Il pleut, il mouille, c’est la fête à la grenouille, je fais contre mauvaise fortune bon cœur, sans pour autant chanter pas sous la pluie « Singing In The Rain » en faisant des claquettes, tel Gene Kelly, mais j’ai vraiment une forte envie de foutre des tapettes à une catégorie de faiseurs qui me cassent les couilles et, de guerre lasse, je me dis qu’à force de subir sans broncher la débilité de certaines publicités apposées sur nos murs, un mur des cons s’imposent.
Que Rivoire&Carret, marque culte de mon enfance, un peu tombée dans l’oubli link en arrive à ce degré zéro de la publicité pour des ravioles en sachet « Si Mozart avait fait des ravioles il n’aurait pas fait mieux » me désole sans pour autant me plonger dans l’affliction, en revanche, en ce dimanche ventée de giboulée de mai, je dépose un recours auprès des vignerons qui nous délèguent, via les belles interprofessions qu’ils nourrissent de leurs cotisations, des petits génies du marketing qui nous bassinent d’un savoir mal digéré, débranchez-les !
Dernier exploit en date de cette engeance caquetante : une présentation des vins d’une charmante et sympathique appellation, plus précisément deux voisines, de deux couleurs, avec 2 poids lourds, l’un coopératif et l’autre vigneron indépendant, suivie d’un déjeuner placé. Seule ma bonne vieille éducation, par respect pour les vignerons et l’excellent restaurateur, m’a retenu à la table. Me faire prendre la tête tout le long du déjeuner sur le thème « nous allons faire du marketing pour extraire cette brave appellation des affres d’une notoriété terroiriste lourde et d’un autre âge… » m’a exaspéré. Je regrette de n’avoir pas pointé le nombre de fois où le mot marketing fut placé. L’overdose, le déni absolu de ce qui fonde l’échange : l’écoute et la capacité à ne pas fourguer un discours formaté.
Souvenir de mes bons vieux commerciaux de la SVF, des gars formés sur le tas à la bonne vieille école du terrain, me racontant comment faire pour convaincre le client, de l’épicier de quartier à l’acheteur de GD, de changer une part de son assortiment, d’essayer une nouvelle appellation moins connue ou un petit vin de pays ayant un bon rapport qualité/prix. Travail patient, liens de confiance, force de conviction, capacité à utiliser le langage de son interlocuteur, de le comprendre, d’éviter de le rouler dans la farine… pour vendre ce qui est difficile à vendre. Autre temps, autre mœurs, le temps est maintenant au positionnement prix, aux conditions commerciales négociées à la machette, remises, dégradation du prix, achat de linéaire et autres joyeusetés.
À qui va-t-on faire accroire, sauf aux braves vignerons en mal de notoriété, que c’est par une politique de marque que l’on va promouvoir une petite appellation. Pour faire bref, pour jouer cette carte il faudrait du pognon, beaucoup de pognon et du pognon y’en a pas ou peu, et surtout les perspectives d’en gagner pour alimenter la noria du financement d’une marque sont inexistantes. Alors, merci chers amis vignerons de nos appellation de débrancher le haut-parleur des apprenti(e)s marqueteurs. Tout un repas, je vous assure ça lasse et, en parodiant l'empereur Joseph II après la première représentation au Burgtheater de Vienne de « L'enlèvement au sérail » de Mozart, premier opéra en allemand, et non plus en italien, vraiment «Trop de notes, mon cher M… ! ». N’est pas Mozart qui veut que l’on soit dans la nouille ou dans le cépage qu’on ne trouve pas beaucoup ailleurs…
Ceci écrit nul n’est tenu d’inviter un vieux con de blogueur qui ramène toujours sa fraise à tout bout de champ alors qu’il ne prend jamais de notes avant, pendant et après les repas…