Les 654 pièces de vins rouges et 145 pièces de blancs totalisent 5,45 millions d’euros, second meilleur résultat depuis la première vente aux enchères de 1859 et + 20% d’augmentation par rapport à 2008 du prix moyen de la pièce (2008 avait marqué un fort recul à 5196 euros contre 7062 en 2007). À noter que le nombre de pièces proposées à la vente était l’un des plus élevé : 799 pièces.
Comme c’est une œuvre de charité : bravo !
Mais comme l’aurait dit monsieur de la Palice pour que les prix flambent il faut des acheteurs, des acheteurs qui se disputent 1 ou plusieurs pièces sur un lot et font monter l’enchère jusqu’à son prix du jour. L’art de l’enchérissement existe et je l’ai rencontré dimanche puisque dans mon dos s’activait l’un des acheteurs du Top 10 (cf. ci-dessous). Les acheteurs traditionnels étaient dans la Halle de Beaune, d’autres au téléphone et enfin les surfeurs sur le Net. Les promesses d’un très beau millésime 2009 ont sûrement dopés la vente mais je dois avouer que, comme beaucoup dans la salle, des biens plus expérimentés que moi, j’ai été surpris par cette vigueur. Louis-Fabrice Latour ne s’était pas risqué à donner la tendance. Moi, je la voyais molle. Tout faux mais pour autant en tirer des conclusions hâtives, par rapport aux marchés réels se révèlerait une erreur. La flambée de l’après-midi ne doit pas occulter le coup de froid du matin.
En effet, le matin, à la conférence de presse traditionnelle dans la magnifique salle des Pôvres les chiffres égrenés par Louis-Fabrice Latour marquaient tout le poids de la lourde récession des ventes en 2009. Les grands vins souffrent. Sans les citer tous, ces chiffres de plomb, donnons les plus significatifs : aux USA sur les 9 premiers mois – 44% en valeur, au RU – 34%, le Japon malgré sa crise profonde a mieux résisté : - 16%. Sur le marché domestique français, avec un effet retard, le marché décroche, les difficultés arrivent. « Les foires aux vins de septembre ne se sont pas très bien passées ». Les vendeurs directs, plus liés au marché français, n’ont pas ressentis aussi vite les effets de la crise, alors que le négoce en a ressenti les effets dès la fin 2008. Le message du Président de la Fédération des Négociants Éleveurs de Bourgogne a été clair : il souhaite une baisse des prix du millésime 2009. Il faut redonner de l’air aux clients traditionnels. Comme le dit aussi très clairement Pierre-Henry Gagey « les 2007 et les 2008 sont à la vente, nous les avons payé cher, nos clients demandent de baisser nos prix de 20 à 25%, l’ajustement se fera donc sur le 2009 » La crise frappe tout le monde : la Champagne, la Nouvelle-Zélande, il faut donc être en capacité de profiter le moment venu au rebond du marché.
Donc en très synthétique : un recul net de – 25% sur les marchés extérieurs ce qui ramène la Bourgogne au niveau de l’année 2006. Pour le marché français : – 7 à 10% sur 2009. La proportion des ventes bourguignonnes étant de 55% marché national et 45% export indique que les effets récessifs ne sont pas tous engrangés mais le spectre de la crise de 1991 ne plane pas sur la Bourgogne. Les vins à rotation rapide sont encore demandés. Ceux d’entre vous qui voudraient se plonger dans l’analyse fine des résultats je leur recommande l’excellent dossier du service des marchés du BIVB : « Marchés et développement des vins de Bourgogne : démultiplier les efforts pour favoriser la reprise » http://www.vins-bourgogne.fr/accueil/gallery_files/site/289/1908/9454.pdf Bravo Xavier c’est de la belle ouvrage comme j’aime !
En résumé pour les allergiques aux statistiques :
- les prix flambent aux Hospices
- les prix piquent du nez à la propriété.
Etonnant eut dit monsieur Cyclopède, alias Pierre Desproges. En fait le miroir d’une crise qui touche le plus grand nombre et laisse un petit nombre à l’abri des turbulences. Ainsi va le monde chers lecteurs. Vive la crise comme le clamait un Yves Montand mué en gourou de l'économie...
Pour la vente de ce que je continue d’aimer appeler le tonneau de charité, dit maintenant Pièces des Présidents puisque cette année il y en avait 2 : Meursault-Charmes Premier Cru – Cuvée Albert Grivault et Corton Grand Cru – Cuvée Charlotte Dumay, un coup de chapeau au bloc des maisons bourguignonnes : Aegerter, Bichot, Boisset, Bouchard Père et Fils, Corton André, Drouhin, Faiveley, Jadot, Latour d’avoir poussé l’enchère jusqu’au niveau d’un beau geste à la manière des Enfoirés du regretté Coluche. J’ai en effet le souvenir de Coluche venant à l’Hôtel de Villeroy voir Henri Nallet alors Ministre de l’Agriculture pour que nous unissions nos forces pour lancer cette « entreprise » de solidarité. Ce fut fait, discrètement mais efficacement. Les politiques et leurs services que l’on moque souvent ce jour-là avaient répondus présents.
Chers lecteurs n'oubliez pas la Tombola des Amis de Vin&Cie chronique d'hier http://www.berthomeau.com/article-en-avant-premiere-la-tombola-des-amis-de-vin-cie-a-autrement-vin-le-19-novembre-au-104-a-paris-39518632.html C'est du beau, du bon, tentez la chance...
Le Top 10 des Ventes
Lot | Description | | Prix | Acheteur |
PP | Meursault-Charmes Premier Cru – Cuvée Albert Grivault et Corton Grand Cru – Cuvée Charlotte Dumay Les pièces des Présidents (vendues hors frais) |
| €90.000 £80.397 | Aegerter, Bichot, Boisset, Bouchard Père et Fils, Corton André, Drouhin, Faiveley, Jadot, Latour Picard |
358 | Bâtard-Montrachet Grand Cru | 40.000-60.000 | €69.550 £62.129 | Privé européen |
359 | Bâtard-Montrachet Grand Cru | 40.000-60.000 | €62.060 £55.438 | Privé européen |
360 | Bâtard-Montrachet Grand Cru | 40.000-60.000 | €58.850 £52.570 | Privé Moyen Orient |
361 | Bâtard-Montrachet Grand Cru | 40.000-60.000 | €56.710 £50.660 | Maison Michel Picard |
115 | Cuvée Cyrot-Chaudron | 20.000-30.000 | €40.660 £36.321 | Domaine Faiveley |
114 | Cuvée Cyrot-Chaudron
| 20.000-30.000 | €37.450 £33.454 | Privé européen |
116 | Clos de la Roche Grand Cru Cuvée Cyrot-Chaudron | 20.000-30.000 | €37.450 £33.454 | Lucien le Moine |
463 | Clos de la Roche Grand Cru Cuvée Georges Kritter | 20.000-30.000 | €34.240 £30.586 | Privé européen |
465 | Clos de la Roche Grand Cru Cuvée Georges Kritter | 20.000-30.000 | €34.240 £30.586 | Domaine Faiveley |
314 | Corton-Charlemagne Grand Cru | 15.000-20.000 | €32.100 £28.675 | Privé |