Le titre de ce petit livre est long « Le poivre, le vin (et la laine) comme facteurs dynamiques du développement économique et social de l’histoire » mais il cache un vrai petit bijou, abrite une merveille rare, procure du pur plaisir, 50 petites pages fluides et légères, intelligentes et intelligibles, qui vous réjouiront et fortifieront vos cœurs, vos âmes, vos artères, vos neurones comme le ferait un bon nectar concocté avec amour. Lisez-le je vous en prie 7,50€ c’est un prix bien léger pour une telle pépite. C’est jubilatoire.
Comme vous l’avez de suite noté le VIN tient en ce petit bouquin sa juste place :quelques exemples.
« Dans le sud, les Vikings errants avaient amplement l’occasion d’oublier leurs problèmes domestiques. Selon les Annales de Saint-Bertin, rédigées en 865, un important groupe de Normanni « ex se circiter ducentes Parisyus mittunt ubi quod quaesiverunt vinum » (envoyèrent à Paris un détachement d’environ deux-cents hommes pour chercher du vin). »
« Selon Guibert de Nogent, Pierre (l’Ermite) ne mangeait pas de pain ou presque pas, et ne vivait que de vin et de poisson. » et Cipolla de souligner avec humour, en s’appuyant sur le récit de Rutebeuf qui raconte « qu’à l’issue d’une soirée très arrosée, tous les chevaliers se montraient plein de ferveur pour la croisade et se vantaient de leurs prouesses contre les infidèles » : « Ses disciples n’étaient peut-être pas très portés sur le poisson, mais ils n’avaient assurément rien contre le vin. »
« Quand Guillaume le Conquérant décida d’envahir l’Angleterre, il décida en même temps d’apporter une bonne réserve de vin français. »
Bref, je ne vous dit pas tout car ce petit livre concis est une merveille de construction qui se dévore et se savoure d’une seule traite comme un bon plat arrosé d’un vin coquin. Cependant je ne résiste pas au plaisir de vous livrer une dernière citation de Cipolla qui, en bon italien, même s’il écrivait en anglais, sait manier mieux que quiconque l’autodérision (nous devrions prendre de la graine). « Intelligents et désireux de réaliser des bénéfices, bien que ne maîtrisant pas l’art des études de marché, les Italiens en profitèrent avec un zèle enviable. S’ils avaient été néerlandais, allemands ou anglais, on les citerait comme des exemples admirables de l’éthique protestante. N’étant que des Italiens, on souligne leur « avidité » et leur « absence de scrupules ».