Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
27 octobre 2020 2 27 /10 /octobre /2020 06:00

Hans Brinker or The Silver Skates: A Story of Life in Holland First Edition

Longtemps j’ai ânonné le poème de Verlaine : 

 

 

Les sanglots longs

Des violons

De l’automne

Blessent mon cœur

D’une langueur

Monotone.

 

 

Et puis, j’ai grandi, vieilli, longtemps insoucieux des dégâts que je causais à l’avenir de notre terre, cigale gaspilleuse qui, sur le tard, ayant posé son sac contemple avec horreur et effroi l’état des lieux de notre planète.

 

 

Que faire ?

 

 

Faire !

 

 

Même si, pour certains, ce faire est, à l’échelle du monde, rien qu’un confetti.

 

 

Plutôt que de se lamenter, de signer des pétitions, de porter des pancartes, de me tourner vers les politiques, je préfère ré-emprunter les chemins de traverse de mon enfance afin de retrouver l’enthousiasme juvénile, point d’appui permettant de faire basculer notre monde dans plus de sobriété et de diversité.

 

 

Oui choisir ce petit chemin discret, embocagé, à l’ombre des hautes haies, loin du bruit et de la fureur du monde, marcher, écouter les oiseaux chanter, sauter un échalier, retrouver les parfums et les senteurs, la vie quoi !

 

 

Choisir, tel Hans Brinker, qui plaça son doigt sur la faille de la digue de Spaarndam, passa sa nuit entière à boucher la fissure pour sauver la ville de l’inondation, c’est le privilège de la vieillesse, la mienne, qui a du temps, un peu d’argent, et la chance d’être aimé. 

 

 

Même si, avec Veni Verdi, à Paris, nous cultivons la terre sur les toits, c’est du côté des vignes de Catherine Bernard, que mon chemin de traverse me porte, au Sud, à l’automne, lorsque vient le temps de l’AG du GFA La Carbonnelle.

 

 

Cette année, COVID et intempéries, nous ont privé de ce rassemblement amical, l’AG emprunta la modernité du web.

 

 

Tout s’est passé dans les règles et, comme le veut la coutume, notre Catherine nous a gratifié d’un petit discours qui traduit, bien mieux ce que j’ai tenté de vous l’expliquer, l’apport de ma toute petite pierre à l’édifice du jardin extraordinaire dans ses vignes.

 

 

La viticulture est 1 œuvre d’inscription dans le temps, lorsque l’on boit du vin, on boit le temps qu’il a fait et le temps qui passe…

 

Chers tous, 

 

 

D’abord et en tout premier lieu, merci à tous pour votre présence à la vie de ce GFA, et à chacun, chacun apportant, avec ses talents propres, une pierre à l’édifice. 

 

 

J’ose le mot édifice. 

 

 

L’année dernière, j’étais encore trop sous le choc du coup de chalumeau du 28 juin qui s’est avéré être un coup du Sirocco pour exprimer clairement l’ambition qui pouvait être celle du GFA dans la mise en œuvre d’un jardin expérimental. Ce projet, qui s’ancre dans la réalité, était dicté par l’urgence et l’intuition réunies.

 

 

L’urgence d’explorer une alternative à la culture de la vigne telle qu’elle se pratique depuis la seconde moitié du XIXème siècle, c’est-à-dire en mono culture, jusqu’à plus soif si je puis dire.

 

 

L’intuition que le changement climatique à l’œuvre est une conséquence de l’achèvement de la conversion de l’agriculture à la mono culture à l’échelle de la planète et donc, par un revers de fortune, une chance de ré-inventer une agriculture plus sobre. J’évite à dessein la résilience, maintenant dévoyée comme l’a été l’authentique appliqué au terroir, mais il y a de cela aussi.  

 

 

Avec Nicolas et Benjamin nous vous avions parlé de la nécessité première du beau, le beau venant, entre autres, de la diversité. Ceci pourrait sembler incongru, hors-sujet, voire absurde, à tout le moins déraisonnable.

 

 

Un an plus tard, je persiste, et je puis qualifier l’urgence et l’intuition. Je sais maintenant que nous faisons œuvre de transition, agronomique et économique, et de transmission, de savoirs et de génération. 

 

 

Ces deux mots, transition et transmission, puisent au préfixe latin trans, la traversée. Ils me sont venus au fil des travaux : 

 

 

Les centaines de tonnes de terre pelletées qui modèlent et favorisent la circulation de l’eau, toute terre enlevée trouvant sa place ailleurs dans la parcelle.

 

 

L’œil de Benjamin dans le viseur du niveau pointé vers le Pic Saint Loup.

 

 

Le godet de la pelle de Cyril Duri, le terrassier, manié avec la précision d’un crayon.

 

 

La plongée de Nicolas dans les noms latins des espèces d’arbres, arbustes et plantes, de leurs propriétés et du milieu qui leur convient.

 

 

Les ballots de paille déroulés et épandus au printemps pour protéger les sols de l’érosion et les préparer pour la plantation en décembre.

 

 

La fraîcheur conservée au fond des trous jusqu’à la fin de l’été.

 

 

La vision claire de vignes courant dans les érables, ormes, frênes, arbres de Judée, appelée conduite en hautains, les uns et les autres frayant avec des fruitiers.

 

 

Les galets roulés de La Carbonelle venus tenir le flan des terrasses et abriter les serpents.

 

 

Les premiers saules et menthes prélevés dans le lit du Vidourle et pointant leurs feuilles dans la zone humide derrière le bassin de roseaux.

 

 

Le auvent qui abrite les véhicules et matières sèches, laissant la place dans la cuverie pour héberger l’alambic de deux Américaines.

 

 

Et enfin, 

 

 

La joie de voir l’herbe verte pointer par-dessus la paille au premier jour de pluie. 

 

 

Il ne reste plus qu’à …. 

 

Partager cet article
Repost0
26 octobre 2020 1 26 /10 /octobre /2020 06:00
Je contresigne la lettre de Pierre Jourde à nos concitoyens musulmans : Ne nous voilons pas la face : il y a un problème. Tant de morts, tant de souffrances pour de simples caricatures. Comment en est-on arrivés là ?

Se voiler la face, détourner la tête, pratiquer l’évitement, l’indifférence frileuse, passer son chemin, ne pas nommer les choses ou bien s’engager, camper dans un camp, le bon bien sûr : « si tu n’es pas avec moi tu es contre moi » comme au beau temps de la guerre froide, il est interdit de débattre ni même de dialoguer, peu de voix ou d’écrits se lèvent pour apaiser, les partisans s’écharpent, se déchirent, « mais où sont passés les sages ? »  ceux qui s’élèvent au-dessus de la mêlée pour éclairer ceux qui, comme moi, tentent de comprendre.

 

Le texte de Pierre Jourde, écrivain, professeur d’université et critique littéraire « Aux musulmans, et en particulier aux élèves et parents d’élèves qui désapprouvent les caricatures de Mahomet » publié le 20 octobre 2020 pose quelques questions et c’est déjà beaucoup.

 

C’est une chronique libre, non rémunérée, qui ne reflète que les opinions de son auteur et non celles du site qui l’héberge.

 

J’y souscris et vous propose de la lire.

 

Chers concitoyens musulmans,

 

Ne nous voilons pas la face : il y a un problème. Tant de morts, tant de souffrances pour de simples caricatures. Comment en est-on arrivés là ?

 

A la fin du Moyen-Âge, tous les pays chrétiens et musulmans vivaient sous le même régime d’intolérance. Un simple soupçon de blasphème ou d’impiété pouvait vous mener à l’échafaud. Les gens des autres religions ne disposaient pas des mêmes droits et étaient à peine tolérés. On peut même dire que les pays musulmans, l’empire ottoman en particulier, étaient un peu plus tolérants envers les juifs et les chrétiens que les pays chrétiens ne l’étaient envers les juifs et les musulmans.

 

Et puis, en Europe, il s’est passé deux phénomènes, étroitement liés, qui ont fait la société où nous vivons aujourd’hui, la France, et plus généralement les pays occidentaux : la naissance de l’esprit scientifique et la philosophie des lumières. Cela a mis quatre siècles pour aboutir, du XVIe siècle au début du XXe siècle, le travail a été long, douloureux et sanglant. Au bout de ce travail, il y a, entre autres, le droit au blasphème.

 

L’esprit scientifique a cherché à expliquer rationnellement le monde, par l’observation et la logique, sans s’en tenir aux vérités religieuses. Il a d’abord fallu faire admettre aux autorités chrétiennes que la terre tournait sur elle-même et autour du soleil. Galilée a été obligé par l’Eglise de renoncer à ses découvertes. Au XIXe siècle encore, les découvertes de Darwin étaient refusées au nom de la Bible. Mais l’esprit scientifique a fini par s’imposer. Grâce à lui, on en sait plus aujourd’hui sur l’univers, l’homme et la nature. Mais il a aussi permis l’essor technique : si vous avez un téléphone portable, la télévision, une voiture, la lumière électrique, si vous prenez l’avion, le train, si vous pouvez vous faire vacciner, passer une radio, c’est grâce au développement de l’esprit scientifique tel qu’il s’est développé en Europe, et qui a dû lutter des siècles contre la religion et ses soi-disant vérités révélées.

 

L’esprit des lumières s’est opposé aux persécutions religieuses, au fanatisme religieux, à la superstitionVoltaire a lutté pour faire réhabiliter Calas, condamné à l’atroce supplice de la roue, parce qu’il était protestant et qu’on le soupçonnait d’avoir tué son fils parce qu’il voulait se convertir au catholicisme. Voltaire a lutté pour faire réhabiliter le Chevalier de la Barre. Ce garçon de vingt ans est torturé et décapité pour blasphème. On lui cloue sur le corps un exemplaire du Dictionnaire philosophique de Voltaire et on le brûle.

 

La Révolution française, puis les lois de la laïcité, qui s’imposent à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, vont dans le même sens : empêcher la religion catholique, qui est pourtant celle de l’immense majorité des Français, d’imposer sa vérité, son pouvoir, de torturer et de tuer pour impiété ou pour blasphème, et faire en sorte que toutes les religions aient les mêmes droits, sans rien imposer dans l’espace public. Car c’est cela, la laïcité.

 

Mais le catholicisme n’a pas abandonné si facilement la partie, même après avoir perdu le pouvoir, il voulait encore régner sur les esprits, censurer la libre expression, imposer des visions rétrogrades de l’homme et, surtout, de la femme. En 1880, puis encore en 1902, il a fallu expulser de France tous les ordres religieux catholiques qui refusaient de se plier aux lois de la république. Pas quelques imams : des milliers de moines et de religieuses. Ça ne s’est pas passé sans résistance et sans violences.

 

La critique, la satire, la moquerie, le blasphème ont été les moyens utilisés pour libérer la France de l’emprise religieuse. Tant que la religion était religion d’État, ceux qui le faisaient risquaient leur vie. Puis l’Eglise catholique a fini par accepter d’être moquée et caricaturée. Elle a accepté les lois de la démocratie. Les caricatures et les blasphèmes étaient infiniment plus durs et plus violents que les caricatures assez sages de Mahomet, chez les ancêtres de Charlie Hebdo, qui s’appelaient par exemple L’Assiette au beurre, et plus récemment, il y a une cinquantaine d’années, Hara-Kiri, et de nos jours dans Charlie Hebdo, beaucoup plus durs avec le Christ qu’avec Mahomet. Imaginez qu’un artiste comme Félicien Rops représentait le Christ nu, en croix, en érection, avec un visage de démon ! Et « Hara-Kiri » la sainte vierge heureuse d’avoir avorté ! Personne ne les a assassinés. Au contraire, en 2015, une revue catholique a publié des caricatures du Christ par Charlie Hebdo ! Pour montrer qu’ils étaient capables de les accepter.

 

La suite ICI https://www.nouvelobs.com/les-chroniques-de-pierre-jourde/20201020.OBS34966/aux-musulmans-et-en-particulier-aux-eleves-et-parents-d-eleves-qui-desapprouvent-les-caricatures-de-mahomet.html

Partager cet article
Repost0
25 octobre 2020 7 25 /10 /octobre /2020 07:00

 

Le grand succès de Régine fut Les petits papiers.

 

Depuis quelques chroniques je fais dans Les vieux papiers, aurais-je le même succès ?

 

Pour booster l’audience, aujourd’hui, j’extirpe de la naphtaline Hara-Kiri, l’ancêtre de Charlie, où sévissait Reiser. Février 1969 – novembre 1970 : Hara-kiri hebdo puis L'hebdo hara-kiri, 94 numéros (hebdomadaire), le N°1 a été lancé le lundi 3 février 1969. Il s'agit de l'ancêtre de Charlie-hebdo qui se termina avec la fameuse couverture « Bal tragique à Colombey – 1 mort »

 

Hara-Kiri hebdo n°94 : Bal tragique à Colombey - 1 mort | La bande des cinés

 

16 septembre 2015

Reiser a commencé sa carrière comme livreur chez Nicolas et s’est fait virer du Monde le 4 août 1978 au 23ième épisode de son feuilleton d'été« La famille Oboulot en vacances »  ICI 

 

Reiser a commencé sa carrière comme livreur chez Nicolas et s’est fait virer du Monde le 4 août 1978 au 23ième épisode de son feuilleton d'été« La famille Oboulot en vacances »

 

Je voue à Reiser une affection sans bornes, il est pour moi le symbole de l’esprit Charlie. Il appartenait à cette bande de « mal piffés, morve au nez, Pieds Nickelés du journalisme », comme Cavanna appelait sa petite troupe de Charlie. « Reiser, c'était des couilles qui dépassaient de partout, une transgression pour Le Monde », rappelait, amusé, l'ex-journaliste politique Thierry Pfister.

 

Koondelitch: Jean-Marc Reiser : Un génie du dessin satirique

 

Je rapproche deux épisodes de sa sulfureuse carrière : ses débuts chez le très sérieux caviste Nicolas où il est livreur et publie ses premiers dessins dans le journal interne de la Maison : La Gazette du Nectar sous le pseudo de J.M. Roussillon et sa collaboration au Monde, à la demande du très sérieux Bruno Frappat « Il était tout le contraire de moi, petit bourgeois tranquille qui passais mes vacances dans ma bulle familiale de l'Ain. » pour un feuilleton d’été dans un journal austère, sans photos. « Il faut imaginer que les seules images qu'il y avait alors, c'était des cartes de géographie ou presque », rappelait Delfeil de Ton, du Nouvel Observateur.

 

Reiser : le Coluche de la BD est mort il y a 30 ans

 

La suite ICI

 

 

 

 

Dessin sur la mort de Reiser :. - .: Le Monde vu par plantu :.

Reiser, dessinateur de BD à Hara-Kiri et Charlie Hebdo est mort, à 42 ans, d'un cancer le 5 novembre 1983. Son biographe attitré Jean-Marc Parisis a publié un ouvrage sobrement titré Reiser.

 

Reiser: Amazon.fr: Parisis, Jean-Marc: Livres

Les 50+ meilleures images de Charlie Hebdo 1976 | charlie hebdo, satirique,  liberté de la presse

Partager cet article
Repost0
25 octobre 2020 7 25 /10 /octobre /2020 06:00

France Bloch dans les années 1940. DR

C’est écrit par une femme donc lisible par Alice Coffin.

 

L'héroïne est une femme France Bloch, qui a 25 ans, baigne dans un milieu d’écrivains et d’artistes et de Frédo Sarazin, militant syndicaliste, ouvrier métallurgiste chez Hispano-Suiza, ils ont 7 ans d’écart. Lorsqu’ils se rencontrent en 1938, le choc est immédiat. Mariés quelques mois plus tard, sur fond de guerre et de résistance, plus rien ne les arrêtera.

 

C'est donc lisible par Alice Coffin.

 

« Avec « Mon Frédo », Marie Cristiani nous livre à sa manière le récit d’amour entre France Bloch, fille de l'écrivain Jean-Richard Bloch, et Frédo, métallurgiste, issu du monde ouvrier. Deux vies volées par la guerre et fauchées par la barbarie.

 

 

Le récit naît et s’achève autour de la dernière lettre de France à Frédo, le 12 février 1943, quelques heures avant sa décapitation en Allemagne, une lettre d’ailleurs qu’il ne recevra jamais. Il sera à son tour exécuté, ignorant tout de la mort de sa femme.

 

Entre les deux, le texte de Maria Cristiani redonne chair et substance à France Bloch et force au combat. C’est le témoignage brûlant d’une époque, le portrait vibrant d’une femme magnifique, juive communiste, intellectuelle, mariée à un ouvrier. L’écriture est précise, soucieuse du détail et de la référence. L’émotion est présente au détour de chaque page. »

1930 Poitiers, La Méringote, vallée du Clain.

 

« Posé sur un meuble du salon, le poste de radio diffuse l’actualité du jour … puis l’annonce , à la fin du journal, d’un spectacle : le drame lyrique, La Nuit kurde, de l’écrivain Jean-Richard Bloch, sera joué le lendemain soir à la salle Pleyel. La voix grave du journaliste cède la place à celle de la chanteuse Lucienne Boyer, dont le dernier succès, Parlez-moi d’amour, est sur toutes les lèvres.

 

C’est écoutable par Alice Coffin

Dans une pièce voisine, une jeune fille fait ses gammes au piano. Autour d’elle, quelques estampes japonaises, des tableaux…Partout dans la maison, des livres, pas une pièce n’y échappe. La jeune fille ouvre souvent ceux de son père…

 

… La voix de sa mère interrompt la jeune fille « France ton père t’appelle, il est dans son bureau.

 

  • C’est urgent ?

 

  • Je crois qu’il est surpris par ta décision, il veut juste en discuter avec toi.

 

  • Je pensais qu’il me connaissait mieux que ça », répond la jeune fille en quittant le piano.

 

Au moment de dépasser sa mère, celle-ci lui tend une enveloppe, l’air amusé :

 

« Encore une photo dédicacée ? Je peux savoir ? Comédien… peintre… écrivain ? »

 

La jeune fille lit à haute voix le texte figurant au dos de la photo qu’elle vient de découvrir :

 

« À mademoiselle France Bloch, avec tous mes regrets de ne point accompagner cette photo à La Méringote. Signé… André Gide. »

 

[…]

 

La voici maintenant assise face à son père avec un des nombreux chats de la maison sur les genoux.

 

« Je désirais te voir avant mon train pour Paris, France. Je sais que tu as pris ta décision, mais pourquoi cette idée de passer un deuxième baccalauréat ? Celui de philosophie que tu viens de réussir brillamment n’est pas ce que tu souhaitais ?

 

  • Je pense finalement être plutôt faite pour la recherche papa. La chimie me passionne de plus en plus. J’ai un an d’avance, ça me laisse le temps de passer un bac scientifique. »

France Bloch et son mari Frédo Sérazin se rencontrent en 1938. L’intellectuelle et l’ouvrier métallurgiste vont vivre intensément leurs quelques années de mariage…"

C’est un petit livre de 112 pages chargé de douleur et d’émotion, d’intelligence et de sensibilité, à l’image de son héroïne, France Bloch-Sérazin.

 

Fille de l’écrivain Jean-Richard Bloch (1884-1947), figure intellectuelle de l’entre-deux-guerres qui demeura longtemps à la Mérigote à Poitiers, cette jeune femme, guillotinée par les nazis le 12 février 1943, aura eu tout au long de sa courte existence un parcours extraordinaire. Parcours de femme amoureuse, de mère exemplaire et de résistante hors du commun. Ce sont ces trois facettes que la journaliste et documentariste Marie Cristiani met en lumière dans Mon Frédo, paru le 12 juin aux éditions Arcane 17.

 

Brillante élève à Poitiers, touche-à-tout qui manie aussi bien le pinceau que le stylo ou l’instrument de musique, France Bloch sera finalement chimiste. Pendant la Seconde Guerre, elle mettra dès 1941 ses compétences au service de la Résistance, fabriquant des explosifs dans un laboratoire clandestin. L’année suivante, elle est arrêtée par la police française et condamnée à mort par un tribunal allemand.

 

La suite ICI 

Résistance communiste: France Bloch - par Marie Cristiani (aux éditions Arcane)

Elle sera Claudia dans la clandestinité. Chimiste, elle fabriquera des bombes pour les FTP et réussira, sous une fausse identité, à se faire embaucher au laboratoire de police du 36, quai des Orfèvres.


Après la drôle de guerre, lui sera arrêté avec d'autres syndicalistes et communistes. Après une évasion de la forteresse de Sisteron où il retrouve France durant trois jours à Paris, il est repris et incarcéré à Chateaubriand puis à Voves.

 

En tentant de faire évader une nouvelle fois son mari, elle est arrêtée, transporté en Allemagne et le 12 Février 1943, quelques jours avant son trentième anniversaire, elle est guillotinée à Hambourg.


Après une nouvelle évasion du camp de Voves, Frédo lui rejoint les FTP comme lieutenant. Arrêté par la Gestapo à St Etienne le 15 juin 1944, il est assassiné le même jour.


Leur fils Roland sera sauvé de justesse lors de l'arrestation de sa mère. Il vit aujourd’hui à Marseille.

 

La suite ICI 

Alice Coffin pense, écrit ce qu’elle veut, moi ça me laisse totalement de glace, elle pose plus de problèmes, en tant qu’élue EELV au Conseil de Paris, à Yannick Jadot et à Anne Hidalgo qu’à moi. Elle me fait penser à la radicalité de Benny Levy, le gourou de la Gauche Prolétarienne, avec lui ça a très mal  fini. Certains me reprochent ma compagnie quasi-exclusive avec des femmes, ça les énerve, mais c’est que tout bêtement je préfère leur compagnie à la leur. Se priver des auteurs, des musiciens, de tout ce qui est mâle pensant, je trouve ça tellement bête que ça s’apparente au désir de faire buzz. Enfin, je remarque avec ironie les défenseurs de la 25e heure d’Alice Coffin, je les ai vu à l’œuvre, je les trouve lamentables.

L’élue écologiste Alice Coffin, le 21 septembre 2020 à Paris.

PORTRAIT. Alice Coffin, élue écolo à Paris, assume son féminisme radical ICI 

 

Dans « Le génie lesbien », qu’elle publie chez Grasset, l’élue écolo à la mairie de Paris et activiste, Alice Coffin, réduit les hommes à des « assaillants ». Elle suscite la polémique en assumant un féminisme radical.

Le génie lesbien, de Alice Coffin | Éditions Grasset

La militante féministe Alice Coffin écartée de l’Institut catholique de Paris, où elle était professeure ICI

 

L’université estime que l’engagement militant de l’élue EELV, qui y était professeure depuis 8 ans, va à l’encontre de ses valeurs.

Par 

« Le tumulte autour du livre d’Alice Coffin occulte un point : la majorité de ceux qu’elle dénonce viennent du monde culturel » ICI 

Guerre des sexes, combats entre féministes, fracture à gauche… « Le Génie lesbien », l’essai de l’élue écologiste de Paris, est à l’origine de nombreuses tensions. Ces divisions masquent le fait que les principales cibles de l’autrice se trouvent dans le monde de la culture, explique dans sa chronique Michel Guerrin, rédacteur en chef au « Monde ».

Partager cet article
Repost0
24 octobre 2020 6 24 /10 /octobre /2020 07:00

Afin de ne pas tomber sous le coup d’une accusation de casse burettes avec mes souvenirs du 78 rue de Varenne, ce matin je vais tenter de ne pas trop beurrer la tartine.

 

Au premier temps de ce qui n’était que le Marché Commun les technos du Grand Charles imposèrent à leurs partenaires, les allemands de l’Ouest s’en tamponnaient et les Bataves étaient résolument libéraux, sur le dossier agricole, qui occupait une grande partie de l’espace de négociation, une politique de soutien de la production par les prix et de protection extérieure par la préférence communautaire. Bien évidemment les premiers servis furent les grandes cultures céréalières, la betterave à sucre, le lait, le bœuf ne fut pas suivi, le cochon et les poulets livrés à la bouffe étasunienne : PSC et soja, les maltraités : les fruits et légumes et le vin.

 

Alors ça se fut les fleuves de lait, les montagnes de beurre, des céréaliers qui se foutaient des tonnes de blé dans les fouilles, les OCM (organisations communes de marché) inondaient et nourrissaient avec force de restitutions (subventions) la terre entière, les cocos de derrière le rideau de fer essentiellement.

 

La maison Europe s’élargit : les rosbifs et les Grecs d’abord, puis l’Espagne et le Portugal…

 

En 1983, premier coup de frein : les quotas laitiers négociés et adoptés sous présidence française : Rocard.

 

Pour assécher le fleuve rouge du vin de table franco-italien en 1984 ce furent les accords de Dublin instituant la distillation obligatoire et l’arrachage.

 

En 1986 le GATT pointa le bout de son nez avec  l’Uruguay Round lancé à Punta del  Este par le couple Guillaume-Noir.

 

Pour tenter de contrer les partisans de zéro subvention, le groupe de Cairns, Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chili, Colombie, Iles Fidji, Hongrie, Indonésie, Malaisie, Nouvelle-Zélande, Philippines, Thaïlande et Uruguay, et concurrencer les ricains, une première réforme de la PAC fut négociée : plus de soutien par les prix, mais des aides surfaces et de la jachère.

 

La Commission avant cette échéance signa l’accord de Blair House.

 

Le mur de Berlin tomba et la maison Europe tendit les bras aux ex-assujettis de Moscou, et gonfla jusqu’à 27 membres.

 

La jachère obligatoire mis le feu au poudre, les gros tracteurs des céréaliers menacèrent de bloquer Paris, la Coordination Rurale naquit d’un lambeau de droite de la FNSEA qui penchait déjà beaucoup de ce côté-là. Les confédérés paysans de José Bové applaudirent du bout des doigts.

 

Vous avez tous ce qu’est la jachère et je ne vous ferai pas l’injure de vous en donner la définition. Pour faire plaisir à mademoiselle Saporta, qui fustige à raison les technos, pondeurs invétérés de normes, la jachère moderne fut transformée en un monstre de papier. Ils s’en donnèrent à cœur joie, voyant dans cette procédure une manière de remettre leur joug sur les agriculteurs.

 

Avant de tirer ma révérence, lors des réunions de Polytechniciens sans bottes, j’ironisai sur le tout ça pour ça. Ils étaient vénèrent, il ne faut jamais bouder les petits plaisirs.

 

Je m’arrête là, après cet épisode je retournai planter mes choux et mes navets.

 

Ayant officié à la SIDO, en tant que PDG de cette SA, j’ai vécu en direct l’application des Accords de Blair House.

 

LA RÉFORME DE LA PAC ET LE PRÉ-ACCORD DE BLAIR HOUSE

 

La réforme de la Politique Agricole Commune (PAC) était devenue inévitable en raison de la croissance des exportations communautaires et de l'usage quasi systématique des restitutions qui accroissaient la pression internationale sur la Communauté Européenne (CE) et, en particulier, celle des grands exportateurs de produits de zone tempérée. Elle était également indispensable pour préparer l'agriculture communautaire de demain: modérément exportatrice et plus respectueuse de l'environnement.

 

La négociation du GATT (Accord général sur le commerce et les tarifs douaniers) se révèle progressivement plus tolérante à l'égard des niveaux de soutien interne des revenus. Elle reste très stricte sur les politiques commerciales, barrières à l'importation et surtout, aides aux exportations. La réforme de la PAC ne suffira vraisemblablement pas à remplir les exigences du compromis de Washington sur la réduction des exportations subventionnées, tout au moins pour la totalité des productions. Il y a toutefois plusieurs éléments d'incertitude à considérer dans l'examen de cette compatibilité, parmi lesquels figurent l'infléchissement des rythmes de productivité, l'évolution des marchés mondiaux, les variations des taux de change, ... Il est donc intéressant d'examiner la "distance" entre l'agriculture de la CE après réforme et les exigences du pré-accord de Washington.

 

ICI 

 

 

Est-il possible de nourrir l’Europe en ayant uniquement recours à l’agroécologie ? ICI

 

Réduire l’utilisation des pesticides et des engrais, voilà la promesse de l’agroécologie. Si ces pratiques agronomiques vont faire baisser mécaniquement les rendements, elles ne vont pas pour autant empêcher l’Union européenne de rester autosuffisante pour son alimentation.


Ouest-France Fabien CAZENAVE. Publié le 22/10/2020 à 16h00

 

La réforme de la politique agricole commune (PAC) actuellement en discussion cette semaine promet un verdissement des pratiques tout en assurant une autosuffisance alimentaire. La question se pose de savoir si l’agroécologie pourrait permettre d’atteindre cet objectif.

 

« L’agroécologie est l’utilisation intégrée des ressources et des mécanismes de la nature dans l’objectif de production agricole », selon une définition fournie par la FAO. L’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture y ajoute une dimension écologique et sociale.

 

Est-il possible de supprimer l’utilisation des pesticides ?

 

« L’idée de l’agroécologie est de produire de l’alimentation en s’appuyant sur les ressources naturelles, plutôt que d’utiliser les intrants (engrais et pesticides, énergie, eau d’irrigation, tout ce qui vient de l’extérieur) », explique Marie-Catherine Schulz-Vannaxay, chargée des questions agricoles à la fédération France Nature Environnement (FNE). « Par exemple, on peut implanter des haies, des mares ou des bosquets dans les fermes pour héberger des auxiliaires de cultures (des insectes et des oiseaux) qui vont se nourrir des insectes ravageurs et qui vont ainsi aider à la production. C’est utiliser la biodiversité à des fins de production. »

 

Cela passe aussi par une mise en jachère et une rotation plus importante des surfaces agricoles. Une partie d’entre elles en Europe est, en effet, fatiguée par l’usage répété d’intrants (tous les produits nécessaires au fonctionnement de l’exploitation agricole) qui appauvrissent la terre à force d’être optimisée sans avoir le temps de se régénérer.

 

Paradoxalement, les agriculteurs sont de plus en plus en demande d’intrants en raison du dérèglement climatique. Déjà endettés et ayant besoin de maintenir un niveau élevé de production, ils sont confrontés à des phénomènes météorologiques intenses qui, couplés à une maladie, peuvent réduire à néant tous les efforts mis en place pour la récolte. Or, on sait que l’agriculture biologique sans pesticide réduit mécaniquement les rendements. Cela est constaté sur les 7,5 % de terres agricoles qui sont passés à la bio.

 

Pourtant, l’agroécologie a le vent en poupe en Europe. Que cela soit auprès de plus en plus d’agriculteurs, d’associations environnementales ou bien de la Commission européenne. Cette dernière a cité le 20 mai 2020 l’agroécologie dans sa « stratégie de la ferme à la table » qui vise à réduire l’usage et le risque des pesticides de 50 % d’ici 2030.

 

Si l’utilisation d’intrants synthétiques ne sera donc pas supprimée totalement à moyen terme, elle devrait être grandement réduite au profit de mécanismes naturels combinés à l’agriculture de précision avec les nouvelles technologies (sondes dans le sol, images satellitaires…).

 

« En France, on avait l’objectif du plan Écophyto issu du Grenelle de l’Environnement de réduire de 50 % l’usage des pesticides en dix ans, mais sur cette période, on a constaté une augmentation de 25 % des pesticides », tempère-t-on à la FNE. « C’est très compliqué de changer le système et cela demandera beaucoup d’accompagnement des agriculteurs. »

 

Quel impact sur la production agricole ?

 

Avec l’agroécologie, on verrait un retour des terres en jachère, pratique abandonnée depuis quelques années. La mise en repos des terres était vue seulement du point de vue économique dans les années 1980 et 1990 pour limiter la production et maintenir les prix en réduisant l’offre.

 

On parle désormais dans la PAC actuelle de « surfaces d’intérêts écologiques » ou favorables à la biodiversité. « Le verdissement de la PAC n’a pas été assez ambitieux jusque-là », estime-t-on à la FNE. « L’objectif de 5 % de surface d’intérêt écologique par exemple inclut dedans des éléments cultivés comme des légumineuses. Résultat en France, seulement 5 % de ces 5 % sont réellement dédiés à des infrastructures agroécologiques, le reste étant principalement des cultures. »

 

Deux chercheurs, Pierre-Marie Aubert et Xavier Poux de l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI) ont proposé en 2018 une stratégie pour encourager l’agroécologie. Selon eux, il faut réorienter l’alimentation des Européens vers plus de céréales, de fruits et de légumes, plus de protéagineux et moins de viande, d’œufs, de poisson et de produits laitiers.

 

Mais il sera difficile de changer des filières d’exportations et d’importations qui sont déjà bien en place. De manière surprenante, l’Union européenne est un des plus gros producteurs agricoles mondiaux, mais importe régulièrement du blé venu d’Ukraine ou d’ailleurs. Il est également peu probable qu’on réduise les surfaces agricoles dédiées à l’exportation des céréales, des produits laitiers ou du vin. Un paradoxe alors que la politique agricole commune a été créée dans les années 1960 car l’Europe de l’Ouest n’avait pas une agriculture suffisamment performante pour être autosuffisante.

 

« Il y a des productions qui ne sont pas adaptées au climat européen, par exemple le café ou le chocolat », constate Marie-Catherine Schulz-Vaxannay de la FNE. « Mais le climat européen permet de produire l’essentiel de notre alimentation et d’avoir une certaine autonomie, notamment grâce aux grands pays agricoles dans l’Union européenne. »

 

Que pourrait-on arrêter d’importer grâce à l’agroécologie ?

 

« L’idée n’est pas d’être totalement autosuffisant dans toutes les productions mais de réaffirmer notre souveraineté alimentaire et de réduire la politique d’importation massive de protéines notamment et d’exportation », pointe Marie-Catherine Schulz-Vannaxay. L’Union européenne importe en effet des tonnes de soja d’Amérique du Sud, du Brésil principalement. Cette culture riche en protéine fournit une alimentation optimale du bétail, mais le climat tempéré de l’Europe ne permet pas d’en produire suffisamment sur le continent.

 

« En plus, la réforme de la PAC réintroduit dans l’article 33 les accords de Blair House », peste l’eurodéputé écologiste Benoît Biteau alors que le Parlement européen est justement en train de réviser la PAC. Selon lui, cet accord « verrouille la production de protéines en Europe et nous oblige à importer des protéines produites de l’autre côté de l’Atlantique ». À la base, ces dispositions visaient à limiter la possibilité pour l’UE de soutenir massivement une production.

 

La Commission a publié un rapport en novembre 2018 sur les protéines en Europe qui pourraient permettre d’offrir en partie une alternative. Certaines légumineuses (comme le pois, le lupin ou la luzerne) sont jugées très intéressantes tant pour leurs protéines que du point de vue environnemental. Elles captent en effet l’azote de l’air et permettent d’éviter de fertiliser le sol avec des intrants synthétiques. Mais pour qu’elles remplacent le soja importé du Brésil, c’est toute une filière de production et de transformation de ces produits-là qu’on devra créer.

 

L’agroécologie, futur « soft power » européen ?

 

« Il faudrait réduire la consommation de protéines animales (viande et lait), revoir en amont la filière pour réduire les cheptels et les adapter aux ressources du territoire local », estime Marie-Catherine Schulz-Vannaxay. « Nous avons besoin d’avoir des élevages qui soient dimensionnés de manière à être nourris par les terres environnantes, ces dernières absorbant leurs déjections en retour pour avoir un cycle équilibré. »

 

Autre atout de l’autonomie acquise avec l’agroécologie, être moins dépendant de pays tiers en cas de grave crise sanitaire, comme avec celle du Covid-19. Surtout, cette nouvelle étape dans les pratiques agronomiques pourrait apporter plus d’indépendance des filières et des agriculteurs vis-à-vis des multinationales qui fournissent les intrants.

 

Avec un modèle plus vertueux et durable, l’Europe aurait alors la possibilité d’imposer sa démarche à ses partenaires commerciaux. Un nouvel élément du soft power européen, cette capacité à faire bouger les lignes au niveau mondial, comme on l’a vu avec la réglementation générale sur la protection des données, la RGPD.

 

Partager cet article
Repost0
23 octobre 2020 5 23 /10 /octobre /2020 06:00

Dans la cour de la Sorbonne à Paris, le 21 octobre.

Dans la cour de la Sorbonne à Paris, le 21 octobre. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE POUR « LE MONDE »

 

Emmanuel Macron a rendu hommage à ce prof fils de profs, qui croyait en la République, ainsi qu’à tous les maîtres et professeurs, appelant à considérer et à défendre tout le corps enseignant.

 

Un professeur, mercredi 21 octobre, a été honoré à la Sorbonne. Un prof discret et humble, prof de collège, prof de banlieue, passionné d’histoire, de géographie, de livres et de connaissances, le goût de la liberté et celui de la pédagogie chevillés au corps.

 

Un prof fils de profs, qui croyait en la République, en la laïcité, en l’éducation civique, dans les vertus du dialogue. Un professeur magnifique, assassiné vendredi 16 octobre par un islamiste pour avoir fait consciencieusement son métier. Un « héros tranquille », selon les mots du président de la République, Emmanuel Macron, qui n’aurait jamais imaginé recevoir un jour pareil hommage dans ce temple de savoir universel, ce lieu si symbolique des humanités et de la transmission.

 

Le silence s’est brusquement imposé et alors que la nuit avait envahi la cour, tout le monde s’est levé. Dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, le président de la République venait de remettre la Légion d’honneur et les palmes académiques à titre posthume à Samuel Paty, devant sa famille et sans la moindre caméra.

 

A 19 h 30 précises, le cercueil du professeur, porté par des gardes républicains, est entré dans l’enceinte, suivi de sa photo, crayon en main, visage expressif, tourné vers ses élèves dans une salle de classe. Et un air du groupe U2, One, a résonné dans la cour. Une chanson sur la force et la difficulté de l’amour, une chanson compliquée ; une chanson qu’aimait le professeur et qui finit ainsi : « Un sang, une vie, l’amour, il faut en payer le prix. Une vie avec l’autre, nos frères, nos sœurs, nous deux, nous ne faisons qu’un. Chacun doit soutenir l’autre, soutenir l’autre. Un. Un. »

Enfin, une élève de 14 ans a lu la lettre envoyée par Albert Camus à son ancien instituteur, Louis Germain, son maître à l’école communale de la rue Aumerat à Alger.

Cette lettre a été écrite le 19 novembre 1957, quelques jours après que l’écrivain a reçu le prix Nobel de littérature. Albert Camus l’a destinée à Louis Germain, son premier instituteur, à qui il souhaitait rendre un hommage appuyé.

 

19 novembre 1957

 

Cher Monsieur Germain,

 

J’ai laissé s’éteindre un peu le bruit qui m’a entouré tous ces jours-ci avant de venir vous parler un peu de tout mon cœur.

 

On vient de me faire un bien trop grand honneur, que je n’ai ni recherché ni sollicité. Mais quand j’ai appris la nouvelle, ma première pensée, après ma mère, a été pour vous.

 

Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre que j’étais, sans votre enseignement, et votre exemple, rien de tout cela ne serait arrivé.

 

Je ne me fais pas un monde de cette sorte d’honneur mais celui-là est du moins une occasion pour vous dire ce que vous avez été, et êtes toujours pour moi, et pour vous assurer que vos efforts, votre travail et le cœur généreux que vous y mettiez sont toujours vivants chez un de vos petits écoliers qui, malgré l’âge, n’a pas cessé d’être votre reconnaissant élève.

 

Je vous embrasse, de toutes mes forces.

 

Albert Camus

L’hommage au « héros tranquille » Samuel Paty et à tous les professeurs, qui « font des républicains » ICI

Par Annick Cojean

 

RÉCIT Emmanuel Macron a rendu hommage à ce prof fils de profs, qui croyait en la République, ainsi qu’à tous les maîtres et professeurs, appelant à considérer et à défendre tout le corps enseignant.

 

Un professeur, mercredi 21 octobre, a été honoré à la Sorbonne. Un prof discret et humble, prof de collège, prof de banlieue, passionné d’histoire, de géographie, de livres et de connaissances, le goût de la liberté et celui de la pédagogie chevillés au corps.

 

Un prof fils de profs, qui croyait en la République, en la laïcité, en l’éducation civique, dans les vertus du dialogue. Un professeur magnifique, assassiné vendredi 16 octobre par un islamiste pour avoir fait consciencieusement son métier. Un « héros tranquille », selon les mots du président de la République, Emmanuel Macron, qui n’aurait jamais imaginé recevoir un jour pareil hommage dans ce temple de savoir universel, ce lieu si symbolique des humanités et de la transmission.

 

La justesse de la cérémonie conçue par sa famille et le chef de l’Etat a semblé, un bref instant, rassembler et unir toute la communauté nationale. C’est en tout cas ce qu’a ressenti le public, environ 400 invités à l’intérieur de la cour pavée de la Sorbonne, et quelques centaines d’autres, massées devant l’édifice sous un écran géant.

 

Tout y contribuait : l’élégance, l’histoire et la solennité du lieu ; les textes, courts et puissants, lus par des proches ou des collègues de Samuel Paty ; le discours d’Emmanuel Macron, hommage vibrant aux maîtres, aux professeurs, à tout le corps enseignant, et engagement fougueux à les considérer, à les défendre, à les soutenir afin qu’ils continuent, selon l’expression de Jean Jaurès, de « faire », au sens de « former », des « républicains ».

 

« Rassembler la communauté des Français »

 

A gauche de la cour, une centaine d’élèves venus de nombreux établissements scolaires, dont celui de Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), avaient pris place timidement, tandis qu’à droite se retrouvaient côte à côte, près des membres du gouvernement, anciens premiers ministres, députés, sénateurs, chefs de parti politique, représentants des cultes religieux, des syndicats d’enseignants, recteurs d’académie, présidents d’université, représentants d’associations d’aide aux victimes d’attentats, etc. « On a besoin de ces moments d’union, a dit François Hollande. Besoin d’instants solennels pour rassembler la communauté des Français, mobiliser la jeunesse, lui donner le sens de l’engagement citoyen. »

 

L’ancien chef du gouvernement Alain Juppé s’est félicité du choix du lieu de la cérémonie : « L’université, l’alma mater, le symbole des Lumières, le lieu de la transmission du savoir et surtout de l’apprentissage du libre arbitre. » Ancien ministre de l’éducation, Vincent Peillon a rappelé avoir été à l’origine des cours sur « la morale laïque », devenus l’enseignement moral et civique (EMC), et confié même s’être senti « une part de responsabilité dans ce qui s’est produit », Samuel Paty ayant montré les caricatures sulfureuses dans le cadre de ce cours. « Un programme pourtant modéré, responsable, raisonnable, fait justement pour unir les élèves », a estimé l’ancien professeur en jugeant « crucial qu’on protège davantage nos profs et qu’on pacifie la société autour d’eux ».

 

Mais le silence s’est brusquement imposé et alors que la nuit avait envahi la cour, tout le monde s’est levé. Dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, le président de la République venait de remettre la Légion d’honneur et les palmes académiques à titre posthume à Samuel Paty, devant sa famille et sans la moindre caméra.

 

A 19 h 30 précises, le cercueil du professeur, porté par des gardes républicains, est entré dans l’enceinte, suivi de sa photo, crayon en main, visage expressif, tourné vers ses élèves dans une salle de classe. Et un air du groupe U2, One, a résonné dans la cour. Une chanson sur la force et la difficulté de l’amour, une chanson compliquée ; une chanson qu’aimait le professeur et qui finit ainsi : « Un sang, une vie, l’amour, il faut en payer le prix. Une vie avec l’autre, nos frères, nos sœurs, nous deux, nous ne faisons qu’un. Chacun doit soutenir l’autre, soutenir l’autre. Un. Un. »

 

« L’innocent qu’on tue, je ne m’habitue pas »

 

Devant le cercueil déposé sur de fins tréteaux, un ami et collègue de Samuel Paty, Christophe Capuano, maître de conférences en histoire à Lyon, a alors lu d’une voix ardente un texte de Jean Jaurès – dont on oublie souvent qu’il fut professeur de philosophie – adressé « aux instituteurs et institutrices ». Une succession de « conseils » auxquels Samuel, a-t-il dit, a toujours été fidèle.

 

« Vous tenez en vos mains l’intelligence et l’âme des enfants ; vous êtes responsables de la patrie. Les enfants qui vous sont confiés n’auront pas seulement à écrire, à déchiffrer une lettre, à lire une enseigne au coin d’une rue, à faire une addition et une multiplication. Ils sont français et ils doivent connaître la France, sa géographie et son histoire : son corps et son âme. Ils seront citoyens et ils doivent savoir ce qu’est une démocratie libre, quels droits elle leur confère, quels devoirs leur impose la souveraineté de la nation. Enfin, ils seront hommes, et il faut qu’ils aient une idée de l’homme, il faut qu’ils sachent quelle est la racine de nos misères : l’égoïsme aux formes multiples ; quel est le principe de notre grandeur : la fermeté unie à la tendresse (…). » Et l’ami de lancer : « Adieu Samuel ! »

 

A son tour, une autre professeure, Marie Cuirot, s’est avancée vers l’estrade installée entre les statues massives de Victor Hugo et de Louis Pasteur. Et c’est avec force, rage, qu’elle a déclamé un court poème écrit par Gauvain Sers, chanteur creusois, lui-même fils d’un professeur de mathématiques, publié sur Twitter, au lendemain de la décapitation de Samuel Paty

 

« Paraît qu’on s’habitue, Quand l’infâme est légion, Tous ces hommes abattus, Pour les traits d’un crayon. Paraît qu’on s’habitue, A défendre à tout prix, Les trois mots qu’on a lus, Aux frontons des mairies. Paraît qu’on s’habitue, Quand on manque de savoir, Par chance, on a tous eu, Un professeur d’histoire (…) Paraît qu’on s’habitue, Aux horreurs qu’on vit là, Mais l’innocent qu’on tue, Je ne m’habitue pas. »

 

Une lettre de Camus à son ancien instituteur

 

Enfin, une élève de 14 ans a lu la lettre envoyée par Albert Camus à son ancien instituteur, Louis Germain, son maître à l’école communale de la rue Aumerat à Alger. Elle est datée du 19 novembre 1957, quelques jours après sa réception du prix Nobel de littérature, et elle est devenue virale, sur les réseaux sociaux, depuis la mort de Samuel Paty.

 

« Cher Monsieur Germain,

 

J’ai laissé s’éteindre un peu le bruit qui m’a entouré tous ces jours-ci avant de venir vous parler un peu de tout mon cœur. On vient de me faire un bien trop grand honneur, que je n’ai ni recherché ni sollicité. Mais quand j’ai appris la nouvelle, ma première pensée, après ma mère, a été pour vous. Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre que j’étais, sans votre enseignement, et votre exemple, rien de tout cela ne serait arrivé. Je ne me fais pas un monde de cette sorte d’honneur mais celui-là est du moins une occasion pour vous dire ce que vous avez été, et êtes toujours pour moi, et pour vous
assurer que vos efforts, votre travail et le cœur généreux que vous y mettiez sont toujours vivants chez un de vos petits écoliers qui, malgré l’âge, n’a pas cessé d’être votre reconnaissant élève. »

 

D’un pas lent, Emmanuel Macron s’est alors dirigé vers le pupitre et a entamé un hommage vibrant à celui qu’il a constamment appelé « monsieur le professeur ».

 

Pas question, a-t-il dit, de parler ce soir des terroristes et des lâches qui ont commis ou permis l’attentat. « Non. Ce soir, je veux parler de votre fils, je veux parler de votre frère, de votre oncle, de celui que vous avez aimé, de ton père. Ce soir, je veux parler de votre collègue, de votre professeur tombé parce qu’il avait fait le choix d’enseigner, assassiné parce qu’il avait décidé d’apprendre à ses élèves à devenir citoyens. » Un de ces professeurs « qu’on n’oublie pas ». Le professeur dont rêvait Jean Jaurès. « Celui qui montre la grandeur de la pensée, enseigne le respect, donne à voir ce qu’est la civilisation. Celui qui s’était donné pour tâche de faire des républicains. » Tâche, a-t-il estimé, plus essentielle et plus actuelle que jamais et pour laquelle il faut redonner aux professeurs autorité, formation, considération, soutien et protection.

 

« Je voudrais que ma vie et ma mort servent à quelque chose », aurait dit un jour Samuel Paty. « Comme par prescience. » Alors, a demandé le président : pourquoi Samuel a-t-il été tué ? « Parce que les islamistes veulent notre futur et qu’ils savent qu’avec des héros tranquilles tels que lui, ils ne l’auront jamais. Eux séparent les fidèles des mécréants. Samuel Paty ne connaissait que des citoyens. Eux se repaissent de l’ignorance. Lui croyait dans le savoir. Eux cultivent la haine de l’autre. Lui voulait sans cesse en voir le visage, découvrir les richesses de l’altérité. » Samuel Paty, a-t-il dit, « est devenu vendredi le visage de la République, de notre volonté de briser les terroristes, de réduire les islamistes, de vivre comme une communauté de citoyens libres dans notre pays, le visage de notre détermination à comprendre, à apprendre, à continuer d’enseigner, à être libres, car nous continuerons, Professeur ! (…) Nous continuerons, oui, ce combat pour la liberté et pour la raison dont vous êtes désormais le visage parce que nous vous le devons, parce que nous nous le devons, parce qu’en France, Professeur, les Lumières ne s’éteignent jamais. »

 

« J’ai pris de la force, ce soir »

 

L’orchestre à cordes de la garde républicaine a alors joué La Marseillaise, chantée à l’extérieur par un public bouleversé, trop impatient d’applaudir le professeur, et même de l’applaudir à tout rompre, pour observer la minute de silence. A 20 h 15, les gardes républicains emportaient le cercueil, suivis de la famille de Samuel Paty et du président. Déclarée cas contact d’une personne contaminée au Covid-19, Brigitte Macron, ancienne professeure, avait dû renoncer à assister à la cérémonie.

 

Parmi les lycéens présents dans la cour, Enora, 17 ans, venue d’Orléans, s’est sentie galvanisée. « J’ai pris de la force, ce soir. Je vais me battre. Pour la tolérance. Pour le dialogue. Pour la liberté. Les islamistes ne voleront pas mon futur ! »

 

Raphaël, 17 ans, parisien, était complètement sous le choc. « Quel moment. Quelle gravité ! Je m’en souviendrai toute ma vie. Heureusement que ce discours nous donne un objectif, et même une mission. Car je vous avoue que je trouve l’horizon bien sombre, et l’humanité très stupide. » Il veut être chirurgien, parce qu’il adore la science. Et prof, quand il sera « vieux ». Prof de français ou de philo. Mais pourquoi donc quand il sera vieux ? « Parce que j’aime l’idée d’avoir successivement deux métiers, et deux vies. Et que si je risque d’être assassiné, il vaut mieux que ça m’arrive à un âge avancé… »

Partager cet article
Repost0
22 octobre 2020 4 22 /10 /octobre /2020 06:00
La SCIERIE récit anonyme « La scie, ce putain d'outil qui m'en fera tant baver pendant dix-huit mois. La lame, jamais fatigué, qui exige le travail de dix hommes pour la nourrir, pour la satisfaire »

Suis en avance, elle n’est jamais à l’heure c’est ce qui fait son charme, alors je pousse la porte de la librairie d’en face, je suis mon parcours habituel en zigzaguant entre les rayons, j’hume, j’effleure leur robe, je les retourne pour lire la 4e, je les ouvre, je lis.

 

Pour la Scierie la couverture a attiré mon œil, m’a séduit, sobre, dessin enfantin, numéroté 673368, et surprise estampillée récit anonyme.

 

J’ouvre :

 

 

J’achète.

 

Comme l’écrit sur le site Babelio un critique fanfanouche24   09 janvier 2014

 

« J'ai lu ce texte en une soirée, happée par la tension extrême du récit… »

 

Sa référence au film de Robert Enrico (1965) « Les grandes gueules », avec Bourvil, Lino Ventura… que je venais juste de revoir sur une chaîne du câble m’a plu.

 

Les Grandes gueules - film 1965 - AlloCiné

 

« Ce monde d'hommes, dans cet univers particulier des marchands de bois, des scieries, des bûcherons, ...une violence entre les hommes liée à la dureté du travail…On retrouve à des niveaux différents, une âpreté terrible, approchante… »

 

Les grandes gueules film complet - Bourvil- Ventura- Constantin | Films  complets, Bourvil, Film

 

Je lui laisse donc la plume :

 

« Il s'agit d'un véritable Ovni littéraire...

 

Un récit authentique sans fioriture… qui dit la violence d'un certain monde du travail, celui des scieries, des travaux de force en plein air, dans des conditions très éprouvantes, les « vacheries » que se font les ouvriers entre eux, alors que le travail est dangereux, et que les tâches nécessitent une solidarité vitale… - La scie, ce putain d'outil qui m'en fera tant baver pendant dix-huit mois. La lame, jamais fatigué, qui exige le travail de dix hommes pour la nourrir, pour la satisfaire- (…)

 

Cette vision de la rencontre de la lame et du bois, je ne l'oublierai jamais. Elle est d'un intérêt toujours renouvelé. Cette rencontre s'appelle – l'attaque-. Dans une scierie, tout le monde regarde l'attaque, le profane comme le vieux scieur qui, le front plissé, souffre avec sa scie, comme l'affûteur qui devine, rien qu'au bruit, si la lame coupe ou non.- (…)

 

Ce n'est pas pour rien qu'on appelle la scierie le bagne. Sortir de là-dedans, c'est une référence. Le gars qui a tenu le coup-là-dedans le tiendra partout, il porte la couronne des increvables. Mais cette couronne, il faut la gagner, il faut la payer, et elle se paye cher. (p.78)

 

Les descriptions du travail des gars à la scierie, par tous les temps, sont tellement « parlantes »et intenses… que nous, lecteurs, entendons les bruits infernaux de la scierie, des lames, des jurons des gars, souffrons avec ces hommes rudes, teigneux… mais aussi parfois tout simplement vulnérables comme des gosses. – Des fois, nous avons des accès de cafard qui se manifestent par des crises de rage ou d'abattement. Il ne reste alors, dans la pauvre cabane perdue dans la tempête et dans les bois, que deux grands gosses qui se serrent près du mauvais poêle- (p.99)

 

-Il m'entraîne et passe la main sur mes cheveux poissés et emmêlés. J'en pleure de plus belle. Il n'y a rien de tel que les brutes quand ils essaient d'être doux. C'est maladroit, gauche, empressé, en somme très sympathique et très marrant. (…) J'ai envie d‘être dorloté, tout simplement. Il est beau, le dur, le bûcheron ! Tout ce qui l'intéresserait, pour le moment, serait d'avoir une femme, pour se cacher la tête dans ses jupes. (p.107)

 

La suite ICI

Les Grandes gueules (1965)

Coup de cœur littérature française par L'équipe du Bateau Livre (Libraire)

ICI

Drôle de texte que ce petit opus anonyme, préfacé par Pierre Gripari, qui déclare que la lecture de "La Scierie" lui a permis de trouver son propre style. D’ailleurs selon les rumeurs, l’auteur ne serait autre que son propre frère… Publié une première fois 20 ans après écriture, on doit aux éditions Héros-Limite la remise en avant de cet ouvrage des années 50, qui vient de décrocher le prix Mémorable décerné par les librairies Initiales.

 

Un jeune homme d’origine bourgeoise se retrouve obligé de travailler car il a échoué à ses examens et ne sera pas appelé pour le service militaire avant deux ans. Plutôt que d’exercer un métier qui correspondrait à son milieu, il va chercher à se confronter au monde des travailleurs manuels, et c’est dans une scierie qu’il échouera. Attendu au tournant – les hommes ne se font pas de cadeaux dans le métier – il démontre un talent et surtout une ardeur au travail qui lui vaut rapidement le respect de la communauté. Mais jusqu’où peut-on repousser ses limites ?

 

Si "La Scierie" transpire la sueur, l’odeur des copeaux de bois, la brutalité des machines et des hommes qui les manipulent, l’ensemble dégage une grande poésie, qui charmera même ceux que le sujet n’attire pas de prime abord !

Scierie à grand cadre de Bellecombe en Bauges - Lo Praz CondusScierie à l'ancienne - notreHistoire.chLes scieries hydrauliques vosgiennes

https://cdn-s-www.vosgesmatin.fr/images/84F355A7-F79A-49B5-A189-B40C8B5423B6/NW_detail_M/title-1595579343.jpg

 

Partager cet article
Repost0
21 octobre 2020 3 21 /10 /octobre /2020 06:00
Samuel Paty Conflans-Sainte-Honorine « Parfois on est sans voix. Ce n’est pas pour autant qu’on doit parler sans discontinuer pour essayer de démontrer qu’on existe.  Se taire fait moins de bruit. Se taire est un hommage. » Régis Jauffret

Conflans-Sainte-Honorine, ça résonne en moi !

 

Longtemps nous y sommes allés nous réunir, en séminaire de cabinet, dans une grande bâtisse, la MJC des Terrasses je crois, notre Ministre en était le maire. Michel Rocard fut maire de Conflans de 1977 à 1994, puis conseiller municipal de 1994 à 2001.

 

C’était le dernier cours de la journée, le dernier avant les vacances scolaires de la Toussaint aussi. Il était 14 heures, vendredi 16 octobre, lorsque Samia (le prénom a été modifié), 12 ans, a dit au revoir à son professeur d’histoire-géographie. « Bonnes vacances, monsieur ! », lui a-t-elle lancé avant de quitter l’enceinte du collège du Bois-d’Aulne, dans le quartier tranquille de Chennevières, à Conflans-Sainte-Honorine, dans les Yvelines. Trois heures plus tard, l’enseignant de 47 ans, Samuel Paty, était retrouvé décapité en pleine rue, à trois cents mètres seulement de l’établissement scolaire, « sauvagement attaqué alors qu’il rentrait probablement chez lui à pied », commente un policier posté aux abords de la scène de crime.

 

C’est ici, au cœur d’un dédale de ruelles bordées de pavillons proprets aux haies bien taillées, au coin des rues du Buisson-Moineau et de la Haute-Borne, qui marque la frontière entre les communes de Conflans et Eragny, entre les Yvelines et le Val-d’Oise, que le drame s’est déroulé. Le témoin qui a prévenu les forces de l’ordre a d’abord cru que « la victime était un mannequin tellement la scène était surréaliste de violence », témoigne un policier.

 

L’horreur, la sidération, le chagrin qui serre le cœur, brouille les yeux, fait surgir l’instinct de vengeance, face à cette sauvagerie, cette barbarie, loin de celles et ceux qui, sur ces foutus réseaux sociaux, s’épandaient, se répandaient, comme Régis Jauffret je suis resté sans voix, me suis tu, oui « se taire est un hommage », le début du deuil.

 

J’ai exercé, et aimé, le métier de professeur tout au long de ma vie professionnelle, en 6e, 5e, 4e au CEG de Pouzauges comme prof à mi-temps pour payer mes études, puis en 2e, 1er, Terminales, BTS à l’école d’agriculture des Établières pendant l’écriture de ma thèse de doctorat, enfin pendant 3 ans à l’Université de Nantes comme prof associé auprès des 3e cycle.

 

Transmettre, expliquer, intéresser, quel beau métier ! Ce fut mon oxygène, et le souvenir de mes gamines, gamins de 6e m’offrant pour mon départ les très vieilles chansons de France, 33 tours de Guy Béart, reste l’un des meilleurs (dans mon portefeuille, outre l’histoire-géographie, j’assurais le cours de musique et de dessin)

 

Guy Béart - Vive La Rose - Les Très Vieilles Chansons De France (1966,  Vinyl) | Discogs

 

Je ne suis pas allé brandir une pancarte place de la République, certains sans honte n’y avaient pas leur place, l’immense majorité partageait mon profond chagrin.

Partager cet article
Repost0
20 octobre 2020 2 20 /10 /octobre /2020 06:00
L’ami JC Ribaut, architecte, m’attribue les propos de Pierre Lamalattie sur la flèche de Notre-Dame et Viollet-le-Duc et me transmets les écrits au vitriol d’un certain Syrus

On ne prête qu’aux riches, je ne suis guère expert en architecture contrairement à PAX, et ma chronique  du 16 juillet 2019 :

 

Paul Claudel rencontra Dieu à N-D de Paris moi, plus modestement, j’ai croisé sur 1 trottoir de Paris Pierre Lamalattie et je lui ai demandé de m’éclairer sur la restauration de Notre-Dame. ICI 

 

N’étais pas de mon cru mais de celui de Pierre Lamalattie, un gus très réactionnaire que j’avais eu comme interlocuteur au temps où j’étais directeur de cabinet.

 

Donc notre Jean-Claude Ribaut, architecte de formation avant de s’intéresser aux casseroles, peu adepte des réseaux sociaux découvre avec retard cette fameuse chronique et me met en lien avec un écrit d’un certain Syrus, pseudo emprunté, semble-t-il, à un poète du 1er siècle avant notre ère publié dans Chroniques d’Architecture :

 

Viollet-le-Duc

 

Notre-Dame : la flèche empoisonnée de Viollet-le-Duc

1 SEPTEMBRE 2020

 

1 SEPTEMBRE 2020

 

Reconstruire la flèche de Notre-Dame à l’identique n’est pas la solution de facilité à laquelle a fini par se ranger le président de la République en juillet 2020. Faut-il en effet re-boulonner Viollet-le-Duc, raciste en diable ? Qu’en pense le CRAN ?

 

Début juillet 2020, on apprenait qu’à la suite d’une réunion de la Commission Nationale du Patrimoine et de l’Architecture, l’Élysée avait « acquis la conviction » (lire : avait changé d’avis) qu’il fallait restaurer la cathédrale à l’identique et allait même jusqu’à préciser : « le président a fait confiance aux experts et pré-approuvé dans les grandes lignes le projet présenté par l’architecte en chef (Philippe Villeneuve) qui prévoit de reconstruire la flèche à l’identique ». Exit donc, le concours d’architecture envisagé un temps pour faire entrer Notre-Dame dans la modernité (sic). Même Jean Nouvel approuve aussitôt par une tribune dans Le Monde.

 

L’architecte en chef, Philippe Villeneuve, partisan déclaré de la solution retenue, s’est habilement gardé de tout triomphalisme, alors même que devant la Commission des Affaires Culturelles de l’Assemblée Nationale, le 13 novembre dernier, le général Jean-Louis Georgelin, représentant spécial d’Emmanuel Macron, favorable, comme le président à l’époque, à un geste architectural contemporain, avait lâché la flèche du Parthe – chacun sa flèche ! –  contre l’architecte en chef, l’invitant sans ménagement à « fermer sa gueule ! »

 

Désavoué par le président, Georgelin allait-il démissionner ou, à son tour, fermer sa gueule, selon la jurisprudence Chevènement de 1991 ? Que nenni, il publiait dans la soirée du 9 juillet un communiqué approuvant docilement le choix de l’Élysée : « Je suis heureux que les Français, les pèlerins et les visiteurs du monde entier puissent retrouver la cathédrale qu’ils aiment ». Entre le sabre et le goupillon, le bouillant général choisissait l’aspersoir pour son homélie à l’eau bénite. Car il faut préciser, malgré ses discours de matamore, que le général Georgelin est oblat chez les bénédictins et membre de l’Académie catholique de France ! On songe au personnage de la Grande Duchesse de Gérolstein d’Offenbach, qui se présente bombant le torse, avec un air martial : « Et pif paf pouf, je suis le général Boum Boum ». Quelle rigolade !

 

La suite ICI

 

Partager cet article
Repost0
19 octobre 2020 1 19 /10 /octobre /2020 06:00

 

Si l’on ne m’avait pas offert À la merci du désir Last Notes from Home, publié par Monsieur Toussaint Louverture, en me la jouant à la Frederick Exley, l’auteur sarcastique et alcoolisé, je me suis dit, dans ma petite Ford d’intérieur, que je l’aurais acheté rien que pour la recherche extrême de son « packaging », couverture et 4e de couverture.

 

 

C’est de la sobriété raffinée, du naturel étudié, élégant, minimaliste, extrémiste, marque de fabrique d’un éditeur bordelais, à rebours de « l'incontinence éditoriale » actuelle. « Moi, je serais plutôt dans le tantrisme éditorial », Dominique Bordes. Il sort rarement plus de trois titres par an, dont beaucoup d'Américains inconnus. ICI 

 

 

 

Démonstration par l’image :

 

 

La production littéraire de Frederick Exley se résume à seulement trois romans:

 

  • Le Dernier stade de la soif (1968)

 

  • Pages from a Cold Island (1975)

 

 

  • Last Notes From Home (1988),

 

… et suffisamment d’articles de presse pour remplir un petit volume. Aucun de ces romans ne fut une réussite commerciale, et seul Le Dernier stade de la soif eut un succès digne d’être remarqué. Cette œuvre de qualité s’attira quelques lecteurs dévoués, elle fut lue et appréciée par des étudiants et des auteurs prometteurs, le phénomène est donc comparable à celui que connut le roman L'attrape Cœur de J.D. Salinger dans les années 1950.

 

« Exley mourut à Alexandra Bay le 17 Juin 1992 à la suite d’une attaque cardiaque. L’ensemble de son œuvre est toujours en attente de la critique approfondie qu’elle mérite. A ce jour, il n’existe aucun livre qui y soit consacré, ni aucune étude biographique, et peu d’essais sur le sujet ont vu le jour. Certains critiques considèrent Le Dernier stade de la soif comme étant le seul véritable succès d’Exley. D’autres trouvent dans toutes ses œuvres un jugement pertinent et approfondi de la culture américaine, une originalité stylistique, et un courage et une passion qui font de lui un grand écrivain. Larry McMurtry disait d’Exley qu’il était, « bien que plus brutal, une sorte de Dante américain. » 

 

 

Lire ICI

L A   V I E
D E   F R E D E R I C K   E X L E Y
C O U R T E   E T   E F F I C A C E
B I O G R A P H I E

J’ai donc découvert Exley en le prenant par son « dernier bout », soit le 3e volet de son unique triptyque et non son dard omniprésent*, et, une fois entré dans son dispositif narratif, « qui relie fiction et autobiographie, son écriture repose sur le mode de la confession », je n’ai pas été déçu et j’ai lu À la merci du désir Last Notes from Home à un rythme soutenu

 

* « Côté cul, ça ne débandera pas. Dialogue entre un barman et une serveuse, à Hawaï : «Dis-donc, je donnerais bien un mois de salaire pour dix minutes avec ça ! - Dix minutes avec ça te coûterait bien plus qu’un mois de salaire.» Quant au narrateur, il a un «petit jeu visant, à terme, à séparer Miss Robin Glenn de sa petite culotte». Ça va se faire. »

 

 

Page 293-294 Ex s’adressa à Alissa sa psy :

 

« Écoutes-moi bien, Alissa : la seule chose à peu près exacte que Robin avait retenue de toute l’histoire, c’est ce que portait la fille, et la fait que, ma génération ne connaissant pas la pilule, il y avait une peur panique de tomber ou de mettre enceinte, et par triples sauts temporels successifs, elle avait transposé cette anecdote aussi ridicule que cocasse…

 

(Ndlr. Faire ce que je voulais avec elle – une condisciple qui jamais ne m’avait jusque-là témoigné le moindre intérêt – se réduisait finalement (oh extase !), à l’embrasser, à jouer à touche-pipi (et encore, sans même pouvoir lui enlever sa culotte) et à me faire branler. Au cours de ce dernier exercice, elle me demande si j’ai un mouchoir, je dis non, elle file dans la cuisine, revient avec un torchon à vaisselle encore humide, et pendant que je décharge là-dedans, elle le laisse bien par-dessus, ses doigts étranglant mon gland et garde la tête tournée, tout en émettant des beurk et en répétant « dégueu, dégeu, dégue, beurk !... » )

 

une ou deux générations plus tard, à sa propre adolescence, bien plus « avertie ». Alors Robin commençait par me tailler une pipe, de façon à pouvoir garder sa tenue de teenager années quarante ; puis je soulevais sa jupe plissée gris acier, lui ôtais sa culotte, lui faisais un cunnilingus, après quoi elle me faisait à nouveau bander avec sa bouche, et comme par hasard, à dix-sept ens, elle avait sous la main un préservatif strié et un tube de lubrifiant (merde, moi je n’ai jamais entendu parler de lubrifiant avant mes quarante ans, par un ami pédé, un comédien que j’admirais beaucoup), et je la sodomisais pour éviter tout risque de grossesse, tout cela, bordel, étant censé se passer à Watertown, dans les années quarante. Écoutes-moi, Al, moi, vu l’âge que j’ai, jamais eu le cran d’aller voir de mes yeux ce qu’il y avait au milieu d’une paire de cuisses avant l’âge de vingt-cinq ans, jamais je n’ai fait de cunnilingus avant toi, et j’en avais alors vingt-huit, toi dix-sept et plus belle que jamais, sans vouloir te vexer, car aujourd’hui tu es bien plus belle, mais pas de la même façon. Et donc là, sur un lit, allongé nu auprès d’une Robin habillée, car elle avait quand même suffisamment d’imagination pour ne pas me demander, Dieu merci, que je sois moi-même accoutré comme je pouvais l’être à l’époque au lycée, elle commençait à me sucer, car jamais, vraiment jamais elle n’avait pu savoir cette simple vérité : sucé, je l’avais beaucoup été quand j’étais au lycée. Mais c’est là une autre histoire, une histoire qui ne parle pas à des givrées comme Robin, car dans cette histoire-là se mêle une tristesse incommensurable, un chagrin si profond qu’il réside dans ces noires abysses où se tapissent la malédiction de la vie, une bonne dose d’humour noir inévitable et une culpabilité si terrible que, même après toutes ces années, je ne suis pas capable de la regarder en face. »

 

Ceci est un échantillon représentatif  d’À la merci du désir/Last Notes from Home de Frederick Exley, qui pourra pour certains jouer le rôle de répulsif, pour d’autres d’hameçonnage, mes goûts, contrairement à ce que pensent les critiques du vin, ne sont que les miens et libre à chacun d’en l’usage qui lui semble opportun.

 

Comme il l’écrit dans Last Notes From Home, Exley est outré par le fait que l’Amérique soit devenue « un spectacle obscène », mais il réalise qu’il doit se confronter à la réalité de cette Amérique, quoi qu’il lui en coûte, et quoi qu’il en coûte à ses personnages. Pour quelques lecteurs, son succès tient à la critique qu’il fait de l’Amérique contemporaine, mais sa véritable force réside dans l’analyse impitoyable qu’il fait de lui-même, dans un style à la fois drôle et émouvant, et dans les portraits à la loupe des personnages que l’on croise au fil d’incidents riches de détails. Tous ces éléments constituent une voie formidable et unique dans la littérature américaine contemporaine.

 

Pourquoi le lire ?

 

« Parce qu'au fond heureusement qu'Exley ne reçut pas (ou ne crut pas recevoir) de son vivant la gloire qu'il méritait. On n'aurait pas eu droit au côté face de sa déprime abyssale et féconde. Parce que c'est rare, une dépression ambitieuse. Parce que le dégoût d'Exley, pour lui et l'univers, est largement partagé par le lecteur, et qu'on en est fou quand même. Parce que cette lecture défoule. Et parce que bien sûr qu'il faut vivre mal pour écrire bien. »

 

Le Dernier Stade de la soif", l'autobiographie cultissime du freak  Frederick Exley

 

Je vous propose l’excellent critique de Mathieu Lindon17 janvier 2020  dans Libération

 

FREDERICK EXLEY, ENTRE L’ENVIE ET LA MORT ICI 

Ça commence dans un avion vers Hawaï où le narrateur, qui s’appelle Frederick Exley comme l’auteur - lequel est né en 1929 et mort en 1992 et a publié deux volumes de «mémoires fictifs» avant celui-ci, le Dernier stade de la soif et A l’épreuve de la faim -, se retrouve coincé entre une hôtesse dont ce n’est rien de dire qu’elle est sexy et un Irlandais dont ce n’est rien de dire qu’il est ivre. Le sexe, l’alcool et les diverses déchéances qu’ils peuvent susciter sont au cœur d’A la merci du désir dont l’harlequinesque titre français est moins bien trouvé que les précédents de la trilogie (le titre original est Last Notes from Home).

 

Le narrateur fait le voyage des Etats-Unis pour assister aux derniers instants de son frère mourant (dont l’une des dernières phrases fut pour savoir «s’il y a quelqu’un qui a déjà dit à Dustin Hoffman qu’il en fait des tonnes»), frère aîné qu’il surnomme «le Général» quoiqu’il ne soit que colonel. Leur proximité fut fluctuante : «Il y avait des jours où je me demandais vraiment comment on avait pu sortir du ventre de la même bonne femme à trois ans d’intervalle.» C’était comme si, estime le narrateur à propos de la verve de son intarissable voisin avec une jambe dans le plâtre qui ne lésine pas sur les termes impolitiquement corrects, lui-même avait obtenu une audience du pape «et que ce dernier avait passé les cinq minutes allouées à me faire l’éloge de tous les avantages pour la santé (bonnes joues rouges, tranquillité d’esprit, sérénité) d’une participation régulière à des partouzes effrénées.» Côté cul, ça ne débandera pas. Dialogue entre un barman et une serveuse, à Hawaï : «Dis-donc, je donnerais bien un mois de salaire pour dix minutes avec ça ! - Dix minutes avec ça te coûterait bien plus qu’un mois de salaire.» Quant au narrateur, il a un «petit jeu visant, à terme, à séparer Miss Robin Glenn de sa petite culotte». Ça va se faire.

 

Partager cet article
Repost0

  • : Le blog de JACQUES BERTHOMEAU
  • : Espace d'échanges sur le monde de la vigne et du vin
  • Contact

www.berthomeau.com

 

Vin & Co ...  en bonne compagnie et en toute Liberté pour l'extension du domaine du vin ... 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



 

 

 

 

Articles Récents