Produire autrement c’est beau comme un slogan alors, le Ministre de l’Agriculture, le 18 décembre 2012, avait convoqué le ban et l’arrière-ban d’agricultrices et d’agriculteurs engagés dans des parcours novateurs pour qu’ils dialoguent avec des chercheurs, formateurs, étudiants et responsables d’organismes professionnels. Il y avait foule, près de 600 personnes. Tables rondes et débats, je n’y étais pas mais, le professeur Philippe Baret, enseignant-chercheur à l’Université de Louvain (Belgique) Grand témoin de cette journée, a souligné le caractère enthousiasmant et prometteur de ces initiatives, tout en rappelant les points clé qui doivent nous guider pour passer d’une logique de pionniers à un nouveau modèle permettant de réinsérer l’agriculture dans la société.
Philippe Baret ne manque pas d’humour, ni de lucidité : « Venu d’un pays voisin qui attend de la France d’autres contributions que des évadés fiscaux et qui vous regarde comme un modèle, je rêve d’une France agricole exportatrice de savoirs et d’expérimentations. Si l’agriculture d’hier était celle des stocks de céréales, on peut rêver que l’agriculture de demain soit celle du stock de connaissances ».
Deux bonnes nouvelles
Je voudrais d’abord vous dire qu’au regard des magnifiques images qui ont défilé toute la journée sur les écrans (merci les photographes) et dans vos yeux, c’est beau chez vous. J’ai l’impression intime et profonde que les agricultures que nous avons vues aujourd’hui peuvent rencontrer les trois injonctions du philosophe : faire le bien, le bon et le beau. Je préfère ce triptyque à l’hyper-performance.
Pourtant, comme Nietzsche et Jean-Pierre Tillon, nous partageons tous un même sentiment d’inquiétude et d’incertitude : les solutions pour lesquelles nous nous sommes enthousiasmés aujourd’hui suffiront-elles à répondre aux défis qui nous attendent, permettront-elles de laisser à nos enfants une planète plus durable ? Sont-elles réservées à 10 % de pionniers ou concerneront-elles un jour 90 % des agriculteurs ? Je n’ai pas la réponse mais, d’un point de vue de chercheur, j’ai quand même deux bonnes nouvelles. La première c’est que certes la planète est mal en point, mais nous avons aujourd’hui une vision claire et objective des équations à résoudre. Si nous voulons prendre nos responsabilités, nous pouvons le faire en connaissance de cause. La seconde bonne nouvelle, c’est qu’aujourd’hui, en France, et partout en Europe, aux Etats-Unis, au Brésil, en Argentine, en Afrique et en Asie, des solutions nouvelles sont expérimentées, des agriculteurs et des agricultrices réinventent l’agriculture. Marion Guillou nous en a parlé ce matin. Ils construisent des innovations qui ne sont pas seulement technologiques mais aussi organisationnelles ou sociales.
Suite ICI : link