, pourvoyeuses d’eau de source d’une rare pureté, font le bonheur des riverains qui se pressent pour remplir des récipients gratuitement. Protégé par les couches fossiles de la pollution de surface, le précieux liquide s’il est légèrement ferrugineux et naturellement riche en fluor demeure peu minéralisé. Il ne présente ni calcaire ni ajout chloré et très peu de magnésium. Les puits artésiens, du nom de la province d’Artois où sont entrepris les premiers forages du genre au XIIème siècle, permettent aux populations d’accéder à une eau de grande qualité. A partir des années 1830, le progrès technique rend possible des forages particulièrement profonds. Paris, comme toutes les grandes villes modernes de cette époque, est alors confronté au défi de l’eau potable. Cinq puits artésiens vont voir le jour entre 1841 et 1929. Trois équipés de fontaines publiques sont parvenus jusqu’à nous, grâce à la rénovation des anciens forages, dirigée par Eau de Paris à partir de 1994, à Passy square Lamartine, à La Chapelle square de la Madone et à la Butte-aux-Cailles place Paul Verlaine.

La suite ICI

Le puits en 1900, photographié par Eugène Atget.

Puits artésien de la Butte-aux-Cailles

 

À la suite du forage réussi des puits artésiens de Grenelle, Passy et Hébert au cours du XIXe siècle, et sur une idée de François Arago, un puits artésien est envisagé sur la Butte-aux-Cailles afin d'alimenter le quartier en eau et de déverser le surplus dans la Bièvre, affluent de la Seine coulant à proximité et dont le débit est à cette époque devenu insuffisant. Le préfet Haussmann décide du forage par arrêté préfectoral le 19 juin 18632.

 

Les travaux ne commencent que le 28 août 1866 et débutent par l'érection d'une tour de forage en bois. Ils sont sur le point de s'achever en 1872 lorsque le forage atteint les argiles coulantes du Gault, juste au-dessus de la nappe aquifère. Mais, à la suite d'un désaccord entre l'entrepreneur et l'administration, ainsi que du manque d'argent (Paris est assiégée en 1870, la Commune de Paris a lieu en 1871), les travaux sont interrompus. Qui plus est, la Bièvre est progressivement enfouie et ne nécessite plus d'être alimentée. L'aqueduc de la Vanne alimente le réservoir de Montsouris en 1874, permettant la distribution d'eau dans le sud parisien. Pendant une vingtaine d'années, la tour en bois, abandonnée, reste témoin de la tentative. La place où elle s'élève est néanmoins baptisée « place du Puits-Artésien » (elle ne prendra le nom de « place Paul-Verlaine » qu'en 1905).

 

 

Le forage reprend en 1893 sous la direction de l'ingénieur Paulin Arrault4. Finalement, l'eau jaillit en 1904 d'une profondeur de 582 m. Le tube a un diamètre de 40 cm à la base et le débit se stabilise à 67 L/s (5 800 m3/jour). La Bièvre étant en cours d'enfouissement, il n'est plus question d'y déverser l'eau du puits artésien. En 1924, le puits alimente la piscine de la Butte-aux-Cailles toute proche et récemment ouverte.

Savez-vous à quoi sert le réservoir de Montsouris, la cathédrale de l'eau ?

 

Véritable prouesse technique à la fin du 19ème siècle, le réservoir de Montsouris participe toujours au quotidien de 20% des Parisiens.

Par Thomas Martin

Publié le 26 Mai 2022

 

Le réservoir de Montsouris a été construit à la fin du 19ème siècle

Le réservoir de Montsouris a été construit à la fin du 19ème siècle (©AdobeStock

 

Dans le 14ème arrondissement de Paris, le réservoir de Montsouris, construit par Eugène Belgrand, fonctionne depuis 1875. Un outil indispensable à la vie de nombreux Parisiens qui consomment aujourd’hui en moyenne 120 litres d’eau par jour par personne, soit six fois plus qu’au milieu du 19ème siècle.

 

De l’eau transportée jusqu’à Paris par aqueduc

 

L'aqueduc de la Vanne, imposante surélévation en pierre meulière de la fin du xixe siècle, fut construit par l'ingénieur Eugène Belgrand pour alimenter le réservoir de Montsouris

L’aqueduc de la Vanne, imposante surélévation en pierre meulière de la fin du xixe siècle, fut construit par l’ingénieur Eugène Belgrand pour alimenter le réservoir de Montsouris (©AdobeStock)

 

A la fin du 19ème siècle, les eaux de la Seine deviennent de plus en plus impropres à la consommation du fait de leur variation de température saisonnière et du développement industriel et urbain en amont de la capitale. Il faut donc construire des réservoirs pour améliorer progressivement l’alimentation en eau des Parisiens. Une eau transportée par aqueduc selon le principe de la gravité depuis les contreforts du bassin parisien.

 

Le réservoir de Montsouris est situé sur un des points élevés du sud de Paris, près du parc Montsouris. Le quartier des Champs-Élysées a été le premier à bénéficier de ses eaux.

 

La suite ICI 

1800 piliers supportent les voûtes d'où le surnom de

1800 piliers supportent les voûtes d’où le surnom de « cathédrale de l’eau » (©Wikicommons)

Velleminfroy

Riche en sels minéraux
Calcique
Magnésienne
Convient à un régime pauvre en sodium
Pureté1 absolue (0 nitrate2,3, 0 pesticide3, 0 trace de médicament4, 0 particules de micro-plastique5)

Gamme eau vintage plate et pétillante

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20 juin 2022 1 20 /06 /juin /2022 10:30

https://www.francetvinfo.fr/pictures/eibN1OmwaKs-b-slRxxrdTUa_Cg/752x423/2022/06/12/phpnCl2ga.png

« Tiens, curieusement, au sein des partis politiques, personne ce soir pour mettre en cause la légitimité des députés en affichant leurs scores en pourcentage des inscrits... (Pourtant ce n'est pas joli à voir dans de nombreuses circonscriptions...) »

Frédéric Says France-Culture

 

La GIFLE titre l’OPINION le très libéral et confidentiel journal de la droite très propre sur elle.

 

Le jeune roi est nu mais le vieux guerrier est fourbu, il bute encore sur la dernière marche, même pas capable de se retrouver comme Rocard à Matignon, pire encore, la scission de la NUPES en 4 groupes parlementaires fait que le premier groupe d’opposition est le RN 89/72.

 

Les deux croupions de la NUPES  PS et EELV sont dans les choux, 26 et 23 strapontins, Faure et Bayou seront au Palais Bourbon mais ils n’ont même pas sauvés les meubles. Quant au PCF il conforte son inéluctable disparition faute de pouvoir s’appuyer sur la gauche classique.

 

Les Républicains et son croupion centriste l’UDI, groupe d’appoint pour le camp présidentiel, si celui-ci veut gouverner, encore un bon coup du père Mélenchon, faire basculer à droite la maison Macron, c’est bon pour mobiliser la rue, se scinde lui aussi en 2 camps antagonistes : les Ciotti-Wauquiez et les collabos de Copé avec le lourdingue Jacob à la pagaie. Béquille ou jambe de bois ?

 

Reste le RN qui engrange le double de députés que sous la proportionnelle de Mitterrand en 1986, 35/89, est-ce si grave ? N’oublions pas que la Marine a atteint la seconde marche du podium, alors, pourquoi ne pas purger le bébé, les voir à la manœuvre, c’est sans risque sauf à gripper la machine législative.

 

Bref, la détestation de Macron, le pas une voix au RN inauguré par Mélenchon lors du 2d tour, l’abstention massive chez les 18-35 ans  dans les terres que Mélenchon n’a pas su convaincre, son raz-de marée souhaité, ont accouché d’une chambre introuvable.  

Notre jeune roi est donc nu ou presque, il paie cash sa gouvernance solitaire et le peu de connaissance de la France dite profonde, que peut-il faire ?

 

Attendre et voir, avec une Borne au charisme d’un poisson froid, débaucher à tour de bras, se retirer sur l’Aventin du domaine réservé en confiant la barre à un Premier Ministre de Droite, mais y en a-t-il un capable de reprendre le rôle d’Edouard Philippe, je ne sais, mais ce que je sais c’est que par gros temps naviguer à vue n’est pas forcément une mauvaise stratégie, le peuple cher à Mélenchon pourra ainsi goûter les joies de la rue et dire NON.

 

L’eau du bassin parlementaire est trouble laissons-lui le temps de décanter.

 

 

Ensemble

246 sièges 38,60 % 7 988 648

 

Nupes

142 sièges 32,60 % 6 746 239

La France insoumise obtient 72 sièges

Europe Ecologie-Les Verts 23 sièges

Le Parti socialiste 26 sièges

Le Parti communiste 12 sièges

 

Rassemblement national

89 sièges 17,35 % 3 590 174

 

LR-UDI

64 sièges 7,29 % 1 509 187

 

Gauche

13 sièges 1,35 % 279 727

 

Droite

9 sièges 0,93 % 192 910

 

Régionalistes

6 sièges 0,91 % 188 013

 

Centre

5 sièges 0,64 % 132 710

 

Extrême droite

2 sièges 0,22 % 45 561

 

Divers

1 siège 0,05 % 11 336

 

Reconquête

0 siège 0,05 % 11 229

 

Extrême gauche

0 siège

 

TAUX PARTICIPATION

46,14 % 20 695 734

 

VOTES BLANCS

5,50 % 1 232 694

 

VOTES NULS

2,15 % 480 715

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20 juin 2022 1 20 /06 /juin /2022 06:00

L’université de Bologne n’est pas seulement l’université la plus ancienne en Europe, elle se classe comme la première université en Europe et se place au Top 10 des meilleures et plus belles universités en Europe.

J’aurais pu, dans mon titre, écrire la bolognaise, puisque la belle Silvia, habite Bologne, mais, pour le grand amateur de pasta que je suis, ça sonnait trop, la trop galvaudée sauce bolognaise, suis plutôt Cacio e Pepe, alors comme ses racines et son cœur sont à Biella va pour la Piémontaise.

 

« Lovée entre les montagnes et les plaines verdoyantes, la ville de Biella entretient un lien fort avec ses montagnes. C’est grâce aux cours d’eau provenant des Alpes bielloises qu’a prospéré durant des siècles l’économie de la laine, qui est connue et appréciée dans le monde entier. Le territoire montagnard qui s’étend autour de la ville voit en Biella un point de repère. Qui offre aux Biellois l’opportunité de se promener dans la nature, de pratiquer du sport et des activités de plein air, sans oublier le tourisme religieux.

 

En effet, Biella est une terre de lieux sacrés : le Sanctuaire d’Oropa, qui se dresse au milieu des montagnes, a été déclaré Patrimoine de l’humanité par l’UNESCO en 2003. La cuvette d’Oropa, où la Région Piémont a créé une réserve naturelle spéciale en 2005, est au coeur d’un projet de relance du tourisme dans les montagnes bielloises, axé sur l’environnement et la durabilité. En outre, le territoire de Biella est traversé par deux grands chemins de randonnée très fréquentés : la Grande Traversée des Alpes (GTA) et la Grande Traversée de l’arrière-pays biellois. »

 

Son dernier opus, « Une amitié » je l’ai choisi comme le faisait l’une des héroïnes, Élisa, l’intello, introvertie, dans la librairie « au coin de la via Saragozza, où d’ailleurs le libraire n’est pas mal. Mais je ne lui jamais demandé de conseils, au contraire. Je choisis un roman à l’intuition […] j’aime tourner les pages, les caresser, sans me sentir snob pour autant. » Page 347, seul, baguenaudant, guidé par ma seule intuition, effleurant les couvertures, traquant les petits livres qui se glisseront dans ma poche, soupesant les gros, comme les melons (là je déconne) chez Compagnie, 58 rue des Ecoles, face à la Sorbonne, à  deux pas de son éditrice Liana Lévi.  ICI

 

Le Prix Littéraire Marco Polo Venise

 

Même si vous n’allez pas me croire, je ne l’ai pas choisi, envoûté que j’étais, par la photo de la rayonnante Silvia, sur le bandeau enserrant le livre.

 

Après lecture, je suis fasciné par la romancière, une révélation, « De sa plume à vif, avec un sens aigu de la narration et des dialogues percutants, Silvia Avallone dissèque le quotidien des deux amies : les virées en scooter, les premiers flirts, les selfies et la flamboyance pour l’une, les livres et le mal-être pour l’autre… Mais ce qui rend le roman aussi captivant, ce sont les personnages qui gravitent autour d’elles, chacun tressant les fils d’un canevas au centre duquel se dessinent Beatrice et Elisa… »

 

Mais pas que : « Avallone s’inscrit vraiment dans la modernité et aime à parler de l’envers du décor de carte postale de son pays. »

« C’est comme toujours avec Avallone extrêmement fin, les sentiments ambivalents des personnages sont très bien traités et cela nous pousse à nous questionner sur de nombreux domaines. Notamment celui du monde des réseaux sociaux… »

 

Le vieux blogueur que je suis, blanchi sous le harnois, a vécu la perversion du Net, d’espace de liberté à comme le réplique Béa, l’autre héroïne du livre « Tu n’as rien compris, toi. La seule information intéressante, sur mon blog, c’est moi. »

 

« Au fin fond d’une province italienne en retard technologique chronique, la Rossetti (Béa) a dessiné le futur d’Internet et s’est placé au centre de la toile. »

 

« Rossetti a anticipé, et d’une certaine façon inauguré cette perversion des réseaux sociaux devenue aujourd’hui dominante : la fermeture plutôt que l’ouverture, le narcissisme plutôt que la rencontre, le repli fœtal et malsain sur les (faux) moi. Enfin, ma formule préféré : « Béatrice Rossetti est l’algorithme létal. »

 

Une fois immergé dans « Une amitié » je suis resté sous la tension d’une écriture vive, juste, d’une construction intelligente, marque des grands narrateurs, narratrice ici, la découverte de Silvia Avallone est une révélation, elle est pour moi est l’une des meilleures de sa génération. Ce livre renforce mon opinion, que les femmes sont, dans la vieille Europe, les romancières les plus douées. En Espagne, Almuneda Grandes, malheureusement récemment disparue, et en Italie, Silvia Avallone. Et en France me direz-vous ? J’avoue qu’aucun nom ne me vient.

 

silvia avallone | Librairie Maruani

 

Une fois refermé « Une amitié » je me suis précipité chez mon libraire ouvert les jours fériés, L’écume des pages pour acquérir le premier roman d’Avallone, « D’Acier » (2011) qui la rendue célèbre en Italie comme en France (prix des lecteurs de l’Express), et, pour faire bon poids, « Marina Belleza »  (2014) dans la collection piccolo (poche de Liana Levi).

 

Marina Bellezza - Avallone Silvia - 9782867468056 | Catalogue | Librairie  Gallimard de Montréal

 

Je suis plongé dans « D’Acier » et, si j’ai  un conseil à vous donner, faites comme moi allez chez votre libraire préféré, acheter les 3 livres, lisez-les dans l’ordre que vous souhaitez ou, faites comme moi, commencez par le dernier.

 

Je vous livre 3 critiques d’ « Une amitié » et une interview de Silvia Avalonne dans Libé à la suite de la sortie de « D’Acier » en 2011.

Silvia Avallone • Oh les beaux jours !

1- « Une amitié », de Silvia Avallone : l’attirance des contraires ICI  

Critique 

Après son premier roman très remarqué D’acier, Silvia Avallone poursuit l’exploration de son thème favori, l’amitié passionnelle entre deux adolescentes que tout sépare.

  • le 16/02/2022 à 17:34 Laurence Péan, 

Cette histoire d’une amitié dévorante entre deux adolescentes rappelle inévitablement L’Amie prodigieuse, d’Elena Ferrante. Aussi brillante conteuse que sa consœur italienne, Silvia Avallone se glisse dans les méandres du même fleuve qui emporte dans ses flots agités Beatrice et Elisa. Et c’est à T., un important village de bord de mer « emprisonné dans son anonymat », que les deux adolescentes se rencontrent au tournant des années 2000.

Île D'Elbe Coucher De Soleil Vue Depuis Piombino Un Yacht De Bateau à  Voile. Mer Méditerranée. Toscane Italie Banque D'Images Et Photos Libres De  Droits. Image 41159397.

2 « Une amitié », de Silvia Avallone : l’une lisait, l’autre pas ICI

 

L’écrivaine italienne explore avec vivacité le parcours de deux adolescentes des années 2000, l’une attirée par les livres, l’autre par les réseaux sociaux.

Par Florence Courriol-Seita(Collaboratrice du « Monde des livres »)

Publié le 08 avril 2022 

 

« Une amitié » (Un’amicizia), de Silvia Avallone, traduit de l’italien par Françoise Brun, Liana Levi, 528 p., 23 €, numérique 18 €.

 

Plus de dix ans ont passé depuis le puissant premier roman, D’acier (Liana Levi, comme tous ses livres, 2011), qui fit connaître aux publics italien et français la fougueuse Piémontaise Silvia Avallone (née en 1984). Après trois autres romans (Le Lynx, Marina Bellezza et La Vie parfaite, 2012, 2014, 2018), l’écrivaine nous revient en grande forme avec ses thèmes de prédilection – adolescence, fractures sociales, vie de province, figures de la mère et de la parentalité –, mais adopte cette fois un point de vue d’adulte. Une amitié vient ainsi conclure une époque, dire adieu à cet entre-deux de l’adolescence qu’Avallone dépeint magistralement depuis ses débuts.

Une amitié - Silvia Avallone • Éditions Liana Levi

3- “Une amitié” de Silvia Avallone ICI 

 

Un roman italien mais qui n’est pas signé Elena Ferrante. Car on le sait la romancière italienne avait fait un immense succès avec "l’amie prodigieuse", une histoire en 4 volumes qui raconte l’amitié de deux jeunes filles dans un quartier pauvre de Naples. 

 

Le livre que je vous présente aujourd’hui à pourtant des similitudes car il nous parle de l’amitié de deux jeunes filles et il est écrit par une italienne très talentueuse mais la ressemblance s’arrête là. "Une amitié", c’est le titre de ce roman qui vient de sortir aux éditions Liana Lévi et c’est à Silvia Avallone qu’on le doit. Avallone est née dans les années 80 et vit aujourd’hui à Bologne. "D’acier", son premier livre, avait fait grand bruit en Italie et au-delà

I social e la dittatura dell'apparire”: Silvia Avallone racconta  "Un'amicizia", il suo nuovo romanzo - ilLibraio.it

Interview

 

«La gauche de mon pays ne fait plus rêver les jeunes» ICI

 

Le cahier Livres de Libédossier

 

 

 

Rencontre à Paris avec Silvia Avallone

par Françoise-Marie Santucci

publié le 14 avril 2011

 

Silvia Avallone surprend ou séduit pour les mêmes raisons. Ses gros seins, son sourire, ses cheveux bouclés en cascade, son imposant tatouage tribal sur l'épaule gauche qui date de ses 15 ans, les 350 000 exemplaires de D'acier vendus en Italie, les 12 traductions en cours, le fait qu'elle a été finaliste de l'équivalent du Goncourt. Elle a beau citer une phrase de Don DeLillo sur «la peur» en exergue de son roman (1), on dirait qu'elle n'en ressent aucune. L'assurance est forcément un peu forcée. Son père était un petit commerçant napolitain établi à Piombino, sa mère enseignante en primaire originaire du Piémont, qui ont fini par divorcer. Enfant unique, Avallone est mariée à un libraire, et ils vivent à Bologne. Cette inlassable lectrice de Balzac, DeLillo, Capote, Nabokov, Dostoïevski ou Flaubert écrit aussi de la poésie, et récemment, un texte sur Anna Magnani. Alors que D'acier est en cours d'adaptation pour le cinéma, Silvia Avallone a commencé un deuxième livre (dont, par superstition ou prudence, elle ne dira rien).

 

Pourquoi Piombino ?

 

J’ai vécu là-bas par intermittence, avec mon père, entre 14 et 18 ans, et j’ai grandi avec des adolescents qui, dès 16 ans, sont allés travailler à la Lucchini. J’avais envie de raconter des histoires dont la presse ne se fait jamais l’écho. Ce qui m’a valu des procès publics. J’avais mis le doigt là où ça fait mal. On m’en a voulu d’évoquer les jeunes ouvriers, ceux qui ont remplacé les vieux militants. Parce qu’il est difficile pour beaucoup de monde d’entendre que la culture de gauche en Italie n’est plus à même de faire rêver les jeunes, que tout cela a été remplacé par le «rêve» berlusconien, que la province a été démantelée, que les gens y vivent, pour la plupart, dans une profonde résignation, et dans l’immédiateté tant tout espoir d’avenir est impossible.

 

 

Pourquoi 2001 ?

 

Mes personnages ont une défiance absolue envers la parole. Ils ne se sentent pas représentés par les mots. C’est à croire que beaucoup de gens sont devenus muets en Italie. Cela date de 2001. L’année n’est pas tant celle du 11 septembre, c’est aussi celle du G8 à Gênes, avec un mortsymbole dans les rues de la ville, et celle où Berlusconi revient au pouvoir. En ce sens, 2001 marque le début de l’effondrement de la culture en Italie. On accuse ma génération d’être une génération «silencieuse» ; mais qu’a fait la «génération des pères» pour endiguer Berlusconi? Rien. Ce fameux 11 septembre, comme les personnages du livre, j’étais à la terrasse d’un bistrot de province avec des amis ; j’ai perçu la distance abyssale entre la grande histoire qui se déroulait en direct, et cet îlot qu’était ma vie.

 

Pourquoi écrire ?

 

J'en ai toujours rêvé. J'ai commencé D'acier à 23 ans. Un an pour me documenter puis un an pour apprendre à tenir le rythme de l'écriture. J'ai envoyé mon manuscrit à une seule maison, l'une des plus importantes d'Italie [Rizzoli, ndlr, également propriétaire, en France, de Flammarion]. Je voulais que mon livre soit lu. L'écriture n'est pas une routine, ni quelque chose d'anodin. C'est un défi. Pour ma génération, Roberto Saviano, l'auteur de Gomorra, a tout changé. Il a rouvert le monde, il nous a libérés d'une autofiction omniprésente. Je pense qu'on ne peut pas raconter le destin de quiconque sans le relier au théâtre social. Et contrairement à ce que raconte la «culture» télévisée italienne, ce qui se passe à nos frontières, à nos bords, nous donne de l'énergie. La mentalité individualiste de la «génération des pères» a montré ses limites.

 

Pourquoi se révolter ?

 

En Italie, beaucoup de femmes sont encore réduites au modèle antique. S’occuper du foyer, des fils, de la destinée. Et quel message envoie-t-on aux jeunes filles ? Qu’il faut miser sur son corps pour s’en sortir. La société italienne n’en peut plus de cette vision du monde. C’est aussi cela qui s’est exprimé lors de l’immense manifestation contre Berlusconi, le 13 février. Malgré ce que croit ce monsieur, l’existence n’est pas une orgie. Moi, j’ai des soucis d’adulte, j’ai appris à ne pas faire la maligne, je suis une fille sérieuse. Et je dois beaucoup à mes grands-parents, qui sans trop se raconter d’histoires ont bâti quelque chose de solide. Ce devrait être ça, une vie. Travailler dur, écrire de beaux livres, fonder une famille.

 

(1) «Les meilleures choses sont illuminées par la peur» (Don DeLillo, «Libra», Actes Sud).

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19 juin 2022 7 19 /06 /juin /2022 09:30

La Mothe-Achard - Vendée - Pays de la Loire

Souvenir, souvenir, comme chantait Johnny, la gare de la Mothe-Achard, la micheline rouge avec son conducteur perché dans un petit habitacle perché sur le toit.

 

la Micheline ( petit train de voyageurs ) - TOURNON D'AUTREFOIS à  AUJOURD'HUI

 

« J’ai toujours eu faible pour les tortillards, les omnibus avec chef de train incorporé : « les Clouzeaux ! » alors bien entendu en quittant les Sables d’Olonne j’ai pris la micheline de mon enfance avec son chauffeur drôlement perché sur le toit et j’ai lu à haute voix du Patrick Drevet, dans un petit opus publié en 1990, La Micheline  collection Haute Enfance chez Hatier.

 

La micheline de Patrick Drevet - Poche - Livre - Decitre

 

« En raison de ses dimensions plus domestiques, de la luminosité de ses deux couleurs un peu triviales, de la physionomie pimpante, joufflue, que lui donnait au-dessus de ses tampons la disposition en V de la peinture rouge d’où les phares écartés saillaient comme des yeux de têtard, en raison aussi de l’insolite verrue que, sur ce type d’autorail, produisait le cockpit du conducteur perché sur le toit, voire en raison de ce que m’inspirait la consonance de son nom qui, pour lui avoir été abusivement attribué par similitudes avec l’engin sur pneumatiques construit par la firme Michelin, ne suggérait pas moins dans ses syllabes le caractère poétique d’un cheminement débonnaire, la nature familière et musarde d’une chenille, sans doute avais-je une prédilection pour la micheline que, à quelque moment de la journée qu’elle passât, je courais contempler à la fenêtre de l’une ou l’autre de nos chambres, alors qu’elle filait à mi-pente sur le versant de la vallée, entre les maisonnettes et les jardins, les boqueteaux et les barrières. »

 

Donc ce matin qu’apprends-je après avoir été voté ?

Gare de La Mothe-Achard (PK 16,9)

 

Que s’est-il passé  hier, samedi 18 juin, en fin de journée, à bord d’un TER reliant Les Sables-d’Olonne à Saumur ?

 

Il était plus de 18 h 30 lorsque le train, rempli de voyageurs, s’est arrêté peu après la gare de la Mothe-Achard, dites aujourd’hui des Achards.

 

Selon des témoins, une personne aurait tiré le système d’alarme. Au regard des températures du jour, aux abords des 40°C, il s’agirait probablement d’un malaise.

 

Mais là, tout s’enchaîne.

 

230 personnes à bord

 

La gare étant encore proche, certains voyageurs ont rejoint les lieux alors que les pompiers arrivaient. Le maire, Michel Valla, a rapidement fait distribuer de l’eau aux usagers, pris en charge pour certains.

 

L’Etat-Major des sapeurs-pompiers avait sollicité de très nombreux véhicules pour l’intervention, les secours venant des centres de La Roche-sur-Yon, Sainte-Hermine, Fontenay-le-Comte, Les Sables-d’Olonne, Les Achards, Luçon, Aizenay, Nieul-le-Dolent et La Chaize-le-Vicomte.

 

Il y avait 230 personnes à bord. Nous avons traité ceux qui avaient été victimes de malaises, en raison de la canicule. Mais personne n’a dû être hospitalisé.

 

Il est reparti à 21 h 30 pour sa destination finale, mais une cinquantaine de passagers sont descendus pour attendre un autre train qui devait les rapatrier à La Roche-sur-Yon. À 22 h, ils attendaient encore.

 

Bonus : un petit texte écrit en 2012 à propos de Benny Levy le Raïs de la GP dédié à Mélenchon qui n’aime pas les patrons et à ses affidés les cavistes révolutionnaires qui avinent le petit peuple des petits bourgeois friqués avec des litrons qui coûtent un bras.

 

« Mais ce qui m’a beaucoup plu sur les réseaux sociaux ce sont les postures des révolutionnaires en chaise longue qui, face à leur écran, en tapotant sur leur clavier, bonnes âmes, chantaient les louanges de la tournure radicale prise, selon eux, par la lutte des classes. Violence physique contre violence sociale, les arracheurs de chemise érigés en avant-garde de la classe ouvrière, aidés en cela par le Mélenchon qui aime la castagne lorsque ce sont les autres qui la mènent. Pauvres petits encore dans les jupes de leur mère qui pensent qu’un jean troué aux genoux est le plus grand symbole de leur piteuse révolte.

 

 

 

Alors je me suis souvenu de « la Gauche Prolétarienne dirigé par Benny Levy, alias Pierre Victor, le Raïs de la GP, faux clandestin reclus au fin fond de Normale Sup rue d’Ulm, petit brun affublé grosses lunettes d’intello qui donnaient, à son regard «gris et froid comme celui d’un héros de James Hadley Chase» (Claude Mauriac dans son journal Le Temps immobile vol 3 attribue cette description à Gilles Deleuze…), chef suprême d’un noyau dur pour qui la «guerre civile» ne pourrait être menée par la classe ouvrière sans que des flots de sang soient versés.

 

 

« Soit le patron d’une boîte moyenne, on peut établir la vérité des faits, à savoir qu’il a exploité les ouvriers abominablement, qu’il est responsable de pas mal d’accidents du travail, va-t-on l’exécuter ?

 

 

 

Supposons qu’on veuille rallier pour les besoins de la révolution cette bourgeoisie moyenne, qu’on dise qu’il ne faut exécuter que la toute petite poignée d’archi-criminels, en établissant pour cela des critères objectifs.

 

 

 

Cela peut constituer une politique tout à fait juste, comme par exemple pendant la révolution chinoise…

 

 

Je ne sais pas si cela se passera comme cela ici, je vais te donner un exemple fictif : il est vraisemblable qu’on ne liquidera pas tous les patrons, surtout dans un pays comme la France où il y a beaucoup de petites et moyennes entreprises, cela fait trop de monde. »

 

 

 

 

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19 juin 2022 7 19 /06 /juin /2022 06:00

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© Les Acacias

Canicule !

 

Il fait trop chaud pour travailler pour le compte Ciné Papy avant d’aller voter, alors pour cet hommage à Jean-Louis Trintignant je me contente de vous renvoyer à la lecture de critiques.

 

C’était la Rétrospective Jean-Louis Trintignant – à  La Cinémathèque

DU 26/09 au 12/11/2012

 

L’INQUIÉTANT TIMIDE

 

Parcourir, en cinquante films, la carrière cinématographique de Jean-Louis Trintignant, c’est prendre, en toute conscience, le risque de ne découvrir qu’une seule et partielle dimension d’un homme aux multiples passions : le théâtre, la poésie, la mise en scène, la course automobile, les plaisirs de la campagne. C’est pourtant un risque que l’on prendra tant ce parcours suffirait déjà à susciter une admiration sans limites

 

La suite ICI 

 

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Dans sa filmographie Le Conformiste - Bernardo Bertolucci est pour moi l’un de ses grands rôles au cinéma.

 

LA NORMALITÉ DU MAL

 

Adaptation du roman éponyme d’Alberto Moravia publié en 1951, Le Conformiste développe un enjeu qui a sérieusement de quoi inquiéter sur le papier : expliquer, voire justifier, les ressorts psychologiques qui ont conduit un jeune homme à devenir un fidèle serviteur du régime fasciste de Mussolini. En effet, tout dans la vie de Marcello Clerici (interprété de manière glaçante par Jean-Louis Trintignant) trouverait sa racine dans de multiples traumatismes d’enfance qui ont fait naître en lui un profond sentiment de culpabilité et d’anormalité : l’humiliation publique par un groupe d’enfants sous le regard passif de leurs parents, le viol par un jeune chauffeur de maître au physique androgyne, le meurtre de ce dernier dans une tentative désespérée de lui échapper, etc. En résulte un comportement d’une froideur implacable : devenu adulte, Marcello n’éprouve d’empathie pour personne et cultive sa médiocrité dans l’objectif de ne jamais se distinguer de la masse ICI 

 

Jean-Louis Trintignant, à Paris, en 1983.

Jean-Louis Trintignant, à Paris, en 1983. 

 

Jean-Louis Trintignant, l’acteur qui voulait rester clandestin, est mort

D’une timidité maladive qu’il réussit à domestiquer par le théâtre, le comédien au sourire mi-carnassier, mi-charmeur, s’est éteint à l’âge de 91 ans.

 

Par Jean-Luc Douin

 

À l’heure où Jean-Louis Trintignant s’en va, il est malaisé de cerner sa trace, tant l’homme se voulut discret, le comédien masqué, son jeu économe, parfois à la limite de l’absence. Tant dans la vie que sur scène ou au cinéma, il détestait « les numéros d’épate ». Parlant de son métier, Jean-Louis Trintignant, mort vendredi 17 juin à l’âge de 91 ans, aimait prôner le retranchement, l’humilité. « Etre une page blanche, partir de rien, du silence. Dès lors, on n’a pas besoin de faire beaucoup de bruit pour être écouté. » C’est sans affectation qu’il confessait avoir raté son idéal : « Rester un acteur clandestin. »

 

L’acteur de Et Dieu… créa la femme et Amour est « mort paisiblement, de vieillesse, ce matin, chez lui, dans le Gard, entouré de ses proches », a précisé son épouse Mariane Hoepfner Trintignant dans un communiqué transmis par son agent.

 

La suite ICI 

Voici le temps des assassins de Julien Duvivier (1955) - Unifrance

Aujourd’hui c’est « Voici le temps des assassins » 1956

 

Pourquoi ce film ?

Pour mettre en parallèle avec « Avant le déluge » 1954 deux films, deux chefs-d’œuvre illustrant ce qu’était le cinéma français de l’époque. Ici il s’agit d’un « film noir ». On pourra  également le comparer à celui présenté dans une des premières fiches « La femme à abattre » 1951

 

Quelle est l’histoire ?

 

Paris, quartier des Halles, le restaurant à l'enseigne « Au rendez-vous des Innocents » est  exploité par André Châtelin. C’est un homme sans malice, droit, patron paternaliste et le cœur  sur la main. Un matin, une jeune fille arrive de Marseille. C’est Catherine, qui se présente à  lui comme la fille de Gabrielle, première épouse de Châtelin aujourd’hui divorcée. Catherine  annonce la mort de Gabrielle et déclare ne pas savoir où aller. Châtelin l’héberge. Commencent alors les manigances.

 

Elle fait en sorte de le brouiller avec Gérard, un jeune étudiant en médecine sans ressources,  que le restaurateur considère comme un fils. 

 

Puis elle persuade qu’ils sont amoureux et réussit à se faire épouser malgré la réprobation de  Mme Châtelin mère et de la vieille servante Mme Jules, qui voient en Catherine une nouvelle  Gabrielle, femme qu'elles détestaient.

 

On comprend vite les motivations de Catherine : tout faire pour accaparer la « fortune » du  restaurateur. Elle est sous la coupe de Gabrielle qui, en réalité n’est pas morte. En pleine  déchéance, droguée elle manipule sa fille qui apparaît comme complice pour soutirer un  maximum d’argent à Châtelin. Comme le besoin d’argent de la droguée ne fait qu’augmenter,  elles vont fomenter le plan d’éliminer pour accaparer son héritage, le bon Châtelin. Une fois mariée, Catherine séduit Gérard . Avec des plaintes incessantes de la brutalité et des  mauvais traitements de son mari à son encontre Catherine lui demande de l’aider à se  débarrasser de cet horrible mari.

 

Mais, il y a loin de la coupe aux lèvres et tout ne se passe pas comme prévu…

 

Réalisation

Julien Duvivier

 

Avec une filmographie riche de près de 70 titres, parmi lesquels d’incontournables classiques  du cinéma mondial Julien Duvivier est un des très grands réalisateurs de l’histoire du cinéma  et cela, des deux côtés de l’Atlantique. Jean Renoir a dit au sujet de Duvivier : « Si j'étais  architecte et devais construire un monument du cinéma, je placerais une statue de Duvivier  au-dessus de l'entrée. Ce grand technicien, ce rigoriste, était un poète. »  Outre Jean Renoir, Ingmar Bergman et Orson Welles tenaient notamment Duvivier en haute  estime. Excuser du peu.

 

Dans les années 1930, Duvivier entre, pour neuf ans, au service de la société de production  Film d'Art, fondée par Marcel Vandal et Charles Delac, où il pratique le travail d'équipe.  Avec « David Golder, »1931, d’après Irène Némirovskyil réalise son premier film parlant et  la première expérience du parlant pour Harry Baur. C’est son premier succès.

 

En 1934, « Maria Chapdelaine » marque sa première collaboration avec Jean Gabin. Puis,  avec « La Bandera », 1935, il s’attache les talents du dialoguiste Charles Spaak, auparavant  collaborateur de Feyder, Grémillon, Allégret et L'Herbier, avec lequel il travaille souvent. Il  tourne, toujours en 1935, Golgotha, vision originale de la Passion du Christ.

 

Après le tournage du film fantastique, « Golem », 1936, il entreprend le tournage de « La Belle Équipe », avec Jean Gabin, Charles Vanel et Raymond Aimos, une œuvre phare, témoin  de l'esprit du Front populaire, où cinq traîne-savates, ayant gagné à la loterie, achètent une  guinguette au bord de l’eau. La fin ayant été jugée trop pessimiste, les producteurs imposent,  au grand dam de Duvivier, un dénouement plus heureux. Si les deux fins existent toujours,  c'est la version optimiste qui fut exploitée en salle.

 

Trois films s’enchaînent ensuite : « L'Homme du jour », 1936, film mineur avec Maurice  Chevalier, puis « Pépé le Moko »et « Un carnet de bal », 1937, qui sont deux chefs-d'œuvre.  Pépé le Moko, qui nous plonge dans la pègre d’Alger, propulse Jean Gabin au rang de vedette  internationale.

 

En 1938, Duvivier tourne pour la MGM aux États-Unis une biographie de Johann Strauss,  « The Great Waltz. »

 

En 1939, de retour en France, il met en scène « La Fin du jour » dans lequel des acteurs de  théâtre à la retraite luttent pour sauver leur maison de retraite. On y retrouve Michel Simon,  en vieil acteur cabotin, et Louis Jouvet, en vieux « jeune premier » qui croit encore en son  pouvoir de séduction. C’est sans doute le film le plus émouvant du réalisateur et, selon ses  dires, son préféré. Duvivier enchaîne ensuite « La Charrette fantôme », 1939 film fantastique  adapté du roman de Selma Lagerlöf, et, en 1940, « Untel père et fils »avec Raimu, Michèle  Morgan et Louis Jouvet, une chronique familiale qui ne peut être projetée en France qu’à la  fin de guerre. Ce film, malgré sa distribution, est considéré comme mineur, voire raté.

 

Durant la Seconde Guerre mondiale, contrairement à Marcel Carné qui poursuit sa carrière en  France, Julien Duvivier part à nouveau travailler aux États-Unis pour y réaliser cinq films : avec notamment, Charles Boyer et Rita Hayworth ou avec Edward G. Robinson, et Barbara  Stanwyck 

 

À son retour en France, Duvivier éprouve quelques difficultés à renouer avec le succès des  années 1930. En 1946, sort « Panique », adapté du roman « Les Fiançailles » de monsieur  Hire de Georges Simenon. Le film, condensé des instincts les plus vils de la nature humaine,  reste l’œuvre la plus personnelle et la plus noire de son auteur. C'est pourtant un échec  cuisant, tant critique que public, la critique lui reprochant une volonté de retour au « Réalisme  Poétique » d’avant-guerre. Duvivier continue cependant, après un court détour en Grande Bretagne, en 1948, pour « Anna Karénine » et un tournage en Espagne pour « Black Jack »,  en 1950, à tourner en France.

 

En 1951, il réalise « Sous le ciel de Paris, » film d’une grande originalité où, au cours d’une  même journée, on suit, à Paris, des personnages dont les destins se croisent. La même année

 

1951, Duvivier tourne le premier volet des Don Camillo, « Le Petit Monde de don Camillo, » qui rencontre un succès populaire immédiat et auquel il donne lui-même une suite, « Le Retour de don Camillo », en 1953. La série se prolonge sous la direction d’autres réalisateurs.  En 1952, il tourne « La Fête à Henriette », mise en abîmes d'un film en train de se faire dans  lequel il s'autoparodie en compagnie d'Henri Jeanson.

 

Duvivier tourne un autre grand film en 1958, « Marie-Octobre », avec Danielle Darrieux,  Paul Meurisse, Serge Reggiani et Bernard Blier. Un exercice de style où onze personnages  (neuf hommes et deux femmes) évoluent dans une unité de lieu, de temps et d'action avec une  mise en scène omniprésente, inquisitrice, presque menaçante dans un souci constant du  cadrage et de la composition de l'image. La même année, le metteur en scène est invité à  participer au jury du Festival de Cannes.

 

En 1962, il se livre une dernière fois à l’exercice du film à sketches avec « Le Diable et les Dix Commandements » L’année suivante, en 1963, sort « Chair de poule » dont le scénario  est adapté du roman « Tirez la chevillette de James Hadley Chase et dont l'intrigue présente  bien des similitudes avec celle du Facteur sonne toujours deux fois. Une fois de plus,  Duvivier y présente un personnage de garce sans scrupule.

 

François Truffaut, un temps, à l’époque de la Nouvelle Vague, le pape du cinéma français, disait de ce très grand cinéaste : « Duvivier a tourné 57 films ; j'en ai vu 23 et j'en ai aimé 8.  De tous, « Voici le temps des assassins » me semble le meilleur. »

 

Duvivier n’est pas seulement un très grand cinéaste par l’ampleur de son œuvre mais aussi par  son éclectisme. Bien sûr il a marqué le cinéma français de la période 1930-1960. Célèbre  pour sa noirceur et son pessimisme, il connut cependant l'un de ses plus grands succès publics  avec ses comédies des Don Camillo.

 

Don Camillo, pour les moins de vingt ans, a inspiré la publicité pour les pâtes « Panzani ». On  y voit un prêtre, Don Patillo, agenouillé devant l’autel avouant ne manger que quelques pâtes. « Oui mais des Panzani 8» lui répond son dieu.

 

Duvivier est l'inventeur d’un univers d’images où le réalisme le plus cru et souvent très noir  est pénétré d’une fantaisie insolite. Après la Seconde Guerre mondiale, il donne une  représentation tout aussi pessimiste de la société française, qu'il montre dominée par  l'hypocrisie, le cléricalisme étroit, la mesquinerie et la rouerie féminine.

 

Il est un bel exemple de ce qu’on lui reprochera, après-guerre « Le Réalisme Poétique » dont  il participera à la création comme style et qu’il développera. N’oublions pas qu’à l’époque les  grands scénaristes et dialoguistes étaient Prévert et Spaak

 

Comme à la Samaritaine avant qu’elle ne soit transformée en temple de la vulgarité du luxe en  toc par l’ineffable Bernard Arnault on trouvait de tout, ainsi, chez Duvivier les thèmes,  souvent les mêmes sont traités de manière différentes.

 

Ces thèmes sont, par exemple, la bande, le groupe, la microsociété et la façon dont les  individus peuvent évoluer ou pas au sein de leur environnement humain : « La Belle Équipe »  1936 qui donne son titre au film, la petite ville de « Panique », 1946 le village italien des  « Don Camillo » 1951,

 

Mais aussi, à côté de cela on y trouve des personnages à la solitude d'autant plus pesante,  déchirante, qu'un monde grouille de vie autour d'eux * : le Saint-Clair de « La Fin du jour »,  1939 le Monsieur Hire de « Panique » 1946 l'assassin » et la vieille dame aux chats de « Sous  le ciel…, le traître aux abois une fois dévoilé dans « Marie-Octobre… » 1958.

 

* Tout un chacun a pu dans son existence vivre cette douloureuse sensation quand, derrière  les hauts murs d’un cimetière, à l’occasion de l’enterrement dans la stricte intimité de la  famille on se retrouve seul face à une peine triste, profonde et déchirante alors même qu’un  avion traverse le pur bleu d’un ciel ensoleillé rappelant qu’ailleurs fourmille encore la vie.

 

Autre thème, des portraits de femmes particulièrement cyniques dans « La Belle Équipe, »  1936 « Panique », 1946 « Chair de poule… » 1963

 

On trouve aussi On trouve des scènes se passant sur ou sous les toits dans « La Belle Équipe »  « Panique » (notamment la scène finale). « Sous le ciel de Paris » 1951 commence, après  quelques vues aériennes de Paris, par un plan où l'on voit un chat de gouttière marcher sur un  toit ; et l'assassin du film s'est aménagé un atelier de sculpteur dans une mansarde. 

 

Qui fait quoi ?

 

Voici le temps des assassins (Julien Duvivier, 1956) - Allen John's attic

 

Jean Gabin : André Châtelin, restaurateur à l'enseigne Au rendez-vous des  Innocents

Il fut un acteur fétiche de Duvivier lequel contribua à sa gloire par les rôles qui lui confia. On compte près de sept collaborations dans des films devenus cultes.

 

Danièle Delorme : Catherine

Après-guerre, elle se perfectionne avec Tania Balachova et René Simon. Son interprétation de  Gigi d'après Colette en 1949 lui apporte la renommée et, sur cette lancée, elle tourne de  nombreux films où sa grâce, sa pudeur et son engagement dans des rôles d'héroïne fragile,  souvent marquée par le destin, font impression. Dans les années 1950 et 1960, elle joue au  théâtre les grands auteurs tels qu'Ibsen, Jean Anouilh, Paul Claudel, Pirandello.

 

Après un rôle à contre-emploi de femme machiavélique dans « Voici le temps des assassins » elle prend au début des années 1960 quelque distance avec son métier d'actrice pour faire de  la production. On la revoit dans les films d'Yves Robert dans les années 1970 comme « Un  éléphant ça trompe énormément » 1976. On ne peut oublier cette scène et surtout la réplique : « « J'aime vos seins ! Je ne peux pas vivre sans eux, c'est décidé. » quand elle est harcelée par  Lucien, un adolescent de dix-sept ans au discours très affirmé, obsédé par ses seins (surtout le  gauche) joué par le très éclectique Christophe Bourseiller.

 

Voici le temps des assassins | Julien Duvivier, 1956 | Cinepsy - Cinéma et  psychanalyse

 

Gérard Blain : Gérard Delacroix

 

On l’a déjà rencontré dans « Avant le déluge » 1954 d’André Cayatte. Notons pour la petite  histoire que cet acteur anticonformiste et à la personnalité affirmée a été marié deux ans avec  Bernadette Lafont autre personnalité affirmée et tout aussi anticonformiste s’il en fut.

 

Lucienne Bogaert : Gabrielle, logée à l'hôtel Le Charolais

 

Le cinéma a plusieurs fois employé ses talents de tragédienne et sa diction originale en lui  confiant des rôles de mères abusives et inquiétantes, de matrones ou de maquerelles. Trois de  ses rôles sont particulièrement notoires : mère maquerelle distinguée d'Élina Labourdette dans « Les Dames du bois de Boulogne » 1945 de Robert Bresson mère droguée machiavélique de Danièle Delorme dans « Voici le temps des assassins » et mère follement possessive de Jean  Desailly dans « Maigret tend un piège » 1958.

 

Germaine Kerjean : Mme Châtelin mère, qui tient une guinguette à Lagny, près du  canal de halage

Une carrière partagée entre théâtre et cinéma. Au cinéma, elle incarna surtout des personnages  antipathiques comme Goupi-Tisane dans « Goupi Mains Rouges ».1943 de Jacques Becker

 

Gabrielle Fontan : Mme Jules

 

Une carrière d’actrice longue de trois décennies. Habituée des petits rôles, elle déploie sur  trois décennies son talent d'actrice de composition dans des personnages aussi variés que  concierge, mercière, femme de ménage, clocharde, religieuse ou directrice d'école. Elle tourne  plusieurs films aux côtés de Jean Gabin et Gérard Philipe.

 

Jean-Paul Roussillon : Amédée, second de cuisine de Châtelin

 

Élève de l'École de la Rue Blanche, il entre au Conservatoire national d'art dramatique (classe  Denis d'Inès), où il obtient en 1950 un premier prix de comédie classique, qu'il partage avec  Michel Galabru et qui lui ouvre immédiatement les portes de la Comédie-Française. Il y est  élu sociétaire en 1960, et en deviendra sociétaire honoraire en 1982.

Il mena, parallèlement une carrière au théâtre et une au cinéma ou il tourna avec les plus grands. Au théâtre il fut également metteur en scène.

 

Il a reçu trois Molières : en 1991, 1996 et 2002 et le César du meilleur acteur dans un second  rôle en 2009.

 

Robert Pizani : le président

 

Au cinéma, il apparaît à partir de 1924 dans près de 90 films (longs et courts métrages)  toujours pour des seconds rôles et joue son dernier en 1961 dans Le Capitaine Fracasse de  Pierre Gaspard-Huit.

 

Aimé Clariond : M. Prévost

 

De 1931 à 1960, près de 100 films avec de metteurs en scène type Grangier, Molinaro,  Delannoy ou Sacha Guitry.

 

Mais aussi grand acteur de théâtre qui intégra la Comédie Française alors qu’il n'a jamais pu  intégrer le Conservatoire : il est recalé à trois reprises au concours d'entrée. Tout cela ne l’empêcha pas de jouer aussi avec succès sur des scènes hors Comédie Française

 

Robert Arnoux : M. Bouvier

 

Ses débuts coïncident avec l’arrivée du parlant en France. Il tourne d’abord pour la firme  allemande UFA « Tumultes » 1931, « Le Congrès s’amuse »1932), puis pour la Paramount  Pictures « La Perle »1932).

 

Mais il incarne rarement les premiers rôles. Arnoux apparaît malgré tout régulièrement dans  de nombreux films à succès le préfet dans « Lettres d'amour » 1942, le profiteur du marché noir dans « La Traversée de Paris » 1956 Il donne la réplique à toute une génération de  comédiens parmi lesquels Jean Gabin et Claude Brasseur.

 

Gaby Basset : une serveuse de la guinguette

 

Gaby Basset débute comme sténodactylo avant d'orienter sa carrière vers le cabaret et le  music-hall où elle rencontre Jean Gabin3. Ils se marient le 26 février 1925 à la mairie du 18e  arrondissement1. Ils se produisent avec succès dans des opérettes, mais le travail les accapare  et ils se voient assez peu. En 1929, Jean Gabin entame une liaison avec sa partenaire  Jacqueline Francell. Le divorce est consommé à la fin de l'année Bien que séparés à l'amiable,  ils tournent leur premier film « Chacun sa chance » en 1930. Gabin n'oublie jamais celle qu'il  surnommait « Pepette » : lorsqu'il redevient l'un des acteurs du cinéma français les plus  sollicités après la guerre, il s'arrange pour qu'elle ait un petit rôle dans ses films.(Merci  Wikipédia)

 

Robert Manuel : Mario Bonnacorsi, Marseillais connaissant les deux femmes

 

Ses débuts au cinéma datent de 1935 pour un petit rôle dans un film de Jean de Limur, « La Petite Sauvage » Il tournera avec des réalisateurs connus, notamment Sacha Guitry, Julien  Duvivier, Jean Meyer, Gilles Grangier ou Christian-Jaque mais la plupart du temps pour des  rôles secondaires. Jules Dassin « Du rififi chez les hommes » 1955,Patrice Chéreau « Judith Therpauve », 1978 Alain Resnais « La vie est un roman » 1983 feront appel à ses services. Cependant sa principale activité d'acteur fut sur les scènes de théâtre, où il interprétait surtout  des comédies de Molière, de Courteline, de Feydeau ou de Marivaux. Il a à son actif plus de  400 mises en scène, autant de rôles. Il fut une figure majeure de la vie théâtrale et artistique  française.

Son rôle pendant la seconde guerre mondiale mérite d’être signalé

 

Camille Guérini : Gégène

 

Encore un de ces acteurs qui eut une double vie alliant cinéma et théâtre. Près de 70 rôles de  1942 à 1963 dans « Le glaive et la Balance » d’André Cayatte. Pour les autres il les tourna à  la demande des Lautner, Verneuil, Decoin, Delannoy, Carné, Allegret, Clouzot, Duvivier, Le  Chanois dont, pour certains, plusieurs fois. Parmi les plus grands on vous dit.

 

Paul Demange : le client au régime

 

Paul Demange fut second ou troisième rôle durant un demi-siècle dans plus de 200 films. Ses  passages à l’écran sont fugaces, garçon de café, coiffeur, greffier, souvent petit employé,  parfois petit chef de bureau, parfois policier et parfois malfrat.

 

Henri Coutet: l'homme qui annonce l'accident d'automobile à la guinguette

 

Du début de sa carrière en 1943 à sa retraite en 1984, Henri Coutet a tourné dans plus de 100  films et téléfilms ou épisodes de feuilleton télévisuel. Il n'a jamais eu de premier ni de second  rôle, et est resté toute sa vie cantonné aux petits rôles et silhouettes.

 

Le chien César

 

Et si pour une fois on parlait musique

 

La Complainte des assassins, paroles de Julien Duvivier et musique de Jean Wiener,  interprétée par Germaine Montéro

 

Jean Wiener est un pianiste et compositeur français. Il est l'auteur de plus de 350 musiques de  film, pour le cinéma et la télévision, et d'œuvres de musique classique.

 

Il a, quelque fois interprété quelques rôles comme dans « Lady L » de Peter Dustinov d’après  le roman éponyme de Romain Gary. Il interprète le pianiste Krajewski dont le concert est à  chaque fois interrompu quand il se met à jouer la « Grande Polonaise » de Chopin par un  anarchiste qui lance une bombe.

 

Sans oublier les scénaristes

 

Julien Duvivier, avec Maurice Bessy et Charles Dorat. Duvivier était le scénariste de  pratiquement tous ses films

 

Ni les dialoguistes

 

Julien Duvivier, Charles Dorat, Pierre-Aristide Bréal. Comme ci-dessus. Duvivier était le  dialoguiste de presque tous ses films souvent avec Charles Spaak et/ou Henri Jeanson

 

Quelques bons moments

La scène où un client commande un repas très frugal avec un radis au beurre et une bouteille  d'eau minérale a été reprise quasiment en intégralité dans Le Grand Restaurant, sûrement sous  forme d'hommage.

 

Celle où parmi les clientes du restaurant, deux femmes manifestement en couple (sujet  rarement évoqué à l’époque), l’une faisant une courte scène de jalousie à l’autre à propos de  Danièle Delorme « Dis-donc, chérie, est-ce que tu veux son portrait ? » « Je ne dirais pas non ! »

Pax

Prochainement « L’homme qui tua Liberty Valence »

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18 juin 2022 6 18 /06 /juin /2022 06:00

 

Voilà l’histoire, elle devrait plaire au sieur Pax qui se plaint de la longueur de mes chroniques du samedi, celle-ci est courte.

 

À la mort de son père, le fils reprend son imprimerie et, en faisant l’inventaire des lieux au lendemain des funérailles, il tombe sur une épaisse enveloppe cachetée portant, inscrite de l’écriture de son père, la mention « à ne pas ouvrir »

 

Déférant au vœu posthume de son père, et quoique rongé par la curiosité, notre imprimeur respecta le secret paternel pendant environ six années, longues à passer, au terme desquelles il se décida à violer le secret et ouvrit l’enveloppe.

 

Ce qu’il y trouva c’est que l’enveloppe mystérieuse contenait une centaine d’étiquettes identiques sur lesquelles était imprimée la mention « à ne pas ouvrir »

 

Ce que l’imprimeur junior avait pris pour une injonction testamentaire n’était qu’un simple repère par lequel son père avait signalé l’enveloppe où se trouvait le stock d’une formule banale destinée à sa clientèle.

Autocollant et panneau ne pas ouvrir

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17 juin 2022 5 17 /06 /juin /2022 09:30

La moutarde peut parfois être utilisée pour assaisonner la galette saucisse, spécialité rennaise. | MARC OLLIVIER / OUEST-FRANCE

Maintenant que Rebsamen et Le Drian sont ENSEMBLE dans le même bateau, cette histoire de moutarde devrait pouvoir  s’arranger.  

 

En effet, après avoir fait la danse du ventre, auprès de notre prince Macron 1, pour transférer le siège de l’OIV (un machin du vin comme disait de Gaulle « Le machin qu'on appelle ONU. » Le 10 septembre 1960, à Nantes)  à Dijon, et l’obtenir, François Rebsamen a jeté sa carte du parti aux orties pour rejoindre le prince Macron à la recherche de son second sceptre.

 

Résultat : nada, pas le plus petit maroquin – la place Beauvau, son rêve sous François le roi du pédalo – et, pire, plus ou presque de moutarde de Dijon sur les rayons des temples de la consommation.

 

Du côté de Le Drian, qui avait jeté sa carte bien avant, le voilà débarqué du Quai d’Orsay, donc Jean-Yves – j’en connais aussi un en Bourgogne – et François vont pouvoir être utiles à leurs pays.

 

Pierre Grandgirard, patron du restaurant "La Régate" à Douarnenez Finistère-sud, n'arrivant plus se procurer suffisamment de moutarde, le patron du restaurant "La Régate" à Douarnenez (Finistère), a été obligé de parcourir sa ville pour tenter d'en trouver. « J'ai compris que j'allais aller à la chasse à la moutarde et effectivement, j'ai fait les différents commerces de Douarnenez. J'ai eu un commerçant qui a bien voulu me dépanner de deux pots parce que normalement, c'est limité pour une personne. Tous les autres n'en avaient plus ».

 

Résultat, sans cet "outil de travail" essentiel, alors que la saison estivale commence, il risque d'être difficile de satisfaire les clients. Il faut dire que son restaurant est spécialisé dans les plateaux de fruits de mer, et cet ingrédient est indispensable. « On en a besoin aussi bien pour les mayonnaises que les vinaigrettes, et je ne suis pas sûr que tout le monde ait envie de se passer de la mayonnaise sur les plateaux de fruits de mer ! »

 

« C'est un coup de gueule nécessaire, surtout pour informer, juste informer les gens, de dire : 'attention, la moutarde, ce n'est pas un truc qu'on n'a qu'une fois par an et qu'on n'aura pas avant l'année prochaine'. Non, en septembre, il y en aura partout. Une fois que le savez, régulez la consommation et tout va bien se passer. Tout le monde aura de la moutarde », lâche Pierre Grandgirard  un restaurateur de Douarnenez dans le Finistère-Sud.

 

 

Pénurie en rayons : et maintenant, la moutarde ! - Journal de 13 heures |  TF1

Pourquoi y a-t-il des ruptures de moutarde en France ? ICI

 

Dérèglement climatique, difficulté d’approvisionnement, développement de la filière agricole en berne... Les fabricants de moutarde doivent baisser leur offre, alors même que la demande augmente.

 

La pénurie de moutarde dans les magasins français est en partie liée à la guerre en Ukraine, mais surtout à de mauvaises récoltes au Canada et en France, les deux principaux producteurs de graines de moutarde.

par Marie Thimonnier publié le 27 mai 2022

 

Après l’huile de tournesol, un autre condiment manque aux rayons des supermarchés français: la moutarde. Sur les réseaux sociaux, comme dans les titres de presse, les regards convergent vers lingrédient utilisé dans de nombreuses préparations ou en accompagnement, qui déserte les étagères des magasins. Vous nous interrogez sur les causes de cette «pénurie».

 

Contrairement aux ruptures d’huile qui ont été soudaines après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, comme nous l’expliquions dans un précédent article, la baisse de la production de moutarde était évoquée bien avant, dès décembre 2021. «Les producteurs de moutarde de Dijon prévoient déjà une diminution de leur production et une hausse des prix pour les consommateurs», écrivait Libération dans un article sur le sujet.

 

La raison: le dérèglement climatique. Bien que réputée pour sa célèbre moutarde de Dijon, la France nest pas le plus gros producteur de graines de moutarde brunes, ingrédient incontournable à la confection du condiment. Dans ce domaine, le Canada est le premier cultivateur et exportateur mondial. Mais le pays d’Amérique du Nord, qui a connu de fortes sécheresses au cours de l’été 2021, a considérablement réduit sa production. Une large partie des espaces cultivés ont été ravagés et non renouvelés après cet épisode climatique. «Pour 2021-2022, la production a chuté de 28%, en raison de la baisse des rendements et de la superficie ensemencée», peut-on lire dans un rapport du ministère canadien de lAgriculture, publié le 19 novembre dernier. Cette diminution a dès lors provoqué une baisse des exportations et la hausse des prix de l’oléagineux. «Par conséquent, le prix moyen devrait doubler par rapport à 2020-2021, et s’élever au niveau record de 1700 dollars US [plus de 1500 euros, ndlr] Ia tonne», souligne le ministère.

 

L’approvisionnement en berne

 

Ce sont les fabricants de moutarde qui paient le prix fort. Reine de Dijon, troisième industriel français de moutarde – après Amora-Maille, qui domine le marché – a ainsi vu sa production diminuer de plus de 20% en un an, en raison des difficultés dapprovisionnement. «Les mauvaises récoltes sont dues aux aléas climatiques au Canada, mais aussi en France, où sont cultivées une partie des graines que nous utilisons pour confectionner la moutarde de Dijon», détaille Luc Vandermaesen, directeur général de Reine de Dijon. En temps normal, jusqu’à 35% des besoins de lentreprise sont satisfaits par la graine de moutarde produite directement en Bourgogne. Mais cette année, face aux mauvais rendements, elle ne représente que 20%.

 

La différence est ensuite compensée par l’importation de graines cultivées au Canada. Reste que «plusieurs contrats canadiens ont été annulés par les fournisseurs», précise le chef d’entreprise auprès de CheckNews. D’autres bons de commande ont été signés, mais toujours «sous réserve» des stocks. Le fabricant n’a donc aucune certitude sur son approvisionnement en matière première. «Ce n’est pas la première année que la récolte est mauvaise, mais c’est la première fois qu’elle l’est plusieurs années d’affilée et cela chez tous les exportateurs», insiste Luc Vandermaesen. La Russie et l’Ukraine étant les troisièmes plus importants exportateurs, l’incertitude est encore plus importante sur les rendements ukrainiens pour la prochaine récolte dans l’est de l’Europe.

 

Filière agricole en difficulté

 

Les agriculteurs locaux réunis sous l’association des producteurs de graines de moutarde de Bourgogne (APGMB), représentent pourtant près de «50% de la production européenne», selon leur site. Contacté par CheckNews, Fabrice Genin, président de l’organisation, insiste sur les difficultés de la filière agricole française. «Depuis cinq ans, nous enregistrons une baisse de la productivité de près de 50%. Aujourdhui nous fournissons aux industriels français tout ce que nous pouvons en quantité, sans avoir de stock», souffle-t-il.

 

«De 12000 tonnes en 2016, nous sommes passés à 4000 tonnes en 2021», appuie Fabrice Genin. Les cultivateurs français font face à diverses contraintes, climatiques d’une part, mais également au revirement concernant l’interdiction d’utilisation des produits phytosanitaires en Europe, selon eux. «Nous n’arrivons plus à repousser les ravageurs», explique-t-il, en parlant des insectes qui ont causé de nombreuses pertes dans les champs ces dernières années. Les insecticides jusqu’ici utilisés pour les éradiquer sont.

 

Fabrice Genin cite également un autre obstacle au développement de la filière française, la difficulté «d’attirer de nouveaux agriculteurs». Sur les cinq dernières années, ils sont passés de «près de 350 producteurs à 250», précise-t-il. D’autant plus que la graine de moutarde est une «culture fragile et compliquée», comparée au tournesol, dont le déficit créé par la guerre en Ukraine, premier pays exportateur de l’oléagineux, pourrait inciter de nouveaux cultivateurs à se lancer.

 

Surconsommation sur un marché en tension

 

Les ventes de moutardes ont ainsi baissé de 10,8% en volume sur les quatre premiers mois de 2022 par rapport à 2021 sur la même période, selon les données de l’institut spécialisé IRI, fournies à CheckNews. En revanche, les ventes ont augmenté en valeur de 7,4% entre janvier et avril comparé à lannée précédente, ce qui traduit parfaitement les tendances actuelles du marché. Le prix de la moutarde a en effet explosé avec une hausse de 9,26% en un an, daprès une étude IRI, publiée en avril. Mais si loffre diminue, la demande, elle, augmente. Avec des conséquences visibles sur les prix.

 

Contacté par CheckNews, le groupe Casino, qui regroupe plusieurs enseignes de grandes surfaces (Franprix, Monoprix, Casino, Spar…), constate que «les pénuries sur la graine de moutarde impactent en effet les approvisionnements de toutes nos enseignes et peuvent être visibles dans certains de nos magasins». Dans les magasins Franprix par exemple, les ventes de moutarde «ont été multipliées par 1,5 voire 2 depuis deux semaines». L’enseigne, qui ne donne pas de quota de vente par client à ce jour, interprète la hausse des ventes par une «surconsommation», visible sur les «stocks en magasins qui ont tendance à s’écouler très vite, dès la mise en vente», aggravant un marché déjà «en tension».

 

Peut-on parler de pénurie pour autant? «On est face à un comportement rationnel des consommateurs, qui lorsque les rayons sont vides, vont vouloir stocker pour ne pas manquer de la denrée», analyse Pascale Hébel, directrice associée chez C-Ways, interrogée par CheckNews. L’experte compare ce «stockage», à celui du papier toilette ou de la farine au début du confinement, en mars 2020. Concernant les pénuries enregistrées en France depuis quelques mois, l’huile de tournesol, comme la moutarde, Pascale Hébel précise qu’elles ne sont pas, dans l’immédiat, imputables à la guerre en Ukraine. «On associe aujourd’hui les pénuries à l’Ukraine, mais ce ne sera vraiment qu’après l’été qu’on pourra dire ça, car les récoltes des graines se font en été. La France fait donc face à des pénuries liées au stockage et non directement imputables au conflit dans l’est de l’Europe», insiste la spécialiste.

 

Le dérèglement climatique pourrait cependant atteindre d’autres filières à l’avenir. «On n’est pas à l’abri de faire face à des problèmes climatiques similaires dans les prochaines années et donc à des inflations du prix des matières premières», rappelle Pascale Hébel.

 

C’est donc vers les producteurs locaux que le secteur de la moutarde tente de se tourner. En Alsace, l’entreprise Alélor peut compter sur une production locale qui couvre 60 % de ses besoins, relate France 3 . Mais ce cas de figure est rare et tire les prix vers le haut. Alors si une vraie pénurie ne devrait pas se produire rapidement, la saison des barbecues pourrait bien avoir des conséquences plus importantes sur les portefeuilles en raison du prix de la moutarde qui ne devrait pas baisser tout de suite.

SUGGESTION du CHEF : Lapin à la moutarde ICI 😃

Recette de Lapin a la moutarde par jeanmerode

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