S’expatrier est chose malaisée pour un Parigot même d’adoption, sauter le périphérique équivaut pour lui à s’aventurer au-delà des fortifications en une terra incognita au risque de se perdre. Vous me connaissez, je ne recule devant aucun défi et l’autre samedi, celui d’avant la libération du Bojolo Nuovo, sans me poser de question j’ai pris le métro direction Place d’Italie. D’abord aérien le voilà souterrain et dans ses boyaux je me suis faufilé jusqu’au quai de la ligne 7. Premier danger : la 7 est une ligne fourchue, faut choisir entre Mairie d’Ivry et Villejuif Louis Aragon. Problème : mon invitation dit que je peux m’arrêter soit Porte d’Italie, soit à Kremlin-Bicêtre, mais ces 2 stations sont situées chacune sur une pointe de la fourche. J’opte pour le Kremlin car ça m’évoque des souvenirs. À la sortie de la bouche, accueilli par une grande banderole (voir photo)
Je me dis « bonne pioche » mais aucune pancarte ne m’indique où se trouve l’espace Maigné où se tient le Salon des Vins Naturels et de Terroirs. Le bistrotier du coin à qui je demande l’ignore. Alors je me fie au sens de l’orientation du grand explorateur que je suis. Et dire que je me fais remonter les bretelles par un certain Beaujolyonnais – un courageux – pour crime de lèse pureté alors que je suis là à trainer mes guêtres au Kremlin-Bicêtre un samedi matin sous la pluie pour donner un coup de main. Je crapahute donc le long de l’avenue de Fontainebleau là où se trouvait l’usine Géo où l’on zigouillait plein de cochons qui barbotaient les eaux grasses des gargotes de Paris pour faire du saucisson et du salami – pour ceux qui ne le sauraient pas ma thèse de doctorat de droit avait pour thème le cochon et je travaillais avec les joyeux drilles du SECS (Service d’Etudes Charcuterie Salaisons) de l’INRA dont l’emblème était le cochon de Reiser et dans les couloirs du labo de Rungis je croisais un certain Ghislain de Montgolfier, y’a pas à dire nous vivions une époque formidable – Le « Monstre » a disparu, englouti dans les restructurations industrielles pour laisser la place à un paquebot de verre et d’acier baptisé Okabé www.okabe.fr sans doute en souvenir du O de Géo et KB pour les initiales de la ville.
C’est Philippe Babin des Coteaux d’Engraviès qui m’a invité www.berthomeau.com/article-23509447.html et en entrant dans l’espace Maigné, le premier qui vient me saluer est l’ami Franck Siméoni vigneron à Prades Vernazobre http://www.berthomeau.com/article-18466281.html . Atmosphère bon enfant, je maraude. Tiens même un stand de la Conf’Pé ! J’engrange de la doc. Va falloir que je m’y mette. Je fais des petites photos puis je me lance.
Une découverte : les vins de pays de l’Aveyron de Patrick Rols à Conques
Ce n’est pas lui qui est présent mais son frère, un garçon charmant qui me conte sans grandes phrases l’histoire de Patrick, technicien à la Chambre d’Agriculture de l’Aveyron, plutôt dans l’élevage, l’envie de changer. La vigne du père tout près de la magnifique abbaye de Conques, donc partir de presque rien en 2002, défricher, planter, donc recréer un vignoble de 6 hectares : en blanc 2 cépages Chenin/Chardonnay et en rouge : 4 cépages Merlot, Cabernet Sauvignon, Cabernet Franc et Syrah, le premier vin voit le jour en 2006. Une histoire simple mais un vrai défi dans un département plus connu pour son Roquefort ou son Laguiole que pour ses vins. J’ai goûté le blanc 100% Chenin 2008 et les 2 Rouges La Coquille 2008 Merlot Syrah et Le petit curieux 2007 un assemblage des 4 cépages. C’est ce dernier que j’ai beaucoup aimé, un vin joyeux, bien droit qui vraiment à un joli goût de revenez-y. Donc si vous passez à Conques pour admirer les vitraux de Pierre Soulages allez rendre visite à Patrick Rols Le Colombier 12320 Conques rols_math@yahoo.fr vous ne serez pas déçu. Le vigneron est en conversion bio, il élabore ses vins au plus près du naturel et les vend, y compris au Japon, en Suisse ou en Angleterre, dans des bouteilles aux étiquettes ludiques.
Un Retour : Chinon du Domaine des Rouets avec Jean-François Rouet
Sur ce blog j’ai beaucoup donné pour Chinon : 2 chroniques Rose bonbon : la nouvelle couleur du Chinon http://www.berthomeau.com/article-6806087.html et Soupe de Fraises des Bois au vin rosé de saignée de Chinon épicé http://www.berthomeau.com/article-21942382.html et même pas le plus petit accusé de réception. Mais bon faut prendre les gens comme ils sont et surtout pas mettre tout le monde dans le même sac. Jean-François Rouet, jeune homme avenant, est de la 6ième génération des Rouet et de retour sur l’exploitation familiale de Cravant les Coteaux depuis 1992. 14 ha de vignes 100% cabernet franc où les plus jeunes vignes ont entre 35 et 40 ans. Avec Jean-François Rouet nous échangeons. Sur ses documents commerciaux le logo des VIF souligné d’une belle formule : LE SAVOIR ÊTRE DU VIN nous amène jusqu’à l’ami Michel Issaly. Bien évidemment je goûte les vins. Ma préférence va à la Cuvée des Battereaux « vieilles vignes » 2007 c’est un beau Chinon comme je les aime avec des aromes de fruits rouges et des solides tanins bien fondus, de la structure, de la puissance avec de belles promesses. Pour trouver et goûter l’ensemble de la gamme famille Rouet Cravant les Coteaux 37 500 tél. 0247931941 domainedesrouet@orange.fr
Que les autres vignerons présents m’excusent mais je vais m’en tenir là car sinon mes billets vont s’allonger tels des discours à la Fidel Castro ou la Kroutchev devant le Soviet Suprême – je fais dans le discret vu que je suis au Kremlin – et je vais lasser. Avant de casser une graine, soit une terrine sur le pouce et une douzaine d’huitres de Vendée arrosé d’une Côte Chalonnaise 2007 du domaine Ferrey-Montangerand je me dois de donner un coup de chapeau Au sergent du Kremlin une vaillante association créée en 2001 « sur une idée simple de partage et de convivialité atour du vin » Elle se réunit tous les mois avec en première partie un atelier du goût et une seconde sur un thème : terroir, appellation, cépage, verticale... » Bravo les gars et les filles du Kremlin et à la revoyure !
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