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13 septembre 2020 7 13 /09 /septembre /2020 07:00

presidentaffiche

Sur Twitter le 31 août je lis :

 

Mon film préféré "Le Président" d’Henri VERNEUIL, avec Jean GABIN et Bernard BLIER

 

Chef d’œuvre du cinéma, à voir absolument tous pour ceux qui aiment la politique et le cinéma.

 

Ce soir sur @ARTEfr

 

Je ne regarde pas la télé ni ici ni à Paris mais je me souviens fort bien des morceaux d’éloquence oratoire de ce film d’Henri Verneuil, adaptation d’un roman de Simenon, avec un scénario signé par Michel Audiard.

 

Il y a du Clémenceau dans ce Président, il est admis que Simenon a été inspiré par Clémenceau mais en dehors du caractère affirmé, du verbe tranchant, et de la passion de l'État, Émile Beaufort-Gabin dans son mode de vie est bien loin du Tigre. Dans sa résidence il a un portrait de lui accroché au mur.

 

Le Président par Simenon

 

Le livre de Simenon a été terminé en octobre 1957.

 

 . La IVe République vivait sa dernière législature.

 

 . En Algérie, l'année 1957 voyait se dérouler la bataille d'Alger.

 

. Le traité de Rome était signé en mars 1957, qui allait ajouter début 1958 la CEE (Communauté économique européenne) à la CECA (Communauté européenne du charbon et de l'acier).

 

Le film a été tourné en 1960.

 

. La crise algérienne de mai 1958 avait porté de Gaulle au pouvoir, qui avait la même année mis un terme à la IVème République et mis en place la Vème République (Constitution approuvée par référendum, élections législatives, élections présidentielles par un collège électoral).

 

. La question algérienne continuait à générer de vives tensions, en Algérie comme en France, tant côté partisans de l'Algérie française que côté partisans de l'indépendance.

 

Le thème de ce film est à la fois d’actualité et daté, nous sommes en effet sous un régime parlementaire : le président de la République était élu par la réunion des deux chambres (« Assemblée nationale » sous la IIIème, réunissant la Chambre des députés et le Sénat, puis « Parlement » sous la IVème, réunissant l'Assemblée nationale et le Conseil de la République). Le rôle du président de la République était essentiellement représentatif, mais il proposait le président du Conseil, véritable chef de l'exécutif (comme le Premier Ministre britannique), qui devait être investi par les deux chambres.

 

Lire ICI

 

Dans un panorama télé indigent me dit—on voir ou revoir ce film est intéressant.

 

Pour ma part, étant friand de l’histoire de la IVe République, voir les livres de Georgette Elgey, puisque je suis né sous ses auspices et l’ai vu disparaître en 1958, je me permets de signaler à tous ceux qui veulent ressusciter le PS de Mitterrand, sauver du naufrage le PCF de Jacques Duclos, assurer la survie de ce qui reste du parti gaulliste, que c’est sous cette République que l’on a enterré le Parti Radical.

 

Le dernier grand homme du Parti Radical fut Pierre Mendès-France qui adhéra au PSU. Ensuite, après scission, les Radicaux de gauche eurent l’illusion d’exister au temps de l’Union de la Gauche, sur un strapontin aux côtés de Mitterrand et Marchais, le brave pharmacien de Villefranche-de-Rouergue, Robert Fabre. Quand à ceux de droite, ce fut pire, qui se souvient de Rossinot le maire de Nancy ?

 

Ce fut le temps des plaisanteries sur les Congrès des Radicaux dans une cabine téléphonique, celles-ci comme lui ont disparues, du veau sous la mère : Jean-Michel Baylet, chez Rocard nous avions récolté l’ancien attaché parlementaire du PRG qui, lors des remaniements exerçait ses talents d’imitateur pour piéger au téléphone certains élus radicaux qui espéraient encore en un maroquin.

 

On ne ressuscite pas les morts au mieux on les embaument.

 

Le Président (Arte) : une histoire vraie pour Jean Gabin et Bernard Blier au cœur de la politique ?

Le Président (Arte) : une histoire vraie pour Jean Gabin et Bernard Blier au cœur de la politique ? ICI 
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13 septembre 2020 7 13 /09 /septembre /2020 06:00

Avant de partir au bord de la mer, formule consacrée des congepés de ma jeunesse allant les passer du côté des Sables d’Olonne ou de Bretignolles-sur-Mer, en Frégate ou en 4 CV, chevauchant mon vélo j’ai aperçu sur le flanc d’un bus de la RATP une affiche annonçant la sortie prochaine du film La Daronne et, ô surprise, c’est la très bourgeoise Isabelle Huppert qui revêt les oripeaux de Patience Portefeux « veuve sans histoire, quinqua, précaire, interprète franco-arabe spécialisée dans les écoutes téléphoniques pour la brigade des stups à Paris, qui la paie au noir. Mais Patience doit aussi trouver chaque mois un nouveau stratagème pour payer l’Ehpad de sa mère. Un jour, elle intercepte une conversation, court-circuite les go fast sur un coup de tête et se retrouve avec une énorme cargaison de haschich. Pour écouler la came planquée à la cave, la bourgeoise pincée va devoir se métamorphoser. »

 

J’ai lu et beaucoup aimé le roman d’Hannelore Cayre ICI, mais comme tout lecteur qui entre dans un roman, le vit, j’avais tracé dans ma tête un portrait bien différent de celui que me présente l’affiche « Abaya et foulard panthère, chaînes en or et solaires géantes, en planque devant le Louxor à Barbès, elle tient d’une main un sac Tati bouffi de pains de shit et de l’autre, un berger allemand »

 

 

Je suis en total désaccord avec les critiques du POINT JULIE MALAURE ET JEAN-LUC WACHTHAUSEN qui écrivent : « Qui a lu le roman éponyme d’Hannelore Cayre, prix Le Point du Polar européen en 2017, dont le film est tiré, saura que le rôle-titre était fait pour Isabelle Huppert. Du sur-mesure, même, cousu main par Jean-Paul Salomé, qui place l’icône rousse du cinéma français dans ce registre rigide qu’elle adore – la bourgeoise coincée – pour mieux lui faire lâcher la bride. Huppert, formidable... »

 

Dans le roman, Patience Portefeux, n’est en rien une bourgeoise coincée mais une nana paumée qui se démerde comme elle peut pour sortir de sa mouise. Mais il semblerait que l'auteur du livre soit à l'origine de ce choix (voir plus bas), je ne suis pas certain qu'elle est visée juste. 

 

Un vrai casting, c’est-à-dire, un choix fait sur un profil qui colle au roman, aurait sélectionné une actrice peu connue, car qu’on le veuille ou non, Isabelle Huppert semble plus se déguiser que d’entrer dans la peau de Patience Portefeux. On va me rétorquer que je juge à priori, avant même d’avoir visionné le film. J’en conviens aisément et je ne suis pas certain d’avoir envie d’aller m’asseoir dans une salle obscure pour voir La Daronne de Jean-Paul Salomé.

 

https://static1.purebreak.com/articles/0/20/14/10/@/730067-la-daronne-bande-annonce-de-la-comedie-amp_article_image_big-1.jpg

 

La Daronne, c’est elle !

 

La très classe Isabelle Huppert en championne de l’économie parallèle, vous n’osiez pas l’imaginer ? Entre trafic de shit et bonnes manières, la mordante comédie La Daronne l’a fait. On l’a rencontrée.

 

Le Point 3 Sep 2020 PAR JULIE MALAURE ET JEAN-LUC WACHTHAUSEN ICI

 

Le Point : L’anarchie, le mélange shit et bonnes manières, c’est ce qui vous a séduite dans le personnage ?

 

Isabelle Huppert :

 

Un peu des trois, enfin beaucoup des trois, surtout le shit ! Non, je plaisante… Et son prénom : Patience ! Tout un programme… Tout arrive à qui sait attendre. Et ce qui lui arrive est au-delà de tout ce qu’on peut imaginer. Enfin si, quelqu’un l’a imaginé, c’est Hannelore Cayre, l’autrice du roman. Donc Patience saisit une occasion, pas n’importe laquelle – le trafic de drogue –, et s’engage dans l’affaire de manière totalement irréfléchie. Rien n’est prévisible dans sa trajectoire, ça m’a plu. Et puis, c’est très cinématographique cette métamorphose en dealeuse.

 

Critique publiée par CinemaTogether13 le 4 septembre 2020

 

Vu à la clôture du festival d'Angoulême, un film qui manque de nerf et de rythme. Le début est long, mais long !... Et puis Huppert se déguise et on se réveille un peu, on sourit mais c'est tout.

 

La mise en scène est plate, paresseuse. Huppert fait tous les efforts du monde pour dynamiser les choses et nous rappeler que c'est une comédie. On dirait qu'elle est la seule à y croire.

 

Franchement, on peut se contenter de découvrir le film un soir lors d'une diffusion télé : il aura là beaucoup plus sa place.

 

Télérama n’a pas encore visionné le film à l’heure où j’écris cette chronique, je prends le pari qu’en vertu d’une jurisprudence très faux-cul, il y en aura une pour et une contre, on ne touche pas aux icônes chez les bien-pensants de la vraie gauche.

Une image du film \"La Daronne\" (2020), de Jean-Paul Salomé.

"La Daronne", un beau rôle pour Isabelle Huppert dans une comédie policière qui peine à sortir des stéréotypes ICI

L'interprétation d'Isabelle Huppert est solide mais elle pâtit des rôles secondaires, pas assez écrits et qui tombent dans le cliché. 

Hannelore Cayre, autrice de «La Daronne»: «La voix off, c’est la mort du cinéma!»  ICI
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CINÉMA

Rencontre avec l'écrivaine et avocate française à l’occasion de la sortie de «La Daronne», adaptation par Jean-Paul Salomé de son roman à succès

Votre roman est sorti il y a trois ans seulement. Est-ce Jean-Paul Salomé qui vous a rapidement sollicitée pour l’adapter?

Je suis propriétaire des droits d’adaptation, et non ma maison d’édition. C’était donc à moi de trouver la configuration idéale pour qu’un film se fasse. Et comme je viens à la base du monde du cinéma, je sais très bien que, souvent, les droits restent dans des tiroirs et que les films ne se font jamais, ce dont je ne voulais absolument pas. Pour La Daronne, j’ai eu presque une centaine de demandes d’achat des droits, venant de la télé, de jeunes producteurs qui pensaient être les seuls à avoir lu le livre, d’acteurs ou encore de grands réalisateurs beaucoup plus célèbres que Jean-Paul Salomé. J’ai rencontré tout le monde et j’ai adoré le premier contact avec Jean-Paul. Il est arrivé avec gentillesse et humilité, loin de la pénible pathologie du réalisateur narcissique. Jean-Paul est super gentil, il avait un vrai projet et, en plus, il a amené dans la corbeille de mariage Isabelle Huppert, qui est une actrice extraordinaire.

Et correspond en plus à l’image de Patience qu’on peut se faire en lisant le roman…

Oui, absolument. Quand on écrit un livre, on est à quelque part dans tous les personnages, et surtout dans son héroïne; j’ai d’ailleurs mis un peu de ma jeunesse et d’expérience personnelle dans cette histoire. Mais je ne suis pas une personne très chaleureuse, je ne m’approche pas trop des gens – et c’est peut-être pour cela que je n’ai pas attrapé le covid alors que je ne me suis pas vraiment confinée… Je ne suis pas dans l’effusion et Isabelle Huppert non plus. Quand on s’est rencontrées, on s’est reconnues comme deux femmes assez froides. Dans certains rôles, elle est assez flippante… Et les copains de mes enfants ont souvent dit que je leur faisais peur.

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12 septembre 2020 6 12 /09 /septembre /2020 06:00

François Mauriac : «De Gaulle et Malraux», «Le Figaro littéraire», n° 637,  5 juillet 1958, p. 1. - Malraux.org

Hier j’ai étrillé le sémillant FRANZ-OLIVIER GIESBERT en tant qu’éditorialiste politique en surnuméraire au POINT, j’ai lu quelques-uns de ses romans qui ne m’ont guère convaincu de son talent d’écrivain. Il a écrit depuis 1972, plusieurs ouvrages sur François Mitterrand. Il a toujours suivi le président de près, tenant constamment à conserver et à honorer son rôle de journaliste indépendant. Après la mort du président, Giesbert décida de refondre ses ouvrages en un seul : François Mitterrand, une vie, une biographie scrupuleuse et profonde, portrait saisissant d'un personnage insaisissable.

 

Acheter le livre d'occasion François Mitterrand. Une vie sur livrenpoche.com

 

Ce garçon est très cultivé, sa plume est fort bien aiguisée, comme en témoigne son dernier billet littéraire intitulé Saint François Mauriac, priez pour nous ICI

 

Pour le cinquantenaire de la mort de l’écrivain journaliste, son mythique Bloc-notes est réédité. Un bonheur de lecture et d’intelligence qui ne doit pas faire oublier les travers du personnage…

 

Je le lisais lorsqu’il était publié dans Le Figaro littéraire.

 

FOG s’en donne à cœur joie je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager sa verve.

 


En apesanteur. Francois Mauriac dans son domaine de Malagar, en 1959.

 

En littérature, il y a plusieurs types de journaux. Ou bien ils sont à la gloire de l’auteur, qui travaille à son autopromotion. Ou bien, chose plus rare, ils auraient pu être écrits par son pire ennemi. Ou bien ils racontent une époque. Le Bloc-notes de François Mauriac, paru dans L’Express, puis dans Le Figaro littéraire, procède des trois genres en même temps.

 

On dit souvent de Mauriac qu’il était meilleur chroniqueur qu’écrivain. Le poète et le dramaturge sont oubliés, recouverts de pelletées de terre. Quant à l’auteur du Sagouin ou de Thérèse Desqueyroux, il n’a certes jamais cassé trois pattes à un canard, mais c’était un bon façonnier, une sorte de Maupassant de poche du Sud-Ouest qui sait trousser des histoires.

 

Le chroniqueur rehausse-t-il le romancier ?

 

Le tenancier du plus célèbre des Bloc-notes écrit pur, sans gras, en se regardant sans arrêt dans la glace. Aussi décrépit soit-il, il s’aime comme s’il avait 20 ans. Ivre de componction et de contentement, il ne rate jamais une occasion de se tresser des couronnes, n’hésitant pas à épiloguer longuement sur la grand-croix de la Légion d’honneur qui lui est décernée, sur proposition du général de Gaulle, en 1958.

 

Homosexuel caché, contrairement à André Gide ou à Julien Green, il est perpétuellement dans la pose et ne nous offre jamais un moment de doute, d’abandon. Aspergé d’eau bénite et confit de bons sentiments, son Bloc-notes sent cette odeur de renfermé si particulière des sacristies, les anciens enfants de chœur me comprendront. Pour un peu, on dirait que Mauriac concourt pour une place dans Le Grand Livre des saints, entre saint François d’Assise et saint François de Paule.

 

Au fil des pages et des jours, Mauriac repousse toujours plus loin les limites de la fatuité. Il revient souvent sur son « œuvre », un mot qu’il affectionne, son prix Nobel reçu en 1952, ou encore les dernières nouvelles de l’Académie française, dont il aura été l’un des parangons pendant près de quatre décennies. Il ne souffre pas qu’un gougnafier ait osé écrire que sa littérature « n’avait pas de dimension cosmique » et lui répond, blessé, en long et en large, qu’il ne se sent pas à l’étroit dans le monde intérieur, celui des âmes.

 

Il y a beaucoup de puérilité dans ce grand homme qui ne cesse de se rapetisser en érigeant sans répit sa statue. Un comportement assurément peu catholique quand on a tout le temps le mot de Dieu à la bouche. Tout le contraire de celui de l’immense Simone Weil, qui écrivait dans La Pesanteur et la Grâce que, pour accéder à la vérité du monde, il faut « se dépouiller » de sa « royauté imaginaire ». Devant la bouffissure de Mauriac, on a envie de l’inviter à descendre un moment de son ciel pour lui intimer, comme les anciens maîtres d’école, d’écrire cinquante fois sur son cahier la grande phrase de l’Ecclésiaste, qui ne figure manifestement pas parmi ses lectures : « Vanité des vanités, tout est vanité. »

 

D’où vient, alors, l’espèce de fringale qui vous prend quand on entame la lecture de ce monument journalistique qu’est ce Bloc-notes publié en coédition par Robert Laffont et Mollat dans la collection « Bouquins » ?

 

 C’est que ce livre nous parle de nous et qu’il est resté incroyablement actuel quand l’auteur évoque, par exemple, « l’effroyable disproportion entre l’Histoire et les petits hommes qui se bousculent pour la faire ».

 

Ou quand il note qu’en France « la droite et la gauche sont la trop équivoque expression d’une inimitié foncière, enracinée dans les siècles ». Et de rappeler qu’après les Gaulois et les Francs, les seigneurs du Nord contre les Albigeois, « Armagnacs et Bourguignons, huguenots et catholiques, patriotes et émigrés, antidreyfusards et dreyfusards, collaborateurs et résistants donnent des noms successifs à cette haine ininterrompue, diversement colorée par les remous de l’Histoire. »

 

S’il porte à de Gaulle le regard énamouré que devait avoir, dans sa grotte de Lourdes, Bernadette Soubirous pour la Vierge Marie, c’est parce que le Général a été l’un des rares personnages historiques à réaliser la synthèse entre toutes ces passions, ces remugles. Ce qui n’empêche pas Mauriac d’avoir un gros faible pour Mendès France ou un petit pour Mitterrand.

 

Un style qui perce, éventre, dépiaute, comme une épée, où s’enchaînent les vacheries sur ses contemporains et les formules qui claquent.

 

Rajeunir en vieillissant. Pour couronner le tout, fascinante est la prescience de Mauriac qui, avec son œil de lynx, lui permet d’avoir plusieurs années d’avance sur tant de sujets, à commencer par l’inévitable décolonisation en Algérie ou le nécessaire retour au pouvoir du général de Gaulle en 1958. Avec ça, un style qui perce, éventre, dépiaute, comme une épée, où s’enchaînent les vacheries sur ses contemporains et les formules qui claquent : « Il ne sert à rien à l’homme de gagner la Lune s’il vient à perdre la Terre. »

 

Ces pages sont un bonheur de lecture et d’intelligence. Il serait complet si l’auteur consentait, de temps en temps, à laisser son habit vert d’académicien brodé d’or sur un portemanteau pour se présenter à nous nu et sans apprêt, comme un écrivain, un vrai. Même si, comme l’observe son préfacier et biographe Jean-Luc Barré, il n’a cessé de rajeunir en vieillissant, il y a chez Mauriac quelque chose qui le retient sur son estrade où, toujours en représentation dans la comédie des apparences, il n’est jamais vraiment lui-même.

 

En attendant, ses chroniques sont très souvent irrésistibles : avec ses contradictions et son honnêteté, il nous donne une grande leçon de journalisme, denrée périssable s’il en est. Obsédé par la postérité, ce « discours aux asticots », comme disait Céline, François Mauriac croyait qu’il y accéderait par la littérature. Las ! C’est, ô paradoxe, la recension de l’éphémère qui l’a sorti du purgatoire où il purgeait sa peine depuis sa mort, en 1970.

 

Son Bloc-notes reste un témoignage incomparable sur un temps englouti que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître et dont il égrène, entre fulgurances, bondieuseries, saillies ou nécrologies, les notes d’un long glas. Il nous prouve la débilité du vieux dicton qui prétend que le journalisme mène à tout, à condition d’en sortir.

Que resterait-il de son « œuvre » sans ce magistral et majestueux Journal ?

 

Le Bloc-notes, de François Mauriac. Préface de Jean-Luc Barré, édition établie et annotée par Jean Touzot (« Bouquins », Robert Laffont/ Mollat, 2 tomes, 1 344 p., 32 € chacun).

 

Le bloc-notes. Volume 1, 1952-1962 Le bloc-notes. Volume 2, 1963-1970

 

À lire aussi Correspondance intime, de François Mauriac. Réunie et présentée par Caroline Mauriac (« Bouquins », Robert Laffont, 768 p., 30 €). François Mauriac, biographie intime, de Jean-Luc Barré (Éditions Pluriel, 736 p., 15 €).

 

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11 septembre 2020 5 11 /09 /septembre /2020 06:00

https://medias.liberation.fr/photo/1299211-000_1jr63ajpg.jpg?modified_at=1583930206&width=960 Franz-Olivier Giesbert, directeur éditorial de «la Provence», en août 2019. Photo Guillaume Souvant. AFP

Exceptionnellement, comme tous les ans en septembre j’ai acheté le POINT papier, car je suis un garçon fidèle, pour consulter le spécial Vins du sieur Jacques Dupont. Pour l’heure je ne me suis pas encore fendu d’une chronique, elle cuit doucement, telle un gigot d’agneau de 7 heures, patience et longueur de temps, mais comme le thème est « l’épuisement du discours sur le vin » je ne suis pas certain d’avoir très envie de la sortir du four. Qui vivra verra pour l’heure c’est moi qui suis épuisé comme le chantait Fernandel dans le tango corse

J’ai donc ouvert le POINT et suis tombé sur l’éditorial de Franz-Olivier Giesbert

 

 

Je le croyais exilé à Marseille, il est directeur éditorial de «la Provence», il fait donc du rab dans son ancienne crèmerie, faut dire que ses successeurs sont encore pire que lui, en nous délivrant, à nous, gens de peu, sa bouillabaisse politique. Ce type est une caricature d’éditorialiste parisien qui se la joue provincial. Qui connaît comme moi son parcours, son parisianisme, se gondole, pire, suite à la lecture de ses brillantes analyses, je me suis surpris à trouver notre jeune président arrogant sympathique. Faut le faire ! Bravo l’artiste, même si je préfère César-Raimu de Pagnol.

L’éditorial de FOG dans le Point du 3 septembre me rendrait presque Emmanuel Macron sympathique...
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10 septembre 2020 4 10 /09 /septembre /2020 06:00
C'est parti pour une nouvelle campagne de vendanges chez Alice et Olivier de Moor. Et ça pourrait être pire ! Une tarentelle pour commencer !

À genoux sur un prie-Dieu, je me bats la coulpe, me couvre la tête de cendres, je confesse, qu’encore gamin, à l’école d’agriculture de la Mothe-Achard, dans les vignes d’hybrides à numéros et cépages interdits, du frère Bécot, maintenant chers à Lilian Bauchet, je détestais vendanger. Passer mon temps de travaux pratiques, 3 heures chaque matinée, à couper des grappes avec un sécateur me paraissait une geste bien peu à la hauteur de mon futur métier de paysan que je n’embrasserai jamais.

 

Dans les vignes du pépé Louis, du même acabit pour les cépages, je préférais conduire Nénette, notre vieille jument, le tombereau plein de grappes de raisins. Ce que j’aimais au Bourg-Pailler, c’était le vieux pressoir monté sur des roues en fer qui, en la période de vendanges, était installé sur le trottoir du devant de la bâtisse. Un monument de bois circulaire, ses grosses poutrelles entassées autour de la vis sans fin, le cliquetis de la lourde presse actionnée par une longue tige en fer, enfin le jus blanc ou rouge qui s’écoulait mousseux dans la vasque de bois, la pompe à mains, le gros tuyau qui s’étalait jusqu’à la cave, les gros tonneaux juste méchés, et dire que ce vin naturel allait sombrer devenu piquette bientôt couvert de fleurettes. Ma fonction à la maison était d’aller emplir les litres en tournant la clé encastré tout en bas du tonneau.

 

J’ignorais que la mention « vendangé à la main » allait devenir une marque de résistance

 

Et puis, je suis entré dans le vin par la politique, mais ça c’est une autre histoire…

 

 

Ce matin, ce sont Alice et Olivier de Moor qui tiennent ma plume, du côté d’Olivier c’est aussi le pinceau.

 

Quelques petites nouvelles des vendanges. Après ce début et cette tarentelle, qui avait quelque chose d’une veillée d’armes. L’exercice de communication sur cet outil est de dire que tout va bien, et que si ça va mal c’est de la faute des autres ou bien que le ciel nous a maudit. Alors maudits les pinots noirs de mes amis qui ont fondus comme neige au soleil. Il y a de grosses questions à se poser.

 

Du côté de Chardonnays, on a eu de la chance. Même si la situation est hétérogène. Une petite photo des grappes millerandée des Monts de Milieu en est la preuve. Car depuis quelques temps nous travaillons deux premiers crus. Et je dois bien avouer que non seulement je ne pensais jamais en travailler, et qu’en plus cela ne provoquait aucun manque chez nous. Je me souviens encore des gens qui nous regardaient de haut de ce fait. Ils n’imaginaient pas comment cela pouvait nous stimuler que de se moquer de cette hiérarchie. Qui reposait sur quoi, et qui repose encore sur quoi ?

 

 

Bien entendu cela me renvoie à des notions de peinture, que j’utilise comme un exutoire. La lecture récente d’ « Histoires de peintures» de Daniel Arasse fourmille d’anecdotes et d’explications qu’on peut utiliser à propos pour éclairer ce monde du vin. Alors ici comment ne pas utiliser Chardin maitre de la nature morte méprisée et renvoyée à un rôle secondaire de décors. Et Daniel Arasse d’expliquer son travail d’historien de la peinture :

 

LIVRE/Folio réédite encore une fois "On n'y voit rien" de Daniel Arasse -  Bilan

 

« J’ai personnellement une très grande admiration pour les artistes, quel que soit leur médium et même s’ils ne sont pas très bons, parce qu’ils prennent des risques. Ils partent de rien pour en faire quelque chose. L’historien ou le critique, de son côté, part de quelque chose pour en faire autre chose, ce qui est très intéressant mais secondaire. Je pense toujours à cette phrase de Chardin que rapporte Diderot dans sa préface au Salon de 1765 ou 1767 : Chardin était responsable de l’accrochage des tableaux (titre très important qui lui donnait le pouvoir de mettre en avant ou de désavantager un tableau), il dit à Diderot, après lui avoir fait visiter le Salon : « Monsieur Diderot, de la douceur... », avant que celui-ci ne commence à descendre sauvagement les peintres... »

 

 

Cependant dans les « Mont de Milieu » tout se télescope, s’entrechoque. Je ne peux m’empêcher de penser ici à plus de mille ans de vigne, de couches successives de travail et d’interprétations de ce lieu. Depuis ces possibles moines de l’ordre de Saint-Martin qui venant de Tours auraient ramené avec eux la vigne. Fuyant la Loire qui portait Drakkars. L’ami Patrick Baudouin un rien taquin m’avait dit qu’ils avaient dû ramener du Chenin. Donc en quoi peut-on avoir un intérêt à se confronter à une telle histoire. On peut considérer que ...la messe est dite. Que nous ne sommes plus là que pour reproduire des gestes devenus perpétuels, une règle.

 

Vous le croyez vraiment ?

 

On se heurte alors à ce socle que l’on pourrait qualifier d’anthropologique, avec la petite liberté que l’on veut encore préserver comme une interprétation. En imaginant ce premier moine qui a peut-être planté de la vigne ici, ou juste à côté.

 

 Quelle idée le traversait ?

 

Avait-il une idée de la suite ?

 

Le vigneron ici doit-il encore se poser des questions de son individualité ?

 

Daniel Arasse me sauve une nouvelle fois :

 

Le Détail : Pour une histoire rapprochée de la peinture

 

« Il y a deux autres façons de cadrer le détail, bien qu’il échappe toujours. Je me sers de l’italien, qui souvent rend les choses très claires. Il y a d’abord le détail particolare particolare, le détail de quelque chose de représenté, un endroit particulier de la chose représentée. Par exemple la croûte dans un morceau de pain est un particolare. Il existe dans la tableau comme détail de la chose représentée. L’autre, c’est ce que l’italien appelle le dettaglio, « détail » en français, qui implique quelqu’un qui découpe, comme de la viande au détail, comme le boucher qui découpe au détail. Il en va de même pour un tableau. Tout spectateur détaille son tableau, il le découpe. Quand vous regardez un tableau ou une photo, vous avez certainement une vue d’ensemble, mais qu’est-ce que l’on voit quand on voit l’ensemble ? J’aimerais le savoir. On perçoit l’ensemble, mais quand on commence à regarder, l’œil va s’attacher à certains éléments. Il va non pas découper physiquement, mais isoler, mettre en relief, avec une zone de flou autour, des éléments qui sont des détails. Mais ce ne sont plus les mêmes que les premiers. Ce sont à présent les détails, produits par chaque regardeur ou regardant de tableaux. »

 

Alors plutôt du côté particolare Mont de Milieu avec ses raisins régulièrement millerandés, et du côté dettaglio une vigne travaillée grâce à Valérie  dont le sol est entretenu par le labour des chevaux de Cyrille Prestat, travaillée proprement en bio, vendangée à la main, et dont les jus sont maintenant en fûts et dans une amphore.

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9 septembre 2020 3 09 /09 /septembre /2020 06:00

Nicolas Righetti/Lundi13.ch pour Le Temps

Le toujours bien informé, PAX, s’en pourléchait d’avance les babines, le camarade Jancou, après avoir posé son baluchon au Café des Alpes à Chatillon-en-Diois, reprenait la route, passait la frontière, retournait au bercail, ou presque, pour aller s’installer à Genève. Il se voyait déjà attablé, face à une belle bouteille de vin nu, dialoguant avec l’ami Pierre sur ce retour aux sources.

 

 En temps réel le Temps de Genève m’informe sur l’enfant prodige - On écrit « prodige » : selon notre dictionnaire, « prodige » (p R O d i Z @) vient du latin prodigium «événement prodigieux, chose merveilleuse»). Ce substantif masculin désigne ainsi un « phénomène extraordinaire auquel on attribue une cause surnaturelle ». Depuis le XVIIème siècle, par extension, le mot « prodige » qualifie également la « personne qui, par ses talents, ses qualités (ou ses défauts) est un individu hors pair ». De là est née la locution « enfant prodige », c’est-à-dire l’enfant qui est très doué, ou précoce. La juxtaposition de « enfant », dont la jeunesse est souvent synonyme d’apprentissage et de naïveté, et de « prodige » fait d’autant plus ressortir le caractère exceptionnel de cet enfant – ne pas confondre avec « enfant prodigue » de la Bible dans la parabole de l’Évangile (Luc, XV, 11-32) ICI 

 

Le Retour

 

Après avoir fait le tour de la question hexagonale et n’ayant plus besoin de fuir un pays qu’il a longtemps assimilé aux traumatismes d’une enfance difficile, Pierre Jancou est prêt à fouler de nouveau le sol helvétique. « Même si la Suisse a longtemps été la corde sensible de ma vie, il fallait que je ferme le chapitre de la France. Tout ce qui m’ennuyait en Suisse étant jeune m’attire aujourd’hui. Je suis enfin en paix avec mon passé. » Malgré des réglages de dernière minute – le technicien de la caisse enregistreuse en retard, le téléphone qui ne marche pas, la terrasse encore à l’état de forêt vierge et l’artiste peintre sur son échafaudage occupé à terminer la fresque du plafond dans les mêmes tons pastel que les ciels de Claude Monet – l’ouverture se fait comme prévu. Le contenant est aussi pur que le contenu. La philosophie de l’établissement correspond à celle du maître des lieux: une cuisine brute, naturelle, spontanée, d’inspiration bistrot et surtout très orientée autour du produit.

 

Pierre Jancou est un joyau rare – un diamant au cœur tendre et au talent pur. Certains passent toute une vie à chercher ce supplément d’âme, cet indéfinissable charme et cette petite flamme. L’instigateur suisse de la cuisine brute a tout cela. Infaillible, incassable, indomptable, inclassable et qui plus est ingérable à une certaine époque, il apparaît aujourd’hui assagi et en paix avec ses démons. Longtemps en quête de stabilité, cet orphelin, qui a soufflé ses 50 bougies le 31 août lors de l’ouverture de son nouveau restaurant à Genève, est plus que jamais en phase avec son personnage et ses véritables aspirations. Découverte d’un être libre et sauvage, aussi attendrissant que tranchant, qui ne peut laisser indifférent

 

La suite :

 

Pierre Jancou. — © Nicolas Righetti/Lundi13.ch pour Le Temps

 

Pierre Jancou, cuisinier: «Tout ce qui m’ennuyait en Suisse étant jeune m’attire aujourd’hui» ICI 

Pierre Jancou ouvre son lieu à Genève

Le chef franco-suisse a réuni son «équipe de rêve» pour concocter une carte 100% helvétique dans les murs de l’ancien Tablar. ICI 

Svante Forstorp?

 

Des origines suédoises pour un itinéraire nomade, qui l’emmène de Rome aux Etats-Unis, via plusieurs brigades étoilées, de Charlie Trotter’s à la Gramercy Tavern de Michael Anthony. Avant de bifurquer sur Paris, où il épouse l’univers de la bistronomie et des vins vivants, aventure qui le réunit avec Pierre Jancou, époque Vivant Cave, puis Achille, époque bistronomie, caves à manger, bars à vins nature, nouveaux modèles à inventer.

 

Une carte créative et versatile

 

A ses côtés en cuisine, Johanna Solal a vécu une première vie dans l’univers du design textile et de la mode, avant de se reconvertir et de se former auprès de Taku Sekine et sa formidable équipe de Dersou, à Paris. Enfin, Jonas Bolle, le plus jeune et le plus Genevois de la tribu, est passé par l’Ecole hôtelière de Vieux-Bois et quelques excellentes adresses, dont le Bleu Nuit voisin. La salle, elle, est gérée par David Benichou, autre passionné de vins et complice de longue date de Pierre Jancou; le duo se charge de l’accueil et de la cave – quelque 220 références, dont une bonne partie en crus naturels. «C’est une équipe de rêve, commente celui qui l’a réunie, soudée, une famille avec ses individualités fortes et complémentaires.» Une équipe au fonctionnement aussi horizontal que possible.

NATÜRLICH

Restaurant et Bar à Vin
Rue de la Coulouvrenière 38, 1204 Gèneve

ouvert du lundi au vendredi
midi et soir
+ 41 (0)22 320 15 05

Réservations

à partir du 31/08/2020

 

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8 septembre 2020 2 08 /09 /septembre /2020 06:00
Qui se préoccupe de ce qui reste au fond du porte-monnaie des vignerons qui empruntent les chemins de traverse ?

Le porte-monnaie est une espèce en voie de disparition, le paiement sans contact est en train de tuer le cash. Fini la bigaille déjà mise à mal par les affreuses piécettes marronasses de l’euro, terminé les rouleaux de billets chers aux truands, maquereaux et autres noms d’oiseaux. Certains crient à l’instauration d’une société de surveillance où nous serons tous tracés, géolocalisés ; je me gondole grave ces idiots scotchés à leur smartphone le sont déjà.

 

Nos squales de la GD ont pourtant depuis des décennies inséré dans la tête des pousseurs de caddies le goût immodéré des petits prix fossoyeurs des producteurs. À quoi bon verser des larmes de crocodiles sur le triste sort des producteurs de lait réduits à fournir du minerai à Emmanuel Besnier.

 

Dans le petit monde du vin où l’on se gargarise au terroir, où l’on nous gonfle avec les équivalents Rafale, les tristes murailles de la GD sont peuplées de vins à petit prix. Les jajas de Pierre Castel, de Joseph Helfrich, du grand Gégé, sont les rois du rayon. Nous vivons dans l’illusion d’un petit peuple de vignerons, dit indépendants, vendant leurs petits flacons aux braves gaulois amateurs de la boisson nationale chère à Roland Barthes. Pourtant le litron 6 étoiles a disparu laissant la place à des flacons élégants qui se donnent l’illusion d’être des grands.

 

Mais, face aux Barbares, aux Attila des prix, se sont dressés les cavistes militants-résistants plutôt licheurs de ces putains de vins nu. Grâce à eux la Révolution vinaire allait revivifier nos campagnes rondupées, un avenir radieux se dessinait par eux.

 

Tel était le discours des grands défenseurs des vins nature.

 

Fort bien, mais voilà t’y pas que, pour se la jouer RVF ouvrière de la 25e heure des vins nu, ces nouveaux gourous nous gratifient d’un étrange discours tançant les vignerons qui ne suivent pas les chemins ordinaires de ne vendre pas trop cher.

 

Défense du consommateur me direz-vous, il faut que le glou reste accessible aux gens, au petit peuple des licheurs aux fins de mois difficiles. Discours hypocrite qui ramène la vigneron « vertueux » au rang de moine civil sacrifiant tout à leur satisfaction.

 

Désolé les mecs, vous êtes des petits cons !

 

Ce qui tombe dans le porte-monnaie du vigneron c’est le résultat d’une simple multiplication :

 

Prix de la cuvée départ cave x par le nombre de flacons

 

Le nombre de flacons de la cuvée étant fonction du rendement des vignes.

 

Il semble que ces Pharisiens aient oublié que les vignes naturistes ne pissent pas beaucoup de jus, les petits rendements sont inscrits dans l’ADN des vins nature, du moins les vrais.

 

Enfin, sans être des entrepreneurs forcenés, ces vignerons doivent, comme tous leurs collègues, compter sur des charges diverses et variées qui font maigrir puissamment leur porte-monnaie. Ce reliquat doit alimenter leur budget personnel et professionnel, et croyez-moi chers vendeurs de guides que, pour beaucoup, ça ne fait pas lerche.

 

Alors, merci de cesser de nous prendre la tête avec vos leçons de morale à deux balles !

 

Il suffit de surfer sur les réseaux sociaux pour constater que beaucoup d’entre vous n’êtes pas sur la paille.

 

Les petits prix, ou du moins ceux dont vous affirmez qu’ils sont raisonnables, sont les fossoyeurs de cette viticulture respectueuse de la nature et de votre palais.

 

Sans tomber dans les excès des GCC, il me semble normal qu’un vigneron, qu’une vigneronne, soit rémunéré de leurs efforts, qu’elle, qu’il, ajustent leurs prix à une notoriété difficilement gagnée, tout le reste n’est que mauvaise littérature pour révolutionnaires en peau de lapin.

 

Bonne journée à vous, je viens de me faire des amis sur Face de Bouc…

 

 

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7 septembre 2020 1 07 /09 /septembre /2020 06:00

Attentat du Petit-Clamart contre le Général de Gaulle. Le 22 août 1962, un journaliste montre le point d'impact de la balle dont Madame de Gaulle faillit être victime.

Les 6 accusés du procès du Petit-Clamart en 1963. En haut: Alain de la Tocnaye, Bastien-Thiry , Pierre Magade. En bas: Jacques Prevost , Alphonse Constantin , Etienne Ducasse. ©Rue des Archives/AGIP Rue des Archives/©Rue des Archives/AGIP

Les 6 accusés du procès du Petit-Clamart en 1963. En haut: Alain de la Tocnaye, Bastien-Thiry , Pierre Magade. En bas: Jacques Prevost , Alphonse Constantin , Etienne Ducasse. ©Rue des Archives/AGIP Rue des Archives/©Rue des Archives/AGIP

Depuis que le dernier carré du grand parti gaulliste, du RPF au RPR en passant par l’UNR, l’UDR, puis l’UMP qui avait bouffé l’UDF, et enfin Les Républicains, sombre lentement mais sûrement comme le PS de Tonton qui lui n’a jamais changé de nom, sous l’étreinte du jeune Macron, de Gaulle est très tendance.

 

C’est à qui se poussera du col en se revendiquant gaulliste, parant le temps où le fondateur de la Ve sur les cendres chaudes de la IVe honnie, celle de ce pauvre René Coty, régna sur notre vieux pays. Même la fille du borgne essaie de capter l’héritage en allant faire une virée sur l’île de Sein. C’est la ruée sur le grand Charles, lui au moins était nickel-chrome à l’Elysée avec la tante Yvonne.

 

Lorsque le petit Fillon sombra sous le poids du job fictif de bobonne et de ses costars gratis de chez Arnys, une question fit florès : est-ce que de Gaulle aurait fait ça ? Sûrement pas mais les français qui ont la mémoire courte avaient oublié que Jacques Chirac fut condamné pour les emplois fictifs de la ville de Paris et que jusqu’à l’heure de sa mort il logea dans un appartement prêté par Rafik Hariri.

 

Laissons de côté ces problèmes d’intendance pour nous intéresser aux débuts chahutés du Général deux étoiles.

 

Tout commence le 8/1/61, le référendum sur l'autodétermination en Algérie, est approuvé par 75% des voix. Pour les partisans de l'Algérie française, c'est l'annonce de l'abandon de celle-ci.

 

Acheter le livre d'occasion 600 jours avec Salan et l'OAS sur livrenpoche.com

 

L'Organisation Armée Secrète pour la défense de l'Algérie française par tous les moyens est créée le 11/2/61.

 

Le 22/4/61 se déroule le putsch des généraux Salan, Challe, Jouhaud et Zeller, suivi par 200 officiers. L'attitude attentiste des officiers supérieurs et la loyauté de la majorité de l'armée en Métropole provoquent l'échec du pronunciamento et l'Armée rentre dans le rang.

 

Une partie des insurgés ; militaires, civils partisans de l'Algérie française, sympathisants d'extrême-droite, entre dans la lutte clandestine : attentats contre les pro de l'indépendance, contre-terrorisme FLN, terrorisme contre les Musulmans...

 

Une vague de violence meurtrière déferle en l'Algérie, en Métropole. Le général De Gaulle, principal artisan du référendum, est la cible de plusieurs tentatives d'attentat.

 

Le 22/8/63, le lieutenant-colonel Bastien-Thiry, officier de l'armée de l'air organise un guet-apens visant à assassiner le chef de l'Etat. Il entretient une haine profonde à l'égard de de Gaulle coupable de vouloir brader l'Algérie, d'avoir trahi l'Armée et la Nation.

 

Avec ses seconds, Georges Watin, ingénieur agricole et Alain Bougrenet de la Tocnaye, hobereau d'extrême-droite, Bastien-Thiry va monter le coup du Petit-Clamart. Une douzaine de tireurs sera postée sur la route du convoi présidentiel, aux abords du croisement du même nom, mais une série d'événements inattendus va faire capoter l'attentat. Seule une douzaine de balles sur les cent-cinquante va percer la voiture de de Gaulle, sans résultat.

 

Après cet échec, les responsables en fuite furent pour la plupart arrêtés. Le service action du SDECE qui a infiltré l'OAS a réussi à situer tous les membres importants impliqués dans l'affaire. Trois réseaux entiers en France furent démantelés, deux autres complots déjoués.

 

Chazenet, pur et dur de l'Algérie française affronte la sombre réalité. A court d'argent et la perte d'appui sur le plan national et international, la perte de ses membres et de son prestige, L'OAS s'écroule sous les assauts répétés des services secrets et de la police.

 

Exilé en Italie avec ses deux principaux lieutenants ; André Casson et René Monteclair ; Chazenet va monter un nouveau complot pour assassiner De Gaulle. Mais, tous les tueurs de l'OAS sont grillés.

 

Il va falloir prospecter à l'étranger pour recruter un professionnel, un inconnu spécialiste des crimes dans le milieu politique mondial. Les trois hommes en réunion vont plancher sur les dossiers de candidats potentiels. Ils vont se mettre d'accord sur un tueur à gages anglais dont le palmarès est édifiant. Son nom de code sera Chacal.

 

Le secret total étant de mise, c'est à lui d'organiser le coup : faire des repérages, connaître les habitudes du Président dans ses déplacements, se procurer l'arme adéquate, choisir la date et l'endroit de l'attentat. Tout cela pour la modeste somme de 250000 dollars.

           

Andreas50

 

 

La réponse à ma question titre est donnée dans la préface de Ken Follett

 

C’est un roman outrageusement original, au style unique : précis à l’extrême, trompeusement sec, capable de capter notre attention par la seule force de sa conviction. Un style qui a influencé tous les auteurs, moi inclus.

 

On a l’impression de lire un article de journal bien écrit.

 

Forsyth nous accroche littéralement, page après page : en nous donnant l’impression qu’un homme dans le secret des dieux nous raconte précisément comment un vrai assassin s’y prendrait pour accomplir la tâche presque impossible de tuer de Gaulle. Il nous intrigue, nous fascine.

 

L’édifice de Forsyth est aussi solide qu’une vieille église millénaire ; juste avant le milieu du roman, l’auteur nous sort la scène, essentielle à tout thriller bien construit, dans laquelle il nous rappelle à quel point les enjeux sont élevés :

 

Certains pays possédaient des institutions douées d’assez de stabilité pour survivre à la mort d’un président ou à l’abdication d’un roi, comme l’avait démontré la Grande-Bretagne vingt-huit ans plus tôt et comme le démontrerait l’Amérique, avant même que l’année fut achevée. Mais le ministre avait assez clairement conscience de l’état des institutions françaises en 1963 pour n’entretenir aucune illusion : la mort du Président ne pouvait être que le prologue d’un putsch et d’une guerre civile.

 

C’est le danger qui constitue l’essence même des thrillers. Bon, ce n’a rien de sorcier d’inventer une situation dangereuse. Le plus difficile, c’est de la faire durer, à coups de rebondissements, de surprises et d’échappées belles, pendant 400 pages ou davantage, tout en restant crédible. Chacal en fait près de 500, et le suspens ne cesse d’augmenter, page après page, chapitre après chapitre, jusqu’à sa conclusion. À seulement deux pages de la fin, le lecteur ne sait toujours pas comment l’intrigue va se résoudre. Et chacune de ses pages respire la crédibilité.

 

Thriller haletant, Chacal nous happe dès les premières pages. Le récit est passionnant, on n’en lâche pas la lecture et on le quitte à regret. Une œuvre magistrale et fascinante. A lire absolument, même si on n’est guère friand de roman policier.

 

En outre, je trouve l'atmosphère des années 60 remarquablement décrite : la lutte contre l'OAS bien sûr mais aussi toute cette "guéguerre" entre services dans une Vème République qui se cherche encore et qui vit sous l'ombre tutélaire du grand homme. Un vrai régal......

3 petits détails :

 

  • Si le Chacal ne put éliminer de Gaulle physiquement, Giscard le déplumé de Chamalières s’en chargea en 1969 en appelant à voter non au référendum du grand Charles.

 

Voyage en France du président de la République gabonaise Albert-Bernard Bongo du 6 au 10 juillet 1970. Arrivé, à l'Élysée, il est accueilli par Jacques Foccart, secrétaire général de l'Élysée aux Affaires africaines, le 6 juillet 1970.

 

  • Forsyth écrit que Jacques Foccart était secrétairegénéral de l’Elysée à l’époque, c’est inexact il n’était rien que le tout puissant prince des ténèbres qui, de 1960 à 1974, fut le « Monsieur Afrique » des présidents français tirant toutes les ficelles de la Françafrique. ICI

 

Illustration.

 

  • On croise aussi Alexandre Sanguinetti « Papa est mort en octobre 1980, soit un an après Robert [Boulin]. Et pendant un an, il a creusé la question et mené son enquête », affirme Laetitia Sanguinetti. C'est la fille de feu le ministre et député gaulliste Alexandre Sanguinetti, ami de la famille du ministre du Travail retrouvé mort dans un étang en octobre 1979. Elle détient les noms de "trois personnes qui pourraient être entendues comme témoin » …

Chacal (The Day of the Jackal) est un film franco-britannique réalisé par Fred Zinnemann, sorti en 1973 (sortie le 30 juillet 1973 aux États-Unis), tiré du roman de Frederick Forsyth.

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6 septembre 2020 7 06 /09 /septembre /2020 08:00

 

Le frère de l’autre…

 

15 janvier 2012

 

PHILIPPE LEOTARD notre Tom Waits fut ministre de la défonce et comme Nougaro je l’aimais bien…

 

«  J'aime les grands brûlés, j'aime les grands acteurs avec un seul rôle, celui de leur vie à tenir à claquer à brandir : J'aime certains hommes, ceux qui savent que la seule liberté que nous possédons, c'est de choisir ses barreaux. J'aime les poètes qui claudiquent sur les marelles du mystère d'être, et qui chantent des mots de moelle et de sang à travers tous les baillons du monde. Je t'aime Philippe Léotard. »

 

ICI 

 

 

L’ivresse, c’est l’art d’être plein, comme la plénitude est l’art d’être ivre.

Loup, qui es-tu ? « le roi des moutons! »

Loup, que fais-tu ? « Eh bien! Je les tonds! »

 

Loup, qu'entends-tu ? « La leçon des cons! »

Loup, que vois-tu ? « Payer les cochons! »

 

Loup, que sens-tu ? « L'odeur du pognon! »

Loup, où vas-tu? « Au Palais Bourbon! »

 

À un âge qui n'est plus pour moi la jeunesse, dans une ville qui n'est plus Paris, je n'espère de l'amitié des autres qu'une chose: la prochaine fois qu'un homme pleurera seul et nu dans une cave, que ce ne soit pas moi.

 

Est-ce qu’on commence par ne plus vivre, avant de mourir ? C’est-à-dire, est-ce qu’on meurt parce qu’on a fini de vivre ?

 

C’est de la folie de se prétendre fou, mais il est sage de l’être. La folie la plus meurtrière, c’est l’ivresse d’être sage. Mieux vaut être saoul de sa connerie.

Philippe Léotard: le dernier souffle d'une vie brûlée ICI

 

On ne saurait dire qu'il avait économisé sa vie, ni son souffle. De sa voix devenue rauque au fil des ans et des nuits blanches, il avait dit: « Et si mes trente- deux ans de comédie n'auront jamais servi qu'à faire redécouvrir Ferré à quelques uns, et bien, je serai fier de leur usage. »

 

La générosité n'était point absente de ce personnage excessif, qui mettait une singulière application à se détruire et qui s'est éteint, hier, à Paris à quelques jours de son 61e anniversaire, d'une insuffisance respiratoire.

 

Une mère corse, une enfance choyée, un petit frère François, ministre, qui jouait de la guitare quand, lui, Philippe était à Normale Sup. Tout était arrivé très vite et très tôt dans la vie de ce surdoué qui fut professeur agrégé de lettres et de philosophie.

 

La vie rêvée des planches

 

Mais la vie rêvée des planches avait d'autres pouvoirs sur cet esprit avide de se brûler aux phalènes de la poésie. Le voilà donc qui entre dans l'aventure du Théâtre du Soleil d'Ariane Mnouchkine en 1964. Des années qui comptent double, des années d'une sacrée expérience, dont comme d'autres, il ne ressortira pas tout à fait indemne. Mais non sans avoir joué « Les Petits bourgeois » de Gorki, « Le Capitaine Fracasse » de Théophile Gautier et adapté « Le Songe d'une nuit d'été » de Shakespeare, et traduit Arnold Wesker.

 

Il ne quittera pas définitivement la scène théâtrale à laquelle il doit ses premiers triomphes et ses premières émotions sans avoir interprété à Nanterre: « Combat de nègres et de chiens » de Jean-Marie Koltès. Une épreuve de longue haleine

 

La suite ICI 

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6 septembre 2020 7 06 /09 /septembre /2020 06:00

Tom Simpson pèse sur la mémoire du Tour de France comme une grosse ...

Moi, mais je suis souvent à la peine tel un sprinter gravissant le col de l’Aubisque, suant sang et eau, poumons en feu, mollets saturés d’acide lactique, au bord de l’abandon, de la honte de la voiture-balai, vaille que vaille j’arrive au sommet épuisé et je me laisse aller en roue libre dans la descente en me posant la question : qu’en as-tu retenu ?

 

Pour ne rien vous cacher, souvent pas grand-chose, dans l’aridité du langage savant, des références à foison, des citations multiples, mes pauvres neurones sont à la peine, je me déconnecte du texte, je m’égare et je me perds.

 

Sans prétention je ne suis pas plus con que la bonne moyenne, 18/20 en philo au bac philo en 1965 (ça notait dur en ce temps préhistorique du avant les 80% de bachelier), alors je suis en droit de me demander : qui lit la prose savante des intellectuels dans AOC ?

 

Et qu’on ne vienne pas me dire que je développe une allergie à l’égard des intellectuels, ce serait me faire un mauvais procès. Mon questionnement est pertinent : je suis et je reste persuadé que la fonction première des intellectuels, des sachants, est de faire progresser les « larges masses » comme le disait les petits frelons de la Gauche Prolétarienne. Aujourd’hui les gens selon le conducator Mélenchon, les Gilets Jaunes chers à l’académicienne de gauche Danielle Sallenave bien calée dans son canapé de son douillet appartement d’un bel arrondissement de Paris.

 

Pour ce faire encore faudrait-il que ceux-ci les lisent ?

 

Ce premier dimanche de septembre, quitte à me faire morigéner par Pax pour le pensum à son petit déjeuner, je propose à votre lecture un texte paru dans AOC, en lecture gratuite (j’ai droit à 3 numéros) « Coronarration » ou les paroles gelées.

 

Pour donner plus encore de poids à mes dires, Christian Salmon est pour moi une veille connaissance puisque j’ai lu son Storytelling éditions La Découverte.

 

Storytelling : La machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits

 

7 novembre 2007

Le monsieur Jourdain du storytelling  ICI

 

Le monsieur Jourdain du storytelling : c'est un peu moi !

 

Depuis 2001, sans le savoir, je fabrique des histoires et on me lit. Rassurez-vous chers lecteurs, même si j'aperçois de mon balcon les hauts murs de l'hôpital Ste Anne, je ne suis pas encore atteint par un délire de prétention aiguë. Pour tout vous dire, je suis le premier étonné et pourtant, le premier symptôme de cet étrange manie, celle d'écrire, je l'ai constaté sitôt la publication de mon fichu rapport. L'ami Jean-Louis Piton, qui sait avoir la dent dure quand il le faut, me dit au téléphone : « Ton rapport il ne ressemble à rien de connu... » et moi de répondre, normal je l'ai écrit… « S’ensuivit un blanc au bout du fil - même si nous nous servions de portables - et moi d'enchaîner : « l'as-tu lu jusqu'au bout ? » la réponse fusait : « oui! » et de répondre : « c'était mon seul objectif, être lu ».

 

La suite ICI 

 

Christian Salmon.

Christian Salmon. Cecilia Garroni Parisi pour M Le magazine du Monde

 

Christian Salmon ÉCRIVAIN« Coronarration » ou les paroles gelées.

 

« Rien de rassurant dans ce qu’il a dit d’exact. Rien d’exact dans ce qu’il a dit de rassurant », résumait une journaliste à l’issue d’un discours de Trump en mars dernier. On ne saurait mieux exprimer le trouble qui s’est installé dans les discours officiels. L’épidémie de coranavirus n’est pas seulement une crise sanitaire, c’est une crise de narration. Face aux dénis des gouvernants, le coronavirus a imposé son histoire au monde.

 

« Comme tout ce qui devient a l’air malade », écrivait le poète Georges Trackl, mort en novembre 1914. Engagé dans un détachement sanitaire comme pharmacien militaire, il avait dû prendre en charge une centaine de blessés dans une grange et sans assistance médicale. À la suite des horreurs dont il venait d’être témoin, il avait tenté une première fois de mettre fin à ses jours, avant de mourir deux mois plus tard d’une overdose de cocaïne que les autorités médicales de l’hôpital militaire avaient classée en suicide.

 

À l’inverse de la rhétorique guerrière des gouvernants qui décrivent la crise sanitaire comme une guerre contre le virus, Georges Trakl décrivait la guerre comme une maladie contagieuse qui s’attaquait aux corps et aux esprits. Theodor Adorno avait fait de cette phrase sa « devise » comme il le confiait dans une lettre à son ami Max Horkheimer. La formule d’une décomposition de l’expérience. Dans Minima Moralia, réflexions sur la vie mutilée publié en 1945, il citait une autre phrase de Georg Trakl qui éclaire la première : « Dis-moi depuis quand nous sommes morts. »

 

Selon lui, les hommes ont permis à la mort de régner, en laissant s’appauvrir, et même s’avilir leur existence. « La vie s’est retirée » du monde. Adorno soulignait ce paradoxe selon lequel on « ne saurait accepter tels quels des concepts comme “sain” et “malade” ni même les concept de “rationnel” et d’“irrationnel” qui leur sont apparentés (…) lorsque c’est l’Universel dominant et les proportions qui sont les siennes qui sont malades », atteints de paranoïa et de « projection pathologique ». C’est à cet « Universel dominant » que nous avons affaire avec la pandémie du coronavirus. « Tout ce qui devient a l’air malade. »

 

Le dépeupleur

 

Le virus ne s’attaque pas seulement à l’organisme, aux fonctions du corps, mais au corps social qu’il désorganise, déstabilise, menace dans ses fonctions essentielles de protection, d’alerte, de secours et de coordination des activités. Mais plus encore aux fonctions du langage, à sa capacité à fluer l’expérience, à symboliser notre rapport au corps, au temps et à l’espace. Or, ce sont justement ces coordonnées de toute expérience humaine qui sont devenues problématiques.

 

Notre rapport au temps et à l’espace est comme suspendu dans le confinement pendant que le coronavirus, sautant allègrement les frontières, jouit sans entrave du nouvel espace-temps de la mondialisation. Notre propre corps est devenu un sujet à « caution ». Nous regardons nos mains et nous ne voyons plus en elles le prolongement de notre corps, la capacité qu’elles ont d’appréhender, de toucher, de saisir ou de caresser, mais un agent possible de contamination. Elles se sont retournées contre nous. Elles ne nous appartiennent plus. Nous sommes à leur service.

 

On ne doit plus rien toucher, pas même son propre visage, nous avertissent les inspecteurs du confinement. Sortir de chez soi est une opération de funambulisme où le toucher prohibé peut nous mettre en danger. Rien de ce qui l’a été ne peut être re-touché. Une sorte de vertige du tactile se déploie là. Vertige du sensible. Car tous nos sens ont perdu leur évidence, leur familiarité ; ils sont en alerte, montent la garde contre l’intrusion du virus.

 

Nos gestes devenus barrières, nous sommes emmurés dans notre moi, gagnés par la contamination, devenus étrangers à nous-mêmes. Nous ne les reconnaissons plus. Tous nos sens sont comme débranchés, réinitialisés. Il ne leur reste que leur porosité au mal. Nous devons penser à eux, les surveiller. Ils sont les vigiles de notre fragilité. L’un des symptômes de la maladie n’est-il pas la perte du goût et de l’odorat ?

 

Et nous redécouvrons les textes de Kafka et de Beckett qui ont donné forme à cette expérience de privation sensorielle. Gregor Samsa, c’est chacun d’entre nous dans son confinement. Comme les doubles de Beckett, enlisés à mi-corps, ou attendant Corona ou assignés dans ce séjour « où des corps vont cherchant chacun son dépeupleur. Assez vaste pour permettre de chercher en vain. Assez restreint pour que toute fuite soit vaine. »

 

L’épidémie suspend l’usage des sens et des plaisirs, le toucher, l’odorat, le goût, mais aussi l’écoute et la parole. Elle met aux arrêts non seulement les individus, confinés dans leur espace privé, mais la possibilité même d’une expérience communicable. Elle interdit toute rencontre avec l’Autre. Arrêt d’expérience qui consacre l’impossibilité du dialogue et du récit. L’épidémie redouble la destruction des vies par l’impossibilité de les raconter, comme si elle faisait disparaître les témoins. Une situation que les Grecs nommaient « anekdiegesis », absence et impossibilité du récit.

 

D’où l’appel ambigu des médias aux écrivains plutôt qu’aux épidémiologistes, à la poésie plutôt qu’à la science, pour recharger la parole publique dévaluée. Un pharmacon des cœurs et des esprits. La demande de ré-ouvrir les librairies, aussi légitime soit-elle, procède de cette même inquiétude, comme si on allait y trouver un remède miracle à la maladie des mots, un vaccin secret contre le délitement du langage. Convoquer la littérature comme une digue capable de contenir la débâcle des mots. Une Ligne Maginot de l’Imaginaire.

 

Cela procède d’une illusion naïve comme le prouvent la réponse maladroite des écrivains qui ont accepté la commande de plusieurs médias de tenir le journal de leur confinement. Après tout, les Américains ont bien érotisé la guerre avec l’image de la pin-up pendant la deuxième guerre mondiale. Pourquoi ne pas romantiser le confinement ? Cela revient à tirer des traits sur la crise du récit. Une création littéraire sans contrepartie qui loin de remédier à l’inflation des discours, l’aggrave et en paye le prix. Au vu des réactions sur les réseaux sociaux, c’est le crédit de ces écrivains « embedded » qui en a souffert. Car de même que l’inflation monétaire ruine la confiance dans la monnaie, l’inflation de récits ruine la crédibilité du narrateur. Cela vaut pour tous les narrateurs « officiels », hommes politiques, journalistes, experts, communiquant, que l’on voit errer, titubant dans le brouillard de la pandémie.

 

Brouillard de guerre

 

Le théoricien de la guerre Carl von Clauzevitz a forgé l’expression « brouillard de guerre » pour désigner le climat d’incertitudes qui prévaut pendant les guerres. Il est possible que ce soit la seule chose à emprunter à la rhétorique guerrière qui fait florès en ce moment face à la crise du coronavirus. « Ce que nous vivons actuellement, c’est le brouillard d’une pandémie », écrit Derek Thompson, le chroniqueur médias de The Atlantic constatant la fragilité des statistiques relatives à l’épidémie.

 

Les taux d’infection, de létalité, les courbes de progression, les données économiques constituent un épais brouillard traversé par les discours des gouvernements. On sent bien qu’après avoir retardé au maximum le confinement de leur population, les responsables politiques s’apprêtent, en dépit de l’avis des experts en santé publique, à l’écourter afin d’anticiper la reprise normale de l’activité économique. Loin de spéculer sur une Blitzkrieg planétaire qui permettrait d’envisager des lendemains écologiques plus responsables sinon radieux, il se pourrait bien que faute d’être combattue à temps, l’épidémie du coronavirus s’installe parmi nous, dans la durée, en une série de répliques aux conséquences sociales, économiques et politiques imprévisibles.

 

Donald Trump, dont la réélection en dépend, est sans doute le plus pressé d’enjamber l’épisode de l’épidémie. Mais tout porte à croire que la survie des gouvernants, indexée à une telle politique du chiffre, se fera aux dépens d’une réponse sanitaire crédible. Car la progression de l’épidémie du coronavirus ne se mesure pas seulement à la progression du nombre des contaminés et des décès dans le monde, elle se traduit par un mal moins repérable à l’œil nu et tout aussi contagieux : c’est le soupçon qui mine toutes les formes de discours autorisés. On le voit se répandre plus vite encore que le virus.

 

Au lendemain de son discours du 12 mars, qui amorçait une prise de conscience de la gravité du mal, une journaliste du Washington Post l’exprimait dans une formule lapidaire : « Rien de rassurant dans ce qu’il a dit d’exact. Rien d’exact dans ce qu’il a dit de rassurant ». Une formule qui mériterait de passer à la postérité comme le slogan de cette pandémie. On ne saurait mieux exprimer en effet le hiatus qui s’est installé dans les discours officiels, entre ce qui est exact et ce qui est rassurant, entre le domaine des énoncés vrais ou vraisemblables et celui des énoncés rassurants mais trompeurs. L’épidémie de coranavirus n’est pas seulement une crise sanitaire, c’est une crise de narration. Face aux dénis des gouvernants, le coronavirus a imposé son histoire au monde. Celle des autorités bat de l’aile. Plus personne ne la croit.

 

« Le Titanic avait un problème d’iceberg. Pas un problème de communication »

 

Aucune autorité légitime n’est épargnée, ni les gouvernements ni les institutions en charge de la santé publique, ni les épidémiologistes qui ne sont pas d’accord entre eux, ni les experts médiatiques qui spéculent sur l’évolution de la pandémie comme des commentateurs boursiers sur le cours du Down Jones. Toutes les sources d’énonciation sont aujourd’hui viciées, ce qui ne les empêche évidemment pas de proliférer. Plus les discours du pouvoir se multiplient, plus ils apparaissent ambigus, contradictoires.

 

À chaque moment de la crise, ils se sont contredits, retournés, et à chaque retournement, ils ont payés le prix en discrédit. Le décrochage des récits officiels par rapport à l’expérience réelle des hommes a ruiné, de crise en crise, la crédibilité de leurs récits. La fausse monnaie des mensonges et des rumeurs se répand, chassant la bonne. La confiance dans la valeur référentielle du langage s’affaiblit en même temps que s’estompe le partage du vrai et du faux, de la réalité et de la fiction.

 

Ainsi a-t-on vu ces dernières semaines le gouvernement français en perte de légitimité chercher à s’accréditer en instituant une commission d’experts, déclarer la guerre au coronavirus, et saluer « les héros en blouse blanche ». Les médias en première ligne dans la bataille de l’audience, cherchent à asseoir leur crédibilité en chute libre en faisant appel à des médecins de télé-réalité aux diagnostics aussi volatiles que leur réputation, toutes sortes d’agitateurs surfant sur le désarroi collectif, experts aux créances douteuses, discoureurs en tous genres, épidémiologistes improvisés, prospectivistes spéculant sur de simples fonctions linéaires et statisticiens construisant des projections sur des ratios à deux balles et trois variables.

 

Les héros en première ligne. Les caissières à l’arrière, en cantinières, pour ravitailler le front des immobilisés. Une crise sanitaire n’est pas une guerre mais la rhétorique belliciste permet de masquer l’impréparation du pouvoir, les services publics de santé désarmés, les personnels épuisés et les équipements défaillants. On les réarme en les appelant héros. On est prêt même à leur donner une prime de risque ou une médaille en cas de décès. On s’agite. On monte des représentations théâtrales sur le font de l’Est pour ceux qui n’auraient pas compris qu’on est en guerre. On convoquerait bien les taxis de la Marne. On affiche une responsabilité théâtrale et un volontarisme impuissant. C’est peut-être le seul rôle qui revient à ce chef d’État, confiné dans le grand théâtre de l’ingouvernable lorsque que gouverner, ce n’est plus prévoir mais gérer l’imprévisible.

 

« Emmanuel Macron n’a pas le choix. Dans une période comme celle que nous vivons, le président doit se déplacer, aller sur le terrain, comme les généraux vont sur le front », affirme Gaspard Gantzer, ancien responsable de la communication sous François Hollande, dans un article du Monde. « Nous sommes en guerre », a répété à six reprises Emmanuel Macron lors de son allocution télévisée du 16 mars, évoquant un « ennemi (…) invisible, insaisissable » contre lequel il faut sonner « la mobilisation générale ».

 

« Cela donne un sentiment de fébrilité, que le pouvoir cherche à s’abriter derrière les scientifiques. C’est une ligne Maginot illusoire », tance un conseiller de l’ombre. « La plus grosse difficulté est ce paradoxe à gérer : il faut faire peur pour que les gens se confinent, mais aussi rassurer pour qu’ils gardent le moral. Cela n’a rien d’évident sur le long terme », reconnaît M. Gantzer qui a une solution à proposer : « Pour donner le moral aux Français, on pourrait imaginer que la patrouille de France passe au-dessus de l’Arc de triomphe comme la patrouille italienne est passée au-dessus de la Péninsule au son de Pavarotti. »

 

Paul Begala, l’un des architectes de la victoire de Bill Clinton, qui s’exprimait sur CNN à propos de la gestion de la pandémie par Donald Trump disait : « Le Titanic avait un problème d’iceberg. Pas un problème de communication ».

 

Poker menteur

 

Dans cette poussée hyperbolique de métaphores guerrières qui donne l’impression que l’on court après les projections affolantes de contamination, la rhétorique est inopérante. C’est la métaphore des jeux vidéos qui devrait nous servir de grille d’interprétation ou la syntaxe imagée du jeu de poker. Donald Trump n’a-t-il pas affirmé que l’hydroxychloroquine n’est pas le « game changer » du coronavirus ? Les discours des pouvoirs se retournent comme des cartes sur un tapis de poker. Ici on mise, on minimise. On relance. On se couche ou se défausse. On joue littéralement « in the black » lorsqu’on ne dispose pas de toute l’information. On table sur le Meta-game, c’est-à-dire ce qui ne fait pas partie du jeu au sens propre, comme par exemple la psychologie des joueurs, le langage gestuel etc.

 

L’essentiel ce n’est plus de résoudre un problème de santé publique mais d’avancer dans la partie, de rester dans le jeu. On parie, on spécule à propos des retombées de la pandémie sur l’activité économique ou sur la soutenabilité du système de soins. Combien de morts pour un point de croissance ? Combien de jours pour arrondir la courbe de prédiction de la pandémie? Quelle efficacité des gestes barrière et de la distanciation ? Que dit la Bourse de Milan ? Hypothèse avec masque ou sans masque. À chaque jour suffit sa crise. À chaque pic son récit, son coup de théâtre, et à chaque retournement narratif son coût en discrédit du narrateur. « On n’a pas le choix », dit le président en rebattant les cartes. Que faire d’autre ?

 

« L’histoire mondiale enfermée dans les chambres »

 

Ce discrédit n’est pas nouveau, mais il s’aggrave depuis une vingtaine d’années. Tchernobyl en fut la première manifestation 1986, mais c’est en 2001 que le discrédit a atteint des proportions maximales avec l’attentat contre le World Trade Center. Il s’est approfondi en 2008 avec la crise des subprimes, il culmine aujourd’hui avec la pandémie du coronavirus. Trois pics successifs d’un même discrédit. L’attentat contre le WTC ne s’attaquait pas seulement à des tours et à des symboles de la puissance, mais à la possibilité d’en rendre compte par un récit. Il visait à désarticuler toute possibilité de récit crédible.

 

Les avions n’apportaient pas un message politique ou idéologique, ils mettaient en cause la capacité américaine, voire occidentale, à ériger et imposer un ordre narratif du monde. Une épiphanie à l’envers. L’attentat n’apportait pas la connaissance, mais l’ignorance. Il ne révélait pas un sens caché jusque-là, mais la dislocation de tout sens et de tout récit. Tout ce qui nous arrive depuis le 11 septembre, terroriste, catastrophes écologiques, crash financier, nous lance un même défi narratif.

 

Le 11 septembre était circonscrit dans le temps, dans l’espace et dans son ampleur. Cela s’est passé à New-York, cela a duré quelques heures et 3 000 personnes sont mortes. Le bilan de la pandémie est incommensurable : il réalise un 11 septembre tous les trois jours. La pandémie n’est pas circonscrite dans le temps et dans l’espace. Elle progresse partout en même temps. Elle n’a pas d’auteur identifié. Nous n’avons aucun Ben Laden sous la main pour nous soulager et lui imputer le crime. Nous pouvons bien nous déclarer en guerre, mais l’ennemi est invisible et le champ de bataille s’étend jusque dans nos chambres. C’est un événement sans auteur, sans raison, sans limite dans le temps et dans l’espace. Et qui nous attend au coin de la rue.

 

Le 11 septembre, on pouvait se déclarer Américains ou New-yorkais, mais on vivait la tragédie à distance en spectateurs, comme on vit les guerres et les catastrophes. Mais cette fois, la menace peut nous tomber dessus comme un drone. Nous voici mondialement confinés, acteurs et victimes, ensemble et séparés, dans cette situation dont Kafka avait eu l’intuition géniale lorsqu’il écrivit dans son journal : « L’histoire mondiale enfermée dans les chambres ».

 

Plutôt que l’homme aliéné, réifié par la consommation, nous avons affaire à un homme dépeuplé, non plus seulement isolé, plongé dans la solitude des villes modernes, mais désolé, un homme sans recours narratif, privé de récit. « L’une des principales caractéristiques des masses modernes, écrivait Arendt, c’est qu’elles ne croient plus à rien de visible, à la réalité de leur propre expérience ; elles ne font conscience ni à leurs yeux ni à leurs oreilles,»

 

Nous sommes ces masses hallucinées. Que l’on évoque l’ampleur des catastrophes écologiques, des accidents nucléaires ou des attentats terroristes, les hommes d’aujourd’hui sont sans défense, ni repères. L’Apocalypse, c’était encore un récit. Avec Tchernobyl s’ouvre l’ère des catastrophes sans récits. Stupeur. Incrédulité. Les témoignages recueillis par Svetlana Alexievitch auprès des témoins de la catastrophe ne parlent que de cela. L’impossibilité d’intégrer l’accident de la centrale dans une continuité narrative, dans un récit.

 

De même, ce qui s’est brisé à Manhattan le 11 septembre 2001, c’est l’effondrement d’une forme de crédibilité, d’autorité sur le récit. Jamais un événement d’une telle ampleur n’avait suscité autant de fausses informations, de rumeurs démenties, d’allégations fantaisistes… bref d’incrédulité. Peut-être faut-il simplement prendre la mesure de cette opacité, de cette illisibilité. Non pas seulement comme une insuffisance, une lacune, un manque d’informations ou un retard de l’information sur l’événement, mais comme le seul véritable événement.

 

Les paroles gelées de Pantagruel

 

L’épidémie n’est ni un révélateur ni un accusateur. Elle ne nous apprend rien. Elle ne révèle rien ni n’accuse personne. Le covid-19 est un virus incapacitant qui désoriente les sujets, et aggrave et exacerbe tous les maux de cette société, et affaiblit notre capacité à les nommer et à les analyser. Cette crise du langage et du récit que l’on pourrait appeler « crise de coronarration » se manifeste comme le virus sous des formes bénignes ou aiguës, parfois même asymptomatiques, c’est-à-dire silencieuse ou se traduit par des poussées de fièvre dans le langage.

 

Elle provoque des collisions d’oxymores ou crée des métaphores qui ont la forme de lapsus, des dénégations qui ne trompent personnes et des actes de langage qui échouent piteusement à la tribune des parlements. Des carrières prometteuses s’effondrent dans un krach de crédibilité, et tous les porteurs de paroles se révèlent des narrateurs peu fiables. Car l’épidémie ne s’attaque pas seulement aux narrateurs, elle s’en prend aux mots directement, elle les liquéfie sous la pression ou les fige comme les paroles gelées de Rabelais que la rigueur de la crise a transformés en glaçons, visibles mais inaudibles, des « dragées, perlées de diverses couleurs » qui recèlent des musiques invisibles, des significations congelées…

 

« Nous y vîmes des mots de gueule, écrit Rabelais, des mots d’azur, des mots de sable, des mots dorés, lesquels, quelque peu échauffés entre nos mains, fondaient comme neige… des paroles piquantes, des paroles sanglantes proférées par une gorge coupée, des paroles horribles et autres déplaisantes à voir. D’autres en dégelant rendaient des sons comme tambours, clairons ou trompettes. Nous entendîmes miaulements qui étaient comme langage humain. »

 

Martin Hirsch miaula, en tant que directeur général de l’AP-HP ; il ne pouvait rester à l’écart de cette mobilisation verbale. « Je prends une seconde pour un appel aux dictionnaires, aux linguistes, aux sémiologues. On a besoin pour qualifier ce qui se passe chez les soignants de nouveaux mots à homologuer en urgence du genre : extraordinaireté, formidablitude couragissime, etc. ». Pantagruel n’aurait pas dit mieux.

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